not easy but worth it (laya)

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crédit/ boston ✶ @laya mehrtens

Caressant la joue de sa femme, Arlo ne cesse de sourire. Il faut dire qu’ils ont passé une excellente journée en amoureux, ce qu’ils n’ont pas très souvent l’occasion de faire. Après des mois et des mois d’un chemin compliqué et deux merveilleux bébés, le jeune couple a fini par se retrouver le plus naturellement du monde. Bien sûr, leur rôle de parents passe avant tout - depuis déjà un an et sept mois, c’est la mission première de leur existence. Mais depuis quelques semaines déjà, ils sont finalement véritablement redevenus mari et femme. Depuis, le jeune homme se sent apaisé, tranquille, serein. C’est comme si toutes les pièces du puzzle s’étaient enfin remises en place, lentement mais sûrement. C’est comme si tout ce qu’il avait toujours attendu se réalisait enfin, comme si cette famille tant rêvée prenait forme exactement de la manière dont il le souhaitait. Cette vie de famille à quatre, c’est tout pour lui. Ces moments volés à deux, c’est une véritable joie pour lui. Bien sûr, ça ne veut pas dire que les difficultés se sont évaporées pour autant. Aucun mariage n’est exempt de problèmes de temps à autre, et la parentalité est très loin d’être un voyage tranquille. Les doutes et les interrogations d’Arlo font partie de ses quotidiens, tout comme les larmes, les crises et les grosses colères qui deviennent presque communes à partir de dix-huit mois. Expliquer à ses enfants qu’une crise de nerfs n’est pas la solution - afin de leur éviter de prendre de mauvaises habitudes -, ça n’a rien de facile. « Non » est visiblement devenu l’un de leurs mots préférés au monde. De plus, comme les déplacements n’ont plus de secrets pour eux, les jumeaux donnent désormais régulièrement l’impression de vouloir jouer les grands explorateurs. Curieux, éveillés, ils aiment découvrir tout ce qu’il y a autour d’eux, avant de revenir en pleine panique, craignant d’avoir perdu leurs parents. Au fil de la croissance de ses enfants, le jeune père ne cesse d’être émerveillé. Désormais, leur langage s’améliore et leur vocabulaire s’enrichit petit à petit. Ils commencent à apprendre à devenir propres, petit à petit. Ils veulent manger comme les adultes, pouvant intégrer les aliments comme eux mais bénéficiant encore du lait nécessaire à leur développement. Il y a également un rituel pour le coucher, comme l’histoire avant de dormir, la berceuse et les câlins. Enfin, les jeux sont l’occasion d’intégrer des activités permettant d’améliorer le langage, comme le chant de comptines par exemple. Il y a aussi la danse et les loisirs créatifs. Au milieu de tout ça, c’est très facile de se laisser déborder - c’est aussi énergivore que chronophage et épuisant. C’est pour ça qu’Arlo et Laya ont pris la décision de se réserver du temps seuls de temps à autre, pour continuer à renforcer leur couple et simplement profiter de moments en tête-à-tête pour se retrouver et se reposer. Aujourd’hui, ils ont flâné sur la plage, puis sont allés faire du lèche-vitrines au village, avant de pique-niquer dans le parc et de se retrouver dans l’intimité de leur chambre. « Je voudrais pas faire le rabat-joie, mais je pense que la baby-sitter va bientôt arriver. » En réalité, ils sont probablement tous les deux impatients de retrouver leurs bouts de chou. Mais ça leur a assurément fait beaucoup de bien. « Je me douche vite fait avant de descendre préparer à manger. Peut-être qu’on pourrait aller grignoter sur la plage histoire de profiter un peu du coucher de soleil ? » Aussitôt dit aussitôt fait, le brun file sous la douche, puis attrape des vêtements estivaux, légers et confortables. Il descend ensuite en cuisine, avant d’aller accueillir les jumeaux avec Laya. « Alors, vous vous êtes bien amusés ? » C’est Kala qui tend en premier les bras vers lui et il se penche pour l’attraper contre lui. « Ça s’est bien passé ? » demande-t-il à la baby-sitter qui a l’habitude désormais, tandis que Theo semble raconter une anecdote à sa mère. Il raccompagne la jeune femme à sa voiture, Kala la saluant avec enthousiasme, avant de retourner à l’intérieur. « Un tour sur la plage, ça vous dit ? »

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crédit/ boston ✶ @arlo mehrtens

