Sisters are angels who lift us up when our wings forget how to fly ❥ Celeste

Avec Leo qui grandit et qui va bientôt être accepté à la garderie, j'ai l'occasion de passer un peu plus de temps au café. Quand on y réfléchit bien, cet endroit est aussi mon petit bébé, presque le jumeau de mon benjamin même, à trois mois près. Les affaires fonctionnent plutôt bien en plus, alors plus nous sommes nombreux sur place et plus le service peut se faire facilement : des clients servis rapidement sont forcément des clients contents. En cet après-midi, ma présence ici n'est pas négligeable puisque la sonnette qui se déclenche à chaque entrée est plutôt bruyante. Au point même que je ne remarque pas l'arrivée de mon petit frère, pas avant qu'il ne m'adresse directement la parole. « Non, non. Pas du tout, installe-toi. » Je récupère un torchon et viens essuyer le comptoir où je viens inviter Lane à se mettre. « C'est bientôt la sortie des classes et les parents aiment bien passer par ici avant d'aller chercher leurs enfants. » Souvent pour pouvoir leur prendre des friandises et le leur offrir après leur longue journée. Je ne peux pas les blâmer, c'est aussi ce que je fais lorsque je ne travaille pas. Si je suis ici aujourd'hui, c'est que je ne serais pas à l'école dans quelques minutes. Mais pas d'inquiétude, Leo passe la journée avec ma mère et Eden a proposé de ramener Elliot après sa journée – c'est l'avantage d'avoir une petite amie comme institutrice de mon fils. « Qu'est-ce que je te sers ? » Maintenant qu'il est ici et qu'une serveuse est arrivée pour me suppléer un peu, autant lui apporter un peu de réconfort avec une boisson chaude et éventuellement une pâtisserie, si l'envie lui en dit. Quand les membres de ma famille viennent dans le coin, j'ai tendance à être généreuse avec eux. Le café a ouvert il y a deux ans maintenant et il se porte bien, alors je peux bien être généreuse avec ceux qui ont toujours été là pour me soutenir. Lors qu'il me dit ce qu'il veut, je m'empresse de lancer la préparation. Je décide aussi de me faire quelque chose – j'ai été seule une bonne partie de l'après-midi, je mérite bien une petite pause avec mon frère. Je sors une assiette et y dépose plusieurs minis pâtisseries pour nous deux, avec un choix large, il y aura forcément quelque chose qui lui plaira – je ne me fais pas de soucis de mon côté, j'ai déjà eu l'occasion de goûter tout ce qu'il y a dans cette vitrine. « Comment vas-tu ? Ça me fait plaisir de te voir. » Nous vivons dans la même ville et pourtant, j'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne l'ai pas vu. Nos vies respectives sont visiblement bien remplies et par chance, pour une fois, ça ne sonne pas comme quelque chose de négatif.

Même si le café semble être l’endroit le plus fréquenté du centre-ville en ce moment, cela ne m’empêche pas d’accorder mon attention à mon petit frère, venu spécialement ici pour me voir – enfin je crois. C’est l’avantage d’avoir des serveuses, compétentes qui plus est. Cela me permet de relâcher la pression sereinement, même quand Marley n’est pas là. Je lui demande ce qu’il veut et m’active à la préparation à sa réponse. Je viens ensuite me caler proche de lui, toujours derrière le comptoir néanmoins, au cas où on pourrait avoir besoin de moi. Ravie de voir que les en-cas apportés plaisent, je décide de lancer la conversation entre nous, lui demandant comment les choses vont pour lui. Au sourire qu’il arbore depuis son arrivée, ses mots ne sont qu’une confirmation de ce que je pouvais penser : il va bien. « Ton âme sœur ? Carrément ? » Si je suis surprise de la sorte, c’est sûrement parce que je n’ai jamais cru à ce concept. En amitié peut-être, mais en amour, jamais. Je ne sais pas exactement pourquoi j’ai toujours été fermée à cela, peut-être parce que mes relations n’ont jamais été dans ce sens. Il ne faut pas se méprendre, si je devais revenir quelques années en arrière, je referais les choses de la même manière, mais être heureuse avec quelqu’un ne signifie pas forcément plus que ça selon moi. Et puis, comment être sûre d’avoir rencontré la bonne personne ? « Si tu es heureux, c’est le principal. » Dis-je, alors qu’un sourire vient naturellement se dessiner sur mes lèvres. Si mes croyances ne sont pas les mêmes que mon frère, ce n’est pas une raison pour lui miner le moral. Nous avons beau avoir été faits dans le même moule, nous restons différents les uns des autres, avec des pensées et des convictions distinctes. « Qui est l’heureuse élue ? » Si Lane semble heureux aujourd’hui et sûr de lui, je n’ai pas souvenir d’avoir entendu parler d’une quelconque fille les dernières fois où nous nous sommes vus. Peut-être qu’il en pinçait pour une femme, sans avoir le courage de l’approcher et qu’il a finalement franchi le pas. Lorsqu’il me retourne la question, je dois avouer que ma vie est plutôt bien aussi. Ça n’arrive pas toujours, alors autant en profiter tant que c’est le cas. « De mon côté, comme tu peux le voir, les choses vont plutôt bien ici. Les garçons grandissent, un peu trop vite à mon goût. » Ils ont déjà soufflé leur deuxième et sixième bougies le mois dernier, rien qui me rajeunit – c’est sûrement pour cela que je vais prendre une année aussi à la fin d’avril. « Et je crois que les choses se passent bien avec Eden. Son épouse – future ex, est venue en ville, parcourant des milliers de kilomètres, dans l’espoir de la récupérer. » Dis comme ça, ça n’annonce rien de bon et pourtant.. « Mais je crois que nous pouvons affronter cette tempête ensemble. » Même si Eden a été mariée plusieurs années à Morgan, elle a vu son vrai visage lorsqu’elle l’a retrouvé au lit avec une autre et elle ne souhaite plus être avec elle aujourd’hui. Les Wade ont visiblement du charme, puisque si Lane est maintenant en couple, cela veut dire que tous les enfants de la famille ont maintenant des partenaires. Il ne reste plus que les enfants maintenant et pour ça, j’ai déjà ouvert la marche.

