sisters can say anything to each other (rory)

**○ inscrit le** : 24/10/2016

sisters can say anything to each other (rory) JKHT9HW

sisters can say anything to each other
crédit/ tumblr ✶ w/rory

Depuis la fois où ma petite soeur a été malade, ce même jour où j'ai eu la chance de rencontrer son petit ami, alors qu'il sortait de chez nous, j'ai eu l'impression que le temps avait filé à une vitesse folle. Était-ce ce qui s'était vraiment passé ou une simple impression, résultante du fait que ce sujet avait été évité ? J'étais tombée sur lui par hasard et même si je mourrais d'envie d'avoir une discussion à ce sujet avec la brune, je ne pouvais pas la forcer à me parler. Alors.. volonté d'enterrer ce sujet ou simples emploi-du-temps qui ne s'emboîtent pas, nous finirons bien par le savoir un jour. Mais pas de suite, puisque les jours se suivent et se ressemblent – à quelques détails près : après Rory, c'est Lilly qui se retrouve à se faire porter pâle à l'école et voilà que mes journées de repos sont passées dans un lit trop petit pour moi, à câliner la chair de ma chair, dans l'espoir que ces tendres moments lui redonnent la force nécessaire pour chasser les virus. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je suis renvoyée à la caserne pour une nouvelle garde. Deux périodes de repos et deux gardes, c'est-à-dire à peu près douze jours, que j'espère pouvoir discuter avec ma sœur, mais rien.. seulement, plus le temps passe et plus je suis décidée à avoir cette fameuse conversation avec elle. Ou du moins, à essayer de la lancer sur le sujet, dans l'espoir qu'elle se livre sans trop de difficultés par la suite. C'est bien la première fois que je voyais un garçon sortir de chez moi, alors pour être honnête, je ne sais pas exactement quoi faire, ni quoi dire. Je ne me permettrais pas de sujet ses relations, amoureuses ou amicales, mais je veux qu’elle sache que je suis là si elle en ressent le besoin. Même si cela occupe mes pensées, la garde que je vis est un peu trop mouvementée pour que je m’y attarde plus – loin de la maison, ça n’a de toute façon pas d’importance. Les interventions en tout genre et les conversations s’enchaînent, me poussant à me remettre en question, moi et mon corps. Si cogiter de la sorte n’est pas forcément recommandé – pour éviter d’être distrait en pleine intervention, c’est plus fort que moi. Dans l’espoir d’avoir des réponses, je profite d’une petite accalmie pour aller faire quelques courses. Malheureusement pour moi, ce que je pensais m’aider ne fait qu’empirer les choses. Par chance, la fin de ma garde est maintenant proche et je vais pouvoir rentrer chez moi pour élucider ce mystère. L’heure arrivée, je repasse faire quelques courses avant de rentrer : Lilly passant du temps avec les parents d’Alice, j’ai l’occasion d’avoir un peu de temps pour moi avant qu’elle ne rentre à son tour. Une fois devant la maison, je rentre mes clefs dans la serrure et ouvre la porte. Si je pensais être seule, je me trompais. À en voir les affaires présentes dans l’entrée, ma sœur est là. « Rory ? Tu es déjà rentrée ? Je pensais que tu finissais plus tard. » Ce n’est pas que je ne connais pas son emploi du temps, c’est juste qu’il est plus facilement modifiable que le mien : l’un de ses enseignants est absent et voilà qu’elle peut avoir son après-midi. Je m’avance jusque dans la cuisine, déposant les sacs provenant de l’épicerie et de la pharmacie sur le plan de travail. Si elle n’écoutait pas la musique, alors peut-être que Rory m’a entendu. Sinon, j’ai quelques minutes devant moi pour faire ce que je voulais.

