Some bad news - Nick

« Madame O’Hara ? » Je ne réagis pas « Madame O’Hara ? » Je cligne des yeux, réalisant soudainement qu’il s’adresse à moi « Dickinson, c’est Dickinson » Le changement est en cours auprès de l’état civil, mais ce n’est pas le sujet. Le policier en face de moi hoche la tête « Vous pouvez me suivre, je vais prendre votre déposition » Mon sac contre moi, je me lève et le suis sans broncher. Je connais la procédure. Pendant mes études, j’ai du effectuer un stage judiciaire, et j’avais suivi un avocat dans ses missions. C’est justement pendant ce court séjour que j’ai décidé que le droit pénal n’était pas pour moi. Alors je sais d’avance comment ça va se passer. Je m’assois dans la petite pièce, face au miroir sans tain. Ma tête me lance et je passe délicatement mes doigts sur le pansement, posé sur le haut de mon front. Le policier prend place en face de moi et me demande de lui expliquer exactement ce qu’il s’est passé « Je suis sortie du cabinet vers 22h30, c’est assez coutume de finir tard en ce moment. Mon ancienne associée a quitté le cabinet et on doit carburer le temps que quelqu’un puisse prendre son poste. Je suis montée dans ma voiture, mis la clé sur le contact mais je n’ai pas eu le temps de démarrer que la vitre a explosé. Au début j’ai cru que c’était moi, que peut-être j’avais fait quelque chose mais j’ai senti une main m’agripper violemment le bras. J’ai appuyé sur le klaxon. Ca a alerté les gens aux alentours et ils ont pu m’aider. Et vous êtes arrivés » Plusieurs personnes ont réussi à maîtriser l’agresseur le temps que la police arrive. Les secours m’ont ausculté et je m’en sors avec des blessures minimes : un hématome sur le biceps, certainement l’empreinte des dix doigts de mon agresseurs, ainsi qu’une coupure sur le haut du front. Mais je suis surtout épuisée, courbaturée et sur les nerfs « D’accord. Vous pensez que vous étiez visée ? Vous travaillez sur un dossier qui pourrait vous attirer des ennuis ? » Je secoue la tête, ce que je regrette immédiatement. « Je ne peux rentrer dans les détails mais je n’ai aucun client qui aurait un dossier ... » Je réfléchis « Le braquage de Rabobank. Nous avons été engagé par une des victimes. Je ne m’occupe pas de ce dossier, nous avons un pénaliste pour ça. Mais ça m’étonnerait que ce soit lié » Le policier acquiesce et fait signe à un de ses collègues derrière le miroir. La porte s’ouvre « Appelle-le, il pourrait nous aider et peut-être relier l’agresseur de madame Dickinson à cette affaire » Je réprime un frisson. A vrai dire depuis que tout ca s’est passé, je ne me suis pas laissée aller. J’ai tout refoulé pour être un mesure d’expliquer les choses, tout enfouit, loin, très loin. Ce n’est pas plus le moment de s’effondrer. Je suis restée factuelle, c’était l’essentiel. Je ne m’autorise pas à penser à qui que ce soit, ou à quoi que ce soit. Parce que j’ai peur de ne pas pouvoir m’arrêter si j’ouvre les vannes. On pose un verre d’eau en face de moi. Je fais un sourire timide au policier « Je vous laisse quelques instants. Nous avons bientôt terminé. Nous attendons juste un avis extérieur, vous pourrez passer vos appels et rentrer chez vous » Je me cale dans ma chaise et jette un coup d'oeil à mon bras nu. Effectivement, le bleu s'est imprimé plus intensément dans ma peau. La nuit n’est pas terminée.

