everything will be fine ✌ jo

Everything will be fine

Pumkin & Jo'

J'ai mal à la tête, je vous jure, j'ai l'impression qu'il y a vingt six petits lutins qui s'amusent à frapper comme des fous à l'intérieur de mon crâne, c'est insoutenable. Je n'ai même pas de cachet, je n'ai jamais mal à la tête alors je ne voyais l'intérêt. Tout ça est horrible, vraiment horrible. Je ne comprends pas comment s'est possible. Thomas et mort sont deux mots qui ne vont pas ensemble ! Il était jeune pis je sais pas, c'était Thomas ! Encore ça aurait été Enzo, je me serais dit que : vu les embrouilles dans lesquels il se met parfois, un accident est vite arrivé... Mais Thotho c'est Thotho, il est toujours raisonnable, il a toujours maintenu un bon train de vie, il a toujours été gentil avec tous le monde... Pourquoi ? Certains croient en Dieu, il est même possible que j'ai cru en une puissance supérieure passé un moment, mais là c'est finit, c'est niet ! Je ne veux pas d'un dieu qui condamne quelqu'un comme Thomas !

Je passe la main dans mes cheveux nerveusement et me rend compte que je suis en train de dansouiller. C'est un tic nerveux, à chaque fois que je suis stressée, je me mets à faire des petits pas ridicules. J'ai bien essayé de penser à autre chose, j'ai même pris l'initiative de regarder un film mais, rien ne marche. Bref, se changer les esprits, c'est de la merde, ça marche pas ! Je vais attenter un procès à celui qui a inventer le concept ! Même s'il est mort, je vous jure, je vais trouver un moyen de foutre sa face de cul en prison... Ça y est je renomme à divaguer, il faut que je calme.

J'aurais bien aimé me calmer, vraiment, mais le message que je reçois ne va pas m'y aider du tout. C'est Enzo, le frère jumeau de Thomas, il me dit texto : "Jo' ça me coûte de t'envoyer un message, vraiment, mais comme je sais que t'as rejoins mon frère (oui, il sait pas tenir sa langue) et qu'il répond je voudrais que tu dises à cet enfoiré de bien daigner regarder son téléphone". NON, NON, NON ET NON ! Je réponds quoi à ça moi ? Désolée ton frère a clapsé ? Je tiens le portable entre mes mains comme si c'était le suppôt de Satan. J'ai besoin d'aide, il me faut de l'aide, SOS fille paniquée en détresse ! Tremblante j'essaie d'envoyer un message à Nina, espérant qu'elle puisse me répondre. Aucune réponse, il est tard, je l'avoue, je sais qu'elle ne travaille pas au bar ce soir, elle doit sans doute dormir.

Je me force à rester calme, je respire longuement. J'essaie vraiment de me remettre les idées en place. Ce n'est pas la première fois que quelqu'un meure sur cette Terre, les gens arrivent très bien à le gérer, alors pourquoi pas moi ? Je parle à haute voix pour me donner du courage : "Tout va bien se passer, tout va bien se passer..." C'est à ce moment là que je reçois un nouveau message. Je prie pour que ce soit Nina mais ça ne l'est pas, c'est encore Enzo et il me dit "Allo ?". Prise d'une soudaine crise de panique, je jette mon portable dans l'évier rempli d'eau, espérant faire disparaître le message, espérant faire disparaître toute cette situation délirante. Je me cache les yeux de mes mains, qu'est-ce que je viens de faire ? J'ai bousillé mon téléphone ! J'essaie de le sortir de l'eau le plus rapidement possible mais rien à faire, il ne fonctionne plus. Quelle plaie ! Je fixe le portable pendant au moins dix bonnes minutes, une moue contrite au visage. Comme une andouille, je finis par dire : "Désolée." Voilà maintenant qu'après parler toute seule, je m'adresse à mon téléphone, je vais de mieux en mieux. Quelque part je suis soulagée de ne plus pouvoir recevoir de message d'Enzo, je n'ai pas le courage de lui annoncer, je devrais pourtant le faire. Ça aurait même dû la première chose à avoir été faite après être sortie de ce foutu appartement. Pourtant, je n'en ai pas eu la force, j'étais complètement tétanisée. Finalement, j'attends une bonne heure une réponse de la part de Nina, espérant qu'elle soit seulement sortie ou occupée pour le moment. Je tourne en rond dans mon mobile-home, littéralement. Comme il n'est pas très grand, je fais surtout des tours et des tours. J'en viens presque à avoir le vertige quand je décide que c'est assez. J'ai besoin d'aide, j'ai vraiment besoin d'aide.

