the very first time we met (alby)

the very first time we met
crédit/ formykidz ✶ @álvaro fletcher

Après un dernier coup d’oeil jeté dans la glace, Abby décide qu’elle est prête à sortir. Dans le salon, la jeune femme embrasse ses parents en prenant cinq secondes pour les rassurer : non, elle ne compte pas prendre le volant après avoir bu de l’alcool et oui, elle fera attention. Les habituelles recommandations de ses parents sont pleines de bienveillance et, souvent, Abby se dit qu’elle a de la chance d’être à la fois protégée et libre. Elle sait déjà qu’il n’y aurait pas eu meilleure famille possible. « Bonne soirée ! » Comme quasiment tous les vendredis - et les samedis - soirs, la Hallenstein s’éclipse. À l’image de la majorité des étudiants (et des jeunes en général), le week-end est consacré à l’amusement. Toute la semaine, Abby s’efforce d’être sérieuse, d’étudier, de bien faire ses devoirs, quand en réalité elle ne rêve que de s’installer derrière sa machine à coudre ou encore d’aller prendre des vagues. Alors le week-end, elle ne se gêne pas pour relâcher un peu la pression. Elle reste relativement raisonnable, car vomir dans un caniveau ou perdre toute dignité en étant filmée, ce n’est clairement pas dans sa liste d’envies. Mais oui, elle consomme de l’alcool, elle danse, elle dort tard pour se réveiller tard… Et bien sûr, elle le fait toujours en étant bien entourée. L’étudiante en droit n’aime pas sortir seule, ça doit être beaucoup moins amusant. Elle est très souvent avec Charli, la plupart du temps avec les autres aussi. Ils ne manquent généralement pas d’idées pour s’amuser, même s’ils se retrouvent régulièrement dans les mêmes endroits : bowling, karting, bar, boîte de nuit, restaurant… Tout dépend du moment et de l’envie. Ce soir, Abby retrouve sa bande habituelle dans le centre-ville de Wellington. Ils commencent par manger ensemble et c’est plus tard dans la nuit qu’ils atterrissent, sans trop de surprise, en boîte de nuit. Elles ne sont pas si nombreuses dans une ville qui malgré son statut de capitale n’a rien d’immense. Alors ils les connaissent assez bien, en fin de compte. La préférence de la néo-zélandaise va souvent au même endroit, adopté à l’unanimité pour ce soir. Elle a envie de commencer avec un verre, prenant d’abord un cocktail histoire d’entamer la nuit en douceur. « Au fait que les examens auront lieu seulement dans quelques mois ! » C’est à ça qu’elle trinque, préférant ne pas penser que c’est parce que la rentrée universitaire était encore relativement récente. « Et au week-end qui nous permet de nous échapper de nos bouquins ! » Après son premier cocktail tranquillement avalé, Abby commande un nouveau bar. Assise au bar, elle discute parfois avec d’autres étudiants - ou jeunes adultes - inconnus. Ses amis parfois dans le coin et à d’autres moments plus loin vaquant à leurs occupations, elle fait la connaissance d’un homme qui doit avoir environ vingt-cinq ans. Le courant passe bien et, si elle n’a pas d’arrières-pensées, Abby se dit que ça pourrait être sympa de danser avec lui. C’est peu de temps après que le barman lui a servi son deuxième verre que la soirée prend soudain une toute autre tournure. Sans qu’elle réalise bien ce qui se passe, la brune se retrouve prise dans un tourbillon d’actions qui s’enchaîne, la laissant presque sur la touche alors qu’elle est la première concernée. « Qu’est-ce que… » Abby ouvre de grands yeux sous l’effet de la frayeur, se retenant à grand-peine de pousser des exclamations horrifiées en dépit du fait qu’elle réalise difficilement quelle aurait pu être la suite sans l’intervention d’un jeune homme avisé et réactif, qu’elle ne connaît pas. Il y a de l’agitation tout autour, mais en dépit de son choc elle est obligée de lui dire au moins un mot. « Je… Je sais pas quoi dire, merci… Beaucoup… »

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crédit/ insporation ✶ @abby hallenstein

