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« Je suis là ma puce… » Allez savoir pourquoi, sa voix, son odeur, son toucher me rassure. J’avais besoin de ma soeur, mais je me suis rendu compte - cette fois pas trop tard - que j’avais aussi besoin de Phoenix à mes côtés. Parce qu’elle fait partie de ma vie, de mon quotidien depuis quelques mois, et il fallait bien que je me rende compte de toute manière du lien entre elle et Rose. Ce n’est pas pour rien que le prénom m’est venu en voyant un de ses tatouages. C’est comme si tout était réuni pour que mon accouchement se passe bien. « Tu t’en sors comme une reine bébé, plus qu’un dernier effort… » Je hoche la tête en soufflant et me concentre une dernière fois avant de sentir la dernière plus grosse douleur et enfin la délivrance. Tout va très vite et pourtant, je sais que je garderai en moi pour toujours les souvenirs de cet instant précieux. Ils posent ma fille tout contre ma peau et je ne peux retenir mes larmes d’émotion. Je ne réalise pas encore, ne me rends pas compte à quel point elle est magnifique. « Elle est sublime. Bravo… » Je n’entends rien, je suis dans ma bulle. Elle et moi, pour l’éternité. Ils me la reprennent trop rapidement mais me rassurent en me disant qu’ils viendront me la rapporter quand elle sera toute propre. « Je suis super fière de toi. ». La voix de Phoenix me parvient et j’esquisse un sourire en venant chercher sa main pour y déposer un baiser. « Merci d’avoir été là. » J’en fais de même avec ma soeur qui me gratifie elle aussi de ses plus beaux compliments. Mais la fatigue m’emporte et je me sens qu’à moitié partir dans les bras de Morphée.

Je me suis endormie quasi immédiatement et je n’entends pas la sage femme entrer pour amener ma fille. Lorsque la mère en moi entend un semblant de début de pleurs, j’ouvre les yeux. Le temps que ma vision s’éclaircisse, je vois l’ombre de Phoenix au dessus du berceau et sans savoir pourquoi ni comment, je me sens comme apaisée. Apaisée qu’elle soit encore là, qu’elle commence déjà à rassurer ma fille. Avec une volonté de fer je parviens à me réveiller, me redresser doucement dans mon lit, mon corps engourdi par la douleur ressentie un peu plus tôt. Ça a beau être mon 2ème, ça n’en est pas moins douloureux, surtout sans péridurale. Je me racle un peu la gorge et passe une main dans mes cheveux alors que Nix relève les yeux vers moi. Je lui adresse un petit sourire et immédiatement elle vient pousser le berceau jusqu’à mon lit. Second regard posé sur elle, ma fille, mon tout. Je me pince les lèvres saisie d’une forte émotion et plonge mes bras dans le berceau pour venir la récupérer, une main dans sa nuque pour soutenir sa tête. Je l’amène à moi, elle est tellement légère. Je la cale dans mes bras, contre moi et la regarde pendant des minutes entières. Ils lui ont mis un petit bonnet rose et je trouve ça trop mignon. Je la regarde sous toutes les coutures avec attention et un amour démesuré. La huitième merveille du monde. Je sens une larme rouler sur ma joue. « Je te promets de te rendre heureuse, je ferai du mieux que je pourrai pour que tu sois une petite fille épanouie et pleine de vie… » Je dépose quelques baisers sur son front minuscule. Elle est magnifique. Nix s’approche après m’avoir laissé un moment seule avec ma fille, puis elle vient poser une fesse sur le rebord du lit. Je regarde la jeune femme et je remarque à son regard qu’elle est tombée en amour devant cette petite crevette. Je n’en doutais pas. « Tu veux la prendre ? » Nix me regarde, émue, comme si elle n’imaginait pas avoir le droit de la toucher. Je cale Rose dans un de mes bras et à l’aide de l’autre je me décale sur le côté du lit pour laisser la place à Nix de venir s’asseoir près de moi. Une fois fait, je lui mets ma fille dans les bras, doucement. Les gestes de la jeune femme ne sont pas assurés mais ils traduisent pourtant une envie de bien faire. « Phoenix, je te présente Rose. Mon ange, voilà Nix, avant il y avait mon ventre entre vous, maintenant il n’est plus là… » Je souris, pose ma tête sur l’épaule de Nix et donne mon doigt à Rose qui s’empresse de refermer ses doigts minuscules sur le mien. J’ai hâte que la sage-femme revienne, qu’elle me dise combien elle pèse, mesure, si tout va bien, et à quelle heure j’aurai besoin de lui donner le sein.

Elle est enfin là, juste là, devant moi, devant nous. Rose a pointé le bout de son nez, je ne saurais dire combien ça me touche, combien ça me rend… si forte et vulnérable à la fois. Et je ne l’ai pas mise au monde, je n’ose même pas imaginer ce qu’a pu ressentir Shay, rien qu’à la voir et savoir que c’est elle qui a fait ce petit miracle. Parce que c’en est un, en tout cas elle est le mien. Elle est sans doute la seule raison pour laquelle j’ai tout foutu en l’air à l’aéroport, mes projets, ma vengeance, ma haine, tout… Tout, tout pour retrouver sa mère à l’hôpital, qui devenait d’apprendre qu’elle l’attendait déjà depuis plus de trois mois.
Autant vous dire que je n’aurais jamais pu croire au fait d’avoir vu tout ça se mettre en place, Rose venir au monde, Shay devenir maman, pour la seconde fois, et moi… me voir confier des responsabilités. Je suis une adulte à partir de maintenant. Je sais que ce n’est pas ma fille, et qu’on y va doucement Shay et moi mais sérieusement, si je ne deviens pas adulte maintenant, je le ferais quand et à quelle occasion ? Aux 18 ans de Rose ? Quand elle-même sera plus adulte que moi ? Elle sera plus mature que moi une fois passé les 6 ans !

