please forgive me [coghan]

please forgive me

teeghan & connor

Samedi. Il est seize heures et je commence à senti mon coeur battre dans ma poitrine. Je souffle un coup et sursaute en entendant la sonnerie de mon appartement. Fronçant les sourcils je me dirige vers la porte, encore simplement habillée de ma serviette de bain. Heureusement, ce n’est que ma soeur. Je souffle pour traduire mon soulagement avant de la prendre dans mes bras. « Je savais que tu allais être dans tous tes états, je me suis dit que ce serait pas mal de passer te voir avant. Je hoche vivement la tête. « T’as bien fait, je sais plus où j’habite, je sais pas comment je dois m’habiller, je suis en train de perdre la boule. » Brooke sourit et nous allons droit dans ma chambre. « Ne fais pas de fioritures, ça ne servira à rien. Mets quelque chose dans lequel tu te sentiras à l’aise. Tu risques de t’asseoir par terre pour jouer avec elle ou ce genre de choses… » Je hoche la tête tout en réfléchissant. Un jean. Slim. Et un t-shirt pas trop près du corps pour me sentir à l’aise. Je me fous à poil devant ma soeur, je n’ai jamais été pudique et puis ça va, c’est ma soeur. Je m’habille assez rapidement et lui demande son avis. Elle me sourit et hoche la tête ce que j’imagine être une approbation. Ok. Maquillage léger, je mets un peu d’ordre dans mes cheveux et file avaler un café avant de me laver les dents. Je pense que je suis prête. J’enfile une paire de basket en toile et commence à tourner en rond. « Tu penses qu’elle va m’aimer ? » Brooke se veut rassurante. « J’en suis sûre. Allez, il est l’heure ma puce, ne tarde pas. » Mon coeur s’accélère et je hoche à nouveau la tête. Nous quittons toutes les deux mon appartement et après une accolade pour lui dire au revoir et la rassurer, je lui dis, la voix serrée. « Je t’appelle quand je sortirai de là bas. » Elle plaque un baiser sur ma joue. « Ça va bien se passer. » Je souffle un peu et monte dans ma voiture pour rejoindre la maison de Connor. Je suis en avance, alors je poireaute dans la voiture en attendant qu’il soit l’heure. Il a dit pétantes. Je ne suis pas nécessairement quelqu’un qui est à l’heure en général, mais là c’est important. Il est 17h lorsque je sonne à la porte les mains tremblantes, le coeur battant la chamade et le corps peu assuré. Connor ouvre la porte et je relève les yeux vers lui, esquissant un mince sourire qui traduit mon stress. « Bonjour. » Je me pince un peu les lèvres, nerveusement, attendant qu’il me laisse le droit d’entrer.

