when it comes to you. (saskia)

―when it comes to you ―
ft. @"Saskia Hasting "

Il fallait qu’elle la revoie. C’était plus fort qu’elle, elle l’avait intriguée. La situation l’avait autant touchée que si l’une de ses amies avaient été concernée. Mais il ne s’agissait pas seulement de cela, il ne s’agissait pas seulement de rendre service. Sans le savoir, Theo avait plongé à pieds joints dans une personnalité qui allait la tourmenter. Saskia avait ce quelque chose de mystérieux et de fascinant qu’elle ne pouvait nier, même avec toute la volonté du monde. D’une manière inconsciente, elle avait pris ce rôle de sauveur vis-à-vis d’elle et elle risquerait tôt ou tard de se prendre un retour de flamme. Alors, elle avait pris la route et conduisait tout en retraçant le trajet que Saskia lui avait indiqué ce soir-là. Sa mémoire ne pouvait pas lui jouer des tours dans ces cas-là, Theo se souvenait très bien de la petite boite aux lettres bleues où Saskia lui avait dit de la déposer. Sur le chemin jusqu’à l’appartement en question, elle avait imaginé mille et uns scénarios dans sa tête. Pour ne pas passer pour la pire des abruties, elle devait trouver une raison, une excuse en béton, qui expliquerait qu’elle se trouvait devant sa porte. Peut-être tout simplement lui dire qu’elle avait oublié quelque chose chez elle, n’importe quoi, qu’elle était persuadée que cela se trouvait dans sa pièce de vie. Arf, c’en était ridicule. Peut-être plutôt jouer la carte de la protection, de la femme adulte et responsable avec le coeur sur la main, qui voulait juste s’assurer que tout allait bien ? Cette option sembla être la plus appropriée. Et elle se répéta les phrases à lui sortir dans sa tête pour paraitre crédible. Elle se les répéta jusqu’à se garer, sortir de sa voiture, traverser la rue, trouver le numéro en question qu’elle avait cru entendre, passer le sas de l’entrée, frapper à la porte, attendre. Et attendre, encore attendre…. attendre jusqu’à ce qu’une dame âgée vienne à lui ouvrir la porte et se sente agressée par son intrusion. « Mais vous ne comprenez pas, elle m’a dit qu’elle habitait ici. Vous êtes sûre que… » La dame en question avait fini par lui donner un autre numéro de porte et par lui reclaper la porte au nez. De quoi avait-elle l’air, au juste, à cet instant ? C’était quoi ce bordel, encore ? Pourquoi la jeune femme lui avait-elle menti ? Elle cogitait à grande vitesse et regretta déjà d’être venu dans les environs. C’était bien la première fois qu’elle se comportait ainsi vis-à-vis d’une personne. Cela fit naitre une gêne en elle, de se sentir comme l’idiote de la situation, à courir après une ombre. Coup dans l’ego, comme une belle claque à la figure, elle enfonça les mains dans ses poches et pivota sur elle-même pour rebrousser chemin et revenir à son véhicule. Mais, plantée devant celui-ci, elle ne voulut pas entrer dedans. Oh, et merde. Elle devait savoir. Ladite Saskia - parce qu’elle venait à en douter de son prénom, ne devait pas être bien loin, à en croire la vieille dame. Elle devait en avoir le coeur net. Et ce fut en coupant sa respiration qu'elle frappa plusieurs fois à la porte avant de tomber, effectivement, sur Saskia. Et là, son air se décomposa en quelque chose ressemblant à de la déception mais surtout de l'incompréhension. « Saskia? »

when it comes to you
crédit/ tumblr ✶  @Theo Myers

Les jours défilent à une vitesse déconcertante. Entre mon travail au café, les livraisons au fast-food, et les heures par-ci par-là à chanter dans des bars, je ne sais plus vraiment où donner de la tête. Sans oublier Karel aussi, évidemment. Mon petit frère passera d'ailleurs toujours au premier plan. Depuis la mort de mes parents, il est devenu mon unique priorité. La seule personne pour qui je continue de me battre. Le reste et mes problèmes de santé n'ont finalement que très peu d'importance. Enfin... presque. En réalité je n'ai pas trop le choix que de continuer à suivre mon traitement. Même si entre nous, j'ai de plus en plus de mal à le payer. Mais ça, c'est une autre histoire. J'ai encore une petite heure de libre avant de devoir aller récupérer Karel à l'école. C'est après que la course contre la montre commencera réellement. Il faudra que je m'occupe de lui jusqu'à ce qu'une amie vienne me relayer pour le garder. Si c'est mon jour de repos au café, ce n'est pas le cas de mon travail au fast-food. Et ce n'est pas comme si je pouvais assurer mon service avec un gamin de six ans dans les pattes. Heureusement que j'arrive toujours plus ou moins à trouver des solutions. Mais ce n'est pas facile tous les jours, et ça, ce n'est pas un scoop. Posée dans le lit - qui fait aussi office de canapé - je somnole pendant quelques minutes avant de sursauter, entendant quelqu'un frapper à la porte. Qui peut bien venir à cette heure-là me rendre visite ? Quelque chose me dit que ce ne sera pas une bonne nouvelle... c'est la fin du mois, et mon propriétaire est déjà venu me relancer à plusieurs reprises pour le paiement de mon loyer. A cette pensée, une boule vient se loger instinctivement au creux de mon ventre. A force, je ne sais plus ce que je vais pouvoir lui dire. Toutes les excuses sont passées, et je commence à être à sec - dans tous les sens du terme. J'hésite même pendant quelques secondes à aller ouvrir avant d'abdiquer. « Saskia ? » Prise par surprise, je ne peux cacher l'incompréhension qui se lit sur mon visage. De toute évidence, ce n'est pas mon propriétaire. « Theo ? Mais... qu'est-ce que tu fais là ? » Mon ton est froid, distant. Comme si la méfiance restait finalement la meilleure des défenses. Et c'est un peu ça, quand on y pense. En réalité, je ne sais pas trop comment réagir. « Comment tu as su ? » Je ne prends pas la peine de préciser le fond de ma pensée... elle sait très bien à quoi je fais allusion. Si elle est là, c'est qu'elle sait que je lui ai menti : je n'habite pas vraiment à l'endroit où elle m'a déposé la dernière fois. Mais pour ma défense, c'était plus facile pour moi de lui faire croire le contraire. Ce n'est pas comme si habiter dans ce studio miteux était la chose la plus valorisante qui soit. Et puis, entre nous, je ne pensais pas vraiment la revoir. Faut croire que, sur ce point-là, je me suis trompée. La question maintenant est de savoir exactement ce que la jeune femme est venue faire ici ? J'ai besoin de comprendre.