Who, the hell, do you think you are ? Ft. Murphy

Quoique magistralement agréable, la journée de Dakota avait été terriblement éprouvante. Elle avait passé la journée entière sous le soleil balnéaire à s’amuser dans la mer et à se balader à moto avec Balthazar, son nouveau meilleur pote trentenaire. Additionner à cela qu’elle n’avait que très peu dormi des suites de la soirée chez Dolorès, cette amie chez qui elle aurait dû passer la nuit, elle était complètement claquée.

Le soleil descendait encore. C’était l’heure du dîner. Il n’y avait presque personne à l’intérieur. Toute la maisonnée profitait du soleil dans la cour et de cette petite piscine gonflable aux couleurs douteuses qui devait être aussi vieille de Laszlo. Dans l’air flottait l’odeur de viande chauffée. Le vieux barbecue, sans n’en douter. Ça sentait si bon la nourriture que Dakota prit la peine de se dire que Lasz’ devait être un meilleur chef que Edwy avec la machine à propane. Mais, quand le parfum changea bien vite pour des effluves de chair brûlée, l’adolescente compris qu’Edwige avait encore fait cramer le repas. Il devait arrêter de s’entêter à essayer ce pauvre garçon. Clairement, la grillade ce n’était pas pour tout le monde. L’idée de son frère paniquant à la vue des flammes lui provoqua un petit sourire. Sans doute sa bonne humeur aidait-elle à ne pas ronchonner à l’idée de manger encore une fois de la cendre. Ou de la pizza, dépendamment des moyens financiers du jour. Les rires et éclats de voix de ses frères et sœurs semblaient si agréables quand ils étaient tamisés par plusieurs murs et emportés par le vent. À l’intérieur, le silence était maître. Dakota retira ses chaussures et déposa son sac – dans le passage, bien sûr - avant de se diriger vers le réfrigérateur pour en extraire du jus.

Alors qu’elle buvait à même le contenant, la porte moustiquaire de la cour arrière claqua, la prenant par surprise. Adoptant une mine coupable, elle regardait la personne qui l’avait prise la main dans le sac. Elle soupira, voyant Murphy.

« Merde tu m’as fait peur…

Puis, elle reposa la boisson à sa place avant de refermer la porte. Elle marqua un temps d’arrêt quand elle comprit que sa sœur ne l’avait toujours pas quittée du regard. Dakota regarda d’un côté, puis de l’autre, se tenant bien droit dans sa toute nouvelle robe bleue, offerte par Balth le matin même. Ne voyant pas trop ce qui clochait elle demanda, sans incertaine :

- Bah quoi ? J’ai un truc dans la figure ? »

who the hell do you think you are ?

feat. dakota & murphy

Elle vient à peine de rentrer d'un après-midi en ville avec ses amis qu'elle se sent déjà agressée par l'odeur de la viande grillée, Murphy. Apparemment, c'est soirée barbecue pour les Ziegler ce soir. Ça faisait un moment que la vieille planche n'avait pas été sortie du garage. Depuis la mort de maman, au moins. Encore une idée des aînés pour faire plaisirs aux plus jeunes, pour leur montrer que la vie continue. Débile. Quand comprendront-ils que la vie n'est plus comme avant ? Il serait peut-être temps. Elle soupire, murph, puis elle pose les sacs contenant ses achats de la journée aux pieds des escaliers menant aux chambres, à l'étage. Elle les montera plus tard, quand quelqu'un finira par rouspéter à cause du bazar causé par les cinq énormes sacs. Les Ziegler n'ont jamais roulé sur l'or, c'est vrai, mais son père permet à Murphy de faire quelques emplettes de temps en temps. Parce que Caïn, il ne sait montrer son amour que comme ça : par l'argent et les cadeaux. Pitoyable, oui, mais fort utile parfois, surtout lors de virées entre copines. Elle en fait aussi souvent profiter ses sœurs, murph, en leur achetant des fringues ou des cadeaux. Parce qu'ils faut se serrer les coudes entre frangines. Par contre, bien qu'elle aime ses frères de tout son cœur, elle n'a jamais réellement d'idée pour leur faire plaisir. C'est trop compliqué les mecs. Elle a fini par rejoindre la fratrie dans le jardin. Les plus petits courraient partout, les plus grands papotaient autour de la viande en train de griller. Et elle ne savait pas trop où se mettre, murphy, parce qu'au final, elle est entre les deux. Un peu comme Dakota. Dakota qui n'est d'ailleurs pas là. Elle n'est donc pas encore rentrée de sa balade à moto avec ce mec d'au moins quinze ans son aîné. Elle a faillit perdre croire à une hallucination, tout à l'heure, quand elle les a vu ensemble. Mais non, c'était bien sa sœur cadette, il n'y a pas de doute. Elle devrait en parler à Laszlo, murphy, mais elle n'ose pas. Elle n'a pas envie de créer une histoire pour rien. Non, d'abord elle va confronter Dakota seule. Elle rêvasse, murphy, jusqu'à ce qu'Edwy lui demande d'aller chercher quelque chose dans la cuisine. Sans rien dire, elle se lève de la chaise sur laquelle elle venait de s'asseoir, et elle rentre dans la maison familiale, se retrouvant presque nez à nez avec Dakota, qui est en train de boire du jus de fruit à même la bouteille. « On t'a déjà dit que c'est carrément pas hygiénique ce que t'es en train de faire ? » sa soeur sursaute et repose presque immédiatement la bouteille dans le réfrigérateur. « Merde tu m’as fait peur… » Murphy ne répond pas, préférant fixer, et sans doute mettre mal à l'aise, sa petite sœur. Et c'est à cet instant qu'elle remarque la robe bleue qu'elle porte. Elle vient d'où celle-là ? C'est quand même pas l'autre qui lui a offert ? « Bah quoi ? J’ai un truc dans la figure ? » « Je peux savoir où t'étais aujourd'hui ? » demande murphy, en croisant ses bras contre son buste. Autant commencer la confrontation maintenant.

