So, tell me - [PV Aoline]

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Léandre se dirigeait d'un pas vif vers le centre. Il n'était pas en retard, simplement cela faisait plusieurs semaines qu'il n'avait pas pu voir Line, sa filleule. Il ressentait pour elle une affection sincère et se désolait de ne pas l'avoir vu ces derniers temps. Mais quand ce n'était pas lui qui bossait sur ses dessins jusqu'à s'en exploser les yeux, c'était la jeune femme qui avait un empêchement. Le blond sortait d'une période de boulot intense où rien, mais rien n'avait pu le détourner de son objectif principal. Le studio travaillait sur un nouveau jeu qui différait pas mal de leur style habituel. Contrairement aux jeux d'aventure où tout s'enchainait à une vitesse folle qu'ils avaient l'habitude de développer, ce nouveau jeu (qui n'avait pas encore de nom) était bien plus calme et demandait plus de réflexion que leurs créations habituelles. Et en conséquence, les graphismes étaient aussi très différents. Et au lieu de recruter de nouveaux graphistes, la direction avait décidé de monter une petite équipe qui s'agrandirait au fil de l'avancement du jeu. Une petite équipe qui n'avait pas trop de projets en cours. Léandre en avait deux et avait été un des premiers choisis. Voilà pourquoi cela faisait trois semaines que le blond tentait de faire en sorte que les dessins d'une tablette graphique ressemble à de quelque chose de fait à la main sur une feuille... Tout en gardant une certaine fluidité dans les mouvements. Ce qu'il avait rarement (comprenez ici, jamais) fait, du moins pas sur un ordinateur. Ce n'était pas sa spécialité, lui était adepte des graphiques 3D définis clairement à l'ordinateur. Et surtout aucun des résultats qu'il produisait ne lui plaisait... Cependant, il avait tout de même fini par parvenir à quelque chose de correct. Et surtout, il était tout de même heureux de pouvoir suivre un projet depuis son tout début de création, lui qui avait toujours rejoint des travaux déjà en cours. Et il était encore plus content maintenant qu'il avait trouvé comment il allait faire.

Et c'est donc après une longue nuit de sommeil qu'il avait donné rendez-vous à Line au centre pour faire le point et surtout discuter avec elle. Heureusement, la jeune femme avait été disponible. Léandre poussa la porte du centre et salua quelques membres de l'association qu'il connaissait. Le jeune homme savait qu'il faisait un peu peur à voir. Cette nuit a dormir n'avait tout de même pas effacé trois semaines à se pousser jusqu'à ses propres limites pour rendre une ébauche à la fois correcte et dans les temps. Ce matin, en s'apercevant dans le miroir, le blond n'avait pu se retenir de détourner honteusement le regard. Les yeux encore assez rouges d'avoir été trop longtemps agressés par la lumière bleue de son écran quasiment 15 heures par jour, les cernes encore très marquées, le teint pâle... Il lui semblait être revenu sept ans en arrière. Et pourtant non. Il était clean. Il s'était juste acharné au boulot. Et la semaine de vacances qu'il comptait s'accorder sans rien demander à personne allait être plus que bénéfique. Il savait que normalement il aurait dû continuer à travailler sur ses trois projets mais... Là non. Il avait besoin d'une pause avant d'envoyer valser par terre tablette graphique, ordinateur et tout son matériel de travail. Il soupira et entra dans la salle où il avait donné rendez-vous à Aoline et sourit. Il se plaignait beaucoup (c'était dans sa nature de geindre et de se plaindre... Mais juste dans sa tête. C'était comme râler ou insulter ses supérieurs en marathi. C'était autorisé, mais juste en pensée), mais ce serait mentir de dire qu'il n'était pas fier et heureux. Il s'assit sur la table en voyant que Line n'était pas encore là et se mit à attendre en songeant à enfin autre chose que son boulot. Autre chose qui se trouvait être une certaine jeune femme avec de longs cheveux bruns et un sourire un peu trop magnifique pour le bien de Léandre.