La sortie surprise proposée par Arlo la semaine précédente lors du restaurant avec Casey et Tian s'était finalement transformée en journée tous les deux à flâner sur la plage et dans les magasins du village, une promenade suivie d'un pique-nique dans le parc et d'un moment privilégié dans leur maison. Depuis plusieurs mois, la complicité du couple était renforcée, leur amour plus uni et profond que jamais. En parallèle, leurs enfants étaient en bonne santé et continuaient de grandir de jour en jour sous les yeux de leurs parents fiers et comblés. Laya ne pouvait rêver mieux que cette famille qu'elle s'était construite à Porirua, elle n'échangerait sa place pour rien au monde, un bonheur clairement partagé par Arlo à la fois quand il évoquaient les jumeaux qu'à la façon dont il la regardait encore aujourd'hui. Alors qu'ils se reposaient dans leur chambre, il plaisanta sur l'arrivée imminente de la baby-sitter. Tous les deux avaient profité de cette agréable journée en tête-à-tête et il avait probablement aussi hâte qu'elle de retrouver tout le monde. « Tu avais presque l'air sérieux, presque. » Souffla-t-elle d'une voix taquine. « Ok, je vais faire un peu de rangement en bas avant leur retour. » Un dernier baiser échangé et le couple se dispersa. Laya s'habilla puis descendit. Elle ramassa des vêtements éparpillés dans les escaliers et le salon avant de débarrasser la table basse des verres qu'ils avaient utilisés. Ce serait bête que des mains innocentes et curieuses viennent à se blesser par manque d'attention de leur part. La jeune maman fila ensuite dans la cuisine où elle commença à préparer le pique-nique, rapidement rejointe par Arlo. Au même moment, la joyeuse troupe rentra à la maison. Kala se précipita directement contre son père. « Alors, tu as bien aimé la sortie ? » Demanda Laya à Theo alors que son fils venait près d'elle pour lui raconter avec ses propres mots qu'il avait adoré jouer avec sa soeur et leur gardienne. Des deux, il était le moins timide pour parler. Le couple remercia la baby-sitter puis Arlo se chargea de la raccompagner avec Kala, tandis que Laya rangeait les affaires et jouets des enfants tout en gardant un oeil sur son fils. A son retour, son époux annonça le programme de la soirée suscitant des réactions réjouies et des yeux brillants qui confirmèrent l'enthousiasme partagé par toute la famille. Dès que tout le nécessaire fut prêt, la famille se rendit donc sur la plage.

Après une petite marche, les Mehrtens installèrent des serviettes sur le sable et un support en bois au centre pour y déposer le pique-nique. Autour d'eux, les enfants couraient et jouaient démontrant qu'ils disposaient encore de toute leur énergie. Pourtant, Laya était habituée à cette effusion et à davantage. Elle se remémorait les sorties au bord de l'eau avec ses grands-parents, ses parents et ses frères dans la mégapole de Mumbai, des expéditions plutôt éloignées du calme relatif qui régnait autour d'eux. « Ça me rappelle des souvenirs d'enfance.  On se rendait tous ensemble en famille près de la mer d'Arabie. Il y avait du monde mais c'était très beau. J'aurai beaucoup aimé te montrer les endroits où j'ai grandi, un jour. » Lâcha-t-elle d'une voix mélancolique. Les années défilaient et même si sa mère avait repris contact par téléphone lors de la naissance de leurs enfants et en d'autres rares occasions, montrant une petite ouverture – probablement contre l'avis de son père -, les nouvelles restaient sporadiques. En dehors du frère avec qui Laya parlait souvent et qui vivait à Wellington, le reste de sa famille lui manquait mais elle ne pouvait rien contre leur colère et leur manque d'ouverture d'esprit. Depuis son mariage, Laya n'était donc pas retournée les voir et eux n'étaient pas venus non plus. Cette blessure familiale n'avait pas complètement cicatrisé mais elle finissait par s'atténuer un peu avec le temps. Haussant les épaules, elle chassa ce souvenir par un sourire à la vue de ses enfants heureux. Le pique-nique installé, Laya les appela pour venir les rejoindre. Soudain, la sonnerie de son téléphone retentit. Elle avait l'habitude de le mettre sur vibreur ou silencieux lorsqu'elle sortait en famille mais elle avait oublié. La brune le sortit de son sac et se figea à la vue du numéro. « Maman ? » Décrocha-t-elle en anglais, sous le coup de la surprise. Le hasard avait un humour curieux pour Laya qui venait d'évoquer ses parents. Un bref regard adressé à Arlo pour qu'il veille sur les enfants, la jeune femme se releva et s'éloigna de quelques pas, la conversation avec sa mère se poursuivant dans leur langue natale. Un mélange d'inquiétude, d'incompréhension et surtout de surprise pouvaient se lire sur son visage.

