Au diable toi et tes apôtres feat Sarah

Je courrais, il était presque neuf heures et je courrais. J'avais passé une nuit d'enfer, moi qui ne buvais jamais j'avais passé la soirée dans un bar et je m'étais bien défoncé. Résultat j'avais la gueule de bois mais je ne voulais pas rester à dormir à la maison. Je ne supportais plus la maison vide de toute manière. Sarah était partie et depuis qu'elle avait pris ses valises il y avait un grand vide dans l'appartement. Je ne supportais plus d'y rester toute la journée quand je ne travaillais pas. Je travaillais de nuit en ce moment alors les journées étaient trop longues. J'espérais que Loar ne saurait jamais que j'avais bu, sinon il risquait de ma charrier et de m'en vouloir, parce que je lui avait fait quinze mille fois la morale et que l'autre jour je l'avais hébergé après une de ses cuites. Je n'avais pas forcément envie qu'il apprenne que j'avais eu un écart. Je courrais donc pour me changer les idées écouteurs dans les oreilles. L'air était plutôt agréable. Il faisait bon pour une matinée. Je me suis arrêté quand j'ai aperçus ma femme juste devant moi. Elle sortait peut-être d'une boutique, je n'avais pas vraiment fait attention. Je suis resté devant elle sans savoir quoi dire, la lèvre pincée alors que j'avais tant de choses à lui dire. J'ai enlevé mes écouteurs et je l'ai regardé mais je me trouvais tellement con. La seule chose qui est sorti de ma bouche c'est un :

« Heu … »

Génial Leeroy, ton sens de la communication est toujours aussi développé. J'ai fermé les yeux, et j'ai soupiré. Je n'avais même pas la force de réfléchir, mon cerveau allait exploser. Je n'aurais jamais du sortir hier soir. Je ne me souvenais même pas de comment j'étais rentré, ah si … je crois que James était là. Je pense que c'est lui qui m'a ramené. James est un de mes amis, sans doute le seul que j'ai gardé. J'ai rompu les liens avec l'ami d'enfance que j'avais eu, mon meilleur ami … vu ce qu'il avait fait. D'ailleurs ça me rappelait que j'étais sensé être en colère contre Sarah, mais je n'arrivais pas à l'être vraiment. La voir devant moi était trop beau pour être vrai, peut-être que j'hallucinais? Non je n'avais pas bu au point d'avoir des hallucinations, c'était plutôt la drogue qui faisait cet effet là et je ne mettais pas drogué, ça j'en étais sur.

Je reste sans voix et je me sens tellement idiot mais je n'ai jamais été très doué pour prendre la parole, que ça soit en publique ou en privé. Je suis quelqu'un d'assez coincé, enfin ça dépend avec qui, habituellement avec Sarah, j'étais plutôt expressif et joyeux, mais aujourd'hui je ne savais pas quoi lui dire. A chaque fois que je la voyais je me prenais en pleine gueule une baffe mentale qui me rappelait qu'elle avait couché avec mon meilleur ami et qu'on n'était plus les amoureux qu'on avait été et ça faisait mal. C'était comme se faire lacérer le cœur et sentir le sang qui coulait sans pouvoir l'arrêter. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à toute ses nuits qu'on avait passé ensemble et à tout nos bons moments qui étaient partis en fumée aussi vite que tout le reste et j'avais du mal à l'accepter. J'étais fautif de ne pas lui avoir dis dès le départ que j'étais stérilité, mais je ne l'avais su que trop tard et j'avais eu peur qu'elle s'en aille, ce qu'elle avait fini par faire. J'ai haussé les sourcils quand elle m'a demandé si j'avais pris ma décision. Je devais vraiment avoir des hallucinations. J'ai soupiré et je me suis passé une main sur le visage. J'avais du mal à réfléchir.

