i need help (tellie)

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teeghan & billie

Après mon petit entretien avec Teeghan et les massages qu'elle m'a procurés, j'ai attendu deux jours de voir comment tout cela passait, comme elle me l'a dit. Mais malheureusement pour moi, rien n'est passé. Je suis restée discrète sur tout cela avec mes coéquipières, avec Josh, mais aussi avec la brune. Avant d'aller lui en parler, je devais d'abord faire ce qu'elle m'avait conseillé : une prise de sang. Après un entraînement, je me suis rendue à un laboratoire médical et j'ai demandé à ce qu'on me fasse un bilan. Je suis ensuite rentrée chez moi, les résultats n'arrivant que quelques jours plus tard. Ce fut trois longs jours, trois jours dans le flou le plus total et dans la douleur aussi. Mais au final, ce n'est rien à côté de ce qui m'attend. Quand je vois l'enveloppe dans la boîte-aux-lettres, je suis soulagée. Pourtant, ça ne va pas durer. Je claque la porte de l'appartement avec mon pied, bien trop occupée à ouvrir l'enveloppe avec mes mains. Je déplie doucement le papier et commence à lire ce qui est inscrit. N'ayant aucune notion de médecine, c'est un peu du chinois pour moi. C'est bien pour ça que je saute rapidement les chiffres pour arriver à la conclusion du médecin. Il utilise des mots pour faire joli, pour paraître plus savant et alors que je m'apprête à ranger ce bout de papier, je tombe sur un mot. Ce mot. Enceinte. Je reste une bonne quinzaine de minutes dessus, les mains tremblantes. Ce n'est clairement pas possible. Je ne peux pas être enceinte. Pourtant, mon sang dit tout le contraire. Rapidement, les mots de Teeghan reviennent à mon esprit. Cette idée que le ventre est lié au dos et que l'origine de ma douleur vient peut-être de là. Ce n'est pas un aliment que je n'ai pas bien digéré, mais un bébé. Un bébé. J'ai déjà connu cette situation, il y a huit ans. Mais à ce moment-là, je l'ai su avec un test de grossesse et non pas une prise de sang. À cette époque, je m'y attendais plus. Alors que là, ce n'est clairement pas possible, pas avec mon métier, pas avec la relation que j'ai avec Tom. Je ne peux pas, clairement pas. Cet enfant n'arriverait pas au bon moment. Je range le papier dans mes affaires, dans mon sac de sport pour être plus précis. Lorsque Tom rentre, je tâche de faire comme si de rien était. C'est dur, mais je dois faire avec, je ne peux pas lui dire. Rapidement dans la soirée, je prétexte être fatiguée pour m'éclipser dans la chambre et me coucher. Pourtant, le sommeil ne vient pas. Je suis bien incapable de fermer les yeux avec cette nouvelle.

Le lendemain matin, je reste au lit le temps que mon petit-ami quitte l'appartement. Une fois la porte claquée, je me lève, passe sous la douche et m'habille en vitesse. Je dois aller voir Teeghan. Pourquoi elle ? Je n'en sais rien. Je ne peux pas le dire à mes proches, alors que je ne sais même pas ce que je vais faire, c'est donc la personne la mieux placée pour ça. En plus, elle n'est pas obligée de garder le secret avec son métier ? Je ne mets qu'une dizaine de minutes pour arriver au gymnase qui est toujours désert. Il faut dire qu'il est tôt, même pour un supplément d'entraînement, je n'arrive jamais à cette heure-là. Je file directement dans la salle appartenant à Teeghan. Elle n'est pas là, j'aurais dû m'y attendre. Je fouille dans mon sac pour sortir le papier de la veille, puis je m'assois sur la table de massage. Je reste là plusieurs minutes, une heure peut-être, je ne sais pas, j'ai perdu la notion du temps. Lorsque la porte s'ouvre, je relève le visage et mon regard, vide, trouve rapidement celui de la jolie brune. Sans attendre une seconde de plus, je lui balance la nouvelle, la bombe. « Je suis enceinte. » Je ne sais même pas comment j'ai fait pour prononcer ces mots, ma gorge est tellement nouée.

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Huit heures, je rentre tout juste de mon footing. Je dois recommencer le sport doucement, et mon médecin m’a dit que commencer par des footings matinaux de vingt à trente minutes, en petites foulées, ne pourraient pas me faire de mal. Je sens la douleur de mon genou s’éveiller au bout d’un moment, et décide alors de ne pas forcer et finir le chemin à pied. Mes journées sont plutôt calmes, je me plie aux horaires des entraînements de basket, m’arrange pour être là avant les joueuses pour être à même de leur donner les soins dont elles ont besoin avant l’entraînement, et je reste un peu plus tard, pour les mêmes raisons. Après tout, je suis payée pour ça, et puis j’apprécie ça, sauf quand je me fais remballer par une des joueuses. Billie. Je réentends Josh me taquiner avec elle, et je continue de regretter d’avoir couché avec son petit ami, même si je n’étais absolument pas au courant que ce Tom avait une petite amie. Je n’aurai certainement pas passé la nuit avec lui. En rentrant à la maison, je prends le temps de me laisser couler dans un bain brûlant, et passe quelques coups de fil pour prendre des nouvelles de mes amies danseuses.

