being outlaws (josh)

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crédit/ tumblr ✶ josh

On ne peut pas vraiment dire que l'année deux mille vingt-deux s'est terminée de la meilleure des façons et deux mille vingt-trois n'a pas forcément mieux commencée – même si j'ai eu la chance de voir Freya débarquer au Portugal. Mais maintenant que je suis de retour à Island Bay, chez moi, je suis bien décidée à repartir sur de meilleures bases et ça, personne ne m'en empêchera, pas même Elio ou Hunter. Oublier le passé et avancer, c'est ce que j'ai de mieux à faire, surtout maintenant que j'ai une nouvelle colocataire et pas n'importe laquelle. Si je vais mieux aujourd'hui et que j'ai pu passer outre la rencontre surprise d'avant les fêtes de fin d'année, c'est en partie parce que j'ai été entourée. J'ai pu passer du temps avec ma famille, au Portugal, avec ma meilleure amie et avec celle pour qui j'éprouve des sentiments, et ça, je me suis rendu compte que ça n'avait pas de prix. Alors quand j'ai remarqué que quelque chose tracassait mon colocataire, Josh, je suis naturellement allée vers lui – surtout qu'il a su m'écouter quand j'en avais besoin. J'ai commencé par quelques gestes de gentillesses, des gâteaux par-ci, des soirées détentes par là, jusqu'à ce qu'il décide de s'ouvrir à moi. Quand il m'a parlé de sa mère, je n'ai pas vraiment su où me mettre. C'est pourtant quelque chose que j'ai vécu avec Lissandro, mais il faut croire que pour rassurer les gens dans ces moments-là, je ne suis pas douée. Cependant, quand il a évoqué un voyage à Wellington pour nettoyer un peu son lieu de recueil, je me suis proposée pour l'accompagner. Vu son état, il était préférable qu'il ne soit pas seul pour aller là-bas. C'est donc un week-end, pour ne pas être embêtés par nos boulots, que nous nous rendons dans l'une des maisons où il a grandi. Le bâtiment est vide et cela depuis de nombreuses années, mais je ne peux m'empêcher de paniquer un peu. « Est-ce que tu es sûr que nous avons le droit d'être ici ? » Certes, personne ne vit ici. Néanmoins, je doute que ça nous donne le droit d'être là : il doit bien y avoir un nom sur l'acte de propriété et je doute que cela l'enchante de nous savoir ici. « Oublie, c'est mieux que je ne sois pas au courant. Moins j'en sais et moins je pourrais en dire quand nous nous retrouverons en garde-à-vue. » Je balance légèrement ma tête de gauche à droite, comme pour oublier les pires scénarios qui commencent doucement à se dessiner dans ma tête. « Tu viens souvent dans le coin ? » Wellington n'est pas très loin de notre appartement, alors ça reste une possibilité.

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crédit/ mezoereed ✶ @riley carvalho

