blow a kiss, fire gun. (laurexy)

Il fallait qu’elle quitte ce bureau le plus rapidement possible, de toute façon ce n’était même pas une question, si jamais elle restait assise sur cette chaise, entourée par le vide, elle allait finir par sauter par sa porte fenêtre. Soupirant longuement, elle attrapa sa veste et son sac avant de quitter son bureau à toute vitesse tout en interdisant à son assistante de poser la moindre question. Laurel était une patronne plutôt agréable, elle ne forçait pas son assistante à rester plus longtemps que la normale et c’était peut-être pour cela qu’elle s’était décidée à rester aussi longtemps que sa patronne, mais là elle ne pouvait pas rester là à attendre qu’on lui dise qu’elle avait un second rendez-vous. Parce qu’une nouvelle fois elle venait de se disputer avec sa mère, encore une fois on lui reprochait la mort de son frère, comme si elle ne se sentait pas déjà assez coupable comme ça. Il fallait croire que non, on l’avait appelée pour lui rappeler qu’elle n’était pas la bienvenue au dîner de Noël et de toute façon, elle n’était pas préparée à y aller, l’envie n’y était pas et par conséquent y penser était inconcevable.
Décidée à ignorer son téléphone qui ne faisait que de sonner, elle le mit sur silencieux avant d’entrer dans le café qui faisait face à l’immense tour qui accueillait les bureaux de son cabinet. Elle ne mit pas longtemps à commander son latte et une fois celui ci en main, elle fit demi tour, sa conscience professionnelle la rattrapait et il était de mettre fin à son escapade qui finalement, n’avait durée que cinq petites minutes. Se retournant pour prendre la porte, elle fit face à une jeune femme qui la percuta assez violemment pour venir faire exploser son gobelet sur son chemisier flambant neuf et surtout hors de prix. Poussant un hurlement de surprise à la sensation du liquide brûlant qui se déversait à présent aussi sur son corps, elle attrapa rapidement une serviette pour tenter d’éponger le maximum de café et ainsi minimiser l’action de la jeune femme. « Je suis officiellement en retard. » C’était ça le plus grand problème, le chemisier était remplaçable et elle avait assez de gel désinfectant dans son bureau pour effacer toute trace du liquide noir sur son corps, le problème était surtout le fait qu’elle était en retard son rendez-vous et que ce n’était pas la meilleure manière d’impressionner un collègue, parce que c’était comme ça que Laurel arrivait la plupart du temps à éviter d’aller en cours. Son aura, sa personnalité et sa réputation, tout cela faisait que bien souvent elle concluait le deal qui permettait à ses clients de s’en sortir. Peu étaient les personnes qui osaient venir plaider contre elle et ils avaient bien raison. Seulement arriver en retard avec un chemisier tâché n’était pas le meilleur moyen de faire bonne impression. « Je suis désolée, mais je dois vraiment y aller. » Elle n’avait même pas fait attention à de possibles paroles de la blonde, elle voulait juste expédier cela le plus rapidement possible.
Elle s’était retrouvée bloquée dans l’ascenseur et si d’habitude elle était du genre agréable, elle était presque certaine qu’elle avait menacé de mort le technicien de la maintenance. Arrivant devant le bureau de son assistante elle tendit la main pour accueillir le dossier qu’elle devait défendre devant son collègue. « Elle est déjà et … qu’est-ce qui est arrivé à votre chemisier ? » Lançant un regard à son assistante qui voulait dire qu’elle refusait le moindre commentaire. Elle ouvrit le dossier et commença à le lire entrant dans son bureau, sans même lever le regard vers l’avocate qui était déjà présente. « Bonjour, je suis désolée du retard, j’ai eu un petit accident. Ce n’est pas dans mes habitudes mais là … » Levant le regard, elle croisa le regard bleu océan qui était caché par deux verres de lunettes. C’était elle, celle qui était la cause de la destruction de son chemisier. « Et bien je pense que vous devez comprendre … » Souriant largement à la belle, elle posa le dossier sur son bureau avant de s’excuser quelques secondes afin de se changer, tournant le dos à la jeune femme, elle retira son chemisier avant d’en enfiler un autre. S’asseyant cette fois ci et pour de bon à son bureau, elle tendit sa main à la jolie blonde avec un sourire très professionnel. « Maître Laurel Wilden, vous devez donc être Maître Hawthorne. Nous avons à discuter je crois. »

Elle était mignonne, adorable même et Laurel avait bien du mal à croire que face à elle se trouvait une avocate. Une maîtresse d’école, une fleuriste, une journaliste même, mais une avocate censée défendre ce qui était parfois, peu défendable, ça elle n’aurait pas parier. Elle avait l’impression de faire face à chiot et elle se demandait si la jeune femme face à elle avait conscience du peu de peur qu’elle dégageait, elle n’avait pas le charisme que l’on attendait d’une avocate et si cela avait tendance à l’énerver chez un bon nombre de confrères, elle était réellement attendrie par celle qui lui faisait face. Roxy. C’était aussi la première fois qu’on se présentait à elle avec un prénom et pourtant elle se découvrait un véritable plaisir à faire glisser ce nom sur ses lèvres, Roxy, un prénom aussi adorable, enfantin que celle qui était à l’instant assise à son bureau.
