dance the night away (andrea)

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Andrea&Rory
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L'année universitaire avait démarré sur les chapeaux de roues. D'ici quelques mois, Rory devrait valider son Bachelor Of Arts et, pour la première fois de sa vie étudiante, elle éprouvait une certaine appréhension à cette idée. Elle avait toujours été bonne élève, était sérieuse et assidue, mais elle n'avait jamais eu besoin de souffrir d'anxiété dix mois avant un examen pour le réussir. Elle soupçonnait donc que ce qui l'inquiétait réellement n'était pas tant l'angoisse de la page blanche que le fait de voir s'approcher une échéance qui la forcerait à prendre une décision pour son avenir. Depuis la rentrée, elle avait cependant préféré noyer cette idée dans des révisions acharnées, et cette frénésie commençait à l'épuiser. Alors, quand son amie Tina lui avait parlé de ce rendez-vous étudiant dans un bar en ville, Rory n'avait pas hésité longtemps : une petite fête lui ferait certainement le plus grand bien.

Le vendredi même, Rory enfilait donc sa petite robe noire préférée ainsi qu'une paire de sneakers qui l'aideraient à danser jusqu'à l'aube -ou en tout cas aussi longtemps que Tina le souhaiterait, car c'était elle qui conduisait ce soir-là.

Le bar s'était rapidement rempli, d'une majorité d'étudiants, certes, mais pas seulement. Dans le léger flou d'une margarita, il avait semblé à Rory apercevoir un couple de quinquagénaires et même une famille qui avait probablement prévu de boire une grenadine au calme -ils avaient bien mal choisi leur soirée.
Les heures passaient, les clients dansaient, la musique assourdissait, les margaritas s'enchaînaient... Rory ne distinguait plus que dans une vague poétique le corps de son amie qui ondulait au rythme des chansons. Elle savait un sourire béat collé à des lèvres qu'elle ne sentait pourtant plus, et la lumière tamisée du bar concourait à ce sentiment d'invincibilité que lui délivraient ses pas de danse. La jeune femme prit une photo, sans trop savoir ce qu'elle visait, déjà curieuse de découvrir le lendemain si l'alcool désinhibait son génie artistique ou si au contraire il élaguait à la machette ses quelques acquis. La forme abstraite de Tina s'éloignait progressivement et Rory plissa les yeux pour mieux en comprendre la raison -la raison, c'était un brun de leur promotion, dont le nom lui échappait mais dont Tina lui avait pourtant plusieurs fois parlé. Soudain las et esseulée, Rory laissa s'échapper un grognement en cherchant à envoyer un message à son amie pour lui rappeler de ne pas l'oublier, lorsqu'elle déciderait de partir. Les lettres de son clavier dansaient sous ses doigts et elle jugea qu'il n'était pas important que son orthographe soit irréprochable. Seulement, à peine en était-elle arrivée à la quatrième lettre du troisième mot de sa phrase que la brunette percuta quelqu'un. Elle avait continué d'avancer à la recherche de son amie mais avait surestimé sa capacité à se mouvoir de façon rectiligne sans même regarder où elle allait -et ce d'ailleurs, qu'elle fût sobre ou non. « Oh pardon, je regardais pas où j'allais... » Articula Rory dans l'espoir de couvrir le son de la musique. Elle releva ses yeux bruns sur la personne qui lui faisait face et, dans la demi-pénombre du bar, il lui sembla distinguer des traits familiers. « Heey ! Andrea, c'est ça ? » Elle la pointa du doigt en plissant les yeux, un sourire amical aux lèvres. Elle n'avait rencontré la jeune femme qu'une ou deux fois, au parc, lorsqu'elle avait emmené Lilly, et elle n'expliquait donc pas pourquoi, soudain, il lui importait de paraître plus sobre qu'elle ne l'était. Elle se redressa donc légèrement, tenta d'ouvrir ses yeux un peu plus grands et se promit d'agir de façon décontractée... mais pas trop non plus. « ça change de l'ambiance du parc... » plaisanta-t-elle « ...tu es venue avec des amis ? » Si Rory pensait se rappeler que son interlocutrice n'était pas étudiante, elle n'en tira aucune conclusion : elle pouvait être là par hasard ou pour la même soirée qu'elle, selon qui et ce qui l'avait motivée à sortir dans ce bar.

**○ inscrit le** : 07/09/2022

I took a walk on a Saturday night,fog in the air, just to make my mind seem clear where do I go from here? I see my breath pushing steam through the air, shaking hands run through my hair, my fears, where do I go from here?

