can we have a break in our war ? [Jillie]

❝ can we have a break in our war ? ❞
Billie & Jules

Allez savoir pourquoi je passe une heure dans la salle de bain ce matin. Ce n’est pas spécialement mon genre, j’ai plutôt l’habitude de prendre une douche, m’habiller avec ce que je trouve, une paire de baskets et le tour est joué. Mais aujourd’hui est un jour particulier. « Maman qu’est-ce que tu fais tu te dépêches ? » C’est encore étrange d’entendre ce mot sortir de sa bouche, d’entendre ce mot tout court d’ailleurs, m’étant destiné je parle. « Oui mon coeur laisse-moi encore cinq minutes. T’es prête ? » Joy pousse la porte de la salle de bain pour me voir en train de me maquiller très légèrement. « T’es belle ! » Je tourne la tête vers la petite fille et lui souris, je rougirais presque. J’ai juste enfilé un legging en simili cuir, un débardeur un peu long et ample par dessus, dont les manches sont tellement échancrées qu’on peut deviner mon soutien-gorge en dessous. C’est la mode en ce moment, tant que ça fait pas trop débraillé ça me va. Aux pieds, une paire de bottines en cuir, il ne manquera plus que ma petite veste en cuir, il ne fait plus très chaud. « Enfile une veste ma puce et on y va, d’accord ? » Elle hoche la tête et disparaît rapidement. Fin prête, je jette un dernier regard dans le miroir et relève mes cheveux blonds dans une queue de cheval assez ample, pas trop tirée. Et puis finalement je détache mes cheveux. Je suis stressée, je ne sais pas ce que je veux. Je soupire un peu et garde mon élastique autour du poignet au cas où.

Une fois en bas, je récupère les clés de la voiture et nous quittons la petite maison que nous occupons depuis mon divorce avec Billie. J’installe Joy à l’arrière et elle me fait comprendre qu’elle peut se débrouiller seule. « Quand-est-ce que je pourrai monter devant ? » Je ris légèrement et dépose un baiser sur son front. « Quand tu seras assez grande. » « C’est parce que t’es policière que c’est important ? » « Non, c’est pour ta sécurité mon chat. » Je prends place à l’avant de la voiture. Voiture flambant neuve que j’ai été obligée de m’acheter quand Billie est partie pour la simple et bonne raison que je n’avais plus que ma moto. Et maintenant que je suis mère, pas question que je trimballe ma fille sur la moto. Ce sera pour quand je reprendrai le boulot. J’ai hâte. Le chemin n’est pas très long pour arriver jusqu’au centre-ville, mais je sais que Joy n’est pas friande des longs trajets à pieds tant que ce n’est pas dans la forêt ou au parc. Une fois garée dans le parking de l’immeuble où vit Billie, je souffle un coup et descends pour aider Joy avec sa ceinture. « Chérie ne t’énerve pas comme ça, ça va pas marcher mieux. » Elle est excitée comme une puce. Faut dire que son frère lui manque, et je peux comprendre. De mon côté, je suis aussi angoissée qu’impatiente de retrouver Billie. Je n’ai toujours pas recouvré ma mémoire à son sujet, mais il y a quelque chose qui me lie à elle sans que je ne sache exactement quoi. Nous prenons l’ascenseur pour monter au bon étage et c’est Joy qui frappe à la porte, ou que dis-je, qui tambourine à la porte. Billie ne tarde pas à venir ouvrir et un sourire étire doucement mes lèvres à l’instant où je pose mes yeux sur elle. « Désolée, elle est excitée comme une puce ! » Je laisse échapper un petit rire un peu mal à l’aise. La dernière fois qu’on s’est vues, c’était pour le rendez-vous avec le juge pour le divorce, et avant ça pour le rendez-vous avec l’assistante sociale pour l’adoption de Joy. On ne peut pas dire que ce soit forcément de bons souvenirs…Joy saute dans les bras de Billie et s’accroche à elle comme un petit Koala. Quelle boule d’amour…