Le temps passe assez rapidement, l’entraînement est à onze heures, et je prévois de m’y rendre trente minutes plus tôt. Sur le chemin, j’envoie un message à Connor pour lui demander des nouvelles d’Eileen, espérant avoir une réponse de sa part, et surtout, espérant que le jeune homme finisse par me faire un peu plus confiance concernant notre petite fille. J’ai envie et besoin de nouer avec elle un nouveau lien familial. Beaucoup de regrets dans cette vie, et je n’ai même pas encore trente ans, ça promet. C’est à pieds que je me rends au gymnase, les yeux rivés sur mon téléphone. C’est ouvert, Josh doit déjà être là, mais une fois à l’intérieur, je ne trouve que des employés qui s’occupent du ménage. Je salue le personnel et me dirige vers ma salle de kiné. Une fois la porte poussée, je sursaute en posant mon regard sur une silhouette, avant de me rendre compte qu’il s’agit de Billie, assise sur la table de massage. Je fronce un peu les sourcils, cherchant à comprendre, mais elle me coupe dans ma réflexion en ouvrant la bouche. « Je suis enceinte. » J’ouvre la bouche, surprise, choquée. Merde alors. Je ferme la porte derrière moi, reste dos à elle une seconde avant de me retourner et poser à nouveau mes yeux sur la jeune femme. « Wow… euhm… tu… tu le sais depuis longtemps ? » A son visage, je pense savoir que non, et surtout, je crois comprendre qu’elle ne semble pas enchantée de la nouvelle. « Tu en as parlé à Tom ? » Je m’avance vers elle, doucement, voyant son regard un peu perdu, embué. Je me pince un peu les lèvres et viens poser doucement ma main sur son genou. « Je peux faire quelque chose pour toi ? » Mon regard ancré dans le sien, j’essaie de détailler ce qu’elle peut être à même de penser. J’ai été dans la même situation qu’elle il y a quelques années, il y a cinq ans pour être exact. J’étais en couple depuis quelques mois avec un dénommé Stefan et je suis tombée enceinte de lui. L’IVG est un acte que je ne souhaite à personne pour la difficulté psychologique qu’il représente. Alors forcément, lorsque je suis tombée enceinte de Connor quelques années plus tard, j’ai été incapable d’avorter une seconde fois. Et si je regrette d’avoir laissé ma fille à peine née à son père, je ne regrette pas du tout de l’avoir mise au monde. Je ne sais pas si Billie va avoir besoin de mon aide, mais je ne me vois pas la lui refuser.

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Je ne sais pas pourquoi je viens ici en premier, pourquoi c'est à Teeghan que je souhaite me confier. Peut-être parce que je sais qu'elle ne me jugera pas et qu'elle m'écoutera, sans aller contre mon choix. Lorsque la jeune femme franchit la porte de son cabinet, je vois la surprise sur son visage. Rien d'étonnant. J'ai été plutôt froide et distante avec elle et voilà que je me retrouve un beau matin à l'attendre. « Wow… euhm… tu… tu le sais depuis longtemps ? » Répond-elle après mon annonce. Mon regard est vide, perdu et pourtant, je dois lui répondre, je dois l'éclairer, sinon il est inutile pour moi d'être venu jusqu'ici. « Je l'ai appris hier. J'avais toujours mal au dos, alors j'ai fait une prise de sang et les résultats sont arrivés. » C'est quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas. Nous nous sommes toujours protégé et jamais nous avons parlé d'avoir d'enfants. « Tu en as parlé à Tom ? » Je baisse la tête, honteuse. Bien sûr que non. Je n'ai même pas encore eu le courage de lui annoncer que je savais pour lui et Teeghan, comment est-ce que je pourrais lui dire que je suis enceinte ? « Je peux faire quelque chose pour toi ? » Je hausse les épaules. Je ne connais pas la réponse à cette question. Pour le moment, la seule chose dont j'ai besoin c'est d'elle, de sa présence. Je ne peux pas en parler à ma famille, à Tom ou à Zola, mais je n'ai aucunement envie d'être seule. « Non, il ne le sait pas et je ne sais pas s'il le saura un jour.. » Finis-je par dire pour répondre à la première de ses deux questions. Je sous-entends déjà ce qu'il pourrait arriver. En effet, avec ma phrase deux choix s'offre à moi : soit je garde l'enfant et exclus Tom de notre vie, soit je décide d'avorter. « Je ne sais pas quoi faire.. » En vérité si, j'ai bien une petite idée, mais j'ai peur de le regretter ensuite. J'ai perdu un enfant il y a huit ans. J'étais encore jeune, mais cela m'a beaucoup affecté, alors est-ce une bonne chose aujourd'hui de mettre fin précipitamment à cette grossesse ? Pourtant, c'est la chose à faire, je le sais, je le sens. « Je ne peux pas imposer cela à un enfant. Tom et moi, nous ne sommes pas une famille. Cet enfant n'arrangerait rien entre nous, alors ça serait égoïste de lui imposer des disputes et des séparations. » Je n'ai pas eu une enfance très joyeuse parce que j'ai dû grandir sans mon père, alors est-ce que j'ai le droit de faire vivre sensiblement la même chose à mon enfant ? Je ne pense pas. Je serais égoïste de faire cela. Même si en réalité, dans les deux cas, je ne pense qu'à moi, qu'à mon intérêt. Soit je le fais venir au monde et je le prive automatique d'une vie de famille sereine, soit je décide de tout arrêter tout de suite pour ma carrière. « Il y a l'équipe aussi. Je joue bien en ce moment, je n'aurais peut-être pas l'occasion d'être à ce niveau une nouvelle fois. » C'est injuste pour cet être, mais je ne me sens pas prête à être mère aujourd'hui. Hormis ma relation avec Tom, je me sens bien, je me sens à ma place et je ne peux pas abandonner tout cela, ou du moins le mettre en pause, pendant minimum neuf mois. Je relève le visage vers Teeghan et pour une raison qui m'échappe, comme simple réflexe, je viens attraper sa main dans la mienne. Je la serre légèrement avant de reprendre la parole. « Qu'est-ce que je fais ? »

