(Sam) en amour, la seule victoire, c'est la fuite.

Grèce, 2022.
Je l'ai! Le collier entre les mains, je souffle de soulagement de n'entendre aucune sirène d'alarme retentir dans tout le musée. C'est qu'il est difficile de repérer tous les systèmes de sécurité pour ce genre d'objet! Parfois, il arrive qu'ils installent des capteurs sous le présentoir, afin que son absence soit détecté instantanément! Je suis donc bien satisfaite que ces nigauds de la sécurité n'y ait pas pensé, tandis que je fais signe à mon complice de me remonter. J'en profite également pour me remettre dans le bon sens (tant qu'à faire), quand mon ascension s'interrompt à mi-chemin. C't'une blague! Je jette un regard en direction de Sam -dire de savoir s'il a décidé de me faire une plaisanterie de mauvais goût-, lorsque je constate à son air contrarié qu'il ne plaisante pas. Et merde. J'ai totalement oublié de vérifier le matos. Je savais bien qu'j'oubliais un truc! Et merde! Je m'retiens de pester à haute voix, de sorte que le gardien ne débarque pas, mais ne manque pas de m'insulter de tous les noms tant j'me sens si stupide. C'est pourtant une règle d'or! Quand on fait du rappel : il est sage de s'assurer que le matériel ne s'enraillera pas le moment venu! Stupide. Stupide! J'attends perchée à mon harnais de sécurité que la situation se débloque, quand des bruits de pas résonnent au loin. Quelle heure est-il? Merde! La ronde du gardien! Il passe vérifier cette salle toutes les vingt minutes minimum! Jamais je n'aurai le temps de lui échapper avec cet imprévu! "Laisse tomber. Je signale à Sam, discrètement. Le gardien s'amène. C'est mieux que seul l'un d'entre nous s'fasse choper alors j'vais t'lancer le collier et tu t'tires immédiatement." C'est sans négociation possible. Et je ne m'attends pas à c'que mon partenaire cherche à l'faire. La seule chose qui compte est le collier et je suis prête à lui lancer pour qu'il puisse le ram'ner à l'acheteur. De toute façon, il fallait bien que ça arrive un jour! J'ai toujours eu une chance folle jusqu'à aujourd'hui. Il était évident que tôt où tard je finirai par m'faire attraper! Je pensais seule, par contre. Et j'aurais préféré. C'est plus difficile de vivre son échec quand vos complices courent vers la réussite. Pas que mon égo ne s'en remettrait pas que Sam s'en sorte et empoche le pognon ; mais disons que mon égo n'aimera pas trop qu'il me le renvoi à la tronche si un jour nos chemins devaient à nouveau se croiser. Qu'est-ce qu'il fout? " T'as entendu c'que j't'ai dit? Je demande aussitôt, blasé à l'idée que les talkis puissent aussi être en rade. Le gardien s'approche il faut qu'tu récupères le collier et que tu t'casses tout de suite!" Délicat de ne pas vouloir élever la voix quand on a l'impression que le temps manque pour sauver la peau de votre complice. J'pourrais le faire tomber avec moi, c'la dit. Mais j'apprécie trop Sam pour lui faire ce coup tordu. "Si tu t'fais choper aussi il faudra pas s'plaindre!" Ça m'énerve. IL m'énerve. Je déteste quand les choses ne s'déroulent pas comme c'était prévu. Davantage lorsque quelqu'un fait la sourde oreille ou le têtu. Ajouter à c'la la tension du stress de finir les menottes aux poignets et vous obtenez une nana totalement paniqué, à deux doigts de l'insulter. Ce n'est pas tant que j'ai envie de lui adresser des injures en guise de dernières paroles mais je n'veux pas qu'il termine en taule, c'est tout. J'y tiens personnellement. Et pas uniquement parce qu'il est le père d'ma fille. Il faudrait peut-être que je l'en informe, un jour.

Si on lui avait dit que c'était plus facile à dire qu'à faire et que cela n'a absolument rien à voir avec ce que Tom Cruise fait dans les films de Mission Impossible, il aurait pu le croire, un peu trop facilement même. Le problème dans tout cela ? C'est qu'il a fait confiance à Laney et aveuglément, malgré quelques inquiétudes, ça va de soi. Il a bien sûr déjà pris des risques, mais putain, ça ? Non. Sam travaille rarement avec des partenaires, il ne fait que très peu confiance aux autres et il n'a certainement pas envie de mettre sa vie entre les mains des autres. Dans tous les cas, jusqu'à ici, ce n'était qu'un fantasme de pouvoir s'imaginer pendu attaché à une corde. « J'vais pas te laisser là. » Sam n'aime pas paniquer, il n'aime pas montrer ses émotions, montrer qu'il a peur, parce que oui, cette histoire pourrait très mal se terminer, en prison, non, pas question de passer les prochaines années derrière les barreaux. Et Laney ? Si cela avait été n'importe qui, peut-être, mais elle, il aurait des regrets, mais impossible de l'avouer à voix haute et ce n'est sûrement pas le moment de s'apitoyer sur son sort. Sam se fiche bien des avertissements et des mots qu'elle peut bien lui balancer, sa décision est déjà prise, il va la sortir de ce pétrin, quitte à ce qu'ils se fassent attraper. Cela dit, soyons honnête, ce n'est pas un simple gardien qui pourra les arrêter tous les deux. Quoi qu'il en soit, il va trouver une solution pour la remonter, il n'y a pas d'autres choix, il refuse de l'abandonner. « Arrête de parler. » Déjà, il a besoin de réfléchir, d'une part et de l'autre, mieux vaut faire tout cela en silence, non ? D'un coup que l'employé soit du genre à très bien entendre le moindre bruit tel un chien sur ses gardes. Sam soupire et se met à penser à comment la sortir de là, sans finir en taule. Elle est attachée, cette solution est presque trop facile et pourtant, mieux vaut essayer. « Tu as toujours ton couteau sur toi ? Coupe les sangles. » Sur ses paroles, il disparaît un court instant et il revient avec une corde noire -qu'il avait pris avec lui dans son sac-, qu'il lui lance. « Ce n'est pas que je n'avais pas confiance en cette technique, mais.. » Non, assez parlé. Il a attaché la corde à une colonne et de là, il va la tirer pour la faire remonter.

