Retour au bercail (Alex & Maël)

Ces deux semaines à l’hôpital m’ont semblé durer une éternité. J’ai détesté cette chambre glauque, les repas dignes d’une cantine de seconde zone et surtout, le fait d’être coincé dans ce fauteuil roulant. J’ai des séances de kinés chaque jour depuis l’opération, c’est bien le seul truc positif de cet hôpital, même si je dois l’admettre, ça ne va pas assez vite à mon goût. Je tiens à peine debout, sur une seule jambe et avec une béquille… J’ai la sensation que je ne suis pas prêt de retrouver mon autonomie.
En tout cas, j’essaie de ne pas désespérer même si ce n’est pas simple. Heureusement, j’ai pu compter sur Maël pour me remonter le moral. Mon petit ami est venu me soutenir autant que possible ! Faut dire qu’il a dû jongler entre la paperasse pour le food truck, sa vie privée et mon cas… Il a tenté de travailler tout seul pendant quelques jours mais la situation était trop complexe. Son inquiétude pour moi, les allers retours avec l’hôpital et réfléchir à des menus et tout ce que cela engendre… C’était beaucoup trop. Alors d’un commun accord, on a décidé de fermer pendant deux bonnes semaines. Après tout, c’est une période creuse, on peut bien se permettre cela, vu le peu de vacances qu’on a pris depuis l’ouverture.

Bon, dressé comme cela, le tableau n’est pas très joyeux mais pourtant, il y a quand même un point positif. C’est aujourd’hui que je rentre au bercail ! Les médecins ont approuvé ma demande de sortie à condition que je sois rigoureux et précautionneux pendant ma rééducation. “Comptez sur moi, je le surveillerai au doigt et à l'œil !” avait ajouté un Maël enjoué à l’attention du Docteur Webster. Enfin une bonne nouvelle !
Bon, j’aurais largement préféré rentrer sur mes deux jambes mais j’essaie de voir le bon côté des choses, ce soir, je dormirais dans mon lit et en bonne compagnie.

Le téléphone à l’oreille, je tente tant bien que mal de boucler le sac contenant les quelques affaires dont je me suis servi pendant mon séjour.
“Oui m’man, je t’assure que tu n’as pas besoin de venir me chercher, Maël s’en occupe (...) Si tu veux, tu peux passer demain matin, l’après-midi le kiné vient à la maison ! (...) Oui promis ça va aller ! (...) Ah, est-ce que par hasard tu pourrais récupérer quelques médicaments pour moi à la pharmacie ? Il me reste un peu d'anti-inflammatoires pour ce soir mais je tiendrais pas la semaine. (...) Je t’envoi l’ordonnance en rentrant, t’es la meilleure ! (...) M’man faut que je te laisse je vais y aller. Je t'envoie un message quand j’arrive ! Allez bisous !”.

Mon sac est prêt et posé sur mes genoux, il ne me reste plus qu’à récupérer mon dossier médical posé sur le lit, à signer la décharge de sortie avec Maël et on sera bon.  D’ailleurs, en parlant du loup, le voilà qui pointe le bout de sa queue.

Ces deux dernières semaines n'ont pas été de tout repos ! Le stress s'étant invité dans mon quotidien je dois bien avouer que je suis sur les rotules... Avec l'hospitalisation d'Alexander, il a fallu que je gère pas mal de choses au niveau du food-truck comme la paperasse, les commandes, la préparation des menus, ce n'était pas très évident.... D'autant plus qu'une fois la boutique fermée, je filais tout droit en direction de l'hôpital afin de passer un peu de temps avec mon petit-ami... Une vie à 200 à l'heure à laquelle je n'ai jamais vraiment été habitué... N'oublions pas qu'il y a de ça un an, je passais la plupart de mon temps à chiller autour de la piscine de mes parents... Cette vie me semble si lointaine quand j'y pense....

Avec toute la bonne volonté du monde, nous avons quand meme décidé de fermer vu la changer trop importante de travail... Est-ce que je voyais ça comme un échec ? Clairement j'aurai aimé en faire plus mais il fallait se rendre à l'évidence que j'étais encore beaucoup trop jeune dans le métier pour assumer une telle charge.... Donc parlons plutôt de semi-échec car ce n'est pas faute d'avoir essayé.... Heureusement Alex ne m'a jamais reproché quoi que ce soit... C'est même lui qui m'a poussé à tirer le rideau pendant les 15 prochains jours, le temps que tout redevienne à la normal...

Nos rapports (qui ont toujours été bons) se sont encore renforcés depuis cet accident ! Oui, j'ai fais en sorte de lui remonter le moral quand ce dernier était au plus bas, de le pousser à se dépasser avec un petit texto avant chacune de se ses séances d'entrainement... Ce soutien fût grandement apprécié.... Et puis je dois bien avouer que ses bras m'ont manqué le soir avant de m'endormir... Preuve que ce n'est pas juste un feu de paille qu'il y a entre nous mais bel et bien quelque chose de sérieux...

Heureusement cette absence touche à sa fin dès ce soir ! Et oui aujourd'hui c'est le grand jour à savoir celui de la sortie de l'accidenté et bien évidemment c'est moi qui est en charge du retour à domicile. “Comptez sur moi, je le surveillerai au doigt et à l'œil ! Encore merci Monsieur le Docteur... Vous savez que vous ressemblez à Docteur Mamour ? Enfin bref a bientôt'' Oui j'étais légèrement excité de pouvoir passer de nouveau du temps avec mon petit-ami hors de cet endroit lugubre que je détestait tant.

