Bastian ○ first night out

first night out

Xander ○ Bastian

Aussi loin que je sois capable de m'en souvenir avec précision, j'ai constamment représenté l'image parfaite que l'imaginaire collectif se fait d'un être mobile revendiqué, et ce depuis le tout début de mon indépendance financière. Partant du simple fait que j'avais quelques sous en poche et du temps devant moi que je ne voulais pas passer à visioner des œuvres cinématographiques de qualité, je n'hésitais alors pas un seul instant à bondir derrière le volant de ma voiture d'occasion de l'époque et à partir admirer toute l'ampleur des paysages qui gravitaient autour de moi. Ma mère m'a toujours dit que mon âme était digne de celle des grands explorateurs, seul le courage de braver les dangers qu'un tel métier implique manquait à l'appel dans ma personnalité. Avec les pédales sous mes pieds désireux d'aventure, un ou parfois même plusieurs ouvrages m'accompagnant sur le siège passager, j'avais l'enivrante impression de me métamorphoser en plume transporté par la brise légère ou en nuage de fumée capable de se dissiper en un bref battement de cils. Les réalités que je m'inventais alors n'étaient évidemment que mensonges et illusions mais rien ne semblait venir perturber mon imagination dans son désir de s'accomplir. Sans doute était-ce alors l'unique moyen à mes yeux de fuir une réalité parfois trop violente, trop difficile et me demandant trop d'efforts. De ce fait, mon départ brusque et soudain de Seattle n'a pas fait office de trop grosse bombe au sein de la famille qu'il me reste dans ce pays que j'ai décidé de quitter, non sans d'immenses regrets nichés au plus profond de mon coeur et une certaine nostalgie.  

D'abord étrange et plus ou moins bordélique, ma nouvelle réalité en Nouvelle-Zélande a véritablement commencé à prendre du sens dès l'instant même où j'ai posé bagages dans le loft de Bastian, prenant une distance requise avec mon père pour obtenir un plus large espoir d'évolution. Depuis que ce nouvel endroit pour vivre est apparu comme une porte d'entrée inédite, je cherche de nouveaux objectifs et buts me permettant de prouver mon utilité d'une quelconque sorte. Ainsi, quand j'ai eu vent de cette vaste vente aux enchères caritative organisée par la mairesse d'Island Bay et à laquelle mon colocataire participait en tant que candidat, l'envie d'apporter ma petite touche au concept m'est apparue comme une évidence. D'abord je me suis porté volontaire à mon tour avec joie pour que quelqu'un puisse m'acheter et passer quelques heures en ma compagnie pour la bonne cause – j'espère que ça me fera rencontrer une belle personne, ensuite j'ai pioché dans mes économies pour placer la meilleure enchère sur Bastian. D'abord pour démontrer mon dévouement vis à vis de la cause animale représentée par l'événement mais également pour remercier ce gars d'une certaine manière. Il m'a indirectement permit d'y voir un peu plus clair dans le chaos et je le remercie de m'avoir accepté en tant que locataire.

Devant le miroir de la salle de bains commune, j'ajuste un peu plus encore la chemise élégante que j'ai arboré pour notre soirée et m'asperge généreusement d'eau de parfum, une fragrance italienne qui sent le musc et la singularité masculine. Je vérifie l'heure sur ma montre, éteins la lumière de la pièce tout en jetant un dernier coup d'oeil à mon reflet renvoyant une allure plutôt élégante et me dirige énergiquement vers la porte de la chambre de mon colocataire, close. « Bastian ? T'es prêt ? » Trois coups contre la porte, pas de réponse ni de geste de sa part destiné à me laisser le rejoindre dans son espace privé. Il m'a peut-être pas entendu. Fronçant légèrement les sourcils, je hausse les épaules, fourre les mains dans les poches de mon pantalon et dévale les escaliers pour rejoindre la large pièce à vivre. Rien ne sert de le harceler ou de lui mettre la pression pour qu'il se grouille, ce n'est pas mon genre. Je m'empare d'une canette de soda bien fraîche dans le frigo et l'ouvre avant de m'asseoir directement sur le comptoir de la cuisine américaine, les jambes pendant dans le vide. Je suis fin prêt, les tickets pour la séance de cinéma à laquelle je compte l'amener sont dans la poche de ma veste, il ne manque plus qu'il descende à son tour pour qu'on puisse partir profiter d'une virée ensemble. Ce sera ma toute première soirée passée en public depuis le drame. Une boule d'angoisse nichée dans le creux mon estomac, j'essaie cependant de ne pas envisager le pire et de me dire qu'en compagnie de Bastian, tout se passera pour le mieux. Il le faut, il faut que je vive de nouveau.

