it's a nightmare (freyley #8)

it's a nightmare
crédit/ tumblr ✶ freya

19 décembre 2022 // Pour trouver des excuses, j’essaye de devenir forte. Malheureusement, il faut croire que je ne suis vraiment pas douée pour cela. J’arrive à en sortir un ou deux, trois grand maximum, puis très vite, je me fais rattraper par ma gentillesse – surtout quand c’est avec ma famille. Pourtant, avec leur envie de me mettre encore et encore dans des activités avec Freya, je devrais prendre mes jambes à mon cou et fuir une bonne fois pour toute. Trop bonne, trop conne, n’est-ce pas ? C’est ce qui fait que je me retrouve aujourd’hui, à attendre la blonde à un croisement de rue, dans le centre d’Island Bay, pour l’accompagner à un essayage de robe de mariée. Voir la femme que j’aime, dans une telle tenue, pour un mariage qui n’est pas le mien, je crois que ça va me mettre un coup. Mais je ne pouvais tout bonnement pas refuser – ou du moins, pas le faire indéfiniment. Qu’est-ce que j’aurais bien pu dire à mon frère ? « Excuse-moi, je ne peux pas faire ça. En la voyant, je n’aurais qu’une envie, lui retirer sa robe et lui proposer de s’enfuir avec moi. Pourquoi ? Parce que je suis amoureuse de ta fiancée. » Clairement, ça ne se fait pas. Pas quand on est docile et qu’on essaye de faire au mieux pour que les relations familiales ne se dégradent pas trop. Un peu perdue dans mes pensées, je mets du temps à réaliser que l'hôtesse de l'air marche jusqu'à moi. Ce n'est qu'à une dizaine de centimètres d'elle que mon cerveau décide de se reconnecter. « Salut. » Dis-je, presque timidement. Sans savoir comment je dois agir avec elle, comment je dois la saluer. Ils voudraient tous qu'on soit les meilleures amies du monde, mais si je me rapproche trop d'elle, que je colle mon corps contre le sien, alors je sais que mon cœur va dépérir. Je pince légèrement l'une de mes lèvres avec mes dents, à la recherche de ce que je pourrais lui dire. Et finalement, je décide de mettre les pieds directement dans le plat. « Le grand jour est arrivé. » Une pointe d'ironie s'échappe de mes lèvres. Le premier grand jour d'une série de plusieurs, dont le mariage – tant qu'elle n'aura pas décidé de mettre fin à tout cela. Vu le nombre de messages envoyés par mon frère, je n'étais pas prête de manquer notre rendez-vous. À croire qu'il y tient plus qu'à elle. Enfin non.. ce n'est pas une supposition, mais plutôt une certitude. « Est-ce que tu as une idée du magasin dans lequel tu veux aller ? » Peut-être que je me trompe, peut-être qu'elle a fait quelques recherches avant de venir ici. Ou alors, c'est Elio qui les a faites pour elle. Ça aussi, c'est possible et en réalité, ça m'arrangerait. Imaginer Freya préparer ce mariage, ça me donnerait presque envie de vomir.