Je n’ose pas la prendre dans mes bras, elle est encore beaucoup trop petite et puis c’est surtout à Shay de le faire, et de la consoler comme étant sa mère, parce qu’elle l’est. Elle a besoin de repos, beaucoup de repos. Un accouchement sans péridurale, sérieusement ? Je ne sais pas ce qui cloche chez elle mais son obsession du bio devient carrément inquiétante. Je souffre, je veux un calmant ! J’ai mal à la tête, je prends un cachet ! Tout pour éviter de souffrir inutilement. C’est un peu à ça que servait la drogue. Mais aujourd’hui, ma drogue, ce sera elles. Rien de moins fort, et c’est pourtant déjà beaucoup. Bien plus puissant que tout ce que j’ai pu prendre.
Shay se réveille et a le réflexe de prendre Rose dans ses bras. Elle n’a jamais eu aucune raison de douter d’être une bonne mère, elle est juste parfaite. « Je te promets de te rendre heureuse, je ferai du mieux que je pourrai pour que tu sois une petite fille épanouie et pleine de vie… » C’est un moment qui leur appartient, alors je reste en retrait, tout près de la fenêtre, les bras croisés, je ne veux pas interférer. Une fois que je sens que je peux enfin rentrer dans leur bulle, je l’ose, et pose une fesse sur le rebord du lit, tout près d’elles. « Tu veux la prendre ? » « Oh, heu… » Je ne sais pas, je n’ose pas, mais je ne crois pas pouvoir résister à son offre. J’en rêve, mais elle est si… fragile ! « Phoenix, je te présente Rose. Mon ange, voilà Nix, avant il y avait mon ventre entre vous, maintenant il n’est plus là… » Je la tiens entre mes bras, et n’ose pas bouger. Sa tête au creux de mon coude, mon regard rivé sur elle et ma respiration calée sur la sienne. Je ne soupçonnais pas qu’un petit bout de chou de cette taille puisse régir toute une vie et surtout conditionner un adulte à son rythme à lui. «Elle est… Toute petite ! » Les larmes aux yeux, et je croise une seconde le regard bleu de Shay, je n’ai pas le droit de me laisser submerger par l’émotion. «Bonjour beauté. Ne le prends pas mal mais tu es aussi belle que minuscule, alors on va remettre à plus tard le chapitre des bêtises et on va se concentrer sur les câlins, ça te dit ? » Je ne parviens pas à poser mon regard ailleurs que sur elle. Elle est calme, elle m’apaise, et elle se rendort presque tandis qu’elle tient mon doigt entre ses mains. Même ma voix est beaucoup plus douce qu’à mon habitude. Je ne me reconnais pas.

Une infirmière vient interrompre ce moment pour rassurer Shay sur la santé de Rose. «Bonjour. Je suis l’infirmière chargée du suivi de votre fille, ainsi que du votre. Comment vous sentez-vous ? Et ça, c’est à coller sur son berceau. Votre petite puce mesure 51 cm pour 2 kg 650. Félicitations. Et ce sera l’heure de la tété d’ici… 10 minutes. Vous avez besoin d’une aide quelconque ? » Je crois qu’en ayant eu Wyatt, il n’y a pas de problème pour les gestes d’usage mais rien ne dit qu’elle est aussi assurée qu’elle veut bien le montrer.

La rencontre avec ma fille, mon tout, mon monde désormais. Si j’ai pu la voir et la toucher à peine au moment où elle est venue au monde, où elle a poussé son premier cri, c’est maintenant l’heure de pouvoir la regarder pendant de longues minutes, des heures même. Je sais que je passerai mon temps à la regarder évoluer, dormir. Je ne veux rien rater, je veux profiter au maximum. Je sais que j’ai la chance d’avoir un boulot qui m’a permis de mettre de l’argent de côté, un boulot qui me permet de rester à la maison. Et maintenant qu’elle est là, je vais très certainement retrouver l’inspiration pour créer. Créer pour elle et pour tout un tas d’autres petits bouts de chou adorables. Je caresse sa peau, lui parle doucement, tendrement. J’ai du mal à réaliser qu’elle est bel et bien là, qu’elle va bien. Du moins je suppose sinon les médecins ne l’auraient pas amenée ici sans me réveiller pour me dire qu’il y avait quelque chose qui clochait. Après m’avoir laissé un moment avec ma fille, Nix s’approche et je lui propose de prendre Rose dans ses bras. Elle hésite et ça me fait sourire. Je ne lui laisse pas vraiment le choix, je sais le lien qui les a liées pendant la fin de ma grossesse, et je sais maintenant que Nix fera tout pour ne plus me décevoir. Je veux pouvoir lui faire confiance. Et son regard sur ma fille ne trompe pas, elle est déjà raide dingue d’elle, sûrement pas autant que moi, mais elle vient très vite derrière. Je fais les présentations, parce que j’ai toujours eu l’habitude de beaucoup parler avec Whyatt, lui expliquer les choses pour le rassurer, c’est important. Et je le ferai aussi avec Rose. « Elle est… Toute petite ! » Je ris un peu et reste tout contre elle, caressant les mains et les doigts minuscules de ma fille. « Oui. C’est une petite crevette. » Je sens l’émotion dans la voix de Nix, j’aime voir ça. « Bonjour beauté. Ne le prends pas mal mais tu es aussi belle que minuscule, alors on va remettre à plus tard le chapitre des bêtises et on va se concentrer sur les câlins, ça te dit ? » Je ris une nouvelle fois, tout doucement pour ne pas brusquer ce moment tout à fait adorable. Je n’ai jamais eu le plaisir d’entendre cette voix chez Nix, si douce, si… maternelle. Etrangement.

