un visage du passé (augustus)

Rohan a finalement réussi à me convaincre de prendre une journée de congés, il en a marre de me voir au boulot, alors que je pourrais me reposer. Pour moi, mais aussi pour notre fils qui grandit en moi. L'avantage avec le fait de travailler à son propre cabinet, c'est que l'on n'a aucun compte à rendre à un patron, c'est bien cela qui énerve mon fiancé. Depuis des jours il me rabâche que rien ne me retient au travail, seulement, il ne voit pas que je me sers de cela pour me cacher, pour enfouir les sentiments qui refont surface depuis que j'ai croisé sa sœur. J'ai toujours fait comme ça, ici, à New-York, tout ça depuis neuf ans et il n'en a jamais rien su. Pour cela, je m'assure de ne pas le laisser trop de côté et c'est ce que je comptais faire aujourd'hui, passer mon temps libre avec lui, mais voilà qu'il a été appelé par son boulot et je me retrouve seule. L'envie de retourner à mon bureau est grande, mais je lui ai promis de ne pas le faire, alors à la place, je décide de sortir. L'arrivée de bébé approche à grand pas et comme je suis encore capable de me déplacer, je devrais peut-être songer à faire quelques courses pour sa chambre, ou même pour des affaires. Nous en avons déjà, mais je trouve tout le temps que cela ne suffit pas. Il faut dire aussi que je tombe rapidement sous le charme des vêtements pour enfants, ils sont tellement mignons quand ils sont tout petits. Je passe rapidement sous la douche, alors qu'il est environ dix heures, j'enfile des vêtements de grossesse, mon ventre ne me permettant pas de faire autrement, et je sors. Étant en semaine, je me dis que les boutiques ne seront pas beaucoup visitées. Je me dis et je l'espère, car voir tout le monde qui grouille dans les magasins me donne rapidement mal à la tête. Je conduis ensuite jusqu'au centre-ville. À New-York, j’aimais prendre les transports en commun, mais là, en étant enceinte, je préfère ne pas m’épuiser et forcément, la voiture est l’option de facilité. Je rentre dans une boutique, puis dans une autre et forcément, à chaque fois je ressors avec quelque chose. Je n’aurais jamais dû venir, à ce rythme-là la chambre sera pleine avant même que les meubles soient montés. Une fois dans la rue, je regarde ma montre. Elle affiche déjà midi, le temps passe vite et j’aurais dû m’en douter, car mon ventre commence à gargouiller. Je réfléchis quelques secondes. Est-il plus judicieux de rentrer manger à la maison ou de le faire en ville ? La deuxième option prend rapidement le dessus et je m’engage alors dans une petite rue qui mène à celle où se trouvent les principaux stand de nourritures. Je croise un sans abri et comme à mon habitude, je glisse un billet dans le verre qui se trouve face à lui. Je continue ensuite mon chemin et comme attirée par l’odeur qui s’échappe du bâtiment, je me retrouve face à une pizzeria. J’ai toujours été attirée par ce genre de restaurants et pourtant, depuis quelques temps, je les fuis. D’ailleurs, je ferais mieux de partir avant qu’il ne soit trop tard et que je succombe à mes envies. En retournant, je tombe sur un visage qui m’est familier, un visage qui me ramène bien des années en arrière. « Augustus ? » Dis-je pour m’assurer que je vise juste.