Argh:

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❝ So, tell me ❞
Léandre & Aoline

« Tu vas où ? » La brunette passa la tête dans la cuisine. Sa meilleure amie était attablée, son bol devant elle, les cheveux encore en bataille. Elle se dirigea vers elle et lui planta un baiser sur la joue. « Il se trouve que Léandre est disponible ce matin et moi aussi. Cela fait plusieurs semaines qu’on ne s’est pas vu. Il est temps de faire un point. » Aoline se dirigea vers la porte et lança un rapide « A plus ! » avant de sortir. Elle prit la direction du centre-ville où se tenaient les réunions. Pour le moment, tout se passait bien dans sa vie. Elle avait été acceptée en dernière année de psychologie, elle effectuait un stage passionnant au commissariat avec Sean et son emploi à la librairie était génial. Autant dire qu’elle était relativement occupée. Mais c’était une situation qui lui convenant parfaitement. Elle avait la sensation d’être enfin elle-même. Elle menait une vie stable, toujours clean et pas peu fière. Malgré tout, elle avait besoin de se confier à son parrain. Léandre était la première personne qu’elle avait rencontrée en arrivant à Island Bay et il lui avait immédiatement proposé son aide, qu’elle n’avait pas pu refuser. Elle avait des choses à lui raconter, surtout concernant son agression de cet été. Il n’était pas au courant et Aoline était consciente qu’il fallait qu’elle lui en parle. Physiquement, elle était quasiment remise, mais psychologiquement ce n’était pas le cas. La journée tout allait pour le mieux, elle était suffisamment occupée pour ne pas y penser. En revanche, la nuit c’était une tout autre histoire. Cette soirée avait fait remonter quelques souvenirs assez désagréables pour elle. Des flashs revenaient sans cesse la hanter, des images de son passé. Paul ne la laissait jamais en paix. A cela, venait s'ajouter l'accident de voiture qu'elle avait eu quelques jours plus tôt. Heureusement pour elle, rien de trop grave, une côte fêlée tout au plus et quelques hématomes. Elle restait prudente et évitait les efforts trop important.

La jeune femme se gara près de l’association. Elle attrapa ses affaires et se rendit dans un coffee shop. Thé et chocolat en main, elle accéléra le pas pour retrouver son parrain. Elle pénétra dans le bâtiment et salua quelques têtes connues. Il ne lui fallait que quelques secondes pour repérer la tête blonde qu’elle cherchait. Elle déposa les deux gobelets sur la table et serra Léandre dans ses bras. Elle était heureuse de le revoir, peut-être plus qu’elle n’aurait dû. Aoline s’écarta avant de s’installer en face de lui. « Thé et chocolat pour moi. Je ne ferai pas l’erreur de t’offrir une nouvelle fois du café » Le gobelet dans ses mains, elle leva la tête « Alors comment tu vas ? Ca fait longtemps qu’on ne s’est pas vu. Je crois qu’on a des choses à se raconter » La jeune femme préféra commencer par les banalités. Après tout, ils arriveraient bien assez tôt aux sujets délicats et elle savait que Léandre ne tarderait pas à lui sortir les vers du nez. Il avait toujours su lire en elle comme dans un livre ouvert.

Spoiler:

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Au final, je ne la vis pas arriver avant de sentir ses bras autour de moi, m'enfermant dans une étreinte bien trop agréable pour que ce ne soit qu'une simple accolade entre deux amis. Cependant, je décidais de repousser tout ça dans un coin de mon cerveau pour le moment. J'aurais bien le temps d'y penser plus tard. Je souris lorsqu'elle me tendit la tasse de thé qu'elle m'avait prise. Elle est intelligente la miss ! En même temps, vu ma tête la première fois qu'elle m'avait ramenée du café, c'était pas difficile à retenir ! Je crois que j'ai eu l'air d'un petit chiot abandonné sur le bord de l'autoroute ce jour-là. Faut dire que je me réjouissais bien de boire un truc chaud, moi qui était congelé ce jour-là. Quelle déception quand je m'étais aperçu que c'était du café (bon, j'avais quand même remercier Line parce que c'est la moindre des choses et que cela partait d'une bonne intention, mais c'est pas moi qui ai bu le café). J'attrapais le thé et ouvrit doucement le gobelet avant d'en renifler le contenu. Thé à la prune verte japonaise, elle commence à bien me connaître ! Je l'écoutais en prenant une gorgée de thé et souris dans ma tasse. On était là avant tout pour parler d'elle, moi j’allais toujours bien, c'était un principe. Je finis par répondre avec un léger sourire :

"-Bah écoute ça va, le travail avance doucement et mes patrons me prenne pour un cheval de trait mais bon j'aime ce que je fais alors... Disons que ça compense ! Mais ne fais pas l'innocente, on est ici pour parler de toi, pas de moi ! Au passage, tu t'améliores en thé, t'as tapé très juste là."

