Do you miss me like I miss you ? (Eliza)

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Do you miss me like I miss you ?

Fucked around and got attached to you

Eliza ✧ Faith

Vendredi. Un vendredi qui aurait pu être totalement habituel si Faith n’avait pas accepté l’invitation à dîner de ses parents. Elle appréciait pourtant la routine habituelle qui consistait à bosser sur ses dossiers jusqu’à tard le soir, se faire gentiment secouer par un collègue, finir sa soirée au bar avec des bières et pourquoi pas en commettant quelques matchs. Non, ce soir-là, Faith en avait étonné plus d’un en quittant presque à l’heure son bureau. Bien sûr, à peine s’était-elle glissée dans les couloirs que les remarques avaient fusées. Avait-elle un rendez-vous galant ? Qui était l’heureuse élue ? Était-elle canon ? Et toutes autres futilités de ce même acabit.

Il faut dire que contrairement aux autres, Faith n’était pas le genre à remplir son bureau de cadres photos prouvant que le célibat c’est nul à contrario avoir une famille c’est le bonheur. Forcément, après avoir refouler un certain nombre de collègues aventureux qui n’avaient visiblement pas bien compris qu’elle ne mélangeait pas professionnel et vie privée, ils s’étaient fait une raison à part les quelques nouveaux envoyés au casse-pipe par de petits plaisantins. Faith ne cachait pas qui elle était mais n’étalait pas non plus sa vie au boulot. Et puis, dans le fond, cela l’amusait vraiment de les laisser l’imaginer dans des relations plus fantasques les unes que les autres. Le pire ? C’est que même après toutes ces années de service, ils ne s’en lassaient visiblement pas. La jeune femme appréciait réellement cette ambiance au sein de son équipe et se sentait plus proche d’eux que de sa propre famille.

En prenant sa voiture, elle avait l’impression de se rendre au front. Mais elle ne pouvait pas les ignorer plus longtemps, cela faisait déjà quelques semaines qu’elle reportait ce dîner. Ses parents allaient finir par débarquer chez elle ou pire au travail, si ça continuait. Faith savait reconnaître quand il fallait capituler. Il n’empêche qu’elle préférait uniquement se concentrer sur ses affaires inachevées plutôt que de penser à sa famille qui lui rappelait plutôt de mauvais souvenirs surtout ces derniers mois. Elle rationalisait en de disant que normalement tout le monde survit à un dîner en compagnie de ses géniteurs, non ? Au pire, elle pourrait toujours prétexter une urgence. Il lui suffisait de simuler un appel et ce serait dans la poche. Allez courage Faith se disait-elle alors, qu’en sous-vêtements, elle se changeait dans une tenue plus décontractée pour le dîner. Son chat, Ako, la regardait faire paresseusement sur son lit. Quelle chance d’être un chat… sa maîtresse l’enviait beaucoup parfois.

Elle jeta un coup d’œil à sa montre, alors qu’elle se parquait devant la résidence de ses parents. Ah ah…retard de moins de dix minutes…pas mal ! Faith rejoignit l’entrée et attendit que sa mère vienne lui ouvrir. Eleanor l’inspecta d’un œil critique avant de l’attirer à l’intérieur. « Tu n’as pas changé. Tu travailles trop. Tu ne manges pas assez…» Faith soupira avant d’esquisser un petit sourire. « Bonjour à toi aussi, m’man. » La cadette des Matthews retira sa veste et la rangea dans le vestibule avant de suivre sa mère dans la cuisine ouverte. « Papa n’est pas là ? » demanda-t-elle, en constatant l’absence de son provenant du salon. Sa mère, concentrée sur sa cuisine, secoua la tête. « Ton père est encore au bureau. » Ah. Sa fille sentant que le sujet paraissait dangereux, préféra en changer avant de finir sous les tirs nourris de la matriarche Matthews. « Je peux t’aider ? » Elle remarqua qu’Eleanore semblait se donner beaucoup de peine pour un petit repas convivial à trois, comme elle avait mentionné à sa fille au téléphone mais ne fit aucun commentaire. « J’ai préparé les couverts. Tu peux les installer, s’il-te-plait ? » Le lieutenant eut un sourire, voilà bien une tâche à la hauteur de ses compétences. « Bien, cheffe. »