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crédit/ tumblr ✶ riley #8

Cette fois, c'est décidé : le couperet va tomber. Après les fêtes de Noël - et mon anniversaire, je prends mon courage à deux mains. Je ne sais pas encore exactement comment je vais m'y prendre, ou ce que je vais bien pouvoir lui dire, mais il faut que je le fasse. La vérité ? Non, je ne peux malheureusement pas lui dire toute la vérité. Il y a une partie de l'histoire qui ne tient pas seulement à moi. Et cela ne le concerne pas, ou pas complètement. Mais en attendant le moment venu, il faut que je prenne mon mal en patience. Je ne peux quand même pas ruiner les fêtes de famille. Que ce soit du côté d'Elio, ou du mien d'ailleurs. Je n'imagine même pas la tête de mon père quand je vais lui annoncer que les fiançailles sont rompues. Malheur. Dans notre famille, c'est le genre de choses qui ne se fait pas. C'est même inconcevable de ne serait-ce penser à un truc pareil. Mais je dois penser à moi, à Riley. J'en ai marre de vivre pour les autres. Ma décision est prise, et rien ne pourra me faire changer d'avis. Encore moins ces foutus préparatifs de mariage qui continuent comme si de rien n'était. Allez, plus que quelques jours à tenir. Depuis son anniversaire, Elio a continué de s'entêter dans l'idée que je fasse les essayages de robe de mariée avec Riley. Si seulement il savait à quel point cette idée est ridicule... mais si ça peut me permettre de voir la jeune femme, et d'être plus ou moins seule avec elle, alors c'est un mal pour un bien. Peu importe la raison après tout ? Ouais, non, je sais que ça compte quand même beaucoup, mais bon. Nous nous sommes données rendez-vous dans le centre ville d'Island Bay, pour aller ensuite dans les magasins. « Salut. » Que je lui réponds dans un sourire. Nos retrouvailles sont toujours un peu étranges. Je sais que tant que je n'ai pas quitté Elio officiellement, je n'ai pas le droit de vouloir être proche d'elle - en quelques sortes. Mais quand nous sommes ensemble, il y a toujours cette tension un peu palpable entre nous. Ce lien qui nous lit, malgré nous. « Le grand jour est arrivé. » Alors oui... mais non. « Est-ce que tu as une idée du magasin dans lequel tu veux aller ? » Je soupire un peu. « Tu sais, nous ne sommes pas vraiment obligées de faire ça. » A quoi bon essayer des robes de mariées alors qu'il n'y aura finalement pas de mariage ? Elio n'en saura rien. « On peut simplement faire les magasins, se trouver une tenue pour les fêtes. » Quand j'étais petite, l'idée que je me faisais du mariage, et notamment de ma robe de mariée était tout autre. J'ai encore un peu espoir de pouvoir vivre ce jour pour de vrai, et je n'ai pas spécialement envie de gâcher mes rêves de petite fille pour quelque chose qui ne compte pas vraiment. « En plus, je suis tellement exigeante que je suis sûre qu'aucune ne me conviendra. » Je sors une excuse pas totalement fausse, mais qui ne tient pas vraiment quand on sait que je n'ai justement pas la pression de devoir trouver à tout prix la perle rare. « Enfin ce n'est pas comme si ça avait vraiment de l'importance. » Ajoutais-je dans un rire un peu nerveux.

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crédit/ tumblr ✶ freya

Elio est sûrement bon dans certains domaines, mais pas dans celui de trouver de bonnes idées. Enfin ça, il ne le sait pas. Comment pourrait-il savoir que pour le bien de son mariage, il ferait mieux d’éviter de faire en sorte que je me retrouve seule avec sa fiancée ? À la place de cela, voilà qui m’envoie directement dans la gueule du loup avec cette séance d’essayage de robe de mariée – ou alors, peut-être que c’est Freya qu’il envoie dans un piège. Peu importe.. maintenant que nous sommes en face, l’une de l’autre, nous ne pouvons plus vraiment faire marche arrière. Quoi faire, quoi dire ? Je l’ignore, alors je décide de me jeter dans le grand bain et de lui demander où elle souhaite que l’on aille. Toutes les mariées ont une idée de l’endroit où elles veulent prendre leur robe, non ? « Pour un mariage, il est mieux d’avoir une robe. » Dis-je, alors que Freya propose que l’on fasse autre chose. C’est surprenant comme proposition, surtout que sans ça, je ne sais pas si nous nous serions retrouvées ici aujourd’hui. « C’est peut-être un peu moins pire comme idée. Même si les fêtes ne m’emballent pas non plus. » Se retrouver en famille, rire aux blagues pas drôles de mon père, voir Elio câliner sa fiancée. Non. Cette année, c’est l’année de trop et si je pouvais l’éviter, ce serait top. Pourtant, au milieu de tout cela, il y a l’anniversaire de Freya et malgré les montagnes russes qu’elle fait vivre à mes sentiments, je ne peux pas me résoudre à gâcher sa journée. Peut-être que je devrais lui faire plaisir aujourd’hui et écouter ses souhaits. Mais.. est-ce qu’Elio serait capable de demander des photographies du magasin où nous sommes, pour s’assurer que les préparatifs avancent, sans pour autant vouloir voir la robe qui sera celle du grand jour ? Je n'espère pas, car à l'entendre, elle n'a vraiment pas l'air décidée à enfiler l'une de ces tenues blanches. « Je suis sûre que tu seras magnifique dans n'importe quelle robe. » Je hoche légèrement les épaules. Robe ou pas d'ailleurs, elle arriverait à rendre un sac poubelle séduisant si elle le portait. « Lançons-nous et nous verrons bien où nous nous arrêtons. » Qui sait, sur un malentendu, nous finirons peut-être dans un magasin de mariage – il serait quand même dommage qu'Elio nous propose de remettre cela si nous ne trouvons rien aujourd'hui. Comme convenu, nous nous mettons en marche et parcourons les rues d'Island Bay. Nous ne semblons pas décidées à nous arrêter quelque part, puisque aucun magasin ne retient notre attention. Pourtant, ce serait sûrement bien : la conversation entre nous est légère et cela pourrait rapidement devenir gênant. Bien sûr que j'ai des choses à dire, mais je me retiens. Pour elle, pour nous, pour mon frère. Au détour d'une rue, mon regard se pose au loin et plus précisément sur une silhouette. Cette silhouette, je ne l'ai pas vue depuis longtemps, mais je pourrais la reconnaître entre mille. Un an et demi. C'est le temps qu'il m'aura fallu pour le voir. Je me fige brutalement, laissant la blonde s'avancer sur quelques mètres sans moi. Plus rien n'a de sens et je passe en pilotage automatique. Je recule de deux pas, ou peut-être plus, je ne sais plus. Ce que je sais, c'est que je percute quelqu'un, mais ça n'a que très peu d'intérêt pour moi. Je tourne les talons et me cache dans une rue perpendiculaire à celle où j'étais avec Freya. Soudainement, ma respiration s'accélère. Je me penche un peu en avant et pose mes mains sur mes genoux. J'ai besoin de respirer, mais je n'y arrive plus.