Cela fait maintenant plus d'une semaine que mes amies m'ont dit de bloquer ma soirée. Il faut croire qu'elles me connaissent plutôt bien, puisque sans ça, j'aurais certainement cherché à me défiler au dernier moment, prétextant une autre occupation, au vélodrome ou à mon boulot. Pourtant, vingt-cinq ans, ça ne se rate pas et ça, Ollie n'a pas arrêté de me le répéter : pour son anniversaire, je pouvais bien faire un effort et me coucher un peu plus tard qu'à mon habitude. Dans le pire des cas, si j'étais fatiguée lors de mon entraînement, alors je pourrais toujours faire une sieste lors de ma pause du midi. Oui, elle avait clairement eu réponse à tout lors de notre conversation. C'est donc tout cela qui m'amène aujourd'hui, dans ce bar où la musique est un peu trop forte à mon goût à certains endroits. Toutes installées à une table, avec nos boissons qui nous accompagnent, je fausse compagnie à mes amies quelques minutes, juste le temps d'aller aux toilettes. À mon retour, une personne me coupe soudainement la route. Obnubilée par son téléphone, elle n'a visiblement pas vu que j'étais là. « Ce n'est rien. » Dis-je rapidement à l'attention de mon interlocutrice, histoire que la culpabilité ne prenne pas le dessus sur le reste de ses sentiments. Si elle avait eu un verre entre les mains et qu'elle me l'aurait renversé dessus, alors là, peut-être, j'aurais réagi différemment. « Andrea, c'est bien ça. Bonne mémoire. Mais ce soir, pour les intimes, c'est Sam ! » Une petite blague qui est maintenant devenue célèbre. Au moins, elle connaît ma position maintenant : je ne bois pas et je veille à ce que mes partenaires de soirée rentrent chez elle en un seul morceau. « Toi, c’est Rory. Ou alors, ma mémoire me joue des tours. » Nous nous sommes croisées plusieurs fois et nous étions un peu timides au début, mais nous avons finalement échangé nos prénoms et autant dire que ce n’est pas tous les jours que l’on croise quelqu’un d’aussi jeune au parc, avec des enfants, j’ai donc veillé à retenir son identité. La brune souligne que l’ambiance n’est pas la même qu’au parc. C’est le moins que l’on puisse dire. C’est plus bruyant, plus sombre et plus fréquenté. « Je suis ici avec des amies. Certaines sont encore à l’université. » De longues études.. tout ce que je n’ai jamais envisagé. Mais je suppose que sans ce séjour à Wellington, elles n’auraient peut-être pas eu connaissance de ce bar, réputé pour accueillir de jeunes étudiants. « Il faut croire que je ne suis pas si vieille que ça pour traîner dans ce genre d’endroit. » J’essaye du mieux que je peux de me rassurer. Je n’ai jamais été du genre à traîner dans des bars jusqu’à pas d’heure — j’ai toujours été plutôt du style concerts à cette époque, pour suivre Micah un peu partout dans le pays et comme souvent j’étais dans les loges, je suppose que c’était un peu différent comme ambiance malgré tout — et je remarque bien qu’aujourd’hui, les personnes ici sont en grande majorité plus jeunes que moi. Est-ce que je suis passée à côté de quelque chose ? Est-ce que j’essaye de me rattraper aujourd’hui ? Je n’irai pas jusque là. Je suis ici pour être avec mes amies et c’est tout, quand on ne boit pas, ce genre de soirée n’a pas la même saveur. « Et toi ? Tu es toute seule ? » Depuis le début de cette conversation, je scrute légèrement autour d’elle, espérant voir une personne s’arrêter — tout comme elle —, mais rien. Je ne la connais pas plus que ça, mais le pétillant que j’arrive à entrevoir dans ses yeux me laisse penser qu’elle a bu un peu plus de verres que moi, le tout avec de l’alcool. Je sais bien que le mal n’est pas partout, mais il serait facile pour n’importe qui de la prendre en grippe et de lui faire faire beaucoup de choses, avec ou sans son accord. C’est peut-être bête, mais je m’en voudrais de partir comme ça, sans m’assurer qu’elle a au moins une personne à ses côtés. « Tu es là depuis longtemps ? » Dis-je, tout en me rapprochant un peu d’elle pour qu’elle puisse m’entendre malgré la musique.

