Eva | For the first time in forever

les informations en vrac

- Pendant longtemps, ce qui caractérisait Eva était le typique adage « métro, boulot, dodo ». Elle faisait partie de ces personnes qui peuvent se lever extrêmement tôt ou veiller la nuit pour compléter un dossier. A l’origine, c’était déjà une perfectionniste dans l’âme, un poil rigide et maniaque. Elle aimait que les choses soient bien faites pour le plaisir que lui apportait la reconnaissance des autres, notamment de sa famille. Mais ce n’était jamais suffisant et continuellement son père lui en demandait plus, arguant que tous les fils Castillo avaient fait partie de l’élite. Alors Eva s’est enfermée dans une bulle, perdant doucement son doux sourire pour un air sérieux et concentré en permanence. Au lieu de regarder une émission le soir, elle s’est mise à enfiler les cafés pour tenir plusieurs heures de travail supplémentaire et a obtenu son diplôme dans le trio de tête de sa promo. Elle ne s’est pas demandée si cela correspondait à son désir personnel, car elle était trop heureuse d’accomplir son devoir auprès de sa famille et d’enfin être la fille parfaite.

- Les rares moments où Eva ne planchait pas sur ses études ou ses affaires, c’était au cours de ses joggings. Matin et soir, elle avait pour rituel de courir une petite heure avec de la musique à fond dans ses oreilles. C’était un moyen d’oublier l’espace d’un instant ses tracas du quotidien et de se remettre en forme pour attaquer la journée ou la soirée. A la manière d’une douche qui décontracte le corps et l’esprit, en s’évadant au travers de ses joggings, il arrivait à Eva de trouver des solutions à ses problèmes sans même avoir à y penser, en laissant juste son inconscient agir. Elle venait d’avoir 30 ans lorsqu’elle est sortie comme chaque matin et a eu un déclic. Une angoisse l’a soudainement prise à la gorge, comme si la vie la rattrapait et la mettait en garde. Elle était en train de penser à sa sœur et, au fil des jours, l’idée a germé et elle a décidé de quitter Sydney un moment… ou définitivement. Elle n’est pas certaine de ce qu’elle fait, mais Tegan a réussi à s’émanciper de leurs parents en réalisant ses propres choix. Elle aimerait beaucoup savoir comment et découvrir si elle en est capable aussi. Elle se ment en se répétant qu’elle veut vérifier si c’est ce dont elle a envie ou non, sauf qu’il est évident qu’elle n’aurait pas fait tout ce chemin si elle n’était pas sur une piste.

- Quand Eva était adolescente, elle avait une véritable passion pour la décoration d’intérieur. Sa chambre était toujours impeccable et ressemblait à s’y méprendre à une pièce d’exposition Ikea, en dehors du bureau débordant de cahiers, papiers, etc… Son appartement à Sydney est désormais loin d’être aussi propre. Les espaces sont peu utilisés, ne contenant que le minimum de meubles puisque les uniques éléments utiles sont la cuisine, la table de salle à manger transformée en bureau, son lit et sa penderie. Pas de meublé télé, la télévision trône sur un carton. Cartons qu’on retrouve un peu partout comme table de chevet, repose-pied, chaise… Les rares cadres contiennent encore les photos génériques de vente. En ouvrant les yeux, Eva a eu l’impression d’avoir emménagé hier alors que c’était il y a trois ans. Elle a emporté à Island Bay le strict nécessaire, considérant que si elle n’avait eu besoin du reste ces trois dernières années, elle pourrait s’en passer pendant ses congés longue durée. Elle espère retrouver l’énergie et la passion qui l’habitaient avant.

- Eva incarne la fille parfaite aux yeux de ses parents par bien des biais. C’est une image qui lui colle à la peau et qui lui impose un certain standing. Selon son père, elle devait être irréprochable pour qu’elle puisse espérer être à la hauteur d’un homme. Cela se traduisit par le travail, mais aussi l’élégance, la tenue, le comportement… tout ce qui pourrait être jugé chez une femme et qu’elle devrait parvenir à dissiper les doutes. Eva a ainsi appris à exceller dans chacun de ces points et cela a peut-être été indirectement à l’encontre de sa sœur cadette qui devait subir la comparaison. Si elle faisait bonne figure devant leurs parents, elle souffrait intérieurement de voir Tegan échouer. Aujourd’hui, elle comprend que sa sœur n’avait sans doute pas envie d’être une personne qu’elle n’était pas et Eva l’a bien assimilé lorsque Tegan a décidé de ne pas devenir avocate. En se regardant dans le miroir, Eva n’a jamais vu la fille parfaite qu’on lui prêtait. Elle voyait une femme qui joue un rôle et dont elle pouvait être fière parfois ou porter comme un fardeau d’autre fois.

