› be my valentine › shaelyn & phoenix

J’ai l’impression que mon ventre va finir par exploser tellement il me semble énorme. Je ne me souviens pas qu’il était aussi gros pour Wyatt, c’est quand même un truc assez hallucinant ! « Je vais pas y aller je crois… » « Arrête de fuir putain ! » Surprise, je me tourne vers ma soeur qui, poings sur les hanches, me regarde en fronçant les sourcils. « Mais si c’est, j’en sais rien, c’est peut-être Leo ? » « Et alors ? Si c’est lui c’est très bien ça va vous permettre de discuter tranquillement de votre fille à venir ! » Je lève les yeux au ciel en soupirant. « Et puis c’est peut-être Phoenix. C’est même sûrement elle. » Je secoue la tête. « Je lui ai demandé qu’on aille doucement, je sais pas pourquoi elle aurait été m’envoyer une invitation pour la St Valentin… » « Et toi, tu lui as pas envoyé peut-être ? » Elle marque un point. « Bon tu fais chier aide-moi ! » Il faut que j’arrive à refermer cette robe. J’ai beau ne pas savoir qui est la personne avec qui je vais passer la soirée, il faut quand même que je sois présentable. J’ai choisi quelque chose de simple et à la fois élégant. Pas un truc de cocktail non plus. Et si c’est dans un restau chic et bien… Merde !

C’est à l’heure dite que le taxi me dépose devant la marina, là où l’invitation mystère stipulait qu’il fallait que je sois. Je souffle un peu, le coeur battant. « Vous avez besoin d’aide madame ? » Et voilà, je suis enceinte et je ne suis plus mademoiselle mais madame. Et puis merde je suis pas impotente, je sais encore ouvrir une portière de voiture pour en sortir. Voilà, je crois que je stresse et je me sens bouillir. Ma fille chérie, vivement que tu arrives… « Ça ira, merci beaucoup ». Mais comme toujours, je reste courtoise et ne laisse rien transparaître. Une fois la portière ouverte, je me glisse hors de la voiture et déjà la silhouette de Nix m’apparaît, affichant un sourire de soulagement sur mes lèvres. Elle est belle. Je m’avance vers elle, son sourire faisant écho au mien. « Salut étrangère… » Je ris un peu et profite de l’étreinte qu’elle m’offre. « Alors, tu sais ce que Mme le maire nous réserve ? »

«Elle viendra chérie, arrête de douter. » « Et si elle ne venait pas ? » Face au miroir, je tourne la tête pour croiser le regard de ma mère, ne supportant pas de le croiser au travers d’un reflet. Je tente d’ajuster une chemise, puis la déboutonne et en enfile une autre, que je jette aussitôt. « Et puis fait chier, je sais pas quoi mettre ! » Je fouille dans mon armoire, immense, en plus de ce que ma propre mère a pu me ramener. Nous faisons sensiblement la même taille, nous n’avons simplement pas le même style. Ma mère est très classe, telle une star de cinéma des années 90. Hollywood et ses légendes, je l’y aurais bien vue. Sauf qu’elle n’est pas très paillettes, elle les supporte pour moi. Encore qu’elle se fait plus facilement à la vie mondaine que moi-même. Elle a de toute façon toujours tout entrepris bien mieux que moi et ne supporte pas que je le dise tel quel. « Et si c’est même pas elle ? »  « Nix, bébé, stop, tu te concentres, tu souffles, tu enfiles ça et tu t’en vas ! » « Quoi… ça ? » Elle me présente un tailleur, blanc, un pantalon cigarette et un gilet sans manches type garçon de café de la même couleur. J’imagine que ça se porte sans soutien-gorge. J’enfile le tout et me regarde dans le miroir. Je me trouve plutôt classe, mais ne peut m’empêcher de penser que Shay ne sera peut-être pas là pour le voir. Je vais finir par être en retard, alors je me contente d’un trait de crayon noir, d’un peu de rimmel et d’un bracelet en cuir que je noue autour de mon poignet. Je prends le temps de faire un dernier câlin à ma mère, de prendre toute l’énergie qu’elle me donne et me lance.Une plage, tout un tas d’installations que j’imagine n’être que pour nous et déjà je nous imagine, Shay et moi, au clair de lune. Je fais un rapide tour qui ne cesse de faire grandir mon sourire et me rends ensuite tout près du ponton, du côté route. J’attends l’auteur ou l’auteure de mon invitation anonyme. Voilà qu’un taxi arrive, et une femme enceinte en sort. Shay… Mon sourire ne cesse de s’étirer et déjà je tends la main vers elle pour la rapprocher de moi. « Salut étrangère… » Je ne peux m’empêcher de prendre son visage délicat entre mes doigts et de déposer un baiser au coin de ses lèvres. « Alors, tu sais ce que Mme le maire nous réserve ? » « Je le sais, mais si tu venais le découvrir ? » Je récupère sa main que je caresse tendrement de mon pouce et lui emboite le pas jusqu’à notre plage privatisée. Je ne lui lâche la main qu’une fois les quelques marches montées. « Tu es magnifique. » Je le lui dis, je le pense, sincèrement. Je me penche ensuite pour embrasser son ventre, mais ne sens pas Rose bouger autant que d’habitude. Shay m’a expliqué, elle n’a plus tout à fait la place pour bouger et puis maintenant qu’elle est retournée pour se présenter par la tête, elle n’a plus le même espace pour pouvoir s’exprimer. Vivement qu’elle pointe le bout de son nez. « Alors comme ça tu envoies des invitations anonymes. Ta sœur a peut-être raison, tu n’es pas si sage que tu n’y parais… » Servant une coupe de jus de fruits à ma belle avant de trinquer avec elle au champagne. « Je te propose qu’on trinque à Rose, à cette soirée, et à nous… »

