you're not expecting me. i know. [andane]

❝ you're not expecting me. i know ❞
andrea & jane

Les enquêtes sont plus prenantes ces dernières semaines. Plus intéressantes aussi, mais elles ont tendance à me fatiguer parce que j’y pense jour et nuit. Je n’ai plus de vie sociale depuis que j’ai décidé de me foutre à fond dans mon boulot. La dernière fois que j’ai déconnecté, c’était avec Jane, dans son bureau. A y repenser, un mince sourire prend place au coin de mes lèves et une chaleur parcourt le bas de mes reins. Jane est le comble de la femme sexy et attirante, j’ai toujours eu un faible pour les blondes, et clairement elle aurait pu être carrément celle qui m’aurait changée en femme sage et fidèle si encore j’en avais eu l’envie. Mais elle est volage, presque autant que moi. Je ne sais rien d’elle, je ne pose jamais de questions. Tout ce que je sais, c’est ses points faibles lorsque nous nous laissons aller à partager un moment charnel. J’entends encore les nuances de sa voix lorsqu’elle gémit. Le problème, c’est que je n’arrive pas à lui résister, et que ça commence à m’énerver. Elle trouve toujours le moyen de me faire flancher, la dernière fois encore alors que j’avais réussi à tenir un bon moment. Je finis toujours pas lâcher et m’abandonner avec elle. Je joue toujours la fille coriace qui ne montre pas ses sentiments et qui aime dominer par dessus tout, mais au fond, je ne suis pas si forte que ça, la preuve, petite garce qu’elle est, elle arrive à me faire flancher. Ça fait donc deux bonnes semaines que je lui tiens tête et que je lui parle comme un chien, que j’évite sa présence et jusqu’au son de sa voix. Je préfère même appeler son acolyte gros et moche quand j’ai besoin d’un informaticien. Ça devient grave.

Ce soir, je viens de me voir retirer une affaire pour la simple et bonne raison que je n’avais pas pris le temps de réfléchir avant d’agir. Mais putain, c’est mon affaire. Le commandant n’a pas pris de pincettes, je suis sur le fil du rasoir, et ça me fout hors de moi. Ce boulot c’est toute ma vie et si je finis par être mise à pied, je crois que je me tire une balle. Il faut que je me ressaisisse. Mais avant ça, une bonne cuite. Je quitte le commissariat à une heure potable, 21h c’est pas si mal, et entre dans ma jeep accompagnée de Cobain, qui me suit toujours à la trace. Je m’arrête dans une petite alimentation de quartier et achète un pack de bières. Ça ne suffira pas pour une cuite, mais ça suffira à me faire déconnecter un peu plus. Je traverse la ville et me rend chez moi, à Island Bay. Je me gare n’importe comment en bas de l’immeuble, je ferai sauter le PV si j’en ai un. Encore un truc que je devrais arrêter de faire n’importe comment. Je traverse la rue, clés en mains, et Cobain bouscule sans le vouloir un livreur qui fait tomber sa pile de paquets. « Merde Cobain ! Pardon, il est jeune il fait pas attention à grand chose. » Par politesse, je l’aide à ramasser les colis et mon regard accroche le destinataire de celui que j’ai en main. Jane. On est voisines putain c’est quand même dingue. « Vous n’avez pas livré ces colis ? » « Non, ils sont absents. » « Je vous garde celui-là, je connais la personne à qui il est destiné. » Il fronce les sourcils et lâche un rire un peu bête. « Non, enfin vous ne pouvez pas… » Je sors ma carte de police de ma poche intérieure et son regard change immédiatement. « J’allais justement voir Melle Kennedy. Je vais lui transmettre. Ne vous inquiétez pas. » Il hoche la tête et s’éloigne avec ses paquets. Je monte chez moi pour déposer Cobain et lui filer à manger, et redescends rapidement en le laissant chez moi, pour aller directement chez Jane. Mon passe-partout me permet d’entrer sans sonner, je repère le nom et monte à l’étage donné. Une fois fait, pack de bière à la main, je sonne à la porte. Personne. Je me laisse glisser contre la porte et m’assieds contre cette dernière, son colis entre les mains et les bières posées près de moi, espérant qu’elle ne tarde pas trop à rentrer.