Alors, je décide de prendre mes cliques et mes claques pour aller directement chez Nina. Je sais que ça ne se fait pas trop mais, je m'en fiche bien pas mal pour être honnête, je suis trop mal pour réfléchir. J'ai besoin de l'aide de mon amie. J'arrive enfin chez elle, il faisait un peu frisquet alors je croise les bras pour me réchauffer avant de toquer. Quand je vois le visage de Nina à l'embrasure de la porte, je la prends instinctivement dans mes bras alors qu'étonnée, elle prononce mon nom. S'en suit une remarque sur l'heure qu'il est. Elle a raison, il est tard pour passer à l'improviste, je ne l'aurais pas fait en temps normal. Je bredouille de piteuses excuses alors qu'elle m'invite à entrer, je ne me fais pas prier pour le faire. "Merci." Dos à elle, pour la première fois depuis des années, je pleure. J'en suis un peu surprise au début, j'imagine sans doute que je me suis, en quelque sorte, permis de le faire car je suis en face d'une personne proche de moi. En effet, j'ai toujours adoré Nina. Je la considère d'ailleurs comme de la famille. Je secoue la tête comme pour me reprendre. Me forçant à sourire, j'accepte son offre quand à boire quelque chose d'un hochement de tête. Debout, continuant nerveusement d'essayer de me réchauffer en agitant mes bras en croix, je tente d'organiser mon esprit. J'essaie de parler mais les mots ont du mal à sortir. La seule chose que j'arrive à dire c'est : "J'ai bousillé mon téléphone ! Il a fait plouf." Je le prends en main et le montre à Nina comme si ça devait tout expliquer. La pauvre doit être perdue mais, je ne peux pas l'aider, je suis trop mal pour le faire.

Everything will be fine

Pumkin & Jo'

Doucement, des larmes silencieuses coulent sur les joues. J'ai l'impression d'être perdue, complètement déboussolée. Comme si je m'étais réveillé dans un monde parallèle où les licornes peuplent la Terre et qu'elles chient des arc-en-ciel. Vous voyez le genre ? Ainsi je ne pense pas que boire soit la chose la plus raisonnable à faire, je suis déjà assez bien en piteux état, ces-dit, je ne peux pas me montrer pragmatique en ce moment. Alors, si l'alcool peut un peu amoindrir ma peine ne serait-ce que quelques instants, je boirais quitte à partir réellement dans un mauvais délire. Pas très mature tout ça, hein ? Je la supplie presque : "Ramènes le whisky et boit avec moi. C'est trop déprimant de boire seule."

