I'm just a sad song feat Ulysse

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La soirée était déjà bien entamée lorsque je suis parti faire un tour sur la plage. J'ai laissé mes invités seuls. J'avais besoin de prendre l'air, de laisser s'échapper les effluves de l'alcool. Cette maison ne me sert que pour ça, les soirées. Mon père n'est pas là de toute manière, lui et sa nouvelle femme avaient acheté une grande avec un grand terrain qui devrait accueillir une nouvelle école de pilotage. Je n'avais pas voulu faire parti de son projet. Il m'avait laissé les clés de la maison sur la plage. Je m'en servais parfois les week-end, parce que j'avais besoin de me détendre et de voir du monde, même si je n'appréciais pas forcément les gens qui venaient ici. Je ne suis pas sourd et j'entends parfaitement ce qu'ils disent dans mon dos. C'est aussi pour ça que j'ai eu besoin d'air. J'ai toujours aimé voir la mer, entendre le bruit de l'eau sur le sable, et voir les étoiles dans le ciel bleu marine parfois presque noir. Je me suis assis sur le sable et j'ai bu la fin de ma bouteille de bière. Je ne sais plus à combien j'en suis, sept ou huit peut-être, ça n'a pas vraiment d'importance. J'ai enlevé mes chaussures et je les ai posés à côté de moi laissant ainsi l'eau frôler mes pieds. J'ai beau être entouré par énormément de monde je me sens parfois immensément seul. Carter me manque, ma mère me manque. J'ai l'impression d'être une mauvaise comédie, que tout ça n'est pas réellement ma vie, que je ne suis qu'un acteur qui ignore le scénario.

Je ne sais pas pourquoi, mais repenser à tout ça me donne le cafard. Des larmes commencent à couler le long de mes joues. Je déteste être aussi vulnérable. Il ne faut surtout pas que quelqu'un arrive maintenant. Je me dis parfois que je devrais me laisser emporter par la mer, que ça ne serait pas si dramatique. L'eau a dépassé mes pieds, la marée était montante, mon jean s'imprégnait de l'eau de mer, mais ça ne me dérangeait pas. Jusqu'à ce que je me souvienne que j'avais posé mon téléphone portable sur le sable en arrivant. Je me suis levée d'un bond avant de perdre l'équilibre et de retomber et je me suis mis à rire avant de re-pleurer à nouveau. Je me suis tourné sur le dos et j'ai observé le ciel, quelque part là haut il y a deux personnes qui doivent bien être déçues. J'ai fini par apercevoir une silhouette qui avançait vers moi. Je l'ai reconnu lorsqu'il est arrivé à ma hauteur. Ulysse. J'ai souris, comme un con, je ne me souvenais même pas l'avoir invité. Ni même de l'avoir appelé, alors que je l'avais en réalité fait un peu plus tôt dans la soirée pour qu'il me rejoigne.

« Ulyyyyyyyyyyssssssssssssssssses. Ulyyyyyysssseeeeeees ….»

J'ai chantonné son nom comme le début du générique d'Ulysse 31 un dessins animé que je regardais quand j'étais gosse. Je ne me souviens plus des paroles mais l'air me reste en tête. Il commence à avoir l'habitude avec moi. Ce n'est pas la première fois qu'il me repêche après une soirée trop arrosée.

