Jo | Is it the start of something new ?

La semaine avait filé à toute allure. C’était toujours le cas lorsque les choses coulaient de source, ou peut-être parce qu'il n'y avait pas de raison de s'attarder. Pour sa fille, Aria, son anniversaire s’était très bien passé. Elles avaient été toutes les trois, et elles avaient pu voir leur fille ouvrir ses cadeaux et être super contente. Au moment du coucher, Aria avait vraiment apprécié que maman Jo soit là avec elles cette semaine. Meagan lui avait confié que c’était un sentiment qu’elle partageait beaucoup et que cela ne la dérangerait pas si cela venait à se reproduire. Bien sûr, la petite avait compris autre chose, comme le fait de fêter un deuxième anniversaire dans l’année. Cela avait beaucoup fait rire Meagan mais lui avait aussi fait comprendre qu’elle avait certainement besoin de parler. Elle avait besoin de parler à un adulte, c’était plus sécurisant et les réponses peut-être un peu plus lucides.

Samedi matin, mère et fille s’étaient habillées pour aller au zoo. Aria avait semblé un peu plus fatiguée que d’habitude mais son regain d’énergie avait été foudroyant devant l’enclos des singes. Il n’y avait aucune urgence mais après avoir mangé au restaurant qui avait une vue plongeante sur l’enclos des girafes, la petite s’était endormie, épuisée par cette longue balade. La maman termina le périple avec sa fille dormant dans ses bras, tout en réfléchissant à la tenue qu’elle allait porter ce soir. Il fallait qu’elle trouve quelque chose de pas trop révélateur dans le sens où, elle ne voulait pas effrayer son ex-femme et lui révéler ses véritables intentions. Meagan avait déjà réservé le restaurant mais elle ne savait pas vraiment ce qui pourrait coller à ce genre d’endroit. Parce que si elle ne voulait pas mettre les charrues avant les bœufs, elle ne voulait pas non plus donner une mauvaise information à Jo. Après avoir quitté le zoo alors qu’Aria dormait encore, elle se rendit chez ses parents, un peu plus nerveuse qu’elle n’aurait voulu l’être.

« Bonjour maman, papa ! » salua-t-elle. Aria s’était réveillée un peu avant d’arriver alors elle fut assez d’attaque pour embrasser ses grands-parents avec la même énergie que d’habitude. Elle resta un moment, elle but un café avec sa mère pendant que son père avait embarqué Aria dans le jardin. « Tu sors ce soir ? » Meagan quitta le jardin des yeux une minute et reporta son attention sur sa mère : « Oui, je sors, mais je garde mon téléphone allumé, si il se passe quelque chose, tu sais que tu peux m’appeler… » L’air soucieux de sa mère l’atteignit plus qu’elle ne le voudrait : « Qu'est-ce qui se passe maman ? – Je ne sais pas si ça te plaira ce que je veux te dire… » Cette réponse garda la trentenaire muette de surprise aussi, sa mère continua sur sa lancée : « Je ne sais pas si c’est une bonne chose, de sortir. Tu as une enfant,.. – Oulah maman, c’est vraiment exceptionnel que je te confie Aria un soir où je l’ai en garde, je vois Jo. » Meagan avait hésité à confier sa fille à la baby-sitter mais elle n’arrivait pas à faire confiance à quelqu’un d’autre que sa propre mère. Et elle savait aussi que cela lui faisait plaisir d’avoir sa petite de temps en temps. « Tu vois Jo ? Alors Jo et toi, vous vous remettez ensemble ? – Non, maman, ce n’est pas ce que tu crois… En fait, je ne sais pas ! »

Tout d’un coup, un cri puis des larmes. Meagan se retourna et vit son père porter sa petite fille en courant vers la maison. « Vite maman, la boîte à pharmacie ! » Le temps que son père lui racontât qu’il avait tourné les yeux juste une petite seconde, sans voir que sa petite fille s’était approchée d'un objet dangereux, Meagan appliqua les soins en vérifiant que la coupure n’était pas importante. « Est-ce qu’elle va bien ? Mon dieu qu’elle est si rapide… - Ça va papa, elle n’aura pas besoin de points. » avait-elle dit, un peu trop froidement à son père qu’elle tenait responsable pour cet incident. Elle avait gardé sa fille sur ses genoux, en rassurant ses parents. Les accidents domestiques arrivaient plus souvent qu’on ne le pensait : « Tu te souviens la bosse que tu t’étais faite en descendant les escaliers trop vite ? – Oui ! – Les accidents, ça arrive, et souvent, ça fait des bobos. ( Après avoir vu que son père s'en voulait beaucoup, elle dit à sa fille : ) Regarde, papi s’en veut beaucoup que tu aies eu bobo, tu veux aller lui faire un câlin ? » Sans hésitation, la petite descendit des genoux de sa mère pour aller faire un câlin à son papi. « Regarde papi, maman est docteur, ne t'inquiète rohh - mais je m'inquièterais toujours pour ma petite frimousse. »
Quelques secondes plus tard, Aria riait aux éclats.