Pourquoi je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer ? Je ne comprends pas, j'essai pourtant mais rien n'y fait. C'est fou, je ne pensais qu'on pouvait verser autant de larmes, je me demande même comment c'est biologiquement possible... Mais c'est loin d'être le pire, avez-vous déjà eu un fou-rire en pleurant ? Je peux vous dire que c'est assez ridicule. On peine à respirer normalement ce qui rend notre rire difficile, on continue de pleurer : les larmes coulent sur nos lèvres, bref c'est très peu esthétique. C'est la remarque sur l'envie des téléphone de prendre un bain de Nina qui a déclenché mon fou-rire. Je ris tellement que je me demande si ce n'est pas nerveux. J'ai cette impression d'être fébrile, à fleur de peau. J'ai pourtant déjà vécue des épreuves, la maladie de mon frère, le départ de mon père mais je ne suis jamais senti autant dévastée. Je ne m'y attendais tellement pas, j'ai ouvert sa porte en criant de joie, je sautillais en le cherchant jusqu'à ce que je le trouve, allongé sur le sol... Je trouve la force de répondre à mon amie quand mon rire se calme quelque peu : "Si ça peut fonctionner, je veux bien oui... J'ai pas vraiment assez de fric pour m'en repayer un en ce moment... Je l'avais nommer Nemo pourtant, il aurait du savoir nager." Une pure plaisanterie, on peut nommer son téléphone, notamment pour le détecter plus facilement quand on utilise le bluetooth et je lui ai donné  ce nominatif un jour, je trouvais ça mignon. J'ai toujours rit de toutes les situations alors je pensais que plaisanter me ferait du bien mais, non. Une nouvelle crise de larmes me traverse soudain quand je repense à la tête qu'avait Thomas quand il avait remarquer le nom de mon portable. Il avait éclaté de rire en me traitant de folle dingue. J'aimais bien quand il me disait que j'étais déjantée... "Il avait, j'aimais, il disait" ça me tellement étrange de parler au passé quand je pense à lui. Le moment fatidique arrive, elle me demande ce qui se passe. Rien de plus logique mais, quelque part, sa question arrive tout de même à me faire un choc. Il faut que je le dise, que je le dise à voix haute. Je ne sais pas si j'en suis capable, j'ai l'impression, même si je sais pertinemment que c'est idiot, que c'est moi qui vais le tuer en psalmodiant mes dires. Qu'est-ce que j'espère en même temps ? Qu'il va débarquer, ouvrir la porte de façon théâtre et hurler que tout ça n'était qu'un gros gag ? J'aimerais bien, j'aimerais tellement mais je sais pertinemment que ce ne sera pas le cas. Je me suis jeté sur lui, j'ai pris son pou, il était glacé et son coeur ne battait plus du tout. Il était tout simplement sans vie. Tout le contraire de ce qu'il a toujours été. "Il est, il est..." C'est comme si on m'avait coupé les cordes vocales, je ne peux plus rien dire, je ne peux prononcer ne serait-ce qu'un mot de plus. Je suis comme tétanisée. Je veux revenir en arrière, je veux prendre mon avion et avance, je veux le sauver. Je veux qu'il rit de nouveau avec moi, je veux qu'il me prenne dans ses bras... Je le veux mais je ne peux pas avoir... Je le sais, je ne suis pas bête. Non, je ne le suis pas, il faut que je me reprenne. Ça ne me ressemble pas tout ça. Première étape, il faut que j'annonce la nouvelle à Nina, c'est une nécessité. Alors, je me racle la gorge, comme pour me donner du courage et je déclare : "C'est Thomas." Je triture le collier qu'il m'avait offert il y a quelques années pour mon anniversaire. Il avait compris qu'il m'avait plu dès l'instant où nous l'avons vu dans la boutique alors que je ne lui avais même pas dit. Il était comme ça Thotho, il me comprenait vraiment, il savait tout de moi, de mes gouts. Quelque part, il était autant mon frère que Danny ou Tucker."Je l'ai trouvé mort quand je suis entrée chez lui... Il était... glacé." Je frisonne en y repensant. C'était tellement choquant de sentir ce froid sur lui, lui qui d'habitude était toujours si chaud. "Comment je vais faire moi sans lui ? Hein ? Il a toujours été là, toujours ! Toujours ! Toujours ! Je veux dire, je ne me rappelle pas d'un seul Noël où il ne m'a pas offert un cadeau ! Oh Noël, c'est Noël et il ne sera pas là ! Ce sera mon premier Noël sans que je le vois - soit par webcam soit face à face - et ce ne sera pas le dernier... parce... qu'il est mort ! Et il y a son enfoiré de frère qui ne cesse de m'envoyer des messages pour que je lui dise où il est parce qu'il n'arrive pas à le joindre ! Qu'est-ce que je suis censée faire, hein ? Lui dire "salut, joyeux Noël, ton frère est mort, bye !" ? Je vais pas arriver à gérer Nina, non, je ne vais pas en être capable ! Je suis... je suis..." Je peine à respirer, l'air a du mal à entrer dans ma poumons. J'ai bien l'impression d'être en train de faire une crise de panique et je n'arrive absolument pas à me calmer, ça s'annonce mal, très mal.