Devant les dits couverts, la jeune femme fronça les sourcils. Soit, elle était soudainement devenue nulle en maths soit il y avait bien cinq assiettes devant elle. Cinq assiettes donc cinq personnes ? Mais n’étaient-ils pas que trois ? Et puis, pourquoi avoir sorti les couverts réservés aux occasions spéciales ? Ok là, ça commençait à faire beaucoup surtout avec le vin sur la table. « M’man ! On attend quelqu’un ? » La tête de sa mère apparut derrière sa cuisinière, une expression intriguée sur le visage jusqu’à qu’il s’illumine. « Ah oui ! J’ai oublié de te prévenir. Rohan et Eliza seront présents ce soir ! » Son ravissement se lisait dans son regard alors que le visage de sa fille perdait toute sa couleur. Comment ça Rohan et Eliza seraient présents ce soir ? Oh non, ça n’allait pas être possible…

Elle cligna des yeux pour se reprendre. Elle savait que Eliza était revenue avec Rohan depuis quelques temps, qu’ils allaient avoir un bébé, qu’ils étaient heureux… non mais là ça n’allait vraiment pas être possible. Elle ne pouvait pas supporter de voir Eliza sans y être préparée. Cela faisait des années qu’elle essayait de se faire à l’idée, qu’elle essayait de l’oublier et maintenant en plus de les voir revenir tous les deux, elle devait dîner avec ? Pas question. « Ah mince, maman je vais dev… » Et la sonnette d’entrée retendit coupant la seule retraite de la jeune femme. Sa mère ne prêtant pas la moindre attention à sa fille fila vers l’entrée. « Oh ça doit être eux ! » Faith resta dans le couloir comme une potiche alors qu’Eleanor ouvrait la porte d’entrée pour les accueillir. Elle ne pouvait plus reculer à présent.

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« Il y aura qui ce soir ? » « Juste ma famille. » Rohan semble heureux de répondre à ma question et pourtant, il ne me donne pas ce que je veux. J'ai besoin de savoir si Faith sera là, si je dois me préparer psychologiquement à la revoir. Je n'aurais pas ma réponse et je vais devoir faire avec. Inutile de m'attarder là-dessus. J'enfile une robe noire qui s'arrête au-dessus de mes genoux et qui met mes courbes en valeur. Mes courbes, mais aussi mon ventre qui s'arrondit. Rohan arrive dans mon dos et il ferme ma robe avant de venir glisser un tendre baiser dans mon cou. Cela me fait penser à autre chose, ce n'est pas plus mal.

