les informations en vrac
1. Donnie. Donnie, telle la lettre D, est la quatrième de la famille. La petite dernière. Celle dont on voudrait la place, parce qu'elle attire toute l'attention, finalement. Donnie ne va pas mentir, elle adore avoir cette place. Être encore vue comme la grande enfant, celle à qui on passe presque tout, celle qu'on laisse croire en ses rêves, aussi rocambolesques soient-ils.
2. A, B et C. Mais on ne s'y méprend pas. Donnie, elle les aime, ses grandes soeurs. Elle donnerait tout, pour elles. Et même si elle a trop d'ego pour l'avouer, elle les admire, énormément. Si elle a voulu suivre son propre chemin, chemin sinueux et semé d'embuches, elle se surprend parfois à regretter de ne pas avoir choisi quelque chose de plus accessible, de plus simple. Au final, toutes paraissent comblées, accomplies dans leurs carrières respectives, faisant sans doute la fierté de la famille, là où Donnie se cherche encore.
3. La ferme. Sujet délicat. La ferme, ça n'a jamais été son truc, à la brune. Rares ont été les fois ou elle a aidé sans soupirer, de réel bon coeur, sans espérer quelque chose en retour. C'est pas son monde, c'est tout. C'est pas glamour, et elle a toujours rêvé de tout autre chose. Elle l'a toujours assumé. A la rigueur, s'occuper des animaux passe encore.
4. Le rêve d'enfant Les strass, les paillettes, les belles robes, la comédie... C'était de ça, dont elle rêvait, Donnie. Captivée par les comédies musicales dès son plus jeune âge, elle a toujours eu en tête, d'être une de ces étoiles d'Hollywood. L'âge aidant, elle s'est raisonnée, simple actrice, c'était plus accessible et tout aussi bien. Nombreux sont les week end ou elle avait organisé sa pièce de théâtre maison, harcelant les parents et ses soeurs pour qu'ils la regardent depuis le canapé. La starlette Donnie. Une flamme qui ne l'a jamais quittée.
5. Les passions. La famille faisait avec ses moyens. Les parents Holt pensaient que les ambitions de Donnie lui passeraient sans doute en grandissant, mais ne voulaient pas non plus la brimer tant qu'elle était encore dans l'adolescence. Si ils n'avaient pas les moyens de lui payer le conservatoire, elle pouvait au moins suivre les quelques cours de théâtre et de danse de l'association du coin. Et ça lui plaisait à Donnie, qui ne se rendait pas encore bien compte de la difficulté de la vie, persuadée que la motivation et le mérite faisaient tout.
6. L'école et le reste. Sa vie à Donnie, c'est la comédie. Alors les maths, les langues et tout le reste... Disons qu'elle pourrait largement faire mieux. Mais bien pire aussi. C'était une élève moyenne, qui n'avait jamais vraiment le courage de se donner à fond, tant ses centres d'intérêts étaient ailleurs. Alors elle n'obtient pas de bourses et finit dans la faculté du coin à étudier la comédie. Rien de reconnu à l'international bien sur, mais Donnie s'en fiche, tant elle a l'impression que son rêve se rapproche enfin. Elle est naïve, Donnie.
7. L'enchainement de petits boulots. Bien décidée à ne pas être un fardeau financier pour ses parents en suivant son rêve, elle enchaine les petits boulots pendant son temps libre. Donnie aura été serveuse, chargée d'accueil dans un cinéma, démarcheuse téléphonique, et réceptioniste d'un hôtel un peu miteux... Rien qui fasse rêver. Mais c'était un mal pour un bien, elle en était persuadée.