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crédit/ tumblr ✶ riley #8

Dans ces conditions, je n'ai pas spécialement envie d'enfiler une robe de mariée. Le contexte n'est pas idéal, et le fait que Riley soit avec moi n'arrange surement pas les choses. Qui serais-je pour jouer les mariées idéales, en me pavanant juste sous ses yeux dans la tenue que je devrais porter le jour de mon union avec son frère ? C'est cruel quand même. De toute façon, il n'y aura pas de mariage donc... pas de tenue non plus. Inutile de gaspiller du temps et de l'énergie dans une tâche qui ressemble plus à une corvée qu'autre chose. Autant pour elle que pour moi, je suppose. Mais maintenant que nous sommes là toutes les deux, pourquoi pas en profiter pour faire autre chose ? Du shopping classique, et se trouver chacune une tenue pour les fêtes. « C’est peut-être un peu moins pire comme idée. Même si les fêtes ne m’emballent pas non plus. » Une grimace vient inconsciemment s'installer au coin de mes lèvres. C'est plus fort que moi, je ne peux m'empêcher de me sentir responsable. C'est de ma faute si on en est là aujourd'hui. Si Riley ne peut pas se sentir bien dans sa famille, ni dans sa vie de tous les jours. Mais j'espère de tout mon coeur que cette situation finira par s'améliorer dans les semaines à venir. Je veux que la jeune femme soit heureuse, tout simplement. Et je sais ce qu'il faut que je fasse pour que ce soit le cas. Enfin, pas que je pense être la solution à tous ses problèmes, loin de là, mais disons que les choses seraient sans doute plus faciles pour elle si elle n'avait pas à supporter toute cette histoire. « Je suis sûre que tu seras magnifique dans n'importe quelle robe. » Mon coeur s'emballe, incapable de rester insensible face à son compliment. « Merci. » Mais si je la remercie, je tente aussi de ne rien laisser paraitre pour ne pas aggraver notre cas. Le problème, avec elle, c'est qu'il est difficile pour moi de contrôler mes émotions. Elle me rend faible. Vous ne pouvez pas savoir à quel point c'est compliqué de me retrouver seule avec elle... je n'imagine même pas ce que ce serait dans les cabines, si elle venait à me montrer le résultat de ses essayages. Mais chaque chose en son temps. « Lançons-nous et nous verrons bien où nous nous arrêtons. » Je hoche un peu la tête alors que nous décidons de nous mettre en marche. Les minutes défilent, et nous ne trouvons pas vraiment notre bonheur. Peut être qu'une simple balade dans les rues d'Island Bay pourrait suffire finalement, non ? Je n'aurais qu'à dire à Elio que je n'ai pas réussi à avoir de coup de coeur. Et puis, au pire, on s'en fout. Dans quelques temps, la question ne se posera même plus. Nous sommes en pleine discussion lorsque je me rends compte que la brune s'est immobilisée. J'étais en train de parler toute seule depuis quelques mètres. Je me retourne, et l'aperçois s'enfuir dans une rue perpendiculaire sans savoir réellement ce qui est en train de se passer. « Riley, est-ce que ça va ? » Je me précipite à sa hauteur, essayant de comprendre ce que j'ai pu louper pour qu'elle se mette dans des états pareils. Elle a du mal à respirer, et suffoque même presque. Je ne suis pas infirmière ou quoi que ce soit d'autre, mais il n'est pas difficile de comprendre qu'elle est en train de faire une crise d'angoisse - ou en tout cas, ça y ressemble fortement. Je m'agenouille alors devant elle pour essayer de la calmer. « Riley, regarde moi. Je suis là. » Avec l'aide de mes doigts, j'essaye de lui faire relever la tête pour qu'elle puisse me regarder. « Essaye de respirer calmement. » J'inspire et expire doucement, devant elle, pour essayer de l'aider à calmer sa respiration.