Je lui adressais un sourire, prêt à tout écouter de ce qu'elle voudra bien me confier. Je me doutais qu'en ces quelques semaines (je me demande même si on dépasse pas la barre des un mois qu'on s'est pas vu là...) il s'était passé bien des choses que je n'allais pas tarder à apprendre. Cependant, j'étais bien loin de me douter qu'il y aurait AUTANT de choses que Line allait bientôt me raconter. Alors, je me contentais de boire mon thé à petites gorgées, souriant devant ce petit goût à la fois acidulé et sucré, lançant quelques fois des coups d’œil rassurants vers Line.

Sorry:

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❝ So, tell me ❞
Léandre & Aoline

Léandre était devenu une sorte de pilier pour la jeune femme. Lorsqu’elle avait des doutes, des angoisses, elle savait qu’elle pouvait se tourner vers lui. Bien entendu, sa meilleure amie était également présente pour elle, d’autant plus qu’elle avait subi les mêmes sévisses mais c’était différent avec lui. Aoline avait la sensation qu’elle pouvait s’effondrer sans culpabiliser. Avec Maxym, la brunette avait peur de devenir un poids, aussi, cela lui arrivait de garder certaines choses pour elle. Elle se doutait qu’elle se faisait des films, mais elle ne parvenait pas à se sortir ces idioties de la tête. Elle finit par lâcher son parrain et tous deux prirent place. Maligne, elle détourna la conversation et tenta de dévier le sujet. Ca ne prit pas. Un sourire innocent aux lèvres, Aoline regarda autour d’elle, l’air de dire « je ne vois pas du tout de quoi tu parles ». Mais avant d’en venir aux sujets délicats, elle ne put s’empêcher de s’inquiéter pour Léandre « Sinon tu es sûr que ça va ? Tu as l’air vraiment fatigué. Et même si, comme tu l’as si gentiment souligné, mes choix en matière de thé s’améliore, je pense qu’il vaudrait que tu arrêtes d’en boire. A la place, je te conseille de dormir au moins trois jours. Ca ne te fera pas de mal. » Effectivement, ce dernier avait l’air épuisé. Aoline était admirative de sa capacité à travailler des heures durant et après, elle finissait par s’inquiéter pour lui. Trop peut-être.

Pour autant, la jeune femme n’avait pas oublié pourquoi ils étaient ici et bien évidemment, ce n’était pas discuter du manque de sommeil de son parrain. Elle prit une gorgée pour se donner du courage avant de se lancer. « Cela fait plusieurs mois qu’on ne s’est pas vu. Cet été une amie de la fac m’a donné rendez-vous dans un bar. J’étais assez réticente au début puis finalement, je me suis dit que c’était l’occasion de voir comment je m’y sentais. Le point n’étant pas là. Un homme s’en est pris à moi. Physiquement. Il m’a frappé à plusieurs reprises. Le barman, Ethan, est venu m’aider avant de le mettre dehors. Il a insisté pour rester avec moi le reste de la soirée. Et je crois que c’était une bonne idée. Je n’ai rien pris, ou bu mais si je devais être entièrement honnête, je ne peux pas m’empêcher de penser que si j’avais été seule, j’aurais pu ne pas résister » Line finit par lever la tête vers Léandre, qui se décomposait plus elle avançait dans son récit. Elle tenta de le rassurer « Mais je vais beaucoup mieux, mes hématomes ont disparus. Enfin, si tu oublies l’accident de voiture la semaine dernière, ce n’est rien » Raté … Et elle avait hésité. Cependant, il s'en serait rendu compte et il n'était pas sain pour Aoline de tout garder pour elle. Léandre était là pour l'écouter, l'aider, lui donner des conseils et surtout, ne pas la juger. C'était le plus important et l'une des tâches principales d'un parrain. Elle n'avait rien à craindre.

Spoiler:

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Je secouais la tête aux paroles de Line. Tsss. Les journées que j'enchaînais actuellement, elles étaient bien loin d'être aussi éprouvantes que celle que je faisais lors de mes premières années d'études supérieures. Sombre, très sombre période. Mais au final, je ne regrettais pas de l'avoir vécu car elle avait aidé à forger celui que j'étais aujourd'hui... Et à un niveau moins philosophique, sans ça, je n'aurais sûrement jamais été parrain dans cette association et je n'aurais jamais rencontré Line. Pire, je serais sans doute encore à Chicago. Souvent, je me demandais ce qu'aurais été ma vie si un tout petit truc avait changé dans mon existence. Oui, souvent, j'étais curieux de savoir. Mais je savais que jamais je ne pourrais, alors souvent, je mettais fin à mes élucubrations en me disant que de toute façon, j'ai la vie que j'ai. Et qu'au final, elle me va plutôt bien comme elle est actuellement.

