Violence in the pouring rain ((Romi))

L’air est lourd, Achille a l’impression que le ciel va finir par tomber sur sa tête. Il était sortie dans la ville sur un coup de tête, envie soudaine de se balader dans les rues d’Island Bay. Puis, au fur et à mesure, son esprit s’était remis dans le travail. Téléphone à la main, il avait pris quelques photos de la ville, afin de la reproduire dans le jeu qu’il était entrain de créer. Il voulait coller à la réalité et son obsession sur ce point devenait très énervante. Achille avait donc parcouru pas moins de six kilomètres et il devait refaire la même chose pour rentrer chez lui et pouvoir se poser. Le problème, et c’était un gros cette fois-ci, est que le ciel virait lentement et doucement d’une couleur bleue hypnotique à un gris foncé effrayant. L’idée qu’un orage se préparait lui tordait l’estomac en deux. Il avait envie de vomir, de mourir aussi accessoirement. Achille avait bien pensé à appeler son père, qui serait venu le récupérer en voiture, mais… un frisson lui parcourt l’échine, il ne se sentait pas capable non plus de monter dans ce véhicule. Il avait repensé dernièrement à l’accident qu’il avait eu il y a quelques années, la peur était revenu deux fois plus poussée. Anxieux, comme bien souvent, il prend une grande inspiration, baisse la tête vers le sol et se concentre uniquement sur le bout de ses chaussures pendant qu’il marche vers son appartement. Avec un peu de chance, ce n’est qu’un gros nuage pas trop méchant ou une simple pluie qui arrive. Il n’ose pas demander à son téléphone de lui montrer la météo prévu pour les heures à venir. Il aurait dû. Achille ne sait pas trop où il se trouve quand il entend le chuchotement d’un grondement. Il est encore loin, avance, qu’il se répète, mais il est droit comme un piquet, les yeux ronds comme des soucoupes tant la peur a pris possession de son être. Paralysé. Sa respiration se fait plus difficile, son corps lui semble lourd et douloureux, comme s’il avait vieilli de 50 ans en quelques secondes. Les secondes qui s’égrainent se transforment en éternité. Le ciel est désormais presque noir, il est encore loin de son lit et de son coin de sûreté. La deuxième vague d’eclair et de crépitement arrivent et il hurle. Paniqué, il ne répond plus de grand chose et il se dirige, en courant probablement comme un animal effrayé, vers le premier bâtiment qui a une porte ouverte. Il se réfugie dans la pièce, se colle contre un mur, genoux repliés, tête collée à ces derniers. Il se balance d’avant en arrière en marmonnant à phrase que son père lui répétait à chaque fois qu’un orage avait lieu : tout va bien se passer. Mais tout ne se passe pas bien. Nouvel éclair, nouveau grondement, deuxième cri de panique. La crise de larme va arriver, il le sent.

