subject to change ☍ riley

**○ inscrit le** : 06/01/2022

the right and the hard thing are sometimes the sameriley ☍ oksana

Mes talons claquent sur le bitume du trottoir, tandis que j’approche de l’entrée du musée d’Island Bay, le pas décidé. Je ne suis pas sûre d’avoir jamais mis les pieds là-dedans, à part peut-être pour une sortie scolaire que j’aurais écoutée d’une oreille, un jour… Mais il va pourtant falloir faire illusion, et ressembler à l’hôtesse parfaite, au moins pour la soirée. Rien d’insurmontable, a priori, puisque j’ai l’habitude d’être une de ces ‘extras’ qu’on n’embauche que pour une soirée, et dont le seul rôle est de servir petits fours et grands sourires à des invités venus des quatre coins de la région.
Ce soir, de ce que j’ai compris, il est question de lever des fonds pour le musée justement. Pour ce faire, rien de mieux que d’organiser une soirée de gala ici même, entre ces murs renfermant l’histoire de notre ville… Et tout a été prévu pour le confort des invités, puisqu’en cas de question, on m’a même assigné une guide du musée en guise de binôme. Le genre féru d’histoire qui se plaît à raconter l’histoire de la ville, de sa création à nos jours, aux touristes qui pourraient s’y intéresser, je suppose. Je m’imagine déjà avoir affaire à une sexagénaire aux pointes grisonnantes, tout en avançant dans le couloir réservé aux employés, direction la salle de pause. De ce qu’on m’a dit, c’est là que je trouverais ma partenaire du soir. Alors, quand je pousse finalement la porte de la petite cuisine, je ne tarde pas à me présenter, même si mon interlocutrice me tourne le dos. « Bonsoir, on est ensemble ce soir, je crois. Je me disais qu’on pourrait faire un premier tour ensemble, que tu me montres vite fait ce qu’il y a à savoir… Et je te filerais quelques conseils pour inciter les donateurs à avoir la main lourde, si tu veux. » Elle me tourne toujours le dos, mais peu importe. Je continue ma tirade. « Au fait, je suis Oksana. Mais tu peux m’appeler… Riley !? » Elle s’est enfin retournée, et j’ai l’impression de me retrouver face à un fantôme du passé… Sans exagérer, ça doit bien faire dix ans que je n’ai pas vu son visage. Et pour le coup, il n’a pas vraiment changé. Mûri, peut-être, un peu ; mais c’est toujours la même bouille de quand on avait seize ans, et j’ai l’impression de revenir soudainement dix ans en arrière. « Qu’est-ce que… Tu travailles ici ? » On est loin de l’image de sexagénaire que je me faisais il y a quelques instants, à l’évidence. Mais c’est loin d'être le plus surprenant, là, tout de suite.