Un léger sourire se dessina au coin de ses lèvres en l’entendant parler, une novice, elle adorait ça. Elle feuilleta le dossier avant de relever son regard émeraude sur la jolie blonde, croisant les mains sur son bureau, elle hocha la tête avec cette fois ci, un sourire beaucoup plus franc. « Vous êtes nouvelle et c’est adorable, vous êtes adorable. Mais vous êtes novice et c’est bien, il faut bien commencer quelque part, mais pas contre moi. » Elle ferma le dossier qui se trouvait face à elle, avant de se lever pour se servir un verre d’eau ainsi qu’à sa collègue, verre qu’elle déposa devant cette dernière, comme à un enfant à la cantine. « Vous ne savez pas qui je suis visiblement et j’en suis désolée. On aurait dû vous prévenir, parce que si c’était le cas, vous ne serez pas venu ici, tenter de me convaincre de quelque chose aussi stupide que votre cliente. Ce n’est pas de la prétention, c’est juste la réalité. Je vous laisserai le plaisir de googler mon nom et vous aurez alors le déplaisir de vous rendre compte que vous vous battez dans le vide. » Elle retourna à sa chaise avant de porter son verre à ses lèvres. Laurel était beaucoup de chose, mais prétention ça non. Elle savait que son nom était synonyme de cauchemar pour ses adversaires, elle savait que si son nom était dans un dossier, alors tout le monde devinait qui allait sortir gagnant de cette affaire. Elle avait battit une réputation en béton durant toute sa carrière et son arrivée en Australie avait fait grand bruit dans le milieu, les nombreux avocats américains avaient poussés un soupir de soulagement là où les australiens avaient commencés à criser, Laurel Wilden était presque devenue une marque de réussite, elle ne perdait pas, jamais. Elle se retrouvait avec les cas les plus difficiles et pourtant, rares étaient ceux qui avaient assistés à une défaite. Mais Roxy ne le savait pas, parce qu’elle semblait novice et que personne n’avait semblé juste de la prévenir et ça lui faisait presque de la peine, elle se revoyait toute souriante avec ses premières affaires, prête à faire face au reste du monde, croyant ses clients comme les plus croyants croient en Dieu. Retrouvant le regard de la blonde, elle se perdit presque dans ces yeux si bleus qui lui faisaient face, Roxy était certainement la plus belle qu’elle avait rencontrée ici et la pensée à la déstabilisa, presque. « Ecoutez, je le dis pour vous, n’allez pas au tribunal, avec ce que j’ai, vous avez perdue d’avance et je n’ai pas envie qu’on se rappelle de vous comme étant celle qui a perdue face à Laurel Wilden dans une affaire qui n’est que mensonges et fourberie, si jamais vous allez jusqu’au procès avec cette affaire, vous avez vous faire humilier, votre cliente est une mythomane qui refuse le divorce, alors cette histoire de femme battue n’est qu’un gros mensonge, cette femme est une manipulatrice et visiblement, elle a réussie à vous avoir. Ouvrez les yeux Roxy. » Elle se retrouvait presque suppliante et ça ne lui ressemblait absolument pas, quelques minutes plus tard son assistante débarqua pour la prévenir que son second rendez-vous était arrivé et Laurel se retrouva, à sa plus grande surprise, presque déçue de devoir dire adieu à la jolie blonde.