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Andrea&Rory
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Rory était étonnamment rassurée de tomber sur un visage familier après avoir égaré son amie dans la foule. Elle ne se sentait pas particulièrement menacée en compagnie de ses camarades étudiants, mais elle savait que son corps frêle et sa vision embrumée étaient autant de risques de se faire bousculer ou de tomber -au sol, ou sur la mauvaise personne. D'ailleurs, Andrea, elle, était parfaitement sobre. C'est ce qu'avait conclu Rory en l'entendant lui dire qu'elle serait Sam ce soir. Elle acquiesça d'un air entendu. « Sam, ça te va très bien aussi. Ça te donne un côté Totally Spies. » Pourquoi avait-elle dit ça ? Elle n'en savait rien. Elle s'en sentit d'ailleurs légèrement ridicule mais ne laissa rien paraître -il lui faudrait probablement attendre le lendemain matin pour se sentir mortifiée d'avoir paru moins cool qu'elle ne pouvait l'être. Inconsciemment un peu flattée que Andi se souvienne également de son prénom, Rory acquiesça. « C'est bien ça, Rory. Et pas vraiment Sam ce soir. » Confia-t-elle dans une petite grimace faussement honteuse. Non définitivement, elle aurait été la pire des irresponsables si elle avait été en charge de conduire ses amis sains et saufs chez eux. Andrea confia être venue avec des amis, dont certains étudiaient encore, et elle plaisanta sur le fait qu'elle pouvait encore fréquenter ce genre d'endroits malgré son grand âge. Rory donna une petite tape amicale sur son épaule et y laissa traîner sa main, non pas particulièrement volontairement mais plutôt parce que son corps semblait réagir au ralenti à ce que lui dictait son cerveau. « Vieille ? Toi ? » Incrédule, Rory réalisa qu'elle ne connaissait pas vraiment l'âge de son interlocutrice. Elle avait juste supposé qu'elle était "jeune", si ce terme avait un quelconque sens, et elle tenta de mieux examiner ses traits. Non, définitivement, elle n'était pas bien plus âgée qu'elle. « Mais tu as quel âge ? Je ne le répèterai à personne, on est entre nous ! » Elles n'étaient pas du tout "entre elles" puisqu'à peu près 100 personnes devaient les entourer de près ou de loin, et la question était peut-être trop personnelle, mais il faudrait attendre que Rory décuve un peu pour qu'elle ait honte de ne plus avoir aucune inhibition.
Lorsque Andrea lui demanda si elle était seule, Rory sembla se souvenir qu'à la base, elle ne l'était pas. Elle réfléchit un temps, regardant autour d'elle à la recherche de Tina. « Pas vraiment, mais un peu... Enfin, j'étais avec ma pote mais je ne sais pas tout-à-fait où elle est » Pour ne pas dire pas du tout. Elle n'avait seulement pas la certitude qu'elle était encore dans le bar. Il était tout autant probable que Tina soit en train de danser à deux mètres d'elle ou qu'elle soit partie batifoler chez son Jules. De la petite expérience qu'avait Rory des soirées alcoolisées, il n'était pas rare de perdre de vue certaines personnes pendant des heures sans explication apparente. D'ailleurs, c'est probablement par le même effet de distorsion spatio-temporelle qu'elle ne parvenait plus à savoir si cela faisait plutôt 30 minutes ou 4 heures qu'elle était dans le coin. Elle haussa donc les épaules. « Quelque temps... Juste le temps de danser un peu, quoi. Et toi, ça fait longtemps ? » Danser. C'était chouette, de danser. N'étant apparemment capable de penser qu'à une chose à la fois, Rory se souvint qu'elle aimait danser. Elle attrapa donc la main de la jeune femme pour la faire tourner sur elle-même. Cela l'amusa beaucoup mais malgré son manque de discernement, elle espéra que c'était réciproque. « Tu danses bien pour une "vieille" ! » La taquina-t-elle. Elle ne se serait bien entendu jamais permis ce genre de plaisanterie si la jeune femme n'était pas particulièrement jeune, justement. Ou si elle avait été sobre, probablement.