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« Presque ? Je suis déçu » plaisante-t-il, comblé par leur complicité retrouvée. Arlo ne peut s’empêcher de sourire en voyant les vêtements éparpillés çà et là, ramassés rapidement histoire de mettre un peu d’ordre avant l’arrivée de deux tornades. La parentalité exige de penser à beaucoup de choses, mais avec le temps, le jeune homme a l’impression de devenir peu à peu rodé. Maison à peu près en ordre, c’est ensuite l’heure de préparer le pique-nique. La simplicité est le mot d’ordre et les restes sont privilégiés, même s’il ne faut pas oublier le nécessaire des enfants non plus. Heureusement qu’ils ne vont pas loin de la maison et pour une petite promenade improvisée avant le coucher du soleil. C’est à ce moment-là que la baby-sitter fait son apparition, Arlo soulevant déjà sa fille dans ses bras tandis que son fils semble sérieusement faire la conversation à sa mère. Ça le fait sourire tandis qu’il raccompagne la baby-sitter à l’intérieur, s’assurant qu’il n’y a eu aucun incident avant de retourner dans la cuisine. « Tu sais quoi ? Apparemment, nos enfants aiment de plus en plus les animaux. Bientôt, ils vont vouloir faire des reportages et écrire à leur sujet » rigole-t-il, référence directe à une anecdote racontée par celle qui a gardé les jumeaux. « Tout est prêt ? » demande-t-il avec douceur, les enfants déjà impatients de se rendre sur la plage. L’évocation du programme de la suite de la soirée n’a pas manqué de les enthousiasmer et Kala secoue ses bras en l’air tandis que, de sa main libre, le jeune père saisit le panier à pique-nique. Theo avec sa mère, les Mehrtens sortent pour se rendre sur la plage. Ils marchent quelque temps pour se retrouver dans une sorte de crique, un peu abritée des regards et bien agréable. Évidemment, les jumeaux sont tout contents et commencent déjà à s’exciter. « Tu voudrais pas qu’ils puissent nous communiquer un peu de ce dynamisme, parfois ? » Toujours impressionné par leur énergie débordante, Arlo garde un oeil vigilant sur eux tout en commençant à déballer les provisions. Tout en faisant pareil, Laya évoque le passé avec une pointe de nostalgie. L’écoutant attentivement, le brun se rapproche d’elle avant de passer un bras autour de sa taille. Il aime la tenir contre lui et c’est sans doute encore plus vrai dans les moments comme ceux-ci. Il sait bien que ce n’est pas facile pour elle d’être éloignée de la plupart des membres de sa famille et d’avoir quasiment coupé les ponts en-dehors de son frère résidant à Wellington. En allant contre l’avis de ses parents, c’est lui qu’elle a choisi et il en est reconnaissant. Sans ça, ce magnifique tableau de la famille qu’eux-mêmes ont créée n’aurait tout simplement pas pu exister et Arlo est conscient d’avoir entamé l’un des plus beaux chapitres de sa vie. « Moi aussi, j’aimerais beaucoup » murmure-t-il, tout en prenant soin de ne pas le formuler comme si c’était impossible. Les choses sont peut-être compliquées, mais pour elle il a envie d’avoir de l’espoir, car qui sait de quoi les années à venir seront faites ? Déposant un baiser d’une tendresse infinie sur la joue de sa femme, le néo-zélandais termine d’installer le pique-nique pendant qu’elle appelle les enfants. Mais c’est à ce moment-là que le téléphone portable de la brune sonne et, s’il ne voit pas l’expression de son visage, Arlo relève brusquement la tête en l’entendant dire maman. Elle s’éloigne et même s’il s’occupe des enfants, il ne peut s’empêcher de la regarder régulièrement, avec une pointe d’inquiétude. « Bon appétit, mes chéris » souhaite-t-il à ses enfants déjà installés, veillant à leur alimentation tout en grignotant par-ci par-là. Mais il n’a pas vraiment faim, attendant le retour de sa femme pour savoir de quoi il en retourne.