Il n’est pas rare de voir des membres de ma famille venir au café et prendre place au comptoir. Et même si l’on ne peut rien me dire puisque je suis la gérante, j’essaye de me rendre disponible dans le respect de mes employés, en restant active dans le service ou alors en m’accordant quelques minutes de pause réglementaire. Nous sommes dans ce deuxième cas de figure ici, mais cela ne m’empêche pas de préparer une boisson chaude et de proposer quelques viennoiseries à mon frère. Malgré les allées et venues des clients autour de nous, nous nous lançons dans une conversation que nous pourrions qualifier de sérieuse. Quand il est question d’amour, c’est toujours le cas, non ? De ce que je vois et comprends, Lane est épanoui avec une femme qu’il qualifie d’âme sœur. C’est un peu rapide selon moi et peut-être un chouïa excessif, mais nous ne sommes pas tous pareils vis-à-vis des sentiments et si ça lui va d’être un romantique dans l’âme, alors tant mieux. Surtout qu’à l’entendre, ce n’est pas réellement sur un coup de tête puisque le jeune homme semble fréquenter cette jeune femme depuis plusieurs mois maintenant. Une certaine Maxyne. Maxyne ? Il faut que je m’y reprenne à plusieurs fois, mais ce prénom me dit naturellement quelque chose. « Maxyne ? Comme Maxyne Oakley ? » Elle n’est sûrement pas la seule à porter ce prénom, mais ce n’est pas pour autant un patronyme commun. « Mais.. Elle a mon âge, non ? À quelques choses près. » Si je le sais, c’est parce que Levi est ami avec elle. Liam aussi si je ne me trompe pas. Et clairement, ces deux hommes ne sont pas vraiment des amis de classe de Lane. « Elle n’est pas un peu vieille pour toi ? Enfin.. je veux dire que vous n’avez peut-être pas les mêmes attentes de la vie. » Dire que Maxyne est vieille pourrait indirectement dire que je le suis aussi et ce n’est clairement pas mon but. Et puis, si je veux être complètement honnête, je n’ai pas non plus pour objectif de refroidir mon frère. Il est vrai que cette idée ne m’emballe pas des masses, mais je ne veux pas non plus lui retirer sa joie. C’est juste que.. je ne sais pas. La grande sœur qui sommeille en moi depuis plusieurs années, depuis que les plus jeunes n’ont plus réellement besoin de moi, se réveille doucement à l’idée qu’il pourrait être déçu ou blessé si cette histoire ne prend pas la tournure qu’il souhaite. Son histoire abordée, nous passons à la mienne et contrairement à lui, elle semble avoir quelques obstacles en plus. Rien d’insurmontable, je l’espère. « L’adultère dans un couple, ça peut faire des ravages. Eden a perdu la confiance de Morgan, c’est un bon point pour moi. » C’est peut-être un peu cruel de ma part de penser comme cela. Pourtant, la blonde n'a pas hésité une seule seconde pour dire qu'elle voulait reconquérir ma petite amie, devant moi, alors j'ai bien le droit de vouloir être égoïste un peu. Avec Eden, c'est à moi de ne pas merder, mais je n'ai pas de doute là-dessus : je connais déjà bien la personne qu'est ma petite amie et je ne la laisserais pas partir, pas une seconde fois. Ne voulant visiblement pas s'attarder sur un sujet qui pourrait me faire perdre mon sourire, Lane évoque l'adoption qu'il a fait récemment, celle d'un chien. Il propose de faire les présentations avec mes fils et de les garder par la même occasion. « Si tu veux oui. Ce n'est pas les volontaires qui manquent. » Entre notre mère, Lou et Marley — pour ne citer que ceux qui n'ont pas ou plus d'enfants à charge. « Mais je suis sûre qu'Elliot se fera un plaisir de passer du temps avec son parrain et Léo suivra sans trop de soucis. » Surtout qu'il est dans sa période où imiter son frère le rend très heureux. « Mais s'il te plaît, ne leur mets pas en tête d'avoir un chien ! Ce n'est pas encore dans mes plans. » Dis-je, avant de sourire légèrement. C'est mignon ces touffes de poils, mais pour l'instant, je n'ai pas la tête, ni le temps pour avoir un animal de compagnie à la maison, quel qu'il soit. Lane deviendra le tonton cool au chien, c'est suffisant, non ? Ils demanderont peut-être à le voir plus souvent et si ça lui va, alors nous pourrons trouver un équilibre comme ça.