contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
8° - 17° // températures stables, mais vent à venir
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.
une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés
elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
Sujet: « Is that a joke? » ★ [Lou & Leah] (#) Mer 26 Avr - 15:38
Is that a joke ?
Aujourd’hui, ce n’est pas ta plus grande journée. T’as travaillé comme une dingue sur un dossier, durant des jours. Tu es littéralement écroulée de fatigue. Ce qui aurait pu t’aider à tenir ordinairement ? Du café, bien entendu. Sauf qu’étonnement, tu n’en supportes plus l’odeur. Comme si t’avais fait une overdose récemment – sans t’en souvenir – et que ton corps tout entier refusait que tu en consommes. Ca t’était arrivé par le passé, avec de la téquila. Une soirée passée sur les toilettes, à vomir tes tripes, t’avait valu de ne plus être en mesure d’en boire une gorgée durant les fêtes alcoolisées. Le cas échéant, ceci dit, tu t’en souvenais parfaitement et tu avais une idée précise de ce fameux rejet. Quoiqu’il en soit, tu étais incapable de fournir une once d’énergie supplémentaire. T’avais des cernes sous tes yeux, exacerbées par tes nombreux cauchemars des nuits précédentes, et ton état général ne te paraissait pas être au mieux. Ces fichues nausées ne quittaient plus ton estomac, désormais ! Instinctivement, tu t’étais dirigée vers un état grippal. Et, à voir ta tête, la thèse était tout à fait probante. C’est pourquoi tu t’étais avancée vers l’une des associées principales du cabinet, afin de lui demander congé. Glissant ta tête dans son bureau, tu attendis patiemment qu’elle te regarde à son tour pour pouvoir lui parler. Lorsque ce fut le cas, tu te sentie honteuse. « Excusez-moi, mais je ne me sens pas très bien. Je crois que je dois avoir attrapé un virus. Serait-il possible de m’accorder de travailler à la maison, le temps que j’aille mieux ? » Ta patronne, plutôt conciliante – sans doute ne voulait-elle pas être contaminée – avait répondu favorablement à ta requête. C’est donc totalement penaude que tu t’extirpas de son antre pour rejoindre ton bureau. Tu attrapas quelques affaires, notamment des dossiers importants, afin de pouvoir continuer ta tâche au fond de ton lit. Histoire de ne pas perdre trop de temps non plus.
Néanmoins, il fallait te rendre à l’évidence : tu n’avais pas une once de médicaments à la maison. La dernière fois que Lou avait eu un rhume, elle avait avalé presque tout et n’importe quoi malgré tes mises en gardes. Et, évidemment, elle n’avait pas jugé utile de remplir l’armoire à pharmacie de la salle de bain. Autrement dit, tu allais devoir effectuer un petit crochet par la pharmacie du coin. A ton plus grand désespoir, car tu n’appréciais guère les lieux qui ressemblaient, de près ou de loin, à l’aspect médical. Heureusement, il ne s’agissait pas là d’un hôpital ou du cabinet d’un quelconque médecin. Tu t’y rendis donc à l’aide de ton véhicule, en prenant la peine de t’emmitoufler dans ton manteau – toujours persuadée d’être atteinte d’un refroidissement. Une fois à l’accueil, une très belle demoiselle à la chevelure dorée vint à ta rencontre. « Bonjour, je viens pour acheter des médicaments. Je crois que je couvre une grippe intestinale. » Expliques-tu à la dame qui avoisine une quarantaine d’années. Sur son badge, tu peux lire « pharmacienne adjointe ». Tu ne l’avais jamais vue auparavant. Elle doit donc être nouvelle. C’est une bonne chose ! Au moins, elle ne connaît pas tes parents. « Très bien. Pourriez-vous me décrire vos symptômes, s’il vous plait ? » Une consultation médicale ? Ca te parait soudainement logique. Après tout, on ne prend pas n’importe quoi pour soigner une maladie imaginaire ou avec le mauvais diagnostique. Tu esquisses un sourire léger, mal à l’aise. « Depuis quelques jours, j’ai des nausées de plus en plus fréquentes. Surtout devant certaines odeurs, comme le café, ou lorsque je vois des images déplaisantes. Je