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Je suis surprise que Billie soit directement venue me voir en apprenant cette nouvelle. Elle aurait pu aller voir n’importe qui, je suppose qu’elle a des amis proches à qui elle pourrait parler de ça. Mais non, elle est ici, et lâche la bombe sans crier gare. Elle ne va pas bien, elle est sous le choc, et je comprends mieux que quiconque. D’une voix douce et calme je commence à lui poser des questions pour savoir si elle le sait depuis longtemps, si elle en a parlé avec son petit ami… j’y vais à pas de loup, je ne veux surtout pas la brusquer. « Je l'ai appris hier. J'avais toujours mal au dos, alors j'ai fait une prise de sang et les résultats sont arrivés. » Je hoche la tête doucement, m’approchant d’elle à pas feutrés. Lorsque je parle de Tom, elle baisse la tête, je n’ai pas besoin d’en savoir plus. Elle ne lui a pas dit, bien sûr. Je sais combien c’est difficile et d’autant plus quand dans un couple ça ne va pas pour le mieux. C’est donc tendrement que je lui demande si je peux faire quelque chose pour elle. « Non, il ne le sait pas et je ne sais pas s'il le saura un jour.. » finit-elle par répondre, me mettant la puce à l’oreille de ses premières interrogations face à ce qui semble paraitre insurmontable. « Je ne sais pas quoi faire.. » Je soupire, à peine, et m’approche d’elle jusqu’à venir poser une main sur son genou, simplement pour lui signifier que je suis là pour elle. « Je ne peux pas imposer cela à un enfant. Tom et moi, nous ne sommes pas une famille. Cet enfant n'arrangerait rien entre nous, alors ça serait égoïste de lui imposer des disputes et des séparations. » Je hoche la tête, la laissant parler, c’est de dont elle a besoin pour le moment, exprimer ce qui la tourmente, avant d’arriver à prendre une décision qui sera la mieux réfléchie. Il faut peser le pour et le contre. « Il y a l'équipe aussi. Je joue bien en ce moment, je n'aurais peut-être pas l'occasion d'être à ce niveau une nouvelle fois. » Je sais exactement ce qu’elle ressent puisque j’ai été dans la même situation qu’elle. Son visage se redresse, ses yeux sont rougis, troubles, et mon coeur se serre à cette vision. Elle attrape ma main et mon coeur rate un battement. « Qu'est-ce que je fais ? » Je me pince un peu les lèvres et viens glisser ma main libre sur son épaule, puis dans son dos pour finalement la prendre contre moi, caressant doucement son dos. « Je ne peux pas prendre la décision pour toi Billie, je peux seulement t’accompagner dans ta réflexion et dans le chemin que tu auras choisi. » Ma main caresse ses cheveux comme pour tenter de l’apaiser, et je me confie à elle pour simplement qu’elle se sente à l’aise. « J’ai été dans la même situation que toi, il y a trois ans, je n’ai voulu en parler à personne, et j’ai pris ma décision seule, ça a été très difficile. Alors je comprends mieux que personne dans quelle situation tu te trouves, et je serai là pour t’aider. » Je me décale d’elle pour pouvoir plonger mon regard dans le sien. « Sur les résultats d’analyse, c’est marqué le nombre de semaines, tu as regardé ? » Tout ce temps, j’ai gardé ma main dans celle de Billie, comme pour garder le contact. J’espère qu’elle n’est pas enceinte de beaucoup, c’est toujours un peu moins difficile quand ce n’est que deux ou trois semaines. Pour Eileen, j’ai appris que j’étais enceinte seulement après neuf semaines, presque dix d’ailleurs, et à ce stade on a carrément plus l’impression de tuer un enfant, même si en soit, il n’est pas bien plus gros qu’à deux ou trois semaines. Le délai légal de l’avortement est fixé à douze semaines, espérons seulement que Billie n’ait pas dépassé ce stade, j’ose seulement espérer qu’elle se serait rendue compte qu’elle n’avait plus ses règles…

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Teeghan réagit comme je m'y attendais. Même si notre relation a mal démarrée, je sais bien qu'elle n'est pas méchante. Elle est douce avec moi, elle fait de son mieux pour que je me calme, pour que j'allège un peu mon esprit. Mais lorsqu'elle me demande ce que je désire faire, je ne sais pas quoi lui dire. Ou plutôt, je ne sais pas comment le dire. L'avortement est certainement la meilleure des choses, aujourd'hui en tout cas, mais je suis bien incapable de prononcer ce mot à haute voix. « Je ne peux pas prendre la décision pour toi Billie, je peux seulement t’accompagner dans ta réflexion et dans le chemin que tu auras choisi. » Sans comprendre comment, ni pourquoi, je me retrouve blottie contre elle. Je pourrais la repousser, lui dire de ne pas m'approcher comme je l'ai souvent fait depuis notre rencontre, mais je n'en ai pas la force, ni l'envie. Dans ses bras, je me laisse même aller. Ses gestes, ses caresses m'apaisent et doucement je me laisse aller, je me calme. « J’ai été dans la même situation que toi, il y a trois ans, je n’ai voulu en parler à personne, et j’ai pris ma décision seule, ça a été très difficile. Alors je comprends mieux que personne dans quelle situation tu te trouves, et je serai là pour t’aider. » La jeune femme finit par remettre une distance entre nous et elle plante son regard dans le mien avant de reprendre la parole. « Sur les résultats d’analyse, c’est marqué le nombre de semaines, tu as regardé ? » Je hausse les épaules, ignorant complètement la réponse à cette question. « J'étais trop concentrée sur le résultat pour faire attention. » Il n'y a que le mot grossesse qui a attiré mon attention, après cela, j'étais bien incapable de lire. « Au moins deux mois. » Dis-je, par déduction. « Je n'ai pas recouché avec lui depuis.. » Que je l'ai surpris avec Teeghan, mais je pense qu'il est inutile de lui dire pourquoi. Elle n'est pas idiote et avec le chiffre, elle doit être capable de le déduire seule. « Ou alors il n'est pas de lui. » Inutile de nous étendre sur ce sujet, elle n'a pas besoin de savoir qui j'ai été voir depuis que je l'ai surprise avec mon petit-ami. Au lieu de me mettre des idées en tête, qui sont très certainement fausses, je ferais mieux de regarder sur le papier le nombre de semaines. J'ouvre la feuille que je tiens toujours dans l'une de mes mains et je cherche dans les informations données ce qui m'intéresse. « Neuf semaines. » Je soupire légèrement. C'est déjà ça, l'enfant est de Tom et non d'un homme que je ne connais même pas. « Je n'ai pas envie de voir les autres filles. » Elles vont rapidement comprendre qu'il se passe quelque chose et je n'ai clairement pas envie de leur donner la raison. Ma famille finira par l'apprendre, certainement, mais si les membres de mon équipe pouvaient l'ignorer, ça serait génial. « Je dois vraiment partir d'ici.. » Je baisse la tête et lâche sa main, ainsi que les résultats de ma prisede sang pour prendre mon visage entre mes mains. C'est plus fort que moi, des larmes s'échappent de mes yeux et coulent le long de mes joues. Je n'aime pas être comme ça, cela ne me ressemble pas et pourtant aujourd'hui, je ne peux rien faire d'autre, je suis bien incapable de me retenir.