Mon coeur s’affole dans ma poitrine une fois le pied posé sur la terre ferme. La portière du taxi claque se faisant se retourner Phoenix. Je me sens rassurée d’un seul coup, et mon sourire me trahit. Elle s’approche et je prends la main qu’elle me tend et la laisse déposer un baiser au coin de mes lèvres. Une douce chaleur m’envahit et si j’aurai eu envie de plus, je préfère ne rien dire, ne rien faire pour le moment. C’est simplement l’euphorie du moment, la retrouver là, savoir que je passe ma première saint valentin avec elle. C’est juste dingue, dans mon corps comme dans mon esprit. « Je le sais, mais si tu venais le découvrir ? » Je hoche la tête et garde sa main dans la sienne, la suivant sur la plage pour découvrir ce petit chapiteau tout à fait adorable, éclairé par des lumières tamisées, bougies et autres flambeaux. Au milieu trône une table pour deux, tout est absolument parfait et mes yeux brillent de satisfaction et d’émotion. « Tu es magnifique. » Je pose à nouveau mon regard sur elle, rougis presque, et souris de plus belle. « Merci. Tu es très belle toi aussi. J’adore quand tu portes du blanc. » Je suis on ne peut plus sincère. Elle est vraiment magnifique, j’ai juste sans doute un peu moins de facilités qu’elle à l’exprimer. Elle vient déposer un baiser sur le haut de mon ventre et naturellement je passe une main dans les cheveux de la brune. Rose ne bouge plus, elle a la tête en bas, prête à sortir, et j’ai dû expliquer à Phoenix que ce n’était pas contre elle si elle ne communiquait plus vraiment, que c’était normal. « Alors comme ça tu envoies des invitations anonymes. Ta sœur a peut-être raison, tu n’es pas si sage que tu n’y parais… » Je ris en m’installant alors qu’elle en fait de même. Je secoue un peu la tête, mine amusée. « Non, je ne suis pas fréquentable… » Je lui souris de plus belle. Je crois que je suis heureuse, tout simplement. Je la laisse me servir du jus de fruit alors qu’elle se sert une coupe de champagne. J’ai hâte de pouvoir y goûter à nouveau. Nous trinquons, les yeux brillants. « Je te propose qu’on trinque à Rose, à cette soirée, et à nous… » Mon sourire s’étire. « Oui, à Rose qui va être gâtée au delà du possible, j’en ai bien peur, et à nous. » Je bois une gorgée de mon verre avant de le reposer sur la table. « J’ai été à la clinique hier, j’ai discuté pas mal avec la sage femme qui va s’occuper de mon accouchement, et avec l’obstétricien. Si tout se goupille correctement, elle devrait être là d’ici un peu plus d’une semaine. J’ai tellement hâte… » Je me mords la lèvre inférieure en souriant. J’ai du mal à croire que je vais donner la vie une seconde fois.

Je crois qu’elle est très loin de se douter d’à quel point je peux avoir le trac ce soir. Elle ne sait aucunement ce que ça peut représenter pour moi ce genre de choses, de faire les choses comme un couple normal, qui prend le temps de vivre et de se construire, je n’ai jamais connu ça et encore moins avec une femme dont je suis amoureuse. Je n’ai jamais été amoureuse, en dehors d’elle. Et de toute façon, il n’y en n’aura pas d’autre. Si Shay décrète que ça ne fonctionnera pas elle et moi, alors ça ne fonctionnera avec personne d’autre. Ce sera soit elle, soit personne ! Je parle comme une gamine de 14 ans, je le sais. Mais qu’en aurai-je à faire ?Je la vois arriver, en taxi, faisant attention à ne pas faire de mouvements trop brusques pour sortir de la voiture. Elle est plus qu’enceinte, ça, c’est une évidence, et j’aime la voir comme ça, si épanouie. « Merci. Tu es très belle toi aussi. J’adore quand tu portes du blanc. » Je prends note de tout ça, ça lui plaît quand je porte du blanc, je ne manquerais pas de m’en souvenir quoi qu’il en soit. Et ses compliments sont assez rares pour avoir beaucoup de valeur. J’ai appris à composer avec Shay, elle ne dit pas tout, elle le fait comprendre, et c’est censé me suffire. Je crois que c’est en effet le cas. Je suis heureuse, ça doit me convenir. De toute façon, du moment que je suis à ses côtés, tout me convient…« Non, je ne suis pas fréquentable… » Installée face à elle, je pose une main sur la sienne, puis saisi son menton, afin de caresser sa joue, tendrement. « Tu connais mon faible pour les bad girls… » Je l’embrasse, cette fois-ci, parce que ça me brûle les lèvres et que ce moment est simplement parfait. Le soleil se couche déjà, en tout cas, commence à le faire, et Shay, tout contre moi, je ne saurais rien demander de plus pour me sentir comblée. « Oui, à Rose qui va être gâtée au-delà du possible, j’en ai bien peur, et à nous. » «Oh non, n’ai pas peur, fais-toi simplement à l’idée. » Je ris, parce que je sais très bien que je ne serais pas capable de me réfréner, je vais devoir la gâter comme il se doit, parce que ce sera plus fort que moi. Et si nous sommes encore ensemble dans les mois à venir… Je ne vais simplement pas pouvoir tenir ma mère très longtemps !« J’ai été à la clinique hier, j’ai discuté pas mal avec la sage femme qui va s’occuper de mon accouchement, et avec l’obstétricien. Si tout se goupille correctement, elle devrait être là d’ici un peu plus d’une semaine. J’ai tellement hâte… » « Une semaine, wow… c’est tellement… vrai. » Ca fait bizarre d’en parler depuis des mois et tout d’un coup d’être sûre d’une date. Dans une semaine environ. Ça me fait penser à quand j’étais gamine et que j’attendais le courrier de ma mère au pensionnat. Jamais rien ne m’avait rendu si heureuse à cette époque que le moment du courrier, que j’attendais tous les jours patiemment. J’entoure Shay de mes bras, mes mains sur son ventre, juste face à la mer, le moment est simplement parfait. « Tu as tout ce qu’il te faut ? Enfin pour… quand elle arrivera. » Je commence même à trembler légèrement. Mes mains ne sont plus aussi assurées qu’elles ne l’étaient avant son aveu, c’est beaucoup d’émotions. «Léo est au courant de tout ça ? Il… sera là ?  » Je la vois lorgner sur le plateau de toasts depuis tout à l’heure et je fini par prendre pitié en lui attrapant pour les lui tendre, je sens sa faim d’ici !

