Le hasard fait bien les choses, ft. Terri

Balthazar venait de terminer sa journée au garage. Un travail qui lui plaisait beaucoup, avec un patron génial et qui lui permettait de ne pas voir les journées passer. Il était aux alentours de dix-sept heures trente quand Austin lui lança "Hé mec, vas-y c'est bon, tu as bien avancé, on finira demain". La moto qu'ils étaient en train de réparer avait besoin d'une réparation complète, le client avait des gouts de luxe. Une moto ancienne, où tout était à refaire : le genre de challenge qu'adorait Balthi. Il alla se nettoyer les mains, retirer les traces de suie de son visage et puis, embarquant ses affaires sur sa moto -réparée après l'accident- il prit la direction du centre ville. En fait, il avait rendez-vous avec sa colocataire Jilian, pour aller s'acheter des nouveaux habits. Balthazar n'était pas le genre de garçon à avoir trois paires de jeans, et trente mille tee-shirt. En réalité, il en avait que deux ou trois avec lesquels il se battait en permanence. Mais à leur soirée -terrible soirée- ses colocataires s'étaient clairement foutu de sa gueule, et Claüs lui avait même prêté une chemise, ce qui signifiait qu'il était grand temps de faire passer son salaire dans autre chose que sa moto et son loyer. Le jeune homme roula alors jusqu'au centre ville. Il accrocha ses deux casques -puisqu'il allait ramener la douce Jilian chez eux après- à sa moto et sorti son petit téléphone -à l'ancienne- de son jeans sali par quelques tâches de suie. Il avait deux appels manqués de sa colocataire, qui lui annonçait que malheureusement, elle avait un rendez-vous pour sa grossesse au dernier moment, elle annulait. Balthi mima une moue déçu, enfonçant son téléphone dans sa poche avant, rentrant alors son marcel blanc dans son jeans un peu trop large. Bon... Maintenant qu'il était dans le centre ville, il pouvait essayer de se débrouiller pour se trouver quelques vêtements non? Après tout, les vendeuses seraient là pour le conseiller. Il se mit en marche dans la rue commerciale, léchant les vitrines d'un pas hésitant et timide. Et soudain, un visage lui paru familier. Oh bordel... Terri. Tout de suite, ce fut comme une vague de chaleur humide, à l'indienne, qui l'envahie d'un coup. Il se rappela tout en une fraction de seconde : la chaleur, l'humidité, les odeurs, la moto, leurs road-trip, leurs rencontres, les paysages, les gens, la culture. Ils avaient vécu ça à deux, juste eux deux. Ils pensaient d'ailleurs ne jamais se revoir et là... Les années avaient passées, mais c'était bien elle. Il souriait, comme un débile, avant de se retrouver face à elle. "Terri?" demanda t-il pour être bien sûr de lui. Quand elle lui répondit, il ne pu s'empêcher de la prendre dans ses bras, heureux et sincère de la retrouver. Pour lui, l'Inde était resté l'un de ses plus beaux souvenirs de voyage. Ca avait été une révélation et il l'avait vécu.. avec elle.