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Habituellement, lorsque je croise Rory, l’atmosphère environnante est plus calme – même si certains enfants hurlent parfois au parc. Dans ce bar, à Wellington, c’est quelque peu étrange selon moi. Surtout que je ne suis pas du tout dans mon élément. J’ai pourtant connu les concerts et la tournée de mon ancien petit ami, mais je ne sais pas, je trouve que c’est différent, que c’est moins personnel ici – peut-être parce qu’avec le temps, j’avais commencé à connaître des gens lors des soirées à Auckland ou ses alentours. Et puis, il y avait un spectacle aussi. Ici, à moins d’être l’actrice principale, c’est un peu pauvre. Le sujet évoqué amène rapidement mon âge sur le tapis. Ce n’est pourtant pas quelque chose que l’on demande à une femme habituellement, mais là, avec tous ces étudiants, je ne pouvais pas passer à côté – même si je pourrais facilement être encore sur les bancs de l’école si j’avais fait le choix de faire des études supérieures. « Je vais sur mes trente-six ans. On me dit souvent que je suis bien conservée et que ma crème de jour fait des merveilles. » Dis-je, alors que je m’avance un peu vers elle, pour être sûre d’être entendue. « Je rigole, j’ai vingt-quatre ans. » Mais peut-être que plaisanter avec elle n’est pas une bonne idée. Je ne la connais pas et j’ignore comment elle est quand elle boit quelques verres, mais si elle commence à croire tout ce que je lui dis, elle risque de vivre les montagnes russes émotionnelles en quelques minutes. À première vue, elle est seule. Mais je lui pose tout de même la question, ne voulant pas déranger si jamais elle se trouve au plein milieu d’une soirée romantique, ou que sais-je dans le genre. « Une heure, peut-être plus. » Dis-je, alors qu’elle me retourne la question précédemment posée au sujet du temps passé ici. Danser est visiblement quelque chose qui plaît à la jeune femme. Alors que nous parlons, elle commence doucement à se déhancher et il ne lui faut pas longtemps pour m'entraîner sur la piste de danse, me faisant tourner sur moi-même. La danse n'est certainement pas mon domaine de prédilection, mais j'ose espérer, que sur certaines musiques, le rythme se trouve naturellement. Visiblement oui, malgré mon âge.. à l'évocation du mot "vieille", je m'arrête net. Il faut croire que le respect pour les aînés est mort depuis longtemps. « Si la prochaine fois que nous nous croisons au parc, je ne t'adresse pas la parole, il ne faudra pas t'étonner. » Volontairement, je fais mine de faire la tête. Pas trop longtemps non plus, il ne faudrait pas qu'elle passe de la joie à la déprime en l'espace de quelques secondes. « Mais.. est-ce que tu t'en souviendras ? » À mon tour de la taquiner un peu, en espérant que l'alcool ne la fasse pas passer par toutes les émotions possibles. Il serait quand même dommage que je me retrouve avec une étudiante en pleurs si mes propos viennent la toucher en plein cœur. La musique continue de raisonner dans la salle et je me laisse porter, dandinant légèrement de gauche à droite – en espérant ne pas être trop ringarde. « Est-ce que tu viens souvent ici ? » J'essaye de me convaincre que Rory m'a entendu, mais avec le bruit environnant, je n'en suis pas sûre. « Je proposerais bien de t'offrir un verre, mais je ne sais pas si tu as encore soif. Ou alors, peut-être que tu préfères manger quelque chose. Je ne suis pas une experte, mais je crois qu'il est bien d'avoir quelque chose dans l'estomac quand on fait la fête. » Vu sa taille et son poids, je suis presque sûre qu'il lui faudrait avaler un food-truck entier pour ne pas trop ressentir les effets de l'alcool et encore, le liquide pourrait facilement se frayer un chemin. Je ne sais pas si elle a déjà eu l'occasion de manger ce soir, rien qu'un petit peu, mais je m'en voudrais si je devais la laisser seule, comme ça.