En ce moment, Nick travaille sur un nouveau dossier, une jeune femme qui cherche des réponses à propos d'un mystérieux correspondant qu'elle a rencontré sur un forum. Elle communique avec un soi-disant jeune homme, même âge, même région, mais elle affirme que l'adresse postale n'a aucun sens, elle s'est rendue sur place, personne ne vit là, une vieille baraque qui est passé au feu, il y a de cela une dizaine d'années, personne n'habite là-dedans depuis l'incendie. Pourtant, l'homme reçoit bien ses lettres, puisqu'il lui écrit en retour. Elle dit qu'il est temps de rencontrer cette personne, de résoudre ce mystère, sachant que la personne en question devient de plus en plus bizarre dans ses lettres. Nick aime bien le challenge, en plus, si cela peut éviter un drame, du genre un tueur en série ou un agresseur, il n'est pas contre l'idée de résoudre ce mystère. Pendant qu'il est en train de lire les nombreuses lettres, au point de lui prendre la tête et d'avoir besoin d'une pause pour ses yeux, le téléphone de son bureau sonne. Il est un peu en train d'entrer dans la vie privée de la cliente, il a lu des choses plus intimes, mais il ne peut pas nier que ce soit un peu barbant, il a hâte de passer aux dernières pour voir le changement. Nick se frotte les yeux avant de décrocher le téléphone, ce n'est pas vraiment le genre de coup de fil qu'il espérait recevoir, bien qu'il ne soit pas surpris, après tout, la police peut avoir besoin de ses services, la personne à l'autre bout du fil reste plutôt vague, lui indiquant qu'ils ont besoin de lui pour un dossier. Le blond raccroche, il pousse un soupir et il termine son verre de whisky. Il range les lettres dans un dossier et il place le tout dans un classeur à verrou. Nick enfile sa veste en cuir et ramasse ses clés, il quitte son bureau et direction le commissariat. Il arrive au bout d'une dizaine de minutes, il se présente, lui expliquant la situation, le simple fait que l'on parle de la banque, d'un témoin, un agresseur, arrive à l'agacer. Il pensait que ce dossier était clos et qu'il n'allait pas surfer à nouveau sur cette histoire de braquage. Il y a quelque chose de bizarre, on lui apprend que quelqu'un a été agressé et que cela a peut-être un rapport avec Lionel, le principal accusé de l'événement, plus précisément avec l'un de ses complices, car rappelons-le, cela était plus qu'une histoire de banque, mais également de drogues. Bref, il suit le policier et c'est là, qu'il aperçoit Skye, une porte entre ouverte qui mène à une salle d'interrogatoire. C'est sûrement une coïncidence, non ? Elle est là pour un client ? Mais sachant qu'elle ne travaille pas nécessairement avec les criminels, il ne peut pas se dire que tout cela n'est pas lié à ce putain de coup de fil. « Skye ? Qu'est-ce que tu fais là ? » Lance immédiatement le blond, il est surpris et il a besoin d'une réponse, qu'elle lui explique que c'est un hasard ou pour le boulot tout simplement. Bien sûr, le policer lui demande de le suivre, mais Nick ne l'écoute pas. Il espère qu'elle va bien et que cela n'a rien à voir avec ce dossier.

Dire que je ne pensais pas finir ma soirée au commissariat est probablement l’euphémisme du siècle. Je me repasse sans cesse la scène dans ma tête. J’essaie de me souvenir de certains détails. Ai-je loupé quelque chose ? Aurais-je pu l’éviter ? Mais rien n’y fait et je sens une migraine pointer le bout de son nez. Excellente idée Skye. Le policier quitte la pièce, me laissant avec moi-même. Je saisis le verre d’eau, réalisant soudainement que mes mains tremblent. Je dois être plus secouée que je ne le pensais. Il faut dire que j’ai tout fait pour enfouir ce que je ressens. Au moins le temps qu’on termine ici et que je puisse rentrer chez moi. Mais ai-je vraiment envie d’être seule ce soir ? Non. Ca c’est sûr. Je ferme les yeux quelques secondes. Il va falloir que j’appelle Nick, il pourrait peut-être venir me récupérer et accepterait de me laisser passer la nuit chez lui. Je me demande ce qu’il me dirait et j’ai presque l’impression d’entendre sa voix. Attendez, c’est bien sa voix que j’entends. La porte est restée entrouverte et je l’aperçois. Je me lève précipitamment et le rejoins en quelques enjambées. Mon cerveau me rattrape et par réflexe, je croise les bras sur ma poitrine, espérant masquer l’hématome sur mon bras. Espoir vain, vu le pansement sur mon front mais je commence à connaître son tempérament. Je ne veux pas qu’il s’énerve. J’ouvre la bouche pour lui répondre mais le policier l’entraine avec lui, me proposant de les suivre. « Après ... » je murmure à son encontre. Il aura toutes les explications après. On nous emmène dans une pièce, qui sert notamment à l’identification des suspects. Mon regard se pose sur la ligne de criminels potentiels. Soudain je réalise, je comprends la présence du détective. J’ai évoqué le braquage de Rabobank et il a filé le groupe responsable. C’est le fameux soir où je l’ai rejoint au motel. Je déglutis. Okay, il risque vraiment de s’énerver. Avec un peu de chance, mon agresseur n’a absolument rien à voir avec cette histoire. Seul le détective pourra  nous donner le fin mot de l’histoire « Madame Dickinson s’est faite agresser ce soir, un car-jacking » Bon, j’imagine que je n’aurais pas à lui donner les éléments de contexte. J’évite soigneusement le regard du blond. Tout simplement parce que j’ai peur de craquer « Une des clientes de son cabinet était une victime du braquage de Rabobank. On aimerait que tu nous indiques si l’un des suspects fait partie de leur groupe ou s’il s’agit juste d’une terrible coïncidence » Et je prie pour que ce ne soit que ça. Malgré tout, je suis contente qi'il soit là et de ne pas être seule.

