Love is friendship with something more : attraction ○ (Jilo)

❝Love is friendship with something more : attraction ❞
Milo & Jude

Je me précipite à l’intérieur de l’appartement. J’ai reçu un coup de téléphone de la police, me demandant de rentrer le plus rapidement possible. Lorsque je passe la porte, je me fige. Vide. Rien. Il n’y a plus rien. Comment est-ce possible ? Je me suis contentée d’aller en cours, comme tous les jours. Rien de bien nouveau. Mais l’appartement est vide. Mon sac tombe de mon épaule, mais je ne l’entends même pas. Trop sonnée j’imagine. « Mademoiselle Barton je suppose ? On va vous expliquer » Je le suis, tel un automate, à travers les pièces. Il me détaille ce qui a été pris mais souhaite que je lui fournisse un inventaire détaillé. Je hoche la tête, plus par automatisme qu’autre chose. Ginny se trouve dans sa propre chambre, concentrée. On ne peut pas rester ici. « Je vais aller chez mes parents, tu peux venir si tu veux  » C’est une idée. Où je pourrais retourner chez moi mais je n’arrive à réfléchir pour le moment. Je la plante là, je les plante là, attrape mon sac et pars en courant. Mon esprit essaie de trouver une solution, de rester rationnel. En vain. Mes jambes avancent seules, comme si elles savaient où aller. Je m’engouffre dans l’immeuble en même temps qu’une petite mamie. Et avant que je ne m’en rende compte, je me retrouve devant le 323. Je toque et lorsque la porte s’ouvre, je m’effondre dans ses bras. Tout ce que j’avais retenu, la détresse et la peur également, je lâche tout. « J’ai besoin d’aide » est la seule chose que j’arrive à articuler. J’ignore pourquoi je suis venue ici plutôt que chez Sammy. Ca aurait été le choix logique. Peut-être que je n’avais pas envie qu’il me voit ainsi, aussi vulnérable. A vrai dire, je n’ai pas beaucoup réfléchi. C’était spontané. Depuis cette nuit-là, j’ai tout fait pour éviter Milo. Fuyant son regard, n’évoquant pas le sujet, jamais. Seule Teagan est au courant. Et Sammy ne doit pas, ne peut pas l’apprendre. Ce serait … je ne sais pas. Et pourtant, je suis devant sa porte ce soir. J’en sais rien, c’est le bordel. Qu'est-ce que je fous là, sérieux ? J'aurais pu aller n'importe où, ailleurs. Ca aurait été plus simple. Trop de choses se passent actuellement et je n’ai qu’une envie, m’allonger, oublier. Je sais que je vais devoir m’excuser auprès de Ginny, d’être partie comme une voleuse. L’administratif va nous prendre des plombes, j’espère sincèrement qu’ils n’ont pas pris les choses auxquelles je tenais réellement. Je n’ai même pas pris le temps de vérifier. Cette journée finit très mal.

