this rollercoaster's a carousel and i'm getting nowhere → charli

Jouer comme ma mère le fait, je ne suis pas certaine d’en être capable. Par chance, ce n’est pas vraiment ce que l’on me demande ici. Un peu, à petites doses dirons-nous et vu le temps que je vais passer avec cet homme, je me dis que ce sera suffisant pour que ça reste inaperçu, pour qu’il ne se doute de rien. Maintenant qu’il est parti de son côté pour récupérer sa voiture, Iggy et moi sommes un peu plus libre pour discuter. Si nous mettons en place un plan, alors peut-être que je serais moins prise au dépourvu avec ses idées — en espérant que trouver un club était bien la pire chose qu’elle pouvait me demander. « Tu rentres ? À la maison ? Avec moi, j’espère. Il manquerait plus que ce soit moi qui reste bloquée avec lui. » Vu comme elle l’a dit, la soirée semble promise à quelque chose d’expéditif. Mais peut-être que je me trompe, elle a seulement été droit au but, sans évoquer les verres que nous prendrions et la partie de danse endiablée qu’elle va demander à son partenaire du soir. « Est-ce que tu penses qu’ils te laisseront entrer ? Je veux dire.. si tu es vraiment la patronne, tu ne peux pas te permettre de faire la queue. » Et généralement, dans ce genre d’endroit — je suppose, c’est à la tête que ça se fait. J’ai envie de croire qu’Iggy inspire la confiance pour cela, qu’elle a le genre de visage et de prestance pour qu’on la laisse passer sans trop poser de questions. Espérons-le. Même si finalement, ce ne serait pas non plus dramatique si son rendez-vous du soir comprenait la supercherie — il a payé le restaurant, c’est bien là tout ce qu’on lui demandait. En plus, est-ce qu’il serait vraiment déçu ? Vu l’intérêt qu’il porte au métier supposé de ma mère, plus qu’à sa personne, ce serait quand même mal venu de sa part de s’indigner d’une telle manipulation. Surtout qu’au final, il n’y aura pas vraiment mort d’homme. La brune reprend sa conduite lorsque le feu repasse au vert et rapidement, nous arrivons devant le club. À première vue, il ressemble aux images. C’est déjà ça. Il aurait quand même été dommage d’arriver devant un truc finalement abandonné. « Je te laisse faire ta Iggy, je suppose ? » Dans l’espoir que ça fonctionne vraiment ici et que l’entrée nous soit offerte à tous les trois — sauf si elle espère profiter du temps où l’homme se gare pour essayer d’amadouer un peu le videur.

C’était déconcertant de voir avec quelle facilité Iggy se sortait de toute situation. Je n’avais pas encore eu la chance de la voir à l’œuvre dans cette boite de nuit, mais je n’avais aucun doute sur le fait qu’elle s’en sortirait à merveille, comme toujours. D’où est-ce qu’elle sortait ça ? Je l’ignorais. Et est-ce que ça coulait dans mes veines ? J’en doutais un peu. Même si finalement, je m’en étais très bien sortie pour lui trouver un club assez rapidement et visiblement répondant à ses attentes. Du moins, c’est l’impression que j’ai en arrivant devant celui-ci. Elle se gare devant l’établissement. Un peu n’importe comment selon moi, mais je ne vais pas me plaindre puisque je suis sa passagère et je suppose que ça fait partie du personnage — je l’espère, car sinon, ça voudrait dire qu’elle fait partie du type de personnes que je peux facilement insulter dans la rue sans même savoir qui ils sont et ce qu’ils font de leur vie. A l’approche des videurs, Iggy n’a aucun mal à se faire saluer et ça, ça ne devrait pas tomber dans l’oreille d’un sourd avec Kyle. À croire que pour lui, si les choses se passent bien avec ma mère, alors dans quelques mois il devient le futur maire de la ville. C’est quoi cette facilité que certains ont à vouloir toujours être au centre de l’intérêt et s’assurer d’être bien vu de tous.. sa vie est-elle si déprimante que ça ? Pourtant, sur l’application, il avait l’air plutôt cool — c’est peut-être ça le problème, beaucoup de personnes mentent sur ce genre de site, Iggy compris. Tous les trois regroupés et la porte passée, nous nous avançons dans la boîte de nuit. « C’est plutôt pas mal ici. » Un bon point pour moi, mais j’aurais peut-être dû le remarquer intérieurement. M’émerveiller pour un rien, alors que je suis censée être l’assistante d’Iggy, c’est un peu maladroit. Alors comme je peux, j’essaye de me rattraper. « Je veux dire.. depuis qu’ils ont refait les peintures. » C’est bien Charli, rattrape-toi comme tu peux. Par chance, c’est à peine si je compte aux yeux de l’homme, alors ma phrase — ou plutôt ma boulette — est finalement passée totalement inaperçue. Est-ce qu’il s’est découvert un certain intérêt pour ma mère ou est-il bloqué sur le métier qu’elle "pratique" ? Je me demande bien. Et pour être honnête, plus le temps passe et moins j’ai foi en lui. « Vous voulez peut-être un verre ? » Dis-je, à l’intention de la brune et de son rendez-vous du soir, il faut sûrement au moins cela pour attirer son attention. Surtout que techniquement, quand on sort avec la patronne, on doit se dire que c’est offert par la maison.

