Les mots que l'on ne dit pas [Feat. Fabian Jones]

Jonathan n'aimait pas être en contact avec les autres, étonnant pour un boulanger direz-vous. Quand il parle de contact, il entend une vraie conversation où les deux protagonistes y mettent du leur pour la faire évoluer, ou bien tout ces petits contacts physiques illustrant une démonstration d'amitié. Tout cela était bien étranger pour lui, il faisait tout pour avoir le moins de contact avec les autres, c'est pour cette raison qu'il sortait généralement à la nuit tombée quand personne ou très peu se baladaient dans celles-ci. Il lui arrivait parfois d'aller au bord de mer, même s'il a la phobie de l'eau, la regarder de loin le détend.

Mais aujourd'hui, c'était un grand pas pour le jeune allemand, il avait osé mettre les pieds à la bibliothèque. Cet endroit où il se sentait épanouit, presque normal. Tout ces livres qui l'entouraient faisait son bonheur, il les parcourait en quelques minutes, et grâce à sa mémoire visuelle infaillible, il retenait tout le contenu de chacun d'entre eux, utile pour ne pas les relire, ou alors pour raconter une histoire à un enfant sans le livre. En vérité, s'il était venu ici, c'était surtout pour le silence et le calme. Il était venu écrire dans son carnet une nouvelle histoire, et c'est ici qu'il se sentait inspiré et assez isolé pour pouvoir se mettre à écrire.

En entrant dans le bâtiment, il avait repéré une petite place dans un coin, à l'écart des autres, alors c'était comme évident, il alla s'installer là-bas, sorti son carnet et se mit a écrire dedans. Cette histoire, c'était la sienne. Il avait envie de la raconter aux autres, mais de vive voix, impossible pour lui d'expliquer ce qu'il avait pu vivre. Mais depuis quelques années déjà, il avait ce rêvé de devenir écrivain, alors, il écrivait de temps en temps dans son carnet ce qui lui passait par la tête, et aujourd'hui ne changeait pas de la règle, il écrivait, encore et encore.

Jonathan n'était pas vraiment la meilleure personne pour vous occupez avec une discussion ça c'était certain, mais même s'il parlait très peu, il avait tout de même assez de respect pour saluer ses clients et toutes les formules de politesse qui vont avec. Tant que ça se résumait à quelques mots ça pouvait aller, mais lorsqu'il devait faire des phrases, les unes derrière les autres, ça devenait plus compliqué.

Il avait choisi d'aller à la bibliothèque sachant pertinemment que là-bas, il ne pourra être dérangé. Et puis, il ne connaissait presque personne ici en dehors des visages réguliers qu'il voyait défiler dans sa boulangerie, et il n'en oubliait aucun.

Comme il savait si bien le faire, Jon s'isola et alla se nicher dans une petite table à l'écart des autres, dans sa petite bulle où il vivait et ne sortait que rarement. Alors qu'il lisait paisiblement, il entendit quelqu'un se racler la gorge derrière lui, surpris, il en laissa tomber le livre par terre, qui fit un vaccarme dans ce calme ce qui fit se retourner quelques personnes. Après l'avoir ramassé, il attendait de savoir ce que l'homme voulait. On n'aborde pas quelqu'un de cette manière juste pour lui dire bonjour si ? Aux yeux de l'allemand ça semblait improbable, lui qui évitait tout contact avec les autres.

" - Bonjour." répondit-il avec un ton un peu plus sec qu'il aurait voulu.

Puis, refermant le livre sur ses genoux, il sentit le regard des grands yeux sombres de son interlocuteur, il les affronta un dixième de seconde avec les siens clairs, avant de détourner le regard. Il n'était vraiment pas à l'aise dans ce genre de situation.

" - C'est vraiment aimable de votre part." fit- il avec un léger sourire presque forcé.