@Romi Hallenstein

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crédit/ tumblr ✶ w/achille

Ici, personne ne pensait que la météo changerait ou du moins, qu'elle le ferait aussi vite. Personnellement, je n'avais pas d'avis sur la question. Peut-être parce que les tempêtes ne font jamais plaisir dans le coin, encore moins quand on est à la tête d'une équipe qui peut potentiellement être appelée pour venir en aide à quelqu'un sous les coups de tonnerre et les éclairs. Par chance, ce n'est pour l'instant pas le cas et nous sommes tous agglutinés dans la salle commune à faire des activités en tout genre – un peu de cuisine aux jeux de sociétés en passant par la télévision. « Quelqu'un vient d'entrer dans la caserne. » À cette phrase, je relève la tête du plat que je suis en train de préparer avec l'un de mes collègues. Nous sommes dans un lieu ouvert au public, alors cela ne serait pas déconnant si c'était vrai. « N'importe quoi, c'est juste l'orage. » Pour le coup, il peut avoir raison. Après le ciel noir, les grondements, les éclairs et le vent ont fait leur arrivée et le bruit entendu pourrait facilement venir d'une porte qui a claqué. Néanmoins, il vaut mieux être prudents. Surtout si quelqu'un a passé cette porte pour une urgence : ce serait dommage de le laisser sans aide. « Je vais voir. » Je récupère un torchon, m'essuie rapidement les mains et quitte la pièce sous le regard des autres pompiers. Je suis lieutenante, alors parfois, je dois savoir prendre mes responsabilités – et puis, ce n'est pas comme si j'étais au plein milieu d'une partie endiablée de cartes. Je descends les escaliers et arrive au niveau du bureau d'accueil – laissé vide quelques minutes par la personne qui était en charge. À ma grande surprise, je remarque que le premier de mes hommes avait raison : il y a quelqu’un ici, juste à côté de la porte d’entrée. « Est-ce que je peux vous aider ? » On ne vient rarement ici par plaisir, alors même si j’ai posé cette question, j’ai déjà ma réponse. Je m’avance doucement vers cet invité et m’accroupis pour me rapprocher de lui. Il me faut quelques minutes, mais plus je suis proche et plus les traits de cette personne me sont familiers. Où est-ce que je l’ai vu ? J’ai du mal à pouvoir le dire, mais je sais que c’est récent. Le silence a pris place dans l’accueil et je n’ose pas le briser, de peur de perturber une personne qui est venue demander notre aide. Pendant que je lui laisse l’espace nécessaire, j’essaye de me souvenir de l’endroit où je l’ai vu. Et ça fini par venir, comme une éclaircie soudaine. « Achille ? C’est ça ? » Avec cette question, je m’assure d’avoir la bonne personne en face de moi et surtout, que je ne me suis pas trompée de prénom. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Je suis pompier, c’est-à-dire que je suis comme tout le monde : je n’ai pas de super pouvoir pour déterminer ce qu’il a. Néanmoins, je remarque rapidement qu’il n’a pas tous ses moyens. « Regarde-moi. Inspire. Bloque ta respiration quelques secondes. Puis souffle. » Naturellement, je viens poser l’une de mes mains sur son bras, comme pour essayer de le calmer. « Recommence. » Pour l’aider, je viens faire le même mouvement, dans l’espoir qu’il m’imite.

Panique. Totale. Intégrale. Monumentale. Les adjectifs peuvent être longs, sans fin. Comme la crise de panique qui propulse Achille au rang de minuscule être humain chétif. Il a peur. Tellement. Le bruit du grondement lui tiraille les entrailles. Il a l’impression que son corps est aussi raide qu’un piquet, prêt à capter la foudre. Ça le fait stresser deux fois plus. Il se recroqueville un peu plus sur lui-même. Il est surpris que les larmes n’inondent pas encore son visage. Il est surpris aussi de pouvoir encore respirer, que l’air arrive encore à parvenir à ses poumons. Néanmoins, il suffoque peu à peu. Il ne résistera pas longtemps. Pas comme ça. Sortie de nulle part, il y a cette voix,, angélique, douce tout en ayant cet aspect autoritaire. Il relèverai bien la tête mais son corps est figé, comme dans du marbre. Impossible pour lui d’émettre un mouvement sans risquer de voir un nouvel éclair, sans risquer de faire en sorte que le grand méchant loup — l’orage — ne le débusque et vienne le réduire en miette. Et puis, parmi les tumultes, il y a son nom qui lui parvient aux oreilles. Délivrance soudaine. Il relève légèrement la tête pour croiser celle de Romi. Il la reconnaît tout de suite : impressionnante et aux traits ressemblant à ceux de Rory. « Uhm. » qu’il arrive juste à sortir. Petit son d’un oisillon au bord du gouffre qui ne se sent pas encore capable de sauter du nid. C’est comme ça qu’il se sent. Son problème ? Il est simple. Il est gros. Noir. Dans le ciel. Au dessus de sa tête. Au-dessus de sa fichu tête. Il explose. Et il serre encore plus les genoux à son torse. Le corps qui tremble, le corps qui ne résiste plus. Il suffoque, l’air ne parvient désormais plus à ses poumons. Il finir par capituler et observe Romi. Il exécute ses ordres, autant apeurés par elle que par l’orage qui continue de gronder. Il essaie de faire abstraction du dernier point, cependant. Il recommence. Encore. Et encore. Jusqu’à ce que ça aille mieux. Un peu. Un éclair illumine la pièce et la panique le reprend, deuxième vague de peur qu’il prend en pleine poire. « J’ai peur… » qu’il arrive à souffler à Romi, sans oser la regarder. Il préfère fixer ses doigts qui s’arrachent la peau des avant-bras à coup de griffures. « Du noir. Me faut du noir. » Seul moyen qu’il connaît pour retrouver un tant soit peu de paix. « On va mourir ? » qu’il ose quand même demander. Parce que voilà ce qui pense qu’il va lui arriver, à lui principalement. Peu à peu, des perle salées viennent briser sa vision. Il pleure. Comme un enfant. Comme un bébé. « M’abandonne pas… » qu’il finit par murmurer en venant s’accrocher, probablement de manière trop forte au bras de Romi parce qu’il l’a vue bouger, de quelques millimètres, mais sont esprits en avait déduit un abandon.