❝ you're not expecting me. i know ❞
andrea & jane

Cela fait deux semaines qu'Andrea et moi on se parle comme deux chiens voulant un territoire. Elle me parle mal. Elle m'évite quand elle ne veut pas me parler. Elle demande plus mes services. Je sais que je lui ai dit de ne plus m'appeler et de prendre l'autre gros con pervers hantai (oui, un aussi long surnom) mais de là à ce qu'elle m'ignore complètement, trop c'est trop ! J'ai bien envie de débouler dans son bureau et de lui parler face à face, sans issues possibles. Finalement, je préfère me taire, travailler dans mon coin pendant qu'elle joue à la gamine et m'ignore sans trop de raisons.

Je soupire en regardant la pendule de mon petit appartement, les minutes passent aussi lentement que les secondes s'écoulent dans un bruit sec et fréquent. Je n'attends rien ni personne, juste que l'ennui me prend alors que je ne bosse pas aujourd'hui. J'hésite à lever mes fesses de mon lit, encore assoupie d'une sieste dans ma jolie nuisette de chanvre beige, un cadeau d'une amie végétarienne. Soit. Mon envie de piquer une tête sous ma douche est bien prenante alors je me lève, lentement, des draps de mon lit pour aller chercher de quoi porter après la douche. Bien entendu, ce que je veux mettre est sale. J'empoigne mon panier à linges, et, en partant vers mon porte-manteaux, je ramasse un débardeur blanc. Celui d'Andrea que j'ai dû laisser sur mon canapé depuis un bout de temps. Je le jette sur ma pile de linge avant de déposer le panier à mes pieds. Je laisse mes pieds, un par un, se glisser dans des ballerines que je garde pour la maison ; coloris rose pâle et usées. J'enfile rapidement un trench-coat beige clair, je noue la ceinture à ma taille puis je reprend le panier de mes deux mains. Sortant sur le palier de mon appartement je dépose le panier pour sortir mon baladeur mp3 de ma poche pour en écouter des morceaux de vieux rock dans mes écouteurs de téléphone. Je ferme ma porte à clé et récupère mon panier. En me retrouvant dans la laverie de mon immeuble, je tris le linge blanc de la couleur avant de mettre les deux dans deux machines différentes. Je chantonne un peu de 3 doors down avant de lancer les machines. Je pose mes fesses sur une machine éteinte. Bien quarante minutes plus tard, une des machines s'arrête et je ramasse le linge propre et mouillé dans le panier. Une fois tout fait, je remonte les étages en me dandinant. Arrivée dans mon couloir, les yeux clos, totalement prise dans la frénésie musicale, je suis surprise lorsque j'ouvre mes yeux. Mon panier m'échappe des mains de quelques centimètres avant de revenir dans mes mains. Je tombe sur Andrea, assise sur le pied de ma porte, totalement vide. ANDREA. Je sais pas si on arrive à y croire mais c'est le cas. Je m'avance en déposant le panier à mes pieds, cherchant dans ma poche mes clés. Je retire mes écouteurs. « Salut. Tu m'offres un cadeau ? Des excuses pour m'avoir parlé et ignoré tel une sous-merde que je suis pour toi ? » Le sarcasme me prend. J'avais remarqué une boîte en carton près d'elle. J'ouvre ma porte et reprend mon panier. J'entre en l'invitant, de toute manière j'ai pas trop le choix. Elle découvre alors, pour la première fois en deux mois, mon appartement. Un petit F2, un salon donnant sur la cuisine avec un plancher en faux bois sombre, des murs crèmes et un mur vert pistache qui fait face aux fenêtres et à la porte vitrée une personne donnant sur mon petit balconnet. Sur les murs, on peut y voir des petits tableaux zen, bougies et autres trucs asiatique que je trouve apaisant. Une odeur de coton se fait sentir, résultat de mon déodorant anti-odeurs. Je dépose le panier sur mon canapé en tissu noir. Je défait ma ceinture de manteau en la regardant. « Assis-toi, je reviens. » Bah oui, je ne vais pas rester en petite nuisette devant elle. Manquerait plus que ça. Je retire le trench en allant dans ma chambre, lui laissant voir mon dos moulé dans cette nuisette courte. Puis je claque la porte. Je cherche de quoi mettre en vitesse, je tombe sur un vieux jogging gris et un tee-shirt de pyjama rose fushia, avec le visage de Grumpy Cat. J'enfile le tout pour retourner la voir, balançant mes ballerines vers la porte d'entrée. Je m’aventure vers la cuisine en passant à côté du canapé. « Tu veux un truc à boire ? J'ai du coca en canette, du café, du thé vert ou du jus de goyave. » En ouvrant le frigo pour me prendre une bouteille d'eau, j'ai totalement oublié de lui proposé un verre d'eau, le truc classique. Une fois tout fait en cuisine, je la retrouve au salon. Je vois le carton de tout à l'heure en face d'elle. « C'est quoi ça ? » Indiquais-je du menton l'objet en question.