C'est bien elle, là, devant lui. Et là, le souvenir lui revient, elle n'est pas originaire d'ici? C'est dingue, parce que Balthi repense à la raison pour laquelle il est ici : Claüs, un autre très bon ami rencontré en voyage, avec qui il a fait les 400 coups. C'est lui qui lui avait proposé de le rejoindre ici. Et puis il y a Max que Balthi a revu il n'y a pas longtemps aussi. Le monde est étrangement petit, un micro cosmos dans lequel les gens se croisent, s'unissent et puis repartent. C'est toute la magie de ce monde en fait. Terri à l'air épanouie, heureuse de le revoir. Elle lui demande instinctivement comment il va, tout en lui prenant la main dès qu'il s'est reculé de son calin. Balthi croise son regard, elle est toujours aussi belle, sinon plus. En fait ouais, elle est vraiment plus belle. Il sourit toujours, sans jamais s'arrêter. Il trouve que la journée est devenue soudainement, plus belle, plus intense. Il ne tarde pas à lui répondre "Ca va très bien et toi? J'avais oublié que tu étais originaire d'ici ! Je m'y suis installé y'a quelques mois, c'est dingue..." Il avait envie de savoir ce qu'elle était devenue depuis tout ce temps. A vrai dire, elle lui avait parlé de son projet d'humanitaire : avait-elle réussie à devenir organisatrice comme elle le souhaitait à l'époque? Etait-elle retournée en Inde? Avait-elle continué son périple à travers le monde, comme il avait pu le faire? Il avait envie de lui demander tellement de choses, de lui poser tellement de questions. Il ne cessait pas de la regarder, ne se lassant pas. Et dire qu'ils se retrouvaient... c'était dingue ! Ils s'étaient connus à l'autre bout du monde, ils ne venaient pas du même pays et pourtant... ils s'étaient aimés durant quelques temps. Un amour pas passionné, pas au point de passer une vie ensemble, mais il l'avait aimé, il le savait au fond de lui. Parce que ce qu'il avait vécu là-bas, ça ne pouvait pas etre autre chose que de l'amour. Il ne lui lâcha pas la main, et une fois qu'elle eu répondu à sa question, il ne tarda pas à lui demander "Tu faisais quelque chose de spécial là? Tu es peut-être occupée?" Si elle lui répondait que non, alors il l'inviterait à dîner, tant pis pour les jeans et les tee-shirts. Il avait un look de garagiste, en même temps il l'était devenu et il l'était déjà quand ils s'étaient connus. Il la trouvait ravissante.

« Et alors, t’en penses quoi de la meilleure ville du monde ? » Balthi ne pu s'empêcher de rire avant de répondre, « Je ne suis pas là depuis longtemps, mais c'est vraiment sympa ». Il déposa sa main sur son épaule, remontant sur sa joue, toujours en lui souriant. Il était vraiment heureux de la revoir. « Non, non, je suis rentrée ce matin. Je retrouve peu à peu tous ces petits détails que j’aime tant ici. » Elle venait de rentrer ce matin, où était-elle? Qu'avait-elle fait? Honnêtement, il avait envie de parler de voyage et d'exploits humanitaires toute la journée. « Tu es libre si je t'invite à diner? Tu me raconteras tout ça ? » Il espérait sincèrement qu'elle dise oui. Ce que fit la demoiselle sans trop tarder. Balthi était sincèrement heureux. Il posa son bras autour des épaules de Terri, se mettant en marches à travers la foule. Il était encore tôt, à peine dix-huit heures, mais ils pouvaient prendre un apéro et puis diner ensuite et dans tous les cas, Balthi savait très bien que ça allait durer des heures et il en était très heureux. « Comme tu es rentrée ce matin, tu veux peut-être aller dîner dans ton endroit préféré? Tu m'emmènes? » rigola t-il. Ils avaient souvent été mangés ensemble en Inde, trouvant des petits restaurants qui ne payaient pas de mine, pour finalement bouffer comme des porcs. Ensuite, ils prenaient la moto pour partir soit en bord de mer à Goa, soit sur les toits de Bombay ou New-Delhi, pour admirer le soleil se coucher, profitant de la chaleur, des gens. Au Rajasthan, ils couraient dans les rues les plus pauvres du pays, à travers les maisons bleues et les vaches qui se promenaient là. Ils se baladaient dans les marchés ou les tissus incroyables se mélangeaient aux odeurs d'épices indiennes. Où la pauvreté cotoyait la richesse spirituelle dans un harmonie tellement saisissante et prenante aux tripes. C'était aussi pour ça, qu'ils s'étaient rapprochés, autant. Ils avaient parcouru l'Inde dans sa globalité, passant davantage de temps au Rajasthan justement. La région la plus pauvre, mais la plus riche. C'est étrange de dire ce genre de choses, non? Mais c'est tellement vrai pourtant. Balthi avait été chamboulé, transformé par le Rajasthan. C'était l'endroit qu'il préférait au monde, l'endroit qui l'avait le plus marqué et pourtant, loin d'etre le plus facile, il était sans aucun doute le plus bel endroit au monde après l'Islande, qui lui était premier au classement affectif, bien entendu.