please forgive me

teeghan & connor

Il restait moins d'une minute avant que sonne l'heure des retrouvailles entre ma fille et sa mère. Si cette idée ne m'enchantait guère, j'avais pris le parti de croire que Teeghan avait réellement changé, et qu'elle était prête à prendre du temps pour voir grandir notre enfant. Sans bousculer notre équilibre. Parce que c'était ce point précis qui me torturait vraiment l'esprit : Teeghan avait toujours été imprévisible, et elle avait beau me promettre monts et merveilles en m'assurant qu'elle voulait changer, je n'en avais pas encore eu la preuve. Les paroles s'envolent, et j'attendais des actes de sa part. Ce qui supposait, évidemment, que je lui offre des opportunités. Et aujourd'hui était certainement la plus belle opportunité de me prouver qu'elle avait mûri. Qu'elle n'abandonnerait pas Eileen une seconde fois. Pour son bien être, il était hors de question que je laisse ma fille seule avec elle, et elle n'avait rien objecté. Elle rencontrerait Eileen en ma présence, sous haute sécurité, et elle n'avait clairement pas le droit à un seul faux pas. J'avais (difficilement, certes) accepté sa main tendue, mais cela était loin d'être gagné. Le vibreur de mon téléphone me tira de mes pensées. Un rappel : "Teeghan." avais-je noté sur mon écran, comme si ce rendez-vous forcé avait pu m'échapper une minute. Je pouffai en hochant la tête. C'était une idée stupide. Stupide, et dangereuse. Mais je n'eus pas le temps de songer à une seconde option, puisqu'on sonna à la porte.  « Bonjour. » Je n'avais jamais vu Teeghan aussi stressée, et aussi ponctuelle. Visiblement, cela comptait vraiment pour elle. Je ne savais pas encore si ça me soulageait, ou si ça m'inquiétait davantage. « Salut. » dis-je froidement en m'écartant de la porte pour la laisser entrer. « Eileen se réveille de sa sieste, je vais la chercher. » Sans plus de fioritures, je laissai Teeghan en plan, seule au beau milieu du loft. Je récupérai ma petite princesse dans son lit, les cheveux ébouriffés mais les yeux grands ouverts. Je lui changeai rapidement sa couche et lui enfilai sa petite robe rose. Enfin, je mis ma rancoeur de côté pour lui glisser un petit bandeau blanc sur la tête. Eileen était à croquer, comme d'habitude. Je pris une profonde inspiration et la déposai sur le sol. En moins de temps qu'il n'en faut pour se faire, elle vadrouilla en direction du salon. Je devais la laisser gérer cette situation toute seule, comme une grande. C'était à elle de choisir si elle voulait aller vers sa mère, ou non. Je la suivais, inquiet, jusqu'à ce que nous nous retrouvions face à Teeghan. Eileen s'était stoppée net, et analysait cette étrangère avec sa tétine clouée sur la bouche. « Elle est un peu méfiante, au premier abord. » Ce n'était pas vraiment leur première rencontre, bien sûr, mais c'était tout comme. Eileen semblait inquiète. Immobile pendant quelques secondes, sourde aux paroles de sa mère, elle vint de blottir contre ma jambe. Je lui caressai les cheveux pour la rassurer. Au fond, c'était un peu sadique mais cela me plaisait qu'elle ne court pas vers Teeghan. Après tout, elle nous avait blessé tous les deux, et la situation était aujourd'hui inversée : elle prenait le risque d'être, à son tour, rejetée par sa fille.

Spoiler:

please forgive me

teeghan & connor

Même quand je monte sur scène devant des milliers de personne je ne suis pas aussi stressée, c’est bien que ma fille a une importance bien particulière pour moi, et ça, personne ne pourra me l’enlever. J’ai eu beau avoir fait la pire connerie de ma vie, elle reste ma vie, mon sang, je l’ai mise au monde. Jusqu’à il y a encore quelques jours je n’étais pas sûre de pouvoir me sentir mère un jour, et pourtant. Je me retrouve aujourd’hui devant chez Connor, le père de ma fille, bien décidée à commencer à tisser un lien avec cette dernière. Je souffle un peu, appuie sur la sonnette avec presque difficulté. « Salut. » me dit-il froidement. J’avale difficilement ma salive et entre lorsqu’il se décale pour me laisser faire. « Eileen se réveille de sa sieste, je vais la chercher. » Je me contente de hocher la tête. Je me sens mal et il ne fait rien pour arranger ça. Je ne peux pas lui en vouloir, je ne lui demanderai pas de me faire des courbettes. Il me déteste et il a toutes les raisons de le faire. Je le laisse partir dans ce que j’imagine être la chambre d’Eileen. Mon coeur tambourine à une allure folle dans ma poitrine. Je balaye l’endroit de mon regard, remarquant le goût du jeune homme. Je souffle un peu comme pour tenter d’évacuer mon stress et voilà que ma petite princesse arrive à quatre pattes dans le couloir, venant dans ma direction. Un large sourire vient étirer mes lèvres. Elle est vraiment trop à croquer. Je dépose mon sac par terre près du canapé et immédiatement je m’accroupis pour être quasiment à la hauteur de la petite fille. « Bonjour jolie princesse ! » Elle reste immobile, ses grands yeux noirs me fixant pendant de longues minutes. « Tu viens me dire bonjour ? » Je lui tends les bras mais rapidement, Connor me coupe dans cet élan. « Elle est un peu méfiante, au premier abord. » Première claque. Je laisse retomber mes bras et redresse les yeux vers lui. Un regard rempli d’amertume. Je me pince un peu les lèvres comme pour retenir mes émotions. Oui, j’ai clairement envie de pleurer là. « Je comprends. » J’essaie de sourire mais j’ai un peu de mal présentement. J’en viens à me demander si c’était une bonne idée finalement. Mais je refuse d’abandonner. Je la vois se cramponner à son père, et lui qui la rassure comme il peut. Il est vraiment le père idéal. Je soupire un peu comme pour me redonner constance et me tourne vers mon sac. « Regarde ma puce, je t’ai ramené un petit cadeau. » Je tire de mon sac un paquet cadeau et le lui tend. Elle ne bouge pas, restant pour le moment près de son père. J’avance alors, à pas de loup, à genoux aussi et finis par m’asseoir sur mes talons une fois un peu plus près d’elle. « Je l’ouvre pour toi ? » Le regard de ma fille jongle entre le paquet coloré et mon visage. Doucement je déchire le papier cadeau pour la laisser découvrir une magnifique peluche, un koala extrêmement doux. Mon animal préféré. « Tiens, il est pour toi. Il te plait ? » Je lui tends la peluche et elle tend doucement la main pour la récupérer et la prendre avec elle. J’ai pour la première fois un vrai sourire sur les lèvres, et une émotion bien particulière dans le regard.

