Doucement... [#Shaynix 12]

❝ Doucement… ❞
SHAYNIX

Doucement, doucement, doucement… ces mots tournent dans ma tête depuis deux ou trois jours… Enfin selon moi ça ferait plutôt une éternité mais réellement, si on doit compter le temps comme les gens normaux le comptent, ça ne fait que trois jours. Trois jours que Shay a dit oui ! Oui… Oui pour me donner une chance, pas oui au mariage et tout ce qui s’y rapporte. Doucement… Ça commence à devenir une obsession ce mot ! Je vais finir par en faire une chanson, histoire de l’exorciser. Peut-être une berceuse pour Rose. Non, on a dit doucement, merde, c’est vrai ! Je commence à devenir nerveuse, parce qu’impatiente, c’est juste un détail, je le suis depuis toujours. Déjà gamine, je trépignais pour tout et rien, cette tendance qui rendait mon père complètement dingue et amusait ma mère. En parlant de ma mère… «Et Shay, tu la revois quand ? » « Maman… on en a déjà parlé, je t’ai expliqué. » « Ce que tu n’expliques pas c’est pourquoi tu ne manges rien depuis des jours. » « J’ai pas faim c’est tout, recommence pas avec ton trip anorexique, je ne suis pas anorexique, j’ai la tête ailleurs. » « Oui, dans le lit de Shay… » « Maman ! » « Oh chérie, j’y suis passée avant toi ! Enfin… pas dans le lit de Shay… Dans le lit de… et puis on s’en fout ! » «Si tu me lâches avec tes questions, je te promets que je t’en pose pas sur ton rancard d’hier. » «C’est bon, t’as gagné. Mais je saurais ! Je suis ta mère, je sais tout. » Un clin d’œil complice plus tard, j’attrape mon téléphone et réserve une table en terrasse, une table pour deux, vue sur la mer, pour environ 9 h. Une table de choix, pour un petit déjeuner, un vrai petit déjeuner. Je n’ai pas d’appétit mais il me manque simplement un peu de motivation. Il n’est pas moins de 7 h du matin. « D’ailleurs, pourquoi t’es là ? Et pourquoi si tôt ? Tu l’as viré au moment du café ton rencard ou… » «Tu m’avais dis pas de questions… » «Ah tu vois que c’est chiant ! » Je ris à sa constatation, et à sa façon de chercher à esquiver, elle répondra, ou pas, mais je finirais par savoir. « C’est pas sain de rester seule… » «Dit-elle. Ça doit faire une éternité que je n’ai pas viré une fille de ton appartement ! » « Parce qu’il n’y a plus personne à virer, je suis devenue adulte. » « Voyez-vous ça. Pas trop quand même hein ? J’aime pas quand tu grandis. » Je laisse ma mère passer son bras autour de moi et m’embrasser tendrement sur le front.

Je file me préparer, veillant à ce que mon percolateur n’abime pas ma mère, et rejoint ensuite le salon pour enfiler mes bracelets et chercher mes clopes, me forçant presque à retourner l’appartement. «Doucement chérie… » « Ah non maman ! Pas doucement ! » C’est une maladie de me demander d’aller doucement ? Une fois la main mise dessus, j’attrape le reste de mes affaires et ma veste. «Souhaite-moi bonne chance, c’est mon premier rancard. » « Je croyais que… » « Tu peux pas comprendre, c’est un truc de jeune. » « Vas t’en sale gosse ! » Je ris sincèrement et l’embrasse sur le front avant de filer retrouver cette fameuse table réservée.
J’allume une cigarette, puis deux, espérant voir Shay dans les minutes qui viennent… Je suis nerveuse, mais le clapotis de l’eau m’apaise. Pourquoi pas un dîner ? Parce que Shay ne tient plus vraiment le soir, et que la journée commence par un petit déjeuner. Nous recommençons notre histoire, j’aime à croire que ça aura une valeur symbolique…

❝ Doucement… ❞
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Liv est en plein déménagement, à nouveau. Ça fait deux mois qu’elle vit à la maison, depuis que son mari l’a quitté et qu’elle a eu envie de changer d’air. Les enfants se sont faits à leur nouvelle vie, leur école, ça se passe plutôt bien, et ça y est, ils ont trouvé une maison, pas très loin d’ici heureusement. Alors c’est un peu le bordel à la maison. Il est sept heures quand j’ouvre les yeux d’un seul coup en entendant un bruit de fracas. Je me lève en quatrième vitesse le coeur battant, enfile mon kimono et descends pour voir ce qu’il se passe. « Y’a quelqu’un ? » Seule la télé est allumée. Pas un cambrioleur hein ? Sinon j’accouche ! J’entends un petit « Oui. » tout fluet et après avoir fait le tour du bar, je trouve Samuel tout penaud, et du verre partout autour de lui. « Mais chéri qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Ma voix est douce, comme à chaque fois que je m’adresse à un enfant. « J’ai voulu me servir mon petit déjeuner tout seul et j’ai fait tomber le bol… » « Mon ange mais tu n’as pas attendu maman ? » « Elle dort encore je voulais pas la réveiller… » Je viens passer une main dans ses petits cheveux blonds et le prends dans mes bras en le positionnant sur le côté de mon ventre. « Viens, ne marche pas pieds nus tu vas te blesser. » Je le dépose de l’autre côté du bar. « Installe-toi sur le canapé je nettoie ça et je te prépare ton petit déjeuner. Je te dis quand c’est prêt. » Il hoche la tête et file droit vers le canapé pour regarder un dessin animé et je passe un coup de balais pour éviter toute blessure. Une fois fait je fais couler du café, chauffer de l’eau pour mon thé et prépare le petit déjeuner du petit. Une fois prêt, je l’appelle pour qu’il vienne manger sur la table de la salle à manger. Je m’installe près de lui et le regarde tendrement, un sourire sur le coin de lèvres. Sans plus tarder je regarde mon téléphone, sirotant mon thé. L’heure tourne, j’ai rendez-vous avec Phoenix pour un petit déjeuner dans à peine plus d’une heure. Une fois que ma soeur est descendue, je monte à l’étage pour me préparer. Impossible de trouver quoi me mettre, je crois que je suis nerveuse. J’entends quelques coups frappés à la porte de ma chambre. « Oui ? » C’est Leane. Je lui offre un large sourire et elle vient s’installer sur mon lit. « Tu t’es maquillée ? Tu es jolie ! » Je souris de plus belle. « Oui, j’ai un rendez-vous ce matin. Avec Phoenix. Et j’arrive pas à trouver comment m’habiller… » Je bouge dans tous les sens, et un amas de fringues s’agrandit sur le lit. « Tu devrais mettre la robe blanche, la longue. Elle te va bien. » Je m’arrête un court instant, plissant les yeux pour réfléchir. « Je vais essayer. » Je vais la chercher, l’enfile, accessoirise avec une petite ceinture en cuir souple dans les tons bruns pour mettre en valeur mon ventre, et une petite veste en jean par dessus. « C’est trop joli ! » Je souris et viens faire un énorme bisou sur la joue de ma nièce. « Bientôt tu me remplaceras et tu me voleras tous mes clients ! » Je ris un peu et nous descendons toutes les deux.