Comment cette soirée allait se terminer ? De mon point de vue, c'est un peu compliqué à savoir. J'ai l'impression de mettre les pieds dans quelque chose que je ne connais pas et d'avancer à tâtons, tant bien que mal, sans être à l'abri d'une ou plusieurs gaffes. La première arrive avec la découverte de la salle. Je m'émerveille devant l'endroit — qui n'est quand même pas mal dans son genre — alors que je suis censée travailler pour Iggy, propriétaire de cet endroit. Autant dire qu'en toute logique, je suis censée connaître ce club plutôt bien. Comme ma poche même. Par chance, je réussi à rattraper le coup avant que des questions ne fusent dans son esprit — s'il est suffisamment vif pour ça, mais plus les minutes passent et plus je commence à en douter. « Tu ne lésines pas sur les moyens. » Dis-je pour plaisanter. Il faut quand même avouer que ma mère est douée pour la comédie. Aux yeux de ce Kyle, elle est prête à faire tous les efforts possibles, à mettre les petits plats dans les grands, alors qu'en réalité, elle fait coup-bas sur coup-bas. Est-ce que je dois me méfier au quotidien ? Est-ce qu'il lui est déjà arrivé de faire ça avec moi ? À mon arrivée, vu comment j'ai pu être infecte avec elle, ça ne m'étonnerait même pas et finalement, à bien y réfléchir, je préfère rester dans l'ignorance et me convaincre qu'elle a toujours été honnête avec moi. Trop bonne, trop conne, comme on dit. Mais c'est peut-être mieux de laisser cette partie du passé là où elle est, surtout maintenant que l'entente entre nous est plutôt bonne. « Je reviens ! » Quelques minutes, c'est suffisant pour me rendre au bar, commander la fameuse bouteille de "champagne", l'attendre et revenir vers le parfait petit couple. J'aurais pu demander à ce qu'ils l'apportent directement à la table, mais il aurait quand même été dommage de gâcher la complicité naissante entre eux. Je rigole. « Voilà. C'est la maison qui régale. » À mon retour avec eux, je dépose la bouteille sur la table et offre un sourire complice à ma mère. Réalisant qu'il serait quand même dommage qu'il s'empare de la bouteille pour voir son nom et son origine, je m'empresse de la reprendre pour servir tout le monde. Comme elle est déjà ouverte, ça m'évitera de faire une catastrophe. En revanche, ce que je n'avais pas vu venir, c'est le gars un peu éméché qui arrive derrière moi et qui me bouscule, entraînant un incident en chaîne puisque le verre que je venais juste de remplir fini sur la chemise de Kyle. Oups.