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Dès qu'Arlo rentra d'avoir raccompagné la baby-sitter, il raconta une anecdote amusante à Laya. « Faire comme maman alors ? Ce serait envisageable. » En effet, il venait de résumer en mots simples la composante principale de son travail qui touchait aux espèces menacées. «  Oui, tout est prêt. » En route pour la plage, la petite famille s'arrêta non loin de la maison et les deux parents commencèrent à installer le pique-nique tout en gardant un oeil sur les jumeaux énergiques. « Ouf, pour qu'on puisse les suivre, oui ! » Et encore. Ils étaient de jeunes parents en pleine forme, même si la vie leur avait montré que tout pouvait basculer rapidement. A moins d'un souci particulier, ils pourraient profiter d'eux encore longtemps. La scène projeta Laya dans son enfance et elle évoqua une anecdote avec nostalgie. Attentif à la moindre émotion de sa femme, Arlo se rapprocha d'elle et la serra contre lui. Laya était sensible à son affection et à son soutien, ça n'avait pas été facile d'être éloignée de sa famille. Tout comme elle, il espérait un jour voir les lieux où elle avait grandi. Rien ne les empêchait de s'y rendre un jour, mais ce serait bizarre de voyager sur ses terres sans voir ses proches. Pour l'instant, ce n'était pas sur la table. Après une dernière étreinte avec son mari, les Mehrtens terminèrent d'installer les provisions. Laya appela les enfants quand tout à coup, elle reçut un appel inattendu de sa mère. Décrochant, la journaliste s'éloigna de quelques pas et l'écouta, partagée entre la confusion et l'inquiétude.

Les nouvelles n'étaient pas très bonnes et la conversation se prolongea une bonne dizaine de minutes tandis que les enfants avaient commencé à manger et qu'Arlo relevait parfois les yeux vers elle pour vérifier comment si tout allait bien. Laya se mit à marcher nerveusement dans la direction opposée pour cacher son trouble aux enfants, puis à la dernière demande de sa mère, la brune lui répondit qu'elle devrait d'abord en parler à son mari et qu'elle la tiendrait au courant le lendemain. La conversation terminée, Laya serra le téléphone contre sa poitrine, plongée dans ses réflexions. Ce ne fut que lorsque Theo héla sa mère si pour qu'elle vienne manger avec eux qu'elle sortit de sa rêverie. « Oui bien sûr mon grand, j'arrive. » La jeune femme s'installa près de la petite tribu et elle aida distraitement Kala à se moucher. Dans son regard, l'émotion était palpable. « Je te raconterai tout à l'heure. » Autrement dit, pas devant les enfants. Elle attendrait qu'ils jouent ou qu'ils soient couchés. « C'était naanee, elle devait raconter des choses importantes à maman et n'a pas pu vous dire coucou mais on la rappellera demain. » Heureusement, les jumeaux étaient bien trop concentrés sur les éléments à manger pour s'être rendus compte de la confusion de leur mère. Retrouvant pied dans le présent, Laya se servit d'une salade de tomates et de feta. « C'est bon ? »
 

