pourquoi tu me regardes comme ça ? [Tawïs#1]

❝ pourquoi tu me regardes comme ça ? ❞
tawny & loïs

Elle riait, encore. Et c'est fou comme ça la rendait légère, de l'entendre rire. Son front était encore brûlant, son crâne regorgeait d'informations contradictoires, mais pour le moment, elle ne pensait qu'à la voir heureuse. Comme si sa simple présence réclamait une attention particulière, au point de lui faire oublier l'absurde situation qu'elles venaient de traverser. Ses yeux l'appelaient à invoquer une nouvelle dimension, une pause entre les temps. Un lieu où elle pourrait bâillonner la morale qui dominait ses désirs. Cette fille lui faisait traverser tous les états, et elle n'était pas encore bien sûre d'aimer ça. « Bien sûr que tu es toujours invitée. Et sans vouloir me vanter, tu n’as eu droit qu’à un baiser, mais il paraît que je suis encore plus douée pour ce qui vient après ! » Une chaleur à l'abdomen, née de ces simples mots. Un large sourire s'empara de ses lèvres, mais elle retint l'enthousiasme provoqué par sa remarque derrière un air intrigué. Est-ce qu'elle continuait sérieusement à flirter ? Une chose était sûre : à ce jeu là, elle ne comptait pas la laisser gagner. « J'ai la fâcheuse tendance à ne croire que ce que je vois. » Un regard suggestif appuyant ses propos, elle débarrassa ses mains du dernier carton qu'elle pressait contre elle, et attendit sa réponse. Elle se plaisait terriblement à la jauger, parcourir son visage pour apprendre à en déchiffrer chaque expression ; sans trop savoir pourquoi, elle trouvait quelque chose de passionnant dans l'étude de ses réactions. « N’empêche, j’en ai fait des trucs fous, mais embrasser ma soeur, wow… ça c’est inédit ! » Avec cette nouvelle observation, elle ne pouvait pas la croire innocente. « Si ça peut te rassurer, ça m'arrive pas non plus tous les jours. » Prise d'une certaine fierté, Loïs n'aurait pu penser une seule seconde que la jeune barmaid n'avait pas été parcourue par le même frisson que celui qui avait dévalé son échine. Elle savait qu'elle y repensait, et qu'elle y repenserait. A leur contact, à l'atroce tentation de s'offrir à nouveau aux dangers d'une relation interdite. Et elle était loin d'être celle qui lui reprocherait.

« Et pour que tu me montres tes talents de batteuse, c’est toujours d’actu aussi. J’ai une batterie chez moi, suffit de trouver un moment où ma coloc est pas là. » Et se retrouver en tête à tête dans les lieux de son intimité ? Si elle n'avait pas hésité à secouer les étagères de la réserve, elle craignait déjà d'imaginer ce que leur réserverait une telle proximité. Mais les faits étaient là. Son souffle lourd, son regard intense. Elle n'était qu'à un fil de se laisser tomber dans le courant de cette puissante tension. « Avec plaisir. » Sa réponse avait sonné vaguement juste. Quelque chose manquait. Menacée par l'influence de cet attachement étranger, elle avait été soudainement rattrapée par le besoin de retrouver sa liberté. Malgré ses efforts à retrouver la carapace de son irresponsabilité, Loïs était loin de se douter que cela ne suffirait pas à la préserver. Depuis leur premier contact, elle avait sans le savoir abandonné sa quête d'une existence sensationnelle pour l'envie de se retrouver dans ses yeux. Elle voudrait bientôt n'exister qu'à travers elle. Vivre dans ses murmures, les poumons compressés par l'adrénaline, et les tempes brulantes, le corps tordu, les muscles saillants, honteusement camouflés sous des draps défaits par négligence. Elle la désirait déjà tellement plus qu'elle ne le devrait. « Et… ta mère. Notre mère… elle est au courant que tu es venue là pour me retrouver ? T’as un frère aussi non ? » Craignant d'être surprise dans l'égarement de ses propres pensées, elle avait manqué de sursauter en entendant sa voix à nouveau se manifester. Son sourire s'effaça lorsqu'elle pris conscience du sujet abordé. Sa famille. Leur famille. La raison même pour laquelle elle n'aurait pas dû s'autoriser à alimenter de telles idées. Vite, retrouver le masque d'un air sérieux. « Elle m'a parlé de toi, alors je pense qu'elle s'en doute. Mais je m'en fous un peu. » L'intonation de sa voix était suffisamment clair pour laisser comprendre qu'elle n'appréciait pas tellement ce sujet. « Un petit frère, oui. Resté au Canada. » Nouveau silence, léger malaise pour la jeune blonde qui ne tarda pas à le mentionner. « Je me doute que tu as une tonne de questions, mais j'suis pas partie uniquement pour te retrouver. Y'a des détails que j'aimerais laisser de côté. »  

Là encore, son regard avait sensiblement changé. Les battements assourdissants de son cœur épuisé lui donnaient l'impression de le sentir s'écraser contre ses côtes à chaque bouffée d'air inspirée. « Je vais aller fumer. » souffla-t-elle hâtivement. Il avait fallu qu'elle se retienne de l'inviter à la suivre. Un sacrifice nécessaire pour retrouver le plein contrôle de son esprit. Jamais les caprices de son impulsivité ne l'avaient poussé à subir un tel supplice. Des attirances inavouables, elle en avait vécu. Mais Tawny était sa sœur, et le seul attachement qu'elle pourrait s'autoriser à son égard n'impliquerait jamais l'échange de baisers aussi passionnés. Elle avait vu le dégoût dans ses yeux lorsqu'elle s'était énervée, et elle pouvait se mentir autant qu'elle le voudrait, elle n'était pas prête de l'oublier.