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crédit/ tumblr ✶ freya

Avec ce rendez-vous en centre-ville pour un essayage de robe de mariée, la journée avait commencé un peu bizarrement – il faudrait être sadique pour apprécier un tel moment, surtout quand la principale concernée est la femme qui fait battre votre cœur. Mais certes.. c'était un mauvais moment que j'étais prête à passer, surtout que Freya ne semblait pas non plus convaincue par cette séance de shopping. Néanmoins, en un fragment de seconde, en un regard posé sur cet homme, ma journée passe de désagréable à catastrophique. Huit ans, ça fait un peu plus de huit ans que je ne l'avais pas vu et pourtant, les souvenirs reviennent comme si toute cette histoire s'était passée hier. À ce moment précis, je suis incapable de parler et donc d'expliquer ce qui se passe à la jeune femme qui m'accompagne. En réalité, je me retrouve soudainement dans une bulle et plus rien autour de moi ne compte. Je n'entends plus rien, ne vois presque plus rien et ne ressens qu'un gros pincement au niveau de mon cœur. Je recule, presque machinalement, jusque dans une rue perpendiculaire à celle où nous étions. Je cherche juste à fuir, à me cacher. Je l'ai reconnu à sa silhouette, je n'ai pas eu à croiser son regard, mais cela me laisse perdue dans le doute. Est-ce qu'il m'a vu aussi ? Est-ce qu'il s'apprête à me rejoindre pour savoir ce que je suis devenue ces dernières années ? Il ne comprendrait pas. Selon moi, s'il venait ici, il n'arriverait pas à comprendre mon état et la raison du pourquoi je suis comme ça. Pour lui, cette nuit-là était comme les autres : il n'a pas entendu mes "non" à répétition, alors il n'a rien fait de mal. Et s'il les a entendus, comme j'étais sa petite amie, il a dû supposer que ce moment intime était légitime et qu'il n'y avait pas de raison d'y mettre fin. Sans parler de son incompréhension face à tout ça, je doute que l'avoir face à moi arrangerait mon état. À mon retour à Island Bay, après tant d'années loin d'ici, mon cerveau a omit la possibilité de le croiser. Malheureusement, avec les mois, j'ai eu comme un déclic et la peur a commencé à se refaire une place en moi – cette peur que j'ai longtemps eue en Australie, juste après l'incident. Je me suis longtemps demandée comment je pourrai réagir si je le croisais. La Riley optimiste a pensé qu'elle serait forte, mais la réalité est bien différente et j'ai peur de n'être qu'au début de ma descente aux enfers. Très vite, Freya me rejoint. Complètement perdue face à ce qui est en train de se passer, elle se met à ma hauteur et essaye de me rassurer, comme elle peut. J'essaye de l'écouter et de me concentrer sur ma respiration pour lui redonner un rythme normal. Malheureusement, les larmes s'invitent à la fête et je comprends que je n'ai plus le contrôle sur rien. « Je dois partir. » Finis-je par dire, entre deux sanglots. « Je ne peux pas rester ici. Je ne peux pas le voir. » Si j'avais été avec Tegan, elle aurait tout de suite compris ce qui se passait. Néanmoins, là, Freya ignore tout de cette histoire. Elle est au courant pour ma grossesse, mais je suppose qu'elle pense qu'elle est arrivée suite à une erreur de jeunesse et non un viol. « Emmène-moi ailleurs. N'importe où. » Même chez elle. Si c'est ce qui l'arrange, alors je suis prête à me coltiner mon frère. Même si lui aussi, il ignore tout de cela. Tegan et mes parents sont les seuls au courant.