_________________

sisters can say anything to each other (rory) TZfXhF7j_o

ONGLET 1 ONGLET 2

ROMI & RORY

sisters can say anything to each other

Avec l'âme d'une collégienne un peu blasée, Rory laissa son sac à dos tomber de son épaule sur le sol de l'entrée et retira ses chaussures sans en défaire les lacets, dans un soupir qui avait quelque chose de trop adolescent désormais pour son âge. Elle venait de poireauter deux heures dans les couloirs de l'université, dans l'attente peu enthousiaste d'un cours qu'elle avait hésité à sécher portant sur les règles de calculs des sommes de 1 à n. Elle trouvait déjà le sujet peu propice à l'esprit critique et au développement intellectuel, mais le professeur qui était assigné à la tâche avait apparemment le profil de sa matière : barbant, redondant, bedonnant. Elle lui avait maintenant trouvé un nouveau défaut : absent. Il avait donc fallu qu'après deux heures à passer de la cafet à la bibliothèque, elle attende encore une dizaine de minutes, installée dans l'amphithéâtre avec le reste de sa promo, pour qu'on vienne leur annoncer que "oups oui pardon, finalement votre professeur a un empêchement". Ce manque de considération pour son temps la ramenait à l'injustice constante de son adolescence, quoique celle-ci avait été plutôt calme, à cela près qu'elle s'était découvert une passion pour la complainte et les yeux qui roulent.
Tentant de se grandir en se focalisant sur le positif -elle était maintenant chez elle-, Rory s'affala sur son lit, non sans soupirer à nouveau, et tendit son téléphone au-dessus de son visage pour y pianoter son code et ouvrir sa conversation avec Achille. Malheureusement, lui-même n'était pas disponible. Ses horaires étaient très variables en fonction des projets, clients et missions ponctuelles, et cet après-midi en particulier, il n'aurait pas le temps de faire oublier à Rory qu'elle aurait pu mieux utiliser le sien. Un peu déçue, elle échangea quelques messages avec son Jules, sourire ingénu aux lèvres, puis elle lança dans ses écouteurs une playlist sur laquelle se trémousser pour se changer les idées. Elle se leva ensuite, enfila un crop-top gris et un jogging trop large, puis rassembla ses cheveux en un chignon volontairement lâche. Elle ouvrit le premier tiroir de son bureau et en sortit une petite pochette, à côté de son appareil photo, dont elle sortit quelques instantanés qui la firent sourire. Il y avait une photo ratée dans un bar, la mine déconfite d'une de ses amies qui venait d'apprendre qu'il y avait de l'algèbre à l'examen, et bien sûr cette photo qu'elle cherchait à moitié, de Achille et ses bouclettes, que Rory faisait mine de décoiffer dans une grimace amusée. Sa mauvaise humeur semblait se dissiper à la vitesse de l'éclair, maintenant qu'elle était dans son safe space physiquement et mentalement. Seulement, la tendresse qu'elle ressentait fut foudroyée par le bruit des clés dans la porte. Romi. Elle ne savait toujours pas. Ou si, elle savait. Probablement. Achille avait confié à sa petite amie avoir croisé sa sœur lorsqu'il sortait de chez elle, il y avait de ça un peu moins de deux semaines. Rory aurait voulu avoir le temps de lui en parler avant qu'elle ne l'apprenne autrement, mais les choses ne s'étaient pas vraiment passées comme prévu. Depuis, pendant quelques jours, la jeune femme avait presque évité son aînée. Elle ne voulait pas mettre les pieds dans le plat, tomber comme un cheveu sur la soupe, ou toute autre métaphore culinaire peu ragoutante. Elle aurait voulu laisser passer assez de temps pour que le tout lui vienne naturellement, mais elle ne savait pas comment aborder le sujet sans lui sembler obligée de l'aborder, en raison de leur rencontre fortuite.
En entendant sa sœur l'appeler, Rory inspira un grand coup devant son miroir. Il fallait qu'elle lui en parle. C'était même plus simple que ça, elle avait envie de lui en parler. Elle adorait se confier à sa sœur et elle ne savait même pas pourquoi, cette fois, cela lui semblait plus difficile. Elle se répéta intérieurement que la meilleure manière d'être naturelle était de ne pas se poser mille questions. Elle avait tendance à s'en poser plus qu'à l’accoutumée, en ce moment. Mais Romi restait sa même grande sœur, et elle savait qu'elle pouvait lui faire confiance. « J'arrive ! » Se décida finalement Rory en se dirigeant vers la cuisine. Elle y trouva Romi et quelques sacs de course et embrassa donc sa sœur sur la joue en commençant à ranger ce qui se trouvait dans les sacs. « Ça a été ta garde ? » Le métier de Romi pouvait être on ne peut plus éprouvant -plus que Rory ne pouvait l'imaginer à vrai dire- et elle avait toujours peur qu'elle ait vécu des choses difficiles, lorsqu'elle rentrait après une garde. « Tu as eu les parents d'Alice ? Lilly reprend un peu des forces ? » La nièce de Rory n'avait pas été épargnée par la chute des températures et couvait quelque chose depuis quelques jours déjà. « Si elle a la même chose que moi, ça devrait lui passer d'ici quelques jours... On est fortes, chez les Hallenstein, mais je ne te l'apprends pas ! » Rory voulait presque rassurer Romi. Cette dernière savait probablement que sa fille n'était pas en danger à proprement parler, mais il pouvait parfois être impressionnant pour un parent de voir son si petit enfant en proie à un virus. Virus que Rory lui avait peut-être même transmis, bien qu'il se soit déclaré presque deux semaines après ses symptômes à elle... Mais la jeune femme n'était pas très douée en médecine. Pour ces sujets-là, mieux valait s'adresser à leur mère.