Comme pratiquement tous les week-ends, Álvaro allait mixer dans la plus grande boite de Wellington. Après avoir passé l'après-midi à travailler sur une instru pour Milo et à peaufiner la musique prévue pour la soirée, il prit le temps de se détendre autour d'un repas en compagnie de ses potes. A la colocation, l'ambiance était bon enfant, pourtant son meilleur ami paraissait la tête ailleurs. Une histoire de nana sûrement. Milo avait beau vouloir montrer le contraire, il était plus sensible et passionné qu'il n'y paraissait. Depuis le temps, Álvaro le connaissait un peu. Un peu plus tard, l'heure déjà bien avancée, il arriva à la boîte de nuit. Il ne se mettait jamais derrière les platines avant minuit, heure vers laquelle le lieu se remplissait beaucoup plus. Avant de venir, les gens sortaient manger et boire un verre. Álvaro débarquait quand même toujours un peu plus tôt que l'heure de son passage, histoire de vérifier son matos avant. Comme à son habitude, il arriva discrètement afin de ne pas se faire accoster vingt fois, il se fraya un chemin jusqu'au bar pour aller saluer les équipes. Il y avait déjà pas mal de monde ce soir. Passant derrière le comptoir, le dj tapa dans les mains des barmaids et barmans. Se mettant dans l'ambiance, il se servit un verre alcoolisé et rigola un moment avec eux. C'est alors que son regard aperçut le manège étrange d'un homme en pleine discussion avec une jeune femme. Il avait la nette impression d'avoir vu le type verser un truc dans le verre de la meuf mais il n'en était pas certain. Gardant un oeil en coin sur l'individu, il vida sa boisson. Álvaro devait encore aller vérifier que tout était bien installé, il allait bientôt commencer. Au même moment, la fille, accompagnée du gars, se leva et tituba, rapidement prise en charge par le type louche. Le sang du dj ne fit qu'un tour, son instinct le poussa à agir. Repassant de l'autre côté du comptoir, il rattrapa le duo, qui semblait-il se dirigeait vers les toilettes. Il posa une main sur l'épaule de l'homme pour l'arrêter. « Lâche-là. » Le type tenta de le repousser mais Álvaro resserra son emprise et le força à se retourner. Agressif, il argua que la jeune femme était malade et qu'il comptait l'aider mais le dj lui barra la route. S'ensuivit une série d'actions qui s'enchaina très vite. Menaçant, le type tenta d'en coller une à Álvaro. Le jeune homme évita le coup de justesse et rattrapa la brune qui faillit tomber. Elle semblait dans un état de demi-conscience. Témoin de la scène, et pensant qu'on s'attaquait au dj, un videur s'empressa d'écarter les gens autour et de se ruer vers eux, rapidement suivi d'un second. « Ne le sortez pas, on va appeler les flics. Je l'ai vu, il a mis un truc dans son verre. » Verre qui était encore sur le comptoir et pourrait servir de preuve. Toutefois, l'attention d'Álvaro se tourna vers la jeune femme, c'était elle la priorité. « Tout va bien, c'est terminé. » Murmura-t-il à son oreille. Voyant qu'elle perdait pied, il l'emmena dans une pièce plus calme, aidé d'un autre membre du personnel, où ils l'aidèrent à s'asseoir. Ahurie, elle cligna des yeux et retrouva un peu ses esprits. « Ça va ? » Demanda-t-il, d'une voix bienveillante. Quelqu'un apporta un verre d'eau pour la brune et lui confirma que les flics avaient été prévenus. Álvaro attendit qu'elle termine sa gorgée, puis reprit sur sa lancée. « Tu te souviens de quelque chose ? » Voyant qu'elle était dans la confusion, il s'empressa de la rassurer. « Tu n'as rien, il n'a pas eu le temps... » Sa phrase resta en suspens, cette simple évocation avait de quoi donner des frissons. « Tu es en sécurité maintenant. Il ne s'en sortira pas si facilement. » Se baissant à sa hauteur, il prit doucement les mains de la jeune femme dans les siennes comme pour la calmer et la rassurer. « Tu es venue avec des amis ? On va les appeler. » Préoccupé, il lui conseilla ensuite de vérifier que tout allait vraiment bien. « Ce serait peut-être bien d'aller voir un médecin... pour ce que tu as bu. » Heureusement qu'elle n'avait pas fini son verre, sinon elle serait complètement dans les vapes. A cet instant, Álvaro n'était même pas certain qu'elle comprenait tout ce qu'il lui disait. Les effets de la drogue n'avaient peut-être pas encore atteint leur paroxysme. Ces yeux vitreux chez la brune, ce regard vide, Álvaro était en mesure de reconnaître cet état.