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22h18 : je viens de rentrer chez moi. J’ai faim, j’ai soif et j’ai envie de dormir. Je venais de passer à ce qui ressemble la pire journée d’une vie. Le réveil qui ne sonne pas le matin, la voiture qui ne veut ensuite plus démarrer, un bus qui arrive en retard, un patron qui se met à gueuler parce que l’article « NE SORTIRA JAMAIS A TEMPS », une machine à café en rade et forcément, dans la rapidité d’un réveil agité, un appareil photo oublié. Je rentre chez moi après une journée catastrophique, qu’est-ce qui peut arriver d’autre à présent ?
Je pars prendre une bonne douche. Ma mère avait la fâcheuse manie de me dire quand j’étais enfant, que d’aller prendre une douche permettait d’enlever toutes les mauvaises ondes du corps. J n’y ai jamais cru mais ce soir était l’exception à la règle.
Ma fille n’est pas là ce soir, une soirée entre filles apparemment. Je n’avais pas de nouvelles depuis 2 bonnes heures. Je n’aime pas la savoir traîner en ville mais je ne suis pas du genre à la fliquer, je la laisse tranquille et je serai content quand elle rentrera. En attendant, je préfère me faire un bon plat de pâte : le classique de l’homme célibataire. Je commence à faire cuire mes pâtes quand mon téléphone sonne. Je prie pour que ce ne soit pas le boulot, et même si c’était le cas, je n’y retournerai pas. Rhéa ? Je n’espère pas. Quand j’ai vu le nom qui s’affichait sur le téléphone, je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. J’aurai dû m’en douter. Jackson. Ca devient une habitude chez lui de m’appeler : souvent quand il a des emmerdes d’ailleurs. Jackson, nos pères se connaissaient très bien, j’ai connu Jackson petit. J’ai déjà un frère mais Jackson est un peu le deuxième. Un deuxième frère fragile auquel il faut prendre soin, car la vie ne l’a pas vraiment offert de cadeau.
J’ai laissé tomber mes pâtes pour enfiler une veste et un jean rapidement, avant de prendre la route. Enfin, prendre la route, façon de parler. La maison des Jackson n’était pas très loin de la mienne, j’y suis donc allé à pied, et puis, ça me faisait marcher et c’était très agréable à cette heure-ci. Il était 22h50 quand je suis arrivé sur les lieux. Je n’aime pas dire que j’ai plus l’âge pour ce genre de soirée, mais disons que ce n’est plus trop mon délire. J’étais là uniquement pour Jackson, que j’avais en fait aperçu partir sur la plage devant la maison, titubant légèrement. Je le rejoignis quelques temps plus tard, il était mort de rire. Je souris quand j’arrive à sa hauteur où il me chantonne SA chanson favorite. « Il faudrait peut-être apprendre le reste des paroles tu ne crois pas ? ». Je m’assis à côté de lui, et le regarda. Il était bourré, encore. « J’ai passé une journée de merde, alors j’espère que tu as de bonnes raisons pour je sois là ». J’essayais au maximum de protéger ce jeune homme, mais je n’ai pas non plus tendance à lui faire de cadeau. Son comportement m’exaspérais parfois, trop souvent même. Mais j’étais là, toujours là.

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Ulysse était arrivé. Je ne me souvenais même pas l'avoir appelé et d'ailleurs mon téléphone avait pris l'eau. Je me suis redressé difficilement, l'eau de la mer avait mouillé mes vêtements mais peu m'importait, j'avais déjà vu pire. J'ai récupéré mon téléphone et j'ai souris à sa remarque. Je n'ai pas ce qu'on peut dire une excellente mémoire. Je suis un peu comme le poisson Dory, j'oublie vite.

« Je me souviens plus des autres paroles.»

Je lui fait un grand sourire, j'ai toujours aimé le taquiner avec ça. Je pense qu'un jour il va vraiment finir par m'en foutre une. Il a toujours été très patient avec moi et ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on se connaît. Je crois qu'en fait c'est l'une des rares personnes que je connaisse depuis très longtemps. Il est comme un grand-frère pour moi, un grand-frère qui sait pratiquement tout, sauf deux trois choses que je n'ai jamais avouées. Il m'avoue avoir passé une journée de merde. J'ai perdu mon sourire aussi vite qu'il était venu.

« Eh ben au moins on est deux. Je ne me souviens même pas de t'avoir appelé … j'ai noyé mon téléphone.»

J'ai récupéré mon smartphone dans l'eau et lui ai montré le massacre avant de finalement le balancer à la mer. Je regretterai sûrement mon geste plus tard, mais pour le moment on ne peut pas dire que j'ai les idées claires de toute manière, on ne peut pas dire que je reçois énormément d'appels. Le seul qui me contactais souvent est mort et j'ai bien du mal à l'accepter. Je ne dors très mal depuis plusieurs mois et je perds aux jeux, ce qui n'est pas dans mes habitudes.