J'écoute Line, me décomposant littéralement. Bordel... Elle a dû traverser tout ça... Avec ce qu'elle a vécu avant, je n'ose imaginer comment elle l'a supporté. Et moi... Je n'étais pas là. La culpabilité coule dans mes veines, enflammant chacun de mes nerfs avec minutie. J'ai soudainement l'impression que mon enveloppe corporelle est trop étroite. Je suis mortifié. Immédiatement lorsqu'elle a finit son récit, je la détaille avec inquiétude, tentant de trouver la moindre trace du fait qu'elle ne va pas aussi bien qu'elle le prétend. La suite me glace encore un peu plus. Bordel, je sers vraiment à rien... Je n'ai rien sur de tout ça alors que tu suis plus ou moins sensé la protéger. Je te félicite Léandre, tu fais vraiment ton boulot A MERVEILLE ! Je finis par murmurer, prêt à l'emmener passer des examens dés maintenant si elle répond par la négative :

"-Tu es allée à l'hôpital au moins, rassures-moi ? T'es allée vérifier que tu n'avais rien ?"

Je ne parles pas seulement de l'accident de voiture mais aussi de l'altercation avec cet homme (que j'ai étrangement envie de retrouver histoire de lui faire comprendre ma vision des choses. Y a des choses qui ne sont pas excusables). Je sais que les mois qui ont suivis ont sûrement été durs pour Line et je m'en veux terriblement de na pas avoir été à ses côtés, présent pour elle, à la soutenir. Néanmoins, cela me rassure terriblement de savoir qu'elle n'a pas replongé. Je sais combien il est difficile de s'en sortir une fois. Je connais les crises de manque, les pleurs, le désespoir, la tentation, la volonté que l'on sent s'affaiblir et que l'on doit s'efforcer de maintenir... Vivre tout ça une fois est déjà terriblement dur. Alors deux ? Cela me semble impossible, insurmontable. Néanmoins, je sens au fond de mes tripes que même si elle avait replongé, j'aurais tout fait pour l'aider, je serais rester à ses côtés... J'aurais voulu qu'elle remonte la pente plus que tout le reste. Parce que personne ne devrait avoir à vivre ça.

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❝ So, tell me ❞
Léandre & Aoline

A part sa meilleure amie, Léandre était le seul à tout connaitre d’elle et Aoline se félicitait d’avoir posé aussi peu de barrière entre eux. Et si elle devait être honnête, même si elle lui mentait il parvenait toujours à s’en rendre compte. La brunette était un véritable livre ouvert pour lui. Détail qui aurait pu la gêner avant, mais quelque part c’était assez réconfortant et reposant. Avec certaines personnes, elle devait faire attention à chacun de ses mots pour ne pas en dire trop, mais avec le jeune homme c’était bien différent. Aussi lorsqu’elle lui raconta toute la vérité sur les derniers événements, elle préféra tout lui relater d’une traite. L’expression sur son visage n’échappa guère à l’étudiante et elle savait très bien ce qu’il pensait. C’était un sentiment qui ne la quittait jamais : la culpabilité. Elle le ressentait tous les jours depuis ce tragique évènement. Depuis qu’Evan était parti pour lui épargner plus de souffrances. Son parrain finit par retrouver l’usage de la parole et son discours ne fit que confirmer sa pensée. Aoline ne put s’empêcher de sourire. Quelque part, ça lui faisait chaud au cœur qu’il tienne à elle. « Je vais bien, ne t’en fais pas. Regarde ! » Son gobelet toujours à la main, elle se leva et se mit à danser. Elle essayait de lui prouver qu’elle était en bonne santé, si bien qu’elle perdit l'équilibre et s'étala de tout son long. Résultat, elle renversa son chocolat sur un des membres de l’association. « Oh mon dieu, je suis vraiment désolée. Je ne faisais pas du tout attention » L’homme devant elle lui assura que ce n’était rien avant de se diriger vers les toilettes. Léandre se précipita pour l'aider à se relever. Coupable, la brunette reprit sa place initiale « Mais sinon, je t’assure que tout va bien »