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Andrea&Rory
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Il fallut une seconde un peu trop persistante à Rory pour comprendre qu'Andrea plaisantait sur son véritable âge. Le premier réflexe de l'étudiante fut en effet d'entrouvrir la mâchoire, de baisser la tête et de lever un regard perplexe vers la jeune femme, comme si elle croyait -mais s'étonnait- qu'elle ait déjà trente-six ans. Même si ses réflexes et ses capacités cognitives étaient noyées dans quelques verres, la cadette Hallenstein finit par réaliser que, non, Andrea n'avait probablement pas découvert et tut l'existence de la fontaine de jouvence. Elle en eut la confirmation dans la foulée, lorsqu'elle apprit finalement qu'elle n'avait que vingt-quatre ans, soit finalement à peine plus de trois ans de plus qu'elle. « T'es con ! Mais très jeune, donc. Moi j'ai vingt ans. Enfin, bientôt vingt-et-un. » Précisa Rory, comme pour se grandir un peu, d'une manière étonnamment similaire à celle qu'avait sa nièce de se présenter à ses nouveaux camarades en précisant les "et demi" de son âge. Elle ne voulait pas qu'Andrea la prenne pour une adolescente écervelée et un peu frivole qui n'avait d'autre profondeur que celle que lui donnait la trop grande aisance de l'ingestion d'alcool... et elle serait bien déçue, le lendemain, lorsqu'elle réaliserait qu'elle s'y était précisément employée toute la soirée, en baragouinant des phrases mal articulées et en dansant sans raison apparente. Mais d'ailleurs, lorsque la jeune Saunders se stoppa dans ses mouvements en suggérant que Rory l'avait vexée, celle-ci l'imita et s'arrêta net, écarquillant des yeux si désolés qu'ils en paraissaient apeurés. Seulement heureusement, la mine visiblement faussement fâchée de Andrea étira les lèvres de Rory d'un sourire taquin et atténua sa crainte de ne l'avoir vraiment vexée. « Je me languirais bien, au parc, si tu ne me parlais plus ! » Rory adorait sa nièce, et elle aimait ses questions, ses rires, elle aimait la voir courir vers elle pour lui montrer un escargot ou lui présenter son nouveau meilleur ami pour la vie (pour la journée), mais il était également agréable de ponctuer ces interventions candides de conversations avec une autre adulte. Un instant, Rory s'imagina donc face à une Andrea de marbre, l'ignorant froidement sur le banc qu'elles partageaient habituellement, et elle réalisa qu'effectivement, elle avait déjà à moitié oublié la raison qui l'aurait poussée à la haïr. « Hm... non, tu as raison. Il faudrait que tu me réexpliques pourquoi on ne se parle plus. ça peut être gênant. » Tenta-t-elle de l'en dissuader en secouant la tête dans une moue exagérément empathique.
Elles reprirent ensuite leurs pas de danse, et Rory afficha un grand sourire en semblant cerner qu'Andrea se détendait peu à peu. De ses dires et de ce que Rory avait pu comprendre d'elle, elle n'avait pas l'air très à l'aise dans ce genre d'endroit, ce n'était probablement pas là qu'elle excellait le plus ou se sentait le plus dans son élément ; le fait qu'elle se laisse un tant soit peu prendre au jeu satisfit l'étudiante. Si elle-même aimait danser et profiter d'une jeunesse dont on lui avait dit qu'elle devait être consommée sans modération, elle n'était pas non plus une fervente partisane de l'ambiance boîte de nuit qui régnait dans certains bars. Elle savait s'y amuser, elle aimait s'y déhancher avec ses amis, elle aimait les conversations annexes dans la nuit fraîche devant l'établissement et l'étrange nostalgie qui animait ses pas alcoolisés ; elle en savait aussi les travers, le sexisme ambiant qui dissonait jusque dans le tri effectué à l'entrée, les regards lubriques non sollicités, les abus des uns et l'illicéité des autres, les interventions que devait parfois mener sa propre sœur pour sauver la vie d'un inconscient qui s'était cru plus résistant que le dernier mètre de shooters... Alors définitivement, Rory n'était ni une habituée, ni une aficionada de ce genre d'endroit. Elle y suivait généralement ses amis, mais elle y préférait généralement les soirées chez quelqu'un.e qu'elle connaissait et où elle savait que les déboires seraient moins nombreux. « J'ai dû venir une ou deux fois avant ça, pas plus. » Rory haussa une épaule nonchalante. Définitivement, ce n'était pas vraiment son QG. Lorsqu'Andrea suggéra de lui offrir un verre, le bon sens de Rory reprit le dessus et elle réalisa que ce n'était probablement pas une bonne idée. Elle était très loin d'être au bord du coma éthylique, mais elle préférait tenter de retrouver des idées claires maintenant que son amie avait disparu. Soit Andrea resterait avec elle jusqu'à ce qu'elle la retrouve, auquel cas Rory préférerait tenter d'être aussi sobre qu'elle, soit la jeune femme allait devoir lui fausser compagnie, et dans ce cas il valait mieux encore que Rory soit effectivement sobre, afin d'être en mesure de se débrouiller seule. « C'est gentil, je ne suis pas contre manger un bout, j'ai juste mangé quelques chips avant de partir... Tu as faim toi ? » Sur ces mots, le téléphone de Rory vibra. Elle y jeta un œil et vit que Tina lui avait envoyé un message, auquel il manquait quelques lettres : "desooo meuf jsui partie avc Henry, y a after chez lui viens !" La jeune Hallenstein grimaça. Henry, c'était ça, le nom du type. Il n'habitait pas loin, donc ils avaient dû s'y rendre à pieds... Et visiblement, Tina avait rattrapé son retard en alcool entre temps. Rory n'avait en tout cas aucune envie de la rejoindre, elle n'aimait pas vraiment l'air supérieur de Henry et était à vrai dire un peu fâchée que Tina l'ait laissée tomber de la sorte. Elle soupira. « Désolée faut que je réponde, c'est ma pote... elle est partie avec son "mec", sympa. » Rory tapota : "nn flemme je rentrerai direct chez moi tkt" le plus rapidement possible pour reporter son attention sur Andrea. « Bon, leçon de vie numéro 1 : mieux choisir ses amis ! »