« Non. Je n'ai pas changé d'avis. Je ne suis pas prêt. »

J'ai d'ailleurs toujours l'alliance qu'on a échangé à notre mariage, je n'ose pas regarder si elle porte la sienne, mon cœur ne le supporterais pas une nouvelle hémorragie. Quand elle m'a demandé si j'allais bien j'ai levé les yeux au ciel. Non ça n'allait pas. Elle me manquait terriblement et pourtant ce n'est pas la réponse qui est sorti. Je lui ai plutôt répondu:

« Oui … Je vois que toi aussi.»

Je m'inquiétais toujours pour elle, elle avait vaincue sa maladie, mais j'avais eu tellement peur de la perdre, et finalement je la perdais maintenant. C'était pire que tout. Je n'avais jamais été un très bon menteur et vu la tronche que je devais avoir elle ne serait sans doute pas convaincue, mais je lui voyais mal lui dire que j'avais bu comme un trou hier, ça ne m'aiderait pas dans ce divorce, au contraire, ça l'aiderait plutôt à l'obtenir plus facilement et c'était tout ce que je ne voulais pas.

Je savais bien qu'un jour j'allais devoir signer ces papiers, mais pour le moment tant que je pouvais faire traîner l'affaire, je le faisais. Je n'avais pas envie de la laisser partir. On s'était dit oui pour le meilleur et pour le pire et on avait déjà vécu le pire. Je ne voyais pas pourquoi je devais les signer. On s'aimait toujours. En tout cas je l'aimais toujours, ça c'était une évidence. J'ai écarquillé les yeux quand elle m'a dit que j'avais menti, qu'elle avait fait une bêtise et que je l'empêchais d'être heureuse. Sérieusement? Ça faisait trois coups de couteau bien enfoncé dans le cœur les un après les autres et c'était douloureux de l'entendre me dire ça.

« D'accord! J'ai menti, justement parce que je savais comment tu le prendrais et je n'avais pas envie de tout ça. Tu sais aussi bien que moi que j'ai envie d'être père, comment est-ce que tu crois que je me sens quand je vois mes frères ? Je ne pourrais être père et je n'y peux rien. Je le subi aussi autant que toi. Et toi tu t'es permise de … ce n'était pas qu'une petite connerie et pourtant je n'ai jamais demandé le divorce pour autant. C'est toi qui veux ça. On s'était dit pour le meilleur et pour le pire … mais je vois qu'on n'a pas la même notion du pire. »

Je me déride un peu, un peu trop peut-être, je suis trop expressif pour le coup. Je n'avais pas envie de lui dire tout ça. Pas sur ce ton là. J'étais en colère et j'avais gueule de bois alors ça ne m'aidait pas à y voir clair et a rester calme. J'ai haussé les épaules quand elle m'a demandé si je savais qu'elle n'avait pas voulu de tout ça. Je lui ai répondu d'un ton un peu plus calme :

« Non je ne sais pas … Je ne sais plus ce que je dois croire. Et … non ça ne va pas. »

J'étais fatigué de nos disputes à chaque fois qu'on se voyait, tout ce cirque ne m'enchantait pas, je savais que tout serait fini une fois que je signerais ces foutus papiers, mais je savais aussi que je ne la reverrais peut-être plus quand ça serait fait, alors je m'accrochais encore un peu à ce que je pouvais.  