8. Le premier amour. C'est pendant une de ces longues nuits à attendre des clients qui ne viendraient jamais qu'ils se rapprochent. Lui aussi, il fait des études à côté, et lui aussi, a pris ce job minable pour joindre les deux bouts. Il s'appelait Andy. A force d'avoir toujours le même planning et souvent de nuit le week-end, ils discutent. Beaucoup. Puis finissent par naturellement se mettre ensemble. Elle trouve ça bizarre, Donnie. Elle est bien avec lui, mais ça n'était pas ce qu'elle croyait être l'amour. Ou étaient tous ces papillons dans le ventre qu'on lui avait vendu au cinéma ? Cette passion dévorante ou on ne se voit nul part ailleurs qu'avec l'autre ?
9. Les spots publicitaires. Finalement, à force d'envoyer sa photo à des castings sur internet, elle est un jour recontactée. Folle de joie, elle l'annonce à ses soeurs, ses parents, à Andy. La chance tournerait-elle enfin? Il s'agissait là... D'un spot de pub de 30 secondes pour des pates à cuisson rapide. Ni plus ni moins. Mais Donnie s'en fichait éperdument, tant elle avait hâte de passer derrière la caméra. Une expérience cauchemardesque ou elle a finalement plus eu l'impression d'obéir à des ordres qu'à jouer réellement la comédie.
Ca ira mieux quand tu auras de vrais rôles. S'autopersuadait-elle. Tu parles. Elle est recontactée une seconde fois, puis une troisième, pour apparaitre en arrière plan d'autres spots, pour un parfum d'une marque abordable, et d'un site de fast fashion. Rien de dingue. Ni strass, ni paillettes.
10. La séparation. Andy obtient son diplôme, décroche rapidement un boulot. Rapidement, il tente de raisonner Donnie. Etre actrice, c'est une chimère inaccessible. Mais elle ne veut pas l'entendre. Elle a presque consacré toute sa vie à ça, et la défaite lui serait insupportable. Mais avec ses études terminées et son petit job alimentaire, elle constate vite qu'elle ne peut plus vraiment suivre Andy financièrement. Il aspire à des choses plus grandes, et il peut se le permettre. Elle a vite l'impression d'être un boulet pour lui, qu'elle l'empêche d'avancer. En plus, il n'a pas l'air de croire en elle, et la voit comme une princesse naïve qui croit encore aux contes de fée. Ils se quittent. Et ça lui fait plus mal qu'elle ne l'aurait imaginé, Donnie.
11. Lui. Retour au néant. Célibataire, à nouveau serveuse. Au moins elle peut compter sur le soutien de sa famille. Puis il y a lui. Lui, avec un grand L. Ce genre de type qui entre dans votre vie en bousculant tout sur son passage. Il l'a vue dans cette pub, il est régisseur dans l'audiovisuel, et à peine lui a t'il raconté tout ça, qu'elle se perd dans ses yeux, Donnie. Il s'appelle Julian. Il bosse dans le milieu, et il parle bien. Trop bien. Il lui promet tout, bien trop vite. Et Donnie raconte à tout le monde à quel point elle l'aime, Julian. Ils ne vivent pas ensemble, se voient de temps en temps et Donnie ne se rend pas compte que tout ce qu'elle fait, c'est d'amasser les pauvres miettes de semblant de relation qu'il veut bien lui donner. Au bout de quelques mois, il est déjà lassé d'eux, lassé d'elle.
12. La chute.« C'est un milieu de requins, Donnie. On devient pas acteur par mérite. Y a jamais de mérite dans la vie d'ailleurs. De l'argent, et des relations, partout, tout le temps. » Elle baissa les yeux, déçue qu'il ne croit pas en elle, lui aussi. Peut-être avait-il raison au fond ? Beaucoup d'acteurs à l'heure actuelle l'étaient grâce à leurs parents... Et du mérite, Donnie pensait en avoir, cela faisait depuis tellement longtemps qu'elle essayait ! Que fallait-il donc pour que cela soit suffisant ?