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« Faire comme maman » confirme-t-il, puisque c’était précisément ce à quoi il pensait. Pique-nique installé tranquillement et jumeaux en train de jouer joyeusement, Arlo exprime à haute voix son souhait d’avoir parfois autant d’énergie qu’eux. « Oui, sans être fatigués en rentrant du travail, ni en accomplissant les tâches ménagères, sans avoir sommeil quand c’est pas leur cas, ce genre de choses » sourit-il. Le travail de parent réclame beaucoup d’énergie, de temps et de sacrifices. Parfois, le jeune homme voudrait profiter davantage de ses enfants, malheureusement les obligations de la vie font que ce n’est pas forcément possible. Retrouver sa petite famille le soir, c’est à ses yeux le meilleur moment de la journée. Ils ont en plus la chance de profiter d’un cadre de vue à la fois beau et tranquille, idéal pour élever des enfants. Pendant que Laya s’éloigne après avoir reçu un coup de fil de sa mère, Arlo s’occupe des jumeaux tout en jetant régulièrement un coup d’oeil dans sa direction. Cet appel est pour le moins surprenant, car les contacts de la jeune femme avec sa famille sont limités, voire quasiment inexistants. Il ne peut donc s’empêcher de penser au pire, d’autant plus que l’expression affichée par sa femme n’est pas particulièrement rassurante. Heureusement, Kala et Theo sont loin de ces interrogations inquiètes, dévorant sans se faire prier ce qui a été préparé pour eux. Ils ne manquent pas d’appétit, ainsi que le jeune père le remarque régulièrement. Conversation lancée entre eux dont Arlo saisit l’essentiel, il ne peut s’empêcher de se demander s’ils ne développent pas parfois un langage qui leur est propre, comme ça peut être le cas pour des jumeaux. Finalement, au bout de quelques minutes, Theo appelle sa mère pour qu’elle vienne manger avec eux. Essuyant le dessus des lèvres du petit garçon qui a commencé à s’en mettre partout, le brun entend sa femme répondre à leur fils qu’elle arrive. Une fois installée, elle aide Kala à se moucher et Arlo ne peut s’empêcher de l’interroger du regard. Mais ce n’est évidemment pas le moment d’en parler. « Oui, bien sûr. » Un peu troublé par l’émotion visible de Laya, il n’en montre toutefois rien pour ne pas risquer de perturber les enfants. Heureusement, ces derniers sont trop occupés pour remarquer quoi que ce soit. Ils ne s’intéressent pas forcément à grand-chose d’autre quand ils sont en train de manger, ou alors que leur esprit est accaparé par l’idée d’aller jouer. « Bon appétit » lui murmure-t-il, espérant qu’elle ait encore faim. Maintenant qu’elle est revenue auprès d’eux, le néo-zélandais commence à son tour à manger. Il préférait l’attendre. « La salade est très rafraîchissante ! » Et ça fait du bien, pour finir la journée en bord de mer. « Dans un tout autre registre, si on préparait des naans ce week-end ? Ça fait un moment, j’ai trop envie d’en manger. » Et ça n’a rien à voir du tout avec les options du commerce. Quoi qu’il en soit, en restant sur des sujets légers, Arlo espère détourner momentanément l’attention de la brune. Il mange à ses côtés tout en gardant un oeil sur les enfants, qui une fois rassasiés n’ont plus qu’une idée en tête, retourner jouer. « Ne vous éloignez pas trop, s’il vous plaît. » De toute façon, les Mehrtens sont attentifs aux jumeaux, lesquels sont encore petits. Arlo aurait vite fait de courir pour les rattraper. Les regardant se remettre à courir en se demandant à quel moment ils reviendront fatigués, il se tourne ensuite vers sa femme. « Tu préfères attendre ce soir ? » demande-t-il avec douceur, tendant une main pour caresser la sienne.

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« En fait, tu voudrais qu'on se transforme en super-héros. » Réagit Laya, en réponse à la description d'Arlo pour que les deux parents puissent coller à l'énergie de leurs enfants. Alors que le pique-nique était installé et que les jumeaux jouaient, la jeune femme reçut un appel téléphonique. Au vu du numéro qu'elle identifia comme celui de sa mère, elle décrocha et s'éloigna de quelques pas dès que sa surprise s'estompa. Elle pressentit une mauvaise nouvelle et sa crainte se confirma lorsqu'elle écouta le récit des dernières nouvelles familiales. Le coeur de Laya se serra, l'expression de son visage changea, un changement qui n'échappa pas à son mari. Au bout de quelques minutes, elle raccrocha, puis rejoignit Arlo et leurs enfants, encore troublée par le coup de fil qu'elle venait de recevoir. Devant Kala et Theo, la jeune femme retrouva un sourire de circonstance et elle reprit son rôle de maman attentive en aidant sa fille à essuyer son nez. Le petit groupe testa les délicieuses préparations. Préoccupée, Laya mangea peu, se contentant de la salade estivale et d'un fruit tout en s'occupant des enfants. Essuyer la bouche de Theo, surveiller Kala qui voulait verser du sable dans son plat pour goûter... Et Arlo qui proposait justement de préparer des naans le prochain week-end. « Si tu veux. » Répondit distraitement la jeune maman. Leur ventre rassasié, Laya remit une couche de crème sur les enfants, puis les autorisa à retourner jouer tandis qu'Arlo leur intimait de ne pas trop s'éloigner pour qu'ils restent sous le regard de leur parents. Au moins, les jumeaux dépenseraient un peu de leur énergie inépuisable. Au même moment, le Mehrtens se tourna vers sa femme pour lui demander si elle préférait lui parler plus tard. Les yeux légèrement embués, elle avait beaucoup de mal à garder la face. « Je ne sais pas trop. » Après un instant de silence, Laya décida de lui raconter une partie maintenant. Après tout, les enfants étaient concentrés sur leurs activités. « Mes parents ont participé à des célébrations dans la ville. La fête a tourné au drame. Il y a eu un mouvement de foule et ils ont été bousculés. » La jeune femme prit une inspiration, puis continua sur sa lancée. « Il y a eu des blessés. Mes parents, ils... » La voix de Laya trembla. Elle arrêta de parler tandis qu'elle ferma les yeux un instant, bouleversée à la simple idée de ce qui s'était passé. « Ma mère est tombée, elle a une fracture à l'épaule. Quant à mon père, il a été admis à l'hôpital, il y est toujours. » D'après ce qu'elle avait compris, son père s'était mis au-dessus de sa mère pour la protéger des bousculades et piétinements éventuels. L'émotion dans la voix de la brune était palpable. Elle tourna son visage et essuya la perle salée qui venait de rouler sur sa joue. Il n'était pas question que les enfants la voient dans cet état. A un peu moins de deux ans, ils ne comprendraient pas. « Je te raconte la suite tout à l'heure. » Souffla-t-elle, se mouchant, alors que Kala revenait soudainement vers elle pour quémander un câlin comme si elle avait senti le besoin d'affection de sa mère sans réaliser la situation, puisque Laya s'était évertuée à retrouver un visage de composition. De toute façon, la petite famille ne tarderait plus à rentrer. Le soleil descendait progressivement à l'horizon. Il fallait encore donner le bain aux enfants puis les glisser dans leur lit. Prenant sa fille dans les bras, la jeune maman la serra contre elle, enfouissant son visage dans le cou de la fillette.

