besoin d'un peu d'aide ? (amy)

Depuis quelques semaines, une nouvelle locataire occupe le logement dans lequel ont investi mes parents il y a de nombreuses années maintenant et clairement, ce n’est pas de tout repos pour ma mère. Ne vous méprenez pas, la jeune femme qui a aménagé à West Bay n’est pas désagréable, loin de là même – sinon je ne donnerais pas cher de la peau de ma mère – mais sans trop savoir pourquoi, elle se met une responsabilité bien trop grande sur l’épaule. À croire qu’elle loue un vrai château avec du sol en marbre. Bien sûr, ce n’est pas exactement ça, mais avant que la blonde, Amy, n’emménage, il a longtemps été occupé et forcément, il a un peu vieilli. Le marché étant serré à certaine période, ma mère n’a pas eu le temps de faire les travaux nécessaires, alors de temps en temps, nous dérangeons la nouvelle locataire et ça, ça l’angoisse un peu : même si c’est son logement, elle a peur de gêner. Pourtant ses intentions sont bonnes et elle fait cela pour améliorer le cadre de vie de la jeune femme aussi. C’est d’ailleurs ce qui m’amène au studio de West Bay aujourd’hui. Amy a remonté un problème à ma mère et depuis que j’ai rénové le café où je travaille, je suis un peu sa réparatrice officielle – même si mes capacités peuvent parfois être limitées sur certains sujets. « Ne t’en fais pas, je m’en occupe. » Lui avais-je dit, juste avant qu’elle ne parte quelques jours en dehors de la ville. J’ignorais de quoi il en était vraiment et surtout, si je pourrais venir en aide de la locataire, mais rien ne m’empêcher d’aller cogner chez elle pour en avoir le cœur net. L’après-midi même du départ de ma mère, je demande à Emi de s’occuper de la fermeture du café pour faire ce détour et voir ce qu’il est possible de faire pour Amy. Comme Leo est avec Lou et qu’Eden a proposé de ramener Elliot après l’école, j’ai le champ libre pour quelques heures – en espérant que ce sera assez rapide, pour elle, comme pour moi. Je monte les quelques escaliers et viens frapper à la porte que je connais plutôt bien maintenant. Après seulement quelques minutes, la blonde vient m’ouvrir. « Amy ! Bonjour ! » Être agréable, je sais plutôt bien faire, c’est mon métier après tout. Alors tout naturellement, je viens lui sourire. « Ma mère m’envoie. Elle m’a dit que vous aviez un problème et que c’était plutôt urgent.. elle n’est malheureusement pas là ce week-end, mais elle ne voulait pas vous faire attendre plus longtemps. » Par contre, sur le détail de ce qu’il se passait, elle est restée plutôt vague, alors j’ignore la gravité de la chose.

Même si je ne suis pas une experte – bien que j’apprécie ce qui tourne autour du bricolage, surtout depuis la remise au propre du café – je ferais tout ce qui est en mon possible pour aider ma mère, et sa locataire dans la situation actuelle. Surtout qu’avec son absence, la blonde ne peut compter que sur moi – ou sur l’éventuel professionnel qu’il faudra appeler si le problème est bien plus compliqué à résoudre que prévu. À en voir le visage de la jeune femme qui m’ouvre, ma présence l’a ravi. Est-ce que je dois m’inquiéter de la gravité des choses ? Sans trop tarder, je lui explique ce que ma mère a eu l’occasion de me dire. Plus vite nous nous lancerons sur le sujet et plus vite j’aurais l’occasion de savoir de quoi il en est et ce que je suis capable de faire pour lui venir en aide. « Que de l’eau froide ? » Une grimace se dessine naturellement sur mon visage. Rien de rassurant sûrement, mais au moins je ne pourrais pas lui mentir et lui faire croire que tout finira bien. « Il paraît que c’est bon pour la circulation sanguine.. » Et pourtant, c’est rarement la douche ou le bain dont on raffole. C’est peut-être un peu tôt ou pas du style d’Amy, mais pour l’instant, je me dis que plaisanter de la situation est bien la seule chose que je peux faire. « Nous pouvons regarder et au pire, je connais un plombier qui m’a a aidé pour le café. Je sais que ce n’est pas un voleur, c’est déjà ça. » Faire de la peinture, accrocher des cadres, mettre du parquet, c’est dans mes capacités, à la rigueur. Mais bidouiller des tuyaux, en espérant ne pas aggraver les choses, ça ne l’est pas. « C’est juste ici ou c’est partout dans l’appartement ? » Petit-à-petit, j’essaye de