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crédit/ tumblr ✶ riley #8

Est-ce que j'ai dit ou fait quelque chose de mal ? Avec ma maladresse, ce ne serait pas étonnant. Pourtant, j'ai l'impression de commencer à faire les choses bien, pour une fois. Je n'ai pas envie de faire ces essayages, et je ne m'en cache pas. Il est évident que le mariage n'aura pas lieu, du moins à mes yeux. Mais peut être que de son côté, elle n'arrive plus à me croire. La situation est celle qu'elle est depuis trop longtemps déjà, et ce serait légitime de sa part de commencer à perdre espoir. Et si elle ne me faisait plus confiance ? La brune s'est manifestement éloignée de moi ces temps-ci, et c'est peut être pour cette raison. Mais là, tout de suite, je n'ai pas l'impression d'avoir fait une bêtise. Non, j'ai dû louper un épisode. Il y a certainement eu autre chose pour qu'elle se mette dans des états pareils, c'est pas possible autrement. Une fois à sa hauteur, j'essaye tant bien que mal de la rassurer - ou plutôt de l'aider à se calmer. Parce que sans savoir ce qui est en train de lui arriver, je me retrouve un peu impuissante. Je fais du mieux que je peux, essayant de caler sa respiration sur la mienne, mais Riley se met à pleurer, et c'est encore pire. Elle n'a plus du tout le contrôle de ses émotions, et je ne sais pas quoi faire pour que cela s'arrête. « Je dois partir. » Elle veut partir. « Je ne peux pas rester ici. Je ne peux pas le voir. » "Le" voir ? Avec ses mots, je comprends qu'elle fait allusion à quelqu'un. Peut être quelqu'un qu'elle a croisé tout à l'heure ? C'est encore un peu flou dans ma tête, mais là, tout de suite, ce n'est pas le plus important. Ce qui compte plus que tout à mes yeux : c'est de l'aider et de faire ce dont elle a besoin. « Emmène-moi ailleurs. N'importe où. » Mon réflexe est de la serrer très fort contre moi, pour lui montrer que je suis là, avec elle, pour elle, et que je ne l'abandonnerais pas. Après quelques secondes, je l'aide à se redresser. « Viens. » Je ne réfléchis pas, et l'emmène avec moi jusqu'à ma voiture. Heureusement, je n'étais pas garée très loin et nous arrivons rapidement à destination. Je ne perds pas une seconde de plus pour démarrer, roulant jusqu'à South Bay. A cette heure là, Elio est très certainement au travail, et ce n'est pas plus mal. Si on peut éviter ses questions indiscrètes, ou son incompréhension, ce n'est pas plus mal. Ce n'est pas le moment qu'il nous demande si les essayages ont été concluants. Sur le chemin du retour, je ne peux m'empêcher de garder un oeil sur Riley qui semble encore être à fleur de peau. Arrivées devant la maison, je ne peux m'empêcher d'ajouter, comme pour la rassurer. « T'inquiètes pas, Elio n'est pas là. » L'absence de sa voiture dans la cour intérieure me le confirme. Nous rentrons dans la maison et je l'invite à s'installer dans le canapé. « Tu veux boire quelque chose ? De l'eau, un thé, un café ? » Tout ce qui pourra lui faire du bien. « Est-ce que ça va mieux ? » J'ose lui poser la question, même si je ne veux pas être intrusive pour autant. Si elle a besoin de parler de ce qu'il s'est passé, je suis là. Mais si elle veut pas en parler, je ne la forcerais pas. Je veux juste être là pour elle, et tout faire pour qu'elle se sente mieux.