Nick est quelqu'un de plutôt concentré, quand il s'adonne à une tâche, il aime la mener à bien et ce soir, il comptait avancer dans le dossier de la cliente, quitte à y passer une bonne partie de la nuit. Il ne vit pas très loin et il n'a donc pas à prendre la voiture sous le coup de la fatigue, avec le risque d'un accident. C'était son plan de soirée, après les vacances de Noël, puis son anniversaire, il avait besoin de se retrouver un peu seul, mais également continuer ce qu'il fait de mieux, résoudre les mystères. Or, un coup de fil surprise le ramène à la réalité, plutôt à la surface de la terre, puisqu'il fut transporté par les nombreuses lettres, il met quelques secondes à réaliser que c'est un policier qui lui demande de se rendre au poste de police. Ce n'est pas avec désir qu'il se rend sur les lieux, il a même pensé à rester à son bureau, mais il a bossé dans le milieu et il sait comment cela fonctionne, ils peuvent se montrer insistants, même s'il n'a rien fait. On veut le revoir pour parler d'un dossier et le plus récent, concerne le braquage de banque. Nick leur fait signe qu'il connaît la procédure, il ajoute même qu'ils ont intérêt à faire vite, personne n'a envie d'y passer la nuit, surtout lorsqu'on est innocent, malheureusement, ils adorent étirer la sauce pour les faire poireauter, même si ce n'est que pour un petit détail. Nick fronce les sourcils, il voit Skye, c'est tout ce qu'il aperçoit, étant donné les circonstances, tout semble lié, finalement ils sont traînés dans une autre salle, la frustration commence déjà à prendre le dessus, son impatience également. Bien sûr, il reconnaît la plupart des visages, mais bordel, pourquoi est-ce qu'ils ont besoin de lui, d'eux plus précisément. Il se passe une main sur le visage, se pinçant légèrement la racine du nez. « Et tu vas bien ? » C'est un peu lancé de façon brusque et maladroite, pas de manière à vouloir la cajoler, mais il appréhende presque la suite de la soirée, rien ne va et ce n'est que le début. Nick s'approche du tableau, il examine les portraits, les noms, il revient finalement vers eux avec les portraits, ceux dont il se souvient, ils sont inscrit dans le dossier que Nick a monté durant sa planque. « Lionel, Dane, Rodrigo et Kepa, pas les autres. » Lionel est le principal acteur de l'opération, celui qui s'était caché dans la chambre du motel.

Dieu que mon canapé me manque. C’est là où je devrais être en ce moment. Ou bien dans ma baignoire, pour décompresser. Mais certainement dans le froid de ce commissariat. Si je n’étais pas sûre que ma migraine s’installe, à présent c’est fait. J’ai l’impression qu’un marteau me tape toutes les 5 secondes. Et ça risque d’empirer, vu la tête de Nick. Sauf que j’ignore pourquoi. Je n’ai pas le temps de lui expliquer quoi que ce soit, qu’on nous traîne, enfin qu’on traîne le blond dans une pièce pour identifier les suspects. Je ne fais que m’incruster, bien qu’étant la principale concernée. Le policier en charge du dossier donne quelques éléments de contexte au détective. Il semble ennuyé et me demande si je vais bien. Incapable d’ouvrir la bouche, je me contente d’hocher la tête. Je l’observe et je sais qu’il est passé en mode boulot. Il s’approche du tableau, prenant le temps avant de formuler une réponse. Je me rends compte qu’il ne saisit pas la photo de mon agresseur et bien que j’ignore pourquoi, ça me rassure. Le policier saisit les clichés et se tourne vers moi  « Je vais chercher la déposition. Il va falloir que ... » Je réunis tout l’ennui dont je suis capable dans un seul regard, ce qui a le don de le faire taire quelques secondes « Enfin, vous savez quoi faire Maître » et il quitte la pièce sans demander son reste. Avant même que Nick puisse me dire quoi que ce soit, j’embraye « Je suis sortie du bureau, il n’était pas si tard que ça si on y réfléchit. Je suis montée dans ma voiture et la vitre a explosé. Je n’ai pas su réagir, quelqu’un m’a violemment agrippé le bras » et je décroise mes bras pour ponctuer mes propos « ma main a appuyé sur le klaxon, plus par erreur que par volonté. Ca a alerté des passants qui sont venus m’aider. Ils l’ont maitrisé avant d’appeler la police et les secours. Ils m’ont ausculté, que des blessures minimes » et pointe du doigt la coupure sur mon front « Ils m’ont emmené ici pour une déposition, la routine, tu connais. J’ai évoqué mes dernières affaires en cours et j’ai mentionné le braquage de Rabobank. C’est à ce moment-là qu’ils t’ont téléphoné … » ma voix se casse sur la fin de ma phrase. J’ai déblatéré pendant 2 bonnes minutes non-stop avant de me murer dans mon silence. Je finis par lever les yeux vers Nick et réprime un soupir. Je suis incapable de lire en lui. Bien sûr, il était contrarié d’être ici. C’est le genre de personne qui ne s’attarde pas vraiment sur le passé, je m’en suis rendue compte. Alors il ne doit pas être ravi d’avoir été convoqué ce soir pour une affaire déjà clôturée pour lui.