«Je perds au poker. Je ne sais pas combien j'ai perdu. Je ne sais pas ce qui m'arrive.»

Au fond je sais très bien ce qui m'arrive, je suis paumé et je culpabilise parce que je suis vivant et que j'ai échappé à la mort, que j'ai perdu mon meilleur ami ce jour-là et que je n'ai pas pu lui dire tout ce que j'avais sur le cœur. Ulysse d'ailleurs ne sais même pas ce qui s'est passé entre Carter et moi. Je n'ai jamais avoué ça à personne, mais ça me pèse et le fait d'avoir bu me délie un peu la langue. Je ne sais pas ce q'Ulysse va penser de tout ça, il a toujours été de bon conseils et quoi qu'il dise je suis sur que ça me fera du bien.

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Jackson était trempé. Je souris à sa remarque. Evidemment qu’il ne connaissait pas les paroles, la chanson était trop ancienne et lui, trop alcoolisé pour se rappeler. Je regardais l’eau à sa deuxième remarque. J’imaginais le téléphone vogué au rythme des vagues. Il ne le récupérait jamais, il allait devoir en racheter un … encore une fois.
Jackson allait mal. J’ignorais la cause exacte de ce profond mal-être, mais j’avais au plus profond de moi, envie qu’il aille mieux. Pourquoi ? Parce que je connais le jeune homme comme personne ne le connait. C’était un homme de conviction, et un très très bon journaliste. Seulement on le décriait et il avait tendance à se faire plus d’ennemis que d’amis. J’avais toujours été auprès de lui, je ne sais pas si j’étais le seul, mais il comptait sur moi. La preuve, il ne m’aurait jamais appelé sinon.
J’écoutais attentivement ce qu’il me disait. Evidemment qu’il ne savait pas ce qu’il faisait. Aucun homme dans sa situation ne savait pas ce qu’il faisait. Je ne savais pas si j’étais le mieux placer pour lui donner de bons conseils.
« Tu sais, moi aussi à un moment de ma vie j’étais perdu comme toi. J’avais 16 ans. Je me suis retrouvé seul avec Rhéa, je voulais faire n’importe quoi, j’ai eu l’impression que le monde s’écroulait sur moi ».
Je regardais Jackson assit à côté de moi dans le sable. « Tu sais ce qui m’a aidé ? Les autres. Ma famille, mes amis. Jackson tu n’es pas seul… » Je lui avais déjà dit plein de fois, mais je voulais qu’il l’entende. J’étais remonté de ma pente grâce à mon entourage qui m’avait soutenu et qui m’avait dit que tout était possible. C’est à moi aujourd’hui de le dire à Jackson.
« Je sais que c’est difficile, mais rien ne va s’améliorer en pariant ou en jouant tout ton fric comme ça. Tu dois montrer à ceux qui te sous-estiment que tu es un battant. Oui quand je te vois comme ça, on dirait un moins que rien. Mais ce n’est pas ce que tu es ! ».
Certes, ma dernière phrase était un peu méchante, mais il savait que je ne faisais pas ça pour le blesser, mais au contraire, le remotiver un peu.