''Bon t'es prêt pour le retour au bercail ?'' ajoutais-je après l'avoir embrassé. ''Fichons le camp d'ici avant qu'on te demande de rester... On sait jamais..'' Nous passons rapidement au bureau de l'hospitalisation afin de régler les dernières formalités administratives. ''Je suis tellement content de pouvoir passer du temps avec toi... Ca va nous faire du bien... Tu m'as manqué..'' lui précisais-je tout en nous dirigeant vers la voiture. Première étape, monter dans le véhicule ''Attend, je vais t'aider... J'ai pas soulevé de la fonte pour rien..'' Je prends le sac et le met sur la banquette arrière. ''Tiens agrippe toi à moi..'' Pour moi tout ça parait normal... Espérons que cela soit pareil pour lui.

Un léger sourire s’affiche sur mon visage lorsque je croise le regard de Maël dans l’encadrement de la porte. Cela change de ma petite mine habituelle depuis que je suis à l'hôpital. J’ai beau me dire que mon sort aurait pu être pire, je n’arrive pas à être joyeux pour le moment. Seule la présence de mon petit ami parvient à me changer les idées.
“Oh oui… sors moi de là s’il te plaît !”. Non pas que le traitement qui m’a été réservé pendant ces semaines d’hospitalisations furent mauvaises mais je n’en peux plus de rester enfermé. Évidemment, j’ai conscience que le retour à la maison ne sera pas de tout repos, mais ce sera toujours mieux que ma petite chambre qui sent le renfermé et la bétadine.

Maël attrape mon sac et le glisse sur son épaule avant de guider mon fauteuil jusqu’à l’accueil de mon unité où je suis censé signer les documents qui me rendront ma liberté.
“Merci pour tout !” dis-je à l’infirmière à qui je tend le fameux dossier. L’équipe médicale a vraiment été au top avec moi. J’ai conscience que leur travail n’est pas de tout repos alors je me dis qu’un merci sincère ne peut que leur faire du bien. “Vous passez quand vous voulez au False Truck hein et avec toute l’équipe !”
“Avec plaisir ! Mais d’ici-là, on se sera revu pour votre examen de contrôle dans quelques semaines…”. Je force un petit sourire. Dois-je en déduire que quelques semaines ne suffiront pas à reprendre le boulot ? Je prends sur moi et ne dis rien.

L’air frais… ENFIN ! Il fait plutôt froid dehors mais qu’est ce que c’est agréable de ressentir la brise caresser mon visage. Je ferme même les yeux pour prendre une grande inspiration.
“Je n’attendais que ça !” dis-je en posant ma main sur celle de Maël qu’il vient de déposer sur mon épaule. “C’est toujours okay pour toi de t’installer à la maison le temps que je me remette ?”.
C’est une proposition que je lui ai faite avant-hier et à laquelle je lui ai proposé de réfléchir malgré sa réponse presque immédiate. Je ne veux absolument pas être un boulet pour mon petit ami et je sais que les prochaines semaines risquent d’être compliquées. Je préférais donc qu’il fasse mûrir cette réflexion plutôt que de prendre une décision trop hâtive.

Nous voilà arrivés à la voiture que Maël à semble-t-il empruntée. A sa mère peut-être ?… Enfin, c’est ce que j’en déduis puisque jusqu’à preuve du contraire, il n’a plus de véhicule. A moins qu’il ait investi ? Bon en même temps, cela sera bien utile pendant ma convalescence… Mon scooter va pouvoir prendre des vacances.

Je m’agrippe à la portière entrouverte et tente de me hisser sur ma jambe gauche mais la tâche s’avère beaucoup plus compliquée que prévue. Je tremble et suis à deux doigts de chanceler “Putain !”.
Je commence à m’agacer mais heureusement, mon héros de petit ami arrive à la rescousse et vient me porter jusqu’au fauteuil. Depuis quand est-il si musclé ?
“Je vois ça dis donc ! J’ai hâte d’observer ça de plus près…” dis-je d’un air un peu coquin, pressé d’une certaine manière de retrouver un peu d’intimité avec lui.

Après avoir affronté le trafic, nous arrivons finalement chez moi. Ici, rien n’a bougé depuis le fameux jour de l’accident. Enfin… presque. Je sais que ma famille est entre autre passée faire du ménage, récupérer le courrier et je remarque sur le côté du salon, ma planche de surf sûrement déposée içi en coup de vent. Je me perds légèrement dans le vague en la voyant… Ils auraient franchement pu la mettre ailleurs ! Ils pensaient vraiment que cela me ferait du bien de repenser à tout ça ? Je détourne le regard mais Maël a bien saisi le malaise.
“Bon alors…” dis–je pour changer de sujet. “Qu’as-tu prévu pour mon grand retour... ? Hormis jouer au docteur j'entends !”

''Bien-sur que c'est ok... Je t'ai dis que je serai là pour toi... Je n'ai pas changé d'avis'' J'appréhende un peu ce retour à la maison essentiellement parce que j'ai envie que tout se passe bien ! Je ne suis pas infirmier et encore moins médecin et si il arrive quelque chose est-ce que je vais savoir gérer ? J'ai tellement paniqué le jour de l'accident que forcément tout ça me stresse un petit peu (beaucoup même). Cet état de stress est néanmoins atténué par le fait que nous allons enfin pouvoir nous retrouver rien que tous les deux et ça clairement ça vaut tout l'or du monde... Même si l'équipe médical s'est montrée on ne peut plus sympathique avec nous, on ne peut pas se comporter à l'hôpital comme on se comporte dans notre chez nous... C'est logique... ''Et je t'avoue que ça me ferrait un peu chier qu'un infirmier vienne t'aider à te laver.... On sait jamais ça peut déraper...'' Bien évidemment cette dernière phrase est prononcée sur le ton de l'humour ! On est pas dans un scénario de film pornographique mais il se cache peut être bien une forme de jalousie également... Sous mes airs de petit rigolo, la fidélité compte énormément pour moi...