Une infirmière entre dans la chambre et je me redresse un peu dans le lit, laissant ma fille pour le moment dans les bras de Nix. « Bonjour. Je suis l’infirmière chargée du suivi de votre fille, ainsi que du votre. Comment vous sentez-vous ? Et ça, c’est à coller sur son berceau. Votre petite puce mesure 51 cm pour 2 kg 650. Félicitations. Et ce sera l’heure de la tété d’ici… 10 minutes. Vous avez besoin d’une aide quelconque ? » Je hoche la tête en lui offrant un sourire. Ma mine doit être fatiguée, mais je me sens comblée. « Tout va bien, je vous remercie. » 51 centimètres, 2kg 650, elle est vraiment minuscule. « Tout va bien pour elle ? » Elle me sourit à son tour. « Elle est en pleine forme, c’est déjà une coquine, elle a fait pipi sur le pédiatre pendant l’examen. » Je ris un peu, amusée par l’entente de cette nouvelle. « Merci beaucoup. » Elle s’éclipse, comprenant que je n’ai pas besoin de grand chose pour le moment, et je repose mon regard sur Rose dans les bras de Nix. Elle s’est endormie. Nous restons là silencieuses à la regarder jusqu’à ce qu’elle se réveille et commence à pleurer un peu. « Elle doit avoir faim. Tu sais aussi bien que moi comme elle est gourmande ! » Je souris à Nix, complice, et délicatement je viens récupérer ma fille pour la prendre dans mes bras. Je me dépatouille comme je peux avec cette blouse et libère un de mes seins pour pouvoir la nourrir. La sensation physique n’est pas agréable, mais voir ses petites lèvres se refermer autour de mon téton me fait sourire. Elle est tellement belle…

Je n’aurais jamais imaginé qu’elle puisse être si petite et surtout si en forme. Un bébé en pleine santé avec cette taille-là ? Se pourrait-il qu’un petit être vivant soit capable de se défendre contre le monde qui l’entoure en étant si petit ? J’en apprends tous les jours depuis que j’ai rencontré Shay et j’imagine que je n’ai pas fini maintenant que Rose est là. Elle est fascinante. Tout est minuscule chez elle, et paraît extrêmement fragile. Je ne sais même pas si je peux la toucher sans lui faire mal. J’ai très peu de ça, j’ai peur de la blesser, sans faire exprès, bien entendu mais de lui faire du mal, bien malgré moi. Pourtant Shay n’a pas l’air de douter de moi, au contraire, elle me propose de prendre la petite sans même ciller. Comme si c’était naturellement à moi de le faire. Je ne sais pas depuis quand elle place tant de confiance en moi mais ça me touche. « Oui. C’est une petite crevette. » Tu parles une crevette, c’est même le modèle en dessous ! Mais Shay n’est pas un gros morceau, ceci explique cela.

Une infirmière entre dans la chambre et je ne lui accorde malheureusement qu’un léger regard, incapable de m’éloigner trop de la petite merveille que je peux avoir dans les bras. Je ne saurais dire ce que je ressens mais c’est un truc de dingue. C’est un bébé, c’est celui de Shay, et c’est le bébé qui me répondait quand je lui parlais au travers du ventre de sa mère. C’est tellement concret tout ça maintenant. Ça fait tout drôle. « Tout va bien pour elle ? » Elle me sourit à son tour. « Elle est en pleine forme, c’est déjà une coquine, elle a fait pipi sur le pédiatre pendant l’examen. » Je ne peux retenir un rictus amusé, on est déjà complices dans les bêtises. Une championne, voilà ce que ce sera. Rose s’est endormie dans mes bras, pour la première fois. Tout ce qu’elle fera seront des premières fois et si je fonds comme ça à chaque première fois, et ben je vais mal tourner moi ! Elle se met à pleurer moins d’une demi-heure plus tard et contre toute attente, je ne panique pas, mais je cherche à la réconforter. «Chut… ma puce, tout va bien… maman est là… tu la vois ? » Ouais, je pense que la voir elle s’en fout, elle a besoin de la sentir tout près d’elle ! « Elle doit avoir faim. Tu sais aussi bien que moi comme elle est gourmande ! » «Ah oui, c’est vrai. Les framboises à 3 h du matin, c’était elle, pas toi. » Je la regarde, complice, puis nous rions, doucement pour ne pas la faire sursauter. Mais ça me fait rire. Je laisse un moment à Shay pour profiter de sa fille, et relève une mèche de ses cheveux blonds, délicatement, quand je la vois tomber sur son front. Je dépose un baiser sur sa tête et leur laisse ce moment à toutes les deux. «Je vais me chercher un café, je te remonte un thé ? »