Ça fait longtemps que je ne suis pas venue ici et me retrouver devant cette maison me fait bizarre. Treize ans que je suis partie, treize ans que je fuis et pourtant ce soir, je ne peux plus fuir. Rohan appuie sur la sonnette et rapidement, sa mère vient nous ouvrir, nous prenant tous les deux dans ses bras. « Bonsoir Eleanor. C'est pour vous. » Dis-je tout en tendant le bouquet de fleurs que je tiens entre mes mains. Nous avons été invités, alors c'est la moindre des choses d'apporter quelques choses pour les hôtes. « Merci beaucoup de nous inviter. » Un large sourire illumine mon visage, alors que Rohan arrive derrière moi. Il attrape le col de ma veste et m'aide à la retirer. Le vêtement en moins, mon ventre se voit. Il n'est plus possible pour moi de cacher ma grossesse, mais cela ne me dérange pas. Cet enfant est ce que j'attendais, la plus belle chose qui pouvait m'arriver. Ma belle-mère ne passe pas à côté de cet arrondi et elle s'approche un peu plus de moi pour déposer ses mains sur mon ventre. Elle était au courant pour ma grossesse, on leur a annoncé il y a à peu près deux mois, mais hormis des photos de mes échographies, elle n'a pas eu l'occasion de voir son futur petit-enfant et avoir ce contact avec mon ventre lui semble important. Je ne peux pas le lui retirer. Mais ce geste fait qu'elle se baisse et je remarque derrière elle une femme, la sœur de mon fiancé. Faith. Le sourire qu’arborait mes lèvres disparaît instantanément. Les souvenirs que j'ai de la jeune femme reviennent à mon esprit, alors qu'il m'a fallu près de dix ans pour les oublier. Lorsque Eleanor décide d'arrêter de faire sa grand-mère gaga, je m'avance vers Faith. Plus par politesse qu'autre chose, car si ça ne dépendait que de moi, je l'aurais évitée. « Salut. » Pour la saluer, je lui offre une accolade. Chose que je regrette rapidement. Son parfait m’enivre et me ramène treize ans en arrière. Après ce moment d'égarement, je reprends mes distances et sans un regard de plus, je vais rejoindre Rohan qui est déjà parti s'installer dans le salon. Mon visage doit être pâle, car inquiet, il me demande si tout va bien. Je hoche la tête et décide d’interpeller a belle-mère qui se dirige vers la cuisine. « Laissez-moi vous aider. » La jeune femme sourit, ravie de me voir agir ainsi, mais je déchante rapidement lorsque je vois que Faith est aussi là pour l'aider. « Est-ce que tu peux surveiller la cuisson ? » Les plaques se trouvant dans un coin de la cousine, cela va me permettre d'être là, sans vraiment l'être. Mais alors que je m'attendais à avoir une discussion avec Eleanor, cette dernière s'enfuie. « Oh ! Je viens de penser à quelque chose. Il faut que j'aille en parler avec Rohan. Je reviens. » En moins de temps qu'il faut pour le dire, Eleanor a quitté la cuisine et je me retrouve seule avec Faith. De toute la petite famille, c'est bien la dernière personne avec qui je voulais me retrouver. Pourtant, je ne peux pas fuir, sinon cela va sembler suspect et je ne peux rien laisser paraître, je ne peux pas instaurer le doute sur ma relation avec la jeune femme. Le silence entre nous est pesant, lourd et cela me dérange. Nous n'étions pas meilleures amies avant, mais le dialogue est toujours bien passé. Jusqu'à un jour, jusqu'à cette nuit que nous avons partagée. Après cela, rien n'a jamais été pareil. Je m'en suis voulue d'avoir cédé et je m'en veux aujourd'hui de repenser à cela. Alors pour briser cela, je décide de mettre fin au silence. « Tu n'as pas vraiment changé. » Elle est toujours elle, aussi belle. Concentre-toi Eliza, ne cède pas, ne la regarde pas trop. « Tu dois faire des ravages. » C'est pour moi une façon détournée de me renseigner sur sa vie et plus précisément sur sa vie amoureuse. C'est peut-être fou, mais je sais que si j'apprends qu'elle a quelqu'un, je vais être jalouse. Cette femme a une forte emprise sur moi et quand je suis proche d'elle, je pourrais être capable de faire n'importe quoi, de mettre mon couple en danger, comme j'ai pu le faire au lycée.

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Eliza ✧ Faith

Elle était piégée. Faith pourtant d’habitude plus perspicace que cela, restait ébahie comme si l’information mettait du temps à se relayer jusqu’à ses neurones. Oui, sa mère avait bel et bien invité Rohan et Eliza et oui elle allait devoir rester en leur présence durant tout le dîner. Pouvait-elle réellement survivre à un coup pareil ? Cela faisait si longtemps qu’elles ne s’étaient pas vues, pas comme ça. La lieutenante ne se sentait vraiment pas prête à l’affronter ce soir, à les affronter, à affronter son plus bel échec – sa plus belle erreur. Non mais ce n’était pas possible comme situation. Pourquoi sa mère s’était-elle dit que ce serait une bonne idée d’inviter son frère et sa future femme ? Enfin cela en soit, Fait pouvait bien le comprendre surtout avec le caractère très axé famille de sa mère. Mais pourquoi le sort s’acharnait-il sur elle le jour où elle faisait un effort monumental en acceptant ce dîner ? C’était quoi le problème du destin là ? Sérieusement, c’était du grand n’importe quoi là.