''Fais pas attention si tu trouves ou si ça sent la croquette pour chien... C'est la voiture de la daronne...'' Elle ne sait pas encore que nous sommes ensemble mais elle a toujours adoré Alex en tant que meilleur ami alors quand je lui ai demandé de me prêter sa voiture dans le but d'aider ce dernier, elle a bien évidemment acceptée et ceci sans poser la moindre question... Elle s'est même proposée pour nous aider à faire la cuisine ou le ménage mais j'ai préféré lui dire qu'on ferrait appel à ses services en cas d’extrême urgence... Egoistement, j'ai envie de passer le plus du temps possible rien que tous les deux..

Nous entrons donc dans le vif du sujet avec cette première tentative pour monter dans le véhicule. Axel grimace mais je suis là pour lui donner un coup de main. ''Tu verras, tu devrais kiffer mecs et le V qui se dessine de plus en plus..'' Çà me fait rire mine de rien et ça me rassure de savoir que lui aussi est en quelque sorte en ''manque'' de moi... Non pas que j'en doute mais notre relation est suffisamment peu ordinaire pour croire que tout est gagné d'avance.

Sur le chemin, j'en profite pour lui faire écouter les derniers sons électros du moment. Un bon quart d'heure plus tard, je précède Alex et ouvre la porte de son chez lui... Je n'ai pas eu le temps de venir avant sinon j'aurai sans doute apporter quelques modifications comme cacher cette maudite planche de surf et installé quelques bougies dans la pièce principale (sans les allumer bien-sur) mais bon j'avoue que le timing a joué contre moi... ''Déjà avant de penser au loisir j'ai envie de te préparer un vrai repas... Je pense que t'as assez soupé de la vielle bouffe de l'hôpital.... Tu remarqueras ce savant jeu de mot culinaire'' ajoutais-je en rigolant bêtement. ''Mais avant...'' Je viens doucement l'enlacer en faisant attention à ne pas lui faire mal pour ensuite l'embrasser tendrement.. ''Je me disais aussi que tu voudrais peut être bouger un peu après histoire de prendre l'air mais ça c'est toi qui voit.... Et rassure toi, je compte bien procéder à une petite consultation privée.'' Nous sommes toujours enlacés l'un à l'autre. ''Tu m'as manqué... Vraiment...''

Tout semble si léger lorsque Maël est là… Avec son humour à toute épreuve, on dirait que les aléas de la vie lui coulent dessus alors que je sais bien que ce n’est pas le cas. Il lui a fallu du temps et du courage pour accepter sa nouvelle condition de vie lorsque sa famille a fait banqueroute, mais jamais il ne s’est plaint. C’est un des traits de caractère que j’adore chez lui et une nouvelle fois, il se montre plus valeureux que jamais et c’est exactement ce dont j’ai besoin. Car oui, après avoir vécu un trauma comme celui-ci, je peux vous assurer que cela laisse des séquelles. Des séquelles physiques certes, mais aussi psychologiques…

Je suis heureux de retrouver mon chez moi, qui est désormais son chez lui. Temporairement tout du moins, même si à terme, j’espère qu’un jour il acceptera qu’un chez soi devienne notre chez nous… Oui j’y ai pensé… Faut dire que j’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir à l’hôpital et je n’ai pas eu besoin de tergiverser pendant des heures pour réaliser que j’aimerais bien tenter l’expérience d’une vie à deux un jour. Dans pas trop longtemps en tout cas. Reste à savoir ce que Maël en pense mais j’ai l’impression que nous sommes sur la bonne voie. La seule petite “ombre” au tableau, c’est cette petite bulle secrète que nous nous sommes créée et qui ne cesse de grandir. A tel point qu’il y a de fortes chances qu’un de ces 4, elle explose et nous révèle au grand jour. Est-ce qu’on est prêts à ça ? Et pourquoi pas ?

“J’achète le petit plat fait maison par mon super chef à domicile !” dis-je en l’attrapant par les hanches pour l’attirer vers moi. “Et je vais même savourer ses jeux de mots vaseux… c’est dire !”. Nous rigolons ensemble avant que Maël m’offre un délicat baiser. Ces moments de tendresse nous ont manqué à l’un et à l’autre, cela se voit comme le nez au milieu de la figure.
“Je… hum… J’sais pas si j’suis prêt à sortir !”. Je lève mes yeux gênés vers les siens avant de les baisser de nouveau vers le sol.
“J’sais pas si je suis prêt à ce que les gens me voient… comme ça !”. Je désigne mon état actuel d’un geste de la main. Nous concluons cet échange par une accolade chaleureuse. Maël à toujours les gestes qu’il faut, c’est dingue ! On dirait qu’il est capable de lire en moi pour savoir ce qu’il faut pour me faire du bien. Je dépose un baiser sur le haut de son crâne et de ma main droite, je viens caresser sa joue. “Je suis là maintenant, ON est là, ensemble !”