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Pumkin & Jo'

Je pourrais écrire en ode au whisky en ce moment même. Sans déconner, quand Nina arrive avec, je regarde la bouteille comme si c'était le Messi. Se noyer dans l'alcool, ce n'est pas bien, c'est sûr. C'est même très mal mais, j'ai bien l'impression en ce moment que c'est la seule chose qui peut me faire sentir bien. J'ai généralement l'alcool joyeux, j'espère que ce sera le cas ce soir. Je m'empare bien vite de la bouteille pour remplir mon verre à ras bord alors que je sers le sien de manière raisonnable, pas la peine de l'entraîner dans mes conneries. Elle me fait rire, à nouveau pour une remarque sur Nemo. Très prévenante elle me propose de le mettre dans le riz. Espérons que ça marche, je n'ai pas trop l'envie de me repayer le même téléphone, surtout vu son prix. Une de ses phrases m'interpelle. "Au petit matin ?" Je commence à comprendre que Nina ne veut pas que je parte, elle me le confirme d'ailleurs peu de temps après que j'ai posé la question. Je ne sais pas vraiment pourquoi ça m'étonne qu'elle veuille que je reste. Je ne sais même pas pourquoi je suis venue en réalité. C'était instinctif. Résignée, je ne la contredis pas. De toute manière, je n'ai aucune envie de rentrer chez moi, seule, désespérée. En plus, il y a le whisky ici, ce qui est un avantage non négligeable.

Nous en venons à la discussion fatidique, je lui explique toute la situation. Je me laisse même emporter par mes émotions. Je déblatère plus que je ne parle en fait. Je dis tout ce que j'ai sur le coeur à une vitesse folle. Même si ce doit être une horreur pour mon amie, ça me fait un bien fou. Une fois ma petite tirade terminée, je bois une grande gorgée de whisky afin pour me donner une contenance. Nina dit que je vais gérer mais, j'en doute fortement. Je ne me suis jamais sentie aussi faible de toute ma vie. "Je ne sais pas Nina... Je... Tu sais, j'avais l'habitude d'appeler Thomas "Jack Frost" pour le taquiner parce qu'il était un grand fan de Noël. Je riais mais, lui, m'a prise au mot. Il s'était habillé comme lui un jour, il m'a montré son dessin animé des dizaines de fois ! J'en ai finit par adorer Jack Frost, je te jure, il m'a fait tombé en adoration devant lui... Il avait ce pouvoir... Bref, tu vois. J'en serais pas capable je pourrais pas..." Une nouvelle larme coule le long de ma joue. Comme si ça pouvait la faire disparaître, je prends une nouvelle gorgée du liquide ambré. Je souris quand Nina me propose son aide mais, il se tarit vite. "Je ne sais même où il habite en ce moment. Il bouge énormément... Je ne sais vraiment pas où le trouver... Il va falloir que je lui dise ça au téléphone... Comment je vais faire ça hein ? <>" Je n'avais même pas pensé à ça, ça devient de pire en pire... Déjà que je n'arrive pas à lui parler face à face comment suis-je censé le faire par téléphone ?

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Pumkin & Jo'

Je n'aurais jamais cru que la douleur puisse être si forte. Je ne peux plus rien ressentir tant elle est intense. Je me sens creuse, vide. C'est comme si je vivais ma vie en tant que spectatrice. Comme si je regardais cette femme pleurer mais que ce n'était pas moi. Elle est tellement éloignée de ce que je suis. Je bois une nouvelle gorgée, anesthésiée de tout sentiment. "Oui, au petit matin. T'es pas vraiment en état de rester toute seule." La voix de mon amie me sort de l'état second dans lequel je me trouve. Je tourne lentement la tête vers elle sans rien pouvoir dire. Je ne la contredis pas, j'ai bien conscience d'être complètement pommée en ce moment même. La gorge serrée, j'ai du mal à déglutir. Tout un tas de pensées me traverse l'esprit, désorganisées comme elles sont, j'ai l'impression de perdre pied. "Bon, après, ça va être un peu compliqué pour dormir." Je ris doucement mais il semble étranglé. Je détourne les yeux d'elle puis les fermes alors que je me rends compte d'à quel point je dois paraître pathétique. La poitrine en feu, je prends une grande inspiration avant de parler. "Dormir ? Ça fait des jours que je ne l'ai pas fait." Ma voix est éraillée, rauque. Je suis la caricature de la personne triste, vraiment. Et ça me rend folle. J'ai toujours était forte, quoiqu'il m'arrivait mais là, je suis plus bas que terre.

