Ne me fais plus jamais ça • Sam & Beth

Ne me fais plus jamais ça

Phoebe & Sam

3 avril, 5h02 ~ Mon téléphone retentit, enfin je crois. Profondément endormie, je ne me réveille pas à la première sonnerie. Bien au contraire même, le rêve que je fais actuellement est bien trop agréable. Je suis sur une île déserte, au bras de Brad Pitt. Je sais, c'est très cliché, cependant j'assume. J'adore Brad Pitt. Cela-dit je me retrouve bien dans l'obligation de le quitter puisqu'à apparemment mon téléphone ne daigne pas s'arrêter de m'agresser les oreilles. Je me réveille donc difficilement, baillant de manière très peu séduisante. Je m'empare rapidement de mon portable dont la luminosité me fait étrécir les yeux. C'est Tawny. Quelque chose a l'air de clocher... C'est à propos de Phoebe... Elle a eu un accident ?!? Je me lève d'un bond, m'empressant de descendre les marches de la marches de la maison de ma fille alors que je demande plus ample détail à la brune. J'attrape mon manteau à la va-vite avant de me précipiter dehors quand Tawny m'explique que Phoebe va bien, elle est cela-dit néanmoins à l'hôpital. Elle s'est endormie au volant. "Putain j'y crois pas !" Ni une, ni deux, me voilà dans ma voiture.

3 avril, 5h46 ~ "Non mais tu vas la bouger ta caisse !" Je sais il est très tard ou plutôt très tôt et pourtant ça circule légèrement comme nous sommes en plein week-end. Sans doute les personnes au volant rentrent-elles de soirée, je n'en sais rien. Ce que je sais par contre c'est que le gars qui est devant moi est une vrai plaie. Pire que ça même, il roule à trente à l'heure ! Non mais qui fais ça ? Je klaxonne pour la énième fois, hurlant à la lune au passage. "Je te jure que si tu te bouges pas le cul, je te rentre-dedans enfoiré !" À tout les coups, monsieur a trop bu et ne se sent pas en l'état d'aller plus vite. Il y a des inconscients sur la route... Je ne peux m'empêcher de trouver ça ironique au vue des circonstances. Voilà maintenant que nous devons nous arrêter au feux rouge. "Oh non mais c'est pas vrai..." Le feu passe au vert après ce qui me semble être une éternité. Pourtant, la poubelle devant moi ne daigne pas redémarrer. "Je vais péter un plomb..." Voilà que je klaxonne encore, les nerfs à vif.

4 avril, 6h12 ~ "Ma fille est ici, elle a eu un accident de voiture il y a peu. Phoebe, Phoebe Winchester, j'aimerais la voir." Ma voix est mal assurée, en effet je tremble légèrement et mon coeur bat la chamade. Je ne pense qu'à voir ma fille mais l'infirmer ne semble pas de cet avis. En effet, il m'invite plutôt à discuter avec le médecin qui s'est occupé d'elle en attendant qu'elle soit plus en état. C'est ainsi que je passe les trente minutes qui suivent à discuter avec le chirurgien. Il m'explique tout en détail, le pourquoi du comment le coma artificiel, ce qui s'est passé et j'en passe et ça me rassure d'une certaine manière j'imagine. Cela-dit je ne pense pas pouvoir être réellement calme jusqu'à ce que je la vois enfin. C'est mon bébé, la chair de ma chair et elle est blessée.

6 avril, 8h34 ~ Quand enfin on m'autorise à la voir, une fois les médecins ayant terminé de l'examiner après qu'elle soit sortie du coma, je me rue littéralement dans sa chambre. J'entre comme une flèche mais je me stoppe net à mi-chemin de son lit. Quand je la vois, toute contusionnée et faible, j'éclate en larme sans pouvoir me contrôler. Mon enfant est blessée, vraiment blessée et moi je n'ai pas pu la protéger alors que c'est ma fonction. Je sais que ça semble plutôt surréaliste de dire ça mais l'amour d'une mère n'a rien de logique, c'est inconditionnel tout simplement. "Mon dieu choupette, comment tu te sens ?" C'est tout ce que j'arrive à dire, je m'approche doucement d'elle sans oser pour autant la toucher, ayant peur de lui faire mal en quoique ce soit.