“Est-ce que tu veux bien m’aider à me changer ? J’en peux plus de ces fringues !”.
Faut dire que, même si à l’hôpital je n’étais vêtu que d’une blouse, sauf pour les séances de rééducation, j’en ai ras le bol de voir ces mêmes vêtements sur moi. Bon, le choix n’est pas grandiose, avec ce plâtre énorme, un pantalon ne passe pas, donc à part les shorts ou rester en caleçon, le choix est mince.
“Passe moi les béquilles steuplaît !”. Maël s'exécute avec un peu d’appréhension.
“Je veux juste essayer ! Y’a quand même moins de risques à la maison qu'à l'extérieur !”. C’est vrai que les médecins avaient dit qu’il vaudrait peut-être mieux utiliser le fauteuil dans un premier temps. Toutefois, l’utilisation des béquilles n’est pas proscrite non plus, surtout que j’en ai marre d’être encroûté dans ce fauteuil.
Je finis par me hisser grâce aux béquilles et nous nous dirigeons pas à pas vers la chambre.  
“La bande est au courant que je suis sorti ?” le questionnais-je sur le chemin.

Arrivé à l’intérieur de la chambre, nous sélectionnons ensemble des vêtements propres.
Lorsque Maël s’approche pour m’aider, je relâche les béquilles contre le bord du lit et me retrouve en équilibre face à lui sur une jambe. Je lève les bras au ciel et mon petit ami commence à retirer mon tee-shirt. Tout se passe bien jusqu’au passage de la tête. C’est toujours un peu ridicule ce passage et même parfois un peu compliqué si bien qu’en tirant, Maël parvient à l’ôter mais me fait chanceler au point que je vacille en arrière sur le lit en l’attrapant au passage.
Cela provoque chez moi une certaine hilarité mais Maël lui, est d’abord inquiet.
“Tout va bien !” dis-je en souriant !
“Tu sais que t’as pas besoin de tout ça pour arriver à m’avoir torse nu dans ton lit hein ?”

''Je suis certain que mon humour de merde t'as manqué... On dirait pas comme ça mais ça demande beaucoup d'énergie... Tu sais ce que disent les plus grands comiques ? Faire pleurer c'est très facile... Faire rire c'est EXCRÉMENT difficile....'' ajoutais-je en prenant un air beaucoup trop sérieux avant d'exploser de rire. Je ne vois pas ne pas faire de petites blaguounettes ! C'est mon fond de commerce et c'est un trait de caractère que je ne pourrai hélas jamais gommer....

''Qu'est-ce que tu peux en avoir à faire du regard des gens ? Y'a rien de mal à être en fauteuil...'' De nouveau, je comprends sa réaction ! Ce n'est jamais simple de se sentir diminuer et d'être dans une position à laquelle on est pas du tout habitué.... Alex n'a cependant pas à culpabiliser de quoi que ce soit ni à se sentir honteux... “Je suis là maintenant, ON est là, ensemble !” Mon petit-ami m'embrasse à son tour ce qui a pour conséquence de me provoquer de nombreux frissons. En soit, je ne pensais pas que les baisers et les caresses de celui qui a été mon meilleur ami pendant de nombreuses années me manqueraient autant.... Nous n'en sommes encore qu'au début de cette nouvelle histoire qui s'écrit entre nous et plus les jours passent et plus je me rends compte que mes sentiments à son égard sont déjà très forts.... C'était assez déstabilisant et quelque peu effrayants dans le sens où il ne faudrait pas que ça s'arrête du jour au lendemain.... L'avenir nous le dira....

''Non mais tu as raison... Restons au chaud... On sortira plus tard...'' Ca ne sert à rien de forcer de toute façon et puis avoir passé plusieurs jours à l'hôpital il a peut être envie d'être chez lui et de profiter du confort de l'appartement... C'est légitime... “Est-ce que tu veux bien m’aider à me changer ? J’en peux plus de ces fringues !” ''Ben oui !!'' Je n'avais peut etre pas réalisé que tous les gestes du quotidien même les plus simples seraient compliqués pour lui... Je vais donc endosser le rôle de l'aide à domicile et cette idée n'est pas pour me déplaire... Ce serait même plutôt le contraire. ''A vos ordres chef'' lancais-je tout en lui donnant les fameuses béquilles. Suis-je à l'aise ? Plus ou moins ! Peut-être un peu moins que plus pour être tout à fait transparent. Je suis dégourdit là n'est pas le soucis mais parfois un peu maladroit tellement mon cerveau tourne vite...

Sur le chemin qui mène à la chambre, Alex cherche a savoir si j'ai informé le groupe de sa sortie. J'avoue avoir longtemps hésité à leur dire vu que j'avais envie de l'avoir pour moi tout seul mais je n'aime pas mentir alors j'ai décidé de couper la poire en deux. ''Ils sont courant oui mais j'ai dit que t'étais fatigué et que ca servait à rien de passer aujourd'hui.... J'espère que j'ai bien fait... T'avais peut être envie de faire une grosse teuf en fait...'' Oui je suis clairement entrain de prêcher le faux pour savoir le vrai.

Bref n'oublions pas pourquoi nous sommes là. ''Tu devrais prendre ton hoodies violet, il te va bien celui-là'' Je tente donc bien que mal de l'aider à retirer les vêtements qu'il a sur lui. ''Attends.. Bouge pas..'' Je suis en train de réaliser le calvaire qu'on certains parents à habiller ou déshabiller leurs enfants... C'est bien plus complexe qu'on ne le croit... ''Oula...'' Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là mais nous nous retrouvons sur le lit allongés l'un sur l'autre... Ma première réaction est bien évidemment la frayeur en témoigne cette toute première réaction... ''Ca va je t'ai pas fait mal ?'' Sa réaction est là pour me prouver le contraire. “Tu sais que t’as pas besoin de tout ça pour arriver à m’avoir torse nu dans ton lit hein ?” Constatant que tous les voyants sont aux verts, je rigole à mon tour. ''Hmm, je sais mais je trouvais ça beaucoup plus rigolo comme tentative d'approche... Faut dire que..'' Je commence à embrasser doucement son torse jusqu'à son nombril ''Tu..'' Je dégrafe ensuite les premiers boutons du pantalon. ''.. m'as vraiment beaucoup manqué.'' Ma main se glisse dans son boxer et commence à caresser sa virilité ''Et ca aussi je crois...'' Je m'étonne moi même être aussi coquin mais le voir presque nu devant moi me donne envie de profiter de lui.. Espérons qu'il en soit de même pour lui. ''Même Madame Cinq Doigt est restée bien sage...''