Elle avait embrassé sa fille si fort qu’elle avait eu la trace de son rouge à lèvres sur sa joue. Meagan avait insisté pour lui donner le bain avant de reprendre la route, plus sereine. Arrivée à la maison, elle brancha son téléphone et consulta ses courriels. Rien. Chouette ! La soirée allait être tranquille, en tout cas, elle l’espérait. Sur son lit, c’était une foire aux vêtements, elle était enveloppée dans une serviette quand elle hésitait encore sur ce qu’elle allait mettre. La trentenaire tournait en rond devant cet énorme monticule de vêtements quand elle se rappela de son petit ensemble couleur pastel qui revenait tout juste du pressing. Elle se décida enfin et après s’être habillée, elle se maquilla puis s’occupa de ses cheveux. Une fois prête, elle envoya un message à sa mère pour savoir si tout allait bien et la réponse ne tarda pas. Tout allait bien. Elle regarda l’heure et fit la grimace, si elle traînait encore plus, elle allait se mettre en retard. Aussi, elle habilla ses pieds d’escarpins, sélectionna un sac noir et quitta son domicile pour rejoindre celui de Jo, son ex-femme et pourtant tellement plus. Son cœur s’affola quand elle arriva en bas, elle se demandait si c’était mieux de rester dans la voiture où d’aller toquer à sa porte. Trop de questions, et il n’y avait pas de mystère juste de grosses incohérences avec ce que son cœur voulait et ce que sa tête voulait. Un vrai cauchemar mais elle espérait que la soirée se passerait bien quand même. Surtout que c’était bon signe, avoir une soirée de repos en commun, c’était quand même un bon point à noter. Elle inspira et sortit de sa voiture pour rejoindre la maison de son ex, au pas de course. Meagan n’avait pas vraiment froid mais elle n’était pas vraiment une bonne source car elle avait une résistance incroyable aux températures basses. La difficulté avec ça, c’était de ne pas tenir le coup lorsque les températures dépassaient les 28 degrés Celsius. En tout cas, elle n’avait pas froid aux yeux et elle voulait montrer à Jo qu’elle n’avait pas perdu de son mordant. Alors elle sonna puis attendit qu’on lui ouvre : « Bonsoir ! » disait-elle avec son plus beau sourire : « Le carrosse est arrivé alors si tu es prête, on peut y aller maintenant ! » Elle avait dix minutes d’avance sur l’horaire mais comment changer une habitude comme celle-ci ? « Tu es sublime ! »

HARLEY-

Son cœur battait la chamade, donnant l'impression que même la voiture était nerveuse sous sa conduite, et la radio ne parvenait pas à apaiser leur stress mutuel. L'idée de s'arrêter pour fumer une cigarette lui avait brièvement traversé l'esprit, mais elle avait vite réalisé à quel point cela serait ironique, Meagan, en train de s'allumer cancer en boîte pour se calmer. Après un moment de réflexion, la trentenaire avait finalement décidé de faire une pause de deux minutes pour apaiser son rythme cardiaque et essuyer ses mains devenues moites. Alors qu'elle respirait profondément pour retrouver son calme, elle se rappela pourquoi elle se trouvait dans cette situation stressante. Meagan n'arrivait pas à croire qu'elle vivait une sorte de double vie en conversant à la fois avec sa femme via le réseau et en direct. Cela aurait été amusant si l'autre partie avait été au courant, mais c'était bien plus compliqué que ça. La colère de découvrir son ex sur un site de rencontre l'avait poussée à agir impulsivement en s'inscrivant à son tour pour se faire passer pour quelqu'un d'autre. C'était bien avant que la blonde n'accepte de les rencontrer un samedi soir, en tête-à-tête. Elle était largement en avance, et même après avoir pris quelques minutes pour calmer son anxiété, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe d'excitation mêlée à une certaine appréhension, se demandant ce qui allait se passer lors de cette rencontre.