« Ça va ? Pas trop nerveuse ? » « Tu rigoles, j’ai moins peur d’accoucher… » Ça semble amuser ma soeur, mais moi ça ne me fait pas tellement rire. Ce rendez-vous avec Phoenix signe d’un renouveau, le début d’une potentielle histoire, et je suis morte de trouille à l’idée de me livrer en totalité à quelqu’un. Je ne l’ai fait qu’une fois et ça s’est soldé par un échec cuisant. « Tout va bien se passer, sois confiante. Vous serez heureuses j’en suis sûre. » J’esquisse un sourire et récupère mes affaires que je mets dans mon sac, puis plaque un baiser sur la joue de ma soeur avant de quitter la maison. C’est en voiture que je me rends à la plage et heureusement je ne mets pas longtemps à me garder. Trois minutes de retard. Ça va. J’arrive au restautant dont la terrasse a les pieds dans l’eau, et donne mon nom à l’entrée pour qu’un serveur me mène jusqu’à Phoenix. Un large sourire sur les lèvres, je m’approche d’elle et la prends dans mes bras pour la serrer tendrement contre moi. Je me rends compte qu’elle ma manquée, et je suppose que c’est bon signe. Je m’installe finalement. « Tu m’attends depuis longtemps ? » Mon ventre grogne de faim et je suppose que Rose n’y est pas pour rien. Je plisse un peu les yeux en regardant Phoenix et tends une main vers son visage pour caresser tendrement sa joue. « Tu as minci toi.. fais attention quand même. Tu manges suffisamment ? »

tenue de shay

❝ Doucement… ❞
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Je me demande si elle va venir. Shay aime bien prévoir, les trucs de dernière minute, ça la lasse vite, elle préfère quand les choses sont planifiées, carrées, quand tout est clair, sauf que tout n’est pas vraiment clair au final. Nous ne sommes pas claires. On y va doucement, certes, mais je ne sais pas encore comment me positionner. Ça me fait du bien de savoir qu’elle est OK pour tenter le coup, seulement, je me demande si tout ça n’était pas attrayant pour le défi ou pour le côté non officiel. Je n’ai aucune confiance en moi. Je suis sûre de l’aimer, mais l’aimer correctement ? Putain, je recommence à me prendre la tête et à me poser assez de question pour rendre dingue le plus sain d’esprit ! Parce que saine d’esprit, je ne le suis pas totalement, mais je pense qu’elle l’a compris… Je ne suis pas le genre de fille à qui on fait confiance au premier abord mais je m’en fous parce que Shay l’a d’ores et déjà comprit. Tout ce qu’il me faudrait, c’est qu’elle me guide, mais comment lui demander alors que je lui ai promis être sûre de moi ? Je veux donner le meilleur de moi-même et je suis au moins sûre de ne jamais lui faire de mal volontairement, je l’aime trop pour ça, Rose et elle d’ailleurs. Je suis sûre de ne vouloir que le meilleur pour elles, tout comme Shay pour sa fille et ça nous fait déjà un premier point commun.

L’heure tourne et je ne fais que la vérifier sur ma montre. Et je reçois un texto de ma mère, qui me dit d’avoir confiance en moi, de ne surtout rien lâcher, que ça va marcher, que je suis quelqu’un de bien. Il n’y a qu’une mère pour employer ces mots.
Je commence à perdre espoir quand je vois 9 h 10 sur le téléphone. Aucune réponse à mon texto, mais je me suis dit qu’elle devait juste se préparer. Je sais que sa sœur vit là-bas en ce moment, ça parle entre filles et les petits, ça prend du temps. Et finalement, je la vois arriver, dans mon dos, et mon sourire n’est pas feint. Je me lève et lui souris, la prenant tendrement dans mes bras quand elle arrive à ma hauteur. « Tu m’attends depuis longtemps ? » « Non, je viens d’arriver. » Premier mensonge, mais un mensonge pour faire du bien. Je ne vais pas lui rappeler son retard, déjà elle commencerait à s’en vouloir et le stress n’est pas bon pour le bébé, et puis ça n’avancerait à rien. Elle prend place face à moi et un serveur nous tend la carte, que je referme plutôt vite pour la poser sous mes bras en croix sur la table. Pourquoi je suis si stressée alors que nous avons eu bien plus d’un rencard, que nous avons déjà partagé un appartement et plus d’une nuit ensemble ! « Tu as minci toi.. fais attention quand même. Tu manges suffisamment ? » « Arrête, on dirait ma mère ! » Je ris, posant mon regard sur la table en triturant ma serviette. « J’ai juste la tête ailleurs, et la tête trop pleine ! » Des tas de projets, des tas de choix à faire, dans tous les domaines, et ça me travaille, mais ça veut dire que je suis vivante, c’est le côté positif de tout ça. « Et toi, tu penses à manger correctement ? Tu le fais pour deux. Et plus que pour quelques semaines… » Elle doit accoucher de façon imminente, je tiens à ce qu’elle mange correctement, même si sa sœur doit faire le boulot à ma place. « C’est les vacances à la maison en ce moment ? » Les petits, sa sœur, tout ça, ça fait non seulement du monde, mais aussi une présence, elle a foutu dehors tout le personnel médical ! «Tu sais que je peux leur prêter mon appartement le temps qu’ils se retournent, j’irais chez ma mère, pour ce que ça change de tout façon… elle est partout ! » Je ris, appelant un serveur pour commander.

❝ Doucement… ❞
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Je suis nerveuse. nous avons commencé toute notre relation à l’envers Phoenix et moi. Au départ une fausse relation surfureuse, une attirance aussi étrange que puissante, du moins en ce qui me concerne. Et tout s’est enchaîné si vite que j’ai presque du mal à me souvenir de tout dans les moindres détails. Ça ne fait que six mois que je la connais et j’ai l’impression qu’elle fait partie de ma vie depuis des années. Je sens une petit boule d’appréhension nouer légèrement mon estomac avant d’arriver, mais une fois près d’elle, je me détends légèrement. J’en ai besoin. Je la prends dans mes bras et profite de cette étreinte pour respirer son odeur, comme un besoin caché. Aujourd’hui je sais ce qu’elle veut, et si de mon côté c’est encore un peu flou, il est important pour moi de me répéter tout ce qu’elle a pu me dire il y a trois jours après son concert. Je repense à ses mots, son discours pour le moins sincère. ‘Je suis dingue de toi’, c’est ce qu’elle a dit. Je ne sais pas tellement où me situer par rapport à mes sentiments mais une chose est sûr, ils sont là, bien présents, et mon coeur s’affole chaque fois qu’elle est dans les parages. Je suppose que c’est une raison suffisante pour être là aujourd’hui, pour lui laisser une chance, nous laisser une chance d’essayer de construire quelque chose de plus sain que ce que nous avons pu vivre jusqu’à aujourd’hui. Une fois assise, je lui offre un sourire et me rends compte qu’elle a minci. J’espère que ce n’est pas de ma faute, tout les soucis que je lui cause. « Arrête, on dirait ma mère ! » Je mêle mon rire au sien et je me rends compte qu’effectivement, ça aurait pu être la phrase qu’aurait dit une mère à son enfant. C’est plus fort que moi. Et d’ailleurs son comportement s’apparente pas mal à celui d’un enfant, bien que ça ne dure pas. « J’ai juste la tête ailleurs, et la tête trop pleine ! » Je pose un coude sur la table et mon menton dans la paume de ma main pour la regarder en souriant tendrement. « Je vois… mais il faut pas en oublier ta santé pour autant. » Je ne veux surtout pas qu’elle se sente jugée, ce n’est pas mon genre, je voulais juste spécifier que je la vois, que je remarque sur elle les changements même aussi précis que ça. Je pourrai remarquer si elle faisait une retouche sur un de ses tatouages, j’ai l’impression de les connaître par coeur. « Et toi, tu penses à manger correctement ? Tu le fais pour deux. Et plus que pour quelques semaines… » Je hoche la tête en lui souriant tendrement. « Ne t’en fais pas, elle sait réclamer quand elle la faim ! » Je ris un peu avant d’ajouter, pour la précision. « Le terme est pour le 21 février. J’ai été faire la dernière échographie lundi dernier avec Olivia. » J’hésite un peu à lui montrer l’échographie, et me ravise finalement, c’est peut-être un peu trop tôt. Je pose mes yeux sur la carte pour choisir la formule petit-déjeuner que je vais prendre. « C’est les vacances à la maison en ce moment ? » Je souris et décolle mes yeux de la carte. « Vacances, je sais pas, mais c’est le bordel oui ! » Je ris un peu et finis de choisir ma formule avant de reposer la carte à plat sur la table. « Tu sais que je peux leur prêter mon appartement le temps qu’ils se retournent, j’irais chez ma mère, pour ce que ça change de tout façon… elle est partout ! » Je ris avec elle et secoue doucement la tête. « C’est adorable de ta part. Mais ça y est, Liv a trouvé une maison dans le même quartier que moi, ils commence à rassembler leurs affaires, du coup c’est vraiment le bordel à la maison, tu me connais, ça commence à m’irriter ! » Je ris et secoue la tête, amusée. « Mais je lui ai demandé de ne pas partir avant que j’ai accouché. Je crois que je flippe un peu de me retrouver seule au moment où les contractions vont se rapprocher. » Je grimace un peu. Le serveur arrive pour prendre nos commandes et si Phoenix est assez vaste sur son choix, je suis moi, beaucoup plus précise. Ce qui nous ressemble au quotidien. « Tu veux la voir ? » Je vois la surprise et l’incompréhension sur le visage de la jeune femme. « J’ai une photo de la dernière échographie. » Je sors mon téléphone et cherche la photo en question, avant de tendre mon téléphone à Phoenix. « Le gynéco a dit qu’elle a enfin atteint un poids et une taille normale. Tout fonctionne à merveille, elle est très active. Enfin ça, on l’avait remarqué ! » Surtout quand Nix pose ses mains sur mon ventre.