grappiller des informations. Pour plaisanter un peu – encore, je pourrais lui suggérer de se faire chauffer de l’eau pour se laver. C’était comme cela que ça se passait avant, alors pourquoi pas aujourd’hui ? Il faut croire qu’on s’habitue facilement aux avantages des progrès. Dans ma position, c’est simple à dire, mais si c’était ma salle de bain qui était privée d’eau chaude, avec deux enfants, je deviendrais rapidement folle – même si je pourrais toujours avoir la possibilité d’aller chez Eden pour m’occuper de ça, dans des circonstances plus agréables. « Je suis bien meilleure avec un pinceau que de la robinetterie, mais c’est peut-être un truc tout bête. » Quelque chose comme le calcaire, par exemple. Même s’il est encore debout – par chance, le logement a plusieurs années maintenant, alors il est tout naturel que certaines choses ne fonctionnent plus comme avant et qu’elles soient à changer. Néanmoins, ça restera mes dernières solutions. Avant ça, il est important de balayer les idées les plus simples, et sûrement les plus rapides à corriger aussi. Du calcaire, ça se gère, non ? Même si pour ça, il faut des produits et donc espérer les trouver dans les magasins du coin, à cette heure-ci. Entre temps, nous avons migré jusque dans la salle d’eau et l’origine du problème. « Vous aviez quelque chose de prévu ? Quelque chose qui demande à prendre une douche incessamment sous peu ? » C’est généralement quand on a besoin de quelque chose que l’on remarque les problèmes – même si prendre une douche fait partie du quotidien. Par exemple, dans les voitures les plus récentes, c’est généralement quand il n’y a plus de climatisation que l’on se rend compte de leur importance les jours où il fait bon. « Est-ce que vous avez du vinaigre blanc ? Ce n’est peut-être pas du calcaire, mais je crois que c’est un ingrédient miracle et je pense que nous ne perdons rien à essayer. » Agir pour ne pas avoir l’air impuissante, voilà mon slogan pour les minutes à venir. Même si bien vite, quand je serais à court d’idées, je me tournerais sûrement vers quelqu’un qui s’y connaît mieux.

Venir chez les gens comme ça, ça ne fait pas partie de mon caractère ou encore de mes habitudes. Mais là, c’est nécessaire et pour la bonne cause. Enfin, je l’espère : il serait quand même dommage que ma venue n’améliore en rien le problème, quel qu’il soit. Si ma mère m’a demandé de m’occuper de cela, j’ignore encore si elle a été jusqu’à prévenir sa locataire de ma venue. Ce serait quand même mieux. Ça voudrait aussi dire qu’elle est forcément là, à m’attendre. Comme je n’ai pas interrompu quelque chose pour venir jusqu’ici, ce ne serait pas non plus dramatique si je devais rentrer chez moi sans avoir vu la blonde. Par chance, je n’ai pas à penser à tout cela, puisque après seulement quelques secondes, la porte s’ouvre face à moi. Sans plus attendre, je me renseigne sur la nature du problème : elle a sûrement mieux à faire que passer son temps avec moi et moi aussi. Quand quelque chose de notre quotidien nous manque, c’est généralement à ce moment-là qu’on se rend compte de son importance et quand Amy évoque son problème d’eau, je ne peux que vouloir l’aider vu comment cela peut être handicapant sans – handicapant, mais pas non plus impossible. Je préfère ne pas lui donner de fausses joies et la préparer tout de suite en évoquant mes capacités en bricolage, mes non capacités en robinetterie surtout.. ce n’est pas comme de la peinture ou le montage d’un meuble, si le problème vient d’un tuyau ou d’une connexion dans le réseau, il faut s’y connaître un minimum pour arriver à dépanner le tout. Mais avant d’en arriver à ça, je préfère me dire que ça vient peut-être du calcaire accumulé depuis plusieurs années et pour nettoyer ça, il n’y a rien de mieux que le vinaigre blanc – rien de mieux dans ce que l’on peut trouver sans trop de mal chez soi. « Pourquoi pas, pour le café. Mais si c’est trop compliqué, ne vous embêtez pas. » Je ne voudrais pas que cette boisson soit synonyme d'un temps trop long pour trouver une solution. « Si ça peut vous rassurer, je ne le suis pas non plus. » Dis-je, alors qu'elle évoque le fait de ne pas être forcément habile de ses mains, pour le bricolage. Bon.. d'accord. J'avoue que dit comme