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Milo & Jude

La porte se ferme. Enfin je crois. J’ai bien du mal à réaliser les choses. Lorsque je me retrouve dans les bras de Milo, mon esprit se vide. C’est peut-être bien ce dont j’ai besoin actuellement. Ne pas trop réfléchir. Sinon je me rendrai compte que je suis chez le pote du mec avec qui je flirte, avec qui j’ai couché soit dit en passant et que je me suis fait cambrioler. Et je suis la pire amie du monde, je me suis barrée sans rien dire à Ginny. Sérieux, il n’y a rien qui va ce soir. Tout ce que je sais, c’est que je me sens en sécurité. Un luxe compte tenu des circonstances. Il murmure contre moi, et je distingue des paroles d’encouragement. Ca m’aide à me détendre, un peu. Ses mains prennent mon visage en coupe et son regard plonge dans le mien. J’ai l’impression que c’est la première fois que je le vois. Après ce qu’il s’est passé, c’est peut-être le cas finalement. Il me guide vers le canapé. Ce n’est pas la première fois que je viens ici, loin de là. Avec la bande, c’est souvent les uns chez les autres et on tourne comme ça, chacun notre tour. Même si ce ne sera pas plus possible pour moi. Je sens à nouveau les larmes monter. Il faut que je me reprenne. Milo me tend un mouchoir et un verre d’eau. J’apprécie sa sollicitude et ca me permet de m’occuper un peu les mains. Je suis à la fois nerveuse et soulagée d’être ici. « On s’est fait cambrioler ... » avoué-je, la voix enrouée. Le matériel est bien le cadet de mes soucis dans cette histoire. Même si j’imagine que tout mon équipement photo doit avoir disparu. C’est surtout la violation de notre intimité, à Ginny et moi, qui me dérange. Cette … intrusion. Ils ont vidé l’appart mais qui nous dit qu’ils ne reviendront pas pour autre chose, avec une autre idée en tête. J’en frissonne. Ca aurait pu être pire et quelque part, nous sommes chanceuses dans notre malheur. Mon sac est posé à côté de moi. Punaise, c’est la seule chose que j’ai avec moi. Je n’ai absolument pas réfléchi plus loin que le bout de mon nez. « Il n’y a plus rien, ils ont tout pris » Je crois. Disons que je ne me suis pas attardée pour constater les dégâts. Mais c’était assez frappant. Peur, angoisse, colère. Quel bordel ! Je m’attarde finalement sur mon environnement et regarde autour de moi « T’es tout seul ? » L’appartement est calme, anormalement calme. D’ordinaire, il est toujours plein de vie. Micah qui se fout de la gueule de Daliah, et j’en passe. Une dynamique bien rodée. Et moi je me retrouve ici. Pourquoi déjà ? Jude, décidément, t’es pleine de bonnes idées ce soir. Une petite voix au fond de mon esprit me demande ce qui m’a poussé à venir ici plutôt que d’aller chez mes parents, ou chez Sammy. Je la fais taire. C’est pas le moment.

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Milo & Jude

Sur le canapé, j’ai encore du mal à mettre de l’ordre dans mes pensées. J’imagine que c’est normal. Assise au bord, mon corps est tendu. Je sens que les courbatures seront bien présentes demain. Une réaction naturelle à un choc. J’arrive à articuler quelques mots, pour expliquer à Milo ce qu’il s’est passé. Je sens son regard sur moi, comme s’il cherchait quelque chose de précis, bien que j’ignore quoi exactement. Un frisson me parcourt. Avec tout ça, je n’ai pas pu prendre une douche, me changer, rien. Mes muscles sont raides. Milo se lève et pose un plaid sur mes épaules. La chaleur m’enveloppe aussitôt, et pas uniquement grâce au tissu. Je ne donne guère plus d’explications. A vrai dire, je n’en sais pas plus. Il faut dire que je ne suis pas restée assez longtemps pour connaître les détails. Et ca fait de moi une idiote. Je hoche la tête à la question du brun. « Oui, ce sont eux qui m’ont téléphoné. J’étais … j’avais ... » Un soupir s’échappe de mes lèvres. Mais je pousse, et je reprends « Ginny était déjà là et quand j’ai vu l’appart, je me suis barrée en courant. Il fallait que je parte » Je baisse la tête. Un sentiment de honte de m’envahit. J’ai lâché mon amie au pire moment. Ce qui est tout l’opposé de moi. J’ai paniqué. Mais à présent, je me sens … mieux. C’est calme. Et je réalise à quel point. L’appartement est vide, vide de ses occupants habituels. J’écoute sa réponse à ma question. D’accord, nous serons donc seuls ce soir, le temps que Micah rentre du taff. Puis finalement, il s’aventure sur le terrain que j’ai essayé d’éviter depuis le début. Oui, j’ai un endroit où aller Milo, d’ailleurs je devrais partir et te laisser tranquille, rendre cette situation plus simple. Ca c’est ce qu’il faudrait dire, et avant même que je ne puisse répondre, il enchaine, me proposant de rester ici, de m’héberger, de me prêter des fringues et même de me filer à manger. « Ok … » J’attrape mon téléphone et murmure « Je dois prévenir Ginny et mes parents » Sauf que je n’ai pas la force de les appeler. Un sms, que j’essaie de rédiger soigneusement, m’excusant platement d’avoir été la pire des potes. Il va falloir que je rattrape le coup. Sévère « Est-ce que je peux utiliser ta salle de bain ? » je lui demande. Il me donne quelques affaires de rechange : un jogging et un sweat à capuche. Une fois seule, je retire mes fringues et me glisse sous l’eau chaude. Il me faut quelques minutes pour que la tension dans mes muscles se relâche. Mes larmes se mêlent à l’eau, mais cette fois-ci, c’est libérateur. La pression retombe enfin et je sais qu’ici, je serai en sécurité. Une fois sortie, j’enfile ce que Milo m’a donné. Dire que je flotte dedans est un euphémisme et la vision que renvoie le miroir a le mérite de me faire sourire un peu. On ne voit pas mes mains et j’ai du serrer l’élastique à fond histoire que je ne me retrouve pas le pantalon sur les chevilles. J’ai l’air ridicule mais c’est confortable. Je sors de la salle de bain et retourne dans le salon « Milo ? » Je ne le vois plus et sans que je ne comprenne pourquoi, ça m’inquiète.