❝ Doucement… ❞
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Ma mère est très présente, presque trop, et je sais que ça lui faisait peur au début, cette relation si fusionnelle à mon âge, avec ma propre mère. Mais elle a fini par apprendre notre histoire et comprendre ce lien, qui n’est pas malsain, mais nécessaire. Je suis encore parfois une enfant et j’ai besoin d’être maternée, cadrée, et sans doute aussi recadrée. Je m’éparpille la plupart du temps, et en tant qu’agent, elle me pose des limites, en tant que mère, elle me fait comprendre que mon comportement n’est pas celui qu’il faut. Je ne suis pas en prison, disons que je sais que je suis entourée. Puis Shay a fini par comprendre aussi que j’avais besoin de tout ça, que mon enfance n’avait pas été exactement idyllique et que nous rattrapions encore le temps perdu. OK, je sais que j’ai du mal à couper le cordon, mais tout de même ! « Je vois… mais il faut pas en oublier ta santé pour autant. » La relève est assurée ! Je ne serais pas seule, je ne serais pas sans surveillance, on peut compter sur elles. Mais au fond, ça me plaît de me faire materner, et puis ma mère est comme une mère juive, essayez de lui dire qu’elle en fait trop, vous allez entendre parler du reste ! « Je ne m’oublie pas, et pour l’instant c’est de toi dont il faut s’occuper. » Mais je remarque tout de même avec attention qu’elle pose ce regard attentif sur moi et qu’elle me connait visiblement bien plus que ce qu’elle ne veut bien le dire. « Ne t’en fais pas, elle sait réclamer quand elle a faim ! » Oui, alors ça, ce sera un truc qu’on aura en commun, nos repas vont devenir une vraie religion, si par bonheur ça évolue comme je l’entends.

« Le terme est pour le 21 février. J’ai été faire la dernière échographie lundi dernier avec Olivia. » « Oh… Tu as fait une écho ? » Je suis toute chose, elle a pu voir Rose sur un écran, s’assurer que tout allait pour le mieux et incroyablement, je suis soulagée, comme si un poids invisible s’était effacé, elle va bien, et je n’avais pas remarqué que ça m’angoissait autant avant d’en être soulagée.
Je lui parle maintenant de la fête que ça doit être à la maison, oh connaissant Shay, ça doit commencer à la peser. « Vacances, je sais pas, mais c’est le bordel oui ! » « Shay, le bordel, c’est que matériel d’accord ? C’est rien. Tout le monde va bien. » Posant ma main sur la sienne pour la rassurer. Je sais qu’elle fait une obsession du rangement et de l’ordre, on verra si elle fait pareil avec un bébé ! « C’est adorable de ta part. Mais ça y est, Liv a trouvé une maison dans le même quartier que moi, ils commence à rassembler leurs affaires, du coup c’est vraiment le bordel à la maison, tu me connais, ça commence à m’irriter ! » «En fait tu me l’as jamais dit, mais notre cohabitation c’était un véritable enfer ! » Je ris pour moi-même, parce que l’ordre et moi… En attendant, ça fonctionnait le temps que ça a duré. Je mettais mon bordel dans mon coin, et rangeait quand il le fallait, mais souvent tardivement. « Et puis il paraît que le désordre est signe d’équilibre mental. Je suis pas équilibrée à ce niveau-là, je suis un exemple ! » Nous rions à l’unisson, Shay sait pertinemment à quoi ressemble mon sens de l’ordre et mes priorités. « Mais je lui ai demandé de ne pas partir avant que j’ai accouché. Je crois que je flippe un peu de me retrouver seule au moment où les contractions vont se rapprocher. » « Tu sais que je ne suis pas loin non plus, ma mère aussi. Tu lui dis rien mais j’ai fini par racheter son bail, l’appartement est à elle. Si elle apprend que je l’ai fait dans son dos, elle va me tuer. » J’ai 30 ans, c’est beau d’assumer à ce point, pas vrai ? Une ado, rien de plus, rien de moins !

« Tu veux la voir ? J’ai une photo de la dernière échographie. » Je reste interdite un moment et quand elle me présente sa photo sur son écran, je souffle, une émotion particulière qui embue mon regard aux vues de cette photo. Un bébé, il faut un peu d’imagination mais on arrive à distinguer son petit visage, son nez, sa bouche, ses petits doigts. « Le gynéco a dit qu’elle a enfin atteint un poids et une taille normale. Tout fonctionne à merveille, elle est très active. Enfin ça, on l’avait remarqué ! » « Elle… elle suce son pouce ? Elle suce son pouce là, regarde ! » Mon sourire est on ne peut plus sincère et je tourne l’écran vers elle, les yeux pleins d’émotions. «Tu crois que tu pourrais me l’envoyer ? » Il faut que je la montre à ma mère, elle est toujours en train de me demander des nouvelles de Shay. Je sais qu’elle l’apprécie beaucoup, pour le bien qu’elle me fait, pour sa droiture et sa façon d’avancer dans la vie. «En parlant de projets… » Je sors un bloc de papier de mon sac, et le pose sur la table, un script, le script d’une grosse production Hollywoodienne. « Ils m’ont proposé un rôle, et je ne sais absolument pas ce que je dois faire. » Ma mère pense que c’est à moi de décider si tout ça m’intéresse ou pas, si c’est une aventure que je veux tenter. « J’ai besoin de ton avis, parce que je sais pas du tout dans quoi je m’engage… » Une carrière au cinéma, ou pas, je peux aussi me planter après tout, je n’ai pas tous les talents, mais qui ne tente rien n’a rien, paraît-il…

❝ Doucement… ❞
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« Shay, le bordel, c’est que matériel d’accord ? C’est rien. Tout le monde va bien. » Je trouve ça mignon qu’elle essaie de me rassurer que tout va bien. Je sais que ce n’est rien de grave, mais j’aime l’ordre, c’est plus fort que moi. Liv se fout de ma gueule avec ça, tout le temps. Comme le faisait Lukas d’ailleurs, parfois elle laissait traîner des trucs juste pour me faire chier, et ça marchait ! « En fait tu me l’as jamais dit, mais notre cohabitation c’était un véritable enfer ! » Je ris avec elle et hausse un peu les épaules. « Un enfer peut-être pas, le mot est fort, mais je dois encore travailler sur moi pour éviter de faire chier les gens avec mon côté un peu trop maniaque. Je sais que quand Rose va commencer à grandir, je pourrai plus rien contrôler en ce qui concerne le bordel à la maison. » Je souris un peu en y pensant. Peut-être que d’ici là j’aurai appris à me contrôler. « Et puis il paraît que le désordre est signe d’équilibre mental. Je suis pas équilibrée à ce niveau-là, je suis un exemple ! » Je lève les yeux au ciel et ris avec elle une nouvelle fois. Je me sens détendue, et bizarrement beaucoup moins nerveuse qu’en arrivant. Nous retrouvons notre complicité d’antan. Je me confie à Nix sur le besoin que j’ai de garder ma soeur près de moi au moins jusqu’à l’accouchement. « Tu sais que je ne suis pas loin non plus, ma mère aussi. Tu lui dis rien mais j’ai fini par racheter son bail, l’appartement est à elle. Si elle apprend que je l’ai fait dans son dos, elle va me tuer. » Je souris en secouant la tête d’un air faussement dépitée, mais amusée par cette relation qu’elles ont toutes les deux.