Je ne m’attendais pas à croiser quelqu’un que je connaissais et surtout pas Augustus. Il était mon baby-sitter quand j’étais encore une enfant, puis nos chemins se sont séparés et nous avons tous les deux fait nos vies. Je n’ai aucune idée de ce qu’il est devenu, les seules personnes qui pourraient l’être sont mes parents et disons que la conversation entre eux et nous, les enfants, est plutôt compliquée en ce moment. Je l’imaginais parti, tout comme je l’ai été pendant neuf ans, mais finalement, on dirait qu’il est et qu’il restera toujours attaché à Island Bay. Je ne peux pas vraiment lui en vouloir, nous finissons tous par revenir, un jour ou l’autre. « Eliza ! Mais ça fait combien de temps qu'on ne sait pas vu ? Laisse moi t'inviter à manger, j'ai flashé sur les serviettes. » Notre dernière rencontre remonte à des années, mais visiblement, il n’a pas changé. Les serviettes ? Comment peut-on choisir un restaurant à ses serviettes ? Je n’en ai aucune idée, mais Augustus a toujours eu ce côté un peu fou, alors je ne peux pas lui en vouloir. « Je dirais minimum dix ans, voire beaucoup plus. Tu es sûr ? Je ne voudrais pas te déranger. » Une dizaine d’années sans se voir et déjà il veut m’inviter à dîner, je ne voudrais pas profiter de sa gentillesse et puis, je ne suis clairement pas la femme la plus à plaindre financièrement. Lancé, l’homme face à moi me prend dans ses bras. Je ne vois aucune objection à cela, j’ai toujours adoré les moments que je passais avec lui. Je ne sais pas si ce sera toujours le cas aujourd’hui, on va vite le savoir, mais rien ne nous empêche de nous offrir une accolade pour se rappeler les bons moments passés. La proximité permet à Augustus de sentir mon ventre. « Tu vas avoir un bébé ? Ou je vais me prendre une claque pour avoir dit ça ? » Je rigole légèrement à sa remarque. De nombreuses histoires de ce genre sont sur les réseaux sociaux, où des personnes confondent une femme enceinte avec une femme avec des rondeurs. Heureusement pour lui, il vise juste et je ne vais donc pas devenir susceptible. « Non, non, tu ne risques rien. Je suis bien enceinte, de cinq mois et demi. Je ne suis plus l’enfant que tu as connu. » Rien de mieux comme phrase pour lui rappeler qu’il a bien vieillit et que moi aussi. « Allons parler de cela autour d’une pizza. » Dis-je en me dirigeant vers la porte d’entrée du bâtiment.

Je ne pensais pas croiser quelqu’un que je ne connaissais ici et encore moins que j’allais me faire inviter à dîner. Je me sens presque gênée, mais comment refuser, surtout quand Augustus me confirme que cela ne le dérange pas du tout. « Avec plaisir et merci de me rappeler à quel point je suis vieux ! » « Désolé. » Dis-je rapidement, pour éviter tous malentendus, mais je vois bien sur son visage qu’il plaisante et je me permets alors de rigoler un peu. Nous entrons dans le restaurant et un serveur nous emmène à une table, contre les fenêtres et donc pas au centre de la pièce. Il s’absente quelques secondes, le temps d’aller chercher les menus et de quoi nous faire patienter jusqu’à ce que notre choix soit fait. Augustus ne perd pas de temps à goûter aux chips, ou devrais-je plutôt dire à dévorer les chips. « J'aurais peut-être dû a-va-ler les autres avant… » Il a toujours été comme ça, dans mes souvenirs en tout cas et je suis ravie de voir qu’il n’a pas changé. Des personnes auraient pu vouloir le calmer, l’encadrer et cela aurait été dommage, de mon point de vue en tout cas. « Je suis sûr que tu dois avoir pleins de choses à me raconter ! » « Et bien.. un futur enfant déjà. » Je rigole légèrement, car cela n’a rien de nouveau maintenant. « Je suis fiancée au futur papa aussi et je suis de retour à Island Bay après avoir vécu neuf ans à New York. » Voilà le plus important. Pour les plus petits détails, on a bien le temps d’en parler plus tard, nous avons tout un repas pour ça. « Et toi alors ? » Je suis persuadée qu’il a lui aussi beaucoup de choses à me dire. J’ai quitté la ville il y a neuf ans, mais nous avons arrêté de nous voir avant cela. Il y a donc un bon nombre d’années de sa vie que j’ai raté et donc autant de choses croustillantes à savoir. Je prends entre mes mains le menu que le serveur nous a donné un peu plus tôt et je commence à le feuilleter, plus par curiosité que pour faire un choix pour le moment. L’endroit où nous nous trouvions reste calme comparé aux autres espaces du restaurant, mais cela ne nous empêche pas d’entendre les diverses conversations de nos voisins. Si nous sommes ici pour le plaisir, cela ne semble pas être le cas de tout le monde. Une table de cinq personnes, cinq hommes, tous vêtus de costards à première vue hors de prix, commence à faire beaucoup de bruit. Il s’agit d’un repas de travail, c’est obligé et visiblement, ils ne sont pas tous d’accord sur le sujet abordé. Deux d’entre eux commencent à hausser le ton et je viens poser mes doigts contre ma tempe. Ils vont me donner mal à la tête ! « Ils ne peuvent pas fermer leurs caquets eux. »