La jeune femme jugea qu’il valait mieux qu’elle reste tranquille. Certes elle allait bien, pour autant ses muscles étaient encore un peu endoloris. Ne pas fais pas trop la fière Aoline, tu vas finir par t’en mordre les doigts songea-t-elle. Ceci étant, elle n’avait plus rien à renverser. Sur qui que ce soit. De plus, Léandre n’avait pas l’air convaincu et elle pouvait le comprendre. Alors pour appuyer ses propos précédents, elle lui prit la main « Arrête de t’inquiéter pour moi. Sinon tu vas mourir beaucoup trop tôt et j’ai prévu de te garder un peu longtemps à mes côtés » Consciente de cette soudaine proximité, elle retira sa main de la sienne. Qu’est-ce qu’il lui prenait à la fin ? Ce n'était pas son genre de se montrer aussi proche de quelqu'un. Avec ce qu'elle avait subit dans son enfance, elle était extrêmement prudente. Et bien qu'elle n'ait rien à craindre de son parrain, elle n'était pas toujours à l'aise avec les contacts physiques. Généralement, c'était elle qui les initiaient mais c'était rare. Avec Léandre c'était différent. Elle ne saurait expliquer pourquoi.

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Je ne peux retenir un léger sourire lorsqu'elle se lève pour se mettre à danser devant moi, son gobelet toujours à la main. Elle veut vraiment me prouver qu'elle va bien visiblement. Sauf que ça sent le fait divers qui va piquer là. Et quelques secondes plus tard, ça ne rata pas. Je vis Line s'étaler au sol et son chocolat finir sur la chemise d'un des membres de l'association. Je grimaçais, je n'osais imaginer la température du dit chocolat au vu de celle de mon thé. Je me précipitais finalement pour aider la brunette à se relever et à se rasseoir avant de m'assoir de nouveau en face d'elle alors qu'elle m'assurait qu'elle allait bien. Mouais. Question de point de vue j'ai envie de dire. Et mon point de vue, c'est qu'elle est en train de me jouer une belle comédie. Elle en fait trop pour me convaincre y a anguille sous rocher. Ou baleine sous gravillon, tout dépend de l'ampleur de cd qu'elle me cache. J'avale une gorgée de thé en réfléchissant. Je veux la faire cracher le morceau vraiment, ne serait ce que pour l'aider. Je repose doucement mon gobelet tandis qu'elle me prend la main. Et ses paroles, et le contact... Ça me remue les entrailles. Je sais pas comment, je sais pas pourquoi, mais mes entrailles se tordent en sentant sa paume chaude contre la mienne, en l'entendant me dire qu'elle aimerait me garder encore à ses côtés. Comment je suis sensé réagir là ? Alors qu'elle relâche ma main, je prends de nouveau quelques gorgées de mon thé pour tenter de me remettre les idées en place. Lorsque je m'aperçois qu'elle n'a plus du tout de chocolat, je repose mon thé et le pousse devant elle. Il doit rester environ la moitié de la boisson chaude dans ma tasse. Pourquoi ? Même moi je ne sais pas très bien. Je n'ai jamais fait ça pour personne. Personne. J'aime trop le thé pour partager. Sauf avec elle visiblement. Je finis par dire avec un léger sourire :

"-Tiens finis, j'en ai bu un ce matin. On va dire que c’est pour te réconforter de ta chute."

Je lui offres un sourire tandis que mes entrailles se remettent plus ou moins en place. Plutôt moins que plus d'ailleurs. Il semble qu'elle ai réussit à me déstabiliser, bien plus que prévu. "Bordel, souviens toi Leah, t'es que son parrain, t'as pas le droit d'être autre chose alors t'es gentil tu m'enfouis ça au fond de toi et on reprends ok ?" Ouais voilà, on va faire ça comme ça :

"-Moi aussi je compte te garder à mes côtés encore longtemps.", euh... C'était pas le plan. "Tu me désespères." Moi aussi, je me désespères tout seul là, j'ai pas besoin de toi je te rassure... Bon, reprenons "-Pardon... C'était déplacé. Tu es sûre que tout va bien ?"

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❝ So, tell me ❞
Léandre & Aoline