me sens très fatiguée, aussi. Je dors mal. » En apparence, rien d’inquiétant. Tu te dis que tu es un peu idiote de te faire une montagne de tout ça. Pourtant, c’est dérangeant. La dame te pose alors quelques questions, notamment si tu as eu de la fièvre, des vomissements répétés ou des diarrhées. A cela, tu affirmes que ce n’est pas le cas. Elle parait alors hésitante, quelques secondes. Elle ajuste ses lunettes grises et te regarde, visiblement gênée. « Est-ce qu’une grossesse éventuelle est possible ? » Et là, tu écarquilles les yeux comme jamais auparavant. Subitement, tu te mets à trembler et tes mains deviennent moites. Ta gorge se serre, sous l’effet de la surprise. « Je… oh euh… non… je… » Balbuties-tu nerveusement, essayant de te convaincre que ce n’est absolument pas une hypothèse à envisager. Pourtant, dans ton esprit, tu reçois comme un électrochoc : t’as couché avec Nathanaël – ton colocataire – il y a plusieurs semaines. Une soirée que tu as préféré enterrer à tout jamais de ton esprit. Malheureusement, tu ne prends pas de contraceptif et tu n’es plus certaine qu’il a mis un préservatif. De plus, en réfléchissant quelques secondes, tout se met à concorder : les nausées, la fatigue, et… l’absence de tes règles. Tu deviens pâle. « Vous voulez vous asseoir ? » Tu sens tes jambes t’abandonner. Aussitôt, tu t’assieds sur une chaise prévue en cas de malaise ou pour les personnes d’un certain âge qui doivent attendre leur tour. Tu dois vérifier ! Alors, avec une agitation incontrôlée, tu farfouilles dans ton sac à main pour dénicher ton agenda. Il est bourré de dizaine de rendez-vous sur tous les jours, d’annotations illisibles et d’événements à ne pas oublier. Tu retournes alors les pages en arrière et découvres, avec stupeur, que tu n’as plus eu tes règles depuis longtemps. Trop longtemps. « Oh, mon Dieu… » Tes yeux deviennent subitement humides. Tu comprends que ce n’est pas une information à négliger. La pharmacienne compatit, essaie de te réconforter. Sauf que tu n’entends plus aucun de ses mots. Soudainement, tu te sens livide. Vidée de toutes tes émotions.
Avec une douceur maternelle, elle t’apporte un verre d’eau. Tu en bois quelques gorgées, encore sonnée. « Ce n’est peut-être qu’une fausse alerte, mais le moyen le plus sûr est d’acheter un test de grossesse pour être fixée. » Tu hoches la tête. Les clients, plus loin, ne peuvent pas vous entendre. Une fois tes esprits retrouvés, tu te remets sur tes deux jambes et tu t’avances jusqu’au guichet. Elle te pose encore quelques questions auxquelles tu essaies de répondre le plus précisément possible. Elle t’explique le fonctionnement du produit, en tentant vainement de rester très professionnelle. Ceci dit, elle sent ta détresse. Elle est humaine, cette femme. Plus que beaucoup d’autres. Ca te donne presque le sentiment d’être froide et distante. Malheureusement, tu es bien trop déboussolée pour agir autrement que poliment et respectueusement. Et c’est ainsi que tu es partie de là avec ton premier test de grossesse. Et, dans ta voiture, tu restes immobile. Où vas-tu te rendre pour l’effectuer ? Pas à la maison, en tous cas. Tu réfléchis, quelques instants, et te décident pour un café que tu connais bien – tu as l’habitude de t’y rendre avec Cassiopée. Ils te connaissent bien et ne te poseront pas de questions, si tu utilises uniquement les toilettes. Alors, tu te rends là-bas et t’engouffres rapidement dans les W.C. en espérant que tout ira bien. Tu dois pisser sur ce bâton. Ca te dégoûte, mais tu te forces. Puis, tu te rhabilles et tu attends, assise sur le dessus du sanitaire, en fixant désespérément ce truc qui te révulse presque. Les trois minutes passent à une lenteur extrême. Mais lorsque ton téléphone sonne, indiquant la fin du temps réglementaire, tu t’approches enfin du test. Et tu vois alors, malgré toutes tes prières, les fameux deux traits. Il n’y a aucun doute : tu es enceinte. Sauf que tu t’y refuses obstinément. Ce n’est pas possible !