first night out

Xander ○ Bastian

Suivre les modes ? Très peu pour moi ! Que ce soit en matière de décoration, de style vestimentaire, de musique, de séries télés ou encore d'alimentation j'aimais faire mes propres choses et ne pas faire comme Monsieur et Madame tout le monde dans le seul but de me rendre intéressant ! Je n'étais donc pas un mouton et encore moins un robot ! Non, j'étais moi même Bastian Carneiro et il fallait me prendre avec mes qualités, mes défauts et surtout ma façon de penser ! Oui j'avais du caractère mais en même temps il fallait si l'on ne souhaitait pas se faire bouffer tout cru....

Actuellement ce qui me rendait un peu dingue et ce qui avait surtout tendance à m'agacer s'était cette tendance de toujours vouloir manger bio, de devenir végétarien sous prétexte que ça faisait ''moderne''. Sérieusement ? Est-ce que tout ces nouveaux ''Vegean'' s'y tenaient vraiment ? Ca m'étonnerait ! Personnellement j'aimais la bonne viande et je n'allais pas changer ma façon de me nourrir... Pour autant ça ne m’empêchait pas d’être sensible à la cause animale... Oui voir des animaux se faire tuer pour créer des sacs à mains ou des manteaux pour les vieilles morues de South Bay non merci ! C'est donc principalement pour cette raison que j'avais choisis de participer à cette ''vente aux enchères''. Le concept plus qu'original m'avait vraiment séduit et je n'étais pas peu fière d'avoir été remporté par Xander Reid qui n'était autre que mon nouveau colocataire...

Bien que vivant sous le même toit nous n'avions jamais vraiment eu le temps de passer du temps à deux ! La plupart du temps on se voyait en coup de vent pour échanger des banalités alors oui tout se passait très bien entre nous deux mais j'avais encore énormément à apprendre sur lui pour le coup cette petite soirée avec mon ''acheteur'' tombait à point nommé.

Il devait être 18h30 à tout casser quand je franchissais la porte d'entrée après avoir quitté le boulot ! Sans plus attendre direction la salle de bain avant de rejoindre ma chambre... Oui j'avais besoin de me changer afin de laisser ma journée de taf' derrière moi et une autre tenue que celle qu'on a porté au bureau permet de changer complètement d’état d'esprit, du moins à mon sens. J'entendais tambouriner à ma porte alors que vêtu d'un simple jean j'hésitais encore sur quelle chemise porter... Oui mon allure avait de l'importance pour moi même si encore une fois je n'étais pas du genre à suivre les diktats de la mode.

Six bonnes minutes plus tard et une chemise aux tons bleu nuit avec quelques petits pois blanc en guise de fantaisie ur le dos, je rejoignais mon ami qui attendait patiemment dans la pièce de vie. ''Encore une cannette à la main ? Je vais finir par croire que tu te drogues. '' Petite taquinerie sachant que je détestais cette marque de boisson gazeuse. ''J'espère que tu m’emmènes pas dans un endroit tordu ! J'ai eu mon lot de bizarreries aujourd'hui.'' ajoutais-je en lui souriant.