Je passe quasiment du coq à l’âne mais je propose à Phoenix de voir Rose. Je sais qu’elles ont déjà une relation particulière toutes les deux, alors peut-être que de la voir lui ferait plaisir. Et à l’instant où Nix pose son regard sur la photo, je vois son regard briller. Je trouve ça complètement fou ce lien qu’elles ont. Je ne sais pas si ce sera pareil après la naissance. Je rassure la jeune femme en lui disant les bonnes nouvelles annoncées par le gynéco, alors qu’elle ne quitte pas la photo des yeux. « Elle… elle suce son pouce ? Elle suce son pouce là, regarde ! » Je hoche la tête en souriant. « Oui, on dirait bien. » Je continue de regarder Nix aussi émue, et je crois que je le suis aussi. « Tu crois que tu pourrais me l’envoyer ? » Je penche un peu la tête sur le côté, attendrie. « Oui, bien sûr. » Je récupère mon téléphone et lui envoie un sms contenant la photo de l’échographie de ma fille. Je ne sais pas ce qu’elle en fera, mais si ça lui fait plaisir alors ça me fait plaisir à moi aussi. « En parlant de projets… » Je la regarde sortir un bloc de feuilles reliées et plisse un peu les yeux. « Ils m’ont proposé un rôle, et je ne sais absolument pas ce que je dois faire. » Je récupère le script et lis le titre avant d’ouvrir la reliure pour feuilleter un peu le scenario. « J’ai besoin de ton avis, parce que je sais pas du tout dans quoi je m’engage… » Je relève les yeux vers elle en refermant le script. « Tu l’as lu ? Il te plait ? » C’est quand même le plus important selon moi. « Je peux le lire et te dire ce que j’en pense si tu veux. Mais je pense que ta mère sera plus apte à t’aider à prendre cette décision non ? » Après tout, c’est son agent ! L’espace d’un instant, je pense à tout ce qu’un tournage de cette envergure pourrait vouloir dire. Des mois de tournage en Californie ou ailleurs, mais sur le territoire américain c’est certain. Ce qui signifie plusieurs mois loin d’ici, loin de moi, de nous. Mon coeur se serre immédiatement à cette pensée. Nous ne sommes même pas encore ensemble pour de vrai, nous tentons simplement de recommencer quelque chose de plus sain. Et il n’est pas question que je l’empêche de faire sa carrière, de vivre ses rêves. « En tout cas, c’est génial qu’ils t’aient proposé ça ! Ça te ferait une nouvelle corde à ton arc ! » Je souris, heureuse pour elle mais sans doute un peu amère de ma propre réflexion. Le serveur arrive pour nous apporter notre petit déjeuner, nous le remercions et je souhaite à Nix un bon appétit.

❝ Doucement… ❞
SHAYNIX

« Un enfer peut-être pas, le mot est fort, mais je dois encore travailler sur moi pour éviter de faire chier les gens avec mon côté un peu trop maniaque. Je sais que quand Rose va commencer à grandir, je pourrai plus rien contrôler en ce qui concerne le bordel à la maison. » « Pour peu qu’elle développe une tendance bordélique chronique tout comme la mienne… ma mère a rien vu arriver, ça lui est tombé dessus comme ça, paf ! Directement sur sa petite fille. » Mimant un crash. Je sais, j’ai un humour un peu personnel mais au moins c’est le mien. Elle a appris à l’aimer.
Elle me fait ensuite voir la photo de Rose, enfin sa première photo, la première image de ce petit bout qui grandit chaque jour un peu plus à l’intérieur de Shay et déjà capable de réagir au son de la voix, je trouve ça juste incroyable, elle doit être au moins surdouée, quelque-chose d’aussi grandiose que ça ! Elle suce son pouce, c’est tout sauf censé ! « Oui, on dirait bien. » Non mais elle se rend compte des capacités de sa fille ? Si j’ai la chance de pouvoir la voir grandir, je ne cesserais de m’émerveiller de chacun de ses gestes, de chacun de ses mots, oui, je crois que j’en suis aussi raide dingue que je ne le suis de sa mère. Je lui demande alors de me la transmettre, ce qu’elle fait sans souci, et une fois reçue, je jette encore un œil dessus, avant de reposer mon téléphone sur la table. Je la montrerais à ma mère, mais quand je l’aurais près de moi, ce n’est pas le genre de choses que j’ai envie de partager par voie électronique.

« Tu l’as lu ? Il te plait ? » « Carrément. L’histoire est très bien construite et les personnages sont vraiment profonds. Ça reste un film d’action assez vroum vroum mais c’est l’occasion de conduire de belles bagnoles et de gagner ma vie pour ça. » Je lui souris, je sais qu’elle n’aime pas trop les sensations fortes, mais c’est tout à fait mon trip. Un genre de Fast&Furious, avec de la testostérone, des gros muscles, des tatouages et des grosses cylindrées. « Je peux le lire et te dire ce que j’en pense si tu veux. Mais je pense que ta mère sera plus apte à t’aider à prendre cette décision non ? » « Et si pour une fois c’est ton avis que je voulais ? » Je vois que Shay est sceptique, elle me connaît beaucoup trop, c’est frustrant ! «OK, elle l’a déjà lu. » Je ne peux réprimer mon rire plein d’autodérision, j’ai honte de moi-même, ne croyez pas ! « Et j’ai quand même besoin de ton avis, elle se contente de se faire un avis mais n’intervient jamais dans mes choix, et ne les influences pas non plus, du moment que je ne suis pas sur le point de faire une connerie. » Je pense que j’en ai fait de belles des conneries, un peu trop ! Aujourd’hui, ma mère se méfie, c’est normal. « En tout cas, c’est génial qu’ils t’aient proposé ça ! Ça te ferait une nouvelle corde à ton arc ! » Et merde. Je sais lire entre les lignes avec elle, malgré moi. Je prends alors sa main dans la mienne, par-dessus la table et entremêle mes doigts aux siens. «Hey, Shay… Si j’accepte de faire ce film, et si… bordel, ça me rend dingue de devoir imaginer que ça puisse foirer alors que pour moi c’est tellement évident… Mais ce que je veux dire, c’est que même si je dis oui à ce réal, Shay, toi et moi ça n’en pâtira pas. Je ferais les allers/retours autant que possible. Et puis c’est juste l’histoire de quelques jours de tournage par semaine. Rien ne vous empêche de me rejoindre de temps en temps Rose et toi, ce n’est pas pour tout de suite, on a quelques mois devant nous. Et puis ça te permettra de… t’installer dans ta nouvelle vie de maman. Qui te dit que tu me voudras dans tes pattes H24 ? » On a dit doucement, mais j’ai du mal à l’imaginer… «Je foutrais pas cette chance en l’air Shay, je te le promets, je te l’ai promis et je le tiendrais. Je n’ai jamais été si sûre de moi. Et si tu veux que je dise non, je dis non, d’accord ? » La regardant droit dans les yeux.