Une fois dans le commissariat, Nick a un peu adapté son attitude habituelle lorsqu'il travaille, celle d'un enquêteur, d'un mec qui ne laisse rien passer et préfère éviter les distractions. Skye, elle est exactement ce qu'il veut éviter, porter son attention sur elle, avoir de la pitié, se montrer froid avec elle, c'est la meilleure façon de rester concentré. Néanmoins, au fond de lui, il ne peut pas arrêter de s'inquiéter pour elle, d'avoir envie de retrouver cet agresseur, ce connard qui a osé la toucher, le simple fait de penser à cela, l'énerve encore plus et il n'arrive pas à s'adoucir, ce n'est pas contre elle. Dans tous les cas, après avoir fait son boulot, c'est-à-dire identifié les coupables et les potentiels collaborateurs, il comprend qu'aucun d'entre eux n'est le criminel qui s'en est pris à la brune. À partir de là, son boulot est terminé à Nick, il va pouvoir rentrer, reprendre son dossier après s'être acheté de quoi manger dans un restaurant, il y en a toujours un qui est ouvert tard la nuit, toujours utile quand il veut manger sur le pouce. Nick croise les bras, elle commence à lui raconter toute l'histoire, il peut entendre les tremblements dans sa voix, il la laisse finir son récit, silencieux tout au long, il fait même les cent pas et tout ceci l'énerve, ses pensées s'embrouillent, sachant que l'homme est toujours en liberté, qu'il pourrait recommencer à tout moment et soyons honnêtes, Nick a toujours confiance qu'en lui et qu'en deux ou trois collègues à Auckland, la police peut se montrer incompétente, mais ça, ce n'est que son avis ou plutôt son ego, dans tous les cas, ils vont devoir se bouger. Il prend note que personne ne les écoute avant de prendre la parole. « Et tu m'as mentionné ? Tu as parlé ? » Il entend par là, de la planque, des informations et tout ce qui est censé rester privé. Il pousse un soupir, il déteste ce genre de situation, normalement, il serait déjà plus là et il se rend compte que d'avoir quelqu'un dans sa vie, c'est différent, que ça chamboule tout et il n'a pas envie d'être un connard, c'est juste qu'il a parfois -souvent-, une attitude de merde et que tout le désespère assez facilement. Nick s'approche finalement d'elle, il pose une main sur sa joue, lui faisant relever la tête. « On va le retrouver ce fils de pute. »

Très franchement, je ne suis pas sûre de faire sens. Le policier en charge de l’affaire n’a pas quitté la pièce depuis 10 secondes, qu’un flot incessant sort de ma bouche. Quelque part, je crois que j’ai besoin de sortir tout ça, de dire tout ce que j’ai sur le coeur. Ca fait bien trop longtemps que je retiens tout et il est évident que ça commence à se voir. Le policier ayant été la première victime de mon manque de décorum je suppose. Alors je lâche tout, tandis que Nick m’écoute, sans broncher. Je le sens bouger, s’impatienter à côté de moi. Lorsque je termine, je ne parviens pas tout de suite à reporter mon attention sur lui, mais reste attentive à sa question. Je fronce les sourcils et avant que je ne puisse répondre, il s’approche de moi. Sa main se pose sur ma joue, me faisant relever la tête. Ses mots laissent transparaitre sa colère « Je ne t’ai pas mentionné. Jamais je n’aurais dit quelque chose qui aurait pu te ... » Ca me frappe presque, l’idée qu’il pourrait lui arriver quelque chose. Je savais qu’il ne faudrait que peu de temps avant que ces insécurités, ces angoisses ne refassent surface. En m’attachant à lui, en voulant prendre soin de lui, l’avoir dans ma vie, ça me revient en pleine tête. Et j’ai déjà la migraine. « La police a fait le rapprochement avec toi quand j’ai mentionné Rabobank » je poursuis, dans mes explications. La porte s’ouvre et on me tend un dossier « Maître » Je lève les yeux au ciel, irritée par ce que je perçois comme du dédain dans sa voix. Les flics. Mon tempérament reprend le dessus mais j’ai toujours été ainsi. Il est plus facile pour moi de gérer la colère. C’est une vieille amie. On se connaît par coeur. Bien plus facile à manœuvrer que la tristesse. Cette dernière m’effraie et avec tout ce qui s’est passé, j’ai bien peur qu’elle finisse par gagner la partie. Je parcours rapidement la déposition, restant toujours près de Nick, puis hoche la tête. Je saisis le stylo et y appose ma signature « Je vous remercie Officier » je lâche, sur le même ton. J’imagine qu’il n’a pas apprécié mon regard de tout à l’heure. Et on dit que ce sont les femmes les susceptibles. Je me tourne vers le blond « Au moins, on sait que ça n’est pas lié au braquage. C’était une attaque au hasard » Poisse quand tu nous tiens. J’ai envie de partir, de sortir d’ici. Sur le point de demander à Nick de me déposer chez moi, bien qu’en étant parfaitement franche, je préférerai aller chez lui, quitte à dormir sur le canapé pendant qu’il bosse, la porte s’ouvre en grand. Ma parole ce n’est pas bientôt fini ?! « On l’a retrouvé »