Augustus s'occupait de moi quand j'étais plus petite et aujourd'hui encore, il se préoccupe de moi et de ce que j'ai fait depuis la dernière fois où nous nous sommes vus. « Oh j'aurais presque oublié les bonnes manières avec notre rencontre, félicitations pour ton bébé et visiblement ton futur mariage. Tu en es à combien de mois ? Et c'est comment New-York ? » « Merci. » Ajoutais-je rapidement. Je remplis ensuite deux verres avec la carafe d'eau qu'a déposé le serveur sur un coin de le table. « Cinq et demi. Pour le moment, je vis plutôt bien la cohabitation. En espérant que ça dure. » Cette grossesse se passe bien, très bien même. Je pensais que le changement de climat, ainsi que le décalage horaire affecteraient un peu plus mon corps, mais pour le moment, rien à signaler. « New York, c'est beau, c'est grand. Ça restera une agréable aventure, mais ça fait toujours du bien de revenir à la maison. » Tout le monde rêve de New York, de près ou de loin. Je ne sais pas si c'était mon cas à l'époque où j'y suis arrivée, mais j'ai su m'habituer à la ville et l'aimer. C'est certainement le meilleur endroit pour faire des affaires et c'est peut-être pour cette raison que j'ai rapidement pu monter mon entreprise. « Comme tu le vois, je n'ai pas quitté Island Bay par contre j'ai quitté mon poste de banquier. Je ne sais pas si tu te souviens, j'emmenais mes devoirs de mathématiques chez toi dans ce but ultime… Mais ce n'était pas mon truc finalement. Sinon, je ne suis pas marié et je n'ai pas non plus d'enfants. Mon histoire est presque triste. » Je rigole légèrement. Non pas pour me moquer, mais plutôt par réflexe face à sa dernière phrase. Nous ne sommes pas tous faits pareil, nous ne voulons pas forcément les mêmes choses, alors s'il est bien ainsi, je ne peux pas le critiquer. Suite à ce petit échange, je me plains du bruit qui nous entoure. Une table située non loin de la notre est bruyante et c'est désagréable. « Tu veux que je demande une autre table ? » La gentillesse semble toujours faire partie du caractère d'Augustus et cela me fait plaisir. C'est bon de voir que certaines personnes ne changent pas. « Non, non, ne t'en fais pas. Je suis sûre qu'ils vont bien finir par baisser d'un ton et puis, je vais m'y faire aussi. » Et puis si jamais cela n'arrive pas, ils finiront bientôt avec un ou plusieurs verres d'eau au visage. « Du coup, maintenant tu fais quoi ? Si tu n'es plus banquier, tu dois bien faire quelque chose d'autres, non ? » Dis-je pour reprendre la conversation là où on l'a arrêtée.