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Milo & Jude

La solicitude de Milo me fait chaud au coeur. J’ai débarqué comme un véritable boulet de canon, sans prévenir et il m’a ouvert la porte. Littéralement et au sens figuré, me proposant de rester chez lui si besoin. A vrai dire, j’ignore combien de temps il va nous falloir à Ginny et moi pour remeubler l’appart. Le côté matériel à part, est-ce que l’on parviendra à se sentir à nouveau en sécurité ? Connaissant mes parents, ils voudront certainement que l’on installe un système d’alarme mais franchement, l’idée de devoir y retourner me file la chair de poule. J’accepte donc l’offre de Milo. Il me propose des vêtements, histoire que je puisse être plus à l’aise. Je le suis sagement, encore l’air hagard. Sa chambre ressemble un peu à la mienne. Je réprime un sourire. Tous les artistes laissent court à leur imagination et quand je suis dans une période de création, il est difficile d’avancer sans marcher sur un truc. C’est très différent de celle de Sammy finalement. Je fronce les sourcils. Pourquoi j’en viens à cette conclusion ? Je chasse cette pensée de ma tête et m’engouffre dans la salle de bain. La pression quitte mon corps une fois sous l’eau chaude. Ça fait un bien fou. J’en avais besoin, j’en ai besoin. Quelque part, je sais qu’à la coloc je vais pouvoir décompresser. Peut-être que c’est l’endroit idéal pour moi, le temps de me retourner. Être entourée d’une bonne partie de la bande, d’artistes, ça ne peut que me faire du bien. Si je mets de côté le fait d’avoir passé la nuit avec Milo. C’est dans un coin de ma tête et je ne peux pas nier la réalité. Pourtant, je préfère fermer les yeux. Je sais que ça me reviendra en pleine tronche mais j’ai trop à gérer ce soir pour y songer. Une fois habillée, je retourne dans le salon, seulement pour trouver la pièce vide. A deux doigts de paniquer, je l’appelle. Il me répond et je le rejoins dans la cuisine. Il s’affaire derrière les fourneaux. Une casserole sur le feu, Milo s’excuse, un peu penaud. Je lui souris. Son attention me touche. « Je vais t’aider » C’est le moins que je puisse faire. Il m’accueille sans réfléchir et sans rien demander. Par habitude, je sors deux assiettes, les couverts et deux verres. J’ai tellement navigué dans cette cuisine que je suis comme un poisson dans l’eau. De son côté, il s’occupe de faire chauffer les cordons bleus. L’eau bout assez rapidement et je verse les pâtes dans la casserole. Il ne nous reste plus qu’à patienter sagement. Je m’adosse au comptoir, jouant avec mes manches trop grandes. La pression n’est pas complètement redescendue, je m’en rends compte. Mon regard se pose sur le carnet « Ce sont les pâtes qui t’ont inspirées ? » je lui demande, en souriant.