Je ne peux pas me résoudre à rentrer, je passe la meilleure Saint Valentin de tous les temps et je ne me lasse pas de regarder Rose dormir. La nuit passe, nuit que je passe dans un coin du fauteuil, recroquevillée, parce que je ne me sens pas m’endormir et que Shay ne parvient pas à tenir très longtemps non plus. Je ne la laisserais pas toute seule.
Au petit matin, après un baiser tendre à Shay pour tout bonjour et un regard émerveillé pour Rose, je descends chercher un café, il faut que je me réveille. Et surprise, en bas, les bras chargés de cadeaux, c’est ma mère que je trouve… Putain, elle m’aura tout fait, vraiment. « Maman… T’aurais dû le dire, je serais venue te chercher, ou… » «Je sais, mais j’ai pas pu résister, je tourne en rond depuis hier soir. Et puis tu réponds pas au téléphone ! » « Parce qu’ils sont interdis dans le service maman, c’est tout. » « Et prendre 5 minutes pour rassurer ta mère et me dire que Shay et la petite vont bien, jamais ? » « Si, j’aurais dû. » Je soupire, j’abandonne, de toute façon j’aurais tord même si j’ai raison. Mais ça me fait rire. Je lui prends un café pour elle aussi et l’aide à porter la moitié de ses cadeaux, sérieusement, elle va nous remplir la chambre là !
Je remonte avec elle, et pousse doucement la porte. « Surprise… » D’une voix douce pour ne pas réveiller Rose. « Ma belle… Toutes mes félicitations… » Ma mère s’approche doucement de Shay et la prends tendrement dans ses bras, je sais qu’elle l’adore. « C’est toi qui a fait ça ? Mon dieu qu’elle est belle… » Le sourire de ma mère ne ment pas, je ne l’ai jamais vue si attendrie. Que ça ne lui donne pas l’idée d’en faire un autre !

L’infirmière m’a assuré que tout allait bien, et je suis plus tranquille désormais. Ma fille est en pleine forme, même pas quelques heures et elle commence les bêtises. Ça ne m’étonne qu’à moitié, elle était déjà bien agitée dans mon ventre. Et d’autant plus au contact de Phoenix. J’ai presque peur de leur complicité et de ce qu’elles me réservent. Rose se met à pleurer légèrement et contre toute attente, Nix ne panique pas. Les gens qui n’ont jamais été en contact avec des enfants en bas âge ont tendance à paniquer rapidement aux premiers pleurs. Au lieu de ça, elle lui parle calmement comme pour la rassurer. « Chut… ma puce, tout va bien… maman est là… tu la vois ? » Je souris devant ce tableau tout à fait adorable et récupère ma petite crevette pour pouvoir lui donner à manger, pour la première fois. « Ah oui, c’est vrai. Les framboises à 3 h du matin, c’était elle, pas toi. » Je ris avec elle et hoche vivement la tête. « Bien sûr que c’était elle ! » Je ferme les yeux lorsque Nix replace une de mes mèches de cheveux et je lui souris tendrement. J’ai l’impression de découvrir une nouvelle facette d’elle, une facette à laquelle je m’attache peut-être plus que je ne le devrais. « Je vais me chercher un café, je te remonte un thé ? » Je hoche la tête. « Je veux bien oui, merci beaucoup. » Je lui souris et la laisse repartir pendant que je savoure ce premier instant seule avec Rose. Je ne la quitte pas des yeux, admire les courbes de son visage, les lignes de sa bouche en coeur, de son petit nez retroussé, ses doigts fins qui attrapent déjà mon sein comme un doudou. Je souris bêtement devant ce spectacle et balaye dans mon esprit tous les doutes, tous ces moments difficiles lorsque j’ai appris que j’étais enceinte. Je lui donnerai tout, sans aucune exception. Ma fille… Je reste à la regarder, sourire béat, jusqu’à ce qu’elle termine son repas. Son appétit est à la hauteur de sa taille, et la tétée n’a pas été très longue. Je me couvre à nouveau et prends ma fille contre moi pour pouvoir lui faire faire son rot. L’un des avantages de nourrir un enfant au sein, c’est qu’il avale beaucoup moins d’air qu’avec un biberon et qu’il est donc moins gêné par des potentiels gaz qui pourraient lui faire mal au ventre. Comme un besoin de me dégourdir un peu les jambes, je pose pieds à terre, doucement. L’engourdissement de mes jambes se dissipe et je m’approche de la fenêtre tout en berçant Rose que je viens de changer de position, désormais allongée sur le dos, calée entre mes bras.