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crédit/ tumblr ✶ freya

De toutes les personnes possibles, il avait fallu que ça tombe sur Freya. Bien qu'elle soit au courant de certains de mes secrets – contrairement à tous mes proches, je ne trouve pas que ce soit le moment idéal pour échanger au sujet de Hunter vu notre situation. Depuis quelques semaines, depuis notre croisière, j'essaye de mettre une certaine distance entre nous et parler de quelque chose d'aussi intime que ce qui m'est arrivé au lycée, ça ne rentre pas vraiment dans ce concept. Néanmoins, au milieu de cette rue, alors que je me sens démunie, Freya est la seule qui peut me venir en aide. La seule qui peut me sortir de ce pétrin. Sans de réelle indication sur ce qui me met dans cet état, la blonde accepte de m'emmener ailleurs, comme je lui supplie de faire. Nous marchons jusqu'à sa voiture et complètement tétanisée par cette rencontre, je n'ose même pas me retourner pour m'assurer qu'il a bien disparu. Je prends la place du passager et laisse Freya conduire là où elle le veut. Le trajet ne pouvait pas être plus calme. Je suis complètement ailleurs, toujours bloquée sur ce trottoir pour être honnête. Ce n'est qu'arrivée à la maison du couple que mes neurones reconnectent. J'aurais sûrement préféré qu'elle m'emmène ailleurs, mais il est trop tard pour dire quoique ce soit maintenant, surtout qu'elle m'assure que mon frère n'est pas ici. Nous pénétrons dans le logement et elle m’accompagne jusqu’au canapé. Les choses commencent doucement à redescendre, mais je dois sûrement avoir une tête horrible vu son inquiétude. « Non, c’est bon. Merci. » Dis-je, alors qu’elle me propose quelque chose à boire. « Est-ce que tu sais dans combien de temps rentre Elio ? » Dans l’idéal, il faudrait que je sois partie avant son retour. Je n’ai pas envie de le recroiser. À cause de ce qui s’est passé, mais aussi pour la séance d’essayage que nous n’avons pas fait. Je n’ai pas besoin qu’il m’accable de je-ne-sais-quoi. Après quelques secondes – ou bien minutes – de silence, je décide de me lancer et de briser ce blanc. « Tu dois te demander ce qui s’est passé tout à l’heure.. » Hormis quelques bribes d’informations, elle n’a rien eu. Alors je suppose que les questions se multiplient dans son esprit. « J’ai croisé quelqu’un de mon passé. Quelqu’un que j’aurais préféré ne jamais revoir. » Ce n’était qu’une question de temps, je le comprends vraiment aujourd’hui. « Je l’ai rencontré au lycée, avant de venir en Australie. C’était mon petit ami. Mon premier et seul petit ami. » Je grimace un peu, presque naturellement. « Il ne faut pas avoir fait de longues études pour comprendre que c’est lui le père du bébé. » Bébé.. de cette petite fille que je n’ai jamais rencontré. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est plus simple d’utiliser le terme bébé. C’est plus générique, ça donne moins l’occasion de s’attacher. « J’ai couché une seule fois avec lui. Mais je n’en avais pas envie. J’ai essayé de lui dire à plusieurs reprises, que je voulais qu’on arrête, mais il ne m’a pas écouté. » À mesure que cette phrase s’échappe de mes lèvres, ma voix devient tremblante. Je n’ai pas envie de me replonger là-dedans, je n’en avais pas envie, mais pour aujourd’hui, c’est maintenant trop tard. « C’était un supplice.. » Plus je disais non et plus j’avais l’impression qu’il devenait violent. À mesure des secondes, mon corps se raidissait et je souffrais de plus en plus. Je viens mordre l’intérieur de ma joue, m’interdisant ainsi de craquer. « Ses petites affaires terminées, j’ai récupéré mes vêtements et je suis partie. Quelques jours plus tard, j’apprenais que j’étais enceinte. » Je hausse les épaules, mon regard orienté vers le sol. Je suis incapable de la regarder, honteuse de tout cela, de ce qui s’est passé à l’époque et dans cette rue. « J’en ai parlé à mes parents, de tout ça. Ils ont juste voulu faire en sorte que l’affaire se tasse et ils m’ont envoyé en Australie. » Je ne sais pas si c’était la chose à faire, mais il est maintenant trop tard pour remettre leurs choix en question. « Elio n’est au courant de rien et j’aimerais que ça reste comme ça. » Pour la première fois depuis le début de mon récit, mon regard croise le sien. Je veux qu’elle me fasse cette promesse, je veux qu’elle garde ça pour elle.