La discussion tourne rapidement autour de ce que nous avons fait durant ces dernières années et le bébé que j’attends en fait bien sûr partie. « Tu connais le sexe de ton bébé ou tu préfères garder la surprise ? » Ceci est encore un secret pour beaucoup de monde, pour nos amis et nos familles, mais je suis bien incapable de mentir à l’homme qui se tient face à moi. « J’étais plutôt neutre à ce sujet, mais Rohan, mon fiancé, voulait savoir. Alors j’ai fini par céder. Ce sera un petit garçon. » Un sourire se dessine automatiquement sur mes lèvres à l’évocation de mon bébé. Suite à cela, le sujet se lance sur mon séjour à New York et je suis bien incapable de cacher ma joie de revenir ici. C’est à Island Bay que j’ai grandi et que j’ai découvert ce qui me permet d’être aujourd’hui qui je suis, alors je ne pourrais jamais être assez reconnaissante pour cette ville. « Je suis bien d'accord avec toi, rien ne vaut une maison de là où on vient. » Augustus, quant à lui, est resté ici durant tout ce temps, mais ce n’est pas pour cela que sa vie n’a pas changé. « Après avoir quitter mon poste, j'ai cherché pendant quelques mois ce que je pourrais faire et j'ai eu la surprise de me découvrir une passion pour les animaux. J'ai suivi une formation à l’extérieur d'Island Bay d'ailleurs. Longue année mais j'ai suivi des stages dans pas mal de zoo et j'ai ensuite été diplômé comme soigneur animalier. Je bosse au Zoo de Wellington, tu y as déjà été ? » « C’est bien de faire quelque chose qui nous plaît. » C’est moi aussi ce que j’ai la chance faire. « Depuis mon retour ? Malheureusement non, je cours un peu partout. Entre les rendez-vous chez le médecin et le déplacement de mon entreprise à Island Bay, c’est compliqué. » J’ai même eu du mal pour aller voir ma sœur, c’est pour dire. « Mais j’y suis déjà allée, il y a plus de quinze ans maintenant. » Je rigole légèrement suite à mes propos. Pourquoi ? Parce que le temps a passé et que les choses ne sont certainement plus les mêmes. Ce n’est donc certainement pas cela qu’Augutus attendait. « Je pense que je serais amenée à y aller bientôt. Je vais bien devoir lui apprendre des choses à ce petit. » En effet, après l’arrivée du bébé, nous serons amenés à fréquenter des endroits que nous n’avons plus l’habitude de fréquenter, les parcs et le zoo font partie de ceux-ci. À la fin de ma phrase, le serveur s’approche de nous afin de prendre notre commande. J’ai pris le temps de lire les descriptions des nombreuses pizzas proposées et seulement deux ont retenu mon attention, celle au saumon et celle végétarienne. Mais comme j’ai déjà mangé ce poisson hier, je vais me rabattre sur la deuxième. « Pour moi, ce sera une végétarienne. » Je pose ensuite mon regard sur Augustus, attendant qu’il fasse son choix à son tour.

désolé pour le retard
je pensais avoir posté ta réponse, mais en fait elle est restée dans mes documents