Pourtant, elle n’avait pas le choix et ne pouvait sciemment plus reculer et ne donnerait surtout pas ce plaisir à Eliza. Elle ne fuirait pas, elle. Fait essayait de se mettre dans la tête qu’elle n’avait pas à se mettre dans un tel état de stress mais ce n’était pas évident. D’ailleurs, elle n’en menait pas large mais devait bien vite se ressaisir avant que cela se remarque, il ne manquerait plus que cela. Elle devait faire bonne mesure pendant quelques heures et ensuite, dans son appartement, elle serait totalement libre de laisser cours à toutes ses émotions et sa frustration. Ako en serait le seul témoin et lui seul pourrait venir lui apporter son soutien inconscient sur ses genoux ou sur son épaule comme il aimait le faire. Oui, à la base, elle pensait avoir adopté un chat et non pas un chimpanzé mais bon il faut croire que la limite est relativement mince entre les deux espèces sur certains points du moins. Au moins, son minou avait le talent rare d’apporter un peu de désordre dans vie bien rangée et composée de routines.

En parlant de chamboulement de routine, en voilà une belle devant ses yeux bleus. La jeune femme reste bloquée dans le couloir alors que sa mère ouvre la porte et accueille son fils prodige et sa future femme. Faith est incapable de bouger pourtant dieu que l’idée de se réfugier dans la cuisine est tentante mais c’est plus fort qu’elle, elle reste là plantée dans le couloir, avide de revoir enfin la silhouette et le visage d’Eliza. Elle lui a manqué et c’est bien ça le pire. Pourtant, la colère qui devrait l’envahir ne vient pas. A croire que même son cerveau refuse d’entendre raison, il préfère admirer la beauté de la seule femme qu’elle n’ait jamais aimé et pire encore constater l’incontestable….Eliza enceinte, bien en cloque et surtout magnifique. Cette vision est douloureuse pour la jeune femme qui aurait espéré être celle qui pourrait l’accompagner dans cette étape de sa vie mais non, c’est à son frère que revient la plus belle femme. Elle se mord l’intérieur de la joue et les scrute sans bouger. La complicité entre eux est aussi indéniable que douloureuse pour la jeune femme.

Bien sûr la mère des Matthews est aux anges et s’accapare de sa future belle-fille avec une impatience digne d’une future grand-mère poule. En d’autres cas, Fait aurait trouvé la situation amusante et se serait même moquée de sa mère, Rohan aurait sans doute renchérît et madame Matthews aurait fait mine de se vexer. Mais les choses avaient bien changées à présent, ce n’était pas une femme enceinte c’était Eliza, la future femme de son frère. Elle devrait bien se faire un jour à l’idée et ce n’était pas faute d’avoir essayé mais les sentiments et son affection pour elle ne semblaient pas vouloir s’effacer malgré les années. Le même pincement au cœur la saisissait alors qu’elle l’observait sans se gêner se retrouvant à nouveau jeune adulte. Cependant, elle devait se reprendre avant que son remarque brûlant ne se remarque. Eliza remarque enfin sa présence et le temps semble s’arrêter jusqu’à qu’elle fasse le premier pas.

Faith ne bouge pas, ne sachant pas trop comment l’aborder et même si elle avait envie de le faire d’ailleurs. Rohan, ne faisant strictement pas attention au malade des deux femmes, passe devant elles pour rejoindre le salon. Faith n’en est pas étonnée mais à vrai dire, elle ne remarque même pas son frère. La seule qui lui importe c’est la présence d’Eliza devant elle. Elle la salue cordialement mais sans plus. Faith se ressaisit alors qu’elle reçoit son accolade. Il est difficile de ne pas glisser ses mains sur elle ou alors de la repousser pour la punir de la souffrance qu’elle lui a causée. Alors elle n’en fait rien.

« Bonsoir… » glisse-t-elle, à son oreille, avant de reculer. C’est très maladroit et cela ne lui ressemble pas du tout. Elle qui se moue d’habitude avec une assurance certaine, la voilà réduite à une andouille perdue face à son amour de jeunesse. La lieutenante cherche à dire quelque chose mais Eliza est déjà repartie, fuyant comme à son habitude. Faith soupire fortement dans le couloir avant de passer sa main dans ses cheveux d’un air las. Refusant de rejoindre Rohan et Eliza, elle préfère retourner dans la cuisine.