❝ can we have a break in our war ? ❞
Billie & Jules

Je m’excuse pour Joy qui ne tient pas en place, et je laisse mon regard se poser sur Billie et la petite fille qui s’accroche à elle. Je sens qu’elle l’aime beaucoup et qu’elle lui manque, elle me le dit quasiment tous les jours et je me sens impuissante face à cette absence. Je sais qu’au fond c’est de ma faute, mais je ne vois pas encore ce que je pourrai faire de mieux. J’espère qu’un jour je pourrai me souvenir, que je pourrai revenir ici et lui dire que ça y est, que je me souviens de tout, et que je l’aime comme au premier jour. Si seulement. Mais en attendant, je dois faire face à une jeune femme que je ne connais que trop peu, et qui se trouve être un peu froide avec moi, ce qui a le don de me rendre vraiment mal à l’aise. « Tu n'as qu'à aller dans le salon, tu te mets devant la télé et tu restes à côté du baby-phone, dès que tu l'entends se réveiller, tu vas le voir, ça te va ? » Je souris de les regarder discuter toutes les deux, et Billie qui tente de trouver une solution pour canaliser Joy et ne pas qu’elle parte dans tous les sens. Personnellement, j’ai essayé maintes et maintes fois, de différentes manières, mais elle a beaucoup d’énergie à revendre. Parfois j’aurai envie d’appeler Billie pour lui demander des conseils, ou même carrément de l’aide avec la petite fille parce que je me sens dépassée. Mais cette foutue fierté m’en empêche. J’aimerai juste qu’elle croit que je suis une bonne mère pour elle. Et d’ailleurs, qu’elle ne se contente pas de le croire mais aussi de le penser. « Tu veux boire quelque chose ? » Je hoche un peu la tête et tente un sourire à la jolie brunette. « Oui, avec plaisir. » Je ne comptais pas juste déposer Joy et repartir comme une voleuse. Je sais que depuis le divorce nous essayons de nous croiser le moins possible, mais à un moment donné je pense qu’il faut aussi qu’on arrête de se comporter comme des enfants. « J'espère qu'il ne sera pas trop ronchon avec Joy, sinon ça ne va pas lui plaire à cette petite. » J’esquisse un petit sourire et viens m’installer sur une chaise près de la table, laissant mon regard traîner un peu partout dans l’appartement. C’est petit mais très mignon. « Pourquoi, il va pas bien en ce moment ? Tu sembles dire qu’il est de mauvais poil régulièrement… » Je ne la lâche pas des yeux et elle se retourne vers moi me proposant alors « Tu préfères quelque chose de chaud ou de froid ? ». « Ne t’embêtes pas, si tu peux me faire un café ce sera parfait. En ce moment j’ai besoin d’un peu d’aide pour tenir debout et le café est mon meilleur ami. Elle a une énergie débordante… » Je tourne la tête pour regarder la petite fille assise sur le canapé en train de regarder la télé, et même là elle n’arrête pas de bouger, regarder le babyphone, jouer avec la télécommande. Je sais qu’elle est excitée d’être ici mais elle est vraiment très énergique. Et moi qui apprends à être mère, ce n’est clairement pas un métier facile. « Parfois je me sens dépassée, j’ai l’impression que j’y arriverai pas, que je vais finir par craquer… je l’aime, démesurément, mais plus le temps passe et plus je me demande si je suis à la hauteur… » J’ai dit tout ça en continuant de regarder Joy, le regard au loin, les yeux pensifs et la voix tintée d’une certaine angoisse. Je soupire très légèrement et tourne les yeux vers Billie pour lui adresser un petit sourire un peu gêné. « Tout se passe bien toi avec Tymeo ? Il a dû encore tellement grandir… »

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Billie & Jules

Je prends place dans l’appartement de Billie que je vois pour la première fois, et essaie de me la jouer polie sans regarder partout autour de moi comme une impolie. Rapidement, je l’entends me dire que Tymeo semble perturbé ces derniers temps, et je saute sur l’occasion pour lui poser une question rapport au petit garçon. L’important, c’est que je me soucie d’elle, d’eux, et pas seulement de moi. « Il a beaucoup de difficultés pour s'endormir et passe des nuits compliquées. » Je grimace un peu. Je ne sais pas si elle connaît la raison de cette gêne, mais je n’ose pas vraiment lui demander. Je me dis que si elle avait voulu m’en parler, elle l’aurait fait d’elle-même, je lui ai donné la chance de le faire, mais elle ne l’a saisie qu’à moitié. Alors, je prends la parole pour parler de Joy, parce que pour le moment, elle est le seul et unique point qui nous ramène l’une à l’autre. Le seul point commun après tous ces différends. Je me confie à elle sur ma peur de ne pas être à la hauteur, sur mon angoisse de ne pas réussir à faire ce qu’il faut pour Joy, être une mère comme l’est Billie avec Tymeo. « Ne dis pas ça Jules. Tu es la maman qu'il fallait à Joy. Elle est peut-être un peu excitée par tout cela et puis, c'est de son âge. Elle a besoin de se défouler, de courir partout, c'est normal. Joy t'aime Jules et elle saura te rendre tout ce que tu lui apportes. » Mon regard jongle entre ses yeux et ses mains posées sur mes poignets. Mon cour bat plus vite et je sens une vague de chaleur de traverser légèrement. Mon regard s’embrume quelque peu et je me racle un peu la gorge comme pour faire disparaître cette boule qui est en train de prendre place. Je hoche à peine la tête, incapable de répondre quoi que ce soit, de mettre des mots sur le bien qu’elle me fait à me dire des trucs pareils. C’est exactement ce dont j’avais besoin.