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Même si les bruits qui sortent de la bouche du jeune homme sont faibles, je comprends que j’ai visé juste avec le prénom. C’est déjà ça. Il ne me reste plus qu’à savoir ce qui l’amène ici et là, pour le coup, on ne peut pas vraiment dire qu’il soit loquace. De ce que je peux voir, il n’est pas dans son état normal. Ou alors, je l’effraie. Mais dans mes souvenirs, il n’était pas comme ça lors de notre première rencontre et pourtant, je crois bien que j’étais bien plus effrayante à ce moment-là. Je me pose face à lui et essaye, grâce à la respiration, de lui faire retrouver ses états. Par chance, après quelques minutes, cela semble faire son effet et il retrouve petit à petit des mots. Du noir ? Là, comme ça, je ne sais pas trop quoi lui proposer. Ici, toutes les pièces ont des fenêtres, ou presque. Il y a bien les toilettes, mais je doute que ce soit idéal, surtout si nous devons nous y rendre à deux. Je suis sortie de ma réflexion par sa question et je dois avouer qu’elle me surprend un peu. Ce n’est pas la première fois que j’entends cela, mais ça n’est jamais arrivé dans une telle situation, pas pour un orage. « Mourir ? Non, bien sûr que non ! » Ne jamais dire jamais, mais maintenant qu’il est à l’abri, je crois bien qu’il ne risque plus grand-chose. Dehors, il y avait la foudre. Mais là.. « Tu es en sécurité ici, il ne t’arrivera rien ! » Avec ces quelques mots, j’ai peut-être été trop loin, été trop confiante. Néanmoins, je semble avoir convaincu Achille – un peu trop peut-être – qui vient s’accrocher à moi. « Viens. Nous allons te trouver du noir. » Je me relève et tends la main en direction du brun. Vu son état, je doute qu’il puisse aller bien loin tout seul, alors mon devoir est de rester à ses côtés et de l’aider jusqu’à ce qu’il se sente en sécurité. Les peurs des gens sont variées et je ne peux pas prendre cela à la légère, sinon autant raccrocher mon badge tout de suite. Si ce ne sont pas les toilettes que je vise, ce n’est néanmoins pas une pièce des plus attrayantes qui s’offre à nous. Nous quittons l’accueil de la caserne et traversons le garage pour rentrer dans une petite pièce où se trouvent nos tenues. Je laisse le petit ami de ma sœur s’installer là où il se sentira le mieux et je viens ensuite éteindre la lumière pour lui offrir ce qu’il voulait tant. Doucement, à tâtons, je reviens vers lui. « Est-ce que tu es mouillé ? Je peux aller te chercher une serviette si tu veux. » Bien trop occupée avec mes collègues, je n’ai pas fait attention à la météo dehors. Je ne sais pas si l’orage s’est mis à gronder avant de pleuvoir ou si ce sont les gouttes qui ont ouvert la marche.

