You want to play ? Let's play ! - Lucas

❝You want to play ? Let's play !❞
Lucas & Théo

« Mr Antonelli, s’il vous plaît, vous ne pouvez pas rester là plus longtemps. » « Faites-moi plaisir, arrêtez avec le Mr et appelez-moi Théo. Il serait tout de même étrange que vous continuiez avec cette mauvaise habitude lorsque je vous inviterai au restaurant. » Je relevai vers la tête vers l’infirmière avec un petit sourire en coin avant de reposer mon regard sur mon neveu. Il semblait si bien dans mes bras, je ne voulais pas le laisser tout seul parmi tous ces étrangers. « Monsieur, je ne veux pas vous rayer de la liste des visiteurs. Vraiment, ne m’obligez pas à faire une telle chose. Lenny et Lukas doivent commencer à créer un bon rythme et vous n’aidez pas. » Je soufflai doucement avant de reposer le petit dans son berceau et je m’approchai de ma sœur pour la prendre dans mes bras. « Je ne viendrai sans doute pas demain, mais après-demain, promis. » Puis je pris ma veste et suivis la jeune employée vers la sortie de la maternité. Alors qu’elle attendait devant l’ascenseur pour être sûre que j’allais disparaître de l’hôpital, je lui pris sa main droite et lui fis un baisemain avant de lui faire un clin d’œil et de laisser les portes nous éloigner pour quelques jours.

De retour dans la réalité, je m’installai au volant de ma Maserati et vérifiai si Jordan avait donné de ses nouvelles, mais je n’avais reçu aucun message de sa part. Depuis quelques semaines, elle semblait plus distante, elle avait toujours une soirée de prévue lorsque mes affaires m’autorisaient quelques heures de repos. C’était presque à croire qu’elle m’évitait intentionnellement et tout ça parce que je n’avais pas eu le choix que d’annuler un de nos rendez-vous. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi elle était aussi susceptible, ce n’était pas comme si j’avais souhaité que Lenny soit en détresse. Certes, elle ne pouvait pas savoir que j’avais décidé de reporter notre dîner pour prendre soin de ma famille, elle pensait simplement qu’un de mes assistants m’avait retenu, une fois de plus. Et maintenant, elle prenait un malin plaisir à me laisser de côté et à aller fricoter avec cet idiot de Lucas. Si elle continuait dans ce schéma ridicule, elle allait détruire tout ce qu’on avait réussi à construire la dernière année. Rangeant mon portable avec fureur, je démarrai à grand bruit ma voiture et sortis en trombe du parking de l’hôpital.

Il ne me fallut pas longtemps pour me garer devant le foxglove, j’y étais déjà venu plusieurs fois depuis son ouverture. A cause d’une rancune amère, je l’avais évité depuis mon retour, mais il était temps que je vienne remettre à sa place ce petit ingrat de Lucas. J’ouvris la porte d’entrée et me décalai sur le côté avec un sourire séducteur pour laisser entrer trois demoiselles avant de les suivre avec élégance. D’un regard attentif, je vis que l’endroit n’avait pas perdu de sa superbe, bien au contraire. Dommage, je ne pourrai pas l’attaquer en utilisant cette faiblesse inexistante. Ce n’était que partie remise, je n’avais pas besoin de ça pour le confronter. J’avançai vers le bar et le vis se courber devant une table pour déposer des verres à un groupe de jeunes loin d’être pauvres. Je m’adossai contre le comptoir, sans même prendre la peine de lire la carte du bar, et l’observai alors qu’il finissait de répondre aux moindres demandes des clients. « Lucas Strand, ancien sportif de haut niveau, maintenant réduit à séduire ses semblables pour s’acheter un paquet de biscuits. Dis-moi, qu’est-ce que ça fait de passer du champagne à l’eau du robinet, ce n’est pas trop violent le retour à tes origines ? » Je lui fis un sourire mauvais avant de prendre la carte des cocktails sans pour autant la lire. « Est-ce que tu as enfin appris à écouter les conseils de tes supérieurs ou tu n’es encore bon qu’à récupérer les restes derrière les autres ? » Mes yeux se posèrent sur une table tout juste libérée encore remplie de verres vides. A en croire l’installation de la salle, c’était bien à lui de s’en occuper ce qui me fit jubiler un peu plus.