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Je ne sais pas exactement pourquoi mais je ressent l’envie de la prendre dans mes bras, la rassurer pour qu’elle ne se sente pas débordée par tous ces sentiments contradictoires qui doivent certainement régir en son coeur. Je la câline tendrement, histoire de la calmer un peu, et je finis par m’éloigner juste assez pour la regarder, et lui poser une nouvelle question. « J'étais trop concentrée sur le résultat pour faire attention. » Je peux comprendre, elle se sent bouleversée, et il y a de quoi à vrai dire. « Au moins deux mois. Je n'ai pas recouché avec lui depuis.. » Je serre un peu les mâchoires, parce que je sais pertinemment que ça correspond parfaitement au moment où j’ai couché avec Tom, son petit ami. Je me sens toujours aussi coupable d’avoir foutu la merde dans leur couple même si au fond, je ne suis pas totalement coupable puisque je n’étais pas au courant. « Ou alors il n'est pas de lui. » Elle me coupe de mes pensées et je relève vivement la tête, surprise de cet aveu. Elle a donc vu d’autres personnes entre temps, ce qui me surprend pas mal. Pourtant, je ne me laisse aller à aucun commentaire. Sans attendre, la jolie brune déplie le papier froissé qu’elle avait visiblement gardé entre son poing, et relis les quelques lignes, mains tremblantes. « Neuf semaines. » dit-elle en soupirant. Visiblement, selon ce qu’elle dit, ça signifique ce c’est bien Tom le père de ce bébé. Je me contente de hocher vaguement la tête, ne sachant pas trop quoi dire de plus. Neuf semaines c’est déjà pas mal, mais il n’est pas trop tard pour prendre une décision. « Je n'ai pas envie de voir les autres filles. » Je hoche à nouveau la tête. « Tu veux que je dise à Josh que tu n’assureras pas l’entraînement d’aujourd’hui ? » Je la sens tellement désemparée que mon coeur se serre, et ce n’est rien comparé au moment où elle finit par prendre son visage entre ses mains. Je devine qu’elle se met à pleurer et je ne peux m’empêcher de m’approcher à nouveau. « Je dois vraiment partir d'ici.. » Je la prends contre moi, la laissant pleurer ce qu’elle a besoin, caresse ses cheveux tendrement, jusqu’à ce que cette crise de larmes ne prenne fin. « Allez viens, on sort de là. » Je lui tends la main, l’incitant à me suivre. Une fois hors de la salle de lâche sa main et appelle Josh pour la prévenir que Billie ne sera pas à l’entrainement aujourd’hui. Qu’il ne s’inquiète pas, je préfère la dispenser à cause de la douleur de son dos, pour qu’elle soit en forme pour le match de dimanche. Un petit mensonge diplomatique. Une fois hors du gymnase, je l’invite à monter avec moi en voiture et je nous arrête au parc, il n’y a rien de mieux qu’une ballade en pleine nature pour reprendre un peu d’énergie et réfléchir de manière plus logique. Nous descendons et commençons une ballade pour le moins silencieuse. Je tourne la tête vers la jeune femme et viens chercher sa main, la frôlant simplement. « Tu veux qu’on pèse les pour et le contre ? Ou tu as déjà quasiment pris ta décision ? » Je la sens encore hésitante. « Tu sais Billie, tu ne dois pas culpabiliser, de rien. Ce sont des choses qui arrivent, et il ne faut pas que tu t’en veuilles, que ce soit d’un côté comme de l’autre. Que tu décides de le garder ou non. C’est ton corps, tu décides, d’accord ? » J’essaie de capter son regard mais je la sens tellement perdue. Je me souviens de la sensation désagréable que j’avais le jour où j’ai pris rdv pour avorter. C’est si difficile, et pourtant, je ne regrette pas mon geste aujourd’hui. Jamais je n’aurai pu assumer un enfant à cette période.

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Mes jambes m'ont mené dans cette salle, mais je ne sais pas si c'est une bonne idée. Je ne connais pas tellement Teeghan et pourtant, je suis là pour me livrer à elle, pour lui annoncer un secret que personne ne sait. Je ne sais vraiment pas ce qu'il se passe entre nous, un coup de la déteste, un autre je l'apprécie, c'est dingue. « Tu veux que je dise à Josh que tu n'assureras pas l'entraînement d'aujourd'hui ? » Timidement, je hoche la tête. C'est la seule chose que je suis capable de faire : ma gorge est nouée et mon corps tremblant. J'ai perdu toute la force que je peux avoir sur le terrain lorsque je joue. Je ne suis plus la capitaine, plus la meneuse, je suis juste une femme terrifiée, confrontée à un choix difficile. « Allez viens, on sort de là. » Elle me tend sa main. D'abord hésitante, je finis par prendre cette échappatoire qu'elle m'offre. Nous sortons du bâtiment et alors qu'elle appelle Josh, je m'appuie contre sa voiture. Je n'écoute même pas son coup de téléphone, je suis bien trop perdue dans mes pensées. Lorsque leur conversation est terminée, elle m'invite à monter dans sa voiture. Sans un mot de plus, je m'exécute. Le temps que nous passons à l'intérieur de son véhicule est très calme, silencieux même. Je suis incapable de parler et Teeghan ne semble pas vouloir briser le silence qui règne. Je n'ai aucune idée de l'endroit où elle m'emmène, mais je suis néanmoins surprise de voir que l'on s'arrête au parc de la ville. Une fois les deux pieds dehors, je glisse mes mains dans mes poches et doucement, nous commençons de marcher. La jeune femme fait cela pour moi, je pense, elle m'offre ainsi un peu de répit et un endroit calme, neutre, pour que je puisse réfléchir. « Tu veux qu'on pèse les pour et le contre ? Ou tu as déjà quasiment pris ta décision ? » Cela pourrait être une bonne chose, en effet, mais est-ce vraiment utile ? Mon choix est quasiment fait et connaître des arguments qui vont contre mon choix ne feront que me rendre plus mal. « Tu sais Billie, tu ne dois pas culpabiliser, de rien. Ce sont des choses qui arrivent, et il ne faut pas que tu t’en veuilles, que ce soit d’un côté comme de l’autre. Que tu décides de le garder ou non. C’est ton corps, tu décides, d’accord ? » Teeghan a enchaîné sur cette phrase rapidement, ne me laissant pas le temps de répondre à sa précédente question, mais ce n’est peut-être pas plus mal. Tout est tellement mélangé dans ma tête, je ne sais plus quoi penser et c’est bien pour cela que je continue de rester muette. Les mètres s’enchaînent sous nos pieds et en voyant un banc, je décide de m’y installer. C’est un endroit adapté pour entamer une conversation sérieuse. « J'ai déjà été enceinte. J'étais jeune, j'avais dix-neuf ans. C'était un accident, comme aujourd'hui, mais il y a huit ans, à l'annonce, je me sentais déjà presque mère. Je voulais cet enfant. Aujourd'hui, non. » Malheureusement pour moi, l'enfant désiré est mort seul. C'est peut-être pour cette raison que je me sens coupable de vouloir avorter aujourd'hui. Je me vois comme un monstre de faire ça, de tuer cet être qui grandit déjà en moi. « Quels seraient les pours selon toi ? » Même si j'ai déjà une idée de ce qu'il va se passer durant le reste de la journée, j'ai besoin d'être éclairée, de savoir si la décision que je prends est bonne, pour lui, comme pour moi. « Je pourrais avoir l'enfant que je n'ai pas eu à l'époque.. » C'est bien là la seule chose que je vois positive. Cela signifie certainement que mon choix est fait, que je ne cherche qu'à repousser l'inévitable. Il faut dire aussi que cette épreuve est grande et que je ne peux pas prendre une décision sur un coup de tête, cela doit être réfléchi. « Je ne peux pas y aller seule, je ne le veux pas. » Dans l'hypothèse où cela se produit réellement, bien sûr. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, la seule personne que je veux à mes côtés pour ça, c'est elle. Je n'ai pas envie d'en parler à d'autres personnes, je n'ai pas envie que l'on me dissuade de quoique ce soit et je sais que c'est ce que Teeghan va faire.