Achille ne sait plus vraiment d'où lui vient cette peur titanesque des orages. Ca date surement de quand il était bébé. Il n'y a que cette probabilité là. Pendant longtemps, son père a essayé de l'aider à faire face à cette peur. Il les a étudié, connait comment ils sont formés, comme tout fonctionne, comment éviter de prendre un éclair sur lui. Achille sait ce qu'il doit faire et ne pas faire. Et pourtant, son esprit devient inutile dès qu'un son ou une lumière lui parvient. Tétanisé et apeuré, voilà ce qu'il reste de lui, même quand il est en soi-disant sécurité dans cette pièce appartenant aux pompiers de la ville. Tu es en sécurité ici, qu'elle dit et ce qui ne le rassure qu'à moitié. « Et si un éclair tombe sur la caserne ? Y'aura le feu. » Le brun préfère ne pas continuer sa phrase, ni de faire en sorte que son imagination — qui déborde bien trop — continue de grimper et de lui faire croire à des scénarios improbables. Après tout, si feu il doit y avoir, tout le nécessaire est sur place. Palpitation qui ont du mal à se soulager complètement. Il a même du mal à se relever et remercie en prenant son souffle, la pompier qui le tient et lui permet de pouvoir marcher jusqu'à une autre pièce. Traverser le garage refait monter en flèche sa panique : les portes sont ouvertes et, parce qu'il est un peu insensé, ses yeux n'arrivent pas à lâcher le ciel des yeux. C'est gris, presque noirs, le vent s'est levé encore plus. Il est soulagé de finir dans une pièce sans fenêtre et, comme l'enfant qu'il devient avec ce cas particulier, il se laisse glisser le long d'un casier et revient se mettre en boule : genou collé au torse. Achille ne dit rien et laisse Romi éteindre la lumière. Etre dans le noir le rassure immédiatement, son corps se détend un peu, bien qu'il garde la même position. « Merci. » qu'il dit, suffisamment fort pour percer l'obscurité. « Un peu. Mais ça va. » Il préfère encore mourir de froid que de se retrouver seul dans cette pièce inconnue. Normalement, c'est sous les couettes de son lit qu'il finit. Il espère que Chaussette, sa chienne, ne panique pas dans l'appartement. La pauvre... Il faudra qu'il rentre vite dès l'orage passé pour s'assurer qu'elle aille bien. « Vous - Tu - Romi. Je peux dire Romi ? » Parce qu'il ne connait pas assez bien la jeune femme bien qu'il côtoie régulièrement la petite soeur de cette dernière. Doit-il garder le respect habituel ou peut-il utiliser son prénom pour faciliter l'échange ? Il ne sait pas. Il préfère demander avant de faire une erreur. « Allez aider ceux qui en ont besoin. Je ne vais pas bouger d'ici. » Culpabilité qui le prend désormais. Ce n'est que de la peur. Rien de plus. Peut-être qu'il y a d'autres habitants qui ont véritablement besoin d'avoir une pompier à leur côté. « Est-ce qu'il va durer longtemps ? » Parce que dans son esprit, l'orage est là depuis déjà plusieurs heures et non quelques minutes.

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J’ai beau être pompier et devoir savoir faire face à n’importe quelle situation, lorsque ça touche l’esprit et tout ce qui l’entoure, c’est un peu plus compliqué pour moi. Contrairement à quelqu’un qui est blessé, ou encore brûlé, il est difficile de comprendre ce qui se passe et de vraiment panser la chose. Alors oui, Achille est suffisamment grand pour mettre des mots sur ce qui l’a poussé à franchir les portes de la caserne, mais il ne faut pas oublier que dans son état, ça ne reste pas simple à expliquer et que ce que je pense juste ne l’est peut-être pas pour lui. Quand on pense à la peur de l’orage, on l’assimile souvent à des enfants et si le jeune homme réagit encore ainsi à son âge, c’est qu’il n’a pas réussi à passer au-dessus et que ce sera bien plus compliqué de le convaincre qu’il n’a pas de raison d’être effrayé pour si peu – surtout que certaines personnes meurent parfois foudroyées. Cependant, à ma façon, j’essaye de le rassurer un peu et de grappiller des minutes où il pense à autre chose. Seulement.. il a l’air intelligent et semble avoir déjà réfléchi aux réponses qu’il pourrait me donner. « Si c’est le cas, tu ne penses pas qu’une caserne est le meilleur endroit pour ça ? En seulement quelques minutes, nous serons capables de l’éteindre. » Les incendies lors des orages ne sont pas les appels les plus fréquents auxquels nous devons répondre. Mais il ne faut jamais dire jamais et ça, je suis presque sûre qu’Achille en a conscience. Comme le jeune homme aimerait se retrouver dans une pièce sans fenêtre et plongée dans le noir, je finis par l’emmener dans la réserve où se trouvent nos tenues de travail. Ce n’est sûrement pas l’endroit le plus agréable, mais ça fera l’affaire pour aujourd’hui, pour cette situation. Alors qu'il s'installe confortablement – ou ce qui s'en rapproche – je l'interroge sur l'eau qu'il a pu prendre avant d'arriver à l'abri. Selon lui, c'est supportable. Il ne le dit pas vraiment, mais j'ai comme la sensation qu'il me préfère ici qu'à l'extérieur de la pièce. « Bien sûr. Romi, c'est très bien. » Après tout, c'est comme ça que je m'appelle. Je sais que j'ai peut-être été un peu crue avec lui, la première fois où nous nous sommes croisés, mais aujourd'hui, la situation est bien différente et je ne compte pas le mordre, peu importe ce qu'il dit, que ce soit maladroit ou pas. « Selon moi, tu as besoin d'aide. En plus, si je ne me trompe pas, l'alarme n'a pas sonné : personne ne semble avoir besoin de nous. » Si nous finissons par être appelés ailleurs, alors je reverrais tout cela – même si je lui enverrais sûrement quelqu'un d'autre. « Je ne sais pas trop. La météorologie ne fait pas partie de notre formation, malheureusement. » Dis-je, en réponse à sa nouvelle question et là, je décide d'utiliser de l'humour pour y répondre : peut-être que ça lui permettra de se détendre un peu. « Peut-être quelques minutes, ou alors un peu plus. Est-ce que tu es attendu quelque part ? » Il veut juste sortir de son cauchemar, je suppose. Mais je préfère être sûre qu'il n'y a pas autre chose derrière, surtout s'il y a quelqu'un à prévenir d'un possible retard de la part d'Achille. « Tu sais.. c'est normal d'avoir peur. Nous avons tous quelque chose qui nous effraie. Parfois, ça ne dure qu'un temps et parfois, c'est pour la vie.. Mais tu dois essayer de trouver la force d'affronter tout ça. » Bien sûr, c'est plus facile à dire qu'à faire, je le sais. Mais s'il est comme cela à chaque orage, je n'ose pas imaginer comment son quotidien doit être compliqué, surtout lors des saisons où ils sont plus fréquents.