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MACFLY

La plus jeune des sœurs passe complètement outre le constat sur l'hygiène. À dire vrai, elle n'en a pas grand chose à faire et, à bien y regarder, ils partagent tous 50% de leur ADN et donc, en théorie, leur salive est de moitié identique. Pas de quoi en faire un drame, en somme, aux yeux de l'adolescente. Elle croit donc pouvoir passer à autre chose, mais c'était sans compter Murphy qui lance, inquisitrice :

« Je peux savoir où t'étais aujourd'hui ?

Dakota regarde sa sœur qui, magistralement, croise les bras sur sa poitrine, prenant par ce fait même un air supérieur. Ça n’impressionne pas sa cadette, bien au contraire : elle s’en bat carrément les steaks. Elle referme le réfrigérateur et répond d’un haussement d’épaule :

- Bah, chez Dolorès, une copine.

Elle se retourne ensuite pleinement vers sa sœur pour perpétrer son mensonge avec élégance :

- Tire pas la tête. Si tu te demandais où j’étais fallait simplement le demander à Laszlo plutôt que de te faire des films.

Elle lui envoie un sourire narquois dont elle seule a le secret et se met à son aise tout en piquant des biscuits dans le placard, misant sur le silence de sa sœur quant à ses mauvaises habitudes alimentaires avant le repas.

- Mais vas-y, lance-t-elle, curieuse, raconte-moi ce que tu imaginais. Dans quel coup foireux m’étais-je fourrer dans cette imagination si débordante que tu as ?

Dakota ne quitte pas Murphy des yeux. Sa sœur à raison, bien sûr : ses inquiétudes sont fondées. Le cadette s’est bel et bien fourvoyée pendant ces dernières vingt-quatre heures et, s’il n’en eut été de Balthazar, elle ne sait pas trop comment tout cela se serait terminé. Toujours est-il qu’elle ne compte pas en parler. Ni à Murphy, ni à personne. Laszlo le saurait. Et Wyatt. Et Edwy. Ce n’est pas tout, mais Dako a bien d’autres espérances quant à la vie de ses grands frères qu’un séjour en prison pour meurtre. Ou, au moins, harcèlement sur mineur avec lésions. Non. Le silence c’est mieux.

C’est comme ça que ce doit être dans une fratrie, songe-t-elle, on doit se protéger les uns les autres. Quitte à cacher la vérité à ceux qui voudraient à tout prix prendre notre défense.

Elle attend la réponse de sa sœur tout à la toisant. Celle-ci lui rend bien son regard. Et cette lueur dans ses yeux inquiète Dakota. En tant que Ziegler, Murphy sait être tenace. Mais Dakota connait bien sa sœur en tant que jeune femme qui sait choisir ses combats. Pourquoi semble-t-elle prête à s’opposer à son histoire ?  Elle est bien plus lasse que ça à son égard, d’habitude. Tout le moins, depuis ces sept derniers mois. Le regard de la sixième Ziegler reste solide. Mais, de l’intérieur, sa carapace se désagrège. Elles fréquentent la même école. Peut-être… Peut-être que Murphy sait ?