Elle allait faire un carnage, la détruire et ensuite faire en sorte qu’elle se retrouve seule et sans travail jusqu’à la fin de sa vie, elle ne supportait pas la provocation et celle-ci était beaucoup trop provocante pour la laisser passer. Elle avait reçu, au lendemain de son entretien avec la blonde, un coup de téléphone du tribunal lui annonçant que la date du procès était fixée à dans deux jours. La blonde venait de démarrer une guerre qu’elle n’avait même pas soupçonnée. Entrant dans l’immeuble qui abritait les bureaux de l’agence d’avocats où travaillait la blonde, Laurel entra en furie, mas toujours avec classe à l’étage où devait, normalement se trouver la jeune avocate, il ne lui fallu que dix minutes pour trouver le bureau de la jeune femme et d’y entrer sans autorisation. « Qu’est-ce que vous voulez prouver ?! Parce que là, je vais vous détruire, vous et votre carrière. » Laurel était rarement énervée, son tempérament était plutôt calme et la façon dont elle gardait son sang froid en toute situation était presque effrayant, mais là, elle était prête à tout détruire sur son passage, la vie de Roxy Hawthorne y comprise.

Laurel était froide comme la glace et donc elle restait calme. Toujours. Quand sa copine l’avait quittée, elle n’avait pas bronché, quand elle avait reçue des menaces de mort après la condamnation de son père ça avait été la même chose. Elle restait calme en toutes circonstances et cela avait même tendance à en agacer quelques uns. Montrer sa colère, ses sentiments était la pire des idées pour un avocat, c’était prendre le risque de se laisser déstabiliser, mais là, là elle n’avait pas pu se contenir et c’est ce qui avait effrayée chaque personne qui avait croisé son chemin jusqu’au bureau de Roxy, c’est aussi pour ça qu’on l’avait laissée entrer sans poser de questions. Elle avait pensé qu’entrer en furie dans le bureau de la jolie blonde aurait suffit, mais au lieu de ça, elle venait de déclencher une guerre ouverte. Elle laissa la jeune femme parler sans rien dire, laissant sa colère bouillir en elle et tentant de se contrôler pour ne pas lui sauter dessus. C’était la première fois qu’une personne déclenchait ce genre de réaction chez elle et c’était aussi intéressant qu’énervant, parce qu’elle était tout simplement incapable de se contrôler. « Je vais prendre les choses lentement avec vous, histoire que vous arriviez à comprendre. » Elle avait respirer un grand coup et s’avança dans la pièce laissant seulement le bruit de ses talons résonner sur le sol alors qu’elle s’installa en face du bureau de l’avocate, déposant son sac à ses côtés, elle croisa les jambes avant de planter son regard dans celui acier qui lui faisait face. « On ne me déteste pas Roxy, on me craint. Demandez à tous les incapables qui vous entoure ici, personne ne gagne contre moi, jamais. Je peux détruire une carrière en un seul coup de fil, c’est pour ça que je suis la meilleure. On me craint, personne ne souhaite se retrouver face à moi devant une cour, c’est comme se retrouver face à un lion dans une arène sans arme et étant incapable de marcher. » Elle ne l’avait pas appeler par son nom de famille ou bien par le rang qu’imposait le respect du métier, car à ce moment elle n’en avait aucun pour la jeune femme, son but était simplement de lui faire comprendre qu’elle faisait face à plus grand, plus fort qu’elle. « Ensuite vous parlez de penser à l’enfant, vraiment ?! Vous lui avez parlé au moins ? Vous lui avez demandé ce qu’il pensait de cela, de la perspective de perdre son père ? Vous avez la moindre idée d’à quel point ça peut être difficile pour un enfant de grandir sans figure paternel ? Connor passe tout son temps libre avec son père, ils jouent au football, l’emmène à ses entraînements de danse, tiens vous savez que mon client a appris chaque pas de danse classique pour pouvoir en parler avec son fils ?! Non, vous ne le savez pas parce que vous préférez écouter une folle qui pense que le seul moyen de garder l’homme qu’elle aime avec elle, c’est de lui gâcher sa vie. Elle refuse le divorce votre cliente et c’est pour ça qu’elle ment comme jamais. » Pour qui elle se prenait, elle n’était pas assistante sociale et c’était loin d’être son métier, évidemment que Laurel y voyait aussi l’intérêt de l’enfant, c’était aussi pour ça qu’elle avait demandé à le faire passer à la barre s’ils devaient en venir au tribunal, elle n’était pas un monstre sans cœur. « Évidemment que je vais vous battre, car j’ai raison Roxy. Mais vous, vous allez détruire la réputation d’un homme, vous allez mettre en doute sa capacité à un être un bon père, un bon mari. Vous allez laisser des doutes sur qui il est. Connor va se retrouver à l’école à devoir répondre à des questions, demandez si son père a vraiment frappé sa mère, s’il l’a touché lui. Toute sa vie mon client va devoir se trimballer avec cette histoire dans son dossier, toute sa vie on va la regarder comme un potentiel homme qui bat ceux qu’il aime. Voilà pourquoi je refusais le tribunal, mais visiblement, vous, vous n’en avez rien à faire. On se voit dans deux jours. » Sans un mot de plus, elle ramassa son sac et s’en alla, la tension ayant quitté son corps, en réalité elle avait même les larmes au bord des yeux, chose qui ne lui arrivait jamais, parce que là, elle se rendait compte qu’elle avait quelque peu échoué et mis à mal la réputation d’un homme bien.