« Si c’est le cas, tu ne penses pas qu’une caserne est le meilleur endroit pour ça ? En seulement quelques minutes, nous serons capables de l’éteindre. » Regard qui vague autour de lui. Si, bien-sûr, il s'était rendu compte de sa bêtise en la disant oralement. Il ne pensait pas que Romi le lui ferait remarquer. « Uhm. Si. C'est logique. » Et si Achille faisait l'effort de faire quelques recherches, ce n'est pas les incendies qui sont les plus présents lors d'orages intenses. Non, c'est plutôt les branches des arbres qui tombent sur la route ou sur les toits, la violence du vent qui casse des fenêtres. Et puis, la pluie arrêterait un début de feu. C'est logique. Logique mais pas tout à fait pour le Mayfield qui n'est plus en mesure de réfléchir entièrement avec la peur qui le tiraille dans tous les sens. Il se sent déjà un peu plus en sécurité dans cette pièce fermée, entièrement noir (ou presque), avec la douce voix de Romi pour le consoler et le faire revenir à la raison. Cette dernière ne semble pas vouloir le lâcher : pour son plus grand bonheur, soyons honnête, pour se rendre sur une urgence. « Ca va sonner. » qu'il dit, comme s'il pouvait prévoir l'avenir. Elle sonnera, c'est certain, mais peut-être pas pour les raisons qu'il pense. « Comment vous faites quand il y a du vent et un départ de feu du coup ? » qu'il demande en apprenant, par la demoiselle pompier, qu'ils ne sont pas formés sur la météo. Pourtant, ils doivent bien faire avec cette dernière pour leur métier. C'est incompréhensible. Il inspire grandement, bloque un peu l'air, souffle. Il refait ce que la Hallenstein lui avait fait faire il y a un moment pour réguler sa respiration. Il ne souhaite pas refaire une crise de panique, encore moins face à cette dernière. Est-il attendu quelque part après ? Oh non ! Sa pauvre Chaussette qui est toute seule chez lui. La pauvre. Les larmes lui montent aux yeux et il est soulagé de se savoir dans le noir pour ne pas qu'on le voit dans cet état. « Chaussette... » qu'il murmure, la voix tremblotante. « Elle doit être terrifiée toute seule dans l'appartement. » Ou peut-être pas. « Je suis un maître horrible. » Les larmes se mettent à couler sur son visage et, désormais, Romi sait qu'il pleure. Décidément, les orages le font passer par de multiples émotions. Il n'est plus maître de lui-même, ses gestes, ses pensées sont dictées cet énorme nuage gris foncé lançant des éclairs à tout va. « Je ne peux pas me bagarrer contre ça. » Oui, Achille prend le mot affronter au premier degrés. « J'ai même pas de muscles, ça servirait à rien. Je fais pas le poids. » Et il n'a pas tort, personne ne peut faire le poids face à un orage. Ca ne se combat pas. Mais s'il avait pris le temps de véritablement comprendre le sens de la phrase de Romi, il aurait pu en déduire qu'en travaillant sur sa peur, petit à petit, il pourrait, un jour, être capable de ne plus avoir de soucis à se faire lorsqu'un éclair apparait dans le ciel. « Vous devez être déçue que Rory soit en couple avec moi. »