Line avait tenté et échoué de rassurer Léandre. Au final, elle avait surtout réussi à arroser un de membre de l’association de chocolat et n’avait plus rien pour son petit déjeuner. Le jeune homme l’aida à se réinstaller et la brunette resta dans sa lignée en ajoutant une couche. Elle allait bien. Ouai à d’autres ma p’tite Line secoua la tête, chassant sa conscience. Elle n’avait certainement pas besoin de ça. Cette petite voix qui avait parfaitement raison mais qu’elle se refusait d’écouter. Le jeune homme lui tendit son gobelet, prétextant qu’il en avait déjà bu un ce matin. Elle lui sourit « C’est gentil, merci beaucoup. Je vais finir par réellement apprécier le thé grâce à toi. Ce n’était pourtant pas gagné, crois-moi » Et finalement, elle se dévoila un peu plus à Léandre. Elle lui laissa entendre qu’elle tenait à lui peut-être plus qu’un simple parrain. Mais elle savait très bien qu’une relation comme celle-ci était interdite afin de ne pas compromettre sa guérison. Cela faisait un an maintenant qu’elle n’avait touché à rien mais elle avait tellement peur de replonger, cette idée la tétanisait.
La jeune femme n’aurait jamais cru pouvoir lui dire cela mais ce qui la surprit encore plus c’était la réciprocité de ses propos. Léandre et elle semblaient sur la même longueur d’onde. Pourtant, ce dernier en vint presque à s’excuser. Lui aussi savait qu’il ne devait rien se passait entre eux. Mais quelque chose lui disait que ce ne serait pas aussi simple. « Oui je vais bien. J’ai eu peur de replonger je crois. C’est ma plus grande peur, tu le sais. Enfin ça et l’histoire avec Paul. J’ai cru que ça allait recommencer mais heureusement, rien ne s’est passé » La jeune femme haussa les épaules. Aujourd’hui, elle était plus blessée physiquement qu’elle ne l’était psychologiquement. L’accident avait été léger et avait laissé quelques marques mais rien de trop grave. « Bon d’accord, j’ai quelques hématomes mais on ne peut rien faire à part attendre. Ça finira par disparaitre » Line poussa un long soupir qui ne manqua pas de lui arracher une grimace. « Viens on va prendre l’air, on sera mieux dehors » Elle se leva, enfila son manteau rapidement et presque instinctivement tendit sa main à Léandre pour l’inciter à la rejoindre. Décidément, elle ignorait ce qui lui prenait avec lui. Elle n'arrivait plus à penser correctement. Quelques minutes plus tôt, elle s'était sentie gênée et voilà que maintenant, elle faisait tout le contraire. Il avait cette capacité à la faire sortir de sa zone de confort, à vouloir prendre des risques. A avancer tout simplement.

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Je hoche la tête, rassuré. Moi non plus je n'aurais pas voulu qu'elle replonge. Et je comprends parfaitement ce sentiment de terreur qui nous saisit aux tripes et nous broie le coeur. Cette peur panique de replonger à été ma compagne pendant plus d'un an et parfois, lorsque je suis un peu plus faible, les soirs silencieux où la douleur et les souvenirs te bondissent à la gorge, elle revient accompagnée de sa meilleure amie : la tentation. Et il m'en faut de la volonté ces jours-là pour ne pas céder à la facilité. Mais dans ces moments-là, je m'imagine le regard déçu de celle qui m'a accompagné, m'a soutenu, m'a sorti de la merde dans laquelle je m'étais enfoui tout seul. Et ça m'empêche de rentrer dans la première pharmacie qui passe. Je fais un simple signe d'assentiment lorsqu'elle me dit que pour les hématomes, on ne peut qu'attendre. C'est vrai. Mais c'est frustrant. Et je ne peux qu'espérer que les dommages psychologiques disparaîtront aussi facilement que quelques bleus. On ne peut qu'attendre en espérant que toute cette histoire finisse bien. Je me lève à sa suite pour nous rendre dehors lorsque j'aperçois sa main qui se tend vers la mienne, mais qui semble... Hésitante. Je sais que j'outrepasse mes prérogatives en réalisant ce que je m'apprête à faire. Je sais que c'est une connerie. Je sais que je ne devrais pas. Et pourtant.

Je décide de tout envoyer valser. Mes principes, ma réflexion, le règlement du centre. Mes doutes. Alors, j’attrape doucement sa main pour la tirer à ma suite dehors. Sa main semble minuscule dans la mienne. Et pourtant, je sais que toute sa personne recèle un courage et une force de volonté tout simplement époustouflants, elle me l'a prouvé. Elle n'a pas replongé. Et je suis très fier d'elle. A la fois fier et heureux. Un petit sourire vient se poser sur mes lèvres lorsque le soleil vient nous accueillir en réchauffant nos visage lorsque j'ouvre la porte du centre. Ça m'a fait bizarre les premiers mois de ma venue ici, j'avais l'impression que les saisons étaient totalement déréglées. Et puis je me suis lentement fait à fêter Noël sous le soleil avec vingt degrés de température. Ça à même un petit côté bien agréable même si les Noëls enneigés me manquent parfois. Je verrais l'année prochaine pour aller voir de la famille dans l'hémisphère nord en Décembre. Je m'assois finalement sur un banc et la fait asseoir à mes côtés pour la fixer avec un léger sourire :