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La difficulté à tenir debout, une altercation d’abord verbale puis physique, une intervention musclée - au milieu de toute cette agitation, Abby ne capte pas grand-chose en réalité. Dans les méandres de son cerveau embrumé, c’est comme si elle n’était pas consciente de tout ce qui pouvait bien se passer autour. Son esprit capte bien quelques mots par-ci par-là, lui faisant réaliser à quel point la situation peut être grave. Mais la jeune femme se sent un peu hébétée et c’est avec une certaine reconnaissance qu’elle se sent mise à l’écart de la petite foule qui s’est formée. Assise dans une pièce plus calme, elle pose une main sur ses jambes pour tenter de les empêcher de trembler. Une voix bienveillante, des propos rassurants et une présence réconfortante aident à l’apaiser un peu. Réalisant encore difficilement ce qui se passe, elle commence néanmoins à se sentir moins confuse. « Je… Oui, ça va. » Que pourrait-elle bien dire d’autre ? D’une main mal assurée, elle porte le verre d’eau à ses lèvres et est presque étonnée que ça lui fasse un peu de bien. « Non, je… Je me souviens pas vraiment de tout. Je sais juste que je discutais avec ce type que je connais pas et que quelques minutes plus tard, j’ai commencé à me sentir mal. Ça m’a donné envie de rentrer et… Et… Il m’a dit qu’il voulait me raccompagner… » Abby hoche la tête en signe de dénégation, d’un air incrédule. L’étudiante en droit ne l’aurait pas forcément laissé faire, car elle n’est pas non plus totalement stupide. Mais était-elle seulement en état de dire non ? « Est-ce que… Est-ce qu’il a fait en sorte que je sois dans cet état pour pouvoir me faire du mal ? » Sa question sonne d’une manière bien plus naïve qu’elle l’aurait voulu, mais comment aurait-il pu en être autrement ? Abby a peut-être son lot de défauts, mais elle conçoit difficilement qu’on puisse vouloir s’en prendre ainsi à un autre être humain. Ce sont peut-être des histoires qui malheureusement défraient trop souvent la chronique, et des pratiques contre lesquelles on l’a mise en garde plus d’une fois, il n’empêche que ça devient sa propre réalité, c’est bien plus perturbant. Et encore, les choses auraient pu être bien pires et le soulagement s’empare d’elle quand le jeune homme lui affirme qu’il ne s’est rien passé. Sous le choc et effrayée peut-être, mais au moins elle n’a rien et elle est en sécurité - de la chance dans son malheur, en quelque sorte. « Grâce à toi. Merci » murmure-t-elle encore, avant d’être à nouveau ramenée à la réalité. « Oui. Il faudrait repérer une rousse qui s’appelle Charli, ils doivent être ensemble et un peu angoisser de pas me retrouver au milieu de cette agitation. Est-ce qu’on peut leur dire que… Que je vais bien ? J’ai juste besoin d’un peu de calme pour me remettre de mes émotions. » La brune est pressée de les retrouver, mais elle est encore un peu dans les vapes. Néanmoins, elle tient à ce qu’ils soient rassurés et ce ne sera peut-être pas le cas effectivement avant qu’un médecin s’en assure. « Tu… Tu penses que c’est nécessaire ? » Et si ce n’était pas léger ? Et si ça s’empirait ? « Tu crois qu’on peut en faire venir un ici ou il faut se déplacer ? » Encore un peu perdue, Abby est néanmoins rassurée de ne pas être seule. C’est à ce moment-là qu’elle se rend compte que le brun qui s’est occupé du sale type lui tient les mains avec douceur, et ce contact chaleureux lui apporte du réconfort. Même si elle n’est pas dans son état normal, elle voit bien qu’elle a affaire à quelqu’un d’attentionné et de prévenant, en plus d’être courageux. « Heureusement que tu étais là. Tu dois vraiment me trouver idiote. »