HRP : Vraiment désolée pour le temps d'attente de ma réponse

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Vu l’orage qu’il y a dehors, nous serons peut-être appelés d’une minute à l’autre, mais en attendant, je suis avec lui, tant qu’il aura besoin de moi. « On essaye de faire au mieux. » Dis-je, alors qu’il s’inquiète de ce que l’on fait quand il y a un début d’incendie pendant une période venteuse. « Ce n’est sûrement pas la phrase la plus rassurante, mais c’est pourtant la vérité. Il y a des fois où le feu est plus fort que nous et où nous devons abdiquer. » S’il y a des victimes prisent au piège, c’est d’autant plus triste. On aimerait parfois faire plus, mais nous ne pouvons pas le faire au détriment de notre propre vie. C’est triste et ça fait partie du boulot, malheureusement.. Lorsque je lui demande s’il avait des plans — avant de se retrouver piéger ici — Achille s’inquiète de quelque chose, de quelqu’un. Chaussette. Avant même qu’il ne se mentionne comme un maître, j’avais compris qu’il ne s’agissait pas d’un être humain — le nom sûrement. « C’est.. ton animal de compagnie ? » Une question bête pour une réponse bête sûrement, mais peut-être que lui faire parler d’autre chose lui permettra de se sortir l’orage de la tête. Sans que je ne puisse rien y faire, le jeune homme commence à craquer face à moi. On en était déjà pas loin tout à l’heure, mais là.. il a atteint un stade bien différent. Et le fait que je puisse le voir ainsi semble l’inquiéter, notamment pour la relation qu’il entretient avec ma petite sœur. « Parce que tu es humain ? Ce serait cruel de ma part. » Pour être honnête, ce qui est en train de se passer pourrait presque le rendre plus attachant. Même si bien sûr, j'aurais préféré ne pas le croiser dans ma caserne. « À bien y réfléchir, tu m'as l'air d'être quelqu'un de bien. Rory aurait pu choisir bien pire. » Je n'avais aucun doute sur la capacité de ma sœur à trouver quelqu'un à sa hauteur, que cette personne ait peur de l'orage ou pas. « Ce n'est pas une raison pour vouloir revenir quand je ne suis pas là pour faire des galipettes. » Dis-je pour le taquiner un peu : le distraire, encore et toujours. « Est-ce qu'il y a une raison particulière pour laquelle l'orage t'effraie autant ? » Je ne suis pas certaine que ce soit très intelligent de ma part de chercher à aborder de nouveau le sujet, mais parfois, il faut combattre le mal par le mal. « Tu veux que je te dise un truc.. » Même si je laisse un léger blanc s'installer, je n'attends aucune réponse de sa part et enchaîne. « Pendant une période, j'ai eu peur du feu. Un comble pour mon métier, me diras-tu. Il m'avait retiré la personne que j'aimais le plus sur Terre et je craignais qu'il continue à le faire avec d'autres personnes. Pourtant, regarde-moi aujourd'hui, je l'affronte tous les jours ou presque. Il m'a privé de bonheur pendant de longs mois, je ne pouvais pas le laisser prendre le reste de ma vie. Ce fut compliqué les premiers jours qui ont suivi cette prise de conscience, mais petit à petit, j'ai repris confiance en moi et j'ai arrêté de laisser cette peur me dicter ma vie. » Doucement, pour ne pas l'effrayer, je viens poser ma main sur son bras. « Tu croiseras toujours des orages dans ta vie, tu n'y peux rien. Mais tu peux essayer d'agir pour que cette peur ne te prive pas d'un moment avec Chaussette, par exemple. »