From this moment on (m&m)

From this moment on
Mikeal & Maxym

Ça faisait maintenant un an que nous étions arrivées au pays Aoline et moi. Un an que nous découvrons les facettes cachées de la Nouvelle-Zélande et que nous perdons à chaque journée passée un peu plus notre accent. Dans son cas, comme dans le mien, on s’adaptait facilement et on retrouvait le bonheur petit à petit. Je n’ai toujours pas mentionné à mon amie la raison pour laquelle j’avais proposé cet endroit en particulier, mais je crois que ça finira bien par se faire un jour ou l’autre. Je lui ai déjà mentionné mon envie d’en apprendre plus sur ma famille biologique, mais pas que j’avais commencé les démarches pendant que nous étions toujours à Londres. Bref, j’avais quelques informations sur mon père. J’avais réussi à avoir une adresse durant mes recherches. Je m’étais présentée devant sa maison et je l’ai vu y sortir. Sa femme lui envoyait la main par la fenêtre et je n’ai pas eu le courage depuis d’y retourner. Je ne sais pas s’il est au courant pour moi et j’ai peur de détruire tout son monde ou d’encore être déçue par les réponses à toutes les questions que je me pose. Alors, je retardais ce moment jusqu’à ce que je me sente prête, mais j’ai l’impression que ce moment n’arrivera jamais. La silhouette de ma meilleure amie apparaît dans le cadre de la porte de ma chambre. Je suis surprise de la voir, moi qui croyais qu’elle allait arrivée plus tard. J’enlève mes écouteurs et je la salue accompagnée d’un sourire. « Tu sais qu’apparemment ce soir une pluie de comète sera visible dans le ciel. » « Ça fait une bonne date ça. » Je lui dis avec un clin d’œil. « Si c’est d’une date avec ma meilleure amie que tu veux dire, alors t’as raison. Habille-toi je ne veux pas manquer ça. » Sa façon d’esquiver mon commentaire me fait rire et après quelques secondes, j’obéis à ses ordres. Nous décidons d’aller souper avant de nous rendre sur une falaise suggérée par je ne sais trop quelle source que mon amie avait trouvé sur internet. De toute façon, toujours selon ses mêmes sources, il nous restait 2 heures avant de pouvoir les admirer. Je trouvais cette activité quétaine, mais ça nous faisait sortir de la maison. J’apprécie chaque minute passée avec elle. C’est littéralement elle qui nous a libéré de l’emprise et des mauvais souvenirs que Londres nous avait laissé et je ne pourrais jamais assez la remercier pour cela.

Nous arrivons finalement au fameux endroit. Plusieurs personnes y étaient déjà installées.  En essayant de se trouver une place où s’installer, nous passons devant un groupe de personnes qui dégageait une odeur illégale. Je regarde mon amie pour vérifier qu’elle va bien. Cette odeur avait l’habitude de faire partie de nos vies et maintenant qu’on s’en était sortie, je n’avais aucune envie que ça recommence. Une fois installée parfaitement, mon amie sort les quelques sucreries qu’elle avait apportées. Son attention est rapidement détournée quand son téléphone sonne. Elle se lève rapidement et m’annonce, sous mon regard interrogateur, qu’elle allait revenir dans pas longtemps. Je regarde la masse de monde et me surprend qu’autant de gens sont intéressés par cet événement. Ce n’était peut-être qu’une simple excuse pour se rassembler et amuser les jeunes de la nuit ou faire sortir les plus âgés de leur maison et routine ennuyante.