**○ inscrit le** : 23/06/2016

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J’ai beau aimé mon métier, je ne suis jamais fan quand on me colle quelqu’un sur le dos. Même si là, en l’occurrence, c’est plutôt l’inverse qui va se produire : je vais devoir jouer les chaperonnes et m’assurer que la personne que j’accompagne ne dise pas de bêtises sur l’histoire de la ville et de ses environs. Pour résumé, elle sera le charme et je serais le cerveau. Tout cela, dans l’espoir que plusieurs personnes se décident à faire un chèque, généreux je l’espère, au musée. Pour l’instant, j’ai tendance à être un peu pessimiste, sûrement parce que j’aurais préféré passer cette soirée avec quelqu’un que je connaissais, mais peut-être que tout va bien se passer, que je tomberais sur quelqu’un de très professionnel, quelqu’un d’agréable. Et dans le pire des cas, ce n’est que pour quelques heures. Après ça, je rentrerais chez moi et je me détendrais — si en plus, Freya est à l’appartement ce soir, ça ne sera que du bonus et la catastrophe de la soirée sera rapidement oubliée. Il n’est peut-être pas utile de commencer à faire des plans sur la comète, sans même avoir rencontré cette fameuse personne. L’heure du rendez-vous approche et après avoir fait un dernier tour du musée pour m’assurer que tout est bien en place, je me dirige vers la salle de repos pour boire un coup et me laver les mains. C’est aussi là que le rendez-vous avec les employés de la société externe est pris, alors je serais sur place au besoin. La porte s’ouvre dans mon dos, alors que j’ai les mains sous l’eau. J’essaye de faire au mieux pour me dépêcher, mais la jeune femme — de ce que je reconnais à la voix — commence déjà à parler, à évoquer ses idées et ce tour du musée qu’elle aimerait bien faire avant de commencer. D’un point de vue professionnel, je trouve que c’est une bonne démarche. Malheureusement, je suis bien trop occupée à déterminer si je connais ou non cette voix pour lui répondre. Au fond de moi, elle me dit quelque chose, mais entre une personne que je connais un peu et quelqu’un qui a parlé trop fort au musée ou dans la rue, c’est difficile de savoir où je me situe. « Oksana ? » C’est bon, maintenant que je suis face à elle, je replace parfaitement sa voix. Je retire ce que j’ai pu dire plus tôt : je préfère être avec quelqu’un que je ne connais pas. Il y a plusieurs mois, presque sept, j’ai croisé Hunter pour la première fois depuis des années et visiblement, le destin semble vouloir s’amuser de la situation en me proposant quelqu’un d’autre de mon passé — de son passé à lui aussi, ou de son présent, j’ai arrêté de me renseigner à mon départ. « Oui. Je suis guide-conférencière ici. Depuis plus d’un an maintenant. » C’est bête, mais le fait qu’elle soit ici me pousse à me demander si c’est vraiment un coup du hasard. Et si Hunter m’a vu aussi ? Et s’il l’a envoyé aujourd’hui ? Détends-toi Riley, respire. « Tu peux poser tes affaires ici, si tu en as. Elles seront en sécurité. » Notre amitié a pris fin il y a des années maintenant, mais je suis quelqu’un de professionnel, ce n’est pas ça qui doit me déconcentrer de mon objectif principal de la soirée. « Allons faire ce tour. Les visiteurs vont bientôt arriver. » Travailler, juste travailler. Que ce soit Oksana ou quelqu’un d’autre, c’est pareil, non ?

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**○ inscrit le** : 06/01/2022

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Depuis que je suis revenue dans la région, il m’est arrivé plusieurs fois de recroiser d’anciennes connaissances datant du lycée, ou même avant. Après tout, j’ai grandi ici, et ça fait même parfois du bien de ne pas être une complète étrangère, même si ça veut dire, la plupart du temps, devoir faire des pirouettes pour ne pas parler boulot. Mais pour Riley, c’est différent. Parce que c’est elle qui est partie, qui a disparu sans prévenir. Et que j’étais peut-être la seule à avoir su pourquoi, même si je n’ai jamais rien dit à personne. D’ailleurs, même elle, je ne suis pas sûre qu’elle soit au courant de ça. « Oksana ? » Au moins, elle n’a pas oublié mon prénom. Et elle a l’air au moins aussi surprise que moi, ce qui est rassurant d’une certaine façon. Ce qui l’est moins, c’est qu’elle n’a pas l’air particulièrement enthousiaste de me voir. « Oui. Je suis guide-conférencière ici. Depuis plus d’un an maintenant. » Dans le feu de l’action, je lui ai posé une question complètement stupide, vu les circonstances. Quoi qu’elle aurait pu être là par accident, mais non. Elle a bien sa place ici, et c’est bien avec elle que je suis censée faire équipe. « Tu peux poser tes affaires ici, si tu en as. Elles seront en sécurité. » Son manque de réaction face au fait qu’on vient de tomber l’une sur l’autre, complètement par hasard, me laisse perplexe. Mais je m’exécute, sans me faire prier ; posant mon sac et ma veste sur un siège, dans un coin de la pièce. « Merci. » Je ne sais pas comment interpréter sa réaction. Pour être exacte, je ne sais même pas si je suis moi-même contente de la revoir, ou non. En théorie, la réponse devrait être oui ; mais je crois que la froideur de sa réaction me ramène à mes propres torts, même s’ils datent d’il y a une éternité. Et avant même que je puisse enchaîner, lui poser une autre question plut pertinente, ou même lancer la conversation, c’est à elle de reprendre : « Allons faire ce tour. Les visiteurs vont bientôt arriver. » Bon. Le travail avant tout, de ce que je vois. Je suis incapable de déterminer si c’est son tempérament, maintenant, ou si c’est juste pour moi… « Euh oui, okay, allons-y. Je te suis. » Je m’exécute, toujours sans faire d’histoires. Pourtant, je ne suis pas très attentive à la visite privée qu’elle me délivre avec professionnalisme, au point que, pendant une pause entre deux stations, je finis par l’interroger de façon plus informelle. « Et donc… ça fait un an que tu fais ça ? C’est sympa. Ça fait longtemps que t’es revenue à IB ? » J’essaie de passer outre le masque pour essayer d’établir un contact un peu plus privilégié entre nous. Parce qu’on était amies, à une époque. Et que je ne sais pas trop ce qui s’est passé pour que ça s’arrête. « J’suis désolée, je sais que j’ai pas trop pris de nouvelles. Enfin, moi aussi je suis partie, donc c’était compliqué, et… » Pourquoi je me justifie, au juste ? C’est elle qui est partie, non ? Aux dernières nouvelles, je n’ai rien fait de mal, pas à elle en tout cas. « Bref, comment tu vas ? » Je repars sur une base saine, pour une conversation qui serait, je l’espère, un peu moins décousue. Mais c’est sans compter l’heure qui tourne, et le fait qu’on nous appelle bientôt pour venir accueillir les premiers invités.