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En dépit de sa confusion, la jeune femme avait conscience de ce qui s'était passé dans les grandes lignes. Ce type, qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, l'avait droguée et avait tenté de profiter de la situation. D'une voix chevrotante, elle lui résuma ce dont elle se rappelait. Quand elle s'était sentie mal et avait eu envie de rentrer, il avait pris l'initiative de la raccompagner. Les poings d'Álvaro se serrèrent à la simple idée de ce qui aurait pu se passer. Son but n'était pas d'effrayer la brune mais lorsqu'elle lui demanda si le type l'avait mise dans cet état afin de lui faire du mal, il préféra jouer franc jeu. « Je ne peux pas le prédire mais c'est sûr qu'il ne faut pas avoir des intentions très nettes pour faire ça. » Pour des personnes dotées d'un bon fond, il était difficile de concevoir que d'autres étaient prêts à causer du tort à autrui. Malheureusement, ça arrivait encore bien trop souvent. Toutefois, c'était la première fois qu'Álvaro en était témoin à la boite. En principe, Wellington n'était pas connue pour être dangereuse, même s'il y avait des déséquilibrés partout. Pour l'heure, l'attention du dj se concentrait sur la brune. Il s'inquiétait pour elle et tentait de la rassurer. « Pas besoin de me remercier, c'est bien normal. » Encore retournée, la jeune femme lui décrivit ensuite son amie, une rousse, et le dj transmit le message à un autre membre du personnel, tout en restant auprès d'elle. « Je m'appelle Álvaro et toi ? Je travaille ici, on va s'occuper de toi en attendant de retrouver tes amis. » Il réfléchit, puis suggéra une autre idée, au cas où ceux-ci ne seraient pas facilement retrouvés dans la boite. « On peut aussi leur envoyer un message ou leur téléphoner pour les prévenir que tu es ici ? » Après tout, tous les moyens étaient bon pour les contacter. Lorsque le dj conseilla ensuite l'idée qu'elle consulte un médecin, elle se demanda si c'était vraiment nécessaire. « Ça vaudrait mieux... On ne sait pas ce que tu as eu. Donc pour vérifier que tout va bien. Et ça pourrait servir aussi, si tu veux déposer une plainte par la suite. » Dans un premier temps, elle pourrait se rassurer sur son état. Pour le reste, ce n'était pas dans l'idée d'Álvaro de la pousser à quoi que ce soit mais elle pourrait y réfléchir à tête reposée, si elle souhaitait en parler plus tard aux forces de l'ordre, résultats sanguins à l'appui. De toute façon, comme il le lui avait dit, ce type ne s'en sortirait pas aussi facilement. Ce qu'il y avait dans le verre démontrerait déjà qu'il avait mis quelque chose dedans. Des agents allaient bientôt débarquer pour l'emmener au poste. « Pour le médecin, on peut voir pour en faire venir un ici ou si tu préfères y aller avec tes amis, c'est comme tu veux. » Même si le personnel de la boite surveillait son état, personne n'avait l'intention de lui imposer une consultation. « Comment te sens-tu à présent ? De l'eau et du repos. C'est ce qui te fera du bien. » Souffla-t-il, toujours à sa hauteur et ses mains dans les siennes. « Pas du tout, je ne pense rien de tel. Et j'aimerai que toi non plus. Tu n'as absolument rien à te reprocher. » Le seul crétin dans l'histoire, c'était celui qui avait initié l'incident, mais il n'avait plus à coeur de parler de lui, uniquement préoccupé de rassurer la brune. « Álva, ça va bientôt être à toi, qu'est-ce qu'on fait ? » Un de ses collègues venait de passer la tête dans la pièce et lui demanda les instructions pour son passage. En effet, il devait bientôt entrer en scène. Au vu des circonstances, personne ne lui en voudrait de repousser. « Pas maintenant. Trouve la raison que tu veux mais dis-leur que je serai en retard. »