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Tomber sur Rory est le fruit du hasard, mais à bien y réfléchir, cela aurait pu être bien pire. La personne percutée aurait pu avoir un verre d'alcool rempli – puis renversé sur mon haut – ou être malpolie. Mais à l'inverse de ça, le destin m'offrait l'occasion de partager un moment peu habituel avec la brune. Se croiser dans un bar est commun pour tout le monde, c'est vrai, mais pas pour nous puisque nous avons l'habitude de nous voir au parc, accompagnées d'enfants. D'ailleurs, avec l'état de la jeune femme et la discussion que nous avons, nous pouvons nous demander si nos prochaines rencontres ne seront pas un peu étrange là-bas. Si elle continue de penser que je suis vieille : sûrement. Je n'irai sûrement pas jusqu'à lui faire la tête, comme j'ai pu le dire, ou même lui rappeler toute cette discussion, ça n'aurait aucun intérêt. Le mieux, ce sera d'agir comme si de rien était. Enfin.. seulement si elle ne dit rien d'amusant qui pourrait être intéressant à ressortir de temps à autres. Histoire de prolonger un peu plus ce moment agréable, je propose à Rory de lui offrir de quoi manger, à défaut de lui donner un verre supplémentaire. À en voir ses échanges avec sa partenaire du soir, ce n'est pas une si mauvaise idée puisqu'elle semble désormais seule. « Les mecs avant les amies ? Ce n'est pas cool de sa part. » En théorie, c'est l'inverse que chaque femme est censée faire. Comme une histoire de solidarité féminine, ou que sais-je. Mais pour le coup, je suis plutôt mal placée pour juger l'amie de Rory, puisque j'ai déjà été dans une position similaire – à plus grande échelle même, si l'on veut être totalement honnête. « L'amour.. » Je ne peux retenir la grimace qui se dessine sur mon visage. Je ne sais pas exactement s'il y a de l'amour entre son amie et ce garçon, s'ils en sont déjà à ce stade-là, mais ce que nous pouvons éprouver avant nous fait parfois faire les mêmes bêtises. « Dans sa position, ce n'est pas toujours évident de faire la part des choses. Si je te dis ça, c'est parce que j'ai été à sa place. » Si dans ma tête tout semble clair, je comprends facilement au visage de mon interlocutrice que ce n'est pas le cas pour elle. Rien de surprenant là-dedans. Nous nous sommes déjà croisées plusieurs fois au parc, mais si nous en sommes encore au stade où il est nécessaire de nous rappeler nos prénoms, vous comprendrez bien que nous n'avons pas encore franchi l'étape où nous nous confessons l'une à l'autre. Enfin.. jusqu'à aujourd'hui. Car vu comment je suis partie, je vais devoir continuer sur ma lancée si je ne veux pas la perdre. « J'ai suivi un garçon à l'autre bout du pays, laissant ma famille et mes ambitions de côté. » Mes amis aussi, comme c'est le cas de Rory aujourd'hui, mais eux, je les incluais dans la première partie de ma réponse. « Je n'aurais pourtant pas dû faire ça pour lui, puisqu'il n'a pas hésité une seule seconde à me laisser seule le jour de notre mariage, tout ça pour aller faire de la guitare en Australie. » Guitare, c'est un terme un peu cruel, un peu réducteur face à ce qu'il est vraiment capable de faire. Mais là, même après un an, il faut croire que j'ai encore un peu de rancœur pour lui. « J’espère pour toi que ton amie n’en arrivera pas là elle aussi, tu vas devoir ramasser les pots cassés sinon. » Ce serait mentir de dire que je m’en suis sortie toute seule. Lorsque j’ai compris que Micah ne viendrait pas à notre mariage, j’étais au plus bas et si mes proches n’avaient pas été là pour m’épauler à tour de rôle, je crois que j’aurais cherché à creuser un peu plus profond encore. Bref.. assez parlé de moi, surtout qu’à ce rythme, elle va s’inquiéter pour son amie et dans son état, ce n’est idéal de vouloir partir à sa poursuite. « Allons manger quelque chose ! » Si je n’avais pas encore trop faim jusque là, avoir lancé cette idée à l’étudiante m’a donné l’appétit. « Tu préfères grignoter quelque chose ici ou aller trouver quelque chose à l’extérieur ? » Je ne connais pas ce bar et ses habitudes, mais ils doivent sûrement proposer quelques trucs à grignoter – en espérant que ce ne soit pas que des cacahuètes. Mais c’est dans l’optique où ça ne serait pas le cas ou que cette idée n’emballerait pas Rory que je lui propose d’aller ailleurs. « Ne t’inquiète pas pour mes amies, j’irais les prévenir de mon départ. Tant que je ne pars pas pour rentrer me coucher, elles ne devraient pas m’en vouloir. »