« Tu connais mon faible pour les bad girls… » Je ris un peu, parce qu’elle se fiche de moi, mais que c’est de bonne guerre. Et je crois que j’aime bien quand elle me taquine. Je la laisse m’embrasser, j’en profite, j’aime le goût de ses lèvres et l’intensité qu’elle peut mettre même dans un baiser aussi simple soit-il. L’endroit est sublime, elle est sublime, et je ne regrette pas d’avoir envoyé cette invitation mystère pour pouvoir passer cette soirée avec elle. Tout est parfait et je me sens aux anges. Comme quoi. Après avoir trinqué je commence à parler de Rose - encore - de mon rendez vous d’hier à la clinique, et le terme de mon accouchement qui ne devrait plus tarder. Je commence à avoir du mal à tenir debout pendant longtemps, j’ai envie de pisser toutes les cinq minutes et mon dos me fait n mal de chien. « Une semaine, wow… c’est tellement… vrai » Je lui souris. J’ai du mal à m’en rendre compte moi aussi, mais je vois que ça a l’air de chambouler Nix plus qu’elle ne le voudrait. Je trouve ça adorable. J’ai bien peur d’imaginer à quel point elle va aimer cet enfant, il faudra que je fasse attention. Nix rapproche sa chaise de la mienne et m’entoure de ses bras dans lesquels je me love sans broncher. J’ai étrangement besoin de tendresse. Sa main parcourt mon ventre et je souris avant de venir passer ma main sur la sienne en la sentant trembler légèrement. Elle est presque plus stressée que moi. « Tu as tout ce qu’il te faut ? Enfin pour… quand elle arrivera. » « Tout est prêt, elle a une chambre magnifique, des peluches à n’en plus pouvoir et ce n’est pas fini, et des pyjamas trop mignons… » Je ris un peu, me sentant bizarrement un peu plus nerveuse. J’entrelace mes doigts avec les siens et pose ma tête contre la sienne avant de poser mes yeux sur les petits fours qui ne semblent appeler que moi. « Léo est au courant de tout ça ? Il… sera là ? » Je hoche la tête et elle me donne un toast, ce qui me fait sourire. Je la remercie en murmurant avant de répondre à sa question. « Il est au courant oui, il a dit qu’il fallait que je l’appelle quand je commencerai à avoir des contractions, il viendra à l’hôpital. Mais de toute manière c’est ma soeur qui m’accompagnera en salle de travail. Je lui ai demandé. » Pour moi c’est encore le plus logique. Je commence à peine une relation saine avec Phoenix, Leo est mon meilleur ami et le père de ma fille mais j’estime qu’il n’a pas tant de légitimité que ça à être là pendant mon accouchement. alors ma soeur sera là. « Et ne t’inquiètes pas, je suis sûre que Liv pensera à te tenir au courant, pendant que je serai dans les vapes ! » Je lui souris. Je sais qu’elle s’inquiète mais bizarrement, je me sens sereine. J’ai accepté d’être enceinte, d’avoir un enfant même s’il n’est pas né et élevé dans des circonstances optimales au niveau de la famille; Je sais que tout ira bien. Je pioche un nouveau toast, en mange la moitié et propose l’autre moitié devant la bouche de Nix. « Tu devrais goûter, c’est délicieux ! »

Il est vrai que les bad girls ont toujours été plus ma tasse de thé que les filles du genre de Shay, avec leur côté bien rangé, presque sainte nitouche. Mais il faut la connaître pour se rendre compte du panel de sa personnalité. Elle a tellement de facettes, j’en suis moi-même parfois perdue ! Mais j’aime ça, sa pluralité, sans doute aussi parce que j’ai toujours quelque-chose de nouveau à découvrir chez elle. Je ne trouve jamais le temps long quand il est passé à ses côtés et je suis toujours surprise, d’une façon ou d’une autre. C’est ce que j’aime le plus chez elle, sa façon d’être et de s’adapter à chaque situation.
« Tout est prêt, elle a une chambre magnifique, des peluches à n’en plus pouvoir et ce n’est pas fini, et des pyjamas trop mignons… » « D’ailleurs à ce propos… Comme vous n’êtes encore qu’une, je ne voulais pas faire de jalousies. » Lui tendant un sac cadeau. « Le tient est pour le dessert. Je tenais à respecter les traditions. » Je lui souris, tendrement et lui donne le sac, un petit pyjama, avec la devise qu’elle avait mise sur le premier t-shirt qu’elle avait cousu pour moi. Elle s’en souviendra, ce fameux matin où elle était venue m’apporter son cadeau, juste après le défilé, taille naissance. «Tu l’imagines aussi petite ? » Ca me fascine tout ça, et je crois qu’elle aussi vu le regard qu’elle pose dessus.

« Il est au courant oui, il a dit qu’il fallait que je l’appelle quand je commencerai à avoir des contractions, il viendra à l’hôpital. Mais de toute manière c’est ma soeur qui m’accompagnera en salle de travail. Je lui ai demandé. » « Je crois que tu as besoin de toute la confiance que tu pourras prendre. Ça va aller ? » Moralement parlant, elle doit être terrorisée, je le serais, moi, si on me disait que je risquais d’accoucher dans les jours à venir ! J’admire son courage à tout vouloir faire toute seule. « Et ne t’inquiètes pas, je suis sûre que Liv pensera à te tenir au courant, pendant que je serai dans les vapes ! » « Mais je serais juste dans le couloir, tu crois quoi ? » Je lui souris, amusée, il est hors de question que je ne manque ça. Et je ferais attention à ce que toute la presse en sache le moins possible. Après tout, si j’ai les moyens de protéger son anonymat.