La porte de la chambre s’ouvre et je relève la tête, me tournant vers cette dernière. « Surprise… » Je plisse un peu les yeux, ne sachant pas trop à quoi m’attendre, et je vois Siobhan entrer à la suite de sa fille. Mon regard s’agrandit et elle s’approche pour m’étreindre tendrement en guise de bonjour. « Ma belle… Toutes mes félicitations… » « Merci beaucoup Siobhan. » Je lui souris et la laisse poser son regard admiratif sur ma fille, presque endormie dans mes bras. « C’est toi qui a fait ça ? Mon dieu qu’elle est belle… » Je souris de plus belle. « Merci. » Je me sens tellement chanceuse. Ma fille est en bonne santé et en plus de ça elle est magnifique. Je sais, on peut croire que c’est parce que je suis sa mère, que toutes les mères trouvent leur enfant magnifique. Mais en toute objectivité, elle est vraiment magnifique. « Vous voulez la prendre ? J’ai très envie d’une longue douche brûlante ! Elle dort presque, je pense que ça devrait aller. » Bien sûr qu’elle veut la prendre. Tout comme sa fille avant elle, elle n’attend que ça. Alors délicatement je fais le transfert de mes bras aux siens. Une fois fait, je replace le bonnet sur la tête de ma princesse et dépose un baiser sur sa joue minuscule. « Ne partez pas avec, je saurai où vous retrouver ! » Je ris légèrement et me dirige droit vers la salle de bain. Cette douche est une véritable bénédiction. J’y reste un temps qui me semble à la fois trop court et quasiment infini. Une fois sortie je m’enroule dans une serviette et me rends compte que je n’ai même pas pensé à prendre mes fringues pour me changer. Je sors ma tête dans l’embrasure de la porte. « Nix chérie ? » Je me rends compte de comment je viens de l’appeler, c’est sorti tout seul. Elle arrive rapidement et je lui souris. « Tu veux bien me donner mes affaires, dans mon sac. Des sous-vêtements, l'ensemble noir, mon legging bleu marine et un t-shirt, n’importe lequel, s’il te plait. » Elle s’exécute et quelques seconde plus tard j’entends frapper à la porte. Je lui donne le droit d’entrer et elle me donne ce que je lui ai demandé. « Merci ! » Lui dis-je dans un sourire avant de lui voler un baiser, mine de rien. « Ta mère ne veut plus la lâcher je suppose ? »

Face à Rose, Shay et moi sommes déjà très complices, qui l’eut cru ? Elle ne voulait pas de moi dans la vie de sa fille, et je le comprends, j’ai tout fait pour l’éloigner, mais maintenant qu’elle a compris à quel point j’étais sincère, j’espère qu’elle me laissera un peu plus de place. Je suis déjà complètement dingue de cette petite crevette, ce petit bout qui ne mesure pas plus de 50 cm et qui se trouve être déjà le centre de notre monde. Bien sûr qu’elle passe en premier, et le fera toujours, ça n’a jamais été une question à se poser pour nous. Pour elle comme pour moi. Je sais que si nous formons un couple Shay et moi, il y aura des choses à définir, mais Rose ne le sera pas, sa place est pour le moins évidente. Quand je la vois comme ça, dans les bras de la femme dont je suis raide amoureuse, c’est comme une évidence. Je sais qu’elle a un papa, et tout ce qui va avec, mais il n’empêche tout de même qu’on peut aimer un enfant qui n’est pas forcément le sien. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour tout leur donner. Bien sûr, j’aurais des ratés, forcément. Je ne peux pas apprendre à gérer comme ça en un claquement de doigts, mais je peux au moins tenter quelque-chose. Depuis que je fréquente Shay, beaucoup de choses me réussissent, alors pourquoi pas cette fois encore ? A cœur vaillant, rien d’impossible, paraît-il.