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Andrea&Rory
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C'était une Rory un peu déçue qui poursuivait sa soirée sans trop d'entrain. Elle était venue pour s'amuser avec l'une de ses meilleures amies de la fac, et celle-ci avait jugé judicieux de la laisser seule à son sort. Bien entendu, Tina n'était en aucun cas responsable ni de Rory, ni de l'état dans lequel elle se mettait, mais un peu d'empathie et de considération pour sa personne ne lui semblait pas une demande extravagante pour une amie digne de ce nom. Andréa semblait la rejoindre sur ce point. « Et en plus, le gars en question ne présente pas un grand intérêt, c'est franchement vexant. » Bien entendu, la valeur du copain de Tina n'avait pas beaucoup d'importance dans le problème. Il aurait pu être nobélisé -ou vainqueur de Mister Univers, qu'à cela ne tienne-, il ne fut pas d'homme d'un intérêt suffisant pour rompre une promesse faite à une amie. C'était le ferme principe sur lequel camperait Rory ce soir. Elle mettrait peut-être un peu d'eau dans son vin le lendemain mais, ce soir-là, il n'y en avait guère eu dans ses cocktails.
Heureusement pour la jeune Hallenstein, cependant, sa soirée était sauvée par la présence d'Andréa. Outre le fait qu'échanger avec elle était plaisant, c'était aussi rassurant. Elle oublia d'ailleurs très rapidement l'affront de Tina en débusquant la grimace qui tordit légèrement les traits de son interlocutrice lorsqu'elle prononça le mot "amour". Rory ne savait plus grand chose à cet instant, mais elle savait que cela cachait le souvenir d'une histoire… intense. Dans le bon ou le mauvais sens du terme, ça… « Tu n'es pas une grande fan de "l'amour" ? » S'enquit Rory, taquine plus que sérieuse. Elle arqua cependant un sourcil en entendant Andi lui confier qu'elle avait déjà été à la place de Tina. Cela ne faisait guère sens dans l'esprit embrumé de la jeune femme, puisqu'Andi venait de porter un jugement plutôt tranché -et que Rory partageait- sur ce genre de comportement. Heureusement pour les nœuds qu'elle commençait à se faire au cerveau, Andi développa. « Oh. » L'étudiante grimaça légèrement en entendant que Saunders avait tout quitté pour suivre un garçon. Parfois, ces décisions s'avéraient romantiques, passionnées et enivrantes, mais il semblait à Rory que l'unilatéralité du sacrifice destinait ces relations enflammées à l'échec. Malheureusement pour elle, Andréa n'avait pas fait exception à la règle. Rory écarquilla les yeux en entendant la suite de l'histoire, comme si elle regardait un épisode particulièrement prenant de sa série préférée. Trop d'informations arrivaient en même temps à ses oreilles ; Andréa avait prévu de se marier ? Il lui fallut rassembler tout son reste de bon sens pour ne pas s'enthousiasmer d'un "félicitations" très malvenu et très en retard. « Le jour-même ?! Impossible, quel abruti ! » Avoir des doutes, c'était normal. Renoncer à une promesse, cela pouvait arriver. Mais Rory ne voulait pas concevoir qu'on puisse être à ce point lâche qu'on ne prenne pas de décision avant qu'il ne soit trop tard -l'expérience lui donnerait peut-être tort, mais à ce jour, son jeune jugement ne tolérait pas que l'on fasse du mal à quelqu'un. « Il t'a prévenue comment ? Enfin, est-ce qu'il t'a prévenue, déjà ? » Rory se demandait sincèrement comment la scène avait pu se dérouler. Quel genre de texto envoie-t-on dans ces cas-là ? "Hey, désolé, finalement je vais faire de la guitare plutôt, mais profite du buffet !". Peut-être qu'il avait été odieux au point de la laisser deviner, après trois heures de retard, qu'il ne daignerait pas se montrer. « C'était il y a longtemps ? » La curiosité de Rory provenait d'une sincère affection pour Andréa, mais il était vrai que l'alcool diminuait ses filtres, et l'idée lui traversa -rapidement- l'esprit qu'elle était peut-être trop intrusive.
En ce qui concernait Tina, la cadette Hallenstein ne pensait pas sincèrement qu'elle planifierait de grand mariage avec son copain du moment. En revanche, elle pouvait très bien imaginer lui tendre un paquet de mouchoir pour estomper le mascara poudreux qui tapisserait ses yeux, après quelques heures d'épanchements dont il serait le seul objet. Rory soupira légèrement à cette pensée : pour ce soir, sa vengeance envers Tina consisterait à se convaincre que, le cas échéant, elle la laisserait seule essuyer ses larmes. D'ici là, la jeune étudiante avait d'autres projets. Ou plutôt un autre projet, et il répondait au doux nom de taco. « Il y a un camion à tacos à deux pas, ça te dit ? Je pourrais manger trois... non, quatre tacos. » C'était foncièrement faux, mais Rory en était alors convaincue, et elle parut presque fière et étonnée du si beau score de "quatre". « T'es sûre pour tes potes ? Je voudrais pas t'attirer des ennuis... ou faire de toi une Tina pour eux » Il lui sembla nécessaire de mimer l'inversement des rôles entre Tina et Andréa, ce qui ne devait avoir aucun sens. D'ailleurs, ses amis à elle n'étaient a priori pas seuls. « Désolée, tu avais peut-être prévu de finir ta soirée aux bras d'un ténébreux inconnu plutôt qu'au "roi du taco"... Si tu veux, je peux aller demander son numéro à lui, là-bas ? » Elle pointa dans la direction d'un jeune homme à quelques enjambées d'elles. « Je crois qu'il n'arrête pas de te regarder. » L'idée ne semblait aujourd'hui pas spécialement farfelue à Rory, mais, le lendemain, elle aurait probablement le même sentiment que si elle avait dansé sur une table et était tombée devant tout le monde. Elle voulait surtout s'assurer qu'elle n'avait pas gâché la soirée d'Andréa et, si elle pouvait s'en faire pardonner, elle se disait que le ridicule ne tuait pas. Pas ce soir, en tout cas.

