Les chances sont limitées - Ashley et Nate

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Les chances sont limitées...

...Ashley & Jonathan

Avec mon nouvel emploi au bar, je n’ai pratiquement plus de temps à moi-même et le band se décourage de mon absence. C’est facile pour eux quand il habite le même logement… L’effort pour se rencontrer est minime contrairement au mien. Mais ces temps-ci, je donne vraiment les bouchées doubles à la job pour pouvoir enfin me payer un petit chez moi ici à Island Bay. Mikeal doit être tanné de me voir monopoliser tant d’espace chez lui… Il m’assure qu’il n’y a aucun problème, mais ça fait des semaines que j’abuse de son hospitalité.

Je me dirige avec hâte vers le café auquel j’avais rendez-vous avec Nate. Ça faisait un long moment que je ne l’avais pas revu, un vrai long moment. Je dois avouer que je me trouve assez fébrile à l’idée de le revoir. Je ne sais pas exactement ce que me plaît tant de sa compagnie, peut-être serait-ce sa froideur et sa distance qui me rappelle celle de Nikola en qui j’avais réussi à y trouver un de mes meilleurs amis? Vois-je en Jonathan une rédemption que je n’ai pas eu la chance d’avoir avec Nik? Je n’en sais rien… Ce que je sais, c’est que je ne semble plus autant sombrer dans le deuil quand je suis avec lui.

Je rentre dans le bâtiment et me dirige vers le comptoir comme à mon habitude pour me commander mon café noir que j’ai appris à aimer dans mes longues nuits sans sommeil lors de mes études en médecine. Je prends place à une banquette près de la fenêtre et sort mon livre de mon sac à main en attendant mon ami, mais je n’arrive pas à m’y concentrer. Je me mets à penser à Nate et comment avec lui, je ne me sens pas jugée. Le deuil me pousse à faire les choses les plus folles au monde. Les idées des plus loufoques m’ont traversées l’esprit. J’ai essayé le ouïja, d’ailleurs, pour communiquer avec Nik. Clairement, ça m’a traumatisée assez pour ne jamais retenter l'expérience. Je pense parfois que je frôle la folie. La psychologue essaie de m’apprendre à lâcher prise, mais je n’ai pas la volonté d'être prête à le faire. Je suis encore beaucoup trop attachée à son souvenir.

Nate est toujours si réservé que je sens toujours ce désir de me dépasser. Pour lui, j’essaie d'être plus drôle pour le faire rire et j’essaie d'être plus gentille pour le faire sourire. Cet effort me permet vraiment d'oublier ma propre douleur. J'espère vraiment que j’arrive à percer sa carapace, peut-être pas entièrement mais, qu’au moins, qu’il sache qui puisse le faire avec moi.

Le bruit de la clochette au-dessus de la porte retentit et mes yeux se lève pour croiser ses orbes bleutés.

“Nate, quel plaisir de te revoir! Comment vas-tu?”

Je l'accueille avec un large sourire, car lui offrir la main ou une accolade en guise de salutation est inutile, il ne s’y plaît pas. L’intérieur du bras se met à me démanger et je gratte instinctivement l’ecchymose florissante avant d’être moi-même horrifiée. Je baisse soudainement ma manche et tente de le distraire, souhaitant qu’il n’ait rien vu.

“J’ai pensé à toi cette semaine. Un homme est venu au bar, un artiste. On a parlé un peu et il m’a dit qu'il avait une exposition de ses toiles ce week-end. Il donne aussi des cours. Je trouvais ça bien. J’ai pensé que ça pourrait peut-être t'intéresser…”

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Jonathan vivait sa petite vie paisiblement, au jour le jour. Il n'avait jamais appris à se voir dans l'avenir, c'était quelque chose qui, pour lui semblait tout bonnement impossible. Il avait tellement souffert, qu'aujourd'hui il ne croyait plus en rien, pas même en lui-même.