Pour conjurer le mauvais sort, tu te dis humblement qu’il s’agit peut-être là d’un test de grossesse défectueux. Persuadée d’obtenir là la bonne réponse, tu ressors de là avec ton cornet en plastique, bien décidée à déjouer les plans du destin. Et, en tout esprit logique, tu es bien décidée à parer les hypothèses les plus sordides. Toi, enceinte ? Impossible. Alors tu te rends à la pharmacie où tu achètes – à une aide en pharmacie – deux tests de grossesse. La pharmacienne adjointe précédente doit être en pause et c’est tant mieux. Puis, tu te rends à la supérette du coin où tu en achètes quatre autres, de marques différentes. Histoire d’être bien certaine ! Et, une fois armée au maximum, tu te rends à ton loft. Pas question de réitérer de pisser là-dessus dans un café ! Tu préfères le confort de tes toilettes, avec la possibilité de te cacher à tout jamais dans ta chambre si besoin. Heureusement, Nathanaël n’est pas là. Quant à Lou, elle est sans doute trop occupée pour remarquer ta présence. Ca t’arrange ! Tu bois beaucoup d’eau et attends vingt minutes, en tournant en rond. T’as classé tes dossiers par ordre alphabétique, inconsciemment. Puis, quand tu as enfin senti ta vessie se manifester, tu t’es rendue dans la salle de bain. T’as pris presque tous les tests – quatre différents – pour être sûre qu’ils indiqueraient tous ta non-grossesse. Parce qu’il ne pouvait pas en être autrement, n’est-ce pas ? Tu les as alors déposés sur le lavabo, bien sagement. Et toi, tu t’es laissé glisser sur le carrelage, contre la baignoire. Les secondes défilent, les minutes passent. Mais t’es incapable de bouger pour aller voir le résultat. Car si jamais ils affichaient tous que tu étais bel et bien enceinte… qu’est-ce que tu allais faire de ce petit pois ? Tant de questions virevoltent dans ton esprit. Et ton corps, lui, refuse de bouger pour connaître la vérité. Celle que tu ne pouvais pas admettre.
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Sujet: Re: « Is that a joke? » ★ [Lou & Leah] (#) Jeu 27 Avr - 22:48
Des changements mineurs ont eu lieu sur toi sans que tu ne sembles remarquer quoi que ce soit. C’est drôle, tous les signes sont là pour t’alarmer et pourtant, tu n’y vois que du feu. Ça a commencé par tes règles dont tu n’as pas vu la couleur depuis des semaines. Mais toi, tu n’es pas le genre de filles à être super organisée. Tu ne tiens pas un agenda où tu aurais répertorié tes cycles et compagnie, très peu pour toi. Du coup, tu n’as même pas fait attention à ce premier signe. Ça a continué avec des nausées terribles. Or, tu enchaines les soirées, et il t’arrive plus que souvent de t’en rendre malade. Encore une fois, tu n’y as prêté aucune attention. Mais ça ne s’est pas arrêté là. Tu as eu envie de dormir. Beaucoup. Au réveil, tu aurais pu te remettre à dormir direct. Et ce n’est toujours pas fini… Il y a certaines odeurs que tu n’as plus su supporter, certains parfums qui te donnent envie de vomir. Ça arrive dans la rue, chez toi, en soirée… Partout quoi. Et tu ne contrôles rien. Une simple odeur peut te donner envie de rendre ton déjeuner. Tu as trouvé ça bizarre, c’est vrai, mais tu n’y es pas penchée pour autant. Ça arrive, non ? Ça ne doit pas être bien grave. Tu as même pris un peu de ventre en t’imaginant avoir un peu trop exagéré sur la bouffe ces derniers temps. Pas une seule fois tu as émis l’hypothèse que tu pourrais être enceinte. Pour toi, ça n’arrive qu’aux autres. Et par les "autres", tu entends les autres femmes. Pas les filles comme toi, les gamines, qui ont déjà bien du mal à s’occuper d’elles-mêmes pour ne pas avoir besoin d’en rajouter une couche