"-Je suis très fier de toi Line. Fier et heureux pour toi. Malgré ce qui s'est passé tu n'as pas cédé.", je reprends avec une moue un peu plus sérieuse, "Mais ce qui t'es arrivé est horrible et tu n'as pas l'air ébranlée.... Tu sais Line, je suis là pour que tu me parles, si ça ne va pas, tu as le droit de me le dire... Comme de ne pas me le dire. Juste, ne me ment pas s'il te plait."

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Léandre & Aoline

Avec lui c'était ... différent. Tout l'était et Aoline se rendit compte qu'elle aussi. Elle était à l'aise, à sa place. Certes, c'était plus simple aujourd'hui mais elle pouvait encore se sentir bizarre dans certaines situations. Mais avec lui tout était normal. Aussi lorsqu'elle lui tendit la main, cela lui parut naturel. Et ce qui la rassura et la surprit également c'est qu'il la saisisse. Il l'entraina à sa suite et tous deux sortirent de l'établissement. La jeune femme se mit à sourire. Un grand soleil illuminait la journée . Elle lui guida vers une sorte de square et la brunette se laissa tomber dans l'herbe. Léandre lui sourit et fit de même. Elle s'allongea et observa le ciel. C'est alors que les paroles de son parrain lui revinrent en mémoire. Il ne savait pas à quel point cela la touchait. Elle tourna la tête vers lui « Merci ça signifie beaucoup pour moi. Et tu sais je ne voulais pas te mentir sur mon état de santé. C'est juste que ... je ne veux pas t'inquiéter non plus » La jeune femme lia de nouveau ses doigts aux siens. Elle savait qu'elle dépassait les bornes. Parrains et filleuls n'étaient pas censés entretenir de relation. Et Line ne devait d'ailleurs pas sortir avec qui que ce soit avant encore trois mois, soit disant pour ne pas compromettre sa guérison. Mais dans sa tête, envisager quelque chose avec Léandre n'était pas dangereux. Au contraire. « C'est promis, je ne te mentirai plus et merci de me faire confiance. Tu sais à part Maxym, tu es le seul qui connaisse tout de moi. Dans les moindres détails. Mon passé avec Paul et Evan, ma chute dans la drogue et mes sentiments ... » Line marqua une pause « Enfin tu sais tout. »

La jeune femme se surprit alors à éclater de rire. Une pensée ridicule lui traversa l'esprit « Excuses-moi ça n'a rien à voir, mais à ce moment précis, je viens de me rappeler d'un truc idiot. Quand j'avais quatorze ans, dans un parc un peu similaire j'ai échangé mon premier baiser avec un garçon qui s'appelait Lucas. C'était horrible, baveux et il ne savait pas s'y prendre du tout. Il avait une haleine terrible. Ca t'es déjà arrivé quelque chose comme ça ? » Aoline secoua la tête en souriant. Pour autant et malgré tout ça, elle n'avait toujours pas lâché Léandre.

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Allongé dans l'herbe à ses côtés, je la regarde, un peu flatté de ce qu'elle me dit. Un peu ému aussi. Personne ne m'a jamais fait confiance ainsi. Pas au point de me révéler tout de son existence et de lui-même. Alors forcément, se dire que quelqu’un vous considère comme assez proche pour vous dire tout cela et bien… Ça rend un peu émotif. Certaines personnes traversent toute leur vie sans jamais connaître pareille sensation. Moi, je n’ai que vingt-sept ans et je vis déjà ça… Qu’est ce que ce sera à quarante ans ! Je laisse mon regard se perdre dans la mosaïque que forment les feuilles et le ciel, entendant le rire cristallin de Line a mes côtés. Je tourne la tête vers elle, surpris, tandis qu’elle me raconte sa petite histoire. Je souris, un peu amusé. Il faut croire que tout les premiers baisers sont les mêmes. Je lui racontes à mon tour :

"-J’avais treize ans à l’époque. C’était une de mes amies qui voulait savoir ce que ça faisait d’embrasser un garçon. Et quand je lui avais demandé pourquoi moi, elle m’avait juste répondu qu’au moins elle était sûre que je me ficherais pas d’elle. J’ai jamais bien sût ce qu’elle voulait dire mais bon… Et crois-moi, c’était tout aussi horrible que toi ! Maladroit, avec le surplus de bave bien comme il faut… Et sans les sentiments qui vont avec normalement ! Bref vraiment un moment très sympathique."