❝ Doucement… ❞
SHAYNIX

« Pour peu qu’elle développe une tendance bordélique chronique tout comme la mienne… ma mère a rien vu arriver, ça lui est tombé dessus comme ça, paf ! Directement sur sa petite fille. » Je lève les yeux au ciel en riant. J’espère bien que Rose n’aura pas le même sens de l’organisation que Phoenix sinon je suis pas dans la merde. Cela dit, Leo est plutôt organisé, bien qu’un peu bordélique sur les bords. Alors je suis pas au bout de mes peines. Je ne sais pas comment ça se goupillera cette affaire, mais j’apprendrais, c’est ce qui fait qu’on évolue. Les enfants nous aident à ça aussi. Et j’ai hâte, tellement hâte qu’elle arrive pour m’apprendre tout un tas de choses merveilleuses. Nix semble plus émue que moi devant l’échographie, ça me parait complètement fou qu’elle soit déjà aussi attachée à ce petit bout qui grandit en moi. Mais je trouve ça magnifique en même temps. Ça me touche profondément. Une fois ce petit moment sentimental, Nix change de sujet et me propose de lire le scenario d’un projet qu’on vient de lui envoyer. Une grosse production hollyowoodienne si c’est bien ce que j’ai compris. Je lui demande si ça lui plait et elle ne tarde pas à me répondre que c’est tout à fait sa came, ce qui ne m’étonne absolument pas. Je lui propose finalement de lui donner mon avis, bien que je ne me sente pas avoir les épaules pour ça. C’est le rôle de sa mère et agent, pas le mien. « Et si pour une fois c’est ton avis que je voulais ? » Je plisse un peu les yeux en la regardant. « OK, elle l’a déjà lu. » Je ris un peu, accompagnant son rire. « Et j’ai quand même besoin de ton avis, elle se contente de se faire un avis mais n’intervient jamais dans mes choix, et ne les influences pas non plus, du moment que je ne suis pas sur le point de faire une connerie. » Je hoche alors la tête et repose mon regard sur le script posé près de moi sur la table. Je me laisse aller dans mes pensées, mes doutes, mes peurs. J’essaie de rester naturelle mais Nix me connaît visiblement bien plus que je ne pouvais l’imaginer. Elle vient chercher ma main sur la table et entremêle nos doigts avant de chercher à capturer mon regard. « Hey, Shay… Si j’accepte de faire ce film, et si… bordel, ça me rend dingue de devoir imaginer que ça puisse foirer alors que pour moi c’est tellement évident… Mais ce que je veux dire, c’est que même si je dis oui à ce réal, Shay, toi et moi ça n’en pâtira pas. Je ferais les allers/retours autant que possible. Et puis c’est juste l’histoire de quelques jours de tournage par semaine. Rien ne vous empêche de me rejoindre de temps en temps Rose et toi, ce n’est pas pour tout de suite, on a quelques mois devant nous. Et puis ça te permettra de… t’installer dans ta nouvelle vie de maman. Qui te dit que tu me voudras dans tes pattes H24 ? » Tout ce qu’elle me dit me rassure et me fait du bien, même si je doute que ce soit aussi facile qu’elle le dise. « Je foutrais pas cette chance en l’air Shay, je te le promets, je te l’ai promis et je le tiendrais. Je n’ai jamais été si sûre de moi. Et si tu veux que je dise non, je dis non, d’accord ? » Je secoue vivement la tête alors que mes yeux sont déjà plus humides pas tout ce qu’elle vient de dire. « Non, surtout pas. C’est juste que… » Je prends une inspiration un peu plus grande et lève les yeux au ciel pour tenter de ravaler mes larmes. Et je laisse échapper un petit rire comme pour tenter de me remettre d’aplomb et ne pas me laisser envahir par l’émotion. Foutues hormones. « C’est idiot. J’ai pensé qu’à moi sur le moment. Mais je suis pas quelqu’un d’égoïste. Ton boulot c’est important, je pourrai pas me regarder dans un miroir si je t’empêchais de faire ce film. » Je serre un peu sa main dans ma mienne et me pince les lèvres toujours pour tenter de chasser l’émotion dans ma voix. Je déglutis et reprends la parole. « De toute manière on y est pas encore. » Je me rends compte grâce à cette discussion que même si je lui dis qu’on doit y aller en douceur, ne pas se précipiter, je nous voyais déjà vivre ensemble toutes les trois, et Nix manquer à Rose autant qu’à moi pendant les quelques mois de tournage. Je me racle un peu la gorge et prends une grande inspiration. « Je le lirai, et je te promets de te dire sincèrement ce que j’en pense, d’accord ? » Je lui adresse un sourire tendre et délie nos mains pour commencer à manger, faut dire que le petit truc dans mon ventre réclame fortement. « En parlant de ta mère, comment va-t-elle ? » Autant enchaîner sur un sujet un peu plus joyeux. J’adore Siobhan et c’est un bon point pour notre potentiel futur couple. Parce que ce n’est pas toujours simple de s’entendre avec sa belle-mère.

❝ Doucement… ❞
SHAYNIX

Je mets un point d’honneur à rassurer Shay, en toutes circonstances, parce qu’il le faut, et surtout parce que je sais que c’est une des clés pour la séduire. Elle le fait avec moi, à sa façon, en tout cas la dernière fois qu’on a pu se voir, parce que jusqu’à présent, me rassurer, n’était pas vraiment son fort. J’avais ma mère pour ça, mais la sienne est loin et bien qu’elle ait sa sœur, pour le moment tout ce qui l’inquiète, c’est le bordel dans le salon. On s’y fait à son côté maniaco-dépressif vous savez ! Je sais qu’au fond, c’est une grande angoissée, c’est surtout une femme manquant de confiance en elle, qui l’aurait cru ! Je ne suis pas certaine de savoir comment marchait son couple avec Lukas, mais une chose est sûre, leur union était vraie. Elle n’a pas hésité à m’appeler pour me dire de venir entourer son ex-femme, je ne sais pas si je n’aurais pas crevé de jalousie à sa place ! Il ne faut pas croire, je suis jalouse, mais je n’ai jamais eu le droit de l’être avec Shay, ça n’avait pas lieu d’être, elle n’a jamais été ma petite amie et ne l’est pas encore vraiment, je crois. En fait, j’en sais rien, c’est compliqué, tout est compliqué et ce depuis que je suis sur Terre, on en prendrait presque l’habitude ! Mais non…

Moi qui étais toute enjouée de lui montrer de quoi certains producteurs me pensaient capable, je me retrouve face à une jeune femme inquiète pour la suite, certainement pas prête à me voir partir. D’un côté ça me touche, d’un autre, je me demande ce que j’ai bien pu faire de mal. Visiblement, ça ne l’enchante pas, sans doute est-ce l’idée que je sois sur les routes par la suite, pour la promo et tout ce que ça implique ? « Non, surtout pas. C’est juste que… » Elle refuse que je refuse ce projet justement, mais n’a pas l’air bien, elle ravale quelques larmes, ça me rend dingue de la voir comme ça ! Je prends alors sa main pour la rassurer et la laisse poursuivre. « C’est idiot. J’ai pensé qu’à moi sur le moment. Mais je suis pas quelqu’un d’égoïste. Ton boulot c’est important, je pourrai pas me regarder dans un miroir si je t’empêchais de faire ce film. » « Et moi je ne pourrais pas le faire si je sais que je te rends malheureuse, Shay. » Nos vies seront forcément imbriquées l’une dans l’autre et je ne conçois pas de rester loin d’elles trop longtemps. Les tournages, ce n’est pas forcément ce qu’elle peut imaginer, elle doit se voir loin de moi durant 9 mois, peut-être même plus. Ça me touche, dans le sens où je lui manquerais avant même de partir. « De toute manière on y est pas encore. » Je ne sais pas si elle essaye de me rassurer ou de me faire culpabiliser sans le vouloir, mais ça fonctionne. Elle est enceinte, la tête en vrac et les hormones au plafond, ça doit frôler l’enfer. « Je le lirai, et je te promets de te dire sincèrement ce que j’en pense, d’accord ? » « D’accord. » Je serre sa main dans la mienne et vient déposer un baiser dessus, un autre, pour la rassurer.

« En parlant de ta mère, comment va-t-elle ? » « Oh ma mère… » Je secoue la tête d’un air dépité et lui raconte sa supposée mésaventure. « Elle avait rancard hier soir. Resto, tout ça… Je crois que le mec avait vraiment mis les petits plats dans les grands. Et ce matin, elle débarque à 7 h à la maison, fraîche comme un gardon. Alors soit elle l’a foutu dehors après le resto, soit elle a une double vie depuis des années et je ne suis pas au courant. On lui servirait De Niro sur un plateau qu’elle en voudrait pas ! » Et Dieu sait si elle peut l’aimer ma mère, De Niro ! Mon père a des airs d’Al Pacino, mais que des airs, en tout cas son charme est gâché par sa connerie. Elle aime le type italien ma mère, mais trop gentil, ça n’a pas l’air de lui convenir. Je crois surtout que sa liberté lui suffit. Je fini mon café et avale même un croissant. « Et pour Rose, tu as fait une liste ou… je crois que ça se passe comme ça ? » Je suis totalement novice en bébé, et les femmes autour de moi n’en sont pas encore là. « Je pensais à aller faire un tour de bateau après, alors si tu n’as rien de mieux à faire, c’est une invitation… »

❝ Doucement… ❞
SHAYNIX

J’ai un peu honte de lui faire comprendre que je ne veux pas qu’elle me quitte. Nous ne sommes même pas encore officiellement en couple et voilà que je commence à jouer les nanas chiantes. Je dois absolument me calmer. J’ai bien compris qu’elle est dingue de moi et qu’elle ferait absolument n’importe quoi pour moi, pour Rose, mais il n’est pas question que je la mette en cage la jeune femme, qu’elle s’empêche de vivre simplement pour moi. Il faut que j’arrive à faire la part des choses, mais avec ces foutues hormones, ça commence à devenir sérieusement compliqué. « Et moi je ne pourrais pas le faire si je sais que je te rends malheureuse, Shay. » J’esquisse un sourire et me pince les lèvres. Oui. Mais non. Je ne veux pas qu’elle refuse une proposition de travail aussi importante. Je m’en voudrais terriblement d’influencer sur sa vie de manière négative comme ça. J’essaie de me rassurer en me disant qu’on y est pas encore, et lui propose de le lire et de lui donner mon avis. Nous n’épiloguons pas plus que ça, elle a bien compris qu’il ne valait mieux pas. Il y a certains sentiments qui sont vraiment exacerbés avec la grossesse, et la peur de manquer est certainement la pire d’entre tous. Manquer de temps, manquer d’argent, manquer de discernement, manquer de patience, manquer de présence, des gens qu’on aime…