Ce n’est pas tant le fait d’être en fauteuil roulant qui me pose souci mais plutôt l’abominable sensation de diminution qui va avec. Pourtant, il faut que je me mette en tête de faire très attention à mes propos pour que ceux-ci ne soient pas mal interprétés. “Non mais c’est pas ce que je veux dire… Je sais bien que ce n’est pas une tare d’être en fauteuil c’est juste que… j’ai du mal à accepter la situation et à me voir comme ça ! Mais ça va passer !”. Je force un sourire histoire de le convaincre et de me convaincre par la même occasion.
Nous décidons finalement de rester au chaud pour la soirée et je dois admettre être plutôt soulagé à cette idée. D’autant que je suis persuadé que nous retrouverons une vie sociale bien plus vite que prévu avec notre groupe d’amis. Je les connais par coeur, ils ne tiendront pas longtemps avant de vouloir me retrouver en chair et en os.
“Tu as bien fait… pour le moment c’est de nos retrouvailles dont il s’agit, ils profiteront de la leur le moment venu ! D’ailleurs, ils t’ont pas harcelé de questions sur pourquoi c’est toi qui a veillé jour et nuit à l’hôpital et pourquoi c’est toi qui t’occupes de moi ?”.
Non pas que je sois particulièrement inquiet, j’ai conscience que notre bulle ne tiendra pas encore des années mais autant essayer d’anticiper les choses.

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“Ahhhh hahahaha" Mon cri de surprise se transforme en rire lorsque Maël me tombe dessus.
Sa frayeur ne fait pas long feu face à mes propos qui se veulent rassurants. Je savoure ce moment de tendresse, son corps près du mien dans notre grand lit… Il faut dire que cela m’avait manqué ! A l’hôpital, le lit était en hauteur et pas vraiment fait pour accueillir deux personnes, sans oublier le fait que nous étions dans un lieu public…
Maintenant que nous retrouvons une vie privée, mon petit ami en profite pour faire une tentative de rapprochement un peu plus intime.
Sa main vient délicatement dégrafer les boutons de mon pantalon pour se frayer un chemin dans mon boxer. Ses caresses ne me laissent évidemment pas indifférent et Maël doit le sentir entre ses doigts.
“Ah oui ? Espérons qu’elle soit toujours aussi experte que dans mes souvenirs !”.
C’est terriblement frustrant de ne pas pouvoir prendre les choses en main… Je ne peux pas plier ma jambe ni me contorsionner et donc mon champ d’action reste très limité. J’espère que Maël ne prendra pas à cœur mon manque d’implication dans nos retrouvailles.
Alors, pour combler le manque de mobilité, je le couvre de baisers autant que possible tandis que mes mains viennent parcourir son torse.
Mon corps ondule par réflexe au fil de ses mouvements tandis que ma respiration s’accélère.
“Je vois à quoi elle a servi la gonflette !” dis-je dans un rire essoufflé.

—

Dans ma chambre, nous contemplons le plafond au-dessus du lit. La tête de Maël repose sur mon torse tandis que ma main droite vient tortiller ses cheveux.
“Je suis désolé…”. Maël se redresse et m’observe d’un air interrogateur.
“D’avoir mis si longtemps je veux dire ! J’avais tellement envie de te retrouver… je pige pas !”.
Après de longues minutes, j’ai finalement réussi à atteindre le plaisir ultime mais bien plus tardivement qu’à l'accoutumée. C’est le regard plongé dans celui de Maël que j’ai finalement trouvé la voie de la libération.
“Tu sais que je t’aime hein ?”.
Oui cela m’angoisse un peu. Je ne veux pas que Maël se fasse des films et j’ai besoin aussi de savoir qu’il l’a bien compris.

Le désir que je ressens pour Alex est en train de brûler.... Sa peau m'a manqué, son odeur m'a manqué... Et bien évidemment que nos parties de jambes en l'air m'ont manqué... Depuis que nous sommes en couple j'ai l'impression de redecouvrir c'est qu'est la sexualité ou plutôt ma sexualité et comme tout ce qui est nouveau, je peux difficilement m'en passer.... Cette période d'abstinence à donc été très compliqué comme vous vous en doutez et pourtant je n'ai pas cédé à l'idée d'aller voir ailleurs... Premièrement parce que je n'en ai pas du tout eu envie et deuxièmement parce que je ne suis pas le genre de mec à aller voir ailleurs lorsque je suis en couple... Ceder au plaisir solitaire aurait pu également être une option mais à quoi bon ? Ca ne remplacera en rien les baisers, caresses et autres coups de reins d'Alexander...

Voila donc l'état dans lequel je me trouve depuis quelques jours et c'est principalement pour ça que je me montre aussi chaud bouillant avec lui... “Ah oui ? Espérons qu’elle soit toujours aussi experte que dans mes souvenirs !”. Bien que ce soit nouveau pour lui comme pour moi c'est vrai que jusqu'à présent tout c'est très bien passée... Il n'y a jamais eu ''d'accident'' ni même de maladresse tant nous sommes à l'écoute de l'un et de l'autre lors de nos ébats. ''Ce sera à toi de me le dire...''