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Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé tout à l'heure, mais si elle ressent le besoin que je l'emmène ailleurs alors je m'exécute. C'est aussi simple que ça. Riley est importante à mes yeux, et je veux juste être là pour elle, en toutes circonstances. Ma maison n'est peut être pas l'endroit idéal où l'emmener vu le contexte, mais c'est le seul endroit auquel je pense, là, tout de suite. Et puis Elio n'est pas là alors c'est bon. La jeune femme peut avoir l'esprit tranquille - enfin du mois par rapport à son frère. Pour le reste, comme je ne sais pas vraiment ce qu'elle a, c'est difficile pour moi de savoir quoi faire ni comment me comporter. Ce serait mentir de dire que je ne suis pas en train de me poser tous un tas de questions, mais en même temps, si Riley n'a pas envie d'en parler, je peux comprendre aussi. Et je ne vais pas la juger pour ça. Une fois arrivées à la maison, nous nous installons rapidement dans le salon. La brune a l'air d'avoir repris un peu de couleur, même si cela ne m'empêche pas de rester inquiète pour elle. « Est-ce que tu sais dans combien de temps rentre Elio ? » Je jette un rapide coup d'oeil à ma montre, essayant de calculer approximativement la marge de manœuvre que nous avons. « Il ne devrait pas être là avant deux bonnes heures au moins. » Il n'a pas d'horaires fixes, mais je sais qu'il ne rentre jamais trop tôt non plus ce qui laisse à Riley un certain laps de temps. Qu'elle se rassure, elle pourra donc repartir tranquillement sans avoir à le croiser. Après ma réponse, un silence vient s'immiscer entre nous sans me laisser trop savoir comment gérer la situation. Mais heureusement, la jeune femme finit par évoquer le sujet. « Tu dois te demander ce qui s’est passé tout à l’heure.. » Je me contente d'un petit hochement de tête, lui laissant l'opportunité de m'en parler, si elle le souhaite. « J’ai croisé quelqu’un de mon passé. Quelqu’un que j’aurais préféré ne jamais revoir. » Avec les mots qu'elle a employé tout à l'heure, j'ai effectivement compris qu'il s'agissait de "quelqu'un". Mais je ne sais pas du tout ce qui se cache derrière ces retrouvailles... « Je l’ai rencontré au lycée, avant de venir en Australie. C’était mon petit ami. Mon premier et seul petit ami. Il ne faut pas avoir fait de longues études pour comprendre que c’est lui le père du bébé. » Quand elle est arrivée en Australie, à l'époque du pensionnat, Riley était enceinte. C'est d'ailleurs ce qui nous a rapproché, et ce qui m'a poussé à prendre la jeune femme sous mon aile. Mais je n'ai jamais vraiment posé de questions au sujet de sa grossesse. Dans ma tête, c'était une erreur de jeunesse, rien de plus. « J’ai couché une seule fois avec lui. Mais je n’en avais pas envie. J’ai essayé de lui dire à plusieurs reprises, que je voulais qu’on arrête, mais il ne m’a pas écouté. C’était un supplice.. » Une grimace vient inconsciemment se dessiner sur mes lèvres alors que je commence à comprendre. Sa voix tremble, et je ne peux m'empêcher de venir poser ma main sur la sienne en guise de soutien. « Ses petites affaires terminées, j’ai récupéré mes vêtements et je suis partie. Quelques jours plus tard, j’apprenais que j’étais enceinte. » Je ne m'attendais pas du tout à ça... et étrangement, je comprends mieux sa réaction de tout à l'heure. « Je suis désolée... » Pour ce qu'elle a vécu à l'époque, mais pour aujourd'hui aussi. Croyez-moi, si j'avais su, j'aurais tout fait pour éviter qu'elle croise à nouveau son regard. Je me sens un peu coupable quand même, de ne pas avoir compris à l'époque. Et de ne pas avoir été suffisamment là pour elle, pour ça. Je l'ai aidé pendant sa grossesse, c'est vrai, mais je suppose que les choses auraient été encore différentes si j'avais su le reste de l'histoire. « J’en ai parlé à mes parents, de tout ça. Ils ont juste voulu faire en sorte que l’affaire se tasse et ils m’ont envoyé en Australie. » Maintenant que je sais, je ne suis pas certaine que ses parents aient pris la bonne décision. Mais malheureusement les parents ne font pas toujours les bons choix. Et sur ce coup-là, je sais de quoi je parle. « Je comprends mieux maintenant. » Mes doigts viennent se lier aux siens alors que je cherche son regard. « Elio n’est au courant de rien et j’aimerais que ça reste comme ça. » Je ne comptais évidemment pas parler de ça avec lui, mais c'est mieux de savoir ce qu'il en est exactement. « Ne t'inquiètes pas, je ne lui dirais rien. » Elle peut avoir confiance en moi à ce niveau-là. Je ne vais pas lui demander comment elle se sent, parce que c'est évident que, malgré les années, le traumatisme sera toujours là. « C'est surement un peu débile de te dire ça... mais si tu as besoin de quoi que ce soit, pour te changer les idées, décompresser, je suis là. » Sincèrement. Je ne dis pas ça pour faire joli, et je pense qu'elle le sait. Cela va bien au delà de ce qu'il peut avoir entre nous - ou ne plus avoir d'ailleurs. « Genre si tu as envie de casser des assiettes contre un mur pour te défouler, ou n'importe quoi d'autre. » Comme dans les films.  Je ne suis pas vraiment sérieuse, et pourtant, j'imagine très bien la scène. « On doit avoir un vieux carton de vaisselle dans le garage si jamais. » Je ris un peu pour essayer de détendre un peu l'atmosphère.