avec un bébé. Tu n’as jamais imaginé être mère. Tu as toujours pensé que Lennon ou Leah feront des enfants un jour et que tu pourras être une tata qui déchire. Ça te suffit d’être tante, c’est déjà beaucoup. Non, tu ne te doutes définitivement de rien. Tu as donc continué ta vie comme si de rien n’était. Sorties, amis, famille et tout ce joyeux bordel. Ce jour-là tu es rentrée spécialement tard. Le jour s’était déjà levé quand tu t’es mise au lit et tu n’émerges que très tard dans l’après-midi. Totalement vaseuse, ton premier reflexe fut d’aller dans la salle de bain. C’est là qu’il y a les toilettes et ta vessie est prête à exploser. Tu fais irruption dans la pièce et tombes sur Leah, recroquevillée au sol. « Mais qu’est-ce que tu fous là ?! » que tu demandes tout de suite, un peu étonnée de la voir dans une telle position. Tu ne l’as jamais vu faire ça. Tu fronces les sourcils. Est-ce que c’est grave ? Tu es trop dans le coaltar pour le déterminer maintenant. « Ça va pas ? » Mieux vaut poser la question directement, c’est encore le meilleur moyen d’avoir la réponse à ta question. Tu croises ton reflet dans le miroir, tu as vraiment une sacrée mine. Ça te fait marrer et tu en oublies presque que ta sœur semble être dans un piteux état. « Waw, t’as vu ma tronche ?! On dirait un zombie ! Bon franchement Leah, je dois trop pisser… » Tu t’approches d’elle, tu poses tes fesses contre le lavabo. « On peut en parler tout à l’heure si tu veux mais là y’a urgence ! » C’est là que tu les vois. Tous ces petits bâtonnets alignés sur le lavabo. Qu’est-ce que c’est ces trucs ?! Tu en as déjà vu. Dans les films. Ce sont des tests de grossesse. Tu hallucines. Pour le coup, tu oublies totalement ton envie d’uriner. Tu as juste besoin d’air, tu as l’impression que tu vas tomber dans les pommes à tout moment. « Non, non, non… » que tu répètes frénétiquement en cherchant la notice de ces foutus engins histoire de comprendre quelque chose aux résultats. Tu lis la notice. Une fois. Deux fois. Trois même. Tu n’en crois juste pas tes yeux. Elle est enceinte. Leah est enceinte. Mais de qui ?! Comment ?! Pourquoi ?! Comment c’est possible qu’elle ne t’ait rien dit si elle avait quelqu’un ?! Un million de questions se bouscule dans ta tête, on dirait qu’elle va exploser. A ton tour, tu te laisses glisser contre la baignoire et finis par terre à côté de Leah. « Mais t’es… T’es… » Le mot ne sort pas. Tu déglutis. « Enceinte ? » Tu l’as dit tout bas, en murmurant, comme si c’était un gros mot qu’il ne fallait absolument pas prononcer. « Mais tu peux pas me faire ça ! » Ça y est, tu t’indignes. C’est que tu n’as pas du tout envie de partager ta sœur avec un autre membre de la famille. Un bébé ? Ça va sûrement lui pomper tout son temps. D’accord, tu aimes l’idée d’être tata. Mais pas maintenant, pas aujourd’hui ! Et puis elle s’occupe bien de toi, Leah. Elle ne s’occupera plus de toi le jour où elle aura un enfant et tu n’es pas prête pour ça. « C’est pas grave Leah, on va trouver une solution. » Tu attrapes la main de ta sœur, la serres fort dans la tienne. « On peut peut-être demander au père de s’en occuper ? Tu pourras pas toi… » Tu t’avances complétement là-dessus mais c’est comme ça que tu vois les choses. Tu hausses les épaules, à deux doigts de chialer. « C’est qui le père d’ailleurs ? Tu m’as rien dit… Depuis quand tu me dis rien ? » Mon Dieu, ce que tu regrettes de t’être levée et d’avoir vu tout ça. Si seulement tu pouvais retourner au lit et te réveiller avec la certitude que ce n’était qu’un mauvais rêve… Seulement ça ne va pas arriver. Tu es bien réveillée. Ta sœur attend réellement un bébé.