Alors pour essayer de changer de sujet, je lui demande comment va sa mère. Je sais qu’elle l’adore et que ça pourra détendre l’atmosphère. « Oh ma mère… Elle avait rancard hier soir. Resto, tout ça… Je crois que le mec avait vraiment mis les petits plats dans les grands. Et ce matin, elle débarque à 7 h à la maison, fraîche comme un gardon. Alors soit elle l’a foutu dehors après le resto, soit elle a une double vie depuis des années et je ne suis pas au courant. On lui servirait De Niro sur un plateau qu’elle en voudrait pas ! » Je ris. Je ris parce que j’aime l’humour de Phoenix et sa manière de ne rien prendre trop à coeur, hormis quelques trucs comme son métier, et encore. J’aime sa façon de parler des choses, le choix de ses mots lorsqu’elle décide de bien les choisir. Je ne la quitte pas des yeux, parce que je me sens bien là, et que je commence à me convaincre que j’ai fait le bon choix que de lui donner une chance. De nous donner une chance. Je prends mon petit déjeuner calmement, avale ce que Rose me demande d’avaler, ni trop ni trop peu. Mais il faut dire que les pancakes sont divins. « Je pense que tant que tu ne seras pas vraiment en couple et bien avec quelqu’un, elle ne s’accordera pas le droit de le faire de son côté. Parce qu’elle veut continuer de veiller sur toi. » Je hausse les épaules. « Enfin, c’est comme ça que je le vois en tout cas. » Je continue de lui sourire tout en finissant mon thé, adossant mon dos sur le dossier de ma chaise, une main sur mon ventre et l’autre tenant ma tasse de thé.

« Et pour Rose, tu as fait une liste ou… je crois que ça se passe comme ça ? » Je lui souris de nouveau et secoue la tête. « Non, je n’en ai pas fait. Une liste c’est quand on a pas beaucoup d’argent et qu’on compte sur les amis et la famille pour acheter tout ce qu’on peut pas acheter. J’ai déjà commandé tout ce qu’il fallait, Liv m’a aidée à monter quelques trucs dans la chambre de Rose mais c’est pas totalement fini, et puis y’a la peinture à faire encore. Je veux pas trop lui en demander, elle a déjà beaucoup à faire. » Je me doute que Nix va proposer ses service, et je ne m’imaginerai pas lui refuser son aide. Surtout que ça me ferait plaisir de la voir s’impliquer dans la future naissance de Rose. « Et si c’était un moyen détourné pour me demander ce que tu peux acheter, tu n’as qu’à lui faire un cadeau à elle, une jolie peluche, un jouer, un tapis d’éveil, ce qui te fera plaisir. » Je lui souris à nouveau et un léger silence s’installe après sa réponse. Un silence loin d’être désagréable au contraire. Je regarde l’horizon, m’imprègne du bruit des vagues qui s’écrasent sous la terrasse où nous sommes assises. « Je pensais à aller faire un tour de bateau après, alors si tu n’as rien de mieux à faire, c’est une invitation… » Je ris, pour la fin de sa phrase. « Tu n’étais pas obligée de préciser que c’était une invitation, j’aurai compris ! » Je repose ma tasse sur la table et pique quelques fruits rouges que je mange avec plaisir. « Je veux bien essayer, mais il est pas exclu que je te fasse faire demi-toi si jamais j’ai le mal de mer. Normalement c’est pas le cas, mais avec la grossesse, on sait jamais ! » J’aime à la regarder, je me sens étrangement plus sereine à son contact. Le fait même de connaître clairement ses sentiments m’aide certainement.

❝ Doucement… ❞
SHAYNIX

Elle me lance sur le sujet de ma mère, je suis intarissable, complètement fusionnelle avec elle et fière comme on n’en fait plus. Je sais que ma relation est un peu surprenante mais il suffit de connaître notre histoire pour comprendre. Shay a fini par le faire, bien que surprise et inquiétée au début par ce lien qui nous uni. Cependant, ma mère a très vite fait la part des choses, et appris à respecter mon espace personnel, à respecter la règle des limites de chez soi, elle ne débarque à l’improviste que quand elle est sûre qu’elle ne dérangera pas, ou prévient avant. Quoi que vu l’échange massif d’appels et de textos tous les jours, je fini forcément par être au courant de sa venue. Mais c’est aussi pour le boulot, elle sait mieux que personne de toute façon de quoi je suis capable ou pas. Elle sait aussi ce qui est le mieux pour moi depuis le jour de ma naissance, c’est tout naturellement qu’elle a repris mes affaires en main, je ne fais confiance qu’à elle pour tout ça, elle sait ce que je souhaite et comment je le souhaite. C’est un bon début, alors que je pars souvent à la dérive.
Tout ce que je peux confier à Shay ne semble pas la surprendre le moins du monde, et ça me fait sourire, elle écoute avec attention tout ce que je peux lui dire, surtout que je pense savoir qu’elle adore ma mère et inversement, j’ai juste supplié ma gentille petite maman de ne pas faire fuir Shay… Elle ne prendra pas ce risque, mais les filles qu’elle trouve dans le fond de mon lit un dimanche matin, elle se fout cordialement de les froisser ! « Je pense que tant que tu ne seras pas vraiment en couple et bien avec quelqu’un, elle ne s’accordera pas le droit de le faire de son côté. Parce qu’elle veut continuer de veiller sur toi. Enfin, c’est comme ça que je le vois en tout cas. » «J’ai 30 ans Shay… » Je lève les sourcils, dépitée. Ma mère doit faire sa vie et arrêter d’attendre après moi parce que selon moi elle gâche sa vie, alors que je suis en train de faire la mienne, elle a bien mérité un peu de répit, non ? « Et puis, il va falloir qu’elle se fasse à l’idée que ce sera bientôt le moment pour elle, vu que ça le sera pour nous. » Caressant sa main du bout de mes doigts, la regardant dans les yeux. Je ne me suis jamais senti si bien, si apaisée, il me fallait juste ça.

« Non, je n’en ai pas fait. Une liste c’est quand on a pas beaucoup d’argent et qu’on compte sur les amis et la famille pour acheter tout ce qu’on peut pas acheter. J’ai déjà commandé tout ce qu’il fallait, Liv m’a aidée à monter quelques trucs dans la chambre de Rose mais c’est pas totalement fini, et puis y’a la peinture à faire encore. Je veux pas trop lui en demander, elle a déjà beaucoup à faire. » «J’imagine que t’es trop polie pour demander alors je te le propose, j’aimerais beaucoup t’aider à aménager la chambre de Rose. » Son prénom raisonne à mes oreilles, et déjà je vois le regard de Shay changer, et poser ses mains sur son ventre. « Elle a bougé ? » Je suis toujours aussi surprise et aussi émerveillée par l’idée de pouvoir la sentir bouger dans son ventre, poser ma main sur sa peau et pouvoir communiquer avec un bébé. Son bébé. « Et si c’était un moyen détourné pour me demander ce que tu peux acheter, tu n’as qu’à lui faire un cadeau à elle, une jolie peluche, un jouer, un tapis d’éveil, ce qui te fera plaisir. » « Donc tu comptes sur mon expérience maternelle pour lui faire un cadeau… Des fois je me demande si le fait que ma mère reste célibataire ne soit pas une bonne chose… » Elle va devoir me filer un coup de main ! Parce que je ne connais rien à tout ce qui peut toucher de près ou de loin aux bébés. Je sais que ça prend du temps, qu’ils ont besoin d’amour et d’attention et surtout d’équilibre, mais tout ça est très vague pour moi… Je l’invite à faire un tour de bateau, et encore une fois, nous sommes tellement complices que tout me paraît être comme une évidence, depuis le début. « Tu n’étais pas obligée de préciser que c’était une invitation, j’aurai compris ! » « C’est ça mon souci avec toi, ta longueur d’avance permanente sur moi. » Je ris en la regardant, un regard tendre et plein d’admiration, d’amour aussi, que je réfrène comme je peux, parce que je sais qu’elle ne veut pas que ça aille trop vite.

