In their minds • feat Jade & Milo

Lorsque tu finis par ouvrir un oeil, tu n’es pas à la maison. Le canapé ne te semble pas entièrement inconnu mais tu peux déjà clairement affirmer que tu n’es ni chez Jules ni chez Milo. Si tel avait été le cas, tu l’aurais de suite reconnu. Qui plus est, chez Jules, c’est plus souvent dans son lit que tu termines. C’est plus confort que son divan à moitié défoncé et, selon votre humeur, ça peut devenir également plus fun que prévu …
Non, ce matin, tu n’étais ni chez l’un ni chez l’autre. Une conquête peut-être ? Etrange que cela ce soit soldé par un réveil seule dans le salon et non dans la chambre. Tu te redresses, la tête encore embuée et souffles longuement. Tu passes une main dans tes cheveux en bataille et observes les contours de ta couche de fortune. Autour de toi, tout traduit une fin de soirée mouvementée. Lorsque tes pieds nus touchent enfin le sol, ils entrent en collision avec quelques vidanges qui s’entrechoquent. Le bruit fissure le silence de manière violente. “Merde” souffles-tu, une main posée sur ton front plissé sous l’élan d’une douleur caractéristique de ton état. Au fur et à mesure que ton champ de vision s’élargit, les carcasses de bouteilles se multiplient. Les verres à shot collent tous à une table basse de designer dont la patine venait clairement d’être foutue en l’air. Tu te lèves, fouilles dans le bordel t’ayant visiblement accompagné durant ces quelques heures de sommeil et retrouves tes affaires. Tu attrapes ton sac à main au pied du tapis et y fourres ton téléphone, tes clopes, ton briquet ainsi que quelques babioles s’étant renversées.

Dans ton dos, une voix cassée te fait sursauter et te retourner. “Yo. Ça va ? Pas trop mal au crâne ?” Le visage te faisant face est celui d’un vague pote de soirée. Il y a quelques mois, tu avais déjà partagé les platines à Wellington avec lui, et tu avais également déjà fini en after, ici-même, il y a de cela 3 ou 4 semaines. Ta mine soulagée le fait rire. Plutôt perspicace, celui-ci enchaine “Tracasse, t’as pas fini ta nuit chez n’importe qui.” Tu hausses un sourcil en pouffant “Ouais ouais. Mec, on ne se connait pas vraiment. Mais cool. Merci de m’avoir laissé dormir un peu.” Apres un bref échange concernant la veille, tu ne tardes pas et quittes les lieux, une petite bouteille d’eau à la main. Quand tu raconterais ça à Jules, tu te ferais surement encore engueuler !

Par chance, ce quartier t’es très familier. A quelques pâtés de maisons de là, se trouve la coloc de Milo. Incapable de t’imaginer rentrer jusque chez toi d’une seule traite, il est certain que tu ferrais un arrêt chez ton frangin. Ta marche est lente et supporter tes talons sans être un peu pompette te semble un enfer. Lorsque la porte d’entrée tant convoitée est en vue, tu trottines et te jettes sur cette dernière avec ta clé. A peine entrée, tu te délestes des chaussures assassines et laisses ton cri raisonner : “Milooooo c’est moi ! T’es là ?!” Tu déposes ton sac sur la commode de l’entrée, ne gardant que ton téléphone et ta bouteille d’eau dans les mains. En direction du salon que tu connais par coeur, tu continues ta tirade “Je suis en PLS. T’as pas envie de servir un café à ta frangine préférée ?” Te laissant tomber bruyamment dans le fauteuil, ta tête vient s’écraser contre le dossier alors que tu fais défiler les photos de la veille sur ton iPhone. “Faut que je prenne une douche. Je te piquerais des fringues le temps de rentrer et …” un grincement attire ton attention alors qu’une silhouette fait son apparition. Elle n’a clairement pas la carrure de Milo et bien plus d’atouts charme à ton goût que lui. “Ah. Toi t’es pas mon frère … Milo n’est pas là ?” Alors que tu avales une gorgée d'eau, ton regard en coin scanne l'inconnue. Il ne te semblait pas l'avoir déjà croisée.

Note:

Lorsque j’ouvre les yeux, il me faut quelques secondes pour rassembler mes idées. Je me sens bien, en sécurité. Sa chaleur m’enveloppe et pour rien au monde j’aurais envie de bouger. Son souffle dans mon cou m’indique qu’il dort à poings fermés. Je me souviens m’être écroulée dans ses bras mais c’est dans les miens qu’il est à présent. Son bras est posé en travers de mon ventre et le mien, sous sa tête. Mes doigts caressent distraitement ses cheveux. C’est si naturel, ça m’effraie presque. Mon regard se pose sur lui. Il est paisible quand il dort et je ne peux pas regretter ce qui s’est passé entre nous. C’était juste … Cette intensité, ce que j’ai ressenti. Ce n’était pas que physique. Impossible. Il y avait quelque chose de plus. Que ce soit chez lui ou chez moi. C’est comme si il savait quoi faire, comment m’embrasser, me caresser, où me toucher. Cette connexion est indéniable. Bien sûr, il reste que Milo est le meilleur ami de Sammy. La première fois on pouvait mettre ça sur le compte de l’alcool mais aujourd’hui, c’est différent. On était sobre, en pleine possession de nos moyens. On a lutté, lui comme moi mais j’ai craqué. Il faut dire ce qui est. Il a essayé, à deux reprises de stopper tout ça. Il a voulu faire la chose raisonnable. Sauf que j’étais incapable de réfléchir. J’ai laissé mon corps parler. Il a fait de même avec le sien et lorsqu’ils se sont unis, j’ai compris que je ne pourrais jamais oublier ce moment, où ce que je ressens actuellement. Ca va foutre le bordel. Et pour le coup, ce qui m’inquiète, c’est d’éclater la dynamique du groupe. Jusqu’à présent, personne ne sait que je me suis pris la tête avec Sammy. Sauf Ginny. On s’est bien gardé d’en parler à qui que ce soit. Alors je ne sais pas où tout ça nous mener. Tandis que mon esprit vagabonde, j’entends un éclat de voix dans le salon. C’est coutume ici ma parole. C’est une nana et elle appelle Milo. Sa sœur ?! Mes yeux se posent à nouveau sur lui  « Merde, merde, merde » je murmure. Il ne semble pas plus dérangé que ça. Il faut que j’y aille parce que si elle décide de débarquer dans la chambre, on est cramé. Et tant que le principal concerné et moi n’aurons pas eu une conversation, personne ne doit être au courant. Je retire délicatement mon bras de sous sa tête et m’extirpe du lit. J’enfile un short et chope le premier tee-shirt que je vois. Mes cheveux ressemblent à un nid d’oiseau alors j’opte pour un chignon vite fait et sors silencieusement. Ce n’est que lorsque j’arrive au salon que je me rends compte que j’ai pris le sien. Merde, dix fois trop grand. C’est foutu. J’essaie de rentrer les bouts de tissus trop flagrant dans mon short. Je trouve  sa sœur dans le fauteuil, un verre dans la main. J’essaie de garder contenance et lui adresse un sourire « Non, je suis Jude. Milo dort encore » je lui dis en fermant la porte du couloir, histoire de ne pas le réveiller « Apparemment il est sorti hier soir, il avait du sommeil à rattraper » J’ignore quelle heure il est et combien de temps nous avons dormi. Mais la présence de sa sœur n’est pas idéal. Lennon si je me souviens bien. Milo nous parle souvent de sa famille, j’ai donc retenu les prénoms de toute sa fratrie.