Je change de sujet pour reparler de Tymeo, je m’inquiète pour elle, pour le petit garçon qui est sensé être aussi un peu le mien, à la base. Je me demande si je peux lui manquer en tant que mère ou si il est trop petit pour se rendre compte de ce genre de chose. « Hormis ses quelques problèmes de sommeil, tout va bien. Il grandit vite, il commence à marcher vite aussi. » Je souris largement en l’entendant rire. Le pétillement de ses yeux est agréable. On voit bien qu’elle aime son fils plus que de raison. Leur lien semble tellement solide, je la jalouse un peu je dois avouer. Je suis très proche de Joy mais je ne l’ai pas portée, et si notre lien est solide semble-t-il, il ne le sera sûrement jamais autant que celui qu’entretient Billie avec Tymeo. « Je dois toujours faire attention. Il est doué pour attraper les objets qu'il ne devrait pas toucher, pour mettre le bazar aussi. » Je lui souris, de toutes mes dents, amusée du récit qu’elle me fait de son nouveau quotidien depuis que le petit garçon a fait ses premiers pas. Je ne sais pas d’ailleurs comment je dois me comporter face à ça. Il a été mon fils, j’aurai sûrement dû être mal à l’aise ou triste de ne pas avoir assisté à ses premiers pas. Je me sens plus coupable de ne rien ressentir qu’autre chose. Pensive, je viens récupérer ma tasse entre mes mains et en bois une gorgée. « Ma mère m'a proposé de le garder l'autre jour, pour que je puisse me reposer un peu. Si tu as besoin d'un break toi aussi, Joy peut passer la nuit ici. » J’hésite un quart de seconde et secoue la tête. « C’est adorable de ta part, mais je ne vais pas te donner du travail en plus. Si déjà Tymeo ne fait pas ses nuits, je vais éviter de te laisser Joy qui a tendance à se lever plus tôt que le coq et hurler parce qu’elle n’arrive pas à attraper ses céréales ! » Je ris légèrement et hausse les épaules. « Enfin, ça c’est quand elle n’a pas décidé de venir me réveiller en sautant sur mon lit ! » Je lui souris, un de ces sourires complices qu’on pourrait échanger avec quelqu’un qu’on connaît depuis longtemps. Je m’étonne d’ailleurs de cet échange plutôt très agréable. « Je vais finir par m’habituer. Je suppose que ça a été pareil au début avec Tymeo, devoir prendre notre rythme avec lui, tout ça… » Je me mords un peu la lèvre inférieure, toujours un peu mal à l’aise e faire des suppositions sur ce qu’a été notre histoire, notre passé.

Le téléphone de Billie sonne et je la laisse répondre tranquillement pendant que je bois mon café. Mais les choses se corsent quand j’entends des pleurs dans le babyphone, et Joy qui court vers la chambre qui je suppose être celle du petit garçon. « Doucement chérie ! » Je me lève et fais signe à Billie que je m’en occupe. Je me lève et accompagne Joy jusque dans la chambre et récupère dans mes bras le petit garçon pour qu’il arrête de pleurer. Etonnamment, il se calme très vite et, les yeux grands ouverts, il me regarde pendant de longues secondes. « Salut bonhomme, alors, tu as fait un gros dodo ? » Je ne suis pas spécialement à l’aise, mais je fais e mon mieux. Il est vraiment mignon quand même. Billie arrive dans la chambre et je semble surprise de me voir avec son fils dans mes bras. « Je euh… il faut l’habiller ? » Je me sens un peu con pour le coup. Le bébé est encore en body puisque je viens de le sortir de sa gigotteuse, je me demande même si j’ai bien fait de l’en sortir.