Si Josh s’estime tout à fait chanceux de la vie qu’il mène aujourd’hui, il faut néanmoins dire qu’il y a des jours un peu plus compliqués que d’autres. À l’époque où il avait des séances obligatoires chez la pédo-psychiatre, cette dernière lui avait expliqué que ses traumatismes de l’enfance risquaient bien de le poursuivre toute sa vie. Même s’il a été accueilli avec tout l’amour du monde chez les Wairua, il n’empêche que neuf années très difficiles s’étaient déjà écoulées. Entre son sentiment de culpabilité quant à la mort de sa mère, les accusations lancées par un père indigne et les mauvais traitements infligés en famille d’accueil, il n’a clairement pas été épargné. Et même si aujourd’hui tout va relativement bien, il y a encore des moments où le jeune homme est plus triste que d’autres, des éléments qui le replongent plus facilement dans son passé en ne lui laissant pas beaucoup de répit. Sans forcément parler de côté sombre, Josh se trimballe encore avec ses casseroles sans réussir à s’en débarrasser. Ces derniers jours, il n’était pas tellement dans son assiette. S’efforcer de faire bonne figure aux yeux de tout le monde n’était visiblement pas suffisant, puisque l’une de ses colocataires - celle qui le connaît depuis le plus longtemps - a visiblement remarqué qu’il n’était pas tout à fait dans son état normal. En plus de gentilles attentions touchantes, elle s’est également proposée pour pour l’accompagner au moment où il a évoqué l’idée d’aller nettoyer un lieu symbolique où il se recueillait plus jeune. Maintenant, elle a l’air de regretter et il ne peut pas franchement lui en vouloir. Il ouvre la bouche pour répondre à sa question quand elle se ravise, ce qui le fait sourire. « Au pire, si on se retrouve en garde-à-vue, tu pourras dire que c’est moi qui t’ai obligée à venir ici. » Réalisant soudain ce qu’il vient de dire, Josh se retourne pour faire face à Riley. « Non en fait, ne dis pas ça, sinon je risquerais de ne pas sortir avant un bon moment. » Pointant à nouveau la lampe de son téléphone au loin, il avance en s’efforçant d’oublier ses émotions à l’idée de revenir dans cette fichue maison désormais abandonnée. « Pas souvent, non. Disons que j’en garde pas franchement de bons souvenirs. Mais… Ma mère est enterrée à Rotorua. Ça fait un peu loin, pour aller se recueillir. C’est pour ça que petit garçon, je déposais des fleurs pour elle dans cet endroit du jardin, qui était assez caché pour que je me sente un peu seul. Aujourd’hui, ils ont coupé les arbres. » Finalement arrivés à l’endroit dit, le brun reste un instant les bras ballants, comme s’il ne savait plus très bien quoi faire. « Tu trouves ça stupide, de continuer à penser à quelqu’un qu’on n’a jamais connu et qu’on a perdu il y a presque vingt-sept ans ? » demande-t-il à voix basse, plus ému qu’il ne voudrait le reconnaître à haute voix.

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Dernièrement, Josh a été là pour moi, même s’il ne connaissait qu’une infime partie de mon histoire. Alors forcément, quand j’ai vu que quelque chose le tracassait, je me suis proposée pour lui tenir un peu compagnie. Est-ce que j’aurais fait autrement si j’avais su que je me retrouverais dans une maison abandonnée — avec possibilité de me retrouver au commissariat pour le reste de la journée ? Peut-être. Peut-être pas. Je suis plutôt du genre calme, je l’ai toujours été. Alors autant dire que désobéir aux règles ne fait pas partie de mes habitudes. Cependant, si Josh aurait dû venir ici seul, je crois que je m’en serais voulue à un moment donné. Et puis, de toute manière, il est maintenant trop tard pour faire marche arrière. Pour m’éviter des problèmes, le jeune homme me propose de faire reposer tout cela sur ses épaules. Mais il finit par se rétracter, de peur d’être coffré pour une certaine durée. À cette réflexion, je ne peux m’empêcher de sourire un peu. Nous sommes ici à deux, je ne vais quand même pas le laisser passer la nuit au commissariat seul — si nous devons en arriver là. Arrivés sur place, j’interroge Josh sur la fréquence où il vient ici. Si j’ai accepté de l’accompagner sans broncher, on ne peut pas vraiment dire que je me suis beaucoup renseignée sur le sujet avant. Sans trop d’hésitation, mais avec beaucoup d’honnêteté, mon colocataire me répond. Il était encore jeune quand il est arrivé ici, alors ce n’est pas déconnante. Et pour être honnête, s’il ne l’avait pas été, ça n’aurait pas non plus été bête comme geste. Mais ça, il ne semble pas en être convaincu, au point même qu’il me questionne là-dessus. « C’est ta mère, je trouve ça plutôt logique en réalité. » Inconsciemment, notre idéal de famille colle à celui qu'on cherche bien à nous montrer. Il ne l'a jamais connu, c'est vrai, mais elle fait partie de lui. « Si tu faisais cela pour un inconnu, à la vie banale, j'aurais un peu plus de mal à comprendre. » Quelqu'un vu sur un paquet de céréales ou quelque chose comme ça, et encore, on ne figure pas sur de la nourriture si on est quelqu'un de banal. « En réalité, je trouve cela courageux de ta part. Même si ce n'est pas réellement sa tombe, tu fais quelque chose pour elle. » C'est peut-être bête, mais malgré les embûches qu'il a pu connaître, il a l'air plus attaché au mot "famille" que je ne le suis. Pourtant, quasiment tous les membres de la mienne sont encore là. Mais tout n'a pas toujours été simple entre nous, c'est d'ailleurs sûrement pour cela que je leur cache encore la vérité sur mon orientation sexuelle. Une déception de plus, pour eux, ce serait dommage. « Ça va bientôt faire trois ans que mon frère est décédé. Il est juste à côté et pourtant, j'ai dû aller le voir que deux fois. » Ce n'est en rien une compétition, mais je voudrais faire comprendre à Josh que la définition d'une famille ne se fait pas seulement à la proximité de ses membres. Certes, il ne connaît pas sa mère — à cause d'une raison dramatique, mais ça ne veut pas dire qu'il ne peut pas se recueillir et chercher à créer une connexion, quel qu'elle soit.