Ce n'est pas qu'il n'a pas confiance en elle, même si poser la question pourrait prouver le contraire, or, il a simplement besoin de l'entendre sa bouche et à voix haute, une confirmation qui ne tarde pas à venir. C'est tout ce qu'il voulait savoir à ce propos, non seulement cela aurait remis en cause le boulot de Nick, toute son enquête et son bureau en lui-même, cela l'empêcherait à nouveau de travailler avec la police. Quand on sait que c'est plus intéressant pour lui de varier les dossiers et de travailler sur des braquages et autres crimes, il ne dit pas non. Donc, évidemment, cela est très important pour lui et sans le montrer, il est content qu'elle se soit montré discrète à ce niveau, d'autant que cette planque, les officiers comme ce type, ne sont pas au courant et ils n'ont pas à découvrir, ni à connaître les détails de l'opération. Après tout, il est détective privé, il doit être discret, d'autant qu'ici, c'est pour protéger son identité et par la même occasion, celle de Skye également. Il hoche la tête, bien qu'énervé après l'inconnu, si on s'en prend à ses proches, il ne va évidemment pas mâcher ses mots. L'officier les interrompt, Nick fronce les sourcils, il ne peut pas vraiment dire grand-chose, lui-même n'a jamais apprécié les avocats et les avocates, c'est toujours ainsi, ils s'apprécient rarement, surtout quand il s'agit de témoigner au palais de justice, impossible de s'en faire des amis. Ce qui est ironique quand on voit la situation actuelle entre Skye et lui. « Je suppose. » Cela ne veut pas dire que c'est un soulagement de savoir qu'un homme dangereux est libre, qui sait ce qu'il a derrière la tête. L'officier, un peu idiot sur les bords, probablement le genre à faire des gaffes, à trop parler, oui, il a connu quelques policiers ainsi, ce n'est pas que dans les séries américaines que cela arrive. Bref, il ouvre la porte, ne laissant pas le temps à ces deux-là de discuter davantage, il vient hurler dans la pièce, qu'ils ont retrouvé le suspect. « Ah, ben voilà, on va pouvoir rentrer. » Il suffit qu'elle identifie l'homme lorsqu'ils vont le ramener au poste de police. Bien que Nick, lui, il pourrait partir rapidement, ce qui ferait vraiment de lui une ordure en amour, qui ne fait pas attention. Ils sortent de la salle actuelle pour se rendre à la pièce principale, avec tous les autres bureaux et autres officiers.

Nick et moi sommes à la fois similaires, aux antipodes et complémentaires. Nous partageons cette forme de rationalité, les faits avant le reste, qui se trouve souvent dans notre travail. Nous sommes bornés outre mesure et il est évident que ce tempérament colérique est présent dans chacun de nous. En revanche, il est très terre-à-terre, je lui apporte ce côté plus émotionnel, plus positif. Alors je commence à comprendre sa manière de fonctionner. Il aime son travail et il est impératif que son nom ne soit pas mentionné, ni son implication dans ce dossier. Bien entendu, j’ai gardé le détective en dehors de ma déposition, garantissant sa discrétion. Ce qui je lui confirme. Peu de temps après avoir signé le document, la porte s’ouvre à nouveau et le policier nous explique qu’ils ont arrêté le suspect. Toujours avec son flegme légendaire, le blond rebondit sur cette bonne nouvelle. Il pourrait presque me faire sourire si je n’étais pas aussi tendue. Nous traversons le commissariat et nous installons dans une autre salle. Elle ressemble assez aux salles d’interrogatoire, avec un miroir sans tain. Mais cette fois-ci, nous sommes cachés de l’autre côté. Les suspects sont alignés et se voient assigner un numéro. Il ne me faut que quelques secondes pour repérer mon agresseur « le numéro 3. C’est lui qui m’a agressé » je lâche d’une voix blanche. Je sens la colère monter, monter. La salle se vide petit à petit et je vois le suspect se faire menotter. Il est accompagné par deux officiers, et passe par une autre porte. Mes poings se ferment, et mon sang ne fait qu’un tour. Je sais que la justice va faire son travail. Je l’ai formellement identifié, il y a plusieurs témoins et qui sait ? Peut-être même des images de vidéo-surveillance. Je crois que le policier à nos côtés me parle mais je n’entends rien. Je bouillonne et finis par exploser. Je sors précipitamment de la salle d’identification. Mes yeux balayent la pièce à la recherche du numéro. Poings fermés, fulminant, je le repère enfin « Je te tiens » Et je charge, déterminée à laisser mon empreinte sur lui aussi. J’ignore complètement si le policier ou Nick m’ont suivi. Je sais que c’est une situation merdique et injuste. La voilà la colère, ma vieille amie.