Arya

**○ inscrit le** : 24/10/2016

sisters can say anything to each other
crédit/ tumblr ✶ w/rory

Métro, boulot, dodo. Quand nous sommes adultes, c’est bien souvent ce qui arrive et quand, en plus, nous travaillons à la caserne, alors cette routine est décuplée. Par chance, lorsque je passe la porte de ma maison, tout se fait à un rythme bien différent. Et pour être honnête, rien que ça, c’est assez reposant – surtout que derrière, l’impact d’une tâche non faite a beaucoup moins d’impact. Histoire de ressembler un peu à l’adulte responsable que je suis sensée être sous ce toit, j’arrive les bras chargés de sacs de provisions. Si je pensais trouver la maison vide, je me trompais et forcément, ça fausse légèrement mes plans. Mais je suis une femme pleine de ressource, alors je trouverais un moyen de passer outre la présence de ma petite sœur pour faire ce que j’ai à faire. Après quelques minutes seulement, Rory me répond et se montre rapidement. Elle vient m’embrasser sur la joue, avant de venir m’aider avec les courses et de s’intéresser à ma garde passée. « C’était assez sport. Mais la ville se porte mieux maintenant. » Je n’arrête pas des voyous, rendant la ville plus sûre, mais dans mon esprit, l’idée est la même. « Et toi ? Ta journée s’est bien passée ? » Sa journée et les dernières aussi. Même si nous avons l’occasion d’échanger quelques messages quand je ne dors pas ici, ce n’est pas vraiment la même chose. « Ça avait l’air d’aller mieux. Elle était allée un peu dehors et avait fait courir son grand-père, alors.. » C’est la première petite fille de la famille, que ce soit de mon côté ou celui d’Alice, alors autant dire que tout le monde est capable de se plier en quatre pour elle, quitte à se retrouver déguisés, à faire on-ne-sait-quoi dans le jardin pour répondre aux souhaits de la brune. J’espère juste, que plus tard, elle saura qu’elle ne peut pas voir tout et n’importe quoi de tout le monde, que là, ils le font parce que ça leur fait plaisir, mais que sinon, il faut respecter les envies des autres. « Laisse. Je vais m’occuper de finir. » Dis-je, alors que je vois ma sœur avancer bien plus vite que prévu dans le rangement des courses. Il serait quand même dommage qu’elle tombe sur le test de grossesse, dissimulé au fond de l’un des sacs. Si j’aimerais avoir une conversation avec ma sœur, c’est pour parler de sa vie sentimentale, pas de la mienne. Alors que l’un des cabas est bientôt vidé, une idée vient soudainement s’immiscer dans mon esprit. « Je peux demander aux parents d’Alice de garder Lilly. On pourrait passer la soirée toutes les deux, commander des pizzas, regarder un film tout pourri et.. parler un peu. » Quand la petite fille est là, une fois l’heure du coucher passée, nous nous retrouvons souvent toutes les deux, avec Rory. Mais il faut avouer que ce n’est pas vraiment la même chose que d’avoir la maison pour nous toutes seules. « Je te laisse même choisir le film ! » Si ce n’est pas être mignonne, je ne sais pas ce que c’est. Même si derrière cela, il n’y a pas que de la gentillesse, puisque de nous deux, Rory est sûrement celle qui a le plus de connaissances cinématographiques – dans cette maison, je suis plutôt les muscles et elle, le cerveau. Et puis, s’il faut être honnête, ce que je regarderais n’aura que peu d’importance pour moi tant que je peux passer une soirée avec elle, comme on en a l’habitude parfois, quand nos emploi-du-temps nous le permettent. « Je vais aller les appeler, avant qu’ils ne prennent la route pour venir ici. » J’espère qu’il n’est pas trop tard pour ça. J’en doute, pour être honnête, car quand ils le peuvent, ils font en sorte de passer le plus de temps possible avec leur petite fille. Alors tant que le soleil sera encore suffisamment haut pour jouer dehors, ils en profiteront. Sans réfléchir plus longtemps, je récupère mon téléphone et file dans une pièce adjacente. Mais peut-être que j’aurais dû réfléchir un peu plus, peut-être que j’aurais dû m’occuper des dernières courses avant de m’absenter.