Elle était prête, son dossier sous les bras, elle s’installa aux côtés de son client et lui offrit un sourire rassurant, ils allaient gagner et il allait récupérer la garde de son fils, elle ne ferait aucun cadeau, si elle devait humilier, faire couler des larmes, elle le ferait. Bien vite, elle entendit l’immense porte de la cour s’ouvrir et son regard trouva celui de sa confrère, regard que détourna bien vite Laurel, elle ne voulait lui donner aucune importance. Enfin la juge fit son apparition et demanda à tout le monde de s’asseoir, la partie commençait.

Cela faisait bien longtemps que Laurel n’était plus effrayée par un jugement. Elle avait appris avec le temps à apprivoiser cette angoisse, cette appréhension de perdre en rage féroce de gagner, son regard vert émeraude se changeait en quelque chose de féroce qui était le miroir de cette envie, presque besoin, de gagner cette partie géante d’échec. Elle rassurait comme elle le pouvait son client, ce n’était pas tellement son truc, ça ou bien les démonstrations d’affection qu’on lui offrait après un procès qu’elle venait de remporter, elle n’était pas quelqu’un de très sociable, certain diront de très humain, mais elle s’en fichait, ce n’était pas ce qu’on lui demandait. Jetant un regard à l’homme à ses côtés, elle tenta un léger sourire rassurant alors qu’elle ouvrit le dossier face à elle, il n’y avait aucun moyen qu’elle perde. Son adversaire était nouvelle, avec une certaine férocité il était vrai, mais elle ne pouvait rien faire face à son expérience et surtout à ce qu’avait préparé Laurel. Sans jeter un regard à sa confrère, elle s’installa dans son siège, les mains entrelacées sur son dossier, les jambes croisées, attendant patiemment les arguments de sa collègue, cependant elle ne s’était pas préparée à ce qui allait arriver. Elle s’était attendue à des photos provocante d’un corps meurtri, peut-être de faux témoignages, mais au lieu de cela la jolie blonde démontait sous ses yeux, toute sa défense. Elle faisait une croix sur la défense du cas et surtout elle prenait énormément de risques et pour la première fois de sa vie, Laurel fut impressionnée, voire même admirative. Un large sourire se dessina sur ses lèvres, alors qu’elle s’appuya, soufflée parce qu’elle observait, contre son dossier. Roxy Hawthorne était plus qu’une petite nouvelle naïve de ce qui l’attendait, elle était une véritable avocate avec un besoin exceptionnel de vérité et de justice et à ce moment là, Laurel avait presque envie de l’épouser. Jamais dans son métier elle avait un jour assisté à une chose pareille, sans prononcer le moindre mot, l’affaire fut close et elle venait de remporter le procès et alors que son client sautait de joie et la remerciait, elle n’entendait rien, trop obnubilée à regarder la jeune femme qui lui faisait face et qui venait de déposer un dossier sur son bureau. Elle voulait la retenir, pour dire quoi, elle n’en avait aucune idée, mais juste la garder un peu plus longtemps sous son regard et d’ailleurs c’est toujours en la fixant qu’elle assista au départ de la jeune femme du tribunal.