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Il n'y a que quand je suis complètement bourré que je me confie. C'est assez bizarre. Je n'arrive pas à dire les choses en face quand je suis sobre, je suis sans doute trop coincé pour le faire, mais une fois que j'ai un peu, voir beaucoup bu, tout es beaucoup plus simple. On me pardonne ensuite d'avoir fait n'importe quoi, parce que je suis l'hôte et qu'ils me connaissent, du moins ils croient tous me connaître. Ulysse à déjà tout supporté de moi. Je ne sais pas comment il fait pour toujours tout me pardonner et toujours accepté de moi. Je ne sais pas non plus à qui je parlerais s'il n'était pas là. Il est plus qu'un meilleur ami à mes yeux, il est un grand frère, il fait parti de ma famille. Je ne sais même pas pourquoi je ne lui ai pas parlé de Carter, pourtant il le connaît depuis le temps. Il a souvent du nous voir quand j'organisais mes fêtes d'anniversaire où toute mes autres soirées, Carter était toujours là, c'était mon meilleur ami et l'homme que j'aimais. Je n'arrive toujours pas à croire que l'on ai été si proche et que j'ai tenu tout ça secret même pour Ulysse, c'est comme ci j'avais besoin de lui dire maintenant, que tout ça me pesait depuis sa mort. Je ne lui fait pas tellement honneur, mais j'ai tellement peur de cette vérité. Les vapeurs de l'alcool me montent encore à la tête. Je l'écoute me parler de sa fille, j'ai toujours trouvé ça étrange qu'il soit père et toujours admiré aussi. Je n'aurais jamais pu faire ce qu'il a fait, trouvé la force. Je l'écoute lorsqu'il me dit que je ne suis pas seul. Il me l'a déjà dis plusieurs fois et je ne sais pas pourquoi j'ai autant de mal à le croire. Je n'ai pas ce sentiment de devoir prouver des choses aux autres, ils pensent ce qu'ils veulent, du moins ce que je leur fait croire.

« Je me fiche de ce que penses les autres … enfin en parti ils croient ce que je leur montre c'est tout. Mon père m'a toujours dit qu'il valait mieux que certaines choses ne se sachent pas, qu'il fallait plaire, c'est ce que j'essaie de faire. Je ne suis pas sur que ça fonctionne très bien … quand je joue ça m'évite de penser à tout ce qui s'est passé. Je ne sais toujours pas pourquoi je suis encore en vie, ni comment je vais continuer à vivre sans lui ...»

Je ne me suis à peine rendu compte de ce que je viens de dire et pour le moment ça m'est égal. Je crois juste que j'ai besoin de parler. Je me suis assis sur le sable rien que d'y penser mon cœur se sert. Je me rends à peine compte que des larmes sont déjà au bord de mes yeux. Je n'avais jamais ressenti ça pour personne. Je ne sais pas comment je vais m'en sortir. J'ai l'impression que chaque jour est pire que l'autre. Je voudrais parfois juste que ça s'arrête.

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Jackson était un second petit frère. Un second oui, mais parfois je préférais le remplacer par mon vrai petit frère. On s’était longtemps détestés, et puis on a grandit et on a vu les choses différemment, surtout à la mort de ma mère. On ne peut pas dire qu’on soit meilleur ami, mais c’est la famille.
Jackson était désespéré depuis longtemps, mais j’ignorais le fond du problème. L’alcool, les jeux … tout venait de quelque part. Une chose qu’il garde profondément pour lui. Pourtant ce soir, je sentais que c’était la soirée de trop. Un jour, je lui avais conseillé d’aller voir une psy. J’aurai mieux fait de fermer ma gueule ce jour là. Si ça se trouve, une femme lui avait brisé le cœur, comme moi, et il est dans sa phase dépression, comme moi je l’ai été.
Après m’avoir écouté, c’était à mon tour. Mes mains jouaient avec le sable, j’observais Jackson se livrer petit à petit, comme quoi il faut être patient avec ses amis. Un sourire apparut sur mes lèvres à ses premières paroles. J’ai grandis dans une famille où l’argent n’a jamais compté, et moi aussi j’ai dû plaire à un moment. Montrer aux gens que nous sommes de bonne famille, des gens respectables, au détriment de notre vraie personnalité. Les secrets les mieux gardés sont dans ses familles là. Mon sourire s’effaça quand j’entendis la suite. J’avais sauté un épisode ou je venais vraiment d’entendre ce qu’il venait de me dire ? « Tu peux répéter un instant ? » Ce n’était donc pas une femme, mais bien un homme. Je me ris à rire, bêtement. Il était tard et j’étais fatigué de ma journée. Ce n’était pas le moment, et Jackson allait se demander pourquoi je riais. Je l’avais déjà vu avec des femmes, mais jamais avec des hommes et je trouvais la situation assez drôle. « Ce … « il » t’a brisé le cœur c’est ça ?, pourquoi tu ne m’as rien dit avant ? ». C’était toujours délicat dans nos sociétés d’avouer qu’on a des sentiments pour le même sexe. Et pourtant, il n’y a pas à avoir honte, mais je comprenais qu’aux yeux de Jackson, ça puisse être compliqué.