cela, alors que j'essaye de l'aider, ce n'est pas du tout rassurant. Il faudrait peut-être que j'essaye de me rattraper un peu. « J'ai participé à la rénovation de mon café et maintenant, ma mère croit que je suis capable de construire une maison à la simple force de mes bras. » Voilà, maintenant elle sait pourquoi je suis celle qui a été envoyée ici. Amy se fiche sûrement un peu de ce détail, mais ça m'amuse d'avoir cette image auprès de ma mère. Surtout qu'il y a encore quelques années, ce n'était pas du tout le cas. « Mais c'est ma mère et la famille, c'est sacré pour nous. Je ne peux pas lui dire non quand elle me demande. » Il y a cela aussi. Et je suppose que ça ne coûte rien d'essayer, avant d'éventuellement demander de l'aide à quelqu'un qui s'y connaît bien mieux. « Si vraiment vous avez besoin, je peux vous proposer d'aller prendre une douche chez ma mère. Elle n'est pas là, alors ça ne devrait pas la déranger. » Elle n'habite pas très loin, alors pour quelque minute, ça ne devrait pas être dérangeant de faire un petit détour, si vraiment Amy y tient. « Je vous proposerais bien chez moi, mais les gens ne sont pas forcément adeptes des cris d'enfants et comme j'ai deux garçons à la maison, nous ne sommes pas vraiment à l'abri.. » Il ne faut pas oublier que je suis venue ici pour l'aider, pas pour qu'elle me déteste ou que sais-je d'autre dans le genre.

La proposition est faite, je n’insisterais pas plus si elle ne veut pas. Je ne voudrais pas qu’elle commence à paniquer à l’idée que quelqu’un, chez elle, se retrouve un peu trop insistante. Prendre une douche touche quand même une certaine intimité, alors je comprends parfaitement qu’on ne veuille pas la faire chez des inconnus – surtout qu’il est toujours possible de se laver malgré tout, sous de l’eau froide ou avec parcimonie, en utilisant des gants. Je récupère le café qu’elle m’a amené et en bois une gorgée, tout en écoutant sa question. « D’après ma grande expertise dans le domaine, j’aime croire que c’est seulement lié au calcaire. Mais malheureusement.. comme nous pouvons nous y attendre, il se peut que les faits ne confirment pas cette version. » Je ne suis pas une vraiment une experte et ce n’est pas un secret. Disons juste que pour l’instant, j’essaye et c’est toujours mieux que rien. Car en essayant, il y a la possibilité de trouver une solution, une possibilité qu’il n’existerait pas sans essai. « Est-ce que vous avez une brosse ? Après ça, je ne vous demanderais plus rien. » Surtout parce qu’à force, je serais à manque d’idée. Je sais que certains problèmes viennent du tartre ou du calcaire et sinon, il faut avoir un peu plus de compétences que ce que j’ai pour l’instant. Au niveau du chauffe-eau, je récupère une pièce – merci Google – et l’imbibe du vinaigre blanc que m’a apporté la blonde un peu plus tôt. Lorsqu’elle revient, avec une brosse cette fois-ci, je viens doucement frotter l’objet. Doucement, puis un peu plus fort, dans l’espoir que mon geste serve à quelque chose. Après quelques minutes et certaines traces retirées, je remets la pièce là où je l’ai trouvée. « Essayons. Avec un peu de chance, ce sera suffisant. » Même si j’ai déjà eu l’occasion de venir ici, avant même l’emménagement d’Amy, je laisse la possibilité à la locataire de faire la vérification elle-même – c’est elle qui a découvert le problème, alors elle est plus à même de voir si c’est résolu ou pas. Néanmoins, à son retour et à la grimace qui se dessine sur son visage, je comprends que ma tentative est un réel échec. Et comme si c’était contagieux, la même moue vient décorer mes lèvres. « Je suis désolée.. » Je dis cela comme si je lui avais fait une promesse. Ce n’est pas le cas et je l’avais même préparée à l’éventualité où je n’y arriverais pas, mais je suis quand même déçue de la laisser sans eau froide. Et sans solution immédiate. « Je crois que l’option plombier est maintenant inévitable. Je peux m’occuper de l’appeler et de prendre rendez-vous avec lui. » Si ma mère avait été en ville, c’est à elle que serait revenue cette tâche, il n’y a donc rien d’étonnant à ce que je veuille prendre la relève. Pour accueillir l’ouvrier, je laisserais cela à Amy – sauf si elle n’est pas là et dans ce cas, je me proposerais de le faire à sa place.