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crédit/ mezoereed ✶ @riley carvalho

Revenir dans cette maison, même si elle est abandonnée, n’est jamais une partie de plaisir en réalité. Mais c’est ancré dans son histoire et Josh ne peut pas non plus oublier - hélas - ni faire comme si ça n’avait jamais existé. Alors il revient parfois ici, comme s’il voulait se recueillir dans l’endroit qu’il a à l’époque dédié à la mémoire de sa mère. Petit garçon abandonné, perturbé et traumatisé, il avait besoin de ça pour tenter de s’ancrer à la réalité et chercher à créer un lien qui n’a jamais réellement existé à ses yeux. Aujourd’hui, c’est simplement une manière de se souvenir, comme une forme de respect pour celle qui a donné sa vie pour la sienne. « Oui… J’essaye, comme tu dis. » Les propos de Riley le réconfortent presque malgré lui. Ils n’ont pas vécu les mêmes choses sur le plan familial, mais elle essaye au moins de le comprendre et surtout, elle est là alors qu’il n’y a aucune obligation. Néanmoins, elle aussi a connu le deuil, sans doute plus que lui d’ailleurs si on peut dire ça comme ça. « Tu as sans doute tes raisons, pour ne pas aller sur la tombe de ton frère plus souvent que ça. » Chacun a les siennes et personne ne peut juger. D’ailleurs, Riley n’a peut-être pas envie d’en parler plus que ça et c’est aussi compréhensible. Poussant un soupir, le jeune homme s’agenouille et commence à dégager l’endroit des saletés accumulées. « Tu veux bien me tenir ce bouquet, s’il te plaît ? » Josh a apporté des fleurs, qu’il confie à son amie le temps de mener à bien sa mission de nettoyage. Il ne dit pas grand-chose pendant quelques instants, occupé à essayer d’éviter la poussière. Puis il se redresse, relativement satisfait. « Cette maison est abandonnée depuis plusieurs années déjà. Une fois que les services responsables ont découvert les mauvais traitements infligés dans ce foyer par la famille d’accueil, les sanctions sont tombées. » Maigre satisfaction, mais au moins ça ne se reproduira plus ici. « J’aurais pas osé demander à Leona de m’accompagner, j’ai pas très envie qu’elle me voit dans cet état, si tu vois ce que je veux dire. »