Je n'avais pas pensé au fait qu'Alex ne puisse pas participer autant que moi mais ce n'est pas grave... Lui faire plaisir me procure tout autant de satisfaction... ''Laisse moi faire'' Nos ''ébats'' sont de courtes durées mais ce n'est pas grave... On aura tout le temps de s'y remettre...

¤ ¤ ¤

Allongés l'un contre l'autre, mon petit-ami me fait part de ses excuses, je tourne alors mon regard vers le sien.. Ma main vient caresser doucement sa joue... ''T'excuses pas... T'as rien fait de mal....'' Ok, je comprends où il veut en venir... Je viens me poser à califourchon sur lui tout en faisant bien évidemment à ne positionner le poids de mon corps où cela pourrait lui faire mal... ''Perso, j'ai kiffé... C'était cool.'' Je vous l'accorde c'était beaucoup moins sportif que les fois précédents mais il n'y a pas mort d'homme... ''Arrete de te prendre la tête.... Ca change rien pour moi...'' Je préfère cette fois-si ne pas faire de blague afin de lui montrer que je ne suis pas vexé par cette petite lenteur pour arriver jusqu'à la jouissance. ''C'est de me faute aussi... Je te saute dessus comme une adolescence en chaleur sans meme penser que tu es fatigué...'' Bon comme d'habitude, l'humour prend à nouveau le dessus... Il faut vraiment que je me fasse soigner.

''Je le sais..'' Les paroles d'Alex me touchent en plein cœur ! Sans vouloir tomber dans le pathos c'est la toute première personne qui utilise ces deux petits mots à mon encontre... Alors même si je réagis avec une certaine pudeur à l'intérieur c'est le feu d'artifice. ''J'ai vraiment eu peur de te perdre et je ne m'en serais pas remis si ça avait été le cas.'' Je viens à nouveau l'embrasser tendrement.

Les prochains jours seront certainement compliquées avec cette histoire de rééducation et l'acceptation du fauteuil mais je compte bien me battre pour que tout se passe bien..

¤ ¤ ¤

Plusieurs heures se sont écoulés depuis notre câlin, j'en ai profité pour prendre ma douche pendant qu'Alex a de son coté rejoint les bras de Morphée... Le contre coup sans doute... J'ai pris la décision de rester ici.. Nous sortirons demain... Une soirée en tête à tête nous ferra le plus grand bien... Je le laisse volontairement se préparer et monter lui même dans son fauteuil... Je n'ai pas envie de lui apporter mon aide sans qu'il n'en ait vraiment besoin... Cela pourrait être mal interprété... Autant s'éviter ça... Je l'attends donc sagement dans la cuisine dans l'espoir qu'il vienne m'aider à cuisiner le repas de ce soir... C'est ce qui nous a plus ou moins rapprochés ces derniers temps alors pourquoi pas encore maintenant ?

Ce sont des coups de klaxons donnés dans la rue qui me sortent de mon sommeil. Je fronce les yeux pour essayer de lire l’heure sur le réveil de la table de chevet. 17h30 : l’heure des embouteillages à la sortie du boulot ! En tout cas, le vacarme à l'extérieur ne parvient pas à à miner la sensation de bien-être qui s’empare de moi, voir même, il me réjouit ! Je dois dire que je savoure l’idée d’être de nouveau dans mon lit plutôt que dans les draps rêches de l'hôpital. Je m’étire de plaisir mais la sensation de lourdeur de mon plâtre me ramène vite les pieds sur terre. Sur le coup, j’aurais presque oublié tout ce qu’il s’est passé ces dernières semaines, comme s’il s’agissait d’un mauvais rêve. Pourtant, cela ne vient pas entacher ma bonne humeur. Maël est présent. Je le sais car je l’ai entendu sortir de la douche quelques minutes plus tôt, et cette idée me rend totalement heureux.
Même si j’ai hâte d’aller le retrouver, je prends néanmoins le temps de parcourir les derniers messages que j’ai reçu sur mon téléphone durant ma sieste, notamment celui de Milo qui me souhaite un bon retour à la maison ainsi que celui de Chloé dans lequel elle demande de mes nouvelles avec dix milles émojis cœur.

Je décide finalement de me lever pour rejoindre mon petit ami. Je m’installe sur le bord du lit et fais glisser le fauteuil vers moi à l’aide de mon pied valide pour ensuite effectuer mon transfert.
J’enfile un tee shirt mais, faute de pouvoir enfiler un pantalon tout seul, je reste en sous vêtement. Ce n’est pas bien grave parce que je découvre rapidement que mon petit ami est dans la même tenue, devant le bar de la cuisine. Il est en train de touiller une tasse à café en scrollant sur son téléphone. “Hum… je me disais bien que c’était l’heure du goûter !” dis-je en déposant ma main sur son fessier rebondi.
“Désolé je me suis endormi comme une masse !” un bâillement imprévu vient ponctuer ma phrase.“T’imagines pas à quel point ça me fait bizarre d’être là…”. J’observe un instant mon environnement. L’appartement me provoque tout un tas d’émotions. C’est douillet, rempli de bonnes ondes, c’est là que les choses se sont concrétisées par moment avec Maël… C’est là qu’on se rend à quel point il n’y a rien de tel qu’un chez soi. “Enfin, bizarre bien hein !”.
Tout est clean dans l’appartement, je suis sûr que Maël a tout astiqué dans les moindres détails. Il a même attendu que je dorme pour enlever la planche brisée qui trônait comme un piètre trophée dans le salon…  “Retrouver ma chambre, ma salle de bain, ma console et surtout mon très très très sexy petit ami… ça n’a pas de prix !”