**○ inscrit le** : 07/09/2022

I took a walk on a Saturday night,fog in the air, just to make my mind seem clear where do I go from here? I see my breath pushing steam through the air, shaking hands run through my hair, my fears, where do I go from here?

Si je me suis retrouvée dans la position de son amie, je le regrette aujourd'hui. Peut-être que si le mariage avait eu lieu, je ne dirais pas cela aujourd'hui, mais nous ne le saurons jamais et finalement, c'est peut-être arrivé pour une bonne raison. « Pas vraiment.. pour être honnête, la dernière fois où nous nous sommes parlés, c'était avant le mariage. » Dis-je, alors que Rory m'interroge sur la façon dont c'est arrivé, après avoir écouté mon histoire. Présumé mariage, mais l'idée reste la même. Nous étions tous les deux à des endroits différents, pour préparer le moment – notre moment – sans mettre à mal les différentes traditions et finalement, nous ne nous sommes jamais revus. Il est parti de son côté, déjà sûrement dans un avion lorsque je l'ai appris. Et après ça, je n'avais plus vraiment envie de le revoir. Encore aujourd'hui, je ne suis pas certaine de le vouloir. « Il a prévenu ses amis, qui ont ensuite pris le relai avec moi. » Vu notre style de vie des dernières années, ses amis étaient aussi les miens. C'est peut-être pour cela qu'ils ont rapidement su comment m'annoncer les choses et gérer mes émotions par la suite. Quand ton monde s'effondre, comme ce fut le cas avec le mien, c'est toujours bon d'être entouré et j'ai eu cette chance avec mes amis et ma famille. Une famille que j'avais pourtant laissée pour lui, aussi. « Ce n'était peut-être pas plus mal. » Je ne sais pas trop ce que j'aurais fait s'il avait été face à moi ou si je m'étais retrouvée seule face à un message sur mon téléphone. Je suppose que nous ne saurons jamais et c'est très bien comme ça. « J'ai toujours été accompagnée. Même si je me sentais un peu honteuse de tout ça. » Ce n'est pourtant pas un sentiment que j'aurais dû ressentir ce jour-là. Parce que c'était censé être l'un des plus beaux jours de ma vie, mais aussi parce que je n'étais pas fautive dans l'histoire. Pourtant, être seule face à toutes ces personnes, qui étaient finalement venues pour rien, ça m'a fait ressentir un sentiment un peu étrange. Et je crois bien que maintenant, un peu traumatisée par tout cela, je ne sais pas si je suis prête à repasser par la case mariage un jour, même plus tard. « Il y a plus d'un an, presque deux maintenant. » À bien y réfléchir, le temps passe relativement vite et pourtant, de temps en temps, quand cette histoire est ramenée sur le tapis, j'ai comme l'impression que c'était hier. Il faut croire que certaines blessures rendent les moments toujours plus réels, peu importe quand cela a lieu. « J'ai quitté ma vie d'avant et je suis revenue m'installer ici, non loin de ma famille et de mes amis d'avant. » Une séparation brutale qui m'a finalement permis de renouer avec mes racines et avec les objectifs que je m'étais fixée avant. Le vélo, une certaine indépendance, c'est tout ce que j'ai pu trouver, ou retrouver, à mon retour à Island Bay. Maintenant que Rory est seule, je lui propose de grignoter quelque chose. Ne buvant pas, je ne suis pas une experte, mais je suis presque sûre qu'il n'est jamais bon de boire avec le ventre vide. Alors si ma compagnie peut lui éviter un coma éthylique, autant en profiter – surtout qu'on ne sait pas vraiment sur qui elle pourrait tomber d'autre maintenant que son amie est partie. « Quatre tacos ? Il faudra peut-être que je commande avant toi, sinon je n’aurais droit qu’aux restes. » Je ne la connais pas suffisamment bien pour savoir si elle est du genre à s’enfiler plusieurs menus ou si à l’inverse, elle a un petit appétit. Si elle le dit, alors peut-être que je devrais simplement la croire. « Ne t’en fais pas pour elles, nous aurons l’occasion de faire d’autres soirées ensemble. » Dis-je, alors qu’elle évoque mes amies. Et puis, si je leur parle de Rory, je suis quasiment sûre qu’elles me pousseront à partir. Elles sont plusieurs, alors que la brune est seule et visiblement alcoolisée. Lorsque l’évoque la fin de soirée que j’ai pu m’imaginer, au bras d’un garçon, je ne peux m’empêcher de rigoler un peu. « Merci, mais non merci. » Depuis mon retour en ville, ma vie sentimentale est clairement mise en arrière plan – au dernier possible même. « Je vois que tu pourrais facilement dépasser mes amies en synonyme de Cupidon. Si tu te poses la question, ce n’est pas un compliment. » Dis-je, quelque peu amusée. Comme j’ai pu le dire un peu plus tôt, ça fait maintenant plus d’un an que ma dernière histoire s’est terminée et sans vraiment savoir pourquoi, elles se sont mises en tête de me retrouver quelqu’un – ce n’est pourtant pas ce que je cherche dans ma vie actuellement, surtout si c’est pour faire des rendez-vous arrangés. « On y va ? À moins que tu veuilles finalement son numéro pour toi ? » Si je le regarde un peu, je dois reconnaître qu’il est plutôt mignon, alors qui serais-je de la priver d’un numéro de téléphone gratuit ? À l’approbation de la jeune femme, au moins à la première de mes propositions, je m’éclipse quelques secondes pour récupérer mes affaires et prévenir mes amies. Puis nous quittons le bar et retrouvons une certaine quiétude à l’extérieur. « Tu semblais connaître le roi du taco, est-ce que tu y vas souvent ? »

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