Définitivement, cette soirée ne peut pas se passer sans encombres. Après le passage au restaurant et une conversation qui laissait à désirer, cette arrivée au club et la comédie jouée pour plaire un minimum à ce gars, voilà qu’il se retrouve avec du faux champagne renversé sur lui. À ce rythme, il va vouloir qu’Iggy le réconforte.. mais avant d’en arriver là, essayons déjà d’apaiser un peu les choses pour qu’il comprenne bien que ce n’était pas volontaire. « Je suis vraiment désolée ! Si seulement il pouvait regarder où il marche celui-là. » Bien sûr, avoir perdu l’équilibre ne m’emballe pas des masses. Surtout quand on sait que c’est à cause d’un ivrogne que c’est arrivé, mais je dois rester calme et faire en sorte que la situation reste gérable : il serait quand même dommage de se faire virer du club, quelle image ça donnerait de la présumée patronne ? Par chance, Kyle ne semble pas vraiment tenir rigueur de cet incident – ni l’autre homme qui repart comme il est arrivé – et il profite même de tout cela pour tenter un rapprochement avec Iggy. Il n’a peur de rien lui, et clairement, il ne connaît pas la bête. Ni une, ni deux, le voilà qui se fait remballer. Mais c’est maintenant vers moi qu’il se tourne. On aura tout vu.. « La mère ne te suffit pas, il te faut aussi la fille ? » Un fantasme pour beaucoup, ce n’est pas un secret. Mais vu l'effet qu'il a sur ma mère – et bientôt sur moi – je crois bien qu'il ne se fera ni l'une, ni l'autre. « C'est ta fille ?! » Dit-il, en se retournant vers Iggy – qu'il fasse gaffe, il va avoir le tournis. « Oups.. » Je dois reconnaître que c'est sorti naturellement, je ne suis peut-être pas une aussi bonne comédienne que ma mère. « En fait, c'était juste pour se foutre de ma gueule ? » Alors quoi, il va nous faire croire qu'il s'attendait à trouver l'amour de sa vie avec l'application ? Et qu'il pensait peut-être le toucher du bout des doigts avec ce rendez-vous un peu plan-plan – il se pourrait qu'il ne voyait pas les choses de la même façon, mais on ne peut quand même pas dire qu'il envoyait des ondes extraordinaires. Clairement, il ne s'attendait pas à une réponse de notre part, puisqu'il commence déjà à récupérer ses affaires pour partir – Iggy aurait sûrement pris plaisir à lui donner sinon. « Il n'est vraiment pas drôle.. » Dis-je, alors qu'il disparaît de notre champ de vision. À sa place, je ne sais pas non plus si ça m'aurait plus. Mais je trouve qu'apprendre que nous sommes mère et fille reste quand même quelque chose d'assez soft. « Il en reste un peu, pour nous deux. J'aurais peut-être dû prendre du champagne finalement. » Je récupère la bouteille que j'ai précipitamment posée sur la table, quelques minutes plus tôt pour éviter une plus grosse boulette.

À ma petite boulette, celle d'annoncer à Kyle qu'Iggy et moi sommes mère et fille et non pas collègues comme nous l'avons sous-entendu avant, l'homme semble blessé – dans son égo plus qu'autre chose je pense, mais chez la gente masculine c'est toujours ce qui ressort en premier. Certes, nous avons menti. Néanmoins, je me demande si sa réaction n'est pas un peu exagérée.. ce n'est pas comme si ce cinéma durait depuis plusieurs jours, semaines ou même mois : il n'a rencontré ma mère que tout à l'heure et je doute qu'il s'imaginait déjà finir sa vie avec elle. Si c'était vraiment le cas, alors désolé pour lui, mais le sentiment n'était clairement pas partagé. D'ailleurs, pour couronner le tout, Iggy vient naturellement me défendre et justifier ma présence ici – sans pour autant entrer dans les détails que seules nous connaissons. Elle va même jusqu'à prendre la direction de la sécurité pour s'assurer qu'il partira sans faire des siennes, mais nous n'avons pas besoin de ça, puisque suffisamment intelligent, l'homme décide de prendre ses affaires et de partir. Draguer son rendez-vous, puis le faire avec son "assistante" sans attendre plus de quelques secondes après un râteau, on peut dire qu'il cherchait un peu à ce que la soirée soit écourtée. Désormais seules, je parle de la bouteille qu'il nous reste. À la demande de ma mère, ce n'est pas d'une grande qualité, mais ça fera peut-être l'affaire. « Tu veux qu’on retente l’aventure ? Avec l’application de rencontre. » Je sais bien que l’idée venait de moi à la base, mais peut-être que la soirée n’a pas été si horrible que ça. « Ça doit pouvoir indiquer ceux qui sont à proximité. En espérant qu’ils ne soient pas tous comme lui. » Reste à savoir si ma mère a envie de finir la journée avec un homme ou non. « Et qui sait, c’est peut-être lui qui pourrait nous offrir cette nouvelle bouteille. » Lui ou quelqu’un d’autre d’ailleurs. J’utilise l’application de rencontre comme excuse, mais ici, n’importe laquelle de nous deux pourrait essayer de charmer quelqu’un pour en tirer avantage. Mince.. il ne faudrait pas que je commence à prendre goût à tout cela. Surtout que quand je vois comment ma mère s’en sort à jouer la comédie, je me dis que je n’arriverais jamais à être aussi bonne qu’elle. Disons juste que c’est pour ce soir, une soirée un peu différente des autres où finalement, Iggy et moi partageons un moment de complicité comme nous ne l’avons sûrement jamais fait. Sans plus attendre, je reprends ma tâche de tout à l’heure – en espérant ne pas être interrompue cette fois-ci – et viens servir du mousseux dans deux verres. J’en prends un, avant de venir tendre l’autre à ma mère. « À cette soirée ? » Elle ne se termine pas vraiment comme espéré – si vraiment on avait des attentes à ce sujet, mais elle n’en reste pas moins agréable pour autant, alors autant boire à cela.