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Milo & Jude

Milo fait en sorte de nous préparer un petit plat et je décide de mettre la main à la pâte. M’occuper les mains et l’esprit m’aidera. Il se charge des cordons bleus et je me charge des pâtes. C’est une machine bien huilée et quelque part, nous sommes assez complémentaires. Tranquille Jude, vous faites juste la bouffe. Je secoue la tête pour chasser ces pensées. Une fois fait, je me cale contre le comptoir et note le petit carnet de Milo. Je l’ai déjà vu trainer à plusieurs reprises dans l’appart. D’ailleurs, je suis presque certaine l’avoir vu avec lui, chez les uns et chez les autres, son stylo derrière l’oreille, toujours prêt à y coucher ses idées. Je me suis souvent demandée ce qu’il y notait mais c’est très personnel. Tout comme moi lorsque je peins, quelque part, j’y déverse tout ce que j’ai : mes désirs, mes rêves, mes peurs, mes insécurités. Alors je comprends ce besoin d’écrire tout ce qui lui passe par la tête. Est-ce qu’il a écrit quelque chose après … après notre nuit ensemble ? Le rouge me monte aux joues et je prie pour qu’il ne remarque rien. Je m’étais pourtant appliquée à enfouir tout ça bien profondément pour ne plus y penser. Pourtant, je montre curieuse, cherchant à savoir ce qu’il a bien pu y noter. Je le taquine un peu sur sa source d’inspiration. Sa réponse me fait rire. J’en oublie presque de m’occuper des pâtes. Il prend la suite des choses en main et ce faisant, m’effleure légèrement. « C’est rien » Allez Jude, respire. Il me tend une fourchette pour vérifier la cuisson. Par réflexe, je saisis sa main et mange la pâte en question. A ce contact, des flashs me reviennent en mémoire. Ses mains, ses lèvres. Non non ce n’est pas le moment « C’est nickel » j’ajoute, en souriant timidement. J’observe Milo se diriger vers le frigo et je me surprends à prendre une grande respiration. Ca ne me ressemble pas. La coloc, c’est un peu une seconde maison et je m’y sens bien, à l’aise, détendue même. Mais entre le cambriolage, et cette nuit avec Milo, je ne sais plus trop où j’en suis, ni comment me comporter. Malgré tout ça, je suis contente d’être là parce que j’ai confiance en lui, et je ne risque ici. Je me mords la lèvre, soucieuse. Sa question me sort de mes pensées « A ce stade, j’aurais besoin d’un truc plus fort … » Je marque une pause. La dernière fois que j’ai pris un truc plus fort « Une bière c’est très bien. Au besoin, on switchera » j’ajoute en haussant les épaules. Je prends les assiettes, et les couverts puis me dirige vers le salon. « Milo tu peux prendre les verres, j’ai les mains pleines ! » J’installe tout sur la table basse et me laisse tomber sur dans le canapé. Un rapide coup d’oeil à mon téléphone m’indique que j’ai plusieurs notifications mais je n’ai pas la force de m’en occuper pour l’instant. Il me rejoint rapidement « Merci de me laisser crécher ici. J’espère que Micah et Charlie ne t’en feront pas trop baver » Après tout, je ne leur ai pas vraiment laissé le temps de réfléchir.