Une des raisons pour laquelle il n'a jamais voulu travailler derrière un bureau, c'est bien celle-là, la putain de paperasse, les formulaires, l'attente, encore de l'attente, ça n'en finit plus quoi. Au moins, dans son propre cabinet, il peut se détendre, prendre une pause, reprendre et surtout, cela n'a souvent rien d'aussi barbant. Croyez bien que l'unique raison pour laquelle il est encore là, c'est pour elle et rien d'autre. En tout cas, il attend à l'extérieur de la salle, puisqu'il n'a pas à être là durant la parade d'identification, la procédure consiste à identifier le suspect. Quoi qu'il en soit, en attendant que cela se fasse, il se sert dans le panier à muffins, avec son allure de flic, personne ne prête vraiment attention à ce qu'il est en train de faire et c'est tant mieux, pas envie de parler à qui que ce soit. Il retire le papier et le déguste, pendant ce temps, il voit sortir les autres qui étaient soupçonnés d'agression, ils sont escortés ailleurs. Nick regarde son téléphone, prêt à entamer une partie de solitaire sur son téléphone, lorsque Skye sort en furie de la pièce dans laquelle elle se trouvait, il fronce les sourcils et engloutit son dernier bout de muffin, range son téléphone et décide de la suivre. Il ignore où elle se dirige, il comprend qu'une fois qu'il voit les deux policiers avec l'agresseur, les menottes aux poignets. Normalement, il laisserait faire, après tout, elle a droit à une certaine vengeance, mais d'un autre côté, il sait très bien que cela ne fera que nourrir sa haine. Il comprend pourquoi elle est ainsi, n'importe qui serait en colère, surtout qu'elle ne doit pas savoir pourquoi il a fait cela, si c'était personnel ou si elle n'était qu'une victime parmi d'autres. Nick arrive pour la rattraper. « Laisse tomber. » Il y a également une forte chance qu'elle se fasse plus mal qu'autre chose en frappant le type qui se fait escorter par les officiers. Fais ce que je dis, pas ce que je fais, comme on dit. « Tu crois qu'il mérite ton attention ? Je ne vais pas t'empêcher, mais je doute que cela en vaille la peine. » Il la regarde dans les yeux, Nick serait le premier à le frapper, s'il venait à ouvrir la bouche, mais les policiers ne vont pas rester là, à attendre quelqu'un se décide à parler.

Dernière étape avant de partir : identifier le suspect. Je suis soulagée d’apprendre qu’ils l’ont arrêté. A mon avis, il a dû rester trop proche du lieu de l’accident et ce n’était pas très futé de sa part. Mais ça a joué en notre faveur. Je rentre dans la salle d’identification des suspects, tandis que Nick m’attend à l’extérieur. J’apprécie sa présence, bien plus qu’il ne le pense. Certes, c’est circonstanciel, il ne devrait pas être là. Mais ça me rassure. J’identifie rapidement l’homme responsable de cette soirée pourrie et sans que je ne la vois venir, une colère sourde monte en moi. Je détale et pars à la recherche du suspect. J’ai envie qu’il ressente la même chose que moi à ce moment-là, qu’il ait peur, peur pour sa vie, comme ça a été mon cas. Il ne me faut que quelques secondes pour le repérer se faire embarquer par deux officiers. Je me lance à sa suite mais bien rapidement Nick me rattrape. Fichus escarpins. Bon, ça et le fait qu’il me dépasse largement d’une tête. Il a ce regard qui a le don de me stopper et sa remarque fait mouche. J’apprécie qu’il me laisse le choix, même si ce serait creuser ma propre tombe. Il a raison. Je risquerais également ma licence et perdrais mon droit d’exercer. Un avocat ne peut pas avoir de casier judiciaire, encore moins pour agression.  Autrement dit j’ai bien plus à perdre que cet idiot. Les policiers poursuivent leur chemin et je me tourne entièrement vers le blond « tu as raison. C’est terminé » Mon sac en main, je me rends compte que j’ai tout ce qu’il faut pour partir, ce qu’une des personnes en charge de l’affaire me confirme. Je le remercie par un hochement de tête, viens saisir la main de Nick et quitte le commissariat. Ce n’est qu’une fois à l’extérieur que je le lâche. Je recule de quelques pas pour souffler. C’est terminé Skye, c’est bon. Ils l’ont arrêté, il va certainement pourrir en cellule quelques temps et avec un peu de chance, tu n’auras même pas besoin de témoigner « ils ont gardé ma voiture. Le temps de l’enquête. Est-ce que tu pourrais me déposer ? Sauf si tu bosses, je peux prendre un taxi » J’ignore pourquoi je lui dis ça alors que je n’ai qu’une envie, être près de lui. Mais je sais qu’il veut rentrer, qu’il n’a pas apprécié du tout de se faire convoquer au milieu de la nuit. Alors si je peux l’épargner, je le ferai. Sauf que je n’ai pas anticiper ce que la fin de cette soirée pouvait signifier. Je sens les larmes monter. Non non. La colère laisse place à la tristesse ou tout du moins, au soulagement. Je me tourne, un peu honteuse et lâche tout. Je savais que ça finirait par arriver. Décidément, entre le théâtre hanté et ce soir, ça ne m’étonnerait pas qu’il parte en courant.