_________________

ONGLET 1 ONGLET 2

ROMI & RORY

sisters can say anything to each other

En entendant sa sœur annoncer que la ville se portait mieux désormais, Rory acquiesça d'un air entendu, imaginant Romi vêtue d'un uniforme de super-héroïne, cheveux au vent et allure fière. L'image n'était pas sans l'amuser, mais on pouvait arguer qu'elle y fondait une certaine vérité : elle avait beaucoup d'admiration pour son aînée -d'abord probablement parce qu'elle était son aînée, ensuite et surtout parce que malgré son hyperbole, elle rendait effectivement la ville un peu meilleure. Les statistiques paraissaient bien ennuyeuses à Rory, en comparaison. « Oh, m'en parle pas, j'ai attendu deux heures à la fac pour rien, parce que le prof avait oublié de nous avertir qu'il ne serait pas là... » Rory leva les yeux au ciel. « J'espère que lui aussi il a la crève, tiens. » Marmonna-t-elle dans sa barbe, pas très fière de ce qu'elle avançait. Ce qui lui importait réellement, c'était de savoir que les choses s'amélioraient petit à petit pour sa nièce. « Ah, tant mieux. Ça ne m'étonne pas d'elle, elle sait toujours obtenir ce qu'elle veut ! » Ce n'était pas sans rappeler à Rory sa propre enfance : elle avait souvent usé et parfois abusé de son statut de petite dernière pour faire courir son monde, elle aussi. Elle imaginait que la tâche devait être aisée pour la jolie bouille de Lilly, qui était, qui plus est, l'unique petite fille de ses grands-parents. Pour l'instant.
Rory haussa une épaule quand sa sœur lui dit qu'elle allait terminer de ranger les courses. Il ne restait plus grand chose dans les sacs mais sa flemme sous-jacente lui suggéra que l'offre était bonne apprendre. Aussi s'accouda-t-elle sur le plan de travail en écoutant Romi lui proposer une soirée pizzas et film. Cette perspective l'enchantait comme une enfant la veille de Noël. Elle s'imaginait déjà faire pause toutes les trois minutes de film pour raconter une nouvelle anecdote sans trop d'intérêt à sa sœur, rire avec elle et lui confier l'existence d'Achille avec une voix aigue bien trop surexcitée. Elle commença d'ailleurs sur ce ton, tapotant dans ses mains avec un large sourire pour montrer son approbation. « Trop bien ! Ça va être gé-nial. J'ai plein de trucs à te dire... » Osa-t-elle teaser dans un regard malicieux, histoire d'attiser la curiosité de Romi et de se préparer une introduction bienheureuse.
Ainsi Romi partit prévenir les grands-parents de Lilly, avant qu'ils ne partent pour la ramener. Pendant ce temps, Rory s'affaira à nouveau à ranger les courses -il aurait été peu coopératif et même ridicule d'attendre le retour de sa sœur, d'autant qu'au plus vite les courses étaient rangées, au plus vite leur soirée pourrait commencer. Dans un monde parallèle, une musique lente et crescendo animait la scène. Rory était loin de s'en douter, puisqu'il ne s'agissait que de ranger de simples courses, mais chaque objet se mouvait au ralenti. Chaque regard qu'elle posait vers les sacs cartonnés exaltait la tension, chaque seconde l'approchait de l'inexorable découverte qui l'attendait là, au fond, sous le liquide vaisselle et savamment cachée derrière un paquet de mouchoirs. Bientôt il fut trop tard. Rory souleva ce qu'elle pensait être les derniers éléments du dernier sac. La musique était stridente, à cordes, aigue -du violon peut-être. Un test de grossesse. Le cœur de Rory manqua quelques battements, puis reprit dans une course folle et virulente. Son regard interloqué était incapable de se détacher du si petit objet, de sa boîte si savamment