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Milo & Jude

Nous terminons de préparer le repas et Milo me propose de quoi boire. Franchement, j’ai juste besoin de me détendre mais il faut rester raisonnable, surtout que pour l’instant, j’ai l’estomac vide. Alors, autant ne pas tenter le diable et opte pour une bière. Je récupère les assiettes et les couverts, tandis que le brun me suit avec le reste. Une fois dans le canapé, il m’ouvre ma bière et me la tends « Merci  » Je prends quelques secondes pour me poser et réalise doucement que je risque de rester ici un moment. Alors, je me tourne vers Milo et le remercie de m’accueillir. Pour lui, cela semble parfaitement normal et même si nous avions fait de même les uns pour les autres, c’est important de le noter. Je prends quelques gorgées de ma bière, peut-être trop parce que je manque de m’étouffer en entendant sa réponse. « On va … Tu ne peux pas dormir sur le canapé et encore moins par terre. Je veux dire …  » Il me faut quelques secondes pour réfléchir, je suis en train de m’emmêler les pinceaux. Je respire avant de reprendre « Si c’est ce à quoi tu pensais bien sûr et … » Je me mords la lèvre, tic nerveux lorsque je me perds dans mes pensées. Je m’en veux de lui imposer ça. Lorsque j’ai débarqué, je n’ai pas réfléchi plus loin que le bout de mon nez. Et je ne veux pas qu’il en pâtisse, c’est chez lui, c’est son confort « Je pense que j’ai un matelas gonflable, je peux le mettre à côté de ton lit, ça me conviendra très bien, le temps de trouver une solution pour mon appart. Ca m’étonnerait qu’ils aient pris ça avec le reste » J’attrape mon assiette. Au moins si je mange, ça m’évitera de dire des conneries. Et honnêtement, j’en ai débité quelques-unes. Je suis affamée et je pense que c’est bon signe. Milo pointe la télé du doigt et je hoche la tête « On peut mettre Netflix, pas sûre qu’il passe quelque chose de sympa à cette heure-ci. Je te laisse choisir » Il est plus de 22h30 et mon cerveau a besoin de se mettre en pause. Je termine mon plat tandis que Milo fait défiler les différents choix que nous offre la plateforme. Je pose l’assiette sur la table basse et me réinstalle confortablement au fond du canapé. Je note le plaid derrière moi et le déplie pour qu’il nous couvre tous les deux. J’ai à peine le temps de terminer, qu’une boule de poils saute sur mes genoux. Ca a le mérite de me faire rire « Tu ne perds pas le nord toi ! » Des ronronnements pour seule réponse, Naruto se cale sur Milo et moi. Impossible de bouger à présent. Entre les ronronnements du chat et la chaleur que dégage le brun, je sens que j’arrive enfin à me détendre. Et honnêtement, ça fait du bien.

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Milo & Jude

Il est vrai que je n’avais pas réfléchi à ça. L’appart de la coloc est grand mais les trois chambres sont occupées. Finalement, avec le recul, je n’ai absolument pas réfléchi. Je pourrais me filer des baffes. Mais je ne m’attendais pas non à ce que Milo me laisse sa chambre. Ca m’ennuie dans le sens où il est chez lui et le boulet de canon que je suis, vient foutre la merde dans sa vie. J’essaie de ne rien laisser paraître, sauf que la culpabilité commence à s’insinuer lentement dans mon esprit. Ma relation avec le brun est assez compliquée, ou tout du moins, elle l’est devenue après notre nuit ensembles. Malgré ma proposition d’utiliser un matelas gonflable, il me fait comprendre que ce n’est pas une option et qu’il ne me laisse pas le choix. Il faut dire que mes arguments n’étaient pas particulièrement convainquant. J’affiche une moue boudeuse et garde dans un coin de ma tête de trouver une autre alternative. Même si, si je suis honnête, la solution est toute trouvée : je pars chez mes parents. Pourtant, je n’ai pas envie de bouger d’ici. Je m’y sens bien et c’est une réaction purement égoïste, j’en ai conscience. J’attrape ma bière et croise les doigts pour ne pas faire passer la moitié par le mauvais trou cette fois-ci. Heureusement il n’en est rien. Je propose de mettre Netflix et laisse à Milo le soin de choisir le programme du soir. Men in Black apparaît sur l’écran et je me dis que c’est parfait. Ce film est cool et drôle, ce qui nous permettra de nous détendre. Je m’installe plus confortablement et nous couvre avec le plaid lorsque Naruto nous rejoint. Il s’allonge alors sur Milo et moi et vue sa tête, il n’a pas l’intention de bouger de si tôt. La voix de jeune homme attire mon attention et je tourne la tête vers lui en souriant « Non ça va, et puis c’est chez lui ici. Il peut bien faire ce qu’il veut » Le film commence et je me cale contre le dossier. Je crois bien que le stress de cette soirée disparaît petit à petit. Ma main caresse alors le chat distraitement et c’est à nouveau Milo qui attire mon attention. Je l’écoute attentivement. Il semble presque mélancolique. Sans trop savoir pourquoi, j’ai un pincement au coeur. Une étrange sensation m’envahit, comme si je manquais une information et je baisse les yeux, timide. « Merci Milo » Je joue à nouveau avec les manches de mon sweet puis ajoute « Je vais me faire toute petite, ce ne sera pas difficile, 1m60 ça peut se ranger n’importe où » Ma connerie me fait rire « Et je vous filerai un coup de main pour l’appart, la bouffe, les charges. N’hésitez pas » Je refuse d’être un poids. Quelque part, je sais que je n’en suis pas un, ce sont mes amis mais accueillir quelqu’un au pied levé, ce n’est pas évident. Je laisse tomber ma tête sur le canapé et observe Milo quelques instants. Je n’avais jamais remarqué les nuances dans son regard. Ce serait un véritable challenge de lui rendre justice en peinture. Réussir à capter cette intensité. Je me mords la lèvre à nouveau, visualisant les différentes combinaisons de couleurs dont j’aurais besoin pour y parvenir. Si j’avais mon matériel à disposition, j’aurais certainement déjà commencé à faire des essais et cette pensée me laisse sans voix. Pourquoi ai-je cette envie soudaine de le peindre ?