Le lendemain, c’est ma mère qui nous fait la surprise de débarquer. Elle aurait pu prévenir, oui, sans doute, mais je la connais, elle doit se ronger depuis hier soir à attendre des nouvelles. Je ne l’ai même pas prévenu, j’aurais dû. Mais l’émotion, tout ça, j’avais la tête ailleurs. Ça veut bien dire que je commence à pouvoir me débrouiller sans ma mère, et ça n’est pas un mal, même elle, le reconnaît. La seule chose pour laquelle j’étais douée sans elle, c’étaient mes conneries. Moins nombreuses ces derniers temps, et je la sens soulagée. C’est sans doute aussi grandement pour ça qu’elle apprécie autant Shay, parce qu’elle m’apaise et fait de moi quelqu’un de meilleur, de bien meilleur. Elle aime beaucoup ma partenaire, et passe son temps à l’appeler elle plutôt que moi quand elle nous sait ensemble, c’est sans doute parce qu’ELLE, elle répond quand on l’appelle. Dixit ma mère énervée. « Vous voulez la prendre ? J’ai très envie d’une longue douche brûlante ! Elle dort presque, je pense que ça devrait aller. » « Mais bien sûr que je veux la prendre… » Malheureuse, qu’est-ce qu’elle n’a pas fait. Le sourire de ma mère est tout illuminé et elle est déjà prête à prendre Rose au creux de son coude, sur le fauteuil près du lit. «Tu sais pas ce que tu viens de faire… » Je lui souris, tendrement. Mais refiler Rose à ma mère équivaut à la rendre amoureuse elle aussi et je vous jure que raisonner ma mère c’est plus difficile que moi ! « Ne partez pas avec, je saurai où vous retrouver ! » Elle lui assure d’un sourire qu’elle n’a aucune intention d’aller nulle part, elle est trop bien là, tu parles. Je ne sais pas d’où vient sa passion pour les bébés mais je sais que le regard de ma mère est toujours le même quand elle en a un entre les bras, sauf que cette fois, c’est encore différent, sans doute un peu plus intense encore. Je prends place tout près d’elles, et caresse doucement sa main, toujours aussi émerveillée. «Tu as vu comme elle a l’air fragile… » Je n’en reviens toujours pas. Un bébé. Shay a eu un bébé et c’est un bébé que je retrouverais quand j’irais la voir, quand on parlera de nous, quand… tout le temps. Ce bébé fait partie de ma vie désormais. Je suis dans ma bulle, quand Shay m’en sort en m’appelant. « Nix chérie ? » C’est tout naturellement que je la rejoins près de la porte de la salle de bain, feintant de ne pas avoir remarqué son petit surnom. Ça me fait sourire, ça me fait du bien. « Tu veux bien me donner mes affaires, dans mon sac. Des sous-vêtements, l'ensemble noir, mon legging bleu marine et un t-shirt, n’importe lequel, s’il te plait. » Je dépose une main sur son bras nu et m’exécute, fouillant dans sa valise, comme si elle était ma petite amie et que je savais exactement comment elle l’aurait rangé. Tout est en ordre, t-shirt, sous-vêtements, pantalons, même les chaussettes sont parfaitement pliées ! Elle n’a jamais vu une de mes valises pour partir en tournée ! Je frappe à la porte de Shay après avoir récupéré tout ce qu’elle m’avait demandé, ainsi qu’un t-shirt des Clash. Un de mes préférés. Elle me vole même un baiser, le plus naturellement du monde. « Ta mère ne veut plus la lâcher je suppose ? » « Oh ma mère tu la colles ici jusqu’à ses 6 ans, elle bougerait pas ! » Je souris, ma tête tout près de celle de Shay à les observer, à observer Rose et ma mère en pleine conversation. Je ne sais pas ce qu’elle lui raconte, mais Rose a l’air fascinée, elle ne lâche pas son regard d’elle, même si elle ne doit sans doute pas y voir grand-chose, sans doute que sa voix lui plaît. « Elle aurait dû prévenir, je sais. Mais j’ai oublié de la prévenir hier. » Une façon de m’excuser de ce débarquement intempestif, Shay doit être crevée en plus de ça. Je laisse Shay s’habiller et m’assied sur le lit à les écouter faire, enfin surtout ma mère, mais il arrive à Rose d’émettre un filet de voix, non pas pour pleurer, pour s’entendre sans doute, et se bercer elle-même, elle fait des petits bruits. Si petite, déjà ? Ca promet quand elle commencera à parler ! « Regarde mon cœur, qui c’est ? C’est mamaaaaan ! Et elle est toute propre ! On est toujours mieux dans les bras de maman, pas vrai ? » En plus elle la rend sans broncher !

A l’instant où Siobhan récupère mon bébé dans ses bras, Nix émet une petite phrase qui me fait sourire. « Tu sais pas ce que tu viens de faire… » Je secoue la tête, amusée, et file assez rapidement à la douche. Ça fait un bien fou, et j’en profite un maximum. Une fois douchée et enroulée dans cette serviette, je demande à Nix d’aller me chercher mes affaires. Elle revient assez vite et je lui demande comment ça se passe avec sa mère. « Oh ma mère tu la colles ici jusqu’à ses 6 ans, elle bougerait pas ! » Je ris un peu, rassurée de savoir qu’elle aime beaucoup les enfants en bas âge, même si je n’en doutais pas vraiment. « Elle aurait dû prévenir, je sais. Mais j’ai oublié de la prévenir hier. » « Tu plaisantes ? Ça me fait plaisir qu’elle soit là. Et je trouve ça trop mignon qu’elle se soit inquiétée pour moi… » Je ne le dis pas, mais elle fait un peu partie de ma famille mine de rien. Elle a toujours été là pour Nix et pour moi quand j’en ai eu besoin. Je sais qu’elle m’aime beaucoup, et c’est réciproque. Une fois habillée je quitte la salle de bain et tout sourire, je suis attirée par ma fille. « Regarde mon cœur, qui c’est ? C’est mamaaaaan ! Et elle est toute propre ! On est toujours mieux dans les bras de maman, pas vrai ? » Je souris de plus belle, ce sourire de béatitude qui ne me quitte pas. Je dois avoir une tête de zombie vue la fatigue mais je me sens plus heureuse que jamais, bizarrement. Je me promets d’envoyer un message à Lukas d’ici demain pour prendre des nouvelles de son fils, et lui annoncer la naissance de Rose à mon tour. C’est bizarre de se dire que nos enfants n’ont que quelques semaines d’écart, à peine. Je récupère donc ma fille dans mes bras, complètement amoureuse. Nix s’approche de moi et nous restons là toutes les deux complètement bêtas devant Rose. Elle va avoir plus d’amour qu’il n’en faut. Et puis j’entends qu’on frappe à la porte. Juste le temps de tourner la tête que j’aperçois le visage de Leo, à peine caché derrière un énorme bouquet de fleurs. J’esquisse un sourire. « Bonjour ! » Il entre et salue Siobhan d’un hochement de tête puis pose son regard sur moi, puis sur Rose. Rose qui tient encore fermement l’index de Nix entre ses petits doigts. « Mon dieu… » Je vois l’émotion dans ses yeux alors qu’il se pince les lèvres pour retenir tout ce qu’il peut ressentir. Rose lâche alors le doigt de Nix qui, cette dernière, s’efface face à l’arrivée de Leo.