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Face à la réponse à la fois franche et pleine de tact du jeune homme, Abby se contente de hocher la tête en signe d’assentiment. Bien sûr, c’est très prévisible - mais encore totalement incompréhensible à ses yeux. Alors elle tente de se concentrer sur le fait qu’il ne s’est finalement rien passé et que tout va donc relativement bien. Remerciant son sauveur de la soirée, elle sourit - encore un peu faiblement certes - quand il se présente. « Moi c’est Abby. » Même sans être tout à fait dans son état normal, la jeune femme ne donne pas son prénom entier, mais le diminutif que quasiment tout le monde a tout de suite adopté. « Tu fais quoi ici ? » demande-t-elle, cherchant en partie à faire abstraction du reste. « De ce que j’ai vu ce soir, ça t’irait bien d’être videur » affirme-t-elle, à nouveau un léger sourire sur les lèvres. Mais ce n’est pas lui qu’elle a croisé à l’entrée, sinon elle s’en serait souvenue. Abby est peut-être venue ici principalement dans le but de s’amuser avec ses amis, il serait difficile de rester totalement hermétique à la beauté du dénommé Álvaro. Elle chasse pourtant ces pensées pour revenir à la réalité. « Oui… On peut leur envoyer un texto ou les appeler. » Elle se sent idiote de ne pas y avoir pensé tout de suite. Farfouillant d’une main dans son petit sac à main, la Hallenstein en extirpe son téléphone portable qu’elle déverrouille grâce à la reconnaissance faciale. Puis elle cherche le contact de Charli dans ses favoris, avant de se rendre compte qu’elle a déjà reçu plusieurs appels et autres messages. « Tu veux bien le faire pour moi, s’il te plaît ? » Abby n’a pas envie d’avoir l’air d’une assistée, mais elle n’a pas encore les idées tout à fait claires. Elle veut seulement rassurer ses meilleurs amis, tout en continuant de se remettre de ses propres émotions. « D’accord… Je… Je préfèrerais qu’un médecin vienne ici, si c’était possible. Sinon, je me débrouillerais autrement. » Mais dans l’immédiat, l’étudiante en droit n’a pas une envie folle de bouger. Elle n’a pas non plus envie de traverser à nouveau la boîte de nuit bondée et agitée, préférant rester au calme pour l’instant. Elle pense simplement à vérifier que son portefeuille est bien dans son sac. Abby ne sort jamais sans argent liquide ni carte de crédit, même si elle s’efforce toujours de ne pas montrer qu’elle est issue d’une famille fortunée. À l’instant, ça lui facilite seulement la vie parce que s’il faut faire déplacer un médecin, elle imagine que les frais peuvent être élevés. « Ça va… Ça va mieux, merci. » De l’eau et du repos, il a raison, c’est ce qu’il lui faut. Et en même temps, il n’hésite pas à la rassurer, preuve supplémentaire de sa sollicitude. Elle a un sourire un peu piteux, mais reconnaissant. Elle veut s’efforcer de penser comme lui, même si ce n’est pas facile pour elle. En attendant, elle est au moins bien accompagnée, mais fronce légèrement les sourcils en apprenant qu’Álvaro est attendu. « Oh… Tu dois travailler, c’est ça ? Je suis désolée, je veux pas te déranger, ni te causer des ennuis. » La brune ne voudrait pas être un poids, même s’il faut bien avouer qu’elle trouve beaucoup de réconfort dans la présence rassurante du jeune homme. « En tout cas, tu sais ce qu’on dit, il paraît que certains héros ne portent pas de cape » sourit-elle, pas pour le flatter, mais seulement pour qu’il comprenne à quel point elle est reconnaissante. Il est certes naturel de venir en aide à un être humain en détresse, mais ils ne se connaissent ni d’Ève ni d’Adam et rien ne l’oblige à prendre du temps sur son travail pour la rassurer, lui apporter de l’eau, contacter ses amis ou le médecin, ou quoi que ce soit dans le genre.