"Si, tu pourras. Ca sera sans doute pas dans les prochains jours, mais tu y arriveras." Je hoche la tête lentement même si je n'en suis pas complètement convaincue. J'ai l'impression que quelque chose s'est brisé en moi, je dois avoir une tête affreuse, une tête qui reflète mon intérieur. Je suis en chantier : j'ai l'impression que toutes forces et toutes volontés m'ont quitté. "Si tu ne veux pas le faire, alors, laisse faire la police." Un léger frisson me parcoure. Il commence dans  mes orteils trop serrées dans mes escarpins taupes et remontent le long de mon corps jusqu'à mes doigts. Je ne peux pas faire ça, ce serait trop cruel... Je n'aimerais pas recevoir ce genre de nouvelles de la part d'un gars dont je ne sais rien. Cela-dit je n'aimerais pas non plus le savoir par quelqu'un que je n'affectionne pas et tout le monde sait qu'on ne s'apprécie pas. Je ne sais pas, je ne sais plus... "Ca sera bien plus simple et ce ne sera pas à toi de le faire." Simple, ça se résume à ça alors ? À se faciliter la vie ? Ce serait mieux oui. Non, au contraire, ce serait mal. Je serais égoïste, je serais quelqu'un de mauvais. "Je pense que je lui dois Nina. C'est le moins que je puisse faire pour lui. Tu comprends ?" Les larmes menacent de nouveau à couler, je fixe alors mon verre pour me donner une contenance. "Il faut que je le fasse et que je fasse maintenant. Il faut qu'il sache." La douleur m'envahit, même si je n'en ai pas la moindre envie, je me force à regarder mon amie dans les yeux. "Tu veux bien m'aider ?" Je jette un regard en biais à son téléphone vu que le mien est vraisemblablement hors service.

Je me lève alors d'un bond, sans vraiment savoir pourquoi. Dos à Nina, les mains tremblantes, j'entreprends de défaire les boutons de ma veste. J'ai tellement chaud tout d'un coup, ma respiration s'accélère, j'ai du mal à respirer... Je ne peux plus en supporter d'avantage. Je me tourne alors vers la rousse. "Je crois... je crois que je fais une crise de panique." J'en connais les symptômes ma mère en faisait souvent quand mon frère Tucker déraillait. Je devais la calmer, la forcer à respirer normalement. Mon coeur bat la chamade, ma respiration est saccadée et je regarde mon amie d'un air paniqué.

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Pumkin & Jo'

"Tu sais ... quand ma mère est morte ... j'ai pas vraiment non plus dormi dans les jours qui ont suivi." J'incline la tête. La mère de Nina est morte ? Quand ça ? Je n'étais pas au courant. Au bar, on n'a pas vraiment eu l'occasion de parler... Je suis tellement désolée pour elle. Je sais à quel point ça fait mal de perdre quelqu'un aujourd'hui. "Désolée." C'est la seule chose que je puisse dire, je le murmure sous le coup de l'émotion. "Bon, après, ça va être un peu compliqué pour dormir." Et moi aujourd'hui, je me repose sur elle. Je ne devrais peut-être pas lui infliger ça. Surtout si ça fait peu de temps que sa mère est décédée. Cela-dit, vu la manière dont elle en parle, j'ai l'impression que ça commence à dater quelque peu. "J'étais pas spécialement proche de ma mère. Surtout les derniers temps. Elle faisait un peu tout pour me pourrir la vie." Je sais que les relations entre sa mère et elle n'ont jamais été faciles mais je n'aurais pas imaginé que ce soit à ce point là. Au point de lui pourrir la vie comme elle le dit. J'aimerais en discuter avec elle, lui demander si tout va bien. Si elle se sent bien. J'aimerais être là pour elle mais, je n'en suis pas capable pour le monde alors, de nouveau, je réponds : "Désolée." Je renifle quelque peu. "Vraiment... J'aurais préféré que ça se passe mieux pour toi." Rien de plus normal, elle est l'une de mes meilleures amies. "Faut que tu dormes un peu. Avant que ça te rende chèvre. J'suis passée par là. Crois-moi." Je soupire, ça me semble impossible mais, je suppose que je ne peux pas le savoir avant d'avoir essayé. Je hoche la tête, une promesse silencieuse que je scelle par un très léger sourire.

