queen of peace (jimmy)

« Oui, on ne sait jamais. » Certaines époques évoquées surprirent l'un et l'autre, d'autres moins. La conversation les évadait dans un autre temps. Lorsque Maxyne expliqua que les rêves la portaient, Jimmy la railla en sortant les habituelles phrases bateau que l'on pouvait entendre à ce sujet. « Oui, je vois, mais je voulais dire que ça me motive et que j'essaie d'en réaliser certains. » Jimmy expliqua que selon lui la définition du rêve était biaisée et se décrivait plutôt comme des objectifs à atteindre, à moins de rentrer dans l'ordre de l'inaccessible. Par exemple, il aimerait posséder des super-pouvoirs et se transformer en surhomme, ce qui relevait de l'impossible. Par contre, il n'en avait aucun de l'ordre du plausible. Il chargea alors Maxyne de lui donner des exemples. « Disons que vivre à une autre époque, passée ou future, ce n'est pas un objectif que tu peux réaliser. Ça reste de l'ordre de l'imaginaire. Tout comme ramener des morts à la vie. » Commença-t-elle. « Et puis, pour beaucoup de gens, certaines choses plausibles sont de l'ordre de l'inaccessible aussi. » Par exemple, une personne malade n'avait pas souvent le contrôle sur sa santé. Et parfois, toute la persévérance et l'argent du monde ne pouvait rien y changer. « Mais je te rejoins sur l'idée que certains rêves peuvent être comparés à des objectifs. Plus jeune, je rêvais de participer aux JO en tant que nageuse et je me suis donnée les moyens d'y arriver. » Voilà un de ses rêves (ou objectifs) qui avaient été réalisé. Et deux fois plutôt qu'une. « Mais depuis mon accident et les blessures qui en ont découlé, je n'ai jamais retrouvé le niveau que j'avais avant. Et je ne pouvais pas reprendre. Pourtant, j'en ai rêvé. » En dépit de cette impossibilité, Maxyne avait pris le temps de se retaper (elle avait été blessée au point de ne plus pouvoir marcher pendant quelques mois) et avec le temps, elle avait réussi à revenir dans le milieu marin, dans une discipline différente, au travers de la plongée. « Par rapport aux relations humaines aussi. Tu peux rêver avoir une belle vie, avoir comme « objectif » de te la construire au mieux et d'être bien entouré mais tu ne peux pas contrôler ça. » La jeune femme vida une gorgée de son verre, puis reprit. « Et oui, comme tout le monde, j'ai déjà 'rêvé' de beaux voyages, d'une belle maison, de changer de vie ou que sais-je. Mais aujourd'hui surtout, je suis heureuse, et j'ai galéré longtemps. C'est peut-être ridiculement simple mais c'est quelque chose auquel j'aspirais et qui ne se produisait jamais. Maintenant, je peux cocher cette case et je le vis très bien. » Et si lui était heureux dans la sienne, alors tant mieux et santé à eux.

Maxyne préféra ne plus relever le premier point. En ayant accès à tout en un claquement de doigt, Jimmy était convaincu que tout (ou presque) était possible mais elle n'était pas vraiment d'accord. Il y avait des rêves difficilement atteignables, même quand il s'agissait d'une chose qui était facilement à portée pour d'autres. Tout le monde n'avait pas toujours « les moyens » ou les ressources à disposition. Ça dépendait de tellement de choses. La couche sociale jouait clairement un rôle. En tout cas, leur opinion divergeait sur un point mais se rejoignait sur d'autres aspects de la discussion. « Comme tout le monde ne peut pas aller dans l'espace. » Ironisa-t-elle. Si Jimmy voulait commencer à débattre de la rationalité, on quittait un peu le monde des rêves et aspirations. « Oui, mais ça va, ça aurait pu être pire, je m'estime heureuse de pouvoir encore tenir debout. Et je m'épanouis dans la plongée, ça reste dans le même milieu. » Maxyne rigola ensuite à la réaction de l'homme d'affaires. « Quoi ? Je croyais qu'il fallait être rationnel. » Elle le piqua au vif, reprenant des mots qu'il avait prononcé plus tôt. « Oui, si t'as un connard de passage, c'est plus facile, enfin tout dépend les situations. Je voulais dire que si ça touche ton entourage proche comme la famille, ou si c'est une personne à qui tu tiens, ce n'est pas simple. Comme on dit, on choisit ses amis, pas sa famille. Et c'est dans ce sens qu'on ne peut pas tout contrôler. » Heureusement, Maxyne s'entendait très bien avec ses proches, elle parlait juste de façon générale. A ce propos, elle ignorait comment Jimmy s'entendait avec sa propre famille, en dehors d'être l'héritier tout désigné d'une entreprise prospère. La blonde résuma le fond de sa pensée et conclut en avouant qu'elle était à un stade de sa vie où elle était heureuse. Au final, c'était le plus important. Jimmy opina de la tête et le repas se poursuivit. Après avoir entamé un nouveau verre, il s'interrogea sur la possibilité d'un dessert. « Oui, je pense. On peut aller voir. »