Je lui tends un toast qu’elle ne mange qu’à moitié pour me laisser le reste. « Tu devrais goûter, c’est délicieux ! » Je gobe le petit toast comme elle me le donne et lui fait comprendre par une onomatopée à quel point je me régale. « Je sais qu’on ne doit pas y aller trop vite Shay mais… Si ce soir on décidait de débrancher toute réflexion et qu’on en profitait ? Toi, moi, la plage et le soleil. Le champagne je le garde pour moi mais tu vas adorer le dîner ! » Je ris, parce que son appétit en ce moment est assez impressionnant. Je pose ma main sur la sienne, sur la table et dépose un baiser dans ses cheveux. « Je n’étais vraiment pas sûre de qui j’allais trouver à ta place ce soir, j’ai passé la nuit à faire des cauchemars ! Des scénarii incroyables, des possibilités incroyables aussi, enfin bref, j’ai passé une nuit d’horreur !

Nix est aux petits soins, elle me demande si je n’ai plus besoin de rien en ce qui concerne ma fille. Je la rassure en lui disant qu’il ne manque rien, mis à part qu’elle pointe le bout de son nez. « D’ailleurs à ce propos… Comme vous n’êtes encore qu’une, je ne voulais pas faire de jalousies. » Je plisse un peu les yeux ne comprenant pas immédiatement, et elle me tends un cadeau. « Le tient est pour le dessert. Je tenais à respecter les traditions. » Je réponds à son sourire et me saisis du sac cadeau. « Merci beaucoup… » Doucement je déballe le papier pour découvrir un petit pyjama absolument adorable, avec marqué sur le devant les quelques mots, ceux que j’avais choisis pour le tout premier t-shirt que j’avais confectionné pour Phoenix. Comme si la boucle était désormais bouclée. Emue, les yeux brillants, je garde le pyjama dans mes mains et m’approche de la jeune femme pour l’étreindre tendrement. « Merci, il est parfait. » Je me recule et le regarde une nouvelle fois en le tendant pour le voir de toute sa hauteur. « Tu l’imagines aussi petite ? » Je ris un peu. « L’obstétricien a dit qu’elle ne sera pas bien grosse, moins de trois kilos à l’accouchement. Wyatt faisait 3 kilos 750. Elle va passer comme une lettre à la poste ! » Je ris un peu et continue de répondre aux questions de la jeune femme, mes yeux toujours plongés dans les siens. « Je crois que tu as besoin de toute la confiance que tu pourras prendre. Ça va aller ? » Je lui souris de plus belle et viens récupérer sa main. « Bien sûr que ça va aller. » Je m’en persuade, c’est ce que j’ai de mieux à faire. J’ai peur qu’il se passe la même chose qu’avec mon fils, bien sûr, mais je m’efforce de penser que ce sera différent. Je ne peux pas me laisser aller à penser de manière négative. « Mais je serais juste dans le couloir, tu crois quoi ? » Je ris un peu, ça ne m’étonne pas tant que ça. Je sens bien que Nix a envie de s’investir plus que jamais dans notre histoire, et ça passe bien sûr par l’acceptation de ma fille à venir. Je sais qu’elles ont déjà tissé un lien toutes les deux, et c’est bien ce qui me fait peur. Si jamais ça venait à ne pas marcher pour nous ? Si elle était trop attachée à Rose ? J’essaie de ne pas penser à tout ça, pas ce soir. « Je sais qu’on ne doit pas y aller trop vite Shay mais… Si ce soir on décidait de débrancher toute réflexion et qu’on en profitait ? Toi, moi, la plage et le soleil. Le champagne je le garde pour moi mais tu vas adorer le dîner ! » Je lui rends son sourire, c’est comme si elle venait de lire dans mes pensées. J’entrelace nos doigts et lui fais signe d’approcher un peu. Je pose alors ma main sur sa joue et m’approche doucement pour venir l’embrasse avec lenteur et tendresse. Une fois fait je souris, contre ses lèvres. « Tu as raison. On va en profiter. » Je l’embrasse à nouveau et en me reculant je peux lire l’émotion et la satisfaction dans son regard. « Je n’étais vraiment pas sûre de qui j’allais trouver à ta place ce soir, j’ai passé la nuit à faire des cauchemars ! » Je ris, je ne peux pas m’en empêcher. « A ce point là ? Tu as tant de prétendantes que ça ? » je me moque un peu d’elle et continue de jouer avec ses doigts, liant et déliant notre main doucement. « Mais tu vois, je suis là, et on va profiter toutes les deux de cette… » Je m’arrête net en sentant un liquide couler le long de mes jambes. Mon coeur s’accélère et je tente de ne pas paraître trop paniquée. « Dis-moi que tu es venue en voiture… » Je vois qu’elle a du mal à saisir ce changement de discussion et je poursuis. « Nix, je suis en train de perdre les eaux… »

« Merci, il est parfait. » « Alors il te plaît, je suis soulagée. » Je n’étais même pas sûre que ce soit la bonne taille, je n’y connais tellement rien à tout ce qui touche aux enfants, que ce soit logistique ou quoi que ce soit. J’ai tout à apprendre, vraiment et puis il faut dire que même si j’apprends vite, je crois que j’ai intérêt à apprendre encore plus vite si je veux pouvoir donner un coup de main à Shay et non pas lui donner plus de boulot quand je suis à ses côtés. «Je sais à quel point la symbolique est importante pour toi et je voulais pouvoir marquer le coup. » Elle avait adoré cette phrase dans mes chansons et je voulais pouvoir lui faire savoir que l’empreinte de son geste était restée en moi. « L’obstétricien a dit qu’elle ne sera pas bien grosse, moins de trois kilos à l’accouchement. Wyatt faisait 3 kilos 750. Elle va passer comme une lettre à la poste ! » « Le modèle crevette alors. » Je lui souris, ça me fait tout bizarre, et tout d’un coup je trouve le pyjama trop grand. Au moins, elle l’aura pour plus tard. Je ne me suis jamais sentie si larguée sur un sujet ! On me parlerait chinois que j’y entendrais presque mieux ! « Bien sûr que ça va aller. » Elle a l’air plus rassurée que moi. Au moins une sur le lot.