Il était tard, beaucoup trop tard pour qu’une femme comme elle sorte seule dans la rue à la recherche d’un bar convenable. Laurel ne buvait que du vin, jamais le soir, mais là, elle avait besoin de quelque chose de plus fort, après la journée qu’elle venait de vivre, après cette folie au tribunal, après avoir pu observer les photos de fiançailles de celle qui avait failli devenir sa femme avant qu’elle ne la quitte en la traitant de femme trop difficile à comprendre, sans cœur et obsédée par le travail. En quittant Laurel, son ex lui avait promit qu’elle trouverait le bonheur avant elle et il semblerait qu’elle avait raison. Pour rajouter à cette journée, elle s’était rendue compte qu’aujourd’hui était l’anniversaire de la mort de son frère, donc le vin qu’elle possédait dans son bureau, n’était pas assez suffisant pour lui faire oublier cette journée. Entrant dans un bar donc les néons extérieurs indiquaient qu’il était ouvert, elle ne chercha pas beaucoup plus et poussa la porte. Elle ne fut pas surprise de rencontrer un endroit plutôt sombre dans la seule lumière extérieure était les lampadaires extérieurs qui éclairaient les trottoirs dans la nuit, l’endroit n’était pas désert comme elle l’avait imaginé, une douzaine de personnes, réparties en petits groupes se trouvaient à l’intérieur. S’installant sur l’un des nombreux tabourets libres, elle passa commanda un double verre de scotch avant de prendre sa tête entre ses mains. Si elle avait imaginé une journée pareille, elle serait restée au lit, le seul avantage était son procès gagné et quel procès. La jolie blonde n’avait pas quitté ses pensées de toute la journée, elle ne pouvait s’empêcher de ressasser en boucle la plaidoirie de la jeune femme, elle et son beau regard caché derrière ses lunettes, se sourire qui ne lui avait encore jamais été accordé, mais qu’elle espérait voir une prochaine fois et ce soir était peut-être sa chance. Alors qu’on venait de la servir, elle fut surprise de trouver celle qui occupait son esprit sur un tabouret, un peu plus loin et alors que la jeune femme commanda un nouveau verre, elle en profita pour se glisser à ses côtés en toute délicatesse. « Il est pour moi. » Le barman hocha la tête avant qu’elle ne tourne son regard vers l’avocate. « Je vous dois au moins ça, après tout, vous m’avez fait gagner beaucoup de temps. » Laurel n’était pas la personne la plus délicate, enfin pas en la présence de la jeune Hawthorne, elle était du genre calme et diplomate, mais en la présence de la blonde, elle était incapable de contrôler ses pensées. Secouant la tête en se rendant compte que cela pouvait passer pour de la provocation, elle laissa un léger sourire se dessiner sur son visage. « Je veux dire merci. Ce que vous avez fait aujourd’hui, je ne connais personne qui aurait osé le faire, moi la première, c’était très courageux de votre part, j’ai été très impressionnée. » Détournant le regard, elle remercia le barman qui venait déposer le verre de la belle devant elle, alors qu’elle porta le sien à ses lèvres, laissant le liquide ambré venir brûler sa gorge. Toujours en fixant droit devant elle, Laurel reposa son verre, ne pouvant, cependant, s’empêcher de jouer avec les bords. « Je me suis trompée sur vous, vous n’êtes pas une jeune naïve inexpérimentée. Vous êtes faîtes pour ça. Vous êtes douée et par dessus tout, vous avez ce petit supplément d’âme qu’il m’a toujours manqué. Vous croyez en la justice et en la vérité et c’est ce qui fera de vous une bien meilleure avocate que moi. Je vous présente mes excuses Roxy. » Enfin elle trouva le regard si bleu de la jeune femme, ce regard qu’elle trouvait à couper de souffle, ce regard dans lequel elle était actuellement entrain de se perdre, chose qui la troublait autant que la déstabilisait.

Il n’était pas bien difficile de remarquer la beauté qu’était Roxy, mais Laurel pouvait dire qu’elle avait quelque chose en plus, un petit truc qui faisait retourner un grand nombre de personnes sur son passage. Quand ils se retournaient tous sur elle, Laurel savait que c’était pour le charisme qu’elle dégageait ou la beauté froide qu’elle était, ce sentiment d’inaccessibilité, mais Roxy c’était autre chose, c’était chaleureux. Elle rayonnait avec son grand grand sourire, si doux que la brune était persuadé qu’on ne pouvait pas lui dire non, oui Roxy était adorable, pas sexy comme toutes les femmes qu’elle ramenait chez elle quand elle se sentait seule, elle avait ce côté enfantin qui faisait presque bondir son cœur alors qu’elle se perdait dans son regard. Entendre qu’elle était remerciée pour lui avoir ouvert les yeux lui tirant un sourire, Roxy était nouvelle, les erreurs au début c’était normal, dangereux parfois, mais normal, mais là elle n’en avait fait aucune, au contraire elle s’était montrée plus grande que la plupart de ses collègues, peut-être même plus grande qu’elle, elle n’avait aucun doute, il allait falloir compter sur Roxy dans les années à venir.