« Je veux bien essayer, mais il est pas exclu que je te fasse faire demi-toi si jamais j’ai le mal de mer. Normalement c’est pas le cas, mais avec la grossesse, on sait jamais ! » «Le mal de mer… » J’aurais pu y penser. «La mer est calme aujourd’hui, mais si tu te sens pas bien on fait demi-tour, d’accord ? Je te parle pas d’un trip en jet ski Shay, t’inquiète pas, juste une balade en bateau. » Je veux la rassurer, et lui sourit tendrement une fois de plus en profitant du petit rayon de soleil qui m’éblouie alors que mes lunettes de soleil sont sur ma tête pour tenir mes cheveux. « Tu veux le manger mon croissant au lieu de le regarder comme si tu n’avais rien avalé depuis 15 jours ? » Je lui demande, visiblement ça lui ferait aussi plaisir que sa fille rentre à Harvard… « Tu sais quoi, pour la chambre de Rose, on peut s’y mettre dès cet après-midi. Je suis sûre que tu seras beaucoup moins tendue par ce déménagement en voyant que la chambre avance. » Je la vois hésiter et puis joint ses mains que j’attrape des miennes. « Laisse-moi faire ça pour toi, pour elle aussi, s’il-te-plaît. »

❝ Doucement… ❞
SHAYNIX

Phoenix me demande comment ça se passe pour la liste de naissance. Liste que je n’ai pas faite puisque je n’en vois pas nécessairement l’utilité. Je lui parle alors de la chambre de Rose qui n’est pas totalement terminée. « J’imagine que t’es trop polie pour demander alors je te le propose, j’aimerais beaucoup t’aider à aménager la chambre de Rose. » Un sourire vient illuminer mon visage. Effectivement, je ne me voyais pas lui demander comme ça de but en blanc, mais ma phrase était une demande sous-entendue. A peine posé mes mains sur mon ventre et à l’évocation de son prénom, ma fille se manifeste en donnant quelques petits coups. « Elle a bougé ? » Je hoche la tête en continuant de sourire. « Je crois qu’elle connaît son prénom ! » Je ris un peu et finis par dire à la jeune femme que si elle veut acheter quelque chose à ma fille, elle choisira ce qu’elle voudra. Mais quelque chose pour elle, pas quelque chose de pratique comme un transat, une poussette ou ce genre de truc qui en soit ne fait pas plaisir à l’enfant, mais à la mère. « Donc tu comptes sur mon expérience maternelle pour lui faire un cadeau… Des fois je me demande si le fait que ma mère reste célibataire ne soit pas une bonne chose… » Je ris en la voyant réfléchir et je l’imagine déjà demander des conseils à sa mère, qui je lui sûre l’aidera avec un plaisir non dissimulé.

De manière complice, Phoenix me propose un tour de bateau. J’accepte, sous réserve que ma grossesse n’ait pas développé en moi un certain mal de mer. J’ai déjà vu ça, on sait jamais. Je préfère prévenir plutôt qu’elle soit déçue. « Le mal de mer… La mer est calme aujourd’hui, mais si tu te sens pas bien on fait demi-tour, d’accord ? Je te parle pas d’un trip en jet ski Shay, t’inquiète pas, juste une balade en bateau. » Je hoche la tête en souriant. « Oui merci ! Je sais que tu as hâte de la rencontrer mais tu me ferais pas accoucher sur un jet ski quand même ! » Je ris, parce que je me sens bien, parce que je ne réfléchis pas, parce que pour une fois je suis naturelle et je ne laisse pas mes pensées négatives tout gâcher. Et j’ai envie d’en profiter. « Tu veux le manger mon croissant au lieu de le regarder comme si tu n’avais rien avalé depuis 15 jours ? » Je plisse les yeux en la menaçant faussement. « C’est pas moi d’abord. C’est Rose qui réclame ! » Et bah, elle a bon dos Rose ! Si je commence à dire que c’est de sa faute on est pas rendues ! Mais Nix sait que je plaisante, et sans plus tarder je viens engloutir la fin de son croissant. Je suis plus à ça près. J’ai intérêt de reprendre le sport après ça ! « Tu sais quoi, pour la chambre de Rose, on peut s’y mettre dès cet après-midi. Je suis sûre que tu seras beaucoup moins tendue par ce déménagement en voyant que la chambre avance. » J’hésite une seconde parce que d’un côté j’ai envie, et d’un côté je ne veux pas déranger Nix si elle avait des plans ou quoi. Mais je sens que ça lui fait plaisir. Elle vient chercher mes mains et je la laisse faire. « Laisse-moi faire ça pour toi, pour elle aussi, s’il-te-plaît. » Je me pince les lèvres pour réprimer un sourire malgré moi. « D’accord. Si tu veux oui. Je donnerai n’importe quoi pour te voir en bleu de travail avec de la peinture partout ! » Je ris en l’imaginant et c’est le serveur qui nous coupe dans ce moment de complicité. « Excusez-moi, je sais que c’est déplacé, mais ma fille adore vraiment votre musique, vous voudriez bien me signer un petit quelque chose pour elle ? » Je lâche immédiatement les mains de Nix pour la laisser répondre et la laisser faire. Elle ne refuse pas, elle n’aurait aucune raison de le faire. Le serveur la remercie et je n’ai cessé de la regarder. Lorsqu’elle repose les yeux sur moi je lui souris. « On y va madame la starlette ? Même ici tu peux pas être tranquille ! »

❝ Doucement… ❞
SHAYNIX

« Oui merci ! Je sais que tu as hâte de la rencontrer mais tu me ferais pas accoucher sur un jet ski quand même ! » «Bon, OK, d’accord, je ferais un effort et j’attendrais ses 6 ans pour les sensations fortes. » Je la regarde, je sais qu’elle va bouillir. Je la connais par cœur et puis il faut dire que dans le genre mère poule, j’ai trouvé la relève de ma mère. Elle n’aime déjà pas que je conduise ma moto alors imaginez sa fille sur un truc aussi dangereux… Rose a tout intérêt à aimer les poupées ! Pour son propre bien être et la santé mentale de sa mère. Je fini par lui offrir mon bout de croissant, elle doit être facile à contenter pendant les fêtes, vu l’effet que lui fait la moitié de mon petit déjeuner ! « C’est pas moi d’abord. C’est Rose qui réclame ! » Oui, c’est Rose, je me contente de faire oui de la tête d’un air grave et de respecter ses accusations. Si Rose réclame, on ne lui refuse rien. Je crois que je serais le genre de nana à ne rien refuser, pas à un petit bout avec les yeux de Shay qui me regarde en tordant sa bouille pour parvenir à ses fins. On dirait pas comme ça mais je suis on ne peut plus faible ! Et alors face à un enfant !

« D’accord. Si tu veux oui. Je donnerai n’importe quoi pour te voir en bleu de travail avec de la peinture partout ! » «Hey, je sais aussi jouer les bricole girl sans en foutre partout ! » Je dis ça comme ça mais je n’en suis pas convaincu moi-même pour tout avouer, et puis il faut dire aussi que les trucs manuels… Je suis plus douée pour monter un meuble que pour peindre un mur mais on verra ça, ça peut même devenir drôle, vu mon niveau…
Nous nous voyons interrompues par un homme, à la voix douce et au ton hésitant. « Excusez-moi, je sais que c’est déplacé, mais ma fille adore vraiment votre musique, vous voudriez bien me signer un petit quelque chose pour elle ? » « Oui, bien sûr. Comment s’appelle-t-elle ? » Il me donne son prénom et je marque un petit mot personnalisé sur le carnet de l’homme, je prends le temps de faire quelques phrases, histoire de rendre la chose plus personnelle, et il repart, tout sourire. « On y va madame la starlette ? Même ici tu peux pas être tranquille ! » «C’était pas grand-chose, il fera une heureuse et moi aussi, c’est pas cher payé, si ? » Nous sommes ce que nous sommes grâce à toutes ces personnes qui nous écoutent et nous soutiennent, sans public, pas d’artiste, et je pense qu’on leur doit un respect et un soutien en retour sans faille. Tout comme eux.

Je règle le petit déjeuner avec un généreux pourboire et prends le bras de Shay pour avancer jusqu’à la marina où je monte la première sur le bateau. Assez de place pour y mettre une cabine à l’intérieur et une banquette pour naviguer, plus un matelas sur le pont pour pouvoir bronzer. Je déplie la passerelle et lui tend la main pour l’aider à la traverser. Une fois à bord, je lui tends de quoi protéger sa tête du soleil et elle peut même trouver quelques paréos dans la cabine pour protéger son ventre. « Si tu veux te reposer, t’as la cabine en bas, il doit même y avoir quelques maillots dans la malle. Fait comme chez toi, y a peut-être même encore quelques trucs dans les placards ou le frigo. » Elle vit pour manger, moi je m’en occupe, ça ne me pose pas de souci autre mesure ! « Tu veux faire les premières manœuvre avec moi ? » Lui tendant la main.