- En tant que jeune avocate prestigieuse, devenue associée de Castillo & Sons, Eva est forte, solide… Elle a des nerfs d’acier et de la patience. Elle a beau remettre en question sa vie, elle sait qu’elle ne l’a pas totalement ratée et qu’elle représente pour d’autres jeunes femmes un espoir de percer dans un milieu peuplé de requins. Si elle a pu tenir aussi longtemps, c’est aussi grâce à cette envie de prouver qu’elle en était capable. Il est vrai que son nom a aidé à obtenir la réputation dont elle jouit aujourd’hui et son statut au sein du cabinet, mais elle ne considère pas les avoir volés, quand bien même des personnes jalouses le lui ont déjà reproché. Elle a d’autant plus de respect pour sa sœur d’être partie, en voyant qu’elle-même n’a pas eu le courage de le faire. Elle sait que si elle le veut vraiment, elle pourra puiser dans son vécu pour trouver la force de s’approprier la vie qu’elle souhaite.

- Eva respecte les valeurs de la famille et il est temps qu’elle soit protectrice à l’égard de sa sœur en la soutenant tel qu’elle aurait dû le faire des années auparavant. Elle se sent proche d’elle mais a aussi le sentiment d’avoir participé à son éloignement, que ce soit en ne l’accompagnant pas au pensionnat ou en n’ayant pas tenu tête à leurs parents chaque fois que Tegan se révélait toujours plus excentrique et différente de l’image parfaite souhaitée par les Castillo.

- La foi chrétienne a été imposée à Eva. Si elle en tire les mêmes valeurs que sa sœur, à savoir l’amour, le respect et la tolérance, elle découvre que certaines de ces valeurs ont été bafouées par sa famille et elle. Respect et tolérance sont difficiles à concilier lorsque l’on ne comprend pas ce qui nous est présenté. Croyante, Eva porte une croix en or en collier. Elle est non pratiquante et sa foi est tournée vers une force supérieure qui régit l’univers et non vers un Dieu personnifié. En outre de trouver son chemin, elle aimerait rattraper ses erreurs et faire amende honorable auprès de Tegan.

- Eva a pratiqué la danse de salon de l’enfance à l’âge adulte. C’était une discipline qui lui plaisait beaucoup, mais qui l’incitait à toujours faire plus pour ne pas être uniquement correcte. Entre les entraînements trois soirs par semaine et les compétitions du week-end, ce fut l’un de ses premiers sacrifices au profit de ses études. Elle l’a longtemps regretté et garde un souvenir amer de cette perte. Elle n’a plus voulu danser depuis, mais les rares fois où elle regarde la télé, c’est pour voir des compétitions de danse.

- Les amis d’Eva étaient avant tout les amis de ses parents et du cabinet. Elle a bien eu quelques amis de son propre chef, mais elle ne leur a pas accordé assez de temps pour entretenir la relation. Si bien que la majorité a fini par disparaître pour ne redevenir que de simples connaissances.

- Lors de ses études, Eva était une fille populaire… Vous savez, la fille parfaite. En tout cas, c’était la vision des autres élèves en début d’année. Puis le temps avançant, elle s’est forgée la réputation d’une fille inaccessible. Celle qui ne venait jamais aux soirées, qui proposait des rendez-vous pour réviser et révisait vraiment, qui ne participait pas aux olympiades car elle avait plus urgent, qui… et qui… et qui… Ce faisant, elle a fini par voir les foules autour d’elle se dissiper. Seules les personnes qui avaient besoin d’une excellente note à un devoir de groupe gravitaient autour d’elle. Les autres l’esquivaient, à la manière qu’Eva esquivait sa sœur.

- Eva apporte une grande attention à ce qu’elle porte. Elle ne se considère pas comme une férue de mode et ne suit d’ailleurs pas les tendances. En revanche, elle ne sort jamais sans être impeccable. Là-dessus, son père n’a pas eu besoin de la reprendre enfant car elle était déjà très soignée. Elle estime que pour son image et par respect pour les autres, chacun doit faire le minimum d’efforts pour être présentable. Sa garde-robe est très variée, comprenant des robes, des tailleurs, des polos et même des t-shirts. Elle critique avant tout le manque d’hygiène et de goût des personnes, plutôt que les vêtements en eux-mêmes.

- Les galas sont des rassemblements de personnes ennuyantes venant se faire mousser sur le dos d’une bonne cause. C’est à peu de chose près ce qu’Eva pense de ces soirées mondaines. But business is business, donc elle devait se rendre à un maximum de ces événements pour se montrer et se faire mousser également dans l’optique de promouvoir le cabinet et d’attirer de nouveaux clients ou de poursuivre la fidélisation des anciens clients. Elle a beau détester la mascarade de ces soirées, elle était devenue plutôt forte au jeu et c’était une occasion de souffler loin de l’ordinateur.