Bon, ces retrouvailles, ça me rend vraiment tout chose, j’ai envie de passer mes journées à poil dans le fond du lit avec Maël mais bon, on peut pas non plus passer la journée à faire des galipettes non ?
“Bon alors… tu as prévu quelque chose pour cette soirée de retrouvailles ?”
Je le vois afficher un sourire en coin avant de faire le tour du bar pour venir récupérer deux tabliers du food truck qu’il tend fièrement “TADAAAA” me lance-t-il tout guilleret.
“Hum… tu crois vraiment que je vais pouvoir me rendre utile ?”. La perplexité se lit sur mon visage.
Toutefois, à peine ais-je fini ma phrase que je me retrouve affublé de mon uniforme de travail. Au passage, Maël ne se gêne pas de me faire remarquer que je ne suis pas non plus totalement handicapé. Il n’a pas tort, ce n’est qu’une question de temps avant que je puisse remarcher et en attendant, j’ai une autre jambe tout à fait fonctionnelle.
“C’est quoi le menu ?”. Et voilà qu’il noue à son tour le tablier… Alors c’est ça le fantasme du cuistot sexy (presque) tout nu sous son tablier ?

Même si je suis née avec une cuillère en or dans la bouche, j'ai toujours été un garçon débrouillard. J'accepte pourtant toutes mains tendues mais ce n'est pas moi qui ferra la démarche d'aller vers les autres... Vis à vis de mon petit-ami, j'ai donc envie de procéder de la même façon... Je pense sincèrement que c'est la meilleure des solutions pour ne pas qu'il se sente trop diminué et dépendant des autres... Si ça ne fonctionne pas, j'adapterai bien évidemment ma méthode mais pour l'instant c'est comme ça que je vois les choses...

Je n'ai pas non plus envie que cet accident et les conséquences qui en ont découlé viennent gâcher cette belle histoire d'amour qui vient tout juste de se créer entre nous... On entendra dire que c'est dans ce genre d'épreuve qu'on voit si un couple et solide ou non mais le notre est tellement récemment que je ne peux pas m’empêcher d'avoir un peu peur d'où cette envie de vouloir faire les choses correctement sans blesser personne..

Accoudé au plan de travail de la cuisine dans ma tenue chill préférée à savoir un débardeur et un boxer de la même couleur (oui le style encore et toujours) je regarde les dernières publications sur Instagram. C'est à ce moment là qu'Alex se décide à me rejoindre me caressant doucement les fesses sur son passage. ''La marmotte est réveillée ?'' Je cherche à le taquiner ! Après tout pourquoi changer les bonnes habitudes. ''En même temps, je pense que tu en avais besoin... Ces dernières semaines n'ont pas été de tout repos'' Et puis mine de rien on ne dort jamais mieux que chez soit ou sauf peut etre à l'hôtel mais clairement les hôpitaux ne sont pas les endroits où l'on se repose le mieux ''Ben j'espère que c'est bizarre bien ! J'ai quand même regardé des tutos Youtube sur comment assainir son intérieur... Et je parle bien de l'appartement...'' ajoutais-je en rigolant. Bon c'est a moitié vrai mais je me suis quand même renseigné sur le pouvoir et les vertus de certaines huiles essentielles.

Au même moment, Alex me compliment sur mon physique. ''Ravis de savoir que je suis à la dernière place de ce qui t'as manqué le plus..... MAIS JE COMPRENDS!! J'avoue que fasse à ta PS5 je manque d'arguments'' Dormir semble lui avoir fait beaucoup de boe, ! Je suis heureux de retrouver l'Alex que je connais habituellement à savoir celui qui rigole et qui déborde de vie.

“TADAAAA” lancais-je en brandissant fièrement nos tabliers. “Tu sais ce qu'on dit quand on tombe de vélo et bien c'est pareil pour la cuisine'' Bon je ne suis pas certain que l'expression soit utilsée à bon escient mais espérons qu'il est compris l'idée. ''Utile ? C'est pas toi qui me disais que tout le monde pouvait être utile en cuisine ? Et je crois que tu peux te servir de tes mains non ?'' Je crois qu'il est nécessaire de le bousculer un peu quand même... Se lamenter sur son sort ne sert à rien de toute façon... Je prends toutefois confiance que le rôle qui m'a été attribué n'est pas le plus simple à gérer. ''J'avais envie de partir sur du sucré...'' Autant faire quelque chose de simple ! C'est juste histoire de cuisiner ensemble ''Et si on partait sur des crêpes ?'' C'est simple et réconfortant mais on peut tout de même s'amuser en twistant la recette de base. ''Qu'est-ce que tu regardes comme ça ? Mes fesses ? Ouai je sais j'ai fait pas mal de squats ces derniers jours... Je vais bientôt pouvoir twerker comme Cardi B..'' Je baisse volontairement et furtivement mon boxer pour illustrer mes propos. '''On était pas censé faire des crêpes ?''

