Donnez à une femme des chaussures et elle pourra conquérir le monde (Kiera)

Kiera Jones

ft. Teresa Palmer

l'histoire de ma vie

Canberra se dresse, majestueuse cité prisée par les pionniers. Demeure de bien des décisions politiques, sertie de buildings ascensionnels, aux portes d’un désert vertigineux. Danse tumultueuse du sable où se perdent les moins aguerris. Faune appelant au rêve et peuple aux multiples facettes. L’océan n’est pas l’apanage des Jones qui tirent leur fortune de la terre. Arbres faits monde pour eux. Par eux. Racines ramifiées démultipliées. Prospère business que celui du vin lorsque l’ancêtre d’il y a cent-vingt ans a posé pied au milieu de ces vignes défraichies. Joueur compulsif, il a investi les deniers gagnés en arnaquant dans le sol australien. Anciens champs faits mines d’or pour ses ascendants. Jalousement conservés et jamais offerts aux requins financiers. Les vins Jones s’exportent par-delà les frontières transparentes, trouvant beaucoup d’adeptes en Asie et en Europe. Empire construit sur rien si ce n’est qu’un coup de poker.

Premiers cris offerts à ce monde dans cette maternité privée qu’ils avaient presque privatisée afin de célébrer la naissance de Kiera. Fille d’un soleil mordant, bien plus chatoyant que les nuages qui tambourinaient alors. Pied sur le sol pour ne plus jamais le quitter. Enfance dorée sans déroger aux règles de la haute société. Ecoles élitistes et fréquentations plus que généreuses. Diverses réceptions dans le Manoir familial, bordé par les vignes à perte de vue. Amoureuse de la passion Jones, bien décidée à perpétuer cette dernière. Aînée de la fratrie qui n’a jamais désobéi. Education sans faille à laquelle elle répond par l’affirmative. Contraintes certaines pour briller mais quotidien tellement acidulé. Toujours devant, toujours première. Jalousée, primée et zélée. Donzelle qui clame haut et fort son nom comme passeport de son identité.

Résultats scolaires excellents dus à une discipline de travail inculquée dès son jeune âge. L’argent produit l’assurance d’une vie rêvée mais demeurer sans esprit, être larguée à chaque mot usité, très peu pour Kiera. D’ailleurs, elle s’émancipe bien vite et voyage beaucoup durant ses études. Effectuant celles-ci dans un cursus de management en Californie, la belle blonde ponctue son CV de nombreux stages dans les vignobles de la Napa Valley. Forte de son expérience, elle revient officier sur les terres familiales, en Australie, mue par l’envie d’innover. Ayant travaillé pendant une dizaine d’années à l’internationale, à l’aube de ses trente ans, elle désire se lancer. Son père investit dans des vignobles en Nouvelle-Zélande et lui laisse les commandes de son nouveau royaume. Kiera tente des mélanges audacieux, s’entoure de botanistes et œnologues sérieux pour développer sa propre marque et commencer à exporter. La critique est sévère quant à sa filiation Jones mais ses bouteilles trouvent vite preneurs grâce à leurs saveurs fruitées et raffinées. Un travail de longue haleine dans lequel elle se jette à corps perdu.

Il y a deux ans, Kiera s’installe à Island Bay après avoir acheté d’énièmes terres pour y faire fructifier ses vignes. L’océan presque à portée de doigts pour ce domaine au sud de la ville. Y bâtissant sa résidence principale, l’aventure est lancée. Wellington non loin pour lui assurer de traiter ses affaires avec le plus grand des sérieux. Les pieds dans l’eau d’un côté, inondés par ceux qu’elle nomme ses trésors, vignes chéries de son ascension. Concubines de ses désirs les plus primitifs, toujours s’enrichir.

Promouvant ses vins lors de divers évènements de la haute société, c’est l’un de ces galas qu’elle rencontre O’Reilly. Sourires feints, saluts significatifs, perchée sur ses louboutins astiqués. Robe d’un rouge indécent, le carmin n’a qu’à faire un tour cintrant parfaitement sa taille travaillée. Crinière lâchée, seulement sertie d’un diadème. La reine au milieu de sa cour s’avance et commence les simagrées des charognards. Compliments qu’elle sait déjà, demandes incongrues et choix de partenaires de danse multiple. Déclinant la populace d’un geste de la main vif car vouloir être conquise contre quelques parts de sa société ne l’intéresse guère. Le jeu bien loin de l’enchanter ce soir-là. Alors que ses yeux balaient l’assemblée, elle récupère un verre de champagne millésimé tendu par un serveur et le remarque. Cercle de trentenaires auquel elle se greffe pour converser et intérêt qui nait entre leurs mots. Conversations qui prennent un sens, auréolée par cette séduction dont elle aime user. Le charme n’a rien de mièvre et l’addiction génère le rapprochement. Corps à corps plus charnel. L’ennui comblé par l’acte très loin d’être répréhensible. Quelques jours après, ils se recroisent et discutent. Alchimie certaine car leur similarité est à noter, prémices d’une amitié semés ?