please forgive me

teeghan & connor

Je n'avais pas la moindre raison de me montrer sympathique envers Teeghan, et plus encore, je n'en avais pas envie. Par la force des choses, nous serions à jamais liés l'un à l'autre, certes. Mais rien de plus ne s'offrait à nous que deux longues parallèles à celle d'Eileen, si tant est que sa mère assume enfin son rôle. Lorsque ma fille déambula à quatre pattes vers le salon, je serrais les dents. Et si elle reconnaissait immédiatement celle qui l'avait mise au monde ? Et si elle retrouvait enfin ce lien maternel dont on l'avait privé depuis si longtemps ? Et si elle préférait finalement la présence de Teeghan à la mienne ? Pour moi non plus, cette situation n'était pas facile.  « Bonjour jolie princesse ! » Tous les regards étaient posés sur Eileen, chacun de nous attendant une réaction différente de sa part. « Tu viens me dire bonjour ? » Je réfrénais immédiatement ses envies de pouponner, en lui précisant qu'Eileen était méfiante au premier abord. Cela sous-entendait clairement qu'elle n'était, pour elle, qu'une étrangère mais je n'en avais que faire. Ce n'était que pure vérité, et s'il fallait que quelqu'un lui remette les pieds sur terre, alors je répondrai présent. « Je comprends. » Je relevai la tête pour regarder ce qu'elle était en train de chercher dans son sac. Un cadeau pour Eileen, certainement.   « Regarde ma puce, je t’ai ramené un petit cadeau. » Le fait qu'elle l'affuble d'un petit surnom affectif me déchirait le coeur. Comment pouvait-elle s'immiscer dans notre vie à ce point ? Comment osait-elle établir une relation intime avec sa fille, sans se soucier de ce qu'elle ressentait depuis des mois ? A l'intérieur, je bouillonnais. Un tas d'émotions se bousculaient en moi : de l'appréhension, de l'étonnement, du soulagement, de la crainte et de la bienveillance. Dans ce tourbillon de sentiments, je tentais de garder mon sang froid en observant froidement la scène.  « Je l’ouvre pour toi ? » Teeghan s'approcha doucement d'Eileen, jusqu'à s'asseoir auprès d'elle. Le paquet bariolé de couleurs vives semblait déjà l'envoûter, ce qui me déplaisait davantage. Mais ce n'était rien à côté de ce qu'il contenait : une adorable peluche. Un koala, qui plus est. Les lèvres pincées devant tant de clairvoyance, je soupirai. Les koalas avaient toujours fasciné Eileen, qui les considérait certainement comme des sortes de doudous géants. « Tiens, il est pour toi. Il te plait ? » De sa petite main potelée, Eileen vint attraper la peluche pour ensuite la serrer tout contre elle. Son visage éclairé et son petit regard charmeur étaient à croquer. Je ne pus retenir un sourire attendri. Avec ce qu'elle ignorait être le saint graal, Teeghan venait de marquer de précieux points. « Bien sûr qu'il lui plait. » prononçai-je à l'attention de Teeghan, qui semblait particulièrement touchée que sa fille ait accepté ce cadeau. Au fond, c'était peut-être comme le premier pas vers une réconciliation. « C'est son animal préféré. » Même si je n'appréciais que très peu ce retournement de situation dans nos vies, je devais me rendre à l'évidence : cette fois, Teeghan avait visé juste. Je n'osais encore croire qu'elle avait vraiment changé, mais ce rendez-vous n'était peut-être pas une si mauvaise idée. Peut-être.