❝Un visage du passé.❞ Eliza & Augustus - Félicitations ! Un petit garçon s'était chouette mais une petite fille aussi en fait. A part les familles qui avait déjà cinq enfants du même sexe, ça restait quelque chose de bien surtout pour un premier enfant. Je n'ai encore jamais rencontré personne me disant : Je voulais une fille alors je n'aime pas mon fils. D'ailleurs Gus non plus. Pour ce qui était de le dire ou non, Gus n'avait pas vu les parents d'Eliza depuis tellement longtemps que c'était presque impossible qu'il fasse la boulette et ce n'est pas comme s'il comptait le publier sur les réseaux sociaux donc son secret était en quelque sorte bien garder. - C'est bien la surprise mais si tu veux savoir comment décorer sa chambre, c'est parfois mieux de connaître le sexe du futur bébé. Surtout au prix où se vendait les affaires de bébés. C'était probablement ce qui se faisait de pire alors que concrètement les bébés grandissaient plutôt vite et que donc tout le matériel devenait très vite inutile à moins de faire d'autres enfants… Au final, ça devenait un cercle vicieux en se retrouvant avec pleins d'enfants ! Ils parlèrent ensuite un peu de son « nouveau » travail comme soigneur. C'était une réelle vocation pour lui, que du bonheur presque tous les jours. - J'imagine que ça doit être du boulot ton entreprise ici. D'ailleurs quelle genre d'entreprise gères-tu ? Le mot « entreprise » était un peu vague et Gus était curieux de savoir ce qu'elle était devenue également de son coté mais si elle avait sa propre entreprise alors c'était forcément positif. Un sourire se dessina ensuite sur les lèvres de Gus suite à leur conversation. - C'est avec plaisir que je t'accueillerai toi et toute ta petite famille au Zoo. Gus était loin d'imaginé tout ce qui se passait dans la vie d'Eliza. Combien s'était compliqué avec son mari et pour le coup sa belle sœur. Si elle lui racontait, il ne serait pas dans le jugement mais même s'il l'avait gardé lorsqu'elle était plus jeune, ils n'étaient pas non plus assez proche pour ce genre de confidence alors il fallait espérer qu'il ne fasse pas de gaffes en parlant. Un autre sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle passa commande et il fit de même prenant la même chose. Il remercia le serveur avant de la regarder elle de nouveau. - Tu es végétarienne ? Ou c'est juste un choix de futur maman ? Il était lui-même végétarien, depuis des années. En fait, depuis qu'il côtoyait des animaux tous les jours. Gus avait donc tendance à demander à toutes les personnes qui osaient manger sans viande durant un repas s'ils l'étaient également alors que parfois, c'était simplement pour changer leur alimentation le temps d'un simple repas.

Pando

Spoiler:

« Félicitations ! » Un large sourire se dessine sur mon visage. J'ai l'habitude d'entendre cela maintenant, mais je ne me lasserais certainement jamais. Ça me rappelle encore et encore que bientôt je vais donner la vie. « C'est bien la surprise mais si tu veux savoir comment décorer sa chambre, c'est parfois mieux de connaître le sexe du futur bébé. » Je rigole et hoche vivement la tête. C'est bien l'une des raisons principales qui a motivé notre choix. Avec Rohan, nous sommes ici depuis peu et nous souhaitons en terminer rapidement avec les travaux. Faire la chambre du petit est donc dans nos projets à venir. D'ailleurs, je vais certainement devoir lui rappeler d'aller acheter la peinture ce soir. Évoquer cette enfant est inévitable pour moi, mais aussi pour les gens qui me croisent. Il faut dire que mon gros ventre engage plus facilement la conversation et Augustus n'échappe pas à la règle. Néanmoins, nous ne nous arrêtons pas là-dessus. Depuis mon départ d'Island Bay, ce qui a changé pour nous, c'est nos métiers, c'est donc logiquement que la conversation prend cette direction. « J'imagine que ça doit être du boulot ton entreprise ici. D'ailleurs quel genre d'entreprise gères-tu ? » « Je suis architecte. Les dossiers venant de New York ne sont que des finitions, alors ça va. Ça serait compliqué sinon, même si j'ai des amis qui s'occupent d'aller voir sur place pour moi. » Je ne pouvais pas abandonner d'un coup mes clients, mais en même temps, je ne pouvais pas repousser mon retour ici plus longtemps. Les travaux sont généralement longs et même si pour certains la fin est proche, pour d'autres, cela peut être dans plusieurs mois, voire plusieurs années. « Je vais devoir me faire une nouvelle clientèle ici, les dossiers sont alors importants pour leur montrer de quoi je suis capable. » Si je veux gagner des sous, il faut que je me remette rapidement au boulot. L'avantage d'avoir une sœur agente immobilière, c'est que je pourrais lui souffler à l'oreille de glisser discrètement ma carte aux personnes qui achèteront des maisons. Rapidement, la discussion passe à son métier à lui, au zoo. J'ai toujours aimé les animaux et pourtant, ça fait bien longtemps que je n'y suis pas allée. Un jour peut-être, avec mon futur petit garçon, ça devrait aider. « C'est avec plaisir que je t'accueillerai toi et toute ta petite famille au Zoo. » Nous sommes ensuite coupés par le serveur qui vient prendre nos commandes. Je commande une pizza sans viande et à ma plus grande surprise, Augustus en fait autant. « Tu es végétarienne ? Ou c'est juste un choix de futur maman ? » « Je fais un peu plus attention depuis le début de ma grossesse, ça ne nous fait pas de mal, ni à moi, ni à lui. Mais avant, je n'étais pas non plus du genre à manger de la viande matin, midi et soir. » Je souris légèrement. Il n'y a pas que la viande que j'ai arrêté depuis plusieurs mois, d'autres aliments également. « Je suppose que tu l'es toi ? À moins que tu sois un habitué des lieux et que tu sais qu'il s'agit de la meilleure pizza ici ? » Je pencherais pour la première option, mais je suis sûre que nos motivations ne sont pas les mêmes.