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Attentif à l'état de la jeune femme désorientée, Álvaro tenait à ce que tout se passe bien pour elle. Après lui avoir brièvement expliqué la situation, il se présenta et précisa qu'il travaillait dans la boite. A son tour, elle lui partagea son joli prénom, ou ce qui semblait un diminutif et elle s'interrogea sur son poste, pariant sur videur au vu de son intervention tout à l'heure. Amusé par la supposition de la brune, il pouffa de rire. « Ça aurait pu, mais non. On me voit plutôt derrière les platines. » Le dj proposa ensuite à Abby de joindre ses amis par téléphone, elle accepta et le lui tendit, trop à l'ouest pour s'en charger. « Oui bien sûr. » Pas besoin de chercher dans le répertoire. Inquiète, la dénommée Charlie avait envoyé un message à la recherche de son amie. Álvaro répondit au texto en indiquant où les trouver. La question du médecin se posa finalement. Comme Abby ne semblait pas avoir quelqu'un de précis en tête et qu'elle préférait une consultation sur place, il proposa de s'en occuper aussi. « Ok, je peux appeler le mien, c'est une amie de la famille. » Cette histoire résonnait en lui car elle lui rappelait un peu ce que sa soeur avait vécu. Certes, les deux récits étaient complètement différents mais tout comme Mia, Abby avait été prise pour cible par un individu sans morale. Le médecin de famille avait déjà pris soin de sa soeur à l'époque. Amie de longue date de ses parents, les Fletcher disposaient de son numéro privé, pouvant l'appeler à tout heure. C'est ainsi qu'Álvaro la contacta et réussit à l'avoir en dépit de l'heure tardive. Il résuma la situation et elle se mit en route aussitôt. L'appel terminé, il se rapprocha à nouveau d'Abby et s'assura qu'elle se sentait toujours « bien » d'un point de vue physique. Émotionnellement, la jeune femme aurait besoin de redescendre un peu. Bien sûr, elle vivait mal la situation et il n'en fallu pas plus pour qu'elle s'interroge sur son « idiotie ». La victime qui se blâme pour ne pas avoir réussi à anticiper, Álvaro en avait aussi été témoin auprès de Mia et il s'empressa de la rassurer. Pour l'heure, c'était encore trop frais pour Abby, il lui faudrait du temps pour digérer. Sur ces entrefaites, un de ses collègues se manifesta pour voir où il en était. Álvaro indiqua qu'il commencerait un peu plus tard que prévu puis se tourna vers Abby. « Ce n'est pas le cas, ne t'en fais pas. Et puis, il parait que c'est à la mode d'arriver en retard dans le monde de la musique. De se faire désirer. » Il mima un air de diva et rigola de sa bêtise. La brune le qualifia alors de héros même si Álvaro ne trouvait rien de plus normal que de lui être venu en aide. « Il parait, oui. » Au même moment, les amis d'Abby venaient de les rejoindre. « Je vais vous laisser, vous avez certainement plein de choses à vous dire. » Et en effet, maintenant que la brune n'était plus seule, il pouvait aller bosser l'esprit tranquille. Un coup d'oeil à son téléphone lui confirma que la doctoresse était quasiment là. « Le médecin va bientôt arriver. Tu serais d'accord pour me donner ton numéro ? Juste pour prendre des nouvelles. » Il y tenait. Enfin, il se redressa et invita le groupe à entrer, leur indiquant qu'ils pouvaient rester aussi longtemps que nécessaire, puis il prit congé puisque la jeune femme était entre de bonnes mains. « A bientôt Abby, prends soin de toi. »