 

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« J’ai toujours voulu être un super-héros ! » Univers fictifs qui attirent beaucoup de garçons dès leur plus jeune âge, ça n’a rien d’étonnant en soi. « Ou que mes enfants me considèrent comme ça, ce serait déjà pas mal en soi. » Les réalités humaines sont pourtant bien différentes hélas. Arlo comprend facilement que Laya a reçu de mauvaises nouvelles de la part de sa famille en Inde, mais elle s’efforce de donner le change devant les enfants. Lui-même essaye de rester aussi enjoué que d’habitude, afin de n’inquiéter personne : après tout, les enfants ressentent bien le stress et l’angoisse. Et comme sa femme est un peu distraite, le jeune père occupe plus enfants comme il peut. Mais il n’a pas à le faire très longtemps car, une fois le ventre bien rempli, ces deux boules d’énergie sont déjà opérationnelles pour retourner courir dans le sable. Avec un peu de chance, ça les fatiguera suffisamment pour que ce soir, ils filent assez rapidement au lit. En les observant, Arlo se répète qu’il n’a probablement jamais envisagé d’avoir de jumeaux un jour, mais qu’en dépit du double travail que ça occasionne, c’est toujours le travail le plus gratifiant qui soit. Comme ils s’éloignent un peu - toujours sous l’oeil attentif parental - ou en tout cas, suffisamment pour ne pas laisser traîner leurs petites oreilles, le couple Mehrtens commence à re-discuter de choses plus sérieuses. Le jeune homme prend la main de l’indienne qui semble être au bord des larmes, expliquant qu’un mouvement de foule a blessé ses parents lors d’une célébration dans leur ville. « Je suis désolé de l’entendre. » Pour sa belle-mère, ça ne semble pas être trop grave, même si une fracture à l’épaule n’a absolument rien d’agréable. Mais pour son beau-père, le silence de Laya à ce sujet ne lui dit rien qui vaille. Néanmoins, ce n’est pas le moment d’en parler en détails et il se contente de glisser un baiser sur sa joue, avant que Kala ne vienne l’écarter pour demander un câlin à sa mère. Pendant ce temps, il se tourne vers Theo, qui a réussi à se mettre du sable à peu près partout. « Alors, vous avez construit des châteaux, pourchassé des crabes ? » Cette simple question provoque un flot de paroles, des histoires racontées avec leurs propres mots en dépit du fait que les enfants ne se trouvaient qu’à quelques mètres de leurs parents. Pendant ce temps, le soleil continue sa descente et bientôt, c’est l’heure de rentrer. Arlo commence à tout ranger et veut Kala l’aider à sa manière, tandis que Theo insiste pour ramener du sable à la maison même si la plage s’étend jusque devant chez eux. Puis la petite famille prend ses cliques et ses claques avant de commencer à rentrer, regagnant leur maison lentement mais sûrement. Les jumeaux ont encore beaucoup d’énergie, mais le brun sait qu’une fois baignés, ils seront bien contents de retrouver leur lit. Une fois chez eux, le couple se répartit les tâches : il faut ranger les restes de pique-nique et faire la vaisselle, mais aussi donner le bain aux enfants. C’est ensuite l’heure de la traditionnelle histoire du soir et comme d’habitude, Arlo est à fond, mimant, inventant des voix et se mettant dans la peau des personnages. Puis les habituels câlins et baisers s’ensuivent, minutes chéries en famille. Ce rituel est précieux et le néo-zélandais se sent regonflé à bloc, prêt pour la suite même s’il appréhende ce que sa femme aurait à lui dire. « Je vais aller me doucher, d’accord ? Je te rejoins tout de suite après. » Il est sûr d’avoir du sable et de l’eau salée un peu partout. Mais il fait assez vite et rejoint ensuite Laya en bas, la prenant tout de suite dans ses bras. « Est-ce que les nouvelles concernant ton père sont graves ? » Il l’embrasse sur le front avant de la relâcher, tandis qu’ils se retrouvent tous les deux assis dans le canapé en toute intimité.