« Je connais quelqu'un qui retape une maison, si tu as besoin d'une nouvelle clientèle fait le moi savoir, je te donnerai son numéro. Il m'a dit rechercher un architecte après je n'en sais pas plus sur l'avancer de son projet. Si tu as une carte aussi, je pourrais éventuellement lui faire parvenir. » J’ai bien évidemment cela dans mon sac, mais maintenant que j’ai une pizza devant moi, je ne me vois pas la sortir pour l’instant. « Je ne dirais pas non à un petit coup de main. Avant de partir, Island Bay était ma maison, je connaissais la ville comme ma poche, tout comme ses habitants. Mais onze ans ont passé et bien des choses ont changé. Je commence à retrouver quelques marques, mais je reste tout de même comme une nouvelle habitante. » Onze ans, c’est beaucoup. Beaucoup trop peut-être. À de nombreuses reprises, j’aurais pu revenir ici. J’aurais pu envoyer chier mes parents et leur dire que je voulais vivre ma vie, que je n’avais pas besoin qu’ils soient là pour me dicter quoi faire. Malheureusement, ici, il y avait Faith. Et avec mes sentiments ou du moins ce qui y ressemblait, je ne pouvais pas revenir ici. Je ne peux donc en vouloir qu’à moi-même pour ces repères que je n’ai plus. Néanmoins, si je retombe souvent sur des visages connus comme c’est le cas avec Augustus aujourd’hui, ça devrait revenir facilement. Notre commande de pizza nous amène finalement au sujet de nos hygiènes de vie. Je lui explique que j’ai arrêté de manger de la viande à l’annonce de ma grossesse. « C'est la meilleure pizza mais effectivement je suis végétarien. Depuis que je bosse au zoo j'ai laissé tomber la viande comme ça du jour au lendemain et ça ne me manque pas du tout. C'est bien de faire attention. Je suppose que c'est important après je ne suis pas docteur mais j'aurais plus tendance à défendre les fruits et les légumes. » Je rigole légèrement à ses propos. Il ne faut pas être un génie pour savoir que les fruits et les légumes sont recommandés par un bon nombre de professionnels de la santé. Néanmoins, certains vantent aussi les bien-faits que peuvent apporter les viandes. « Je comprends parfaitement. Tu vois des animaux tous les jours, ça doit être difficile pour toi de les imaginer dans une assiette. C’est bien pour cette raison que j’ai choisi un métier qui n’avait rien à voir. » J’ai beau faire attention à ce que je mange, je reste une gourmande. « Alors tu en penses quoi ? » « C’est très bon. Cette pizza, mais certainement le reste de la carte aussi. Il va falloir que tu me fasses une liste des bonnes adresses, que j’ai de quoi donner à Rohan, histoire qu’il m’emmène manger dans un endroit qu’il en vaille le détour. » Il ne va pas passer à côté de cela. À New York, il nous arrivait souvent de sortir, revenir ici ne doit pas nous priver de nos habitudes.