Ne me fais plus jamais ça

Phoebe & Sam

Le déclin vers l’enfer a commencé à ma fausse-couche en juillet dernier. Déjà trop investie dans mon travail, ça n’a rien arrangé. Puis il y a eu la rupture avec Scott, puis le retour de Maggie. Mon cœur ne sait plus ce qu’il doit ressentir, et je suis littéralement perdue dans mes sentiments envers la jeune femme. Un baiser si puissant pendant notre rendez-vous, assez puissant pour me faire peur. La semaine dernière, j’ai surpris ma meilleure amie en train de coucher avec sa sœur. Enfin, sur le point de le faire, et je l’ai foutu dehors. J’imagine que c’est cette surprise qui a provoqué ma dernière chute. Des nuits sans sommeil, ou très peu, des journées au travail sans même manger parfois. Et c’est un soir en quittant le travail que je me suis assoupie, pire erreur de ma vie. Quelques tonneaux plus tard, et me voilà déjà dans le décor. Les heures qui ont suivi n’ont pas été facile, et les retrouvailles avec Tawny non plus. En me réveillant du coma, elle était là, et elle a passé la journée à mes côtés, sur demande de ma part. Ou du moins, la fin de la journée, et je ne sais pas vraiment quand elle est partie. Quand je me réveille une nouvelle fois, le soleil me brule les yeux et je comprends qu’une nouvelle journée vient de commencer. Les médecins entrent dans ma chambre pour m’examiner, et me foutre leur lumière dans la gueule. J’ai envie de leur en mettre une, mais je me retiens. « Votre mère est ici. Vous l’autorisez à entrer ? » Je lève la tête vers le médecin en suivant la lumière, et hoche la tête. Si j’ai empêché mon père de me rendre visite ce n’est pas le cas de ma mère, et elle a tous les droits de venir. La seule différence avec Tawny, est qu’elle n’aura pas son mot à dire sur mes soins et mes décisions médicales, puisque c’est ma meilleure amie et sœur de cœur qui est responsable de moi maintenant. Une décision lourde pour elle, et peut être même décevante pour ma mère. J’espère simplement qu’elle va l’accepter. Les médecins repartent de la chambre, et à peine dix minutes plus tard, j’aperçois ma mère entrer en trombe dans la chambre. Je fronce un peu les sourcils à cause de mon sursaut suite à cette entrée, mais quand elle s’arrête devant mon lit, je fonds littéralement en larme. Ma mère ne tarde pas à pleurer elle aussi, et je lui tends mon bras pour qu’elle s’approche. "Mon dieu choupette, comment tu te sens ?"  Je renifle un peu, et relève doucement ma main sur mon visage pour essuyer mes larmes. Je soupire doucement pour ne pas me faire mal. Même respirer est une épreuve, c’est affreux. Et je m’en veux d’être dans cet état, j’aurais du écouter mes proches, je le savais au fond de moi. « Maman…maman… » Comme une gamine qui vient de s’écorcher le genou, ma voix se brise encore plus quand je prononce son surnom affectif. Je la laisse s’approcher de moi, et je tapote un peu le côté de mon lit pour qu’elle vienne s’asseoir à côté de moi. J’ai juste envie d’un câlin, vraiment. Mais c’est impossible et ça va me faire  trop mal, et je ne peux m’empêcher de ressentir de la frustration, mais aussi de la culpabilité. Ma mère ne méritait pas de me voir dans cet état. « Ca va, je crois que, ça va. » Faire comme si tout allait bien, moyen vers la guérison. « Je suis désolée… » Je baisse un peu le regard.