13. La trahison. Petit à petit, elle s'aperçoit que les yeux de Julian ne brillent plus quand il la regarde. Un jour, elle l'aperçoit, avec cette autre fille. Et ils rigolent, beaucoup. Et leurs bras se touchent. Et elle comprend. Lorsqu'elle le confronte, dans son regard cette fois, c'était quasiment de la pitié qu'elle voyait. Ca avait été marrant le temps que ça avait duré, mais ils ne s'étaient rien promis, si ? Le dégout. Le mépris. Donnie retourna quelques mois dans la demeure familiale après ça, bien trop peinée pour ne rien laisser paraître.
14. Perdue. Et si Julian avait réellement raison ? Et si il ne s'agissait pas seulement de s'accrocher à un rêve pour qu'il se réalise ? Et si il y avait une foutue part de chance, et de piston là dedans ? Elle hésitait réellement à renoncer. Mais pour faire quoi ? Elle n'avait rien d'autre qui l'animait autant. Elle ne se voyait pas non plus être réceptionniste ou serveuse toute sa vie. Après s'être remotivée, motivation dans laquelle ses soeurs l'ont énormément aidée d'ailleurs, elle a commencé à voir plus large. Si elle ne pouvait pas être actrice, alors l'audiovisuel lui suffirait.
15. Les studios de Wellington Elle envoie son maigre CV, un soir sans grande conviction. Et elle a la surprise d'être recontactée pour un entretien, qui comprendrait un essai en doublage. Le stress est à son comble ce jour là. Pour la première fois, en dehors des pubs catastrophiques, elle a l'impression d'avoir une chance de s'investir dans le long terme dans le milieu. Elle était tombée
à pic : le studio se mettait à l'animé mais manquait de voix. Le contrat stipulait qu'il s'agirait de doublages occasionnels mais pourrait être amené à évoluer. Elle est impressionnée, Donnie, devant tout le matériel, l'écran, les textes. Mais elle se concentre, et tout se passa assez bien.
16. Le doublage Elle est finalement appelée une semaine plus tard, pour quelques lignes de textes d'un personnage de court métrage. Puis les contrats se sont faits de plus en plus régulier et elle travaille désormais quasiment à temps plein aux studios. Ca n'est pas elle devant les caméras, mais c'est tout de même sa voix qui porte le personnage, et ça n'est pas rien à ses yeux. Elle se sent enfin un peu récompensée de tous les efforts qu'elle a pu donner.
17. La solitude. Ca serait bien parfois son seul problème. Elle se sent souvent à l'écart Donnie, un peu dans sa bulle aussi. Depuis Julian, elle n'a jamais rencontré personne avec qui ça a matché. Elle est effrayée, de retomber dans un cercle de dépendance affective avec quelqu'un d'opportuniste. Alors elle ne s'attache jamais réellement, et elle se déteste pour ça.
18. L'équilibre. En dehors de l'alcool consommé raisonnablement en soirée, Donnie a un mode de vie sain. Il faut dire que la maladie de Charleen lorsqu'elle était jeune l'a plutôt traumatisée, et que grâce à ça, elle s'est toujours imposé un mode de vie raisonné : sport, peu d'écarts alimentaires, ni drogue ou cigarette. Si évidemment ça ne peut éviter une maladie de nous tomber dessus, c'est déjà mieux que rien et ça la rassure.
19. Les doutes. Elle ne peut s'empêcher de se comparer à ses soeurs. Le fait qu'elles soient plus terre à terre, en couple pour deux d'entre elles, maman pour Bailey. Elle a parfois l'impression d'avoir dévié du chemin, de ne pas comprendre pourquoi elle a plutôt emprunté cette route sinueuse. Peut-être qu'elle manque de confiance en elle, finalement.
20. Aujourd'hui. Elle a fini par perdre sa grande naïveté d'autrefois, par se rendre compte que le monde n'était pas forcément juste. Que s'acharner ne mène pas forcément à la réussite. Après en avoir bavé, elle préfère se contenter de ce qu'elle a aujourd'hui, et pour l'instant, cela lui convient. Sa famille, un boulot qui lui plait, au final, que demander de plus?