Ce n'est pas parce que parfois, il se laisse emporter par sa négativité, qu'il doit encourager cela, même si ce n'est pas un bagarreur, il ne va pas nier que dans le passé, il a souvent laissé parler cette colère. Il a fait des conneries avant d'entrer dans la police, mais même pendant, il ne faisait pas toujours preuve de retenue. Évidemment, il n'est pas question de faire une thérapie de gestion de la colère, d'autant qu'il ne l'est pas vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il peut très bien s'en passer. Néanmoins, il se souvient qu'à la mort de son père, il avait rencontré une psychologue et on lui avait proposé, mais Nick avait refusé, c'est un peu là, que tout a déparé, entre les bêtises et les délits avant de se faire arrêter. Tout cela pour dire, qu'il sait que même si c'est tentant de le faire, cela ne risque sûrement pas de faire disparaître sa souffrance et ses craintes. Cependant, comme il n'est pas le mieux placé pour parler et que forcément, il l'aurait peut-être fait si cela avait été lui, enfin, s'il avait été dans ce cas, il n'aurait sûrement pas laissé s'enfuir le suspect, mais ça, c'est surtout parce qu'il a des manières de flic et la capacité de le faire. Bref, il lui laisse le choix, après tout, c'est à elle de décider, la décision qu'elle prend le ravi, bien qu'il se contente d'un hochement de tête, ils quittent enfin le commissariat. Il hoche la tête, il s'approche doucement d'elle, il observe sa blessure, bien qu'il y ait un pansement pour couvrir sa plaie, il soupire légèrement, il la prend finalement dans ses bras. « Si seulement j'avais été présent. » Ils n'en seraient sûrement pas là, du moins, ils n'auraient pas eu à attendre que la police locale retrouve le coupable. La frustration disparue, l'inquiétude a pris le dessus en la scrutant. Nick la relâche, ils ont tout intérêt à s'éloigner du poste, surtout pour elle, « Je dois passer à mon bureau chercher un dossier et on rentre. » Quand il dit « on », il parle du fait qu'ils vont rentrer chez lui, de là, il pourra continuer à travailler, tout en sachant qu'elle est en sécurité. Ils prennent la voiture de Nick, puis ils se mettent en route vers le bureau de Nick, qui se trouve à peine à quelques mètres de son logement qui se trouve à Center Bay. « Tu as besoin de quelque chose à ton appartement ? D'ailleurs, tu veux manger un truc ? » Parce qu'il compte s'arrêter sur la route pour prendre un truc à manger, afin de tenir le reste de la soirée, puisqu'il va devoir se plonger à nouveau dans le dossier et qu'il n'avait pas mangé depuis des heures avant ce muffin. Il gare la voiture, une fois devant l'immeuble, il sort de la voiture en lui disant qu'il n'en a pas pour longtemps, preuve à l'appui, il met à peine trois minutes à revenir, le temps de prendre le dossier, de verrouiller la porte et de redescendre jusqu'à la voiture. Maintenant, il suffit de savoir s'ils se dirigent directement au petit fast-food du coin ou d'abord chez elle.

La colère finit par laisser place au soulagement et probablement à la réalisation de ce qui vient de se passer. Nick a réussi à me convaincre, tout en me laissant le choix, ce qui est assez étrange quand on y pense. Ses arguments ont fait mouche et c’était suffisant. Une fois à l’extérieur, je laisse tout sortir. Ce genre de sentiment, c’est privé et craquer au beau milieu du commissariat n’était clairement pas une option. Le blond s’approche de moi, doucement, un peu comme avec un animal apeuré et observe ma blessure avant de me prendre dans ses bras. Et pour le coup, c’est exactement ce dont j’avais besoin. Il me propose de passer au bureau avant de rentrer. Non, il m’informe plutôt et ça me soulage. Je crois que la prise de décision ce soir, ce n’est pas pour moi. Je me laisse guider par le détective. Il se met en route et je secoue la tête à sa question « Non ça ira, si toutefois tu peux te séparer d’un de tes tee-shirt pour la nuit » Pour le reste, j’ai toujours le strict minimum pour faire ma toilette ainsi qu’une paire de sous-vêtement de rechange dans mon sac à main. Au cas où j’en aurais besoin après une nuit blanche ou un closing au travail. C’est un conseil que l’on m’a donné : avoir le nécessaire dans son sac et une tenue complète « Mais je dis oui pour manger. Je n’ai rien avalé depuis ce matin » Avec le départ de Charleen, il faut doubler les heures afin de se maintenir à flot. Alors je ne prends pas nécessairement le temps de manger quelque chose. Nous arrivons devant son bureau et il me laisse quelques secondes pour récupérer ses dossiers. Ainsi il pourra continuer à travailler et je serai tranquillement installée sur son canapé avec un bouquin. Puis nous nous remettons en route pour prendre à emporter. Nous commandons un fast-food et franchement, c’est exactement ce dont j’ai envie : de la nourriture de confort. Une fois arrivée à destination, je le suis dans le salon puis me tourne vers lui « Ca t’ennuie si j’utilise ta salle de bain ? J’aimerais prendre une douche et me changer » Je ne peux plus voir ma robe en peinture pour le moment et me glisser dans une de ses fringues sera bien plus confortable que ma tenue actuelle, quitte à flotter dedans.