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Je ne vais pas repousser Billie alors qu’elle a besoin de moi. Certes, jusqu’à présent, elle n’y a pas été de main morte pour m’éloigner le plus possible de sa vie, de son quotidien, et d’elle tout simplement. La raison, nous la connaissons toutes les deux, et pourtant, elle est là aujourd’hui à me confier quelque chose que personne d’autre ne sait, ni même le principal intéressé. J’essaie de trouver les mots juste, d’être présente sans en faire trop. Je ne me voyais pas l’envoyer balader sous prétexte qu’elle m’a envoyée chier plus d’une fois par le passé. Je ne suis pas cette fille rancunière. Si on a besoin de moi je suis là, d’autant plus lorsque c’est demandé de cette manière. Je prends l’initiative d’appeler Josh pour le prévenir que Billie ne sera pas de la partie pour l’entraînement, je ne compte pas lui expliquer pourquoi tant que la jeune femme ne me l’a pas autorisée. Alors au lieu de ça, je baragouine une excuse bidon et monte dans ma voiture pour conduire Billie au parc. C’est un endroit neutre et j’ose espérer que la nature fasse son effet sur elle. Je lui explique qu’elle n’a pas à culpabiliser, même si je sais par expérience que c’est plus facile à dire qu’à faire. Billie reste silencieuse suite à ma tirade et je la vois se diriger vers un banc où je la suis sans broncher. Nous nous y asseyons et je reste attentive à chacun de ses gestes et ses prises de parole. « J'ai déjà été enceinte. J'étais jeune, j'avais dix-neuf ans. C'était un accident, comme aujourd'hui, mais il y a huit ans, à l'annonce, je me sentais déjà presque mère. Je voulais cet enfant. Aujourd'hui, non. » Surprise d’entendre une part de son passé, je me contente pourtant de rester neutre, écoutant ce qu’elle voudra bien me raconter. Je ne prendrai pas parti, il n’est pas question que je prenne la décision pour elle, ce n’est pas mon rôle et d’ailleurs ce n’est le rôle de personne mis à part elle. « Quels seraient les pour selon toi ? » Je la regarde et hausse un peu les épaules en tentant un petit sourire, très mince mais suffisamment voyant. Je n’ai même pas besoin de répondre qu’elle enchaîne d’elle-même. « Je pourrais avoir l'enfant que je n'ai pas eu à l'époque.. » C’est exactement ce à quoi je pensais. Je hoche la tête et ne la quitte pas des yeux. « Je suis tombée enceinte il y a quelques années moi aussi. J’ai décidé d’avorter, je n’ai jamais regretté mais ça fait toujours bizarre de penser qu’on vient d’ôter une vie. Sauf qu’à ce stade, ce n’est pas considéré vraiment comme une vie. » Je laisse un laps de temps à la jeune femme d’entendre ce que je lui dis avant d’enchaîner. « Et y’a deux ans, rebelotte, je suis tombée à nouveau enceinte et j’ai été incapable d’avorter une seconde fois. Finalement, juste après la naissance de ma fille, je l’ai laissée à son père. J’arrivais pas à me dire que j’étais mère et que j’allais devoir vouer ma vie à cet enfant alors que pour moi, ma vie c’était la danse. » Une boule naît dans ma gorge alors que je lui parle de cette partie intime de ma vie. « Tout ça pour dire qu’une décision ne doit pas être prise à la légère, quelle qu’elle soit. » Un nouveau silence s’installe avant que Billie ne reprenne la parole. « Je ne peux pas y aller seule, je ne le veux pas. » Sans réfléchir je viens me saisir de la main de la jeune femme alors posée sur sa cuisse, et la serre délicatement. « Je viendrai avec toi si tu en ressens le besoin. Je ne vais pas te laisser seule. » Je suis assez étonnée qu’elle se tourne vers moi, j’imagine que c’est le rôle d’une amie, d’une meilleure amie même. Mais peu importe, je suis là pour elle. Je relève les yeux de nos mains liées jusqu’à son visage et je remarque ses yeux embrumés. Je m’approche un peu plus et de ma main libre je viens tourner sa tête pour qu’elle me regarde, laissant ma paume caresser sa joue. « Je sais mieux que personne à quel point c’est une épreuve difficile. Mais tu n’es pas seule Billie. D’accord ? » Mon pouce caresse délicatement sa joue et mon regard ne quitte pas le sien, tissant étrangement une connexion que nous n’avions encore jamais eu jusqu’à présent.