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La vie n’est pas toute rose et ça, je l’ai très vite compris. Au lycée d’abord, puis plus tard avec le décès de mon frère aîné. Étant à plusieurs milliers de kilomètres lorsque c’est arrivé, je n’ai pas eu l’occasion d’assister à ses funérailles et après ça, le sujet de Lissandro a bien souvent été tut lors des repas de famille — un fils décédé des suites d’une overdose, ça ne colle pas à la bonne image de la famille. Depuis, j’ai eu l’occasion d’aller le voir. Mes visites au cimetière peuvent se compter sur les doigts d’une main — c’est rarement l’endroit où l’on aime se rendre —, mais c’est sûrement mieux que rien. Surtout que j’ignore si mes parents et Elio viennent. J’ai un doute. Néanmoins, naïvement, j’ai envie de croire qu’ils ne le laissent pas de côté pour les erreurs qu’il a pu commettre. Pour les drames, notre famille n’est pas à part. Si c’est quelque chose que je ne savais pas déjà, je l’aurais rapidement compris avec l’histoire de Josh. Il n’a jamais connu sa mère, puis s’est retrouvé dans des familles qui ne devraient pas avoir le droit de recueillir des enfants. Là, il a vécu un calvaire, jusqu’à croiser le chemin de la faille Wairua qui l’a enfin aimé à sa juste valeur. Je sais tout cela et je suis admirative de son courage. Parler de notre passé n’est pas quelque chose que nous faisons fréquemment, préférant sûrement laisser tout cela derrière nous, dans l’espoir de jours meilleurs. Et ça, j’ai comme la conviction que nous pouvons y arriver : Freya n’est plus avec mon frère, tous les espoirs sont permis ! Lorsqu’il me tend le bouquet de fleurs, je me contente de l’attraper et d’attendre qu’il nettoie un peu l’endroit. Je pourrais l’aider, mais ce serait sûrement un peu déplacé. Cet endroit est le sien, à lui et à sa mère. En plus, même si je doute que son esprit soit là, je ne voudrais pas finir maudite pour les dix prochaines années. Lorsqu’il évoque ce qui a pu se passer dans la maison derrière nous, je grimace un peu. Je dois avouer que cette sortie est un peu flippante quand on y pense un peu. Comme il dit, heureusement qu’il n’a pas amené Leona ici. Cette pensée vient d’une conclusion qui n’est pas la même que la mienne, mais l’idée est bien là — pour le côté flippant selon moi, pour l’image qu’il pourrait lui renvoyer selon lui. « Les choses se passent bien entre vous ? » Dis-je, alors que je lui rends le bouquet de fleurs. Parler de quelque chose de positif ne peut pas nous faire de mal et puis, même si elle n’est pas vraiment là, parler de la jeune femme ici, c’est un peu comme aborder le sujet auprès de sa mère. Est-ce quelque chose qu’il fait habituellement ? Est-il du genre à lui parler, à se confier ?

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crédit/ mezoereed ✶ @riley carvalho

« Je t’ai raconté que c’est à cause de moi si cet endroit est abandonné ? Enfin… Grâce, j’imagine. Quand les Wairua m’ont adopté, personne n’aurait pu passer à côté du fait que j’étais un garçon perturbé et traumatisé. Alors ils ont creusé, sans jamais me brusquer, en me laissant le temps, mais en s’efforçant de comprendre. Quand ma mère a appris ce qui se passait ici, ce que j’ai subi pendant plusieurs années, ce que d’autres enfants continuaient à subir, elle est devenue hors de contrôle d’après mon père. Il ne l’avait jamais vue dans cet état. Ils ont saisi la justice, l’enquête a apporté des preuves et depuis… Fin de l’histoire. » En quelque sorte, du moins. Josh n’en retire aucune gloire - ce qui serait d’ailleurs bien sinistre - étant donné que ce sont ses parents qui ont fait tout le travail. Au moins, sa mère biologique serait heureuse de savoir qu’il est tombé dans la meilleure des familles et que depuis, seul le passé le hante. L’avenir, lui, semble bien plus prometteur. « Merci » glisse-t-il à Riley qui lui a rendu son bouquet de fleurs. Comme l’endroit est nettoyé, le brun dépose ses fleurs et, dans sa tête, prononce quelques mots à l’adresse de celle qui a perdu la vie en le mettant au monde. Elle méritait tellement mieux, il regrette de ne pas pouvoir faire grand-chose d’autre, à part parler de son héroïsme tout maternel. Mais Josh ne veut plus s’étendre en larmoiements et, quand Riley lui demande si ça se passe bien avec Leona, c’est instantanément qu’il retrouve le sourire - un sourire bien niais d’ailleurs, ce n’est sans doute pas plus mal qu’il fasse aussi sombre. « Oui ! Tu vas rire, mais je rêvais littéralement de la retrouver. » Et depuis, ils ne se sont plus quittés. Les choses se sont déroulées de manière tellement simple, naturelle, évidente. « On comble un peu toutes ces années où on s’est pas vues, on va dire. Mais je me suis jamais senti aussi bien avec une autre. » Et l’aveu est sorti le plus spontanément du monde. « Et toi ? » Josh pense à Freya qui est temporairement à la colocation. « Je pense qu’on a fini ici. On peut aller se chercher à manger et parler de ça dans un endroit moins lugubre, si tu veux ? » Ou même sur le chemin du retour, si son amie est plus pressée.