« Tu as raison. On va en profiter. » J’aime sa façon de m’embrasser et j’en deviens toute chose, toute frissonnante, j’aime son contact, en fait, j’aime tout chez elle. « A ce point là ? Tu as tant de prétendantes que ça ? » « Tout le monde sait que je vis en Nouvelle-Zélande depuis quelques mois. Ça n’est plus un secret pour personne, alors oui, ça peut s’élever à un certain chiffre. Mais rassure-toi, tu n’as aucune concurrence. » Pas même certaines célébrités qui pourraient me courir après. « Mais tu vois, je suis là, et on va profiter toutes les deux de cette… » Je suis surprise de son intonation changeante, ça ne lui ressemble pas d’hésiter quand elle parle, moi un peu plus. «« Dis-moi que tu es venue en voiture… » «Oui, j’ai le 4x4 juste là mais je… » Je ne comprends pas où elle veut en venir mais son regard me signifie le reste. « Nix, je suis en train de perdre les eaux… » « Oh, merde. » Je me lève d’un bond et débarrasse tout ce qui se trouve autour, ne me demandez pas pourquoi, puis je lui tends la main pour l’aider à se lever en douceur. « Doucement Shay, respire, ça… ça va bien se passer. Super bien se passer ! » Je ne panique pas ! Si si, je panique, putain je panique ! Je l’aide à s’asseoir dans ma voiture, sur le siège avant et allume le GPS de la voiture. «Tu connais l’adresse ? De la clinique, tu connais l’adresse ? Et ta sœur, il faut appeler ta sœur ! » Je ne panique pas… je ne panique pas !

Sur la route, je surveille que Shay aille toujours aussi bien, pas de malaise, pas de contractions qui la coupent en deux, j’espère sincèrement qu’elle aille bien jusqu’à notre arrivée. Qu’elles iront bien ! «Ca va ma puce ? Tu tiens le coup ? Tiens le coup hein, on est presque arrivées ! Je crois… »

« Tout le monde sait que je vis en Nouvelle-Zélande depuis quelques mois. Ça n’est plus un secret pour personne, alors oui, ça peut s’élever à un certain chiffre. Mais rassure-toi, tu n’as aucune concurrence. » Je ne savais pas que la presse était au courant de son déménagement soudain en Nouvelle Zélande. Je me suis promise de ne pas lire les torchons people qu’on peut trouver n’importe où. Je me suis déjà rendue malade de jalousie en voyant Phoenix accompagnée de femmes sur son instagram, je pense que les relations qu’on lui prête dans les magazines people font mieux de rester inexistantes à mes yeux. J’aime cependant savoir que je n’ai aucune concurrence, pour ce point je la lais sincère, je la sens en tout cas. Elle ne ment pas quand elle dit qu’elle veut qu’on tente quelque chose toutes les deux alors qu’elle n’a jamais été en couple avec personne dans sa vie. Je n’ai même pas le temps de répondre que déjà je sens le liquide amniotique se répandre sur mes jambes. La sensation est désagréable et heureusement sans danger. Je baisse quand même les yeux pour vérifier que le liquide n’est pas teinté, ce qui pourrait laisser croire à un problème pour le bébé, mais heureusement, c’est bel et bien transparent. Je préviens Phoenix, je sais qu’elle n’y connaît rien mais quand même, on a tous vu dans les films que quand une femme perd les eaux c’est qu’elle s’apprête à donner la vie. Pour Whyatt les contractions avaient commencé presque instantanément après la rupture de la poche des eaux, mais pour le moment mis à part mon coeur qui s’est considérablement accéléré, je ne ressens aucune réelle douleur. « Oh, merde. » Je la regarde s’agiter, dans un autre contexte ou d’un point de vue extérieur j’aurai pu trouver ça amusant de la voir débarrasser tout ce qui se trouve autour de moi. « Doucement Shay, respire, ça… ça va bien se passer. Super bien se passer ! » Je garde ma main sur mon ventre en prévision d’une première contraction et prends le bras que Phoenix me tend pour me soutenir. Elle m’aide à m’asseoir sur le siège passager et prend place à la place du conducteur. Je récupère mon téléphone pour appeler ma soeur quand Nix me demande. « Tu connais l’adresse ? De la clinique, tu connais l’adresse ? Et ta sœur, il faut appeler ta sœur ! » « Non je connais pas l’adresse Nix… » Je compose le numéro de ma soeur quand la première contraction me saisit. Je ferme les yeux et me tords de douleur, me forçant à respirer du mieux que je peux. « Roule, dépêche-toi… » Je continue de souffler et quand la première contraction est passée j’appelle ma soeur. « Liv, ça a commencé, je suis avec Nix on est en route pour la maternité, prends mon sac et préviens Leo s’il te plait… Oui, oui ça va aller. Dépêche-toi s’il te plait je veux que tu viennes avec moi. Oui… » Je sens l’émotion qui commence à me submerger, j’ai peur, mais je ne suis pas seule. « Ca va ma puce ? Tu tiens le coup ? Tiens le coup hein, on est presque arrivées ! Je crois… » Je sens la main de la jeune femme se poser sur ma cuisse comme pour me rassurer et je pose ma main sur la sienne. « Ça va aller oui… » Je regarde l’heure, me concentre sur les contractions pour voir si elles ne sont pas trop rapprochées. Nous arrivons à la maternité assez rapidement et Nix me demande de rester là une seconde le temps qu’elle aille chercher quelqu’un. Elle fait bien, je ne suis pas sûre de pouvoir marcher du parking jusqu’à l’enceinte de l’hôpital sans accoucher sur place. Je sais que je n’en suis pas encore là, mais une nouvelle contraction me gagne et je suis seule, cette fois je panique.