"Bien sûr que je vais t'aider." J'ai l'impression qu'un poids se retire de mes épaules instantanément. Je n'ai jamais autant compter sur quelqu'un que je compte sur la rousse en ce moment. "J'espère que tu connais son numéro." Je ris silencieusement avant de déclarer : "06 66 25 14 95." Je déglutis. "C'est son numéro." Ça y est je vais le faire, je vais l'appeler. Maintenant. Oh mon dieu... Ainsi, sans doute à cause de cet état de fait, je fais une crise de panique, une bonne vieille crise de panique. Jamais je n'aurais cru en faire, jamais je n'aurais cru être à la place de ma mère. Je me pensais plus forte que ça. Ma gorge devient de plus en sèche à cause de ma respiration saccadée et mes mains tremblent comme jamais alors que Nina tente de me rassurer. "Ok, ok. Tu vas respirer lentement. Très lentement." J'essaie de suivre ses instructions car je sais que c'est la bonne marche à suivre. Je tente de le faire mais c'est dure, très dure. "Regarde-moi. Et respire lentement." J'obtempère alors qu'elle prend mes mains dans les siennes. J'ai du mal à soutenir son regard mais je m'y résous. Petit à petit ma respiration se calme. Mes mains se réchauffent dans les siennes et tremblent moins à mesure que le temps passe. "J'suis avec toi. T'es pas toute seule. On va s'en sortir. Toutes les deux. Et tout va bien se passer. D'accord ?" Je ne suis pas toute. Oui, Nina elle est là pour moi. J'ai besoin d'elle et elle là pour moi plus que personne ne l'a jamais été. Plus que mon père, plus que ma mère. Je peux me reposer sur ses épaules et ça compte énormément pour moi. Des larmes coulent de nouveau mais je ne ressens plus seulement de la tristesse, je me sens aussi reconnaissante. Nous restons quelques minutes, ainsi, sans rien faire. Je suis maintenant de nouveau calme ou tout du moins, je ne suis plus complètement paniquée. "Faisons-le avant que je me dégonfle." Oui c'est le moment. Nina me passe son téléphone après avoir composé le numéro que je lui ai rappelé. Le premier bip caractéristique se fait entendre et mon esprit s'éloigne peu à peu de mon corps. J'ai l'impression de flotter. Bien vite, un souvenir me revient en mémoire.  

FLASH BACK



Un fouet à la main, je m’affaire à préparer ma génoise. Il est très important que la patte soit aérienne, ainsi, j’y mets de l’huile de coude. Habituellement, je ne m’embête pas et utilise mon batteur électrique mais, manque de chance, il est tombé en panne. Face à moi, assis nonchalamment sur un tabouret, Thomas rit silencieusement de mes malheurs. Autant amusée qu’agacée, je lève mon fouet vers lui comme pour le menacer. "Comment tu oses te fiche de moi ?" Les yeux plissés j’attends son explication qui se meurt dans un éclat de rire. Il rit si mort qu’il a du mal à parler. Moi au contraire, je commence à faire la tête. "Tu veux plus de gâteau c’est ça ? C’est pour ça que tu te comportes comme une andouille ? Parce que tu en auras pas, ça c’est sûr, pas une miette!" Je pose le fouet pour croiser les bras de façon théâtrale. "Ne fais pas la tête choupette, c’est juste que… Ton corps bougeait tellement quand tu fouettais qu’on aurait dit que tu twerkais." De nouveau, un éclat de rire le traverse, tant qu’il se plie en deux, s’allongeant presque sur le plan de travail. Son rire est si joyeux que je ne peux pas lui en vouloir plus longtemps. Je décide même de faire tout le contraire et de plaisanter avec lui. Je m’approche, tout près de là où il est assis et je commence à twerker. Je me déhanche si près de lui que je le touche presque. "Ça te fait rire ça aussi ?" Je pousse un petit cri quand il se lèvre et me soulève pour me prendre dans ses bras comme si je ne pesais pas plus lourd qu’une plume. Il me fait tournoyer quelques secondes avant de conclure : "Tu es folle, tu sais ça ?" Je ris à gorge déployé avant de passer mes bras autour de lui. "Et c’est pour ça que je suis la meilleure amie que tu es en ce monde." Il sourit. "Tu es bien plus que ça. Tu es ma famille."

FIN DE FLASH BACK

Je reviens à moi quand j'entends la voix de Billy au téléphone."Allo ?" Sa voix a toujours été légèrement plus grave que celle de son frère... Les larmes aux yeux, je me tourne vers Nina, incapable de prononcer un mot. Je chuchote alors à l'intention de mon amie : "Je ne peux pas... Je ne sais pas..." À l'autre bout du fil, Billy s'impatiente et moi je reste là, sans rien faire.

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