another night, another day goes by (theo)

theo myers

ft. eiza gonzalez

l'histoire de ma vie

TRIGGER WARNINGS
armes, blessures, deuil, différence d'âges, guerre, mort, perte d'un proche, stress post-traumatique.

PERSONALITY
(+) qualities; ambitieuse, courageuse, indépendante, loyale, réaliste, serviable, taquine.
(-) shortcomings; arrogante, introvertie, maniaque, nerveuse, rancunière, solitaire, têtue.


# B I R T H _ Theodora Francisca Myers a vu le jour le quatrième jour du mois d’octobre 1991. Sous un soleil de plomb, plutôt étonnant pour la saison, elle poussa ses premiers cris dans l’hôpital de la ville de Melbourne. Digne d’une sitcom, la scène de sa naissance s’était déroulée comme suit : une mère à bout de force en plein accouchement, une équipe médicale s’activant dans tous les sens pour que la naissance se déroule dans les meilleures conditions qui soient et un père prêt à réceptionner le petit garçon qu’ils attendaient tant. Le petit Theodore était vivement attendu, tout était prêt pour que l’héritier des Myers connaisse ses premières heures sur Terre. La petite chambre de bébé était peinte aux motifs militaires : un mélange de vert foncé, vert clair, de beige et de brun. La couleur était annoncée, le nouveau membre de la famille allait être comme tous les autres garçons avant lui : l’avenir de la carrière militaire de père en fils. Cette lubie fut sans doute la raison pour laquelle la déception marquée sur le visage de William Myers fut grande et inévitable : le corps qui se dessinait au fur et à mesure de l’accouchement ne ressemblait en rien à ce qu’il avait souhaité. Scandale dans l’hôpital, incompétence du corps médical reproché, pari perdu face à son épouse, l’homme perdit le contrôle de lui-même face à la naissance de sa fille. Ce fut ainsi que Theodore devint Theodora, dite Theo.

# C H I L D H O O D _ Enfant dite facile, souriante et pétillante, la petite Theo eut une enfance des plus classiques… pour un petit garçon. Le fait d’être la seule enfant de la famille lui permit d’être extrêmement proche de ses parents et de pratiquement tout faire en leur compagnie. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle a toujours accompagné ses parents dans leurs sorties, leurs activités et leurs voyages. Pour elle, ils ont toujours formé un trio, plutôt qu’un couple avec un enfant. En vacances à l’étranger, au bord de la piscine, pas plus haute que trois pommes, elle préférait cent fois plus retourner sur le toboggan aquatique avec son papa plutôt que d’aller jouer avec le petit groupe d’enfants qui se formait non loin d’eux. Si cela était loin de déplaire à William Myers, cela fut une tout autre affaire pour sa mère, Maria Camila Fernandez. Ayant toujours souhaité un second enfant, ayant pourtant compris que le souhait était partagé et que le projet se mettrait en route, elle put rapidement déchanter lorsqu’elle comprit que William ne se contenterait que d’un seul enfant. La jeune mère de famille dut ravaler plus d’une fois toute envie de tenir un second bambin dans ses bras et vivre avec le fait que son enfant unique ne voulait pas se mêler aux autres enfants. Elle ne se gêna pas pour remettre les souhaits de solitude de Theo sur les bras de son mari.

# D A D D Y ' S G I R L _ La relation que Theo eut avec son père dès son plus jeune âge est ce qu’elle a toujours eu de plus précieux. Nombreux auront été les moments passés ensemble, en tant que « père et fils ». Les dimanches après-midi tournaient en laser game l’hiver et en journée pêche en été. Les discussions à ce moment-là partaient dans tous les sens : le championnat de football, le rugby ou encore la cryptomonnaie. Il était déjà particulier d’aborder autant de sujets avec son enfant, mais encore plus en prenant son unique fille pour un garçon. Pourtant, dans le déni tous les deux, c’était loin de déplaire à William et à Theo. La plus inquiète dans l’histoire était sans doute sa maman, Maria. Bien qu’heureuse de voir une telle complicité entre son époux et son enfant, elle se demandait par moments si la situation allait un jour se retourner contre eux ou si leur relation allait se dégrader avec l’apparition de la puberté et les conséquences que ça allait apporter. Mais rien de tout cela ne se mit en travers de leur chemin, parce que Theo était devenue Theo, cette personne donnant tout son temps et son énergie dans la relation avec son père, marchant dans ses pas et vibrant sur les mêmes ondes que lui. Elle voulait devenir comme son père, elle le voyait comme le pilier de sa vie, son modèle, la voie à suivre. Pour elle, il n’y avait pas d’autres options possibles que d’être comme son père.