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Billie & Jules

Je ne sais pas exactement pourquoi je me confie à elle de cette manière, sûrement parce que je sens que je peux lui faire confiance, ça semble logique après tout. Je ne la connais que très peu mais je sens que je peux me libérer d’un certain poids en lui parlant de mes difficultés minimes avec Joy. Je me doute que ce soit normal, mais ça me fait un peu peur. Ne pas être à la hauteur me rendrait horriblement triste. J’aime cette gamine comme si je l’avais faite, et je ne veux jamais plus m’en séparer. D’ailleurs, même quand Billie me propose de prendre Joy cette nuit, je refuse. Je lui dis que c’est parce que je ne veux pas lui rajouter du travail, mais en vérité, je crois que j’ai peur de me retrouver seule. Joy prend beaucoup de place dans mon quotidien et je n’imagine pas la maison sans elle. C’est tout bonnement impensable. Assez rapidement, nous sommes coupées dans notre discussion par un coup de téléphone. Elle s’excuse et je la laisse partir alors que Tymeo semble s’être réveillé. Je ne compte pas le laisse pleurer et encore moins Joy aller s’en occuper. Elle est encore trop petite, même si elle peut bien sûr aider pour des petites choses. Je file avec elle dans la chambre du petit garçon et le prend dans mes bras pour qu’il arrête de pleurer, ce qu’il fait instantanément. Il ne semble pas aussi mal à l’aise que moi, je me demande si lui se souvient de moi, puisque la réciproque n’est pas vraie. Je me sens un peu idiote à lui demander s’il faut l’habiller. Je me doute qu’il ne va pas rester comme ça presque tout nu. Billie hoche la tête et elle file déjà ouvrir quelques tiroirs pour en sortir de nouveaux vêtements et… une couche. Merde. Elle va pas me demander de le changer ? « Il y a de fortes chances pour que ça te serve, il va falloir le changer aussi. » Je cligne à peine des yeux, un peu désemparée. Le sourire de Billie est rassurant et m’incite à m’occuper un peu plus du petit garçon. « Tu l'as déjà fait, tu t'en sortiras très bien. » Mon coeur s’emballe un peu et je regarde Tymeo mais je n’ai pas vraiment le temps de garder mon regard bien longtemps sur lui puisqu’il m’entoure de ses petits bras avant d’enfouir sa petite bouille dans mon cou. Surprise, je remonte ma main dans le milieu de son dos et relève les yeux vers Billie qui semble émue par la scène. « Si jamais tu ne te sens vraiment pas capable, je prendrais le relais. » « Sinon, je peux le faire moi ! » Je tourne les yeux vers Joy qui prend la parole et je souris, regardant Billie lui répondre avec toujours cette tendresse et ce calme inouï. « Je ne pense pas que tu apprécies très longtemps. Mais si tu veux, tu pourras lui mettre ses chaussures ? » Je me lève avec le petit garçon, un peu stressée mais avec l’envie d’essayer. Je le pose délicatement sur la table à langer et adresse un regard à la jeune femme. « Tu restes là hein ? J’ai pas envie de faire des bêtises… » Je ne sais pas exactement pourquoi j’ai soudainement cette envie de nouer un lien avec Tymeo, sans doute quelque chose qui dépasse le stade de la réflexion naturelle. Je retire les pressions de son body alors qu’il gigote légèrement et Joy lui donne un jouer que le petit garçon s’empresse de venir mordiller pour s’occuper. Une fois le body relevé, je lui retire sa couche avec une certaine appréhension mais heureusement, juste un pipi. Je soupire un peu de soulagement et ça a l’air de faire sourire Billie. Je lui adresse un regard réprobateur et plisse un peu les yeux. « Te moque pas, chaque chose en son temps ! » Je prends un coton et y mets la lotion nettoyante pour nettoyer son zizi miniature, toujours entourée de Joy et Billie qui me surveillent de près. Je continue de changer sa couche et m’apprête à lui mettre la propre. J’hésite un instant quant au sens et Billie m’aide un peu mais ça vient assez naturellement au final. Je finis de l’habiller et il me tend les bras. Surprise, je jette un oeil à Billie et récupère dans mes bras le petit garçon. Il ne semble pas trop être en mode râleur, tant mieux. « C’est bon, je peux lui mettre ses chaussures maintenant ? » Je ris un peu et hoche la tête. « Oui viens, prends-les on va les mettre dans le salon. » Je prends l’initiative de sortir de la chambre pour aller m’asseoir sur le canapé, Tymeo assis sur mes genoux et une main sur son ventre pour ne pas qu’il bascule. Joy est à genoux devant moi et enfile les chaussures du petit garçon. Je ne me rends même pas compte que mes gestes sont plutôt naturels. Une fois fini, je le pose par terre et le laisse garder appui de ses mains sur le canapé alors que je me lève pour rejoindre Billie qui est restée debout un peu plus loin. « Ça va, je trouve qu’il est pas trop ronchon ! »