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Ce qu’a traversé Josh n’est pas évident et même si je le voulais, je ne pourrais pas me mettre à sa place pour essayer de comprendre un minimum. Mais comme on le dit souvent, tout est bien qui finit bien, non ? « Je suis contente pour toi. Pour toi et pour tous ces enfants qui ne tomberont plus entre les mains de ces personnes. » Que des gens de ce type puisse avoir la responsabilité de mineurs, ça me dépasse, mais je suppose qu’au départ, aux yeux des autorités, ils avaient l’air de personnes tout à fait normales. L’important, c’est qu’aujourd’hui, Josh aille mieux – même si être ici lui fait sûrement quelque chose. Et de ce que j’ai pu comprendre, une certaine blonde est pour beaucoup dans son bonheur. « Ce sourire te va si bien. » Dis-je, alors que son visage s’est naturellement illuminé à l’évocation de Leona. « Et moi ? » Je fronce légèrement les sourcils. Lorsque j’ai évoqué l’arrivée de Freya à la colocation, je n’ai pas parlé du lien qui existe réellement entre nous et je pensais – naïvement – que ce n’était pas quelque chose qui sautait aux yeux, mais je me suis peut-être trompée. Ou alors, Josh ne faisait pas du tout référence à cela et je viens de m'enfoncer toute seule. Quoi qu'il en soit, il me propose d'en parler un peu plus ailleurs. Pourquoi pas autour d'un repas. « Nous sommes passés devant un fast-food tout à l'heure, nous pourrions peut-être nous y arrêter. » Ce n'est sûrement pas la nourriture idéale pour un coach sportif, mais un écart de temps en temps n'a jamais tué personne. Il semble prêt à faire ce petit excès, puisqu'il approuve mon choix et que nous nous mettons en direction du restaurant. Il ne nous faut que quelques minutes pour arriver à destination. Nous poussons la porte de l'établissement et commandons notre repas. Nous allons ensuite nous asseoir à l'une des tables disponibles et en attendant que nos commandes arrivent, j'interroge mon colocataire. « Tout à l'heure, quand tu m'as demandé ce qu'il en était pour moi, est-ce que tu faisais référence à quelque chose en particulier ? » C'est peut-être risqué de partir dans cette direction, mais j'ai la sensation qu'il n'est plus possible de faire marche arrière depuis plusieurs minutes. Et puis, peut-être qu'élargir un peu le cercle de personnes au courant, maintenant que notre relation a évolué, n'est pas une si mauvaise idée.

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Oui, il y a de quoi être heureux, pas seulement pour lui mais aussi pour tous les autres enfants qui auraient pu tomber entre de mauvaises mains, Riley a tout à fait raison. Josh se contente de hocher la tête en signe d’approbation et seule la suite de la conversation, à savoir au sujet de Leona, illumine son visage d’un véritable sourire. Comme son amie souligne que ça lui va bien, le jeune homme se retourne d’un air presque coupable. « Cet air un peu niais, tu veux dire ? » plaisante-t-il, même s’il n’est peut-être pas très loin de la vérité. Pourtant, il n’y a pas de quoi avoir honte, surtout parce que leurs retrouvailles semblent presque être le fruit du destin. Josh n’a peut-être jamais cru à grand-chose de ce genre, mais il faut dire que c’est sans doute un rêve de petit garçon qui s’est réalisé. Alors c’est tout naturellement qu’il retourne la question à Riley, sans arrière-pensée. Comme cette dernière reste évasive, le brun n’insiste pas et propose plutôt d’aller manger un bout. Elle a l’air véritablement soulagée de s’échapper de ce coin sinistre pour retrouver la lumière des endroits fréquentés de la ville. « Va pour le fast-food ! » Même si Josh fait attention à son alimentation, il n’a rien banni non plus et sait que c’est important de se faire plaisir. Alors quelques minutes plus tard ils se retrouvent dans l’établissement devant lequel ils étaient passés un peu plus tôt. Commande passée, ils s’assoient en attendant et Riley revient sur la conversation d’avant. Un peu hésitant, le coach sportif s’efforce de choisir ses mots. Il ne voudrait ni la heurter, ni donner l’impression de se mêler de ce qui ne le regarde pas. C’est juste qu’il s’y intéresse parce qu’elle est son amie. « Je me disais que toi aussi, tu avais l’air plus épanouie, ces temps derniers. Et je me demandais si ça avait un rapport avec Freya… Mais ne te sens pas du tout obligée de répondre. » Elle peut choisir d’éluder si elle n’a pas envie d’en parler ou si elle-même n’a pas la réponse : après tout, ce n’est pas forcément aussi simple que ça.