Elle s'était avancée dans l'allée menant à la maison de Jo, ne laissant aucune place à la réflexion ni à l'idée d'un prétexte d'urgence pour annuler la soirée. Quelques instants plus tard, son cœur battait la chamade alors que la porte s'ouvrait, dévoilant son ex-femme vêtue d'un tailleur mauve qui la rendait encore plus irrésistible, si c'était seulement possible. Une vague de souvenirs et d'émotions la submergea, mélange de désir et de nostalgie. Son esprit tourbillonnait d'anticipation, se demandant ce que cette soirée inattendue allait lui réserver. Jo lui retourna son compliment, et sa sincérité était si palpable que Meagan en rougit, sentant le sang affluer dans ses joues. Leur connexion était si forte qu'elle en devenait évidente, presque palpable. Leurs regards se croisèrent, et dans ces instants partagés, Meagan ressentit une chaleur envahissante, comme si chaque fibre de son être était en parfaite harmonie avec celle de Jo. C'était comme si elles étaient sur la même longueur d'onde, leurs pensées se rencontrant sans avoir besoin de mots. Cette connexion, si profonde et si naturelle, était comme une évidence pour elles deux, une évidence qui transcendait les barrières du temps et de l'espace. « Veux-tu entrer avant de partir ? Ou on peut y aller maintenant si tu préfères. J’ai hâte de voir où tu m’emmènes ! » Meagan répondit par l'affirmative et accepta d'entrer. La pédiatre ne découvrait pas l'intérieur de son la blonde, elle n'en avait vu que les pièces communes, cela dit.

Une fois à l'intérieur, elle joignit ses deux mains en avant et : « Je suis en avance, si tu veux, on peut aller boire un verre ou... » Elle suivit son hôte et remarqua un verre posé là : « On peut en boire un ici ! » proposa t-elle, amusée de voir qu'elle avait commencé la soirée avant son arrivée. « Du Spritz, si ma mémoire est bonne ? »

HARLEY-

Jouer avec le feu, c'était un peu ce que Meagan était entrain de faire actuellement. Il fallait bien se l'avouer, elle n'avait pas du tout réfléchit quant à l'évolution des messages échangés au fil des semaines qui avaient suivi son inscription. C'était déjà difficile de se montrer correcte envers Jo lorsqu'elles ne faisaient que de se croiser mais ces derniers temps, la brunette avait comme la capacité à se mettre facilement en difficulté : Pas plus tard qu'à l'anniversaire d'Aria qu'elle avait passé en compagnie de son ex-, la fois où elle avait proposé à la blonde de rester un peu plus longtemps, histoire de boire un café avant de repartir et ce soir, ce rendez-vous. Meagan s'était tout simplement sentie pousser des ailes en agissant de cette manière. D'autant que l'air complètement ravie de Jo à l'idée de passer une soirée avec l'urgentiste avait complètement prise au dépourvu cette dernière. Elle avait eu beaucoup de mal à arriver jusqu'à cette demeure, nerveuse en tout point un peu comme le tout premier rendez-vous que l'on se donnait étant adolescente. Meagan était doublement nerveuse avec cette culpabilité de jouer un double jeu et qui plus est, d'y prendre un vrai plaisir. Joséphine était complètement différente dans le sens où elle était en quête de quelque chose de différent lorsqu'elles étaient l'une en face de l'autre. La grecque était tellement jalouse de ce double qui se faisait séduire par des petits messages comme ceux que l'on se faisait parvenir en douce en plein cours.

C'était ça la difficulté, de savoir que ce qu'elle faisait n'était pas bien mais d'en prendre un plaisir monstrueux. Qu'allait dire Jo lorsqu'elle allait s'en rendre compte, qu'allait-il se passer après ? Est-ce que Meagan aurait les tripes de lui avouer toute la vérité, lui donner les raisons qui l'avaient poussé à en venir là mais surtout, lui faire cette déclaration enflammée dont elle revivait tous les soirs au moment du coucher ? Meagan allait beaucoup mieux même si elle éprouvait toujours ce besoin de voir sa psy régulièrement. Rien que le fait de raconter les échecs et les succès qu'elle vivait dans son travail, c'était particulièrement libérateur. Vraiment libérateur.