❝ can we have a break in our war ? ❞
Billie & Jules

Bizarrement, je me sens plutôt bien là. Je n’aurai pas pensé qu’en venant ici j’aurai pu changer le petit garçon, et passer du temps un peu plus complice avec Billie. C’est vraiment agréable malgré tout ce qu’il s’est passé entre nous ces derniers temps. Je crois que les choses sont en train de changer légèrement. Billie a l’air d’avoir un peu moins peur de moi. Je m’en veux tellement d’avoir été violente avec elle, je sais que ça ne me ressemble pas, j’ai perdu les pédales et je pense que m’excuser le plus platement ne suffirait pas. Une fois déposé le petit garçon sur ses pieds, appuyé sur le canapé, je reviens vers Billie pour discuter un peu avec elle, naturellement. « C'est parce que vous êtes là, toutes les deux. Vous lui manquez. » Je reste à regarder les enfants mais mon coeur se serre légèrement. « Tu penses que je lui manque ? Réellement ? » Cette fois je tourne la tête dans sa direction et la regarde hocher la tête doucement, alors que je lui réponds par un sourire un peu timide. « Il avait commencé à s'habituer à notre vie de famille et nous lui avons tout retiré. » Je soupire un peu et passe une main dans mes cheveux. Je sais que j’ai été à l’initiative de tout ça, par mon accident et mes agissements, mais c’est Billie qui a demandé le divorce après tout. Peut-être qu’on aurait pu prendre du temps pour nous, pour que je puisse avoir assez de temps pour me reconstruire, recouvrer la mémoire petit à petit. Mais je ne me voyais pas la bloquer pendant tout ce temps alors que je ne savais même pas le temps que ça prendrait. « Il va finir par s'habituer. » Une boule se forme dans ma gorge à cause de l’émotion et je viens croiser mes bras sur ma poitrine en hochant doucement la tête. « Oui, si tu le dis… » Je crois que je suis un peu amère d’imaginer qu’ils puissent tous les deux vivre convenablement alors que moi je galère avec Joy. Mais je ne le dirai jamais, du moins, pas de cette manière. « Ça vous dit qu’on aille se balader ? Il fait encore assez bon dehors, et puis faudrait qu’on profite d’être tous les quatre non ? » J’esquisse un petit sourire et Joy réagit immédiatement. « Ouiiiii Billie s’il te plait dis oui ! » La jeune femme accepte et je la laisse préparer les affaires qu’il faut pour Tymeo, et nous quittons l’appartement. Le parc n’est pas très loin à pieds et nous y arrivons rapidement. Comme une vraie petite famille, nous alternons pour porter Tymeo et le faire jouer avec les jeux pour enfants, tout en le tenant parce qu’il est trop petit pour le faire seul. Joy s’amuse comme une petite folle, elle court partout, grimpe, saute, elle ne s’arrête pas. « Je crois qu’elle va bien dormir ce soir ! » Je ris en regardant Billie et me rends compte que je me sens vraiment bien présentement, avec elle, avec les enfants.

Nous rentrons chez Alex et il est déjà tard, mais je n’ai pas vraiment envie de partir. Je ne vois pas grand monde depuis que je suis réveillée du coma. Bien sûr il y a mes frères et soeurs mais ils ont tous leur vie, et depuis que mon frère est décédé, j’ai presque besoin de prendre de la distance avec ma famille, comme pour occulter ce drame familial. « Je peux nous faire à manger si tu veux, enfin, si tu veux bien qu’on reste encore un peu, si tu n’avais rien de prévu ? » Je lui adresse un petit sourire, le regard pétillant, et j’espère simplement qu’elle ne me renverra pas chez moi, aussi poliment et gentiment qu’elle est capable de le faire.