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Xander ○ Bastian

Ayant finalement trouvé une position relativement confortable à adopter sur le plan de travail, j'examine silencieusement les alentours afin de continuer à m'imprégner de ce nouvel environnement au sein duquel je vis depuis seulement une poignée de jours. C'est un segment de vie ridicule et à la fois infiniment grand quand on connaît d'où je reviens. Je ne m'étale cependant jamais sur le sujet, il ne m'arrive d'ailleurs de le mettre sur le tapis à aucune occasion, je ne ressens pas l'oppressant besoin d'entretenir une conversation à ce propos; et j'avoue avoir peur lorsque je me dis que ça serait susceptible d'altérer la façon de me percevoir du peu de gens qui m'entourent pour le moment dans le coin. Peut-être est-ce stupide de me convaincre d'une pareille réaction, et c'est sans doute totalement dénigrer et sous-estimer mes connaissances mais je ne parviens pas à me rassurer concernant l'intégralité de cette histoire. Chaque détail fait encore office d'une épine douloureusement plantée au plus profond de mon être, la moindre seconde dont je me souviens me ramène dans un endroit spirituel auquel je tente d'échapper par tous les moyens possibles et imaginables. Tous les mots que je voudrais prononcer reste de toute manière irrémédiablement bloqué dans ma gorge, sans mentionner le fait que je ne fasse pas encore suffisamment confiance à qui que ce soit dans cet entourage inédit. Moins je me concentre sur le fait d'y penser et de ressasser indéfiniment les événements, mieux je me tiens debout. Les sourcils légèrement froncés, j'analyse scrupuleusement l'agitation citadine à travers la large baie vitrée me faisant face alors que je continue de siroter le contenu de ma canette. J'arrive à faire preuve d'une grande patience à l'égard de mon nouveau colocataire alors que je suis habituellement à cran et rapidement décontenancé à chaque fois que je poireaute après quelqu'un. Constamment pressé de vivre. Un doux soupir franchit mes lèvres sans crier gare alors que des soudains bruits de pas dans les escaliers me sortent de ce qui ressemblait jusque là à une sorte de léthargie spontanée. Bastian apparaît alors, drôlement bien apprêté pour une soirée ayant l'audace de s'autoproclamer décontractée. La commissure gauche de mes lèvres vibre quelque peu, je veux tenter de lui adresser un sourire mais me ravise finalement en faisant de nouveau se rencontrer ma bouche et la canette que je tiens fermement dans une main. Il interpréterait peut-être mal ce rictus risible et je ne veux pas qu'il croit que j'ai une quelconque intention à son encontre, j'ai aligné les billets au nom de la cause animale et dans l'espoir de passer une bonne soirée en sa compagnie pour que nous puissions faire plus ample connaissance, rien de plus.

Cela étant dit, son allure élégante et sa prestance unique ne me laissent pas indifférent pour autant. « Encore une cannette à la main ? Je vais finir par croire que tu te drogues. » Je termine d'une traite la boisson gazéifiée et écrase l'aluminium avant de laisser retomber l'objet vidé au fond de la poubelle. « Je plaide coupable, maître Carneiro. » Un rire bon enfant et taquin sort de ma bouche et je bondis par la suite du comptoir pour me rapprocher du canapé et m'emparer de mon caban que j'avais abandonné sur l'un des accoudoirs. En l'enfilant, je me retourne pour faire face à Bastian et souris. « Lorsque tout ce sucre aura eu raison de moi, tu n'auras qu'à traîner la compagnie au tribunal. Les histoires de meurtre, indirects ou non, ça te connaît n'est-ce-pas ? » Nouveau sourire provocateur. D'après ce que j'ai compris, il ne porte pas franchement cette franchise dans son estime alors j'imagine qu'il ne ressentira aucun remord à les poursuivre en justice, sûrement bien au contraire. Je ne sais pas si il est doué dans son domaine mais à en attester de ses biens matériels, il semble tout du moins détenir une bonne clientèle intéressée par ses plaidoyers. Hors de question de parler boulot ce soir en revanche, tant mieux puisqu'il finit par rapidement changer de sujet de discussion, manifestement inquiet quand à l'endroit dans lequel nous allons passer les prochaines heures ensemble. « J'espère que tu m’emmènes pas dans un endroit tordu ! J'ai eu mon lot de bizarreries aujourd'hui. » Dans un geste vif, je m'empare des tickets de cinéma et boutonne mon caban avant d'effectuer quelques pas en direction de Bastian. « Ah. Tu fais bien de préciser et de poser tes conditions parce qu'à la base, je voulais qu'on passe notre soirée à écumer toutes les supérettes du coin pour acheter du papier toilette. » Mon rire franc et amical résonne dans la cuisine. « Je plaisante, évidemment. Tiens. » D'un signe de tête, je lui indique de prendre un des tickets et fourre ensuite mes mains dans les poches de mon manteau au grand col relevé. « Ils projettent Brokeback Mountain ce soir, tu l'as déjà vu ? C'est un de mes drames favoris alors je me suis dit que ce serait le meilleur moyen de te montrer ce que j'apprécie en matière de films. » Sans doute l'oeuvre grâce à laquelle j'ai pleinement réussi à m'assumer. Il est émouvant, finement réalisé, le fil du scénario est prenant et il est aussi doux que tragique et violent. Tout ce que j'apprécie pour entreprendre un voyage culturel valant le coup. Après quelques secondes passées à l'observer, je détourne le regard et me racle la gorge. « Bon, t'es prêt ? On peut y aller ? »