« Alors, c’est toi la petite princesse ? » Je souris et il plaque un baiser sur mon front. « Elle est… enfin j’ai pas moyen vraiment de comparer mais je la trouve absolument magnifique. » Je hausse un peu les épaules en souriant. « Elle a de qui tenir ! » Je parle de lui, je ne suis pas du genre à faire moi-même enfler mes chevilles. Leo est un très bel homme, on ne peut pas le nier, alors forcément, Rose ne pouvait qu’être jolie. « Mon amour, je te présente ton papa. » Je sens l’émotion s’emparer chez moi aussi. La rencontre avec son père. Longtemps j’ai cru qu’il n’assumerait pas son rôle. Il le fera de manière moins important qu’un couple de parents dits ‘normaux’ qui vivent ensemble et tout le reste. « Je peux la prendre ? » Je hoche la tête. « Bien sûr, assieds-toi ! » Je lui fais signe de prendre place dans le fauteuil sans faire attention qu’il y a encore un instant, Siobhan était assise ici. Je le laisse prendre place, lui mets Rose dans les bras et lui explique qu’il faut faire attention à bien soutenir sa tête parce qu’elle n’a encore pas de muscles pour la soutenir, elle est trop lourde. Je m’accroupis et reste là près de lui le temps qu’ils fassent connaissance. Le temps passe et je me crée sans le vouloir une bulle avec lui et notre fille, oubliant totalement ce qui peut se passer autour de moi, et donc l’absence de Nix et de sa mère. Je discute un peu avec Leo mais il m’avoue devoir partir, mais il reviendra demain et tous les jours s’il le peut. « Ta soeur est pas là ? » « Elle s’occupe des petits, elle doit les amener cet après midi. » Il hoche la tête en souriant et me rend finalement Rose qui ne va pas tarder à s’endormir. Une fois qu’il est sur le départ, il me donne le cadeau pour Rose et m’embrasse avant de partir. C’est là que je me rends compte que je suis seule. Je retiens Leo avant qu’il ne quitte la chambre. « Si tu croises Nix, tu peux lui dire de revenir ? » Il hoche la tête en souriant et après un dernier baiser sur mon front, il quitte la chambre, me laissant seule avec Rose. Je l’endors et la remets dans son berceau avant que Nix arrive. Je me précipite presque sur elle, et la prends dans mes bras. « Excuse-moi… » De l’avoir laissée de côté lorsque Leo est arrivé.

« Tu plaisantes ? Ça me fait plaisir qu’elle soit là. Et je trouve ça trop mignon qu’elle se soit inquiétée pour moi… » « Alors souviens-toi que je me suis faite engueulée pour toi. » Je ris tout bas et lui vole un autre baiser. Nous sommes complices comme des amis, proches comme des petites amies et moi je l’aime comme si je voulais en faire ma femme. Mais chaque chose en son temps. Pour l’instant, notre univers se centre autour de Rose, et je me rends compte que le mien aussi, au même titre que le sien. Mais pour Shay, c’est dans la logique des choses, moi ça me fait encore tout bizarre, mais c’est pourtant vrai… je n’ai pas le choix, je le contrôle pas, c’est bien plus fort que moi, Rose est entrée dans ma vie et je ne pense plus qu’à elle, je ne pense pas à tout ce que je vais devoir mettre de côté ou faire passer après, ça me semble tellement naturel…
« Bonjour ! » Léo fait son entrée, et les choses doivent rentrer dans l’ordre, celui des priorités. Léo a bien plus sa place ici que je n’ai la mienne. « Mon dieu… » Je crois que si Dieu nous entend, je pourrais le remercier durant des heures, et je vais y aller, à la chapelle de l’hôpital, parce que j’ai la foi, depuis toujours, et que ma mère me l’a transmise, c’est parfois la seule chose qu’il me restait, sur le terrain, au pensionnat… Je n’en fais pas cas, ma foi est personnelle, c’est à moi, je n’ai pas besoin d’en parler, si ce n’est mon tatouage sur le bras et la croix que je porte autour du cou. En dehors de ça, personne ne sait rien de mon dévouement à notre Dieu le Père.

Naturellement, je prends la main de ma mère pour lui signifier que c’est à nous de céder la place, c’est normal. Elle comprend aussi bien que moi l’intérêt que chacun trouve sa place et nous descendons toutes les deux. Je lui offre un café que nous buvons derrière l’hôpital, à l’abri des regards. Tout le monde doit déjà être au courant de la naissance de Rose. Tu parles, ils ont eu 24 h pour bosser leur sujet ! «Ca va mon ange ? » Je suis dans mes pensées, alors ma mère s’accroupi près de moi et relève mon menton vers elle. « Tu sais mon cœur, ta place n’est pas évidente, mais tu le savais. Si tu aimes Shay, assez j’entends, ça se fera tout seul. » « Bien sûr que je l’aime maman. Et je sais que ce sera compliqué. Je l’ai dans la peau… Autant Shay que Rose, je sais pas… C’est comme… » « Une évidence ? » Je croise son regard, et je crois qu’elle a compris sans que je n’ai à l’expliquer. Je tire sur la clope que je viens d’allumer, le regard dans le vide. C’est tellement… étrange tout ça, et difficile à expliquer. « Léo fera toujours partie de sa vie maman, c’est normal. J’espère juste que ça fonctionnera, qu’un jour Shay se rendra compte que tout ce que je veux… c’est les rendre heureuses. » « Alors fait ce qu’il faut pour mon ange, c’est bien parti. » Je crois que ma mère sait lire en les gens, en Shay en particulier. Elle a su voir chez elle que c’était quelqu’un de bien au premier regard, pourquoi ? Sans doute parce qu’elle a toujours vu chez moi que mes petites amies d’un soir qui n’avaient rien en commun avec elle et qui ne m’ont jamais fait du bien.
L’heure tourne et je vois que ma mère remet à plus tard les coups de fil qu’elle reçoit. Sans doute la presse pour savoir si les rumeurs sont fondées. « Vas-y maman, j’expliquerais à Shay, t’inquiète pas. » « Tu l’embrasses pour moi. Tu lui dis que je prie pour elle et Rose, et que si vous avez besoin de quoi que ce soit… » « Je sais, t’es pas loin. T’es jamais loin maman. » « Jamais chérie. Je t’aime. » Elle m’embrasse sur le front comme si j’avais encore 8 ans et que je venais de m’écorcher le genou, puis quitte l’hôpital par la grande porte.
Je remonte quelques instants plus tard, m’arrêtant par la chapelle pour une prière, pour Rose, pour sa protection, pour Shay aussi et son avenir. Je ne préfère pas prier pour nous. Il n’appartient plus qu’à moi de prouver à Shay que je peux en prendre soin et être quelqu’un de confiance, ce n’est pas à Dieu de m’aider. Je dois me débrouiller seule cette fois.