❝ you're not expecting me. i know ❞
andrea & jane

Je relève la tête lorsque j’entends quelqu’un arriver. C’est elle. Je me lève rapidement en prenant appui sur la porte, le paquet dans mes mains. Je me pince un peu les lèvres, quelque peu mal à l’aise de me retrouver là. Pendant un instant, je me dis que je ferai mieux de rentrer. Elle est froide, elle a toutes les raisons de l’être. Elle fait comme si de rien n’était mais elle ne me regarde pas. « Salut. Tu m'offres un cadeau ? Des excuses pour m'avoir parlé et ignoré tel une sous-merde que je suis pour toi ? » Son ton sarcastique me ferait presque sourire. Parce que finalement, je préfère ça que l’ignorance qu’on s’est offerte depuis plusieurs jours. « Une sous-merde, j’irai pas jusque là… » Elle ouvre la porte et me fait signe d’entrer. Je ne me fais pas prier. Mon regard balaye les environs. L’endroit est chaleureux, il ressemble à un petit cocon, on se sent immédiatement bien. Je devrais l’embaucher pour refaire la déco chez moi, c’est carrément rustre comparé à son appartement. « Assis-toi, je reviens. » Je tourne la tête vers la jeune femme qui défait son trench, laissant entrevoir une nuisette dans les tons pastel. Une nuisette courte dévoilant ses longues jambes. Je soupire un peu une fois qu’elle a disparu et je me laisse tomber dans le canapé, faisant tourner la boîte en carton sur elle-même, entre mes mains. Jane est de retour, elle pas près de moi pour aller dans la cuisine et je ne peux m’empêcher de sourire à son accoutrement. Un vieux jogging et un t-shirt avec un chat qui fait la gueule. C’est pas plus mal, ça me donne moins envie d’elle comme ça. « Tu veux un truc à boire ? J'ai du coca en canette, du café, du thé vert ou du jus de goyave. » « Je veux bien un café s’il te plait. » Droguée que je suis. Je reste pour le moment ni agréable ni désagréable. Je ne sais pas tout à fait ce que je fous ici. Elle me rejoint dans le salon et dépose sur la table basse ma tasse de café fumant. « Merci. ». « C'est quoi ça ? » me demande-t-elle en pointant du menton me paquet entre mes mains. Je fais tourner encore la petite boîte en carton et lis une nouvelle fois l’étiquette avant de lui répondre. « J’ai croisé le livreur en bas. Je savais même pas mais j’habite l’immeuble juste en face ! » J’esquisse un espèce de micro-sourire avant de poursuivre. « Visiblement, c’est un cadeau de ta femme. ». Du moins, c’est ce que j’en déduis. Nous n’avons jamais parlé de nos vies respectives. Je ne sais pas qui elle est, elle ne sait pas qui je suis. Mais la bague à son annulaire gauche, le ‘Mme Kennedy’ sur le destinataire et ‘mme kennedy’ sur l’expéditeur me laisse penser qu’elle est bel et bien mariée. Je lui tends le paquet, profitant qu’elle soit un peu sur le cul de ce que je viens de lui dire. « Rassure-toi, je n’ai fait aucune recherche sur toi, seulement des déductions. ». Elle récupère le paquet en question et moi je viens chercher la tasse de café pour en boire une gorgée. Je ne sais pas si elle compte m’en dire plus ou non, mais je ne lui demande pas de le faire.