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Xander ○ Bastian

En plus d'être un moyen d'en apprendre encore un peu plus sur Xander cette soirée allait être une vraie bouffée d'air frais dans ce quotidien qui au fil des semaines étaient relativement épuisant.. J'aimais ce que je faisais qu'on soit bien d'accord sur ça mais j'avais rarement le temps de me poser et de faire quelque chose ''d'inédit'' et il fallait croire que j'en avais vraiment besoin tellement j'attendais du moment que nous allions passer ensemble mon colocataire et moi... ''Vous en prenez pour 10 ans !'' ajoutais-je en rigolant. Son humour était vraiment agréable et c'est au final ce que je cherchais au sein de cet appartement, du partage, de l'amusement mais surtout de la bonne humeur ainsi qu'une franche partie de rigolade et pour l'instant je n'étais déçu sur aucun de ses différents niveaux... Il m'arrivait de me tromper comme tout le monde mais générallement l'avis que j'avais sur les gens était toujours le bon et dès le début j'avais sentis qu'avec Xander ça le ferrait...

''Oui ça me connait mais laissons tout ça derrière nous pour ce soir ! Interdiction de parler boulot même si c'est de façon détournée..'' Oui y étant déjà toute la semaine, parfois le week-end et même certains soir pour une fois que j'allais faire autre chose c'était un sujet à bannir de toutes nos conversations... Comme toujours le ton de ma voix se voulait sympathique et il était facile de comprendre que ce qui allait suivre me faisait déjà très plaisir.

''Du PQ ? C'est vrai que depuis que t'es arrivé, j'ai remarqué une consommation impressionnante de rouleaux... Va falloir penser à consulter un médecin à ce sujet...'' La camaraderie est vraiment au rendez vous et encore une fois cela fait beaucoup de bien. Autant certaines personnes n'aiment pas rire de tout autant avec Xander je sais que mon humour sera bien interprété sachant que de son côté ce n'est pas le dernier pour sortir des conneries monumentales...

Cette soirée sera donc placé sous le signe du cinéma ! Excellente idée ! Je ne suis pas un passionné du 7ème art mais j'aime les bons films...Xander a donc visé juste pour cette première sortie à deux... Je prends le ticket qu'il vient de me tendre avant de le ranger soigneusement dans l'une des poches de mon pantalon. ''Je connais de nom mais je n'ai jamais eu l'occasion de le regarder.... Après je sais que les avis sont plutôt bons du coup ça tombe bien ! J'ai toujours eu envie de le voir... Pour l'instant c'est un sans faute Monsieur Reid ! Tu me donnes du Maitre Carneiro alors je te donne du Monsieur Reid m'en veux pas...'' ajoutais-je non sans vouloir le taquiner un peu.

Dernière ajustement de la chemise devant le miroir qui se trouve prêt de la porte d'entrée et je suis enfin prêt pour quitter notre appartement et démarrer officiellement ce moment à deux. ''C'est bon !'' précisais-je avant de fermer la porte et de partir en direction du centre ville. ''Du coup ça va toi ? Tu t'es pas fait trop chier aujourd'hui ?''