**○ inscrit le** : 23/06/2016

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crédit/ tumblr ✶ oksana

Ce serait mentir de dire qu'avoir Oksana face à moi est quelque chose qui m'enchante. À bien y réfléchir, je crois que j'aurais préféré tomber sur une inconnue, mais c'est chose faite maintenant et comme je suis quelqu'un de professionnel, je vais tâcher de ne rien laisser paraître et de faire mon boulot avec elle, comme je le ferais avec n'importe qui d'autre. D'ailleurs, pour elle, je suis peut-être un peu trop professionnelle pour le coup. Un peu trop sèche, un peu trop froide. C'est sûrement pour cette raison qu'au détour d'un couloir, après avoir traversées plusieurs pièces, la blonde m'interroge de nouveau. Pas sur le métier que je fais cette fois-ci, mais sur mon retour à Island Bay. Il faut croire que le sujet devait finir par être abordé à un moment donné. « Un an aussi. Presque deux. J'ai commencé à travailler après mon retour ici. Mon diplôme obtenu, j'ai décidé de voyager un peu. De repousser mon retour. » Bien sûr, il y a une raison à tout cela. Une raison qu'elle connaît. Ou pas, je ne sais plus trop maintenant. À mes dix-sept ans, la situation était claire pour moi et je détestais tout le monde autour de moi, tous ceux qui étaient liés à lui surtout. Mais avec le temps, je me dis que j'ai peut-être tiré certaines conclusions parce que je le détestais, parce que je détestais ce qu'il avait fait de moi. Elle s'excuse de ne pas avoir pris de nouvelles. Est-ce vraiment la raison qui me pousse à être froide avec elle de la sorte ? Je ne pense pas. Ce n'est pas la première fois que deux amies se perdent de vues avec les années et ça ne sera sûrement pas la dernière. Mais je ne sais pas, au lycée, à l'époque de ce qui s'est passé, je me suis retrouvée seule et je crois que j'aurais aimé qu'elle comprenne les choses, qu'elle se tienne debout à mes côtés. À la place de ça, elle est restée avec lui et j'ai fini par quitter la Nouvelle-Zélande pour l'Australie. Je n'arrive pas à me retirer le jeune homme de la tête et c'est sûrement pour cela que je ne m'attarde pas sur sa question, préférant lui en poser une autre en retour. « Est-ce que tu as eu l'occasion de revoir les autres ? » Il est inutile de tourner autour du pot. Avec cette question, j'aurais la réponse à mes nombreuses interrogations. Même si elle doit avoir une idée de qui je parle, j'ajoute, presque automatiquement, une précision. « La bande, Hunter.. » C'est difficile de dire son prénom, malgré les années qui sont passées. Mais ne faut-il pas crever l'abcès au plus vite ? Avant qu'un groupe de personnes ne subisse notre passé commun et ce qui a pu nous éloigner à l'époque ?

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