Je remonte ensuite dans la chambre, avec des petits gâteaux que je suis retournée chercher une fois ma mère partie, je sais que Shay en raffole de ces cupcakes. La boite en main, j’entre dans la chambre après avoir frappé. Elle a peut être juste envie que je rentre chez moi à un moment donné ! Elle se jette à mon cou. « Excuse-moi… » «Ma puce… qu’est-ce-qui se passe ? » Je pose les gâteaux sur le premier plateau que je trouve et l’entoure de mes bras, tendrement, la serrant contre moi en prenant une inspiration profonde, comme si je faisais le plein, comme si elle risquait de m’être arrachée au plus vite. « Chut… Je suis là. » Malgré moi, je ne peux m’empêcher de jeter un œil au berceau de Rose pour savoir si elle va bien, pourquoi un tel coup de blues ? C’est hormonal paraît-il. «J’ai ramené de quoi remonter le moral des troupes. » Désignant la boite de son pâtissier préféré. « Je vais peut-être rentrer. T’as besoin de te retrouver un peu. » Avec sa fille, seule, dans sa bulle, on a dit doucement. C’est là le plus dur, mais je dois le respecter, je le lui ai promis.

Je ne saurai expliquer pourquoi mais à l’entrée de Léo, c’est comme une bulle qui se forme entre lui, Rose et moi. J’oublie tout ce qui se trouve autour et je ne me rends même pas compte que Nix et Siobhan sont parties. Je suis heureuse que Leo soit là, qu’il continue de vouloir assumer son rôle de père. Je le trouve absolument adorable avec notre fille dans ses bras. J’ai du mal à imaginer l’avenir, je sais juste que je serai celle qui élèvera notre fille, et que Léo viendra autant qu’il le pourra pour passer du temps avec elle et assister à quelques scènes du quotidien. Il reste une bonne heure et nous discutons tout en restant dans notre bulle. Plus rien ne sera plus jamais comme avant entre nous, c’est un fait, nous avons couché ensemble, une fois, et voilà où nous en sommes, une petite princesse vient de faire l’apparition dans notre vie et bouleverse déjà notre quotidien. Finalement, Leo doit repartir et je le laisse quitter ma chambre. Rapidement pour éviter de ressentir la culpabilité face à Phoenix, je m’occupe d’endormir Rose qui pour le moment est un bébé tout à fait adorable. Je commence à tourner en rond, attendant quelques minutes avant de prendre la décision d’envoyer un sms à Nix. Mais heureusement, elle frappe à la porte et je me sens le besoin de m’excuser en fondant dans ses bras. « Ma puce… qu’est-ce-qui se passe ? » Je sens ses bras entourer mon corps et je me serre contre elle. « Chut… Je suis là. » Je soupire un peu, un soupir rassuré. Qu’elle soit là, qu’elle ne semble pas m’en vouloir. « J’ai ramené de quoi remonter le moral des troupes. » Je me sépare d’elle et récupère la boîte qu’elle me donne et que j’ouvre en souriant. « Merci beaucoup, je commençais à avoir faim… » Je suis soufflée qu’elle me connaisse aussi bien. « Je vais peut-être rentrer. T’as besoin de te retrouver un peu. » Je fronce un peu les sourcils et tends la main pour retrouver la sienne. « Tu veux bien rester ? Enfin… tu peux rentrer si tu veux rentrer. Mais ça ne me dérange pas que tu restes. Au contraire même. » J’esquisse un sourire et m’approche d’elle, posant ma main dans son cou, remontant jusqu’à sa nuque. « Je suis désolée pour tout à l’heure, quand Leo est arrivé je… » Elle m’empêche de terminer en venant chercher mes lèvres, et je me sens étrangement rassurée d’un seul coup. Je soupire un peu et lorsqu’elle recule son visage, je lui souris. « Tu veux bien te coucher avec moi ? J’aimerai essayer de dormir un peu, profiter le temps qu’elle dort… » Evidemment elle me dit oui, et nous grimpons dans le lit pour dormir l’une contre l’autre.