# G R I M R E A P E R _ Ce jour-là était une journée comme une autre. Theo était loin de s’imaginer que ce huit août 2009 était une date qui changerait sa vie à tout jamais. Assise à son bureau dans sa chambre, elle était en train de réviser pour ses examens de préparation d’entrée à l’université. Elle avait envie d’entrer dans la médecine, dans le but s’immiscer dans l’armée en tant que médecin. L’envie d’être militaire était plus forte mais les discussions houleuses avec sa mère avaient été trop nombreuses. Décidée à tout de même mettre un pied sur le même terrain que son père, elle voulait réussir haut-la-main ses études et être une fois encore la plus grande fierté. Mais toute cette ambition s’évanouit aussitôt que la sonnette de la porte d’entrée retentit pour annoncer la pire des nouvelles. Mort. Il était mort. Muerto, avait-même répété plusieurs fois sa mère pour elle-même. Pour Theo, le monde s’écroulait sous ses pieds et elle tomba à genoux aux côtés de sa mère complètement anéantie. Les premières heures, les premiers jours même, furent anesthésiants, comme si le corps et le coeur de Theo ne voulaient pas ressentir la douleur. Une fois qu’elle vit descendre le cercueil de son père dans le caveau familial des Myers, la douleur tant redoutée retentit vivement dans sa poitrine et ne la quitta pas pendant des années. Bien que triste et démunie, elle était surtout remontée par ce sentiment d’injustice. Pas son père, pas lui. Braquée, dégoûtée, elle transforma son deuil en une revanche à prendre sur la vie et n’écouta plus sa mère. C’était décidé : elle allait rentrer à l’armée.

# A R M Y _ L’entrée à l’armée fin de l’année 2009, peu après ses dix-huit ans, fut perçu par Theo comme un second souffle à la vie. C’était comme si son père lui avait soufflé de le faire et c’était par cette volonté de vouloir poursuivre ce que lui n’avait pas terminé qu’elle entra dans les rangs militaires sans éprouver la moindre difficulté. Ce fut là les plus belles années de sa vie. Malgré les épreuves, le temps d’adaptation et le régime de vie strict et réglementaire, la jeune femme se sentit comme un poisson dans l’eau et éprouva une immense satisfaction à chacune des missions réussies. Ce fut d’ailleurs lors de la première année à l’armée qu’elle rencontra Eliott, son meilleur ami avec qui elle fit les quatre cent coups. Si leur relation avait pu dévier à bien des moments, ils finirent toujours par revenir au stade de l’amitié, car tous les deux mettaient les priorités sur leur travail et les missions plutôt que sur leurs sentiments. Et sans doute que leur relation aurait pu fonctionner dans d’autres circonstances. Une fois encore, la grande faucheuse a frappé à la porte de l’un des proches de la jeune femme. En pleine mission au Pakistan, un bombardement de trop eut raison d’Eliott. Un décès de plus, bordel. C’en était lourd. La douleur de voir Eliott quitter ce monde sous ses yeux fut si immense que Theo ne se rendit compte que quelques heures plus tard que la blessure laissée sur sa jambe avait manqué de lui être fatale et allait lui coûter sa carrière de militaire à tout jamais.

# A D U L T H O O D _ La vie d’adulte n’est pas celle dont Theo s’était imaginé durant son enfance. Elle se voyait tout d’abord toujours aux côtés de son père, à partager des missions militaires ensemble, des repas de famille les dimanches midi ou encore à partir en vacances, à l’ancienne. Elle se voyait finir sa vie avec Eliott, peut-être pas parce qu’il était l’amour passionnel recherché par tant de femmes, mais plutôt l’amour complice et stable. Par dessus, elle se voyait poursuivre dans l’armée jusqu’à une retraite bien méritée. De ces trois points, il n’en restait plus aucun. Depuis quelques mois, Theo vit au jour le jour dans une petite villa à Island Bay et découvre les joies de la vie d’adulte sous un autre angle : se créer une bande d’amis, sortir les vendredis et samedis soirs, glander le dimanche et jouer en ligne sur une console, flirter avec des hommes comme des femmes et vivre pour elle-même. Endurcie par les épreuves de la vie, ayant tellement refoulé cette partie sensible d’elle-même, elle est déterminée à vivre sa vie de la meilleure des manières qui soit, à profiter de chaque jour, à vivre d’amour et d’eau fraiche, à se casser la gueule sur un beau sourire et à retrouver le meilleur moyen de rester proche du domaine militaire.

# S A S K I A _ Ce prénom qui hante ses pensées depuis quelques semaines. C’en est ridicule, se dit souvent Theo, de penser à quelqu’un de la sorte. Rencontrée tout simplement dans un bar, dans un moment particulièrement critique pour la jeune Saskia, Theo ne put s’empêcher de penser à elle depuis ce soir-là et de semer là où elle peut des traces de sa présence pour montrer qu’elle est là, quelque part dans sa vie et qu’elle compte y rester. Cette sensation curieuse au creux du ventre reste pour l’instant bien pour elle mais commence difficilement à rester cachée. Pas grand-chose ne relie pourtant les deux jeunes femmes : un écart de dix années les séparent, leurs deux caractères pourraient créer des étincelles et faire tout voler en éclats et, pourtant, Theo y trouve une forme d’addiction inavouée. Elle ne veut pas mettre de mots sur ce qu’elle ressent, elle qui a eu tellement peu l’habitude de cela. Prendre et jeter les gens a longtemps fait partie de son quotidien. Cette fois-ci, elle a l’impression que la vie lui met devant elle le fameux beau sourire sur lequel bien se casser la gueule. Pour autant, elle voit cela comme un genre de baume au coeur après tout ce qu’elle a enduré et cherche juste à en profiter jusqu’au bout.