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Sujet: Re: « Is that a joke? » ★ [Lou & Leah] (#) Mer 10 Mai - 12:23
Is that a joke ?
T’es là, totalement paniquée, dans cette salle de bain que tu trouves minuscule. Etouffante. Pour tout avouer, t’as qu’une seule envie : t’enfuir par la fenêtre. Sauter dehors, courir jusqu’à l’épuisement et tomber dans l’herbe grasse aux senteurs de la rosée. Ca et mourir. Parce que, dans le fond, c’est ce que tu as l’impression de vivre : tu sens ton être s’engouffrer dans les ténèbres. T’as jamais pensé une seconde que ton corps pouvait te jouer des tours pareils. T’espères, secrètement, que les tests seront négatifs. Que ce n’est qu’une mauvaise blague du destin. Malheureusement, tes jambes sont incapables de te soulever pour aller vérifier toi-même le nombre de bâtons qui pourrait s’afficher. Bien que ton esprit soit totalement rebuté à cette idée, ton instinct te murmure déjà que tu as un petit être dans ton ventre, qui pousse et s’agrandit lentement. Merde ! Alors, tu laisses une larme glisser le long de ta joue. Puis une seconde. Dans un silence qui te paralyse toujours autant. T’aimerais vraiment te redresser et vérifier par toi-même. Tu places ta tête entre tes genoux, fermant tes paupières lourdes. De ta main droite, tu te pinces le bras gauche. Tu caressais le rêve éphémère que tout ceci n’était qu’un cauchemar duquel tu allais te réveiller. Hélas, la douleur est bien réelle. Ce n’est pas une illusion nocturne.
C’est alors que, tel un ouragan dévastateur, une silhouette féminine entre dans la pièce. Tu relèves aussitôt ta tête et la dévisage, ahurie. C’est Lou, ta cadette. Visiblement, elle est très préoccupée par son envie d’uriner et son visage tiraillé par la fatigue. Sauf que tu n’es pas capable de bouger le moins du monde. Le flot de ses paroles te passe bien au-dessus de la tête. Tu ne l’entends même pas totalement. C’est comme si cela n’avait pas d’importance. Pour être totalement franche, c’est le cas : tes préoccupations actuelles sont bien plus compliquées que les siennes. Sinon, tu serais déjà partie depuis longtemps pour laisser l’espace de la salle de bain à ta petite sœur. Mais non. T’es toujours immobile, assise contre le carrelage froid du sol. Le dos au mur. Comme si t’avais trop fait la fête et que t’avais vomi tes tripes toute la nuit dans la cuvette. Sauf que ça, ça n’arrivait qu’à Lou la plupart du temps. Elle était si immature… si fragile. Tout ton contraire. Pourtant, tu te sentais bien loin de la force de la nature que tu paraissais être aux yeux de tous.