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Milo & Jude

Naruto semble particulièrement bien installé sur nous deux. Le brun le gratifie de quelques caresses et ça me fait sourire. Les ronronnements du chat prouve qu’il est bien, à l’aise, heureux quoi, bien mieux qu’à terre j’imagine. Comment en serait-il autrement ici ? La coloc c’est notre QG mais c’est un peu un sanctuaire. On finit toujours par squatter le canapé ou la cuisine. Comme la fois où on a eu la merveilleuse idée de faire griller des guimauves. On en a foutu partout. C’est la magie de la coloc. Sauf que ce n’est que quelques heures. Dans cette situation, ça risque de durer bien plus longtemps. Alors j’apprécie d’autant plus ce geste. Je m’impose chez eux, je me suis pointée comme une fleur, il n’y a pas d’autres mots et pourtant, il m’accueille sans même réfléchir à deux fois. Ca m’a paru naturel de frapper chez Milo. J’ignore pourquoi, si ce qu’il s’est passé entre nous à changer quelque chose. Peut-être que si le cambriolage avait eu lieu avant cette fameuse nuit, je me serais tournée vers Sammy. J’en sais rien. Ca me gonfle. Je réprime un soupir. Ce n’est pas ce soir que j’arriverai à mettre de l’ordre dans le bordel qu’est ma tête. J’en profite pour lui préciser que je ne compte pas me tourner vers les pouces et me laisser vivre. Il est prévu que je file un coup de main, pour tout. La réponse de Mio me fait sourire et je hoche la tête. Je me débrouille en cuisine. Rien ne comparable à Chloé, bien sûr. Personne ne pourrait égaler cette nana. Toujours est-il que je ferai ce qu’il faut pour leur faciliter la vie à tous, surtout au brun qui compte sacrifier son intimité et son confort pour m’aider. Ma tête se pose sur le canapé et mes yeux se perdent sur le jeune homme. Le regard de Milo est intense, presque plein de promesses. C’est fascinant. Il me faudrait faire des essais avec ma palette. Du marron, noir, mais peut-être aussi un peu de jaune pour réchauffer ce mélange. Il le pose sur moi et je me retrouve incapable de parler pendant quelques instants. Je lève la tête à son compliment. La rouge me monte aux joues, et je baisse les yeux tandis qu’il s’excuse. Je secoue la tête et lui offre un sourire timide « Non Milo ... » Je passe une main sur mes cheveux, relevés à la va-vite, tout comme lui, mais pas pour les mêmes raisons « Je ne ressemble à rien. Je n’imagine pas la tête que j’ai avec tout ça » Je remarque qu’il est gêné, il a ce tic qu’il ne contrôle pas forcément. Pour alléger l’ambiance, je tourne la tête vers l’écran, tandis qu’un Will Smith tout sourire apparaît « Je veux bien le numéro de son dentiste, il a des dents parfaites » je dis, en saisissant ma bière. Il faut qu’on parle d’autre chose. Pourtant, son compliment résonne dans ma tête. L’intensité de son regard, et la sincérité dont il a fait preuve. Ca me coupe le souffle.