Terri se mit à rire, tout en observant Balthazar. « Si on mangeait indien ? » Il sourit davantage à l'écoute de cette proposition. C'était un très beau clin d'oeil, un brin mystique, comme l'Inde au final. Il ne tarda pas à répondre à son amie « parfait » toujours en souriant de toutes ses dents. Il se sentait tellement heureux à l'idée d'être tombé sur elle, par hasard. Parce que oui, elle lui avait dit qu'elle vivait ici, mais il ne s'en souvenait pas avant de la revoir, là tout de suite, maintenant. C'était étrange : était-ce un de ces choix inconscient? Ou notre subconscient nous fait prendre des décisions, que l'on pense par hasard, alors qu'au final, tout est contrôlé par nos envies, nos fantames plus ou moins sous-jacents? Balthi n'en savait rien, mais l'idée d'un hasard, qui fait bien les choses, lui plaisait assez. « J’ai hâte d’entendre tout ce que tu vas me raconter » de quoi parlait-elle? Voulait-elle signifier qu'il devait lui parler de lui, depuis leur séparation? Cela remontait à déjà quelques années, à loin. Il lui sourit, avant qu'ils ne se mettent en quête d'un bon restaurant indien. Finalement, c'est après une recherche sur internet -sur le portable de la belle- qu'ils trouvèrent enfin un restaurant indien. Ce n'était pas dans le quartier où ils se trouvaient, seulement à quelques rues, mais sans le savoir, ils auraient tournés longtemps. Balthi ouvrit la porte, laissant d'abord entrer la belle. Un serveur à l'accent indien -ce qui plu énormément à notre islandais- leur demanda si c'était pour deux, et pour diner. Balthazar lui répondit à l'affirmative, alors que le serveur les entrainait à une petite table sur l'un des côtés du restaurant. C'était petit, très décoré -comme dans tous les indiens, sans vouloir faire un amalgame- mais ça sentait déjà rudement bon. Balthazar laissa la jeune femme s'installer d'abord, pour qu'elle se sente à l'aise. Assis en face d'elle, il souriait toujours. Il ne tarda pas à lui prendre la main, la secouant doucement, en lançant entre ses dents serrées par son sourire « J'suis heureux de te voir Terri ». Le serveur arriva ensuite avec les menus, demandant si ces jeunes clients désiraient des précisions. Balthazar échangea un clin d'oeil complice à la belle, avant de répondre que non, ça allait aller. Il remercia le serveur puis, proposa à son amie s'ils se prenaient un apéritif avant de commencer les festivités? Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mangé indien, et il raffolait de cette cuisine, alors forcément, il était encore plus heureux ce soir. Il regarda le menu, souriant à la vue des noms indiens de ces plats qu'il avait tant aimé manger là-bas. Au fond, il savait déjà ce qu'il allait prendre, mais rien que de voir ces noms, avec les quelques images illustrant les plats, les souvenirs lui revenaient en mémoire. Il avait franchement envie d'y retourner, là, subitement. Il referma son menu, après avoir fini de le consulter. Le serveur revint à nouveau pour prendre la commande des apéritif. Balthi commanda une bière, parce que dans ce genre de restaurants, il n'y serve pas trop d'alcool à vrai dire et puis bon, l'Inde n'est pas une fervante admiratrice de l'alcool non plus. Le serveur leur apporta leurs verres, prenant la suite de la commande. Une fois enfin seuls, Balthazar ne tarda pas à demander à son amie « Bon alors dis-moi, que fais-tu dans la vie? Tu t'es lancée dans l'humanitaire comme tu le voulais à l'époque? »