Shay ne devait accoucher que dans une semaine, un peu plus même, et ben raté, c’est sans doute pour ce soir ! Elle qui est si attachée à la symbolique, la voilà comblée. Moi je suis juste en panique pour le moment ! Je crois avoir vu assez de films pour dire comment m’en sortir mais une fois devant ce n’est plus du tout aussi drôle que ça y paraît ! Je ne sais pas comment elle peut faire pour sembler le gérer avec tant de zénitude, elle n’est pas humaine, c’est tout, c’est tout ce que je retiens en tout cas ! Pour ma part, c’est le chaos total dans ma tête, et je dois avouer que sans son calme apparent, la situation serait pire. Nous sommes dans la voiture et je crois que je viens de lui poser plus de questions que ce à quoi elle peut répondre avant d’accoucher ! « Non je connais pas l’adresse Nix… » Elle ne connait pas l’adresse et je vais me débrouiller, je crois que je dois surtout me calmer, je dois être la partie solide de notre duo ce soir, du moins jusqu’à ce que sa sœur arrive.

« Roule, dépêche-toi… » J’accélère un peu mais reste concentrée sur la route, pas le moment de se faire arrêter, de perdre du temps ou de risquer l’accident. Je crois savoir où je vais mais il ne faut pas oublier que je ne suis que nouvelle habitante ! J’entends Shay qui supplie sa sœur de se pointer à l’hôpital, je sens que ça la gagne, que son self control commence à s’étioler. « Liv, ça a commencé, je suis avec Nix on est en route pour la maternité, prends mon sac et préviens Leo s’il te plait… Oui, oui ça va aller. Dépêche-toi s’il te plait je veux que tu viennes avec moi. Oui… » Je pose une main sur sa cuisse et l’encourage, gardant un œil sur la route, on va arriver à temps et elle aura un sublime bébé, je le sais, et les deux irons bien. La pensée positive, vous savez. Tout est bon à prendre ! « Ça va aller oui… » Je pose la voiture plus que je ne la gare sur les places d’urgence et vais chercher quelqu’un susceptible de l’aider. Et quand effectivement je reviens avec une infirmière et un fauteuil roulant, je la vois en pleine crise de panique, en pleurs. Olivia n’est pas encore arrivée, il n’y a que moi qui lui soit familier à cet instant. « Deux minutes, s’il-vous-plaît… » J’entoure Shay de mes bras, tandis qu’elle est dos à moi et l’encourage à se lâcher, pleurer un bon coup, nous ne sommes pas à quelques secondes près. « Shay… Calme-toi, ça va aller. Tout va bien se passer d’accord ? Elle est juste là une semaine plus tôt. Elle est en pleine forme, elle va bien, et toi aussi. Je ne suis pas loin et Liv et Léo vont arriver. Elle aura tout ce qu’il lui faut au moment d’arriver. Tout va bien… Tout va bien Shay… » Quand je sens son rythme cardiaque se calmer un peu et ses muscles se détendre, je la lâche, et l’aide à s’installer sur le fauteuil, sans la lâcher. Je ne suis pas loin, juste tout près, juste là. Elle n’a rien à craindre. Elle est enfin conduite jusqu’au service maternité, et je crois que la suite ne m’appartient pas.

Je souffle pour me persuader que tout va bien. Mes yeux sont rivés sur la route mais je ne la vois même pas. Dans ma tête, tout défile à une allure folle et je me force à ne pas penser à mal. Ce n’est qu’une semaine, je m’étais préparée à ce que ça arrive plus tôt, ça ira bien, oui ça ira bien. Nous arrivons heureusement assez vite à la maternité et Nix s’éclipse pour aller chercher quelqu’un, me laissant seule dans la voiture. Mais la panique me gagne pendant une nouvelle contraction, être seule alors que la douleur est si dure à supporter, ce n’est pas le plus agréable. J’aimerai avoir une main à serrer, un souffle, une voix pour me dire que tout ira bien. Et Nix arrive juste à ce moment là. La contraction vient de s’atténuer et je sens les bras de la jeune femme se serrer autour de moi, ses mains sur mon ventre et son visage près du mien, ses lèvres près de mon oreille. Elle me parle, me rassure. Les yeux clos je me concentre sur sa voix et uniquement sa voix. « Shay… Calme-toi, ça va aller. Tout va bien se passer d’accord ? Elle est juste là une semaine plus tôt. Elle est en pleine forme, elle va bien, et toi aussi. Je ne suis pas loin et Liv et Léo vont arriver. Elle aura tout ce qu’il lui faut au moment d’arriver. Tout va bien… Tout va bien Shay… » Je me contente de hocher doucement la tête lorsque je me sens un peu plus calme, et ils m’installent sur le fauteuil roulant. J’entends la sage-femme poser des questions à Phoenix pour savoir quand j’ai perdu les eaux, combien de contractions j’ai fait et à combien d’intervalle. Je réponds pour cette question puisque Nix était concentrée sur la route, impossible donc de savoir combien de temps il y avait entre les deux. Une fois dans le hall, la sage femme s’adresse à moi avec une voix calme et douce, une main sur mon épaule. « Je vais regarder quelle chambre est libre Melle Lawson, en attendant prenez le temps de respirer. » J’attrape la main de Nix comme pour me rassurer le temps que la sage-femme ne revienne. « Tu restes avec moi hein ? » Je sais que je vais être amenée dans une chambre, ils vont vérifier l’ouverture de mon col, chronométrer mes contractions, voir si le travail a vraiment commencé, et me faire une péridurale si j’en ressens le besoin. Je ne vais pas accoucher de suite, et tant que ma soeur n’est pas là je ne veux pas me retrouver seule. Nix me rassure et nous sommes amenées vers une chambre qui sera la mienne. Une fois sur le lit je laisse la sage femme vérifier ce qu’elle a à vérifier et m’explique qu’il faut attendre que les contractions soient plus rapprochées. Le col est dilaté mais pas encore suffisamment. Je la laisse alors repartir et tente de souffler un maximum pour évacuer mon stress. Nix reste près de moi, et assez rapidement Liv fait sa grande entrée. Elle se jette presque sur moi pour me prendre dans ses bras et je fonds en larme, le stress sûrement. « Tout va bien se passer ma puce, ça va, je suis là, on est là… » Elle caresse mes cheveux et je tente de calmer mes pleurs. « Tu as appelé Leo ? » Elle hoche la tête. « Oui, il était en déplacement pour le boulot à deux heures de route d’ici, il est parti il arrive. » Je hoche la tête. Ça ne m’inquiète pas dans la mesure où de toute manière je ne comptais pas accoucher avec lui. Qu’il voit sa fille dans les premiers me semblait logique, mais je ne me vois accoucher qu’en présence de ma soeur.
Le temps file et tous se précipite. Après une dernière vérification de la sage-femme, il est temps pour moi d’être emmenée en salle de travail. Je n’ai pas demandé la péridurale, toujours ce souci de tout faire de manière naturelle, bio etc… quelle belle connerie. Je serre la main de Nix une dernière fois et c’est accompagnée de ma soeur que je disparais en salle de travail.