Elle pourrait sûrement en profiter pour picoler tranquillement en attendant le début de ce repas qui allait être une véritable torture. Faith descend un verre de vin rouge pour se donner du courage avant de s’attaquer aux salades. Sa mère a, encore une fois, cuisinée pour une armée. Faith sourit en agrippant son couteau et tranchant des légumes mécaniquement. Évidemment, Eleanor ne met pas plus de quelques minutes avant de revenir dans son royaume – la cuisine. Le hic, c’est qu’Eliza l’accompagne aussi. Faith serre les dents. Ne pouvait-elle pas rester avec son frère ? La jeune femme détourne intentionnellement son regard et se concentre sur ses légumes. Ne pas lui donner plus d’importance qu’elle ne devrait en avoir…Elles ne sont plus des enfants, il doit bien être possible de tourner la page et de se comporter en adulte mais au vu de la fuite d’Eliza, les bonnes vieilles habitudes ont la vie dure.

Alors quand sa mère annonce qu’elle doit retourner au salon, Faith ne fait pas le moindre effort pour engager la conversation. Elles ne sont pas obligées de se parler d’ailleurs, chacune à une extrémité de la cuisine. Pourtant, Eliza semble le vouloir, rompant ainsi le silence pesant. Faith ricane légèrement après ses propos et retient de justesse une réplique sèche mais la seconde phrase achève ses bonnes résolutions. « Toi non plus. » lui jette-t-elle, sèchement, en référence à sa fuite de tout à l’heure. Faith soupire avant de reposer son couteau sur le plan de travail et de se tourner vers Eliza, après tout elle affronte des situations bien pire que cela avec son travail quand même !

« Écoute, je ne sais pas ce que tu cherches ici. Mais nous ne sommes pas obligées de nous parler uniquement de faire semblant durant quelques heures et après tu pourras retourner te planquer dans ta petite parfaite et bien rangée. » C’est mesquin, c’est tout sauf Faith, mais c’est trop pour elle. Elle n’a pas envie de jouer, n’a pas envie de terminer à nouveau avec le cœur en miettes. « Quant à ma vie amoureuse…ça ne te concerne absolument pas, Eliza. » conclut-elle avec froideur.

Les mots sont durs et tout autant difficile à assumer. Faith assume difficilement la dureté de ses propos mais comment se défendre lorsque l’on se retrouve désarmé ainsi ? Eliza aura toujours cette même influence, cette emprise, sur elle et les années n’y changent strictement rien. Peut-être est-ce tout simplement trop alors Faith ajoute d'un air entendu. « Et toutes mes félicitations.» en lorgnant le ventre arrondi d'Eliza.