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Je n'avais jamais avoué à Ulysse que j'aimais aussi les garçons, je ne l'ai dis à personne. Bella l'a deviné, parce que j'ai passé mon temps avec Carter et que c'était sans doute plus évident à comprendre, avec Ulysse c'est différent. Je me suis souvent arrangé pour qu'il ne remarque rien parce que je n'ai jamais accepté d'être … différent et si je n'étais pas aussi bourré sans doute que je ne lui en parlerait pas. Je ne suis pas étonné qu'il ait l'air si surpris. Je l'ai regardé un instant me demandant ce qu'il devait penser de moi. J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. C'est bien pour ça que je m'arrange pour leur faire croire que je suis ce qu'ils veulent que je sois, parce que c'est plus simple. J'ai hoché la tête de droite à gauche à sa question. Il n'y était pas du tout et en même temps ce n'était pas de sa faute. Je n'ai jamais rien dit. J'ai haussé les épaules quand il m'a demandé pourquoi je ne lui en ai pas parlé avant. J'ai fini par répondre :

« Parce que je ne suis pas prêt à en parler, même si c'est ce que je fais, je ne suis pas sur de me souvenir de tout ça demain, mais ce n'est plutôt moi qui lui ai brisé le cœur … je n'ai jamais voulu que ça se sache. Je n'imagine pas en parler à qui que se soit et surtout pas à mon père. On s'était séparé à cause de ça et puis on a été retravailler comme s'il n'y avait jamais rien eu, jusqu'à ce qu'il y ai cette attaque et que je le vois mourir sous mes yeux ...»

Ma voix se casse et je me cache le visage dans mes mains. J'ai tellement honte de tout ce que j'ai pu lui faire subir. Je crois que je n'arriverais jamais à me pardonner. Des larmes continuent de couler sans que je ne puisse les arrêter. Je préfère quand j'ai l'alcool joyeux. Je continue et dit :

« C'était Carter Ulysse … c'est ma faute s'il est parti, c'est ma faute s'il est mort. C'était moi le responsable de l'équipe …»

C'était idiot de le penser, je n'aurais jamais pu imaginer que ça arriverait, ni savoir que je m'en sortirais et pas eux. Il paraît que ça fait parti du destin et si vous voulez mon avis c'est moche le destin.

«Ils finissent tous par partir … Ma mère, mon père qui n'est jamais là … au moins je sais que toi tu ne me laissera pas.»

Je me suis tourné vers lui et je l'ai pris dans mes bras. Ce n'est pas souvent que je suis aussi tactile, mais je crois que j'en ai besoin. Je ne parle pas souvent de ma mère non plus, ni de tout ce qui me fait du mal, il n'y a souvent qu'avec Ulysse que ça arrive.