J'vais pas te laisser là. Et pourquoi pas? C'n'est pas comme si j'avais une importance capitale lors de la remise en main propre du collier! Quoique. Il est vrai qu'l'acheteur a traité uniquement avec moi, concernant cet artéfact. Mais j'suis certaine que Sam saura trouver une explication justifiant mon absence de dernière minute. J'insiste donc pour qu'il daigne attraper ce putain d'collier, quand il me demande d'arrêter d'parler. Sérieux?! J'suis sur le cul, là. Je n'pensais pas qu'il pouvait garder ces bonnes manières en de pareilles circonstances. Si ma liberté ne dépendait pas de ces prochaines actions, j'crois que je ne m'gênerais pas pour l'charrier. Une pensée qui ne manque pas de me faire rire brièvement (toujours en toute discrétion), avant que je l'informe qu'il ne faudra pas qu'il se plaigne s'il finit lui aussi en taule. Ce n'sera pas d'ma faute! J'aurai tout tenté pour qu'il puisse regagner pénard son domicile. Quant à moi? Je n'en ai pas. Je vis au grès des motels qui foulent ma route. Je n'perdrais donc rien en restant suspendu dans les airs comme une boule de noël dans son sapin. Drôle de métaphore. J'pourrais en rire également lorsque la question de Sam m'encourage à reprendre mon sérieux. Il veut que j'coupe mes sangles avec mon couteau. Il est sérieux?! Le sol est équipé d'une alarme! Si j'frôle ne serait-ce qu'une dalle de ce tombeau, je déclenche tout l'système! Je réfléchis rapidement à une alternative, quand la corde qu'il m'envoie devient la solution toute trouvée. Je la noue fermement à mon harnais de sécurité, puis coupe les sangles afin qu'elles n'empêchent plus mon ascension vers la liberté. Ensuite, je tire un coup sec sur la corde de sorte qu'il comprenne qu'il peut me hisser vers la sortie. Ça n'prends pas énormément de temps mais assez pour que nous devions partir immédiatement au pas de courses, avant que l'alerte ne soit donnée. C'qui ne tarde pas vraiment puisque nous entendons déjà la sirène du musée, loin derrière nous. "YES!" Je crie de soulagement, euphorique, dès que nous sommes trop loin pour que nous puissions être inquiétés. Je n'm'étais plus sentie aussi vivante depuis la mort de... "J'pourrais m'vexer que t'es prévu un plan b avec ta corde mais sans toi j'serais certainement les menottes aux poignets à l'heure qu'il est alors... merci" Je l'embrasse spontanément sur les lèvres, en guise de ponctuation à cette parole, puis poursuis. "On d'vrait pas trop trainer dans l'coin. Ils vont certainement commencés les recherches aux alentours pour trouver nos traces. On s'pose cette nuit à l'hôtel et on prend le premier vol demain après le dépôt du collier au client?" Le rendez-vous a lieu dans une banque, dès l'ouverture de celle-ci. Le coffre où nous devons le déposer contient notre prime. On la récupère et bye-bye la Grèce?  

Il ne serait pas étonné qu'elle réplique, qu'ils se mettent alors à se prendre la tête, bien sûr que Sam pourrait partir, la laisser se démerder, après tout, elle a souvent disparu du jour au lendemain sans lui laisser un mot, sans rien dire, ça serait presque lui rendre l'appareil, si on oublie la prison dans cette histoire. Néanmoins, tout ne se passe pas ainsi, en même temps, ce n'est pas comme s'il lui laissait le choix, elle a beau être qu'une partenaire en apparence, elle pourrait tout aussi bien le dénoncer, une tonne de choses se passe dans sa tête, des questions sans réponse et surtout, cette idée de prendre cette corde et de lui la balancer afin de la sortir de ce pétrin, au fond, il est stressé, parce qu'il a l'impression que tout a foiré, qu'ils ont tout fait comme des amateurs, il n'est pas question pour Sam de se faire prendre et ça, il évite de se mettre cette pensée dans la tête, en tout cas, il repousse cela pour se concentrer sur la situation actuelle, celle de sortir de Laney de là et de prendre la fuite, avec le collier, bien évidemment. Tout s'enchaîne donc, il l'aide, l'attrape pour la tirer vers le point de sécurité, qui n'est que temporaire, car il faut encore partir rapidement de cet endroit. Il n'a point le temps de répliquer, qu'elle l'embrasse, plutôt que répondre, il profite tout simplement de ce court instant pour sourire suite au baiser. « Il n'y a pas de quoi. » Qu'il glisse presque dans un murmure en quittant les lieux, en apportant le sac et même la corde, ça serait con de se faire poursuivre à cause de cela. Sam opine du chef, direction l'hôtel en moto, qu'il considère plus discret à cacher qu'une voiture, quoi qu'il en soit, avant de pouvoir revenir, il se débarrasse des preuves, sac et corde n'ont pas besoin de revenir avec eux jusqu'à leur chambre, plus, si l'alerte est donnée, ce serait bizarre de se faire voir par les caméras du bâtiment. Il souffle. « C'était moins une hein. » Il sort sa carte magnétique pour pouvoir ouvrir sa porte de chambre.