Elle était magnifique ce soir, elles avaient eu quasiment la même idée et peut-être même que Jo était dans le même état d'esprit : Qu'était-ce ce rendez-vous ? Même Meagan n'arrivait pas à savoir ce qu'elle voulait et pourtant, elle fera tout son possible pour démêler cette histoire au cours de cette soirée. Pendant ce temps, elles s'étaient retrouvées dans la cuisine ou un verre de Spritz réchauffait sur son comptoir en attendant d'être bu. Des petits picotements derrière la nuque de brune avait surgit à ce beau souvenir. Jo n'avait pas changé, peut-être que la psy s'était faite des idées, il était fort probable qu'au final, rien n'était complètement terminé. Elles allaient sortir alors pour garder la tête froide, elle opta : « Je vais rester sage, ce soir, une bière légère si tu as. » Meagan avait changé là-dessus, amoureuse de la douceur fruité du vin, elle avait changé pour le goût de l'orge et parfois même du malt mais ce n'était pas régulier. Un verre après une journée difficile en regardant le planfond blanc de son appartement en pleine solitude, c'était son petit échappatoire secret. « On dirait que tu as tout prévu et pour toutes les éventualités, tu as une soirée en perspective ? » Curiosité, bien sûr, malplacée, peut-être. C'est pourquoi elle n'ajouta rien d'autre. « La semaine,.. » Un petit silence pendant que son ex lui décapçula sa bière fraiche, une blanche fruité, peut-être était-ce complètement un hasard mais Meagan voulait penser autrement. Elle n'avait pas oublié sa préférence pour le fruité. « Elle s'est plutôt bien passée, c'est de plus en plus difficile à faire comprendre aux patients qu'une fièvre n'est pas une urgence. » La pédiatre prit une gorgée puis une serviette de table pour la reposer dessus afin d'éponger les gouttelettes. Elle s'était organisée de cette façon, lorsque c'était sa semaine de garde, elle tenait son cabinet, et lorsqu'elle était à l'hopital, elle devenait urgentiste pédiatrique. Cette mise en place avait pris un moment avant d'être acceptée à la fois par ses collègues que par la direction. Cependant, elle n'avait rien lâché, elle voulait garder en tête que sa fille devenait une priorité et que si l'hopital n'acceptait pas, elle se serait rabattue sur le cabinet à coups sûr.  « À quoi bon, depuis la pandémie, un nez qui coule devient presque une affaire d'urgence. Et toi ? » Elle avait reporté son attention sur son ex-, elle était si belle, si charismatique. Elle aimait cette assurance qui émanait de la blonde, tout cela lui avait manqué.

Au débit ou elle buvait sa bière, elles avaient encore le temps avant de prendre la route bien qu'elle n'avait pas pris un restaurant à l'autre bout de la ville, elle laissait tout doucement son imagination prendre le dessus.

HARLEY-

Meagan n’était pas du genre à avoir froid aux yeux. Même si elle se disait qu’elle ne faisait rien de mal, elle avait pourtant le sentiment de tromper la femme qu’elle aimait. Alors forcément, cela avait le don de la rendre un peu nerveuse, limite goûter sa culpabilité en même temps qu’elle tenait sa bière légère. Elle souriait bêtement quand son ex-femme veillait toujours à avoir le nécessaire car elle ne savait pas trop ce que cela insinuait. C’était peut-être un peu idiot de croire que Jo ne passait pas de bon temps, encore moins lorsque l’on connaissait son univers. Non pas que c’était des personnes peu recommandables mais plutôt parce qu’ils vivaient trop souvent sur la corde, que chaque mission avait son lot de surprise et d’adrénaline. Elle ne pouvait pas s’empêcher de se rappeler les nombreuses fois où sa femme culpabilisait de n’avoir pas réussi de sauver tout le monde, quitte à mettre sa propre vie en danger. Meagan pouvait s’assurer que la blonde avait envisagé les choses autrement depuis que leur fille était née mais le risque zéro n’existait pas, voir jamais dans le monde des pompiers.