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crédit/ boston ✶ @arlo mehrtens

« Et quel super-héros voudrais-tu être ? » Laya ne connaissait pas très bien l'univers des comics, même si comme tout le monde, elle avait déjà entendu parler des principaux héros, notamment ceux qui avaient fait l'objet de films ou de séries animées. Du coup, peu intéressée par le thème, la jeune maman n'avait jamais demandé quel était le personnage préféré de son mari. « Tu es déjà leur super papa. » Ce moment de légèreté fut interrompu par l'appel qu'elle reçut de sa mère. Les nouvelles n'étaient pas bonnes. Après le pique-nique, les enfants s'éloignèrent un peu pour jouer dans le sable sous l'oeil attentif de leurs parents. Sous le regard inquiet et interrogateur d'Arlo, Laya lui résuma la situation. Sa mère avait été blessée dans un mouvement de foule et son père était toujours à l'hôpital. Pas le temps d'en dire davantage. Réclamant un câlin, Kala se réfugia dans les bras de Laya, coupant court à la discussion. Arlo déposa un baiser sur la joue de sa femme puis s'occupa de leur fils. Heureusement, il assurait auprès des enfants. Rongée d'inquiétude pour ses parents, la brune n'était pas à cent pour cent. Si sa mère avait pris la peine de la contacter en dépit des différends entre Laya et sa famille, c'est que la situation était préoccupante. Le soleil déclinait à l'horizon et il était venu l'heure de rentrer. La petite troupe s'appliqua à tout remballer et ranger, chacun à leur façon, puis elle regagna la maison. Les tâches entre le couple furent réparties. Pendant qu'Arlo rangeait les affaires du pique-nique, Laya commença à donner le bains aux enfants, rapidement rejointe par son mari car ils n'étaient pas trop de deux pour les jumeaux. Pendant qu'il leur lut la traditionnelle histoire du coucher, Laya partit ensuite se glisser sous la douche pour clarifier ses idées et se détendre un peu, tandis qu'elle entendait son formidable époux imiter des personnages et arracher des rires aux deux bambins. Avant que les deux bouts ne sombrent dans le sommeil, elle sortit de la salle de bains, habillée en tenue du soir, pour aller leur donner les habituels bisous et câlins d'avant dodo. « Oui, prends ton temps. » Laya gagna ensuite le salon où elle lança la bouilloire pour réchauffer l'eau en vue de leur faire un thé pour Arlo et elle pendant que le conservateur prenait lui aussi sa douche. Assise dans le canapé, tasse à la main, elle but une gorgée du breuvage chaud, très vite rejointe par son mari aimant. Il cumulait les gestes d'affection et de soutien à son égard, une présence dont Laya avait bien besoin. Il lui déposa un tendre baiser sur le front, puis il lui demanda des nouvelles de son père. « Plutôt oui. Il a perdu conscience. Un traumatisme crânien, quelque chose comme ça. Il s'est réveillé et a dit quelques mots à ma mère puis il a de nouveau perdu connaissance et il ne s'est plus réveillé depuis. » Un coma, ce n'était pas rien. La gorge nouée d'émotions, elle s'arrêta un instant. Ce n'était pas tout ce que sa mère lui avait dit, mais elle avait besoin d'une pause avant de lui raconter la deuxième partie. « Même si on ne se parlait plus, j'ai peur de ce qui pourrait arriver. » Laya envisageait sincèrement de tout planter là et de s'envoler pour l'Inde mais elle ne pouvait décemment pas laisser ses deux enfants en bas âge sans un minimum de réflexion.