Dans un instant fugace, Lou pose ses yeux sur les bâtons qui se tiennent sur le lavabo. Tu trembles. Merde ! Elle n’est pas supposée savoir. Elle répète un « non » à plusieurs reprises. T’aimerais bien la rassurer, lui dire que ce n’est rien. Mais tu ne peux pas lui mentir. Tu n’as jamais su lui dire de mensonge, d’ailleurs. « Lou… » murmures-tu, abasourdie. Sauf que la plus jeune ne te laisse pas le temps de réagir. Elle se précipite sur l’un des emballages pour en sortir la notice. Elle veut lire. Déchiffrer le résultat que tu redoutes tellement. Elle est donc là, ta solution ? Attendre bêtement que ce soit ta frangine qui te dise si tu attends un bébé ou pas ? Jamais tu n’aurais pensé réagir de la sorte. Toutefois, c’est ainsi que tu es dans l’inaction la plus totale. Et les mots de Lou résonnent alors, comme une décharge électrique dans ton cerveau. « Mais t’es… T’es… Enceinte ? » Ca y est. Le couperet est tombé et ta tête a été massacrée. Tu la regardes, avec toute la peine du monde. Alors, sans parvenir à contenir tes émotions, tu fonds en larmes en hochant ton visage de haut en bas. Tu l’affirmes, désormais : t’attends un môme.
Finalement, la réaction de Lou ne se fait pas attendre. « Mais tu peux pas me faire ça ! » Pour le peu, tu aurais envie de rire. Un rire nerveux. Pourtant, tu t’abstiens. T’as pas envie de soulager ta conscience. Et si cette réaction serait totalement inappropriée, tu as l’habitude : Lou est particulière. Elle n’a jamais les bons mots ou les réactions les plus conventionnelles. Comme une petite fille attachée à son jouet, elle refuse de te partager. « Je suis désolée. » Fis-tu à son intention. Pourquoi, exactement ? Parce que tu l’as déçue. D’une certaine façon. Tu sais à quel point elle a besoin de toi. Ta petite sœur n’a jamais été capable de s’occuper d’elle-même toute seule. Ce n’est pas pour rien que tu la trimballes avec toi depuis que tu es partie de la maison familiale. Même en étant étudiante, elle a vécu avec toi. A tes crochets. Malgré les années, rien n’a changé.
« C’est pas grave Leah, on va trouver une solution. On peut peut-être demander au père de s’en occuper ? Tu pourras pas toi… » Tu esquisses un fébrile sourire. Et tu essuies tes larmes, relevant ta tête en sa direction. Tu sens la pression de sa main dans la tienne. Oui, elle est persuadée que tu vas délaisser ce bébé à son profit. Parce que personne n’a compté plus qu’elle, dans ta vie, jusqu’à présent. Et cette grossesse risque de bouleverser l’équilibre de votre relation fusionnelle. Cependant, ce qui t’inquiète le plus, c’est un autre sujet que, d’ailleurs, elle ne tarde pas à soulever. « C’est qui le père d’ailleurs ? Tu m’as rien dit… Depuis quand tu me dis rien ? » Tu trembles un peu. D’ordinaire, tu racontes toujours tes secrets à Lou. Depuis que vos êtes hautes comme trois pommes. T’as jamais été très proche de Lennon, à cause de vos différences. Mais ta petite sœur, c’est la prunelle de tes yeux. Du moins, jusqu’à aujourd’hui. Tu renifles, essayant de parler pour lui expliquer. « Ca n’est arrivé qu’une fois, Lou. J’étais ivre et après… je ne me souviens pas de tout. Juste que je me suis réveillée… à ses côtés. » C’est vrai. C’était le burn-out total pour toi, ce soir-là. Celui de cette fichue conception. Mais toi, t’étais persuadée que tout était sous contrôle. Malgré que tu ne te souviennes absolument de rien du tout et que vous aviez, probablement, couché ensemble… tu t’étais dit que vous aviez dû prendre vos précautions. Pour éviter une grossesse ou toute autre saloperie du genre. Sauf que, désormais, il semblerait que ce ne soit pas le cas. Et t’étais effrayée. « Et le pire, c’est que je n’ai pas remarqué les premiers symptômes. Même mon absence de règle m’est passée sous le nez… Quelle idiote ! » Oh oui, tu te sentais bien stupide. Mais le pire était encore à venir et tu l’ignorais totalement. Et, pour le coup, tu fonds à nouveau en larmes en posant ta tête contre tes genoux. « C’est Nath… c’est Nath le père. » Confies-tu. La bombe est lâchée. Mais ça, tu ne le sais pas.