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Jackson me faisait de sacrés révélations. L’alcool devait l’aider, mais malgré cela, je sentais qu’il avait besoin d’en parler. Je respectais sa parole et j’étais assez fier également qu’il me fasse confiance ainsi. Je savais que la vie n’avait pas été simple pour lui, mais je n’avais jamais imaginé que tout ceci était la cause. Je fronçais les sourcils quand j’entendis la suite de son récit. Carter, Carter …cela me disait quelque chose. Je mis un certain temps à remettre le prénom sur le visage de jeune homme. Oui je le connaissais, je l’avais déjà vu plusieurs fois. C’était le meilleur ami de Jackson, et d’après ce que Jackson me disait, c’était en réalité bien plus. Je fus surpris par le geste de Jackson à la fin. Au fond, Jackson était encore un enfant. Il avait perdu beaucoup de monde, il avait ce besoin d’être rassuré, savoir que des gens étaient là pour lui. Je l’étais. Je n’étais pas toujours tendre avec lui, comme je pouvais l’être avec ma fille quand quelque chose me dérange, je le dis. J’avais bousculé pas mal de fois le jeune homme pour qu’il réagisse. Mais je comprenais maintenant mieux son mal-être, les raisons qui le pousse à être comme cela. « Jackson il s’est passé quoi exactement avec Carter ? ». Il me disait avoir vu son ami mourir sous ses yeux, que c’était lui le responsable. Il devait forcément y avoir une autre explication mais pour le moment, je ne comprenais que la moitié de l’histoire.
Sa dernière phrase m’avait fait du mal, car oui, ils finissent tous par partir. Je pensais à ma mère. A ce putain d’accident qui lui avait coûté la vie. A mon père qui était entré en dépression pendant plus de 8 mois. Mon frère et moi, nous étions persuadé qu’il allait finir par la suivre. C’était ma fille qui l’avait fait sortir de son malheur. Aujourd’hui il allait mieux, mais lui aussi allait finir par partir. Je regardai Jackson dans les yeux, avec un sourire réconfortant « Non, je te laisserai pas. Je dois quand même te dire qu’à un certain âge il faudra arrêter de m’appeler à des heures folles, mais …je ne partirai pas. » J’essayais de mettre un peu d’humour dans la situation, pour que Jackson se sente un peu mieux et ne déprime pas toute la soirée. Il était trempé et il commençait à faire frai. Je pris ma veste et lui posa sur les épaules. « Tu veux qu’on rentre à l’intérieur, que je te ramène chez moi ? » On serait peut-être mieux au chaud, ça serait plus pratique pour discuter et au moins, je pourrais lui filer des vêtements secs. L’avantage, c’est que je n’habitais pas très loin de chez Jackson.

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J'avais fini par parler de Carter et c'était toujours aussi difficile. Je ne voulais pas paraître si pathétique, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir une boule au ventre lorsque j'en parlais. Je le revoyais se faire tirer dessus et recevoir les balles alors qu'on me demandais de me mettre à l'abri. J'avais eu beau leur dire que je ne pouvais pas le laisser là, qu'il fallait l'aider. Il était déjà trop tard. Je n'avais pas raconté en détail ce qui c'était passé même à Ulysse parce que ça avait été trop dur. Il savait juste qu'on avait été victime d'une attaque lors d'un tournage. Je n'avais jamais parlé de ce qui c'était passé, sauf à mon psy du moins à la première séance parce que je m'étais renfermé ensuite comme toujours.

«Tu le sais on s'est fait attaqué pendant un tournage en Afrique. Je te l'ai déjà raconté … j'étais en arrière avec la caméra on revoyait les séquences qu'on venait de tourner. Carter était devant et parlait avec le guide. Ils sont arrivé sans prévenir et ils ont tirés sur tout le monde. Je suis en vie seulement parce que les militaires qui étaient sur le tournage sont arrivé de mon côté et m'ont crié de me mettre à terre. Carter n'a pas eu cette chance. Il est mort avec la moitié de mon équipe et je n'ai rien pu faire pour que ça s'arrête.»

Je connaissais les risques du métier, on m'avait dit que ça pouvait arriver mais on n'avait jamais vraiment été préparé. On ne peut pas être préparer à ce genre de choses. J'ai séché mes larmes qui n'arrêtaient plus de couler. Je n'avais pas pleuré autant depuis que Carter était mort. Je suis rassuré de savoir qu'il resterait et j'ai souris quand il m'a dit qu'il faudrait que j'arrête de l’appeler à des heures si tardives. C'est vrai qu'il a une vie lui aussi.

« Je suis désolé. J'ai tendance à oublié que tu as aussi une vie.»

Je sens qu'il pose sa veste sur mes épaules. J'acquiesce lorsqu'il me demande si je veux qu'on rentre. J'ai encore des tas d'invités on entend d'ailleurs la musique venant de ma maison. J'ai toujours aimé cette maison sur la plage.

« Je n'ai pas envie qu'on me voit comme ça. Tu voudrais bien leur dire que je la soirée est terminée? Invente n'importe quoi, que je suis malade ou que j'ai pris une cuite, ils n'auront pas de mal à le croire.»

Je sais que cette comédie peu-paraître idiote mais j'ai besoin de créer l'illusion encore quelques temps.

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