Ce n’est pas ce petit incident qui va gâcher la fête, surtout qu’il nous reste un peu de la bouteille qu’Iggy a payé un peu plus tôt — même si la qualité n’est pas extraordinaire, il serait dommage de gaspiller. Mais qu’allons nous faire maintenant ? On ne s’attendait pas à danser jusqu’au bout de la nuit — pas de mon côté en tout cas — mais là, c’est encore un peu tôt pour rentrer quand même.. alors naturellement, j’évoque l’idée de l’application, encore. Cette idée est lancée pour rigoler, persuadée que ma mère me dira non. Mais à ma grande surprise, elle accepte, si jamais nous trouvons quelqu’un. « Ça ne m’étonnerait même pas que tous les célibataires présents ce soir soient inscrits dessus. » Surtout passé un certaine âge, mais ça je me garde bien de le dire : je dois quand même me souvenir que je suis avec ma mère, pas avec une amie, et que mes paroles — bien que pas méchantes — pourraient facilement la toucher. Et puis.. c’est sûrement être trop optimiste que de dire qu’aucun jeune n’est sur ce genre d’application. Pour être honnête, il y en a beaucoup aussi de mon âge et bien souvent, les intentions ne sont pas les mêmes. J’aime croire que les hommes avec lesquelles pourrait finir ma mère s’inscrivent dans l’espoir de trouver l’amour, alors que les jeunes sont plutôt là pour avoir une compagnie pour la nuit. Je tends la main vers elle pour qu’elle me donne son téléphone et une fois l’objet en main, je ne perds pas de temps — il serait dommage de tomber sur quelqu’un qui a déjà vu deux bouteilles à lui seul. « Je fais une première sélection et tu fais le choix final ? Tu seras sûrement plus à même de voir celui qui sera prêt à nous offrir une bouteille. » Celui qui sera le plus à son goût aussi, ce serait quand même dommage de passer à côté du principal juste pour une bouteille gratuite. Comme le jour où nous avons fait ça chez nous, je balaye les différents profils et en glisse quelques-uns dans le bon côté et les autres dans le mauvais. Il restera à Iggy à choisir celui ou ceux à qui on décide d’envoyer un message. « J’ai l’impression qu’ils aiment tous faire de la randonnée. Prête à aller te faire découper dans la montagne ? » Je lui pose la question, mais j’ai comme l’impression qu’elle va les envoyer bouler. À cause de l’idée de se faire découper, bien sûr, mais rien que pour la balade en montagne aussi je crois.