❝ Doucement… ❞
SHAYNIX

« Bon, OK, d’accord, je ferais un effort et j’attendrais ses 6 ans pour les sensations fortes. » Je plisse les yeux en la regardant, faussement inquisitrice. Je sais qu’elle plaisante et qu’elle ne dit ça seulement en vue de me faire chier. Et ça marche. Elle me connaît si bien que c’en est déroutant. Je finis par terminer son petit déjeuner, puisqu’elle me le propose si chaleureusement. Sans plus tarder, la jeune femme me propose de m’aider pour la chambre de Rose. Je ne m’imagine pas lui dire non étant donné que ma soeur en fait déjà beaucoup, et que souffler un peu ne pourra que lui faire du bien. Je sais pertinemment qu’elle veut tout faire pour me soulager, mais elle a deux enfants à charge, plus sa recherche de maison etc… elle a autre chose à faire que la peinture dans la chambre de ma fille. Alors la proposition de Nix, c’et pas de refus finalement, même si d’un côté, ça me gêne un peu. Mais je vais me soigner. « Hey, je sais aussi jouer les bricole girl sans en foutre partout ! » Je penche la tête sur le côté avec un petit sourire amusé l’air de lui demander si elle est bien sûre d’elle. « Je m’appliquerai à faire des photos pour les revendre aux magazines. Il faut que je commence à penser aux études de Rose ! » Je ris, plaisantant avec la jeune femme comme si nous étions en couple depuis des années. J’aime cette atmosphère, le fait de ne pas me poser de questions, d’être plus naturelle que je ne l’ai jamais été avec elle. J’espère juste qu’elle appréciera cette facette de ma personnalité que je ne lui ai que trop peu montré. Jusqu’à présent j’ai plutôt été la fille casse-bonbon, stressée, qui ne savait pas ce qu’elle voulait. Ou un peu trop. A choisir. Mais je ne suis pas que cette fille semblant coincée. Elle le découvrira bien assez tôt.

Le serveur vient demander un autographe à Pheonix et je la laisse faire en souriant, fière d’accompagner cette belle artiste généreuse qu’elle est. Une fois terminé et le serveur reparti, je la taquine un peu. « C’était pas grand-chose, il fera une heureuse et moi aussi, c’est pas cher payé, si ? » Je hoche la tête en souriant. C’est ce côté qui m’a plu en premier chez elle. Ce côté altruiste, généreux. C’est sur quoi je me concentrais pour me dire que c’était une fille bien derrière ses airs de gamine perturbée qui a envie et besoin de faire n’importe quoi pour se sentir exister. Mais elle a changé. A mon contact comme elle dit, je ne sais pas, mais en tout cas elle a évolué, dans le bon sens du terme. Du moins de mon point de vue. Nous quittons le restaurant et empruntons le bord de mer bras dessus bras dessous. Naturellement, ma main libre vient caresser mon ventre, avant que je ne vienne laisser glisser le bout de mes doigts sur le bras tatoué de Phoenix. Je m’habitue à nouveau de cette proximité, mais cette proximité plus saine qu’elle ne l’a été par le passé. Une fois au port, je lâche le bras de Phoenix et la laisse grimper sur un bateau. Je ne savais même pas qu’elle avait un permis bateau, ni même un bateau. On en apprend tous les jours. Il n’est pas très gros et tant mieux, je préfère ça que tout ce qui pourrait ‘montrer’ qu’elle a de l’argent. Nix n’est pas comme ça, mais j’aime le remarquer par de petites choses de ce style. Elle m’aide à monter à bord et je la gratifie d’un sourire, tenant ma robe relevée pour ne pas m’y prendre les pieds. « Si tu veux te reposer, t’as la cabine en bas, il doit même y avoir quelques maillots dans la malle. Fait comme chez toi, y a peut-être même encore quelques trucs dans les placards ou le frigo. » Je ris et secoue la tête. « Tu rigoles ! Si je mange encore quelque chose j’explose là ! » Je descends pour faire le tour du propriétaire et visiter un peu la cabine, puis je remonte pour rejoindre Phoenix qui ne va pas tarder à démarrer l’engin. « Tu veux faire les premières manœuvre avec moi ? » Je lui souris et secoue la tête. « Non non, je touche pas à ça moi ! Mais je reste tout près de toi. » Naturellement je viens me mettre sur le côté, juste un peu en arrière et viens glisser une man dans le bas de son dos pour finir à sa taille. « Je te regarde faire. » Je continue de sourire et dépose un baiser sur son épaule dénudée, naturellement. Elle démarre le bateau et je reste sur mes gardes pour le mal de mer. On sait jamais. Je m’agrippe un peu plus à elle quand le bateau comment à avancer et nous prenons le large. Je me sens bien et je suis heureuse qu’elle ait proposé cette petite balade en bateau.

❝ Doucement… ❞
SHAYNIX

Nous sommes complices, comme un couple, je ne dirais pas vieux couple, mais un couple installé, un couple stable et un couple qui promet un bel avenir, plein de projets et de belles choses. Je sais que je pourrais imaginer tout un monde pour elle et redoubler d’effort pour que ça devienne réalité. Je sais que je suis une grande utopiste, je ne suis pas très douée non plus pour garder les pieds sur terre, j’ai toujours passé mon temps la tête dans les nuages, j’ai toujours tout fait pour couper court à la réalité, depuis petite. « Je m’appliquerai à faire des photos pour les revendre aux magazines. Il faut que je commence à penser aux études de Rose ! » « Alors je crois que je vais te faire signer une close de confidentialité, et m’assurer que Rose ait de quoi aller à Harvard ou même à Yale. Je suis très peu photogénique prise sur le vif. » Je ris, sincèrement, complice et amusée, les yeux dans les yeux avec elle. Je crois que nous sommes en passe de devenir un tout solide et équilibré, je parle d’équilibre, putain !

Nous partons pour la marina, après avoir joué les pseudos héros pour une petite fille fan de ma musique. Je suis contente de pouvoir faire ce genre de choses, par une simple signature, j’arrive à faire sourire un enfant, c’est pas beau ça ? C’est tout ce que je voulais en me lançant dans la musique, changer une toute petite facette du monde à mon échelle, et je crois que quelque-part, je commence à le faire.
Je lui prends la main pour l’aider à monter, sans prendre de risque, ça tangue un peu mais pas de quoi lui donner le mal de mer. Quoi qu’elle a l’estomac plein, mais je me méfie, et je lui propose même autre chose ! « Tu rigoles ! Si je mange encore quelque chose j’explose là ! » « Et bébé Rose, elle en dit quoi ? » Je pose ma main sur son ventre et sens immédiatement Rose bouger sous mes doigts. Je crois qu’elle réagit à ma voix. Je pose mon front contre celui de Shay, juste face à elle, cherchant à masquer les larmes dans mes yeux. Foutue émotion ! A croire que les hormones de Shay me contaminent aussi. «C’est dingue comme ça me fait toujours le même effet de dingue quand je la sens juste là… » Mais je dois me reprendre, je ravale mes sentiments de joie et l’embrasse tendrement sur le front, reprenant sur une note un peu plus légère pour lui proposer de faire les premières manœuvres avec moi. « Non non, je touche pas à ça moi ! Mais je reste tout près de toi. » Je lui souris et prend les commandes, démarrant l’engin en préparant tout ce qu’il faut pour naviguer dans les meilleures conditions. J’ai appris à naviguer, petite, et puis j’ai fini par vouloir passer le permis. M’évader, j’adore l’eau. Je me laisse griser par son baiser sur mon épaule et baisse mes lunettes de soleil sur mes yeux, éblouie par le soleil qui se reflète dans l’eau. «Tu crois que ça ressemble à ça la simplicité du bonheur ? Par des moments comme ça ? » Je prends sa main une fois les gaz remis à la normale.

Nous nous arrêtons à quelques miles de la plage, au milieu de nulle part, et fait descendre l’ancre. « Ça te plaît ici ? » Lui attrapant la main pour la faire passer sur le pont, à l’avant du bateau, sur les matelas.