❝ pourquoi tu me regardes comme ça ? ❞
tawny & loïs

L’électricité dans l’air est étrange, elle n’est plus aussi agréable qu’elle l’était, mais heureusement Loïs rompt le silence en m’adressant la parole de manière plutôt spontanée, et je ne peux m’empêcher de lui sourire, parce que mine de rien, j’aime beaucoup sa voix. C’est étrange de dire un truc pareil, on ne se connaît même pas, je ne sais pas pourquoi j’ai cette envie étrange de la serrer contre moi, de sentir son coeur battre contre le mien, son souffle sur ma peau. Je me fais violence pour réfréner ces pensées salaces, agrémentant le tout d’un léger soupir pour moi-même. Je m’amuse à taquiner ma jeune soeur en parlant de mes soit disant talents sexuels. Je crois n’avoir jamais déçu aucune fille avec qui j’ai couché, au contraire même, certaines me collent encore au derrière. « J'ai la fâcheuse tendance à ne croire que ce que je vois. » J’arque un sourcil, amusée. La tension est toujours présente, et le jeu semble redémarrer, mais cette fois avec une certaine conscience et connaissance des choses. C’est semble-t-il plus fort que nous. Pourtant, il faut garder en tête notre lien familial et la raison qui devra dorénavant être plus présente dans cette relation. Je m’amuse à lui dire que je trouve quand même ça fou d’avoir embrassé ma propre soeur, c’est un autre truc dingue que je peux ajouter à ma liste de choses faites avant de mourir. Elle s’agrandit considérablement. « Si ça peut te rassurer, ça m'arrive pas non plus tous les jours. » Je me contente d’un sourire à la blondinette, et enchaîne sur le fait que ma proposition de tester ma batterie n’est pas tombée dans l’eau pour autant. Sur le moment, je ne réfléchis pas tellement au caractère intimiste que pourrait nous apporter la proposition que je viens de lui faire, et pourtant. Lorsque mon regard croise le sien et qu’elle prononce ces deux mots : « Avec plaisir. » Je sens un frisson parcourir le bas de mes reins. Génial. Va falloir remédier à ça Tawny, et calmer un peu tes ardeurs. Alors comme pour essayer de faire redescendre la pression, je remets sur le tapis notre lien familial, notre mère, notre frère. « Elle m'a parlé de toi, alors je pense qu'elle s'en doute. Mais je m'en fous un peu. » Je sens à son intonation de voix plus sombre qu’elle n’a aucune envie de parler de ça, de cette famille qui nous rejoint. Alors pourquoi être venue me chercher si elle ne veut même pas en parler ? « Un petit frère, oui. Resté au Canada. » Le malaise est de plus en plus présent, plus désagréable aussi. J’ai l’étrange sensation de faire un tour de montagnes russes avec elle. Elle me fait ressentir des tas de trucs complètement contradictoires, et je ne suis pas certaines d’aimer vraiment ça. Les filles qui soufflent le chaud et le froid avec moi, j’ai tendance à m’en éloigner parce que ça m’énerve plus qu’autre chose. Et puis, en général, c’est plutôt mon jeu à moi. « Je me doute que tu as une tonne de questions, mais j'suis pas partie uniquement pour te retrouver. Y'a des détails que j'aimerais laisser de côté. » Je hoche la tête et détourne finalement le regard d’elle. « Ok ok, j’ai compris. » Je ne vais pas la faire chier plus longtemps, mais pour le coup, c’est moi qui finis par me refermer comme une huitre, soufflée de son comportement entraînant en moi des chutes et des vertiges, des haut le coeur et des pics de chaleur incontrôlables. Merde alors. Depuis quand je me laisse avoir comme ça ? « Je vais aller fumer. » « Ok. Je vais finir toute seule. » Je n’ai pas envie de lui proposer d’aller avec elle fumer une clope, je crois que j’ai bien saisi la distance qu’elle vient de mettre volontairement entre nous. Elle ne veut pas parler de notre famille, de ce qui nous lie biologiquement. Très bien. Je ne compte pas revenir vers elle si elle joue les glaçons. Je crois que je suis un peu vexée qu’elle m’ait répondu aussi froidement. Mais merde, pourquoi je prends toujours les choses aussi à coeur ? Je crois qu’il va falloir que je parle de tout ça à Phoebe. La porte claque, Loïs n’est plus là et je sens une sorte de colère désagréable monter en moi. Un truc que je déteste, qui est incontrôlable. J’ai juste envie de frapper dans un mur, shooter dans un carton, mais je me contiens, juste le temps de finir de ranger avant de quitter la réserve. Je sais pas sur qui je vais passer mes nerfs mais je suis remontée. Et j’espère ne pas croiser Loïs avant d’avoir débauché. Le reste de la soirée va être longue.