please forgive me

teeghan & connor

Lorsque j’ai vu cette peluche, ça a été comme une évidence. Un petit koala absolument trop mignon et tellement doux qu’il aurait été difficile de ne pas craquer. Je l’ai directement imaginé dans les bras de la petite fille. Ma petite fille. Alors forcément, une fois devant elle, je tremble un peu, j’ai peur que mon cadeau ne lui plaise pas, peur qu’elle se mette à pleurer pour aller dans les bras de son père. Elle ne me connaît pas, il semble logique qu’elle soit encore sauvage. Mais je vois le regard d’Eileen s’illuminer en voyant la peluche, et mon sourire s’élargit. Je lui tends et la regarde le prendre entre ses bras pour le serrer fort contre moi. Mon coeur s’emballe et mon regard s’embue légèrement. « Bien sûr qu'il lui plait. » La main de Connor me rappelle à l’ordre, me faisant presque reprendre conscience que nous sommes bel et bien sur Terre, et non dans un monde à part, Eileen et moi. Je redresse la tête alors que je suis encore à genoux par terre pas très loin de notre fille. « C'est son animal préféré. » finit-il par avouer avant qu’un sourire étire légèrement mes lèvres. Je repose alors mon regard sur la petite fille brune aux yeux marrons. On a beau dire, elle me ressemble beaucoup quand même. Je m’adresse à nouveau à ma fille. « Regarde, touche ses oreilles comme elles sont douces ! » Je m’approche un peu plus et approche le bout de peluche de sa petite joue potelée pour venir caresser cette dernière avec l’oreille du koala. Le sourire d’Eileen me fascine, j’en suis déjà accro. « Tu sens comme c’est tout doux ? » Je fais glisser l’oreille du koala sur les lèvres fines de ma fille, sachant pertinemment que les lèvres sont très sensibles au toucher et à la sensation d’un tissus particulier. Elle serre un peu plus fort le koala entre ses bras et je tente pour la première fois de lui tendre les bras. « Tu viens me faire un bisou ? » Elle regarde son père comme pour lui demander la permission, je la trouve bien éveillée pour son âge. « Moi je t’en fais un en premier, tu veux ? » Elle me regarde de ses grands yeux bruns et m’approche très doucement comme pour lui laisser le temps de s’enfuir si elle le veut. Doucement je dépose un petit baiser sur sa joue et me recule à ma place pour pas qu’elle ne se sente trop envahie. « Tu veux venir maintenant ? » Je tends les bras et elle avance vers moi, avec son koala, et je viens la récupérer dans mes bras, la prenant délicatement tout contre moi. Je ferme les yeux un instant pour m’imprégner de son odeur et je sens une larme couler le long de ma joue. Je murmure, plus pour moi-même que pour être entendue. « J’ai pensé à toi si souvent… »