it's a nightmare
crédit/ tumblr ✶ freya

D’un moment assez étrange – je n’irai pas dire que c’était plaisant puisque nous devions à la base acheter une robe de mariée pour un mariage que je maudis – je suis passée à un cauchemar. Mon pire cauchemar. Par chance, je n’étais pas toute seule et même si j’aurais sûrement préféré que ce soit Tegan, mais on ne peut pas toujours choisir et Freya n’est sûrement pas non plus ma plus mauvaise option. Lorsque je lui demande de me sortir de là, même sans comprendre ce qui se passe, la blonde ne se défile pas et m’emmène jusqu’à chez elle. J’aurais sûrement préféré être ailleurs, mais comme mon frère n’est pas là, je m’en contenterais. En parlant de lui, une fois rentrées à l’intérieur de leur maison et installées dans leur salon, je demande à sa fiancée s’il va bientôt revenir. Non, pas avant deux heures. C’est à la fois peu et beaucoup, suffisamment pour que je puisse lui expliquer ce qui s’est passé : c’est le moment idéal, même si ça n’arrive pas souvent dans ce genre de situation. J’hésite un peu, mais finalement, comme un besoin de lâcher ce qui me ronge de l’intérieur, les mots semblent se décider à sortir. Je ne sais pas ce que je peux dire, jusqu’où je peux aller et pourtant, à mesure que les secondes passent, mes phrases se forment presque naturellement, comme si je suivais un certain fil rouge. À la fin de mon récit, je lui demande de garder cette histoire pour elle, notamment auprès de mon frère qui n’en a pas connaissance. Je lui fais confiance, je sais qu’elle ne répétera rien, mais je préfère tout de même demander, pour la forme. Après une telle révélation, il n’est pas simple de savoir quoi dire en réponse et pour être honnête, Freya peut se rassurer, je n’attends rien d’elle. Pourtant, elle me propose une activité pour me distraire un peu et pour que je me défoule un peu. Pour cela, elle me propose de casser de la vaisselle. Je reste silencieuse quelques secondes, à sonder si elle est honnête ou pas. « Elio me détesterait s'il apprenait que j'ai cassé quelque chose qui lui appartient, même si c'est bien rangé et inutilisé depuis plusieurs années. » J'exagère peut-être un peu, mais l'idée que j'essaye de transmettre à la blonde est bien là. Et puis, même si cette proposition est alléchante, je doute que ce soit ce dont j'ai besoin en ce moment. Ce serait de la vaisselle offerte à leur mariage, l'envie serait sûrement là, mais ce n'est pas le cas et je ne suis pas certaine que ce soit ce qu'il me faut. « Je crois que j'ai besoin de partir un peu. » Dis-je finalement, comme si cette décision était réfléchie depuis plusieurs jours. « En dehors d'Island Bay. » Loin d'ici, de cette rue et de lui. On va sûrement considérer que c'est une décision prise sur un coup de tête. Mais là, tout de suite, je ne me vois pas retourner sereinement en ville et comme j'y vis – et travaille, ce n'est pas idéal. « Pourquoi pas au Portugal. J'ai de la famille là-bas et ça fait longtemps que je n'y suis pas allée. » Si vite, n'avoir à me soucier que des billets d'avions serait une bénédiction. « Je savais qu'il existait une probabilité où nos chemins se recroiseraient. » J'ignore tout de sa vie, de sa nouvelle vie. Avec les années et les kilomètres, je n'ai jamais cherché à le trouver sur les réseaux sociaux, pas après ce qu'il m'avait fait. Mais forcément, en ayant grandi ici, je savais qu’il existait la possibilité où il souhaiterait faire sa vie dans le coin, comme Elio. « Je pensais que j’y étais préparée, mais il faut croire que je me suis trompée. » Quand je reviendrais – si je pars bien, mais ça semble bien trop ancré dans ma tête maintenant pour y échapper – il faudra que je trouve un moyen de canaliser le sentiment que j’ai ressenti en le voyant. La boxe, commencée avec Josh, est sûrement un bon début, il faudrait que je continue dans ce sens. « Ça va. Ça va aller. » Dis-je, tout en lui adressant un petit sourire. « Et je reviendrais. » Je ne sais pas si c’est ce qu’elle craint ou même si ça l’importe. Peu importe, maintenant que c’est dit, je ne peux plus le retirer, même si elle n’avait pas besoin d’être rassurée. Malgré ce qui s’est passé un peu plus tôt, je n’ai pas envie qu’elle s’inquiète pour moi. Ce qui est arrivé fait maintenant partie du passé et nous ne pourrons malheureusement rien y changer. Elle a été là aujourd’hui et c’est le plus important, surtout que maintenant, nous avons un secret de moins entre nous. Je reste encore quelques minutes ici, avec elle, le temps de retrouver complètement mes esprits. Mais le temps file et mon frère est sur le point d’arriver. Je remercie Freya, encore, et je m’éclipse en direction de mon appartement, la tête baissée, dans l’espoir de ne croiser aucun regard. Ayant réussi à trouver un billet d’avion pour Porto, je n’ai plus que quelques heures pour faire ma valise et pour partir loin de tout cela l’espace de plusieurs jours, semaines peut-être.