From this moment on
Mikeal & Maxym

Le spectacle du soleil se couchant se produit devant mes yeux alors que tout ce que je me dis c’est que j’aurais aimé partager ce moment avec une autre personne. Mes pensées divaguent et se mettent à imaginer plusieurs endroits où Nikola pourrait se trouver présentement. En espérant qu’on ne le traîne pas encore dans les problèmes. Il ne m’avait pas dit la raison qui le retenait dans la capitale anglaise, mais il m’avait laissé avec la promesse qu’il allait venir me rejoindre plus vite que je le crois. Cependant, ça fait maintenant un an et les nouvelles se font de plus en plus rare si ce n’est inexistantes depuis quelques temps. Ce n’est pas la première fois qu’il disparait complètement de la map pour revenir des semaines après, mais je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter pour celui que je prenais comme un vrai frère. Mon frère adoptif. Je soupire légèrement en regardant une dernière fois mon téléphone. Un message de mon amie, qui venait à peine de me quitter, apparaît dans mon écran d’accueil m’informant qu’elle avait oublié de donner quelque chose à Léandre avant de revenir. Ainsi, elle m’attend dans le parking si je veux venir avec elle. Je réponds rapidement que je l’attendrais ici, préférant les laisser se voir seuls. Dans le pire des cas, si je ne me sens pas bien, j’appellerais un taxi pour retourner à la maison. Le crépuscule a eu le temps de s’installer durant cet échange et d’autres personnes font leur apparition sur la colline, dont un groupe de jeunes gens qui s’installent en face de moi. Je n’en fais pas de cas et reste assis dans mon coin. Je ressors mon cahier pour copier l’ombre des personnes qui réussissent à captiver mon attention, en attendant que mon amie revienne et que le spectacle naturel commence. Je ne porte plus attention à ce qui se passe autour de moi, ni les bruits, ni les images, je suis finalement concentrée à dessiner les traits de mon frère dont je me souviens. J’avais abandonné le projet des ombres et maintenant les sentiments de colère et de tristesse font surface quand je réalise que je ne suis plus aussi précise que je l’étais avec lui, que les petits détails commencent déjà à s’effacer avec le temps. Je viens pour corriger le tir en allant chercher une photo sur mon téléphone, mais en allant pour attraper l’objet, un mégot passe près de bruler ma main. Je relève la tête et remarque que c’est le gars du groupe en face de moi qui s’en était débarrassé. « Ça te dit de regarder où tu jettes tes déchets ? » Le qualificatif d’imbécile est sur le point de suivre, mais je garde le contrôle en l’empêchant de franchir mes lèvres. Le concerné, ne m’ayant pas entendu, se fait interpeller par son ami qui, lui, me pointe.  « Oh excuse-moi je t’ai fait mal ma jolie ? » Il se lève pour se rapprocher de moi et une fois à ma hauteur, il s’accroupit pour venir caresser mon bras avec un sourire malsain sur ses lèvres. « Éloigne-toi, ça va aller mieux et reprend ça avec toi. » J’ai l’impression d’être un clown à ses yeux puisque ma réplique à seulement accentué son sourire.  « Ça t’a touché ? » Dit-il en continuant de toucher mon bras. Son contact me fait frissonner de dégout et je prends sa main pour la retirer brusquement. « Mais lâche-moi. » Ses amis s’étaient tous regroupés autour de nous et sans que je le sache, j’étais déjà sur mes jambes. Je croise directement mes bras en signe de protection et d’anticipation pour la suite. Je commence à paniquer, je sais que de me débattre n’arrangerait en rien à mon cas. Je l’ai appris à mes dépends, je me contente seulement de fermer les yeux très fort et c’est lorsque j’entends la voix d’un homme que je me permets d’ouvrir un œil. En voyant qu’ils sont tous concentrés sur autre chose, je me faufile pour m’éloigner le plus possible de cette scène, laissant tout derrière moi. Je garde mes bras croisé et me concentre sur ma respiration pour ne pas paniquer. Je vois noir et j’essaie de m’imaginer la voix de mon frère pour me ramener à la réalité. Après quelques minutes, je réussis à me calmer par moi-même et la silhouette d’un homme s’approche. Je retourne vivement la tête vers lui et mon premier réflexe est de faire un pas vers l’arrière. "Vous allez bien? ils ne vous ont pas fait mal j'espère? Sinon je peux toujours courir après eux, et leur donner une bonne raclée... Je crois que leurs parents ont loupé cette phase de leur éducation..." Je tente de lui faire un sourire, mais je suis convaincue qu’il ne ressemble à rien au final. Je fixe le sol, mal à l’aise de m’être retrouvé dans cette position de faiblesse devant lui, mais aussi mal à l’aise de retrouver ces émotions qui ne m’avaient pas manquées. « Ne vous en faites pas pour moi… » Je relève la tête pour essayer de distinguer, finalement, ces traits dans le noir. « Il y a beaucoup de parents qui se fichent de leurs enfants, faut pas en vouloir à ceux-ci. » Je me calme d’un cran pour éviter de faire paraître que le sujet m’affecte réellement. « Enfin, ce que je veux dire, c’est que je vais bien. » Je me balance d’une jambe à l’autre alors que je n’étais pas certaine de la suite des choses. « Enfin, je crois que je suis censée vous remercier. » Après tout, il aurait très bien pu m’ignorer et me laisser me démerder avec les emmerdeurs. C’est moi qui les avais énervés en premier lieu, je l’avais un peu mérité quand même. « Merci, j’apprécie ce que vous avez fait. »