This is not shopping, this is torture [Cameal #5]

J’essaie de faire genre que je m’en fou d’eux, je ne leur donne pas d’attention mais je boue de l’intérieur. J’ai envie d’aller lui tordre le cou, à elle comme à lui d’ailleurs. Je fais en sorte de continuer de discuter avec ce mec qui n’a pourtant aucune importance à mes yeux. Je lui souris, ris même à ses fausses blagues à deux balles. Je veux juste que Neal s’en morde les doigts. Putain, mais je suis conne en fait. Je devrais ne rien en avoir à faire de ce qu’il pense. Qu’il se la tape sa petite sportive. Qu’’est-ce que je fous ici putain? Je devrais être chez moi tranquille plutôt que de jouer les pestes alors qu’il en a rien à foutre de moi. Je soupire un peu et m’apprête à lui dire au revoir quand je sens l’odeur de Neal s’approcher. Je suis comme un vampire quand il s’agit de lui, je le sentirai s’approcher entre mille. Alors comme une conne, je relance le jeu de séduction  avec l’autre idiot tatoué. Il est intelligent comme un bulot en plus, et le charisme d’une huitre, vive les plateaux de fruits de mer ! « Alors tu te défiles pour les jambes ? » Je tourne la tête vers lui et lui adresse un regard de dédain, arquant un sourcil l’air de lui demander s’il est sérieux. « Essaye au moins de faire ça correctement. » dit-il en venant positionner sa main dans le bas de mon dos, à même ma peau, et je me sens frissonner malgré moi. Quelle conne. « Apparemment tu lui donnais pas les bons conseils techniques. Je pense que tu peux remballer ton coaching. » Il lève les yeux au ciel et soupire comprenant que Neal est avec moi. Enfin avec moi c’est un grand mot. « Tu joues à quoi ? Que tu me fasse chier en m’accompagnant passe encore mais ton petit numéro de princesse capricieuse il est vraiment de trop. T’as rien trouvé de mieux qu’un crétin pousse ferraille ? » Je fronce les sourcils en le regardant. « Mais qu’est-ce que ça peut te foutre ? Tu croyais que j’allais me marier avec lui ou quoi ? On discutait c’est tout ! » Je soupire à mon tour et en rajoute une couche. « Tu te plains alors que je te laisse transquille avec ta bodybuildeuse, je pensais que c’était ce que tu voulais, je suis pas partie loin et tu l’as dit toi-même t’auras pas de mal à me perdre des yeux ! » Je ne m’arrête pas en si bon chemin et continue sur ma lancée, le ton sec, même si j’essaie de ne pas trop hausser le ton. « Et puis je t’ai rien demandé hein ! Je peux aussi me défouler toute seule de mon côté et toi du tien ! Donc viens pas me demander à quoi je joue ! » Voilà, ça fait du bien. Et puis d’ailleurs, sans attendre qu’il riposte je me lève et file vers une machine pour acheter une petite bouteille d’eau. Je pense que je ferai mieux de rentrer. Il me gonfle plus qu’autre chose au final. Et puis me rendre compte de la jalousie que je peux ressentir à son propos, ça me met hors de moi.

Je ne crois pas avoir un jour fais un truc mal au point qu’on me colle au train un mauvais karma. Bon c’est peut-être un peu exagéré vu comme ça, mais Cameron me pousse à bout comme rarement quelqu’un a réussi à le faire. Pourtant je me pensais plus fort que ça, vraiment. Mais non elle a une emprise sur mes nerfs dont je ne parviens pas me défaire, c’est une putain de pieuvre, elle a enroulé ses tentacules sur moi et maintenant je subis. Et je m’en veux bordel ! Je m’en veux de pas être plus fort, alors je m’énerve d’autant plus vite tombant dans un cercle vicieux merdique où la seule chose à retenir c’est qu’au final Miss Monde me tape sur le système mais que je suis obligé de lui coller aux baskets pour qu’il ne lui arrive rien. Et s’il lui arrivait quelque chose d’ailleurs, je réagirais comment ? Le pire c’est que je ne sauterais pas de joie. Elle me met dans des états pas possible, je la déteste réellement par moment mais pourtant je ne veux rien qu’il lui arrive. Je ne sais pas s’il va pas falloir que j’envisage un petit tour chez le psy un de ces quatre. Mais pour l’instant je dois faire avec le caractère de merde de Cameron et son irrépressible envie de m’emmerder par tous les moyens possibles. Je pense que s’adonner à un jeu de séduction avec ce crétin de pousseur de fonte est un de ses meilleurs tours de l’après-midi. Probablement que je devrais la laisser faire et m’en foutre, mais c’est ça le truc je m’en fous pas. Parce que j’ai pas d’autre choix que d’y prêter attention. A moins que ça ne sois un prétexte j’en sais rien.
Toujours est-il que je lui casse son coup de bluff destiné à me faire chier, ce qui soit dit en passant a fonctionné, et lui demande à quoi elle joue. Le compte à rebours affiche zéro et Cameron m’explose à la gueule. Rien ne l’arrête cette peste, rien. Elle s’enflamme, me reproche mon attitude alors qu’à l’entendre elle faisait ça juste pour me laisser l’occasion de flirter avec l’autre jeune femme. Ce qui me soule le plus dans tout ça c’est qu’il y a une part de vérité dans ce qu’elle dit. J’aurais pu continuer de parler, ou m’entrainer dans mon coin en gardant un œil sur elle. Pourquoi j’ai pas fait ça ? Je suis trop borné, j’étais fixé sur mon idée de lui en faire baver comme petite vengeance pour avoir voulu m’accompagner et je me retrouve à me faire incendier par cette grue. J’en peux plus d’elle… de ses manières, je la hais pour tout ce qu’elle provoque en moi. Mon regard s’assombri trahissant mon état d’agacement, je croise les bras et n’ai même pas le temps de répliquer que Cameron s’éloigne pour aller se chercher une bouteille d’eau au distributeur. Je peux la noyer avec ? Sinon il me reste l’option de la coincée sous deux cents kilos de fonte, j’hésite. Je fulmine intérieurement mais je me connais ça ne va pas rester interne bien longtemps. Je la rejoins près de la machine « Ok fais comme tu veux. Entraine toi dans ton coin t’as raison ! » je plante mon regard dans le sien avec dureté « Tu m’emmerdes Cameron. » et ce n’est pas peu de le dire « Tu peux même rentrer tiens, je m’en fous. Puis s’il t’arrive un truc Iris me virera et ça me rendra service ! ». J’ai pas envie qu’elle gagne… je suis trop orgueilleux pour ça. Donc la seule manière de me voir partir c’est de me faire virer parce que je ne poserai pas ma démission, ça lui ferait trop plaisir. Mais finalement elle m’a coupé tout envie de passer un bon moment ici. Elle a gâché mon après-midi cette victoire je ne peux pas la lui retirer. Je soupire « J’ai une meilleure idée. Tu voulais te défouler ? Vas y ! J’te laisse toute la place. Je me casse ! » je ne bluffe pas en disant ça et déjà je marche d’un pas déterminé en direction des vestiaires. C’est décidé je prends une douche et je rentre, que Miss Monde se débrouille puisqu’elle est si forte. Je me retiens de me montrer trop brutal avec le casier dans lequel j’ai rangé mon sac, manquerait plus que je doive payer pour avoir dégradé du matériel.