please forgive me

teeghan & connor

J'avais la désagréable impression que Teeghan s'était instantanément enfermée dans un monde qui n'appartenait qu'à elle et à Eileen. Je grimaçai chaque fois qu'elle faisait un pas de plus vers ma fille. Si, pendant un moment, j'avais pu croire que c'était une bonne idée pour l'équilibre d'Eileen, je n'étais désormais plus que rancoeur. « Regarde, touche ses oreilles comme elles sont douces ! » Je serrai les dents en voyant Teeghan redoubler d'efforts pour se faire accepter de sa fille dont elle ne connaissait strictement rien. Le pire, c'était que le regard d'Eileen était émerveillé depuis qu'elle avait découvert son cadeau.  « Tu sens comme c’est tout doux ? » demande-t-elle en glissant le bout des oreilles duveteuses du koala sur les lèvres fines d'Eileen. Je demeurais immobile, le regard noir. Au fond de moi, le sourire de ma fille me réchauffait le coeur, et j'étais heureux qu'elle puisse rencontrer (oui, c'était le cas pour moi) sa mère. Mais cette soudaine irruption dans notre vie était plus violente encore que ce que j'aurais pu imaginer, et j'avais plus de mal à me contrôler que prévu. « Tu viens me faire un bisou ? » Les bras tendus de Teeghan firent monter la pression. Pour qui se prenait-t-elle ? Eileen n'était pas un jouet, merde ! « Moi je t’en fais un en premier, tu veux ? » J'étais sur le point d'intervenir lorsqu'Eileen se laissa approcher, à pas de loup, par sa mère biologique. J'observais la scène froidement, prêt à bondir sur ma proie au moindre rapprochement supplémentaire. « Tu veux venir maintenant ? » Tendrement, et ce qui me rendait fou de rage, Teeghan prit Eileen dans ses bras. Je n'eus pas le temps de réagir qu'elle la serrait déjà fort contre elle, une larme roulant sur sa joue. Elle murmura quelque chose de presque inaudible lorsque je finis par craquer. « Allez ma puce, viens là. » Je récupérai doucement ma fille, l'arrachant des bras de Teeghan sans qu'elle ne puisse intervenir. Je me dirigeai vers la cuisine sans un mot, pour attraper un biberon avant de déposer Eileen dans son parc. « Tiens ma puce. » Je déposai un baiser sur son front, tandis qu'elle commençait à boire son lait, le koala toujours blotti contre son petit corps. Cette scène attendrissante n'avait rien à voir avec ce qu'il se passait de l'autre côté du salon, où Teeghan semblait totalement abattue. « Maintenant, tu connais un dixième de ce qu'elle a vécu quand tu l'as abandonnée. » J'étais dur avec elle, mais il était hors de question qu'elle laisse ma fille se faire de faux espoirs. Le chemin serait encore long avant que je puisse accorder un tant soit peu de confiance à mon ancienne partenaire. « Je pense que ça suffira pour aujourd'hui. » Le dos droit, les bras croisés, je barrais physiquement la route entre Eileen et sa mère. J'étais sur le point de la diriger vers la sortie lorsque Teeghan s'effondra. Un malaise s'installa. J'évitai de croiser son regard. C'était une épreuve pour tout le monde, et sa compagnie ne m'était pas du tout agréable, mais il ne s'agissait pas non plus de la jeter dehors comme une mal-propre. Fût un temps, nous étions proches, et la fusion de nos corps avait même produit la plus belle chose au monde. Alors l'espace d'une seconde, je pris (considérablement) sur moi et attrapai un paquet de mouchoirs posé sur le buffet. « Tiens. » Au fond, ma rancoeur et ma colère cohabitaient désormais avec une infime part de compassion. Elle méritait ce qui lui arrivait, elle l'avait cherché, mais j'osais croire qu'elle éprouvait de vrais regrets.  

Spoiler:

please forgive me

teeghan & connor

Je me crée une espèce de bulle, je ne m’en rends pas forcément compte je suis simplement fascinée par les expressions et le regard de ma fille. Je n’arrive pas à décoller mes yeux d’elle, et je sens que peu à peu, au fil des secondes, elle devient légèrement moins sauvage. Je ne saurai dire comment ni pourquoi, mais j’arrive finalement à la prendre dans mes bras. Pas longtemps cela dit parce que Connor ne semble pas en accord avec ce qui arrive sous ses yeux. Il est amer, et son ton est dur. « Allez ma puce, viens là. » Je ne peux rien faire, je ne vais pas m’enfuir avec elle. Alors à contre coeur je laisse Connor récupérer notre fille. Une fois fait j’essuie mon visage d’un revers de main mais l’émotion est grandissante, j’ai mal. Mal de la voir s’éloigner de moi alors que je touchais enfin sa peau. Je l’ai mise au monde merde. Je sait que j’ai merdé, mais putain je suis sa mère. Connor s’occupe de donner son biberon à Eileen et je n’arrive pas à retenir mes larmes cette fois. Mon coeur me brûle au plus profond, je m’en veux encore plus aujourd’hui d’avoir fait cette connerie que de la laisser avec Connor, aujourd’hui, il la protège de moi, alors que sans moi elle ne serait même pas là. Je ne suis pas un monstre putain. « Maintenant, tu connais un dixième de ce qu'elle a vécu quand tu l'as abandonnée. » me dit-il d’un ton assassin, provoquant une violente douleur à l’intérieur de mon ventre et faisant accélérer mon coeur de manière fulgurante. « Je pense que ça suffira pour aujourd'hui. » Les larmes continuent de rouler sur mes joues sans que je ne puisse rien y faire, jusqu’à ce qu’une espèce de crise de larmes s’empare de moi. Je retiens quelques hoquets et secoue la tête. Il me tend un paquet de mouchoirs que je récupère en essayant de me calmer du mieux que je peux. J’essuie alors mes yeux, me mouche discrètement et soupire. « Tu peux pas comparer ce qu’elle a ressenti et ce que tu me fais vivre Connor. C’est un bébé, elle n’a pas conscience des choses, son cerveau ne marche pas de la même manière que nous. » J’essaie de ne pas être mauvaise, mais putain que ça fait mal. « J’ai bien compris que tu me détestes, que tu veux protéger notre fille, mais j’ai besoin de savoir ce que tu attends de moi. Je lâcherai pas Connor. Je vais pas repartir pendant des années et la laisser grandir sans être témoin de sa croissance. Je suis sa mère et même si j’ai fait des erreurs, j’ai des droits sur elle. J’ai aucune envie de te retirer la garde parce que tu es son père et que jusqu’à aujourd’hui c’est toi qui t’en es occupé, mais elle a besoin de moi tout comme j’ai besoin d’elle. » Je déglutis un peu, soupirant légèrement avant de détourner le regard pour le poser sur le sol avant de regarder Connor à nouveau. « Je vais pas baisser les bras. Je veux faire les choses bien et de manière à satisfaire tout le monde, mais si tu m’empêches de la voir, je vais être obligée d’utiliser la manière forte. J’ai aucune intention de la laisser grandir sans moi. Elle a dix mois, ce n’est pas trop tard. »