Elle en était où déjà ? Ah oui : « Cheerz ! » répondit la brune en écho et bu sa gorgée. « Ma préférée, je dirais.. » avait dit la pédiatre urgentiste en admirant la beauté du logo que portait l’étiquette de la bouteille en verre. Donc, c’était de coutume aussi chez les pompiers, les appels pouvaient même être complètement bénin et pourtant, comme tout médecin, les pompiers étaient obligés de se rendre sur place, examiner le tout et repartir bredouille. Ce qui pouvait être compliqué serait d’être en colère en quittant les lieux. Ne serait-ce pas la meilleure des situations que de devoir signaler les pompes funèbres ? Décidément, il lui fallait des vacances et vite. Lorsque Jo évoqua une situation pas vieille, la semaine dernière, Meagan écarquilla les yeux, de véritables soucoupes volantes avec deux iris au milieu : « Là, c’est dur. Que se soit la petite qui appelle en panique, je comprends surtout si les parents ne sont pas ouverts mais une mère… » C’était surement parce qu’elle en était une aujourd’hui qu’elle n’imaginait pas appeler les urgences pour les premières règles de sa fille. En guise d’accord tacite, elle leva les mains puis elle acquiesça : « Tu as raison! »
C’était dur de ne pas flancher en voyant ce léger sourire tiré sur le visage de la blonde alors pour briser ce malaise, la pédiatre se dépêcha de donner un nouveau sujet de conversation. « Je… Je comprends ! » Et la culpabilité de leur passé est encore plus grande. « Je suis tellement désolée de vous avoir infligé ça, à toi et à Aria, bien sûr ! » Elle ne termina pas sa bière mais elle la posa mais comme son ex-femme repartit sur autre chose, Meagan fit taire cette petite voix qui lui hurlait de faire le pas, un pas si difficile après quatre années de séparation. « Je t’avoue que, en me préparant tout à l’heure, je me disais exactement la même chose. Et, je pense que tu as le droit mais je ne vais pas te l’accorder. J’espère seulement que cela va te plaire ! » Elle plissa son nez, taquine : « Je me suis sûrement un peu rouillée. » Meagan prit sa bière et bu au goulot, elle n’aimait pas les pertes : « Cela dit, il faudrait qu’on y aille. » souffla-t-elle en consultant sa montre : « Pardonne-moi mais, tu es magnifique, t’as vraiment l’air en pleine forme ! » Meagan se racla la gorge et laissa son invitée prendre ce dont elle avait besoin pour partir puis, quitta la maison.

Le trafic est difficile mais rien ne pouvait retirer l’envie irrésistible de prendre sa main ou de poser la sienne sur sa cuisse. Sa retenue lui prenait toutes son énergie. La route n’était pas si longue mais elle pouvait l’être lorsqu’une seule idée en tête ne quittait pas un esprit et Meagan en était sa propre victime. Elle meublait, embrouillait le sens de l’orientation de Jo pour qu’elle ne devine pas, l’invitait dans des conversations qui lui détournaient son attention puis se gara alors que Meagan continuait de relancer sa blonde. Elle adorait faire ça, car elle le faisait à chaque fois, à l’époque, juste pour garder l’effet de surprise. Et pour l’heure, elle était immense. Moins d’une demi-heure de voiture plus tard, elles avaient atteint la baie. Entrainant son ex-compagne avec elle, Meagan lui montra l’enseigne qui allait les accueillir : Beach Bay Restaurant. Un restaurant où l’on mangeait les pieds dans le sable. Elle avait repéré ce restaurant en venant y  faire un tour pour une petite vente sur Marketplace. La pédiatre avait immédiatement pensé à son ex-femme, que dans le genre atypique, on ne pouvait psa faire mieux. De plus, de l’extérieur, ça ne payait pas de mine mais l’intérieur était très dépaysant, comme une sorte de bulle dans l’espace tant, jouxtant le chic et la plage tout en même temps. Le genre qui permettait de bien s’habiller et être décidé à retirer ses chaussures pour savourer le contact. « Après toi ! » souffla Meagan en ouvrant la porte pour laisser entrer la jeune femme en lui offrant son plus beau sourire. Elle y avait déjà mangé et elle savait que cela allait être bon. C’était un doux mélange de poisson, de salade océanique mais aussi un art culinaire qui rendait l’assiette encore plus appétissante. Derrière Jo, Meagan posa une main sur le dos de la blonde pour lui murmurer : « Je suis sûr que tu ne t’attendais pas à ça, pas vrai ? » La brune nota que quelques mèches des cheveux de Jo avaient bougé par son souffle puis elle reprit posture pour répondre à l’hotesse qui les emmena à la table, au plus près de la baie.
Installée, Meagan inspira l’air, attendant de voir ce que la blonde en pensait.

HARLEY-