J'ai soupiré. J'étais fatigué, fatigué parce que j'avais bien trop bu la veille. Je ne savais même pas comme je faisais pour tenir debout alors que j'avais à peine dormi. Et lorsqu'elle s'emporta à nouveau s'en fut trop. J'ai serrer les dents prenant sur moi pour ne pas vomir, mais c'était comme si tout le mauvaise sortait maintenant. J'avais mal au cœur et à l'estomac, j'avais l'impression de me prendre à chaque fois un coup plus dur que l'autre. Je l'écoutais. Je l'écoutais me dire qu'elle avait des sentiments, j'en avais aussi. Je n'avais pas menti par plaisir, mais par peur, sans doute que j'étais lâche. Sans doute que j'aurais pu lui dire, mais j'avais eu tellement peur de la perdre. Je ne voulais plus jamais tomber amoureux, je ne voulais plus de tout ça, parce qu'on fini quoi qu'il arrive par souffrir. Je lui ai fait comprendre que je ne savais plus ce que je devais croire, elle demandais quand même le divorce, si elle n'avait vraiment pas voulu de ça, pourquoi allait-elle jusqu'au bout ? Mon cerveau refusait de réfléchir et j'avais l'impression qu'il allait sauter. Elle me disait que même si je ne signait pas les papiers ça ne l'empêcherait pas de refaire sa vie et je crois que ça a été les mots de trop. J'ai eu le temps de me mettre sur le côte avant de vomir mes tripes. Je me suis essuyé la bouche avant de m’asseoir sur le rebord de la devanture du magasin. Je me fichais qu'on me dise quelque chose, ça m'était égal. Sarah venait de me dire qu'elle comptait refaire sa vie. C'était le pire jour de ma vie. Encore plus que quand elle m'avait quitté. Elle ne voulait vraiment plus de moi. J'ai re-vomit une seconde fois. Je me demandais quand ce cauchemar allait s'arrêter, ma vie n'avait plus de sens si elle ne m'aimait plus. Je me suis redressé et j'ai fini par lui dire :

« Alors c'est tout, ça t'es égal? C'est fini … »

Ce n'était plus vraiment une question. Je savais que je n'avais plus aucune chance qu'elle m'aime.

« Juste pour une erreur? …»

J'avais envie de m'effondrer, de me retrouver seul et de craquer pour une fois. Je ne m'autorisais pas à le faire avant, mais là il y avait prescription. J'avais la gueule de bois, je n'aurais jamais d'enfants et ma femme ne m'aimait plus. Journée de merde.  

Elle se préoccupait toujours de moi, je le savais. Son geste ne trompait pas. Je savais qu'elle ne pouvait pas effacer dix ans de vie commune et bien plus que ça en réalité. On se connaissait depuis longtemps. Je ne comprenais pas ce qui nous arrivais. C'était tellement injuste. J'aurais tellement aimé répondre à ses désirs, lui faire de beaux enfants, être père, mais je ne pourrais jamais. J'ai passé une main devant mon visage. Cette situation devenait ridicule. Pourquoi est-ce qu'elle n'envisageait pas d'autres moyens d'avoir des enfants? Pourquoi m'en voulait-elle autant?

« Non, on ne saura jamais, puisque tu ne me laisse pas de chance de le savoir. On aurait pu essayer d'autres méthodes, mais tu as décidé que j'étais le coupable dans cette histoire. Je regrette de t'avoir menti mais j'avais peur de te perdre. Je ne voulais pas envisager cette possibilité.»

C'était bien pour ça que j'avais menti. Je le regrettais même si j'étais en tord, elle l'était autant que moi, même plus. Elle m'avait trompé, avec mon meilleur ami … Je sais au fond que c'était tout autant une erreur et qu'elle l'avait fait simplement parce qu'elle était en colère. Je n'imaginais pas qu'elle puisse réellement avoir des sentiments pour lui. C'était un acte de vengeance et j'aurais du la détester pour ça, mais je la détestais plus parce qu'elle voulait se débarrasser de moi.

« Mais il n'y a que toi, il n'y a toujours eu que toi Sarah. »

Je sentais les larmes me montais aux yeux, l'alcool ne me réussissait pas. On aurait dit un petit animal battu. J'étais ridicule mais je n'arrivais pas à y voir clair, je n'arrivais pas à être autrement, pas aujourd'hui. Ce n'était pas mon jour comme qui dirait.  

Je ne comprenais pas ce qui se passait, ni pourquoi elle s'énervait à nouveau. Elle avait un caractère si changeant. C'était ça aussi qui m'avait plu chez elle. Mais aujourd'hui ça me faisait plus l'effet de coup de couteaux dans le dos et ça faisait mal de l'entendre me dire qu'il fallait que j'aille me faire soigner. Je n'étais pas malade. J'étais juste fatigué et soul, mais de là à me faire soigner. Je suis resté sans voix. J'ai serrer les dents.