Portant son verre à ses lèvres, elle se remémora l’histoire du chemisier, celui qui était ruinée et se retrouvait tristement déposé dans un coin de son bureau, celui qui valait sûrement plus cher que ce bar, celui qu’elle aimait tant et pourtant en sentant le café venir lui brûler la peau, elle avait été incapable de crier sur celle qui était venue la percuter, encore une fois, les orbes bleu océan l’avait complètement captivé, au point qu’elle s’était retrouvé sans mot à simplement contempler la blonde qui se trouvait face à elle. La question était donc de savoir jusqu’où le pouvoir que Roxy avait sur elle pouvait-il aller ? Laurel ne voulait pas connaître la réponse, parce qu’elle avait surtout aucune envie de penser à cela. Roxy était une confrère, même pas une amie, elle était ce qui était de plus hétérosexuel et Laurel ne faisait pas dans les expériences, les filles qui voulaient juste tenter une fois c’était pas son truc, elles ne savaient jamais comment s’y prendre et Laurel ne faisait pas dans les relations, mais dans les coups d’un soir, elle n’avait ni le temps, ni l’envie de devoir apprendre à une femme comment s’y prendre avec une autre.
La voix de sa voisine la tira de ses pensées, il était vrai que Roxy s’était sûrement mise dans les problèmes ne décrédibilisant ainsi sa cliente devant toute une cour, mais au-delà de cela, le dossier qu’elle lui avait remis ne devait pas aider, avec ça, elle allait gagner une nouvelle affaire et surtout détruire une bonne fois pour toute celle qui avait tenter de souiller l’image d’un bon père de famille.  Secouant la tête, elle posa sa main sur celle de la jolie blonde avant de venir trouver son regard. « Hey, si c’est le cas, faut pas hésiter à venir me voir ou bien à m’appeler, avec ce que vous avez fait cette après-midi, vous avez mon respect, mais aussi je vous suis certainement redevable et un verre n’est pas assez. » Souriant doucement à l’avocate, elle se retenu de venir balayer son visage de ses doigts pour remettre à sa place, une mèche blonde qui se détachait de son parfait chignon. Se rendant compte qu’elle pouvait mettre la jeune femme mal à l’aise, elle reprit contenance et mit fin au contact physique avant de se racler la gorge pour se mettre à chercher quelque chose dans son sac, quelques secondes plus tard, elle en sortie une petite caret qu’elle lui tendit. « C’est le numéro de mon bureau, mon assistante sera au courant que tout appel venant de vous est prioritaire. » Souriant avec douceur, chose qui ne lui ressemblait pas, la sonnerie stridente de son téléphone l’avertit d’un nouveau message. Attrapant le cellulaire, un soupire s’échappa de ses lèvres alors qu’elle secouait la tête à la lecture du message, sa voisine la prévenait qu’un cambrioleur était dans son loft, mais Laurel savait bien que ce n’était pas le cas, c’était Cash. Cash et son foutu skateboard qu’elle avait voulu balancer par la fenêtre, celui qui avait déjà détruit une lampe à plusieurs milliers de livres, quand ce n’était pas son balon qui avait mit fin à la vie de son horloge contemporaine hors de prix. « Je vais le tuer. » Elle s’était portée volontaire pour le prendre avec elle, mais il ne faisait aucun effort, pire, elle avait l’impression qu’il la punissait de prendre soin d’elle. Se souvenant qu’elle était accompagnée, elle se retourna vers la blonde. « Je suis désolée, j’ai une urgence, je dois y aller … » Attrapant une serviette qui se trouvait sur le bar, elle sortit un stylo d’une boîte qui se trouvait dans son sac avant d’inscrire en noir, un numéro sur le tissu blanc et de le faire glisser jusqu’à Roxy. « Ca c’est mon numéro personnel, si vous avez besoin d’un peu de compagnie pour déprimer après une mauvaise journée, je suis plutôt douée. Oh et si vous voulez vous rachetez pour le chemisier, mon truc c’est le scotch écossais ou le grand vin français. Bonne soirée Roxy. » Et après un dernier sourire à la blonde, elle laissa quelques billets sur le comptoir, sûrement trop pour trois verres et poussa la porte du bar pour rejoindre son demi-frère.

FIN.