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Je ne sais pas pourquoi, mais je commence à me confier à elle. L'environnement qui se trouve autour de nous aide peut-être, cela ne ressemble pas à notre lieu de travail et il est donc plus facile pour moi de parler. Les informations que je lui donne lui permettent également de situer un peu plus les choses aussi, elle connaît maintenant tous les éléments de l'histoire. « Je suis tombée enceinte il y a quelques années moi aussi. J'ai décidé d'avorter, je n'ai jamais regretté mais ça fait toujours bizarre de penser qu'on vient d'ôter une vie. Sauf qu'à ce stade, ce n'est pas considéré vraiment comme une vie. » Après moi, c'est au tour de Teeghan de se livrer et je dois avouer que je suis plutôt surprise. De voir qu'elle me parle, mais aussi d'apprendre ce qu'elle a elle aussi vécu. J'ai très rapidement jugé la jeune femme et je pense que le fait qu'elle couche avec Tom a enlevé son côté humain, mais là, c'est une toute autre histoire. Elle me ressemble, visiblement plus que je l'aurais cru. Non pas seulement avec nos histoires d'enfants, mais aussi avec le sport et les blessures. Je devrais peut-être m'intéresser un peu plus à elle par la suite et arrêter d'être méchante avec elle. « Et y'a deux ans, rebelotte, je suis tombée à nouveau enceinte et j'ai été incapable d'avorter une seconde fois. Finalement, juste après la naissance de ma fille, je l'ai laissée à son père. J'arrivais pas à me dire que j'étais mère et que j'allais devoir vouer ma vie à cet enfant alors que pour moi, ma vie c'était la danse. » Encore quelque chose en commun, mais contrairement à elle, il est impossible pour moi de laisser un enfant à Tom. Il peine déjà à se gérer seul, qu'est-ce qu'il en sera après, avec un enfant à charge. Je soupire légèrement et oscille doucement ma tête de droite à gauche pour montrer mon désespoir. Le choix qui s'offre à moi est difficile et malheureusement, je suis la seule qui puisse le faire. « Tout ça pour dire qu’une décision ne doit pas être prise à la légère, quelle qu’elle soit. » Je sais bien que Teeghan me dit tout cela pour me faire du bien, pour me rassurer et pour éviter que je me sente coupable. Pourtant, je pense que je le serais, peut-être seulement pour quelques jours, ou alors pour plus longtemps, mais dans tous les cas, je sais que cela va m’affecter, je me connais. Néanmoins, je dois arrêter de me mentir : ma décision est prise et repousser le moment à plus tard ne sera que plus destructrice. C’est bien cela qui me pousse à dire quelques mots à la jeune femme, à lui dire que je serais bien incapable d’aller à la clinique seule. J’ai besoin de soutien et cela est bizarre, mais dans le fond ça ne me surprend pas tant que ça, Teeghan me propose son aide. « Je viendrai avec toi si tu en ressens le besoin. Je ne vais pas te laisser seule. » Je l’ai clairement jugé trop vite, elle n’est pas uniquement une femme qui couche à gauche et à droite, non, Teeghan a un coeur et aujourd’hui, elle le met à mon service. Il devient difficile pour moi de retenir mes larmes et elle le voit, elle se rapproche alors de moi et glisse sa main libre le long de ma joue. Surprise par ce geste, tous mes sentiments s’arrêtent net. Je me contente de la regarder. « Je sais mieux que personne à quel point c’est une épreuve difficile. Mais tu n’es pas seule Billie. D’accord ? » La proximité soudaine avec la jeune femme est surprenante et surtout, elle me déstabilise. Je n'ai jamais vu en elle plus qu'une ennemie, alors qu'en fait, elle pourrait peut-être être beaucoup plus. Je pince légèrement ma lèvre inférieure entre mes dents et ce geste me pousse à briser le silence qui s'est installé entre nous. « On part d'ici ? » C'est plutôt soudain, mais j'en ai assez de tourner autour du pot. « Je dois le faire. » Je refuse de dire que je le veux, cela ne serait pas vrai. Sans ajouter un mot, Teeghan comprend et se lève du banc. Je fais pareil et toutes les deux, nous reprenons le chemin jusqu'à sa voiture. Un nouveau silence s'installe entre nous et malheureusement, celui-ci ne disparaît pas durant le trajet qui nous sépare de la clinique. Une fois arrivées, je descends de la voiture et reste bloquée un certain temps face à ce bâtiment. « C'est la bonne décision, non ? » Je ne lui ai pas encore demandé, mais maintenant que je me rapproche de ce geste qui sera irréversible, j'ai besoin qu'elle me rassure, qu'elle m'apporte son soutien et une sorte approbation.

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Je ressens le besoin de la rassurer, lui parler de moi dans un sens pour lui dire que je comprends ce qu’elle ressent, et que je serai présente si elle a besoin de moi. Je sais à quel point c’est une épreuve difficile, et je ne me vois pas la laisser affronter ça toute seule. Pendant quelques minutes je suis seule à parler, et j’ose espérer que c’est ce qu’elle avait besoin d’entendre. Elle ne dit rien, se contente de respirer avec difficulté. J’aimerai pouvoir faire plus que ça, mais je ne vois pas bien quoi. Je viens d’ailleurs la prendre dans mes bras pour qu’elle calme ses larmes. Je déteste voir les gens pleurer. « On part d'ici ? » Me demande-t-elle sans hésiter. Je me redresse, relâchant mon étreinte autour d’elle pour la regarder. « Je dois le faire. » Je cligne à peine des yeux, essaie de la regarder plus longuement comme pour essayer de lire en elle, de voir s’il s’agit là d’un coup de tête ou d’un acte réfléchi. « Oui, on y va. » Je ne vois pas quoi dire d’autre, je ne m’imagine pas l’empêcher de faire ce qui est le mieux pour elle. Je me lève et elle fait de même, et nous quittons le parc assez rapidement, toujours dans le silence. Nous reprenons ma voiture jusqu’à l’hôpital et une fois garées, nous descendons. Ce n’est qu’une fois devant les portes que Billie s’arrête, les yeux dans le vague. « C'est la bonne décision, non ? » Sans réfléchir je viens glisser ma main dans la sienne et la serre doucement. « Si tu me promets qu’il ne s’agit pas d’un coup de tête, alors oui. C’est la bonne décision. De toute manière, tu peux encore reculer, jusqu’au dernier moment tu peux encore changer d’avis. » Je la regarde et lui offre un mince sourire, pour lui donner la force dont elle aura besoin. Je lâche sa main avant d’arriver dans le hall et la laisse se présenter pour demander un dossier d’IVG. Je reste près d’elle, assises dans la salle d’attente le temps qu’elle remplisse son dossier et aille le donner à la vieille femme de l’accueil. Une infirmière ne tarde pas à venir chercher Billie et de son regard, je comprends qu’elle veut que je vienne avec elle, aussi loin que je puisse. La professionnelle me demande quel est notre lien et je prétends être la grande soeur de Billie. Tant qu’elle ne me demande pas de pièce d’identité tout ira bien. Nous allons dans une espèce de petite pièce où l’infirmière donne à Billie une blouse de patients. « Vous avez une douche à disposition juste ici, il faudrait laver le bas de votre corps avec ce produit, et enfiler la blouse, sans rien en dessous. Ça ira ? » Billie hoche à peine la tête et l’infirmière s’en va. Je tente de rassurer la jeune femme pour ne pas qu’elle se pose trop de questions. « Ce n’est pas douloureux. Le produit c’est juste un désinfectant. Tu vas avoir le droit à une anesthésie locale, ça va durer une dizaine de minutes tout au plus, et tout ira bien. » Je tends mon bras pour poser ma main sur le sien et le presser comme pour lui donner de la force. « Je vais me mettre dans le couloir le temps que tu prennes ta douche. Si tu veux que je revienne n’hésite pas. Je reste là. » Je lui adresse un sourire compatissant et quitte la petite pièce pour lui laisser l’intimité dont elle aura besoin.