Qui aurait pu croire que cette application de rencontre nous ferait vivre ce genre de choses. Cette soirée à deux pour déterminer quel homme aurait la chance d’avoir un rendez-vous avec Iggy, cette nouvelle soirée tels deux agents secrets en pleine mission, et désormais cette fin de soirée à chercher comment profiter un peu de ce système — et de la gentillesse de certains hommes. À bien y réfléchir, rien n’a jamais été fait dans leur sens à eux et ce n’est pas forcément très sympa, mais deux femmes ne pourraient-elles pas prendre un peu les choses à la légère dans un monde où elles sont généralement sexualisées à outrance. Lorsque je remarque un intérêt commun entre beaucoup de ces prétendants, je l’indique à ma mère, qui ne semble pas emballée par l’idée, surtout que ça n’a que peu d’intérêt ce soir. « Je ne vais peut-être pas leur dire ça comme ça, ce n’est pas très vendeur. » Et je doute qu’ils soient nombreux à se battre si c’est juste pour offrir une bouteille, sans aucune contrepartie — même si des surprises peuvent toujours arriver et que certains hommes attendent peut-être juste une agréable compagnie pour une soirée, sans rien demander de plus. Après cette petite pause, je reprends ma recherche. Beaucoup de personnes passent à gauche ou à droite. Ils ne sont peut-être pas tous là ce soir, ou alors ils sont déjà repartis, mais c'est sûrement mieux d'en mettre plus de côté que pas assez. « Je retire ceux qui ont des enfants. Manquerait plus qu'ils nous parlent d'eux pendant que nous sirotons nos verres. » C'est sûrement un peu ironique de ma part, quand on sait que je suis sa fille. Mais bon, je suis grande et indépendante maintenant, ça ne compte pas. Surtout si c'est pour tomber face à des hommes qui nous racontent à quel point ils sont fiers que leur aîné arrive enfin à écrire toute une phrase sans faute. Je connais Iggy, ça ne l'emballera pas non plus. De ce que j'ai pu voir, Sandro est l'exception et encore, il ne faut pas qu'il se tienne trop près — et trop longtemps — d'elle. « Et voilà, la présélection est faite ! À toi de jouer désormais. » Je ne suis pas cruelle au point de l'obliger à rester avec quelqu'un qui ne pourrait pas lui plaire, même rien qu'un peu — enfin ça, c'est si elle approuve au moins l'un des hommes qui figurent actuellement sur son écran.

Tomber d’accord sur le fait de ne pas avoir à parler d’enfants ce soir ? Ce n’était pourtant pas si compliqué en réalité. Ce n’est un secret pour personne qu’Iggy n’est pas très à l’aise avec ce genre de personnes et je suis encore un peu jeune pour y trouver un réel intérêt. Si je me retrouve à l’imiter dans les jours à venir – à quelques années près – nous pourrons en reparler, mais ce n’est pas la question pour l’instant et clairement, je n’ai pas envie d’avoir quelqu’un qui fait défiler les photos de ses enfants sur son téléphone, même s’il paye une bouteille. Deux contre un, la question est vite répondue. Après quelques minutes et un premier choix effectué – le seul j’espère, mais si elle se découvre compliquée ce soir, je devrais peaufiner encore un peu – je lui tends le téléphone et lui laisse l’occasion de faire le choix final. Les réponses négatives sont nombreuses et je commence déjà à imaginer le pire, mais par chance, l’un des derniers semble retenir son attention. Elle me redonne l’appareil et je ne peux m’empêcher de froncer un peu les sourcils en remarquant la ressemblance avec notre voisin. Kyle avec Sunny et maintenant lui, est-ce que cette application est faite de pseudo-sosies ? « Est-ce que je dois comprendre quelque chose avec ce choix ? Nous pouvons directement l’appeler lui, au besoin. » Même si pour être honnête, l’idée ne m’emballerait pas des masses. Je n’avais rien contre notre voisin, jusqu’à ce qu’il me traite comme une moins que rien, alors que je lui demandais un peu d’aide. Il est vrai que j’ai peut-être sous-entendu qu’il travaillait avec ma mère et qu’elle se prostituait – à quelques détails près – mais est-ce vraiment une raison pour parler à une jeune fille comme il l’a fait ? Je ne crois pas. Alors depuis, j’essaye de l’éviter au maximum. Bref. Si c’est le choix de ma mère, alors qu’il en soit ainsi et puis, ce n’est pas comme si elle choisissait son futur mari, seulement le bon samaritain qui acceptera de nous payer à boire ce soir, avant de nous voir partir sur des chemins différents. Je pianote quelques mots et très vite, j’obtiens une réponse. « Aussi réactif, on pourrait presque croire qu’il s’ennuie ici. » Je pouffe légèrement, avant de poursuivre la conversation. Entre deux messages, je regarde autour de nous, à la recherche de cet homme. Finalement, le plus simple, c’est peut-être de lui dire directement où nous sommes.