iris • dos oruguitas, enamoradas

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pierre de lave à son cou, toujours. Pendule capricieuse oscillant au bout des chaînons dorés, posée au plus près des battements de son cœur. Pièce de basalte désacralisée par l'adulte, pourtant si chère à l'enfant : c'est le premier cadeau de son père, posée sur une étagère à côté du berceau, un gazouillis enthousiaste en remerciement sans prix. bottines de marches un peu boueuses, en sommeil sur le paillasson. Perpétuellement à une porte de l'aventure, gamine à demi sauvage assagie en adulte toujours un peu sur le départ. Agile comme un bouquetin sur les kilomètres de sentier, étouffée par une heure dans le tumulte de la ville. Elle s'y prête, s'y adapte, s'y fond avec l'expérience d'une vie, puis disparaît trois jours dans l'absolu de la nature pour en guérir. ferme aux volets verts posée sur sa colline, son rêve fait réalité. Écrin de verdure à la fois gîte et ferme, quelques bêtes pour apaiser l'âme et vivre l'idéal de la bobo qu'elle a accepté être. Lieu de transmission, aussi, aux jeunes et moins jeunes, sur la nature écrasante et pourtant si fragile de la Nouvelle-Zélande. À terme, peut-être, une vie de guide nature à temps plein, si elle parvient à faire taire l'académicienne en elle. casseroles dont émanent mille effluves épicées, cuisine de sa jeunesse retrouvée presque par mémoire musculaire. Mille recettes rapportées des bouts du monde par une gourmande et gourmette curieuse de toutes les traditions qu'elle peut croiser. archet effleurant timidement le violoncelle. Musicienne amatrice qui a osé sur le tard, craignant d'apprivoiser un instrument dont le rêve la taraudait depuis si longtemps. Rares moments de calme, elle confie ses premières notes au secret de ses instants de solitude. Écrin de velours enterré dans l’ombre d’un tiroir de son bureau. Saphir solitaire sur un anneau d’or, acheté dans l’illusion des promesses dont elle la berçait. Vestige dont elle ne parvient à se séparer, malgré la douleur insoutenable de son éclat, les rares fois où elle s’abandonne aux tristesses susurrées de sa plus grande douleur. Une vie de regrets en souvenir de sept années sacrifiées à aimer comme jamais depuis lors. Robe d’escaramuza charra, colorée et immense, en souvenir des heures passées juchée sur sa monture. Ambiance chamarrée et chaleureuse d’une charrería, cavalières de mère en fille en hommage à leurs ancêtres adelitas, combattantes révolutionnaires dont le souvenir subsiste dans la danse farouche des femmes et des chevaux. Rodéos mexicains perdus au souvenir de sa jeunesse, lui reste en loisir des heures passées à cheval dans l'immensité néo-zélandaise. journal à la couverture de cuir, pages nues auxquelles elle confie ses doutes, ses espoirs et ses regrets. Habitude prise vingt années plus tôt, alors que le monde semblait l’engloutir, jamais perdue depuis. Lignes noircies du premier crayon ou stylo lui tombant sous la main, oubliées sitôt l’encore séchée et jamais relues ensuite. combinaison ignifuge devenue son uniforme favori. Tête brûlée éprise des brasiers des sommets, gravissant les pentes noires des géants grondants avec un enthousiasme désarmant… ou inquiétant ? Il n’est pour son âme de paix plus absolue que la colère sulfureuse de ces sentinelles de l'évolution terrestre. Danse surréelle à la frontière de la magie et la science, isolée de la combustion par la fine couche d’une merveille de l’ingénierie humaine, à savourer l’humble silence de celle qui sait que tout reste à comprendre. Tasse de café matinale, serrée dans une couverture avec sa compagne à ses côtés. Petits matins paisibles, submergés de la beauté d’une vie enfin reconstruite, d’un rêve tacite enfin réalisé. Mille projets encore, mais la sagesse acquise d’années à tomber et se relever lui permettent de contempler le travail accompli. Le calme avant la tempête, sans qu’elle le sache, alors que court déjà sous ses pas le magma d’une éruption à venir.