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« Si tu me promets qu’il ne s’agit pas d’un coup de tête, alors oui. C’est la bonne décision. De toute manière, tu peux encore reculer, jusqu’au dernier moment tu peux encore changer d’avis. » Je soupire une nouvelle fois, puis toutes les deux, nous avançons vers l’accueil. J’y suis reçue et documentée. Le personnel s’assure que c’est réellement ce que je veux et me donne un formulaire à remplir. Je le prends et vais m’installer un peu plus loin pour le remplir. Teeghan est là, pas très loin, encore et toujours. Les informations coulent de source, je remplis ce papier rapidement, comme pour me débarrasser de ça le plus vite possible. Une infirmière me prend alors en charge et nous emmène, la brune et moi, dans une plus petite pièce. « Vous avez une douche à disposition juste ici, il faudrait laver le bas de votre corps avec ce produit, et enfiler la blouse, sans rien en dessous. Ça ira ? » « Oui, merci. » Un timide sourire s’installe sur mon visage, comme pour lui paraître plus chaleureuse. Elle nous laisse ensuite. « Ce n’est pas douloureux. Le produit c’est juste un désinfectant. Tu vas avoir le droit à une anesthésie locale, ça va durer une dizaine de minutes tout au plus, et tout ira bien. » Je hoche la tête, sans vraiment écouter ce qu’elle me dit. Je suis bien trop occupée à regarder cette pièce, à imaginer ce qu’il va se passer par la suite. « Je vais me mettre dans le couloir le temps que tu prennes ta douche. Si tu veux que je revienne n’hésite pas. Je reste là. » Je hoche la tête comme simple réponse. J’ai l’esprit bien trop occupé pour réagir autrement. La jeune femme sort de la pièce et je suis désormais seule, seule face à ce choix et face à mon destin. Ma décision est prise, je pense, je le sais et pourtant, je n’arrête pas de me dire que quelque chose peut encore me faire changer d’avis. Je retire mes vêtements, un à un et doucement, je me dirige dans la douche. Je laisse l'eau couler sur mon corps, le haut tout d'abord et des larmes viennent se mêler au fluide. Je réalise ce que je vais faire et je me sens honteuse. Je me sens mal, pour moi, pour cet enfant et pourtant, je reste persuadée que c'est la meilleure des choses à faire. Après de longues minutes immobile, je me décide à passer le désinfectant là où me l'a indiqué l'infirmière. Je sors, m'essuie un peu et enfile la blouse qui m'attend, posée sur le dossier d'une chaise. Tout ce qui existe de plus sexy. Je prends une grande inspiration et me prépare à sortir chercher Teeghan pour un peu de compagnie quand l'infirmière arrive. L'heure est arrivée.

Les minutes dans la salle d'opération m'ont semblé durer des heures, tout comme les heures qui ont suivi. J'ai été obligée de rester à l'hôpital un certain temps, ça fait partie du protocole selon l'infirmière. Teeghan est restée avec moi, alors qu'elle n'en était pas obligée, je pense que je lui serais reconnaissante pour ça. Elle est là et pourtant, aucun mot ne sort de ma bouche, aucun échange ne se fait entre nous. Ce n'est qu'une fois dehors, une fois tout cela mit derrière moi que je lui adresse quelques mots. « Je.. ça te dérange si je reste avec toi, si je viens chez toi ? Tom va rentrer tôt aujourd'hui et je n'ai pas envie de le voir. » Un peu de distance avec lui ne pourra pas me faire de mal. « Tu n'es pas obligée, si tu ne veux pas. »

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Je me souviens avec exactitude du souvenir de cette journée noire où j’ai dû prendre moi aussi, la décision d’abandonner ce petit morceau de vie qui commençait à grandir en moi. Je ne regrette pas de l’avoir fait, mais je me souviens que ça avait été vraiment difficile. Lorsque la porte s’ouvre derrière moi, je me tourne pour poser mon regard sur Billie dans sa blouse et je lui offre un sourire chaleureux visant à la rassurer. Les heures passent et son opération ne prend pas plus de temps que la mienne, les complications sont tellement rares dans ce genre de cas. Elle est rapidement remise sur pieds et je la laisse se rhabiller, ne comptant pas lui demande si ça va, parce que je sais que ce n’est pas le cas. Je la laisse venir à moi si elle en a besoin, je ne veux pas la brusquer, surtout pas. Nous quittons l’hôpital et je reste silencieuse jusqu’à ma voiture où nous nous installons toujours dans un silence presque désagréable, avant qu’elle ne vienne le briser. « Je.. ça te dérange si je reste avec toi, si je viens chez toi ? Tom va rentrer tôt aujourd'hui et je n'ai pas envie de le voir. » Je tourne la tête dans sa direction et papillonne des cils, surprise par sa demande, mais pas moins touchée pour autant. « Tu n'es pas obligée, si tu ne veux pas. » Je secoue la tête rapidement pour chasser mes questions incessantes avant de lui répondre. « Non, enfin oui, non ça me dérange pas, et oui tu peux dormir chez moi cette nuit. » Je lui souris tendrement et démarre le moteur de la voiture pour nous rendre dans mon appartement. Il n’est pas très grand mais ça suffira. C’est la première fois que quelqu’un dort ici avec moi, et je dois dire que la sensation est aussi étrange que grisante.