Je grimace légèrement avant de rire à ce souvenir. Heureusement que dans les années qui ont suivies j’ai eu le temps de m’améliorer un peu. Et tandis que je pense cela, j’essaie surtout de me distraire de la pensée gênante sur ce que je ressentirais à embrasser Line. Merde, faut que je me calme moi ! Alors, je finis par m’apercevoir de quelque chose qui va peut-être signer mon salut et me distraire de ces pensées assez peu appropriées. Je me redresse sur mes genoux, le cul toujours dans l’herbe (je suis fatigué!) et regarde Line :

"-C’est vrai… Je connais tout de toi mais au final tu sais assez peu de choses de moi, de ma vie. C’est normal en un sens mais je trouve ça assez injuste au final.", je réfléchis quelques secondes avant d’enchaîner, un petit sourire aux lèvres, "Si tu veux ré-équilibrer la balance, je veux bien me prêter au jeu des questions réponses."

Je n’ose pas lui dire que je ne parle que très rarement de mon passé aux autres. La traiter normalement Léandre, la traiter normalement… Ni trop proche, ni trop lointaine… Putain d’habitude je suis doué pour ça pourtant ! Mais avec elle… J’ai l’impression de faire juste totalement n’importe quoi ce qui n’est pas bon du tout, autant pour moi que pour elle. J’agis sans réfléchir, j’outrepasse mes propres limites… Bon sang mais à quoi on joue ? C’est mal. Et pourtant, je sens que je serais bien incapable d’arrêter la partie.

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❝ So, tell me ❞
Léandre & Aoline

Line réfléchissait. Elle se rendait compte de la situation et de ce qu’il se passait. Elle dépassait clairement les limites. Pourtant, elle ne voulait pas s’arrêter, elle se sentait bien avec lui, comme si c’était naturel. Un souvenir lui traversa l’esprit et la jeune femme en fit part à son parrain. Elle partagea son expérience du premier baiser et étonnamment Léandre fit de même. Dès le début, ce dernier s’était concentré sur Aoline, sur son passé, sur ce qu’elle pouvait ressentir ; quitte à l’oublier. Elle ne connaissait que peu de choses sur lui. Il s’était appliqué à l’aider dans sa guérison sans se dévoiler. Bien entendu, il avait partagé son expérience pour être en mesure de la mettre en confiance mais en restant assez évasif. Et il sembla d’ailleurs s’en rendre compte. Pour se mettre sur un pied d’égalité, Léandre lui proposa une sorte de jeu : le question-réponse. Cette initiative la fit sourire. Parfois, elle avait la sensation qu’il pouvait lire en elle. Au début, cette capacité à la comprendre si vite, à la cerner, lui avait fait peur. Line avait fini par réaliser qu’il n’avait que de bonnes intentions envers elle. Mais ce qu’elle détestait c’était que son frère, Paul, soit parvenu à la détruire, à la briser. La brunette chassa ses idées noires et se releva pour se mettre à la même hauteur que Léandre. Elle était particulièrement ravie d’en apprendre plus sur lui « Je suis contente que tu proposes et je prends toute information te concernant, aussi petite soit-elle. » Cette remarque le fit rire. La jeune femme prit quelques secondes pour réfléchir. Au final, elle avait des dizaines d’interrogations mais ignorait par quoi commencer « Alors quand es-tu … » Line se stoppa. Son téléphone se mit à vibrer « Excuses-moi » Elle regarda le nom sur l’écran : Maxym. Elle avait quitté sa meilleure amie ce matin et tout allait bien. Cette dernière savait très bien où elle se trouvait « Oui Maxym, ça va ? [...] Non j’arrive. » La brunette raccrocha et se leva, aussitôt suivit par Léandre. Elle afficha une mine désolée « Je dois filer, Maxum a besoin de moi, mais rien de grave. » Ils se dirigèrent automatiquement vers le centre, sa voiture se trouvant juste devant. Elle s’arrêta et avant de grimper, se tourna vers son parrain « Mais ne crois pas que tu vas t’en sortir comme ça. Je ne compte pas te lâcher, ce n’est que partie remise. Et merci pour aujourd’hui» Spontanément, elle se mit sur la pointe des pieds et planta un baiser sur sa joue. Là encore, elle dépassait les bornes mais elle n’avait pas envie d’y penser pour le moment. Pour l’instant, elle voulait juste profiter.

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