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Évoquer Leona est un sujet bien plus plaisant que l'endroit où nous sommes actuellement, même si Josh y tient un minimum, pour le sanctuaire qu'il y a fait en l'honneur de sa mère. Il faudrait être complètement aveugle, ou un peu à côté de la plaque, pour ne pas voir le sourire qui se dessine sur son visage à la simple évocation de la jeune femme. C'est peut-être un peu niais comme il le souligne, mais qui suis-je pour le blâmer ? Moi ? La romantique en série ? Jamais de la vie. Pour discuter un peu, potentiellement de Freya qu'il évoque furtivement, mon colocataire me propose de quitter cet endroit et de se trouver un autre lieu. Étant passés devant un fast-food tout à l'heure, je suggère que l'on y retourne — indirectement, ça nous rapprochera de chez nous aussi. Il accepte et rapidement, nous nous retrouvons dans l'établissement, assis à une table, à attendre que nos commandes nous soient servies. Il ne me faut pas plus de quelques minutes pour rebondir sur le sujet de Freya, lancé un peu plus tôt. À l'arrivée de la blonde à l'appartement, je lui ai dit que mes colocataires ne savait rien de notre relation, mais il faut croire que je me suis trompée. « Tu as raison, Freya y est sûrement pour quelque chose. » Dis-je naturellement, alors qu'il évoque le sourire qui semble s'être naturellement installé chez moi depuis l'arrivée de la blonde à l'appartement. « Si tu connaissais toute la vérité, je ne sais pas si tu me regarderais de la même manière. » Maintenant que ces mots ont été dit, je ne peux plus les retirer et surtout, je ne peux plus faire marche arrière — il serait dommage de lui mettre l'eau à la bouche et de m'arrêter directement après. « Je suis amoureuse d'elle. » Rares sont les fois où je l'ai déjà dit à haute voix. Josh pourrait presque s'estimer chanceux que je m'ouvre à lui ainsi. Il faut croire que c'est devenu une habitude maintenant, même s'il ne connaît pas encore toute l'histoire avec mon ancien petit ami. « Mais il y a quelques semaines encore, je n'étais pas la seule à l'être. Je ne le suis certainement pas complètement d'ailleurs. » Mon frère tenait à elle, au point de la demander en mariage, alors je doute qu'il soit déjà passé à quelque chose d'autre. Là encore, je ne pourrais pas le blâmer : comment laisser Freya derrière nous comme ça, sans même espérer un retour ? « Jusque fin décembre, elle était fiancée. À mon frère. » Je grimace légèrement à ce dernier mot. « Pour ma défense, je la connaissais avant lui ! »

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crédit/ mezoereed ✶ @riley carvalho