Nous partageons un repas et parlons de tout et de rien, je m’efforce de tout faire pour qu’elle ne pense pas trop à ce qui vient de se passer, même si je sais que ça l’aura marquée pour toute sa vie, je suis bien placée pour le savoir. Je sens la jeune femme vraiment fatiguée et c’est tout à fait normal vu les émotions auxquelles elle a dû faire face tout au long de cette journée. « Tu devrais aller te coucher. Je te laisse ma chambre, je dormirai sur le canapé. » Je file droit vers la chambre et récupère juste ce dont j’ai besoin, un oreiller une couverture et mon ‘pyjama’ même si je n’ai pas l’habitude d’en porter pour dormir. Un short en coton et un débardeur suffiront. « Fais comme chez toi, je peux te prêter des fringues pour dormir si tu veux, dis moi ce dont tu as besoin. » Je suis aux petits soins comme j’aurai aimé qu’on le soit pour moi lorsque j’ai traversé la même période qu’elle. Je me sens légitime de le faire et surtout, j’ai l’impression qu’elle en a besoin, et ça me fait plaisir de me rattraper de cette manière après avoir quelque peu brisé son couple, même si je ne savais pas que ce mec avait une copine, et que j’allais en plus de ça m’attacher bien plus que prévu à cette dernière. Son regard se trouve être un peu plus humide et je m’approche d’elle pour caresser sa joue doucement, d’un geste infiniment tendre. « Si tu as envie de pleurer laisse-toi aller Billie, c’est normal, et je suis là… » Je lui adresse un sourire compatissant tout en continuant de caresser sa joue, attendant sans doute qu’elle me repousse ou au contraire qu’elle lâche la pression, et dans ce cas, je saurai lui offrir l’étreinte dont elle a besoin.

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Je dois la surprendre avec ma question. Enfin ça ne change pas beaucoup de ce début de journée. Elle était certainement la dernière personne vers qui je me serais tournée et pourtant, c’est vers elle que je suis allée. « Non, enfin oui, non ça me dérange pas, et oui tu peux dormir chez moi cette nuit. » Je hoche la tête doucement, avant de murmurer un petit merci. C’est exactement ce que je voulais. La jeune femme démarre la voiture et nous prenons la direction de son appartement. Arrivées là-bas, Teeghan se met à cuisiner et nous nous lançons dans des conversations anodines, comme pour oublier ce qu’il s’est passé à l’hôpital. « Tu devrais aller te coucher. Je te laisse ma chambre, je dormirai sur le canapé. » Dit-elle alors que nous venons à peine de franchir la porte. Elle s’active pour récupérer des affaires, alors que moi, je reste derrière la porte. Je ne suis pas chez moi ici, je ne connais pas, alors je reste un peu en retrait. « Fais comme chez toi, je peux te prêter des fringues pour dormir si tu veux, dis moi ce dont tu as besoin. » « Merci Teeghan. » Je souris, timidement encore, je n’ai pas la force de faire mieux. « Si tu as envie de pleurer laisse-toi aller Billie, c’est normal, et je suis là… » Je laisse ma tête reposer dans sa main, alors que mes yeux se ferment doucement. J’étais loin de me douter que c’est avec Teeghan que je trouverais du réconfort, j’ai d’ailleurs hésité de longues minutes avant de me décider à aller la voir. Ce qui m’a amené vers elle ? Je n’en ai aucune idée. Je pensais pourtant que c’était la dernière personne avec qui je voudrais être et pourtant, sa présence m’apaise. Je n’ai pas besoin de parler, elle ne me l’oblige pas et je lui en suis reconnaissante. Lorsque j’ouvre de nouveau les yeux, mon regard se plante automatiquement dans celui de la jolie brune. Bien trop occupée à lui faire la guerre, je n’ai jamais vraiment pris le temps de la regarder. Pourtant, elle est magnifique. Je la regarde, intensément, et je porte ma main jusqu’à sa joue, comme elle avec moi. Sans réellement comprendre ce qui me pousse à faire ça, je réduis la distance qui nous sépare et plaque mes lèvres contre les siennes. Ma tête me crie d’arrêter tout cela, avant qu’il ne soit trop tard, mais je me retrouve comme attirée par un aimant. Ma main glisse dans sa nuque et le baiser prend une nouvelle tournure. Je me retrouve comme pétrifiée, la seule chose que je suis capable de faire, c’est l’embrasser. Après un long échange, je ressens le besoin de reprendre ma respiration et la distance qui s’impose entre nous me fait revenir à la réalité. Je m’éloigne un peu plus et baisse le visage, honteuse. « Désolée. Je suis désolée. Je.. je vais aller me coucher. » J’oscille doucement la tête de haut en bas et pince ma lèvre inférieure entre mes dents avant de tourner les talons et de partir dans la chambre que je vais occuper cette nuit.

J’ai difficilement dormi cette nuit, à cause de l’avortement, mais aussi à cause du baiser échanger la veille. Je ne sais pas pourquoi tout cela s’est produit et ça me ronge. Je ne peux pas embrasser une femme comme cela et surtout pas Teeghan. Cette femme qui a couché avec mon petit-ami et que je vois tous les jours au boulot. Je me tourne et me retourne encore et encore dans mon lit. Le sommeil ne viendra plus, je le sais. Il est peut-être temps pour moi de partir. Le jour est levé, je le sais, alors je peux très bien prendre mes affaires et partir. Cela évitera une scène embarrassante avec Teeghan et je pourrais ainsi prendre du temps pour moi. Alors sans réfléchir, je prends mes affaires et quitte le logement sans laisser de trace de mon passage. Si elle a besoin de me parler, on aura bien l’occasion de se revoir.

RP TERMINÉ