please forgive me

teeghan & connor

Le peu de temps que nous avions passé ensemble et l'appréhension que cela avait généré avaient rendu cette journée épuisante. Et rapidement, ma tolérance envers Teeghan s'était essoufflée. J'étais devenu quelqu'un d'amer, plein de rancoeur, jusqu'à que quelques larmes roulent sur ses joues. L'espace d'un instant, je m'en étais voulu de lui avoir parlé aussi sèchement, de ne lui laissé qu'une demi-chance de se rattraper. Puis l'instant d'après, je me souvins qu'elle nous avait abandonné, Eileen et moi, du jour au lendemain. Mes pensées se bousculaient tandis que Teeghan faisait preuve, derrière ses larmes, d'une inhabituelle contenance. « Tu peux pas comparer ce qu’elle a ressenti et ce que tu me fais vivre Connor. C’est un bébé, elle n’a pas conscience des choses, son cerveau ne marche pas de la même manière que nous. » J'aurais pu lui répondre des dizaines de choses, mais je me terrai dans le silence, la mâchoire serrée. Au fond, elle avait au moins raison sur ce point. Et c'est de me rendre compte que c'était peut-être moi qu'elle avait blessé le plus qui me mettait hors de moi. Je levai les yeux au ciel, très agacé par cette situation.  « J’ai bien compris que tu me détestes, que tu veux protéger notre fille, mais j’ai besoin de savoir ce que tu attends de moi. Je lâcherai pas Connor. Je vais pas repartir pendant des années et la laisser grandir sans être témoin de sa croissance. Je suis sa mère et même si j’ai fait des erreurs, j’ai des droits sur elle. J’ai aucune envie de te retirer la garde parce que tu es son père et que jusqu’à aujourd’hui c’est toi qui t’en es occupé, mais elle a besoin de moi tout comme j’ai besoin d’elle. » « Tu n'as pas... » Je m'apprêtai à lui répondre en haussant le ton, de nouveau, mais elle m'en empêcha. « Je vais pas baisser les bras. Je veux faire les choses bien et de manière à satisfaire tout le monde, mais si tu m’empêches de la voir, je vais être obligée d’utiliser la manière forte. J’ai aucune intention de la laisser grandir sans moi. Elle a dix mois, ce n’est pas trop tard. » Bordel, elle savait ce qu'elle voulait. C'était bien la première fois, et cela me désarçonnait réellement. En temps normal, nous aurions hausser le ton chacun notre tour jusqu'à ce que cela devienne une véritable cacophonie. Parce qu'entre nous, c'était passionnel et qu'il n'y avait jamais eu rien de plus que du jeu. Aucuns de nos actes n'avaient de conséquences sur la vie de l'autre, nous n'avions aucun compte à nous rendre... et puis Eileen était arrivée. Il avait fallu faire face à de nouveaux obstacles, à de nouvelles habitudes aussi. Et puis sa mère était partie, détruisant l'équilibre instable que nous tentions de maintenir. Alors nous avions reconstruit, Eileen et moi, quelque chose de plus solide, de plus fiable. Et nous en étions fiers, enfin moi je l'étais. Mais Teeghan venait de réapparaitre dans nos vies, malgré nous, et elle semblait bien décider à apporter sa pierre à l'édifice. Coûte que coûte. « Ne me menace pas Teeghan. » prononçai-je avec fermeté, l'index pointé vers elle, après qu'elle ait envisagé d'utiliser la manière forte si je ne la laissais pas approcher Eileen. Pendant de longues secondes, un silence envahit la pièce. Je n'avais plus le choix, j'étais dos au mur. Il fallait que je prenne une décision, la meilleure décision. « Tu n'auras pas d'autre chance. » finis-je par dire calmement, sans le moindre sourire. Par cette mise en garde qui n'avait rien d'agréable sur la forme, je lui entrouvrais toutefois la porte de notre intimité et donc, de la vie d'Eileen. J'ignorais si c'était la meilleure solution, mais c'était la seule qui me permettait de garder le contrôle de la situation.