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Je ne voulais pas voir Faith, je ne voulais pas la croiser et donc encore moins me retrouver seule avec elle. Pourtant, c'est bien ce qui est en train de se passer. Même si sa mère est à l'origine de ce moment gênant, je ne peux pas lui en vouloir, car elle n'a aucune idée de ce qu'elle a fait. Laisser deux femmes, qui fut amantes à un moment, c'est risqué quand même, surtout quand on connaît la manière dont nous nous sommes quittées. Il n'y a pas eu d'au revoir, pas vraiment en tout cas. Je suis partie d'un coup, sans la prévenir. Elle l'a certainement appris par sa famille, par son frère, je ne sais pas, je n'ai jamais cherché comment je lui avais brisé le coeur. Je savais que je l'avais fait, c'était déjà trop pour moi. « Toi non plus. » Répond-elle lorsque je lui dis qu'elle n'a pas changé. J'ignore comment prendre cette remarque. Les mots ne semblent pas méchant et pourtant, son ton, son regard me font croire le contraire. « Écoute, je ne sais pas ce que tu cherches ici. Mais nous ne sommes pas obligées de nous parler uniquement de faire semblant durant quelques heures et après tu pourras retourner te planquer dans ta petite vie parfaite et bien rangée. » Le silence de la jeune femme aurait dû m'indiquer qu'elle n'était pas prête à me revoir. Mais ce n'est pas de ma faute, je ne suis clairement pas à l'aise et la panique parle légèrement pour moi. « Quant à ma vie amoureuse…ça ne te concerne absolument pas, Eliza. » Elle marque un point là-dessus. Cette vie, qui lui appartient, ne me regarde pas. Elle ne me regarde plus depuis que je suis partie, enfin, si elle me regardait un jour. Pourtant, je sais bien que si je la vois avec quelqu'un, je serais jalouse. Je n'ai aucune raison de l'être puisque je suis avec son frère et pourtant.. Tout n'est pas toujours expliqué ou logique et ça fait bien longtemps que j'ai arrêté d'essayer de comprendre. « Et toutes mes félicitations.» Je secoue doucement la tête, perturbée par les mots de la jeune femme. « Merci. » Finis-je par dire et c'est les larmes aux yeux que je quitte la pièce. J'aurais dû m'arrêter dans un couloir ou me rendre aux toilettes, mais non, à la place de ça, je me rends, comme une idiote, directement dans la pièce de vie où se trouvent mon fiancé et ma belle-mère. « Liz, tout va bien ? » Rohan ou sa capacité à pouvoir raccourcir un prénom qui correspond déjà à un surnom. D'un geste rapide de ma main, j'essuie les larmes avant qu'elles ne coulent le long de mes joues. « Oui, ne t'en fais pas. Les hormones me jouent un tour, voilà tout. » Inutile et surtout inimaginable que je commence à lui parler de sa sœur et de la relation que j'avais, que j'ai, avec elle. Je m'avance vers eux et viens m'appuyer contre le canapé où se trouve assis Rohan. « Eliza, comment se passe votre grossesse ? » Cette question, je l'attendais. Peut-être pas aussi tôt dans la soirée, mais je m'y attendais. « Très bien. Il va bien, tout comme moi. Nous n'avons plus qu'à continuer cette cohabitation. » Je souris légèrement, puis je remarque rapidement que j'ai perdu l'attention d'Eleanor, elle s'est arrêtée à un détail dans ma phrase et elle ne va plus tarder à me le faire comprendre. « Il ? C'est un petit garçon ? » Instantanément, je tourne mon visage vers Rohan. Je ne voulais pas dire cela, mais maintenant, je ne peux plus mentir à ma belle-mère, alors avant de prononcer quelque chose, je me tourne vers lui. Pour avoir sa permission peut-être. Il hoche la tête et je repose alors mon regard sur sa mère. « Oui. Nous le savons depuis quelques jours. On comptait vous le dire durant le repas, mais puisque vous posez la question, on ne va pas vous mentir. » Sa joie se lit facilement sur son visage, on voit le bonheur qu’elle a d’avoir un petit fils. Elle réduit la distance qui nous sépare d’elle et nous prend dans ses bras, d’abord moi, puis son fils. Cet élan d’amour semble attirer la femme qui se trouvait encore dans la cuisine, ou alors, c’est qu’elle n’avait plus rien à y faire. Lorsque la mère de famille remarque la présence de sa fille, elle n’hésite pas une seconde pour lui faire part de la bonne nouvelle. « Faith ! Ton frère et Eliza vont avoir un petit garçon. » Et si cela ne suffisait pas, Rohan se semble obligé d’ajouter un petit détail, un détail non négligeable. « On pense l’appeler Seth. » À peine le prénom s’échappe des lèvres de Rohan que déjà je sens le regard de sa sœur se poser sur moi. Une partie de moi se pense coupable et c’est donc pour cette raison que je n’ose pas soutenir son regard. Ce prénom, il a déjà été évoqué il y a plusieurs années, avant que je ne parte à New York et le soucis, c’est qu’il ne se trouvait pas dans une conversation partagée avec mon fiancé, mais bien avec Faith. Je baisse la tête et regarde mes pieds avant que la porte d’entrée ne s’ouvre. Ouf, sauvée par cette nouvelle entrée dans la pièce.

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