❝You want to play ? Let's play !❞
Lucas & Théo

Était-ce un rictus qui déforma le temps de quelques secondes les traits de son visage ? Ce serait plus étonnant qu’on me dise le contraire qu’autre chose. Après tout, ce petit morveux ne cachait pas son dégoût envers ma personne et je ne pouvais pas nier que le sentiment était plus que réciproque. Pourtant, je ressentis presque un sursaut d’excitation en distinguant un ton moqueur dans sa répartie. Il avait mordu à l’appât avec appétit et semblait prêt à en débattre. C’était bien l’un des seuls points positifs que je lui trouvais, il savait se défendre sans se laisser impressionner par quelques paroles bien faites. En fait, c’était également ce qui me répugnait le plus, c’était un tel gâchis que de le voir faire son beau toutou devant des clients soûls alors qu’il pourrait être à mes côtés à manipuler les faibles pour monter en puissance. « Si je te prenais encore pour un bleu, j’aurais encore un peu d’espoir pour toi. Mais là, c’est peine perdu, tu t’es laissé charmer par ces parasites qui ne supportent pas de nous voir prendre l’ascendant sur les autres. Tu as été manipulé et je crains qu’il n’y a plus rien que je puisse faire pour toi. Dommage, tu étais un bleu prometteur et tu as échoué. » Si je le disais d’un air arrogant, je pensais réellement qu’il avait ses chances et qu’il pouvait faire parti du petit cercle rassemblant les personnes influentes de ce monde.

Et pourtant, comme s’il désirait me contredire à tout prix, il décida d’utiliser ce moment particulier pour faire signe à un autre serveur d’aller nettoyer la table que j’observais avec un air de dédain. Je relevai un sourcil étonné lorsque ce dernier obéit sans broncher. Je n’étais pas surpris que l’ancien sportif ose prendre le dessus sur ses collègues, ce n’était pas pour rien que j’avais eu de l’estime pour lui. Ce qui me surprenait le plus, c’était plutôt de le voir prendre ce soudain air de patron, comme s’il ressentait un besoin inhabituel de prendre le dessus en ma présence. La suite de la conversation me donna la preuve qu’il avait perdu son talent naturel de me défier. Je souris en l’écoutant me décrire sa vie d’aujourd’hui ou, du moins, ce qui lui permettait de payer son loyer à la fin du mois. Le pauvre, il avait tellement stagner dans sa vie qu’il devait encore négocier avec un propriétaire. Si seulement il savait ce qu’il avait refusé en me traitant comme un individu quelconque, peut-être qu’il serait un peu moins fier de son statut de travailleur. « Mon cher Lucas, ne t’en fais pas, tu n’as pas besoin de te justifier auprès de moi. Je comprends qu’il est dur pour toi de remballer ta fierté et revenir vers tes bienfaiteurs pour t’excuser de ton comportement irrespectueux. Je ne peux pas te promettre un bel avenir à présent, mais je suis certain que ta petite description impressionne quelques uns de tes clients. »

Je détournai mon regard pour finalement lire les noms des cocktails les plus mis en valeur. Deuxième point positif pour ce bar, j’étais intrigué par certains d’entre eux sans même lire la liste de leurs ingrédients. Je ne relevai pas la tête lorsque Lucas tenta de couper court à mes petites allusions, je ne voulais pas lui donner satisfaction immédiatement. Je pris bien le temps de lire toute la première partie de leur carte avant de la tourner et daigner lui jeter un coup d’œil. « N’ai-je pas le droit de venir voir quels dégâts tu as pu faire dans ce bar renommé ? Heureusement que la gérante a du cran et ne laisse personne venir altérer sa gestion. » Je ne connaissais pas vraiment le fonctionnement de cet endroit et je me contentais de l’idée que je me faisais de la propriétaire des peu de fois où je l’avais aperçue, mais il ne pouvait pas le deviner. Je reposai la carte sur le comptoir et posai un coude à côté, observant le lieu avec attention. « Pour tout te dire, j’hésite à acheter des parts de ce bar depuis quelques temps. J’avais la bonne intuition que c’était une excellente affaire, mais j’ai ensuite appris que tu travaillais ici. Autant te dire que ça m’a bien refroidi. Est-ce que je peux vraiment investir quand tu pourrais couler l’entreprise à tout instant ? Soyons honnête, je ne suis même pas certain que tu puisses me servir un cocktail à ma hauteur. Alors, peux-tu le faire ? » J’eus un petit sourire en coin alors que je le fixai d’un air de défi.