La commande est lancée, il n’y a plus qu’à patienter et en attendant, Riley relance la conversation. Elle admet que son amie Freya est sûrement pour quelque chose dans le fait qu’elle a l’air plus épanouie ces temps derniers, avant de montrer son hésitation à poursuivre l’histoire. Elle a l’air de penser que la suite pourrait changer la manière dont Josh la voit, ce qui le fait secouer la tête de droite à gauche. « Ça m’étonnerait beaucoup, quand même. » Beaucoup d’histoires d’amour ne sont pas simples et qui est-il pour juger ? Il y en a qui sont plus compliquées que d’autres, qui rencontrent plus d’obstacles que d’autres, sont soumis à plus de pression ou à un regard sévère de la part de la société. Mais à part dans des cas extrêmes sur lesquels il aurait même du mal à mettre les mots, le jeune homme ne voit pas très bien ce qui pourrait l’amener à considérer son amie différemment. Quoi qu’il en soit, cette dernière admet ses sentiments à haute voix, ce à quoi Josh sourit comme pour l’encourager. Le néo-zélandais dirait bien qu’il est heureux pour elle, mais en raison des propos de Riley, il y a visiblement un hic alors il n’ose pas se prononcer trop tôt. « Et c’est réciproque ? » Il pense que oui, mais comme la jeune femme a l’air lancée sur les confidences, autant aller jusqu’au bout. C’est à ce moment-là qu’elle précise que quelqu’un d’autre avait - ou a toujours, s’il a bien saisi - des sentiments pour la blonde. Josh commence à comprendre un peu où elle veut en venir, avant de préciser qu’il s’agit de son frère. Même s’il aurait voulu garder une expression impassible, une expression très étonnée s’affiche sur son visage. « Ah oui, ça c’est… Pas simple, en effet. » C’est le moins qu’on puisse dire. Issu d’une fratrie nombreuse où il n’a jamais rencontré ce genre de soucis, le brun n’aurait pas aimé être à la place de Riley. « Ton frère n'est peut-être pas des plus heureux, mais ça n’a pas dû être facile à gérer pour toi non plus. Jusqu’à aujourd’hui, tu veux dire. » Mais il lui adresse un sourire qui se veut réconfortant. « Tu n’as pas besoin de te défendre, tu sais. » Même si la situation n’est ni aisée ni enviable, il s’attendait presque à un truc bien plus grave que ça. « Et mon regard n’a pas changé, non. » La serveuse apporte les boissons et Josh la remercie avant d’entamer son milk-shake. « Vous envisagez un futur toutes les deux alors ? »

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Ce n’est sûrement pas une mauvaise chose que Josh soit là pour m’écouter, aujourd’hui avec Freya et il y a quelques semaines avec mon passé. Parler peut toujours faire du bien et sur ces deux sujets, je ne suis pas forcément la plus loquace, surtout avec certains interlocuteurs. Alors autant en profiter tant que j’en ai le courage, non ? Néanmoins, connaissant toute l’histoire liée à Freya – contrairement à lui, je reste un peu sur mes gardes, de peur que mes actions lui donnent une nouvelle image de moi. J’ai été la maîtresse d’une femme, celle que mon frère espérait épouser, ce n’est pas rien. Bien sûr, je n’amène pas les choses comme ça : j’enveloppe le tout dans quelque chose de plus idéaliste, quelque chose qui me rend justice. Visiblement intéressé par mon histoire, surtout quand j’évoque mes sentiments à l’égard de la blonde, Josh me demande si c’est réciproque. « Je crois que ça l’est, oui. » Du moins, ça y ressemble selon moi. Freya n’aurait peut-être pas accepté de venir à la colocation et de partager mon lit si ce n’était pas le cas. « J’ai cru baisser les bras, à plusieurs reprises. » Dis-je, alors qu’il évoque que ça n’a pas toujours dû être simple pour moi. Avant de recroiser l’hôtesse de l’air à Barcelone, puis à Island Bay, je n’avais pas vraiment conscience de mes sentiments. Mais me retrouver dans la même ville qu’elle, sans être capable d’être moi-même avec la jeune femme, a rendu les choses compliquées. Mes sentiments ont ressemblé à des montagnes russes, un coup j’étais heureuse et l’autre j’avais simplement envie de partir loin pour ne pas voir mon frère se pavaner. Est-ce que nous envisageons un futur ensemble ? C’est une question intéressante, mais à laquelle je ne peux malheureusement pas répondre, pas seule. « Je ne sais pas exactement. Nous n’en avons pas vraiment parlé, mais je suppose. » Il n’y aurait pas vraiment d’intérêt à ce que l’on reste dans nos entourages respectifs sinon, enfin je crois. « C’est juste un peu compliqué. Vis-à-vis de mon frère notamment, mais aussi de mes parents. Ils ne savent même pas que j’aime les femmes, alors imagine apprendre que j’ai entretenu une liaison avec celle qui était censée épouser leur fils chéri.. je vais finir déshéritée. » Ce n’est pas que mon héritage me donnera beaucoup d’argent, mais quand même. Le jour où je devrais leur parler de ça, je crois que je devrais amener un sujet après l’autre et pour aller dans ce sens, me balader en ville avec Freya ne colle pas vraiment à cette idée. Je ne sais pas exactement ce que nous sommes, ce que nous serons dans le futur, mais une chose est sûre, nous ne pourrons pas être un couple comme les autres, qui se montre au grand jour.