- Eva est à Island Bay depuis peu qu’elle s’est trouvée un emploi de serveuse à mi-temps dans un café. Elle a demandé à être payé une misère, car elle n’a aucun besoin financier. Elle avait besoin de relationnel et de s’occuper l’esprit sans prise de tête. Seule sa sœur Tegan est au courant, le reste de sa famille n’a aucune idée de ce qu’elle peut faire en Nouvelle-Zélande. Eva parait en roue libre, ce qui les inquiète un peu.

- Au départ, Eva a demandé à sa sœur de l’héberger mais leurs modes de vie étant trop différents, elle a fini par se rendre à l’hôtel. Elle en a trouvé un récent dans le quartier de Westbay qui n’est pas encore au standing habituel mais elle se fait violence pour rester à Island Bay et ne pas déménager à Wellington. Ce qui la dérange le plus, ce sont les enfants qui crient et courent partout. Elle a vécu dans un cocon si aseptisé qu’elle a du mal à supporter le dérangement, alors qu’elle aime bien les gamins. De toute façon, elle n’a pas eu de choix que d’apprendre à les aimer, son père lui ayant tant de fois rabâché qu’il attendait d’elle d’avoir un fils. Si elle n’était pas partie, elle est persuadée que sa situation étant stabilisée et convenable, son père lui aurait cherché un prétendant tout autant fortuné et convenable. Pff…

- A Sydney, Eva détenait deux magnifiques voitures… qu’elle ne savait pas conduire. Elle avait un chauffeur ce qui était à la fois pratique et la rendait dépendante. Dans sa théorie du complot, elle est presque persuadée que son père l’a fait exprès pour être maître de ses déplacements jusqu’à sa majorité. Parmi ses nouveaux choix de vie, elle a entrepris l’apprentissage de la conduite. Clairement, il serait moins risqué qu’elle ait un chauffeur mais elle tient vraiment à son indépendance physique.

- Jeune adulte, elle a été piégée dans un incendie. En soit, elle n’a pas paniqué, n’était pas seule et le feu fut vite maîtrisé. Néanmoins elle a eu très peur et a développé une phobie du feu. Elle a horreur quand les gens mettent des feux de cheminée sur Netflix pour « l’ambiance ». A la suite de cet incident, elle s’est beaucoup renseignée sur le métier de pompier. Ils représentent à la fois ses sauveurs et dans leurs témoignages elle espère trouver une méthode ou un moyen de se rassurer.

- Une forme de solitude pèse sur Eva. Elle la rejetait en ne comprenant pas ses raisons car elle a eu le soutien de ses parents et a rarement été seule, que ce soit chez elle, au travail ou en cours. Alors oui, elle voyait des gens tous les jours, pouvait discuter parfois avec lambda 1 ou lambda 2… Cependant elle n’avait personne à qui se confier. Ça aurait pu être le rôle de sa sœur, sauf qu’elles n’avaient aucun lien en dehors de celui du sang. Tegan est un sujet qu’elle essaie de rattraper et Eva souhaiterait aussi se trouver un ou une meilleur(e) ami(e) avec qui partager et bousculer son monde.

- L’alcool ne lui réussit pas. Elle devient très vite pompette puis bourrée. C’est pourquoi elle tourne souvent au coca-cola, ses soirées étant avant tout des soirées d’affaires. Elle ne peut toutefois pas refuser un bon rhum. Elle aime plaisanter et dire que du sang de pirate coule dans ses veines.

- Le cabinet Castillo & Sons accueille un large panel de clients prestigieux. Parfois, il arrive que certains d’entre eux ne soient pas très nets et coupables d’atrocités, dont ils n’éprouvent aucune honte. Eva était débectée de devoir défendre ces salauds et les voir s’en sortir impunément. On lui répétait que la justice n’est pas le reflet du bien et du mal mais de la loi. Alors elle changea de stratégie en continuant de les défendre lorsqu’elle y était contrainte et en jouant des lois avec le bureau du procureur ou les parties adverses pour obtenir à la fois gain de cause et une forme de justice morale. Son petit plaisir étant de les obliger à organiser et animer des stages de sensibilisation sur plusieurs mois, que ce soit dans des entreprises ou en dehors selon le sujet.

- Disney girl, Eva est née au milieu de l'âge d'or des films d'animation Disney. Elle éprouve une certaine tendresse et nostalgie à l'égard de ces classiques, vus pendant son enfance. Elle doit avoir dans l'un de ses cartons les vieilles cassettes vhs de ces films. Elle a dans ses petits papiers de découvrir le renouveau Disney de la dernière décennie pour occuper ses soirées. Mais elle a du mal à s'y mettre, culpabilisant de ne pas être plus productive. L'un de ses rêves secret serait d'aller à Disneyland, peu importe lequel. Ce serait son premier parc d'attractions, car la fête foraine miteuse d'une adolescente boutonneuse, ça ne compte pas...