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Prénoms échangés, Abby interroge ensuite Álvaro sur la nature de son métier en ces lieux. « Oh, tu mixes ? Enfin, tu es DJ ? » Elle ne connaît pas les termes professionnels exacts. « Ça a l’air sympa. » Ce n’est sûrement pas pour elle, mais il n’empêche que ça doit être appréciable. En tout cas, quelles que soient ses fonctions, le jeune homme semble en tout cas être une personne attentive et dévouée. Il accepte sans problème de contacter les personnes avec lesquelles la jeune femme est venue ici, en s’occupant d’envoyer un texto à une Charli qui doit déjà être paniquée. « Merci, c’est gentil. » Il propose également d’appeler son médecin traitant, une amie de la famille d’après lui. « Ce serait parfait. » Ou en tout cas, autant que ça puisse l’être dans ce genre de situation. Toujours un peu sonnée, Abby ne se sent pas encore tout à fait dans son état normal. La Hallenstein arrive à discuter avec Álvaro, mais en ce qui concerne la prise de décisions et la suite des événements de la soirée, elle se laisse plutôt porter par lui. Et il faut dire que c’est un soulagement, de pouvoir compter sur quelqu’un de fiable et de digne de confiance. Abby regrette qu’il n’y ait pas plus de personnes comme lui ici bas, et mois de tarés comme celui auquel elle a failli avoir à faire. Au moins, la néo-zélandaise n’a pas à se préoccuper du médecin, le brun passant son coup de fil avant de revenir auprès d’elle. Il continue à s’enquérir de son état, restant auprès d’elle même quand il est sollicité pour faire son travail. Abby se sent gênée, mais elle est quand même soulagée qu’il ne s’en aille pas tout de suite. Le médecin n’est pas encore là, ni Charli et les garçons. « Tu pourras toujours dire que c’est à cause d’une fille, je suis sûre que c’est le genre d’excuse qui passe mieux » sourit-elle, un léger rire s’échappant des lèvres au moment où le DJ prétend prendre un air de diva. Ça la détend un peu, et c’est encore plus le cas quand ses meilleurs amis pointent le bout de leur nez. Ils ont l’air terriblement inquiets, alors l’étudiante en droit s’empresse de leur sourire. Elle se tient prête à répondre à leurs questions, en dépit de la fatigue qui commence à la gagner. Mais avant qu’ils entrent, elle se tourne vers son sauveur. Elle a compris qu’il allait bientôt s’en aller. « Merci beaucoup… Vraiment. » Elle n’a pas vraiment les mots. Mais elle pense qu’Álvaro a bien compris sa reconnaissance. « Bien sûr… Je te donne mon numéro sans problème. » Elle serait même ravie de rester en contact avec lui. « Envoie-moi un texto ou appelle-moi quand tu veux. » Elle n’a peut-être rien d’intéressant à raconter, mais au moins comme il dit, ils pourront échanger des nouvelles. « À bientôt, travaille bien ! » Dorénavant, si jamais elle arrive à remettre les pieds ici, Abby sera plus attentive à la personne derrière les platines. Mais elle a pour l’instant du mal à imaginer revenir dans le coin, ayant besoin de temps pour mettre ce fâcheux incident derrière. En attendant, elle accueille ses meilleurs amis avec un soulagement palpable. Elle les prend immédiatement dans ses bras, en commençant par Charli. Puis elle s’efforce de les rassurer en quelques mots. « J’attends un médecin, puis ensuite… Et si on rentrait ? J’ai besoin de… De calme. » La brune n’a pas forcément envie de s’attarder dans les parages. Elle a envie de retourner à la maison, même s’il faudrait peut-être attendre de redescendre histoire de ne pas trop inquiéter ses parents. Abby n’a pas forcément l’intention de leur en parler, se contentant d’attendre l’arrivée du médecin et ses recommandations en compagnie de ses meilleurs amis. « Merci d’être vite arrivés et pardon de vous avoir angoissés. »