Les voilà en train de quitter le quartier des policiers pour se rendre au bureau de Nick. Il a besoin de finir sa lecture, historie d'avancer dans son dossier et puis, il aura de quoi s'occuper pendant que Skye en profite pour récupérer et se reposer. Cette histoire d'incendie l'intrigue toujours autant, lui-même a vérifié dans les archives et effectivement, personne n'habite là depuis que les flammes ont fait des ravages sur cette demeure. Il est bien content que cette femme soit venue le trouver, une bonne façon de reprendre le boulot, car entre-temps, il a refusé quelques dossiers redonnant, entre trouver la preuve que le mari trompe l'épouse, retrouver la trace d'un chat perdu, oui, ceci n'est même pas une blague. Une dame âgée lui a carrément demandé de retrouver son chat et bien qu'il n'ait rien contre les chats, même en ayant une préférence pour les chiens et à moins que le chat vaille des millions de dollars, il a refusé poliment en l'envoyant à la caserne de pompiers la plus proche. Ce qui l'avait fait rire en fait, les pompiers qui sauvent de petits chats dans les arbres, c'est plus leur truc, bien plus que Nick. Bref, tout cela pour dire qu'il est investi dans son boulot et qu'actuellement, il a vraiment besoin de calme, sortir de ce commissariat était un soulagement, pour tous les deux. Il hoche la tête pour le tee-shirt, elle n'a pas vraiment besoin de lui demander, ce n'est pas la première fois, même si cela ne fait pas des mois et des mois qu'ils se fréquentent, il imagine qu'elle n'a peut-être pas encore l'habitude de se servir dans sa commode sans la permission. Quoi qu'il en soit, d'abord le bureau, une fois qu'il a ce dont il a besoin, ils s'arrêtent à un restaurant, même si ce n'est pas la nourriture la plus saine, parfois, ça fait du bien de manger de quoi qui réconforte et qui remplit bien le ventre, puis direction l'appartement de Nick. Il dépose son sac sur la table du salon, puis le sac de nourriture sur le comptoir de la cuisine. « Oui, fais comme chez toi. » Puisque ce n'est pas la première fois, il n'a pas besoin de lui montrer où se trouve les serviettes et les produits. Il en profite également pour changer sa tenue, il est à la maison, il peut très bien enfiler un jogging et un simple t-shirt sans pression. Après quoi, il se lave les mains et déballe le sac dans la cuisine. Il va attendre Skye, en attendant il place le tout dans le salon, son sac de travail sur le côté du canapé pour éviter de le salir avec un accident de coca, d'ailleurs, il en boit quelques gorgées pour patienter. « Ça va mieux ? »

Il était grand temps de rentrer à la maison. La sienne, la mienne peu importe mais j’apprécie de ne pas passer le reste de la soirée toute seule. Vraiment. C’est peut-être idiot, mais je suis rassurée. Il ne laissera rien m’arriver. Une fois tout récupéré : ses dossiers et le repas, nous nous remettons en route. Le chemin est relativement rapide. Nick installe tout sur la table et je m’éclipse. Je passe récupérer un tee-shirt dans son armoire avant de monopoliser la salle de bain. Je retire mes escarpins, ce qui me fait le plus grand bien. La douche a le mérite de me détendre et je me rends compte que j’étais tendue. J’aurais des courbatures demain à coup sûr. Un coup d’œil à mon bras, témoin de l’altercation. Les empreintes de ses doigts sont imprimées dans ma peau pour quelques jours. Je lâche un soupir. Il va falloir que j’adapte mes tenues pour éviter d’alarmer mes proches. Une fois terminé, j’enfile le tee-shirt de Nick. A ce stade, ça ressemble plus à une robe, courte mais une robe quand même. Je rassemble mes affaires et les dépose dans un coin dans la chambre du détective, histoire de ne pas être trop envahissante. Ce n’est pas la première fois que je passe la nuit chez lui, mais j’ai toujours cette crainte de m’imposer ou qu’il pense que j’essaie de prendre plus de place. Bref, pas le meilleur moment pour réfléchir à ce genre de choses. Je récupère mon roman et je le retrouve dans le salon, installé tranquillement. Je m’installe à côté de lui, me demandant comment je vais. Excellente question. Comment je vais finalement ? Ma main se porte machinalement à mon bras mais je hausse les épaules « Je crois que ça va. Enfin, demain j’aurais certainement un mal de tête d’enfer et des courbatures mais si je relativise, je m’en sors bien » Si on prend un peu de recul sur la situation, ça aurait pu être bien pire. Bien entendu, je n’étais pas capable de faire cette analyse il y a encore 1h. Avoir le blond avec moi et être chez lui remet les choses en perspective « Merci de .. » Je marque une pause. Ce que je m’apprête à dire est idiot mais c’est important « Merci d’être là » Ca fait longtemps que je n’ai pas ressenti ça. Je sais également que Nick n’est pas du genre à s’étaler sur ce qu’il ressent, donc je n’ajoute rien de plus à ce sujet. Je pose ma main sur sa nuque et scelle ainsi mon remerciement par un baiser. Sa proximité me fait du bien « J’arrête de te distraire, tu as du travail » je dis en pointant du doigt son sac « j’ai de quoi m’occuper l’esprit » Je lui offre un sourire sincère, attrape ma boisson et mon livre puis me cale dans le canapé.