Spoiler:

please forgive me

teeghan & connor

Il n’est pas question de le laisser me mettre à l’écart de la vie de notre fille maintenant que je suis là. Je ne veux pas me laisser faire et oublier ne serait-ce que le souvenir d’avoir mis au monde une enfant magnifique. J’ai fait une erreur, une grosse erreur, mais qui n’en a jamais faite ? Connor n’a jamais été au courant de mon avortement, celui quelques années avant Eileen, qui m’a poussée à ne jamais recommencer cet acte que j’ai jugé en moi comme étant contre nature. Et pourtant je n’avais pas le choix. Peut-être que sans cette première expérience, Eileen n’aurait pas vu le jour, mais je n’ai aucun regret vis à vis de cette décision que j’ai imposée à Connor. Parce que malgré les difficultés, je sais que la petite fille fait le bonheur de son père, et j’ose espérer qu’elle fera le mien d’ici quelques temps. Je me sens obligée de menacer Connor, comme un animal blessé qui grogne par peur qu’on s’approche ou qu’on lui retire sa progéniture. J’ai peur, peur qu’il ne me laisse pas le droit de voir ma fille grandir. J’ai tout autant que lui le droit de passer du temps avec elle, je lui ai donné la vie, merde ! Connor pointe son doigt vers moi et son regard menaçant me fait froid dans le dos. Je sais qu’il ne plaisante pas. Lui aussi s’apparente à une louve protégeant son petit. « Ne me menace pas Teeghan. » Je serre les mâchoires mais ne m’abaisse pas à baisser les yeux. Il ne me fait pas peur. Un silence envahit la pièce avec comme seule fond sonore le bruit des jouets et des babillements de notre fille. « Tu n'auras pas d'autre chance. » Je souffle en fermant les yeux, un souffle qui traduit la pression qui s’échappe de mes poumons au même titre que cet air qui semblait pollué par toutes mes craintes. Il me laisse une chance de prouver que j’ai changé, que cette fois je ne ferai pas de bêtises. J’avale ma salive avec un peu de difficulté et hoche la tête, juste assez pour répondre à sa question, avant d’ajouter d’une voix peu assurée. « Je ne te décevrai pas cette fois. » Je m’en fais la promesse. Je me pince un peu les lèvres et prends une grande inspiration avant de quitter son regard de mes yeux, les déposant finalement sur notre fille qui joue plus loin dans son parc. « Je peux au moins lui dire au revoir ? » J’ose une dernière fois, espérant qu’il ne m’en empêche pas. Je sens l’hésitation dans ses yeux et l’envie de me dire non, mais il capitule et d’un simple hochement de tête me donne l’aval pour aller dire au revoir à ma fille. Je me dirige doucement vers le parc en souriant à la petite fille. « Je vais m’en aller princesse, tu me dis au revoir ? » Elle lève sa petite main et ferme ses doigts avant de les réouvrir plusieurs fois de suite, ce qui me fait lâcher un rire amusé et terriblement ému. « Oui, au revoir comme ça ! » Je refais le même geste qu’elle et me penche finalement pour aller déposer un baiser sur sa petite tête brune. « A bientôt mon coeur. » Cette phrase ne lui était pas vraiment destinée, elle était plus pour moi-même, et je m’éloigne de quelques pas en arrière sans la quitter des yeux, avant de faire demi tour et passer près de Connor. « Merci. » Je lui adresse un regard lourd de sens quant au mot que je viens de prononcer, et quitte finalement sa maison avant de laisser les larmes rouler sur mes joues sur le chemin qui me ramènera chez moi. Ce moment était vraiment éprouvant.