symétrique, de ses conséquences si marquantes. Elle avait mille questions. La première, n'était-elle pas en train de tirer de mauvaises conclusions ? Peut-être que Romi avait acheté le test pour dépanner une connaissance, ou même aider une mineure qui s'était présentée à la caserne, ou quoi que ce soit d'autre. Si c'était bien le sien ensuite, Romi était-elle contente de devoir découvrir cette vérité ? Avait-elle rencontré quelqu'un avec qui elle voulait, comme elle en avait parlé à sa sœur, donner un frère ou une sœur à Lilly ? Déjà ? En quelques mois seulement, elle aurait rencontré quelqu'un -dont elle n'aurait pas parlé-, aurait eu le temps d'aborder le sujet, se serait lancée dans les "démarches" nécessaires, et attendrait désormais le verdict ? Non, définitivement, il semblait plus probable à Rory que sa sœur ait acheté le test pour quelqu'un d'autre que de se dire qu'elle avait brûlé les étapes. Elle ne l'aurait pas jugée de vouloir un enfant si tôt, elle faisait amplement confiance à ses décisions et voyait quelle mère formidable elle était pour Lilly ; seulement, elle savait qu'il lui était encore difficile de s'engager et de prévoir l'avenir après le décès de sa femme, fût-il de plus en plus lointain. Alors non, si c'était le sien, c'était probablement un accident. Et si c'était le cas, et qu'elle était enceinte, que ferait-elle ? Ou avait-elle fait un bébé toute seule ? Rory secoua la tête, comme pour s'ancrer à nouveau à la réalité. Elle inspira profondément, et décida qu'elle n'avait pas à se poser toutes ces questions : il s'agissait de la vie privée de Romi, et elle lui en parlerait si elle en avait envie, sans avoir besoin de la curiosité de sa sœur. D'ailleurs, Rory se promit d'être là pour elle, quelle que soit la configuration à laquelle sa sœur serait confrontée -déception de ne pas être enceinte, déception de l'être, elle lui tiendrait la main ou tiendrait celle de son enfant selon son choix, et ce sans poser d'autres questions que celles auxquelles elle souhaiterait répondre. La seule interrogation pertinente qui demeurait était de savoir si elle devait lui dire ce qu'elle avait trouvé dans le sac. Elle devrait peut-être replacer soigneusement les produits au-dessus du test, rempiler dans le bon ordre -approximativement- tout ce qu'elle avait vidé pour faire comme si de rien n'était... Seulement, malgré toute sa bonne volonté, Rory se dit qu'elle ne s'en sentait pas capable. Elle pourrait difficilement raconter ses batifolages avec Achille comme s'il s'agissait d'une nouvelle incroyable alors que sa sœur devait gérer un tel secret.
Rory s'avança donc vers le couloir, essayant d'entendre si Romi avait terminé son appel. Elle attendit quelques secondes, et lorsqu'il lui sembla qu'elle avait dit au revoir et raccroché, elle passa la tête par l'entrebâillement de la porte, à laquelle elle toqua doucement. « Dis, pour le film, j'ai eu l'idée d'une comédie que je pense être un navet, cru 2007... » Rory releva un regard sondeur vers sa sœur, comme pour jauger sa réaction. « Ça s'appelle Knocked Up. » Elle croisa les bras contre son torse, puis désigna du pouce l'approximative localisation de la cuisine. « Je... J'ai terminé de ranger les courses. » Rory se dit qu'ainsi, elle ne cachait pas à sa sœur sa découverte et, pour autant, celle-ci n'avait aucune obligation de réagir si elle n'en avait pas envie. Si Romi faisait comme si de rien n'était, Rory en ferait de même. Mais en attendant, elle était plutôt soulagée de ne pas devoir faire semblant de ne pas être savoir ce qu'elle savait pourtant.