Depuis sa rencontre avec Ashley il y a maintenant plusieurs semaines auparavant, cette dernière avait repris contact avec lui grâce à la boulangerie. En vérité, il ignorait comment elle avait fait réellement mais le fait est que, aujourd'hui, elle lui a donné rendez-vous dans un lieu public en pleine journée. Encore une nouveauté pour lui. Déjà qu'en temps normal, il ne sort pas, ou alors que s'il y a une extrême urgence et qu'il ne pouvait pas faire autrement. On pourrait presque dire qu'il a la phobie de la foule, mais au fond ce n'est pas ça, c'est simplement qu'il ne supporte pas les contacts physiques avec les autres, c'est quelque chose qui le met vraiment mal à l'aise.

N'ayant pas d'autres choix, le bel allemand avait accepté la proposition d'Ashley. Peut-être que ça pourrait lui faire du bien aussi de la revoir, de discuter, et pour une fois, en dehors d'un lieu qui lui était familier. En somme, tout pour le faire paniquer. Après avoir soigneusement choisi les habits qu'il avait revêtu. Un peu comme à un premier rendez-vous galant, alors qu'au fond, c'était tout sauf ça.

Une fois prêt, il sortit de la boulangerie, emprunta les transports en commun pour se rendre jusqu'au lieu de leur rendez-vous. Jonathan n'a pas de voiture et en vérité, c'est bien mieux comme ça. Devant le café en question, Weller y resta au moins dix bonnes minutes, à regarder entrer et sortir les personnes. Il se demandait comment il allait affronter une telle chose et même, s'il en était capable. Puis, après un temps d'observation, il finit par se lancer dans ce lieu qui ne lui inspirait guère confiance, mais dans lequel il y avait au moins une personne qu'il connaissait. Même si le terme connaître est pas vraiment approprié étant donné qu'il ne l'a vu qu'une fois, et c'était dans un cabinet de psychologues, pas très glamour comme première rencontre.

Au loin, il remarqua alors la jeune femme aux cheveux colorés, il s'approcha d'elle en prenant garde de ne pas croiser le regard des autres personnes, tout comme d'éventuels contacts. Lorsqu'il eut enfin rejoint la table où la jeune femme était assise, il lui adressa un fin sourire avant d'afficher à nouveau son air fermé qu'il avait toujours.

" - Je vais bien.. Et toi.."

Tutoyer une personne était aussi tout nouveau pour lui, il avait toujours eu l'habitude de vouvoyer les autres, par question de respect, même les personnes proches avec qui il avait pu discuter comme Blake par exemple.

" - Moi prendre des cours de peinture ? Mais je ne suis même pas capable de distinguer une oeuvre d'art d'un faux.."

Certes, l'allemand avait un talent assez prononcé lorsqu'il tenait un stylo ou crayon entre ses mains, mais un pinceau c'était différent. Puis, il n'avait jamais fait ça, alors ça risquait d'être complexe, surtout dans un lieu qu'il ne connaissait pas. Mais il allait falloir qu'il s'habitue à ce genre de choses, c'est de cette manière que les gens normaux vivent. Ils vont travailler, ils sortent avec leurs amis, ils s'amusent en somme.

" - Un jour j'ai rêvé que je pourrais avoir une vie comme tout le monde. Avoir une femme, pouvoir sentir sa peau contre la mienne, la toucher, pouvoir faire tout ce qu'un homme peut faire. Mais c'est impossible, cette vie n'est pas faite pour moi."

Jonathan ignorait pourquoi il avait confié une telle chose à Ashley, peut-être parce qu'il en ressentait le besoin de se confier sur ses besoins, sur ses envies, bien que ce ne soit pas un dragueur, il avait aussi des envies comme tout le monde, et cela faisait des années qu'il n'avait plus touché une femme, en réalité, il en rêvait, de ce moment où il pourrait toucher une femme, l'avoir dans son lit, au plus près de lui, contre lui même. Pouvoir lui sussurer des mots doux à l'oreille, lui faire atteindre le septième ciel, mais, aucune femme ne voulait d'un homme comme lui.