Nous entrons dans l’hôpital et je sens la panique gagner Nix, je la reconnaîtrais entre mille, cette façon de faire face mais de perdre pied face à l’épreuve, je suis pareille et ma mère est sans doute la seule personne jusqu’à présent à pouvoir me calmer, mais c’est parce que Shay n’a encore jamais eu à me voir dans cet état. « Je vais regarder quelle chambre est libre Melle Lawson, en attendant prenez le temps de respirer. » Je sens Shay attraper ma main et je pose ma main par-dessus la sienne, debout près d’elle, près de son lit, je ne la quitte pas. Je me contente de glisser une main dans ses cheveux, délicatement, et de la faire respirer. « Tu restes avec moi hein ? » « Ne t’inquiète pas. » Je passe derrière elle et dépose un baiser sur son front, en douceur, passant mes mains dans ses cheveux pour les faire venir à moi, et donc en arrière pour elle. J’espère que mes gestes l’aident à se calmer un peu. Ce n’est pas grand-chose mais je tente de faire passer le temps en attendant que Liv ne se pointe. La connaissant elle doit aussi être à cent à l’heure ! . « Tout va bien se passer ma puce, ça va, je suis là, on est là… » Je pose une main sur l’épaule de Liv pour lui passer le relais et ne manque pas d’embrasser Shay en douceur pour lui laisser tout l’espace dont elle a besoin avec sa petite sœur. C’est leur histoire maintenant.

Je tourne en rond dans le couloir, et je me dis que sans une clope, je ne tiendrais pas le coup. Seulement, je ne suis pas capable de tenir en place, alors je sors allumer une cigarette et sors mon portable pour appeler la seule capable de me rassurer à cet instant. « Maman ? C’est moi… Si, c’était bien Shay, mais… Non, on est à l’hôpital. C’est le moment maman… Je sais pas, j’en sais rien ! Je sais pas quoi faire, quoi dire, quand… Oui je panique maman ! Toi t’es déjà passée par-là ! Non, Liv est avec elle. Je reste pas loin, oui, t’inquiète. Je crois que Liv s’est occupée de son sac… Je respire maman, je respire. » Je m’isole derrière la clinique et m’assied dans un coin, respirant à fond, je sais de quoi ma mère a peur. De la crise, mais ça va, je gère, je prends mon traitement comme il le faut, et je n’ai plus d’accès de colère comme je les avais, tout ça c’est grâce à Shay. « Je me calme, t’inquiète pas maman. Bien sûr que j’ai la trouille ! Et si ça se passait mal ? Et si… Et si Rose allait mal ? Je crois que j’en suis déjà raide dingue de ce bébé maman… Ouais, ça va aller. Y a pas de raison. Je te rappelle quand j’en sais plus, d’accord ? Je t’aime. » Je craque un coup, quelques larmes que j’essuie d’un revers de main et je file attendre dans le couloir, patiemment, ou pas, tournant en rond, faisant les cents pas, à l’abri des photographes potentiels et pleine de mes doutes et de mes angoisses. On dirait que c’est la femme que j’ai épousé il y a dix ans qui se trouve ici, mais non, ce n’est même pas encore tout à fait officiellement ma petite amie. Mais au fond, ça change quoi tout ça ?