Devant les enfants, il s’agit de garder le sourire car il ne faudrait pas les effrayer. Arlo sait qu’ils absorbent facilement les émotions et c’est sans doute encore plus vrai quand il s’agit de leur mère. Préoccupée, celle-ci fait pourtant bonne figure et les jumeaux sont couchés dans le respect de leur routine. Kala demande à ce qu’il reste encore un peu et le jeune père attend qu’elle commence à s’endormir, rassasiée de belles histoires, de câlins et de bisous. Puis une fois sa douche assez rapidement expédiée, Arlo rejoint Laya au rez-de-chaussée. La jeune femme s’est installée dans le canapé, une tasse fumante à la main, visiblement plongée dans le désarroi. Tout de suite, il s’enquiert des nouvelles concernant son beau-père et effectivement, elles ne sont pas bonnes. Pendant quelques instants, il reste silencieux. Il n’a pas envie de dire de bêtises. « Bien sûr que tu as peur, rien de plus normal. » Ils ne sont peut-être plus en bons termes, mais ce sont toujours ses parents. Avec un pincement au coeur, le néo-zélandais se dit que s’ils ne s’étaient pas mariés, ces relations ne se seraient sans doute pas dégradées à ce point. Il n’a jamais bien compris ses beaux-parents (ni même ses parents à vrai dire, mais c’est encore une autre histoire), en revanche il peut bien se mettre à la place de sa femme pour imaginer son inquiétude. « Est-ce qu’il est entre de bonnes mains à l’hôpital ? » Arlo ne connaît de l’Inde que ce que Laya lui a raconté et, même s’il estime être mieux renseigné sur leur culture que la plupart de ses compatriotes, ça ne veut pas non plus dire qu’il a beaucoup d’informations sur leur système de santé. « Ça s’est passé aujourd’hui ? » En tout cas, c’était forcément grave pour que sa famille la contacte. Il y a bien longtemps qu’ils n’ont plus de relations normales, alors oui, c’était obligatoirement une urgence - et c’est bien dommage d’ailleurs. « Qu’est-ce que tu penses qu’on peut faire ? » Tout en parlant, le Mehrtens caresse le bras de sa femme. Elle est déjà ailleurs, probablement en Inde en pensées et c’est bien compréhensible. En tout cas, il s’inclut évidemment dans la question, car ils travaillent en équipe. Le mariage, c’est entre autres ce que ça veut dire. « Tu voudrais aller le voir ? » Bien sûr, ce n’est pas extrêmement simple. Il y a les jumeaux, mais ça n’empêche rien. Son travail non plus ne l’empêche à rien même si à cet instant, la brune ne pense certainement pas à ça. D’ailleurs, pourquoi Arlo y pense-t-il ? Son cerveau masculin est certainement programmé pour se focaliser sur tous les détails pratiques. « Je peux m’occuper des enfants. » Au cas où ce ne serait pas évident. Ce serait une certaine organisation, évidemment, mais ça pourrait tout à fait le faire. C’est sûr que ce serait difficile pour Laya de les laisser, mais si elle décidait de prendre l’avion, le brun a déjà prouvé qu’en tant que papa il peut gérer tout seul. Ce n’est pas facile sans elle, mais il y arrive - rien d’anormal, d’ailleurs. « Ou tu voudrais qu’on y aille tous ensemble ? » Ça aussi, ce serait de l’organisation. Y a-t-il des vaccins à faire, pour les bébés, pour lui ? Pourrait-il poser des congés aussi rapidement ? Ce seraient des questions à considérer, mais Arlo est tout à fait prêt à le faire. Rien de bien sorcier après tout, puisque il s’agit toujours de travailler en équipe. Son cerveau masculin s’est déjà activé pour chercher des solutions, même s’il n’y en a aucune à proprement parler. Tenant toujours sa femme dans les bras, il est à l’écoute. « C’est toi qui me dis. »