" Tu as décidé de me faire souffrir c’est ça ? " dis-je en lui donnant une petite tape sur ses fesses toutes rebondies. "Tu cherches à me faire payer ces derniers mois en fait ! ". Est-ce que je meurs d’envie de le débarrasser de ce boxer et de sentir son corps sautiller contre le mien sur le plan de travail ? Tout à fait. Mais c’est un atelier crêpes qui nous attend comme me le rappelle mon petit ami.
" Tu sais bien que j’ai jamais été le mec le plus attentif du monde hein ! Il suffit qu’il y ait plus intéressant ailleurs et hop ! ". Je tente le diable en venant déposer un petit baiser furtif sur sa fesse gauche.
Je me hisse finalement hors de mon fauteuil pour m’installer sur une des chaises hautes de la cuisine, un peu en décalé de Maël.
“Bon alors grand chef ! Par quoi on commence ?”.
Le jeune homme vient récupérer tout un tas d’ingrédients dans les placards de la cuisine et les dispose en vrac sur la table. Visiblement tout y est : farine, lait, oeufs etc… On devrait s’en sortir !
Il ouvre tout d’abord la farine et tirant sur le haut du paquet… Bon, Maël, c’est pas la délicatesse incarné, du coup, ce qui devait arriver arriva: un beau nuage blanc vient se déposer sur le plan de travail ainsi que sur nos visages respectifs.
“Ca te va pas si mal le côté poivre et sel ! Ca te donne un air de daddy !” dis-je en pouffant de rire.

Le reste de la farine étant versé dans le saladier, je prends les mains de mon petit ami pour venir creuser un puits au centre. Ainsi, nos corps sont collés l’un contre l’autre, ma tête posée sur son épaule. Tout bas, j’ajoute " Je sais que tu sais faire une pâte à crêpes hein, j’en profite juste ! ". Cette proximité physique ne me laisse évidemment pas indifférent et je ne m’en cache pas le moins du monde. Nous suivons ensuite la recette, toujours guidé par mes mouvements. D’abord les oeufs, puis le lait etc.
Je le laisse ensuite mélanger au fouet l’intégralité de la préparation. On peut voir désormais que le temps passé au truck à laisser quelques traces chez Maël, il a notamment acquis certains mouvements techniques et je n’en suis pas peu fier.
“Le coup de poignet est parfaitement réalisé, on sent l’entraînement dans vos gestes Chef Kasmi !”
ajoutais-je comme si j’étais l’un des membres du jury d’une célèbre émission de cuisine.
“Et maintenant, on goûte !” dis-je en trempant mon index directement dans le saladier devant les yeux surpris de mon petit ami. Oui bon, je suis plus stricte niveau hygiène au truck, mais là, c’est différent.
Une fois mon doigt enrobé de pâte, je l’approche doucement des lèvres de mon petit ami qui entrouvre délicatement ses lèvres pour apprécier cette sensuelle dégustation.
“Alors… qu’est-ce qu’on en dit ? Tiens attends !”. Je plonge de nouveau mon doigt dans la préparation pour réitérer l’expérience. “Mieux vaut goûter deux fois, on ne sait jamais…”

''La fesse droite est jalouse... Faudra penser à elle un peu plus tard... Je dis ça, je dis rien...'' Je dois avouer que ce qui m'a fait le plus peur depuis que nous sommes en couple c'est que le lien qui nous unit Alexander et moi se mette à changer,  que l'on perde ce petit quelque chose qui fait que nous sommes meilleurs amis depuis plusieurs années, que certaines problématiques de couple viennent prendre le pas sur le reste....  A aujourd'hui, ce lien est identique et je n'en suis pas peu fière...  Preuve en image avec ces nouvelles taquineries qui démontrent à quel point l’alchimie est belle et bien là...

“Bon alors grand chef ! Par quoi on commence ?”.  J'avoue que je suis très excité par cette idée de cuisiner avec mon binôme si bien que dans la précipitation le paquet de farine que je viens d'ouvrir de façon on ne peut plus brutale laisse échapper un important ''nuage''. ''Ben merde alors'' Je ne peux m’empêcher d'exploser de rire.  “Ca te va pas si mal le côté poivre et sel ! Ca te donne un air de daddy !” Je le regarde en grimaçant. ''Un daddy ? Rappelle moi qui de nous deux risque de marcher avec une canne et dans un fauteuil ces prochaines semaines ?'' Ok, tentative d'humour risquée mais nous ne sommes pas n'importe qui l'un pour l'autre et Alex sait très bien que venant de moi cela n'a absolument rien de méchant... J'aime me moquer parfois même des choses graves et je ne compte toujours pas changer... ''Bon un peu de sérieux bordel'' Je rigole à nouveau. Ca fait tellement de bien.

''Concentrons nous un peu'' Plus facile à dire qu'à faire. Alex vient se coller contre moi et me susurre quelques mots à l'oreille, les poils de mes bras se hérissent, je ne pensais pas que cela serait aussi érotique. Nous continuons donc la préparation de notre pâte à crêpes et je dois également avouer que je suis plutôt fière de moi... La pâte est lisse, aucun grumeau et ça sent putain de bon. “Le coup de poignet est parfaitement réalisé, on sent l’entraînement dans vos gestes Chef Kasmi !” ''Ce sont les longues années de célibat et les longues soirées d'hiver chef Kaminski'' C'était beaucoup trop tentant pour ne rien dire.  “Et maintenant, on goûte !”

J'attends avec impatience son retour ! Alex c'est aussi mon mentor et son avis est toujours très important pour moi...  Je n'arriverai jamais à faire aussi bien que lui c'est impossible mais j'aime l'idée de m'en approcher tout doucement.. C'est au final moi qui est l'honneur de tester cette recette en premier.. ''Putain la cuisine ça peut devenir carrément chaud en fait..'' ajoutais-je en retirant ma bouche de son doigt.  “Mieux vaut goûter deux fois, on ne sait jamais…” ''Et si on inversait les rôles ?.. Mais sans me venter, c'est une tuerie..'' Je viens à mon tour plonger mon doigt dans la préparation sauf que ce dernier vient se poser sur le nez de mon petit-ami. ''Ben alors, on sait plus manger ?''