Salle d’accouchement, blouse vert d’eau, pieds sur les étriers, et cette putain de douleur qui me saisit de plus en plus fréquemment. Je souffle et ma soeur me demande de faire le petit chien. Bientôt on sera à égalité, deux partout. Ce n’est pas un concours, jamais de la vie. Mais Olivia a mis au monde deux enfants, et ce sera bientôt mon cas. J’espère que j’aurai plus de chance sur ce coup là. Pour Whyatt, j’avais tout fait pour repousser la péridurale, je n’en voulais pas, mais ils avaient fini par me persuader que c’était mieux pour tout le monde. D’après l’obstétricien, Rose n’est pas bien grosse, et tout se présente bien alors je ne veux pas m’infliger une seringue grosse comme le bras. Autant éviter. Je sens ma peau moite de transpiration, Liv m’attache les cheveux comme elle peut et une nouvelle contraction me saisit. « Ça va être le moment Melle Lawson, vous êtes prête ? Le travail a bien commencé. » Je secoue la tête et Liv serre ma main en me rassurant. « Mais si, ça va aller, t’es la meilleure. » Je sens l’angoisse s’emparer de moi et je suffoque. « Tu veux que j’aille la chercher ? » Je pose mon regard dans celui de ma soeur et mon coeur gronde encore plus dans ma poitrine. Elle me connaît par coeur, je n’ai même pas besoin de dire quoi que ce soit. Je ne veux pas réfléchir, j’en suis tout bonnement incapable. Mais ma soeur a compris, elle. Je veux que Phoenix soit là. Elle demande à l’équipe médicale de l’attendre deux minutes et je me concentre au maximum pour retarder le processus un maximum. Le temps me paraît infiniment long mais quand je vois Liv revenir, elle est accompagnée de Phoenix qui porte elle aussi une blouse de la même couleur que la mienne et celle de ma soeur. Je la sens plus émue que jamais et je viens chercher sa main, alors que l’autre tient déjà celle de ma soeur. Maintenant on peut commencer. Le travail ne dure pas si longtemps, moins d’une heure, et heureusement d’ailleurs. La délivrance lorsque je sens le corps de mon bébé quitter le mien. Je suis à bout de souffle, je ne ressens plus aucune sensation physique à l’instant où j’entends son premier cri. Je pleure, parce que toute la pression ressentie est trop intense. C’est Liv qui coupe le cordon et ils peuvent maintenant essuyer ma petite crevette avant de la poser tout contre moi. C’est une sensation indescriptible tant elle est puissante. Tout se déroule à une vitesse folle et déjà ils l’éloignent de moi pour lui donner son premier bain, la mesurer, la peser, vérifier que tout fonctionne correctement. « Vous avez déjà pensé à un prénom ? » Je hoche légèrement la tête et tourne les yeux vers Nix pour poser mon regard dans le sien avant de m’adresser à la sage-femme. « Rose. Elle s’appelle Rose. » Une nouvelle vague d’émotions vient s’emparer de moi mais la fatigue commence à prendre le pas. « Nous allons vous ramener dans votre chambre et nous vous amènerons Rose d’ici un petit instant, après l’examen de routine, d’accord ? » Je hoche la tête et me laisse déjà sombrer dans un état de somnolence.

Je ne saurais compter les pas que j’ai pu faire en attendant dans le stress, j’espère que tout se passe bien, pour l’une comme pour l’autre, et je sais que Liv peut gérer comme il faut, c’est la seule personne à donner assez confiance à Shay pour accoucher en toute sérénité. Elle est très proche de sa petite sœur, et j’aime voir la complicité qui les lie. Même elle passe son temps à tenter de décoincer un peu, mais ça devient un jeu pour nous. Je sais que Shay commence à lâcher un peu de leste, et à se sentir un peu plus libre, je crois en tout cas.
Liv vient me chercher dans le couloir. « C’est fini, elle est là ? » « Non, elle a besoin de toi, viens. » Je panique, mais je ne le montre pas, si elle a besoin de moi, je vais devoir me tenir. Et surtout prendre sur moi pour pouvoir l’accompagner au mieux. Je ne m’attendais pas à devoir jouer un rôle particulier dans son accouchement, je vais tout faire pour être à la hauteur, elle ne peut pas savoir à quel point ça me touche.
J’enfile une blouse avant de rentrer dans la salle d’accouchement où je retrouve Shay, sans péridurale, évidemment, elle est têtue, c’est dingue ! « Je suis là ma puce… » Je la rejoins et l’embrasse tendrement sur le front. Je prends alors place tout près de Liv, derrière Shay et nous lui donnons tout le courage possible pour l’aider à pousser quand il le faut et donner vie à sa petite crevette, qui deviendra peut-être aussi un peu la mienne, à sa façon.

« Tu t’en sors comme une reine bébé, plus qu’un dernier effort… » Je la coache, et l’encourage, et je caresse doucement ses cheveux pour lui donner la dernière once de courage tandis que Rose pointe le bout de son nez et pousse son premier cri, qui m’arrache quelques larmes d’émotion. Liv coupe le cordon, ça lui revient de droit je crois. Nous échangeons un regard complice et je tends le cou pour voir où est Rose. Quand ils lui posent enfin sur le ventre, je ne peux m’empêcher de la dévorer du regard. « Elle est sublime. Bravo… » Si elle se rendait compte de ce qu’elle vient de faire… Elle a mis un bébé au monde ! C’est juste un truc de fou ! « Vous avez déjà pensé à un prénom ? » « Rose. Elle s’appelle Rose. » Même si le prénom n’est pas une surprise, je me rends compte que je frissonne sous ma blouse, ça me rend toute chose, ça me fait tout drôle de l’entendre dire son prénom. Rose… bébé Rose. Pfiou… si elle savait la décharge d’adrénaline que je prends en si peu de temps ! « Nous allons vous ramener dans votre chambre et nous vous amènerons Rose d’ici un petit instant, après l’examen de routine, d’accord ? » Je prends en compte ces informations et me tourne vers Shay, glissant une main dans ses cheveux, trempés de tant d’efforts fournis. «Je suis super fière de toi. » Je l’embrasse tendrement sur le front, et elle est rapidement prise en charge par le reste de l’équipe médicale. Elle s’endort déjà et Liv l’embrasse une dernière fois avant de filer chercher le reste des affaires pour Rose et sa grande sœur.

Dans la chambre, plus d’une heure plus tard, c’est le couffin de bébé Rose qu’on apporte, et je ne saurais dire à quel point je suis… bouleversée. Wow, le choc. Poser mes yeux sur cette enfant, qui n’est certes pas la mienne mais que j’aime déjà tout comme… Shay dort profondément, elle l’a mérité après avoir accouché sans péridurale, je me demande parfois si elle est courageuse ou un peu mazo sur les bords ! Rose se met à pleurer, enfin pleurer… Rien qui ne puisse réveiller qui que ce soit. Elle est tellement petite qu’une brise de vent semblerait pouvoir la casser en deux. Alors je ne prends pas de risque, et je rapproche le berceau de moi en le faisant rouler, et pose ma main sur la sienne, la caressant doucement pour la calmer. «Chut… ça va aller, ça va aller. Tu n’es pas toute seule ma puce… tout va bien… » Une voix douce, qui semble l’apaiser, tandis que je la couve du regard.