Arya

**○ inscrit le** : 24/10/2016

sisters can say anything to each other
crédit/ tumblr ✶ w/rory

Si je ne me trompe pas, la dernière fois où nous nous sommes retrouvées toutes les deux ici, pour une soirée, – sans compter les moments où Lilly dort dans l'une des chambres de la maison – ça remonte à plusieurs semaines. J'ignore si c'était nos emplois du temps qui étaient trop compliqués, si l'on cherchait à s'éviter, en quelques sortes, ou si finalement c'était un mélange de ces deux options. Mais quoi qu'il en soit, la perspective de cette soirée, à échanger et rigoler – ou pleurer selon le film qu'elle choisira – avec l'une de mes petites sœurs me remplit de joie. Alors à son approbation, je décide de m'éclipser quelques minutes pour appeler mes anciens beaux-parents et ainsi leur demander de garder Lilly un peu plus longtemps. Sans grande surprise, ce n'est pas un problème pour eux, qui se font une joie de garder leur petite-fille – je ne le vois pas sur leurs visages, mais je l'entends au son de leurs voix. Malgré leur réponse rapide, nous échangeons encore quelques minutes autour de l'état de santé de la petite tête brune et de sa journée. Ce qui est arrivé à Alice est dramatique, mais ça ne s'est jamais mis entre nous et forcément, pour Lilly, nous avons toujours veillé à ce que notre relation reste positive : leur fille n'étant plus là, je ne pouvais pas en plus les privés de la fillette. Une fois le téléphone raccroché, je ne tarde pas à voir Rory me rejoindre dans la pièce où je me suis isolée. Visiblement, elle a réfléchi à ce que nous pourrions bien regarder ensemble. Si au début, je ne relève pas vraiment le titre – j'aurais l'occasion de m'y intéresser un peu plus tard, quand nous serons devant – je reviens rapidement à la réalité lorsqu'elle évoque les courses. « Toutes les courses ? » Quelqu'un qui ne serait pas pris sur le fait comme cela ne réagirait sûrement pas de la sorte, mais est-ce que je peux vraiment me cacher maintenant ? « Toutes, toutes les courses ? » Avant de dire ou de faire quoique ce soit, autant prendre toutes les informations qui me seront utiles. À en voir le visage de ma sœur, il n'y a que peu de doutes sur ce qu'elle a vu dans ce sac – pourtant bien caché tout au fond de celui qui avait le contenu le moins intéressant. « Ce n'est pas ce que tu crois.. Enfin si, sûrement. Disons que c'est compliqué. » Comment est-ce que je pourrais lui expliquer cela ? Surtout que maintenant, elle est suffisamment grande pour comprendre et pour se faire une idée sur la question. À l'époque où Lilly est arrivée, elle était plus jeune – sûrement pas naïve pour autant – et surtout, nous n'habitions pas sous le même toit. Alors tout ce qui a tourné autour du, ou plutôt des, test de grossesse ne l'a concernait pas vraiment. Aujourd'hui, c'est une autre histoire.. en quelque sorte. « Mais ce n'est peut-être rien, qu'une faute alerte. » Un premier test de grossesse positif ne veut pas forcément dire que dans neuf mois, quelqu'un rejoindra notre famille : les faux positifs existent. Et puis, si je veux complètement être honnête, vu la situation entre Otis et moi, ce serait certainement mieux que ce soit un faux positif. « Je sais ce qu'on s'est dit l'autre fois.. ce n'était pas prévu. » Je ne voudrais pas qu'elle commence à s'imaginer avec une Baby Shower ou encore une Gender Reveal. « C'est.. compliqué. » Je ne vois pas d'autres mots pour décrire cela. J'ai couché, plusieurs fois, avec l'un de mes pompiers. La première fois, j'ignorais qu'il serait sous mes ordres le lendemain. Et pour couronner le tout, il est en couple avec quelqu'un d'autre, une femme qui a perdu l'usage de ses jambes suite à un accident. Ce serait quand même cruel de ma part d’imaginer quoique ce soit avec lui et un éventuel enfant, surtout qu’il a décidé de repartir pour Wellington. Ce n’est pas la mer à boire comme distance, mais quand même.. ça ne va pas dans le bon sens je trouve. « Finalement, cette soirée tombe plutôt bien ! » Dis-je, alors qu’un fin sourire essaye de se dessiner sur mes lèvres. Bien sûr, je ne parle pas du test de grossesse, que je ferais je-ne-sais trop quand, mais bien de la partie confession. J’ignorais quand et comment en parler avec Rory, c’est maintenant chose faite, alors nous pouvons passer à autre chose – même s’il y a une bonne partie du résultat qui jouera là-dedans. « Ton film, est-ce que tu l’as de côté ? Ou est-ce que tu dois le télécharger ? » Je ne sais pas si elle a des questions, elle en a sûrement, mais on pourra voir cela plus tard, surtout si elle doit chercher et lancer le téléchargement de ce film. Il y a la pizza aussi, il ne faudra pas trop tarder à la commander si on veut que tout se goupille bien ensemble. Et bien sûr, je n’oublie pas son petit-ami non plus, il serait quand même dommage que ce petit objet en plastique éclipse tout le reste.