«Je ne suis pas malade. Je suis juste bourré. Ne me dis pas des trucs comme ça. »

J'ai froncé les sourcils. Je ne voulais pas lui avouer que j'avais bu, mais si elle commençait à me dire que je devais me faire soigner autant mettre les choses au clair. L'alcool ne m'aidait pas à avoir les idées clair, mais je n'étais pas fou. Enfin un peu, j'étais fou d'elle. C'était une évidence mais visiblement il n' avait que moi qui m'en rendait compte. Je me suis redressé et j'ai pris sur moi. Je n'avais pas envie qu'elle se force. Je n'avais pas envie qu'elle me dise ça juste parce que je n'étais pas dans un bon jour. J'ai ravaler mes les larmes. Je ne voulais pas qu'elle ai pitié, je ne voulais pas voir dans ses yeux.

« C'est bon. Je n'ai pas besoin que tu me dise ça juste parce que je ne suis pas dans mon état. Je crois que je commence à comprendre, mais ce n'est pas pour ça que je signerais ces papiers. »

Elle n'aurait pas ce qu'elle voulait. Je refusais de la perdre. Je refusais de céder. Jamais. Si on devait se battre bec et ongle pour ce divorce alors j'étais prêt et je ne lâcherais rien. Je ne m'étais jamais vraiment battu pour quelque chose, quand j'avais échoué dans la police je n'avais pas cherché à aller plus loin, je m'étais dis que c'était comme ça, que ça ne devait pas se faire. Mais là c'était différent. C'était Sarah, c'était l'amour de ma vie et je n'avais pas l'intention de la laisser partir.

J'avais du mal à me remettre de ma nuit, du mal à remettre de cette soirée. Je ne comprenais vraiment pas comment faisait Loar pour être toujours dans cet état là. C'était trop pour moi. C'était bien un moment parce qu'on oubliais, mais le retour à la réalité était encore plus dur. Je ne me jurais de ne plus jamais boire autant. J'avais un de ces mal de crâne et ma dispute avec Sarah n'arrangeait rien. J'ai soupiré à ses propos.

« C'était pour les oublier que j'ai bu. Pour oublier que j'avais une vie minable, un métier minable et que la seule chose à laquelle je tenais vraiment me demandais de divorcer. Je préfère autant croire que tout ça n'est qu'un putain de cauchemar. »

Ce n'était jamais bon signe quand je devenais grossier, ça signifiait que j'étais vraiment en colère et surtout pas dans mon état normal, parce qu'en temps normal je n'aurais pas dit ce genre de chose et je devais me méfier de ce que je pourrais dire ensuite. J'avais voulu oublier pendant quelques minutes ma vie, me sentir libérer tout ce qui n'allait pas, oublier que je n'avais jamais fait le métier de mes rêves, ça avait été un tel échec. Oublier que je ne pourrais jamais être père alors que ma famille était grande et que déjà certains l'était. Oublier enfin qu'elle ne voulait plus de moi pour époux alors qu'on s'était promis de rester ensemble pour le meilleur et pour le pire. C'était ça le mariage et on vivait le pire. Je ne comprend plus ce qui se passe. Je ne maîtrise plus rien. Je voudrais simplement disparaître ça serait moins douloureux que de subir tout ça. Je n'ai jamais voulu la rendre malheureuse, mais je n'arrive pas à me résoudre à la laisser partir et je ne sais plus si ce que je fais est bien ou mal. Je me suis passé une main sur le visage. Je ne pouvais pas encore lui dire oui. Je pouvais pas céder si facilement alors que je venais de lui dire que je n'allais pas le faire mais je n'aimais pas la voir dans cette état.

« Je sais plus ce que je dois faire. J'ai besoin d'un peu de temps … »

Je me suis rapproché d'elle et je lui ai caressé la joue rapidement, histoire qu'elle ne me repousse pas. J'étais à sa hauteur et je lui ai murmuré :

« Je suis désolé.»

Je ne savais plus ce que j'étais sensé faire. Je serais perdu sans elle, ça serait la fin de tout. Je l'ai regardé et me suis éloigné. J'étais dans un état bien trop lamentable pour continuer à parler de ça aujourd'hui.

FIN