_________________

ONGLET 1 ONGLET 2

ROMI & RORY

sisters can say anything to each other

« Toutes les courses ? » Acquiescement. « Toutes, toutes les courses ? » Regard navré, presque coupable. Définitivement, Rory avait vidé tous les sacs... Et à en juger par la réaction de sa sœur, ce n'était finalement pas un test acheté pour une tierce personne -quoiqu'à y réfléchir, Rory aurait eu du mal à croire à cette version. Lorsque sa sœur évoqua une fausse alerte, la jeune étudiante pensa de suite à un retard de règles plutôt qu'à l'existence d'un premier test positif. Aussi se voulut-elle rassurante, plus maladroitement qu'elle n'aurait pu le penser. « Bien sûr, ce peut être une fausse alerte ! Je ne t'apprends rien, les cycles, ça va, ça vient... » Statistiquement -et elle commençait à s'y connaître, les faux positifs étaient probablement plus rares que les retards de quelques jours. Mais pour l'instant, la question n'avait encore pas effleuré son esprit. Apparemment, Romi n'était pas ravie de la situation -ou plus exactement, elle n'en était pas maîtresse. Peut-être allait-elle souhaiter être effectivement enceinte mais, si tel était le cas, elle ne l'avait apparemment pas prévu. « Compliqué comment ? » Rory chercha ses mots pour ne pas brusquer sa sœur, sans pour autant laisser s'installer de secrets. « Tu sais qui serait le... "père" ? » Elle hésita à prononcer ce mot, ne sachant pas vraiment quels étaient les ressentis de Romi face à cette situation. Peut-être qu'il n'y aurait pas de père, peut-être même qu'il n'y aurait pas d'enfant : aussi regretta-t-elle son choix de terme, mais il était trop tard et elle préféra enchaîner sur le reste de ses questions. Après tout, Romi la connaissait mieux que personne. Quoi qu'il en soit, le fond de la question lui semblait pertinent, étant donné que Romi n'avait mentionné aucune fréquentation récemment. Peut-être avait-elle eu quelques aventures qui pourraient flouter sa connaissance du responsable, peut-être au contraire était-elle en train de construire une relation monogame et à long-terme avec quelqu'un qu'elle n'avait simplement pas encore présenté à sa famille... dans tous les cas, s'il y avait effectivement un bébé, Rory voulait en savoir plus. « Attends, tu crois vraiment qu'on va regarder le film, là ?! » Surjoua Rory, dans un petit rire. « Vas faire pipi et plus vite que ça, Hallenstein ! Tu n'as pas envie de savoir ? » "Moi, si" se retint-elle d'ajouter. Si c'était négatif, toutes ses questions s'évaporeraient et elles pourraient envisager de regarder une comédie sans intérêt -encore que, il y avait peut-être un homme dont Romi voulait parler-, mais dans le cas contraire, mieux valait être fixées. Et en tout cas, Rory n'aurait pas pu se concentrer sur autre chose tant qu'elle se demanderait si sa sœur était effectivement enceinte. « Au pire il doit bien être sur Netflix. » Jeta-t-elle sans trop d'intérêt. « Bon, par contre, on peut parler en mangeant alors ce que je te propose, c'est que tu ailles faire... ce que tu as à faire, et pendant ce temps je commande les pizzas, deal ? » Proposa-t-elle, mi-excitée, mi-micro-manager. « Une quatre fromages ? » S'enquit-elle, à la hâte, trop pressée pour se souvenir des pizzas que préférait sa sœur à l'accoutumée. Et tout le monde aimait la quatre fromages, après tout.

Arya

**○ inscrit le** : 24/10/2016

sisters can say anything to each other
crédit/ tumblr ✶ w/rory

Prise la main dans le sac.. celle de Rory ici, en l'occurrence, mais l'idée est la même : je pensais pouvoir faire ce second test de grossesse en toute discrétion et c'est raté. En plus, il faut être honnête, ce n'est que le début des problèmes.. aussi adorable soit Rory, je sais qu'elle ne se contentera pas de cela, qu'elle va vouloir connaître le fin fond de cette histoire — et qui suis-je pour la blâmer ? Je serais sûrement comme elle à sa place. D'ailleurs, comme je peux, j'essaye de me dépatouiller de tout cela, donnant de rapide explication pour poser le contexte. « Compliqué.. » Ce n'est pas l'endroit et sûrement pas le moment pour en discuter, mais ça finira par arriver. Je ne peux pas lâcher une telle bombe avec ce test de grossesse et penser que je m'en sortirais sans une petite conversation. Mais en attendant d'en apprendre un peu plus sur tout cela, j'essaye d'orienter l'esprit de ma sœur vers autre chose. C'est peine perdue, clairement.. même le film qu'elle a proposé tout à l'heure ne fait plus d'effet. « Ma vie n'est pas une télénovéla, tu sais. » Certes.. avec ce petit événement, les cartes sont rabattues, mais au point de suivre cela comme un film ? Je ne pense pas. Je n'ai pas le temps d'ajouter quoique ce soit de plus que Rory m'ordonne d'aller aux toilettes pour voir ce que ce test donnera. C'est assez surprenant de la voir donner des ordres, à croire qu'on marche tous un peu sur la tête en ce moment. « Oui cheffe ! » Je mime un salut militaire pour accompagner mes propos. Et finis par lui répondre concernant la pizza. « C'est très bien aux quatre fromages. » Pour m'exécuter, je repasse par la cuisine et récupère le carton qu'elle a sorti du sac un peu plus tôt. Je la laisse s'occuper de notre commande et file dans l'une des salles de bain. Avant ma dernière garde, je n’avais jamais eu à utiliser de tel test, et voilà que je recommence déjà l’expérience — il ne faudrait pas que j’en prenne l’habitude avec de telles relations. Après quelques minutes seule dans la pièce et mes petites affaires faites, je reviens auprès de Rory. « Voilà.. c’est fait. » Il faut maintenant attendre. Et pour être sure de ne pas regarder inutile sur le morceau de plastique, toutes les dix secondes, je l’ai laissé là-bas. « Promets-moi que tu te protèges quand tu le fais avec Achille. » Si elle le fait bien. « Il serait dommage de se retrouver avec deux bébés en même temps. » Elle vient d’une grande famille, avec une mère qui a fait des études de médecine, alors elle sait ce genre de choses, mais je préfère le rappeler. Au cas où.. surtout maintenant qu’elle a un petit copain. « Ne t’emballe pas, je ne dis pas que le test est positif ! Il faut encore attendre un peu. » Cinq minutes. Et étrangement, le temps semble durer une éternité. Peut-être qu’il est temps de lancer les hostilités au sujet d’Otis « Je voyais un homme dernièrement. Un pompier, un nouvel arrivant à la caserne. » Le seul, si elle se pose la question. Mais je suppose que ce sujet reviendra plus tard au besoin. « C’était plus passionnel qu’autre chose. » Et encore.. après une nuit passée ensemble, sans que je sache qui il était encore, j’ai décidé de mettre de la distance entre nous. C’était une nouvelle recrue, j’étais son lieutenant, ça ne pouvait pas fonctionner. Même si parfois, ce n’était pas l’envie qui manquait et il est arrivé qu’elle prenne le dessus sur mes convictions — on ne serait pas là à attendre un résultat sinon. « J’ai appris qu’il avait une copine, alors nous avons décidé d’un commun accord d’arrêter tout cela. » Et il a même quitté la caserne pour retourner dans la capitale. « Difficile d’élever un enfant dans de telles conditions, non ? »

_________________

ONGLET 1 ONGLET 2