Cette idée la terrifie. À un tel point qu’elle se refuse à la regarder plus longtemps. D’un battement de cils, elle la chasse, laissant place à toute sa tête. Aux vues du regard de sa sœur, elle en aura bien besoin pour sortir vivante - et triomphante - de ces hostilités.

who the hell do you think you are ?

feat. dakota & murphy

Elle n'est pas d'humeur, Murphy. Pas d'humeur à jouer, pas d'humeur à supporter les mensonges. Parce que ouais, là sa sœur lui ment clairement. Elle la prend pour une conne. « Bah, chez Dolorès, une copine. Tire pas la tête. Si tu te demandais où j’étais fallait simplement le demander à Laszlo plutôt que de te faire des films. » Dakota se fout de sa gueule, c'est ça ? Parce que murphy, elle sait. Elle sait où était sa sœur. Mais surtout avec qui elle était réellement. Elle les a vu, sur la moto, elle et ce gars bien trop âgé. Et elle ne comprend pas pourquoi elle ment. Parce que si ce n'était pas grave, pas important, dakota ne se sentirait pas obligée de cacher la vérité. Alors elle se fait des films, murphy. Et elle est furax. Furax que sa cadette lui mente alors qu'elles étaient si proches et si complices autrefois. Furax contre ce mec qui se sert probablement de sa petite sœur. « Mais vas-y, raconte-moi ce que tu imaginais. Dans quel coup foireux m’étais-je fourrer dans cette imagination si débordante que tu as ? » Là c'en est trop. Murphy pète un plomb. Elle arrache brusquement le paquet de gâteaux que sa cadette tient en main et le pose trop violemment sur le plan de travail de la cuisine. Sûr, tout est maintenant en miettes là-dedans. « Arrête de me prendre pour une conne dakota. Je t'ai vu, avec ce mec, sur sa moto. Ce n'est pas mon imagination. J'étais là, je rentrais de la plage. » elle lance à sa frangine un regard presque mauvais, noir. Elle s'inquiète, évidemment, mais la colère prend le dessus. « C'est qui ce mec ? Pourquoi tu traînes avec lui ? Tu te rends comptes qu'il ne devrait pas avoir le droit de s'approcher de toi ? Il a quel âge, bordel ? » ouais, parce que direct, murphy pense au pire. Ça tombe c'est un pédophile qui profite de sa sœur. Un malade mental. Dakota n'a t-elle rien dans la tête, est-elle suffisamment idiote pour tomber dans ce piège là ? Eliott entre dans la pièce, laissant entrer l'odeur de la viande grillée lorsqu'il ouvre la porte du jardin. Odeur qui la dégoûte, qui lui donne envie de vomir. Elles se taisent, il les regarde à tour de rôle avant de prendre quelque chose dans le frigo et de ressortir. Ah oui, c'est vrai qu'elle était censée rapporter quelques chose à Edwy. Tant pis, elle a des problèmes plus importants à régler. « Et cette robe, c'est lui qui te l'a offerte ? Il te fait des cadeaux pour acheter ton silence ? » Trop de questions.

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MACFLY

D’un coup, sans prévenir, Murphy pète les plombs. Elle arrache les gourmandises des mains de Dakota sans vergogne et sa victime fronce les sourcils :

« Et, oh ! Ça va pas ?! Qu’elle a à peine le temps de dire que, déjà, son aînée lui remet les pendules à l’heure :

- Arrête de me prendre pour une conne dakota. Je t'ai vu, avec ce mec, sur sa moto. Ce n'est pas mon imagination. J'étais là, je rentrais de la plage.

Dakota prend un moment de silence, les yeux écarquillés braqués sur la silhouette mécontente de sa sœur. Elle bat des paupières, essayant de voir si c’est un coup de bluff, mais bien vite, son cerveau lui fait comprendre qu’elle n’aurait pas autant d’informations quant à sa journée. Le regard de Murphy est noir comme la nuit. Dakota, elle ne sait pas trop quoi dire. D’un sens, elle est surtout très soulagée de comprendre que Murph’ ne sait pas pour la soirée.

- C'est qui ce mec ? Pourquoi tu traînes avec lui ? Tu te rends comptes qu'il ne devrait pas avoir le droit de s'approcher de toi ? Il a quel âge, bordel ?

C’est à ce moment-là que Dakota comprend qu’il y a un autre problème. Balthazar à 30 piges. Et, sans vouloir le traiter de vieux une millionième fois : son physique ne ment pas sur ce point. Alors qu’elle ouvre la bouche pour lui répondre aussi amèrement qu’elle, Dakota s’interrompt, entendant le moustiquaire claquer. C’est Eliott. Toutes deux le regarde faire sa besogne en silence jusqu’à ce qu’il ressorte. Quand c’est fait, Dako est devancée par sa sœur qui lance, complètement disjonctée :

- Et cette robe, c'est lui qui te l'a offerte ? Il te fait des cadeaux pour acheter ton silence ?

Cette fois, l’adolescente comprend que cet autre problème raisonne comme un très gros problème. Acheter son silence ? Et puis quoi encore ? Elle n’aime pas ça, ces accusation qui pèsent dans sa voix.

- Pardon ? T’es dingue, merde ! Qu’est-ce que tu t’imagines encore ? Y’a personne qui achète mon silence parce que je ne dois rien à personne. Et encore moins à toi. Ce que je fais ne te regarde absolument pas !

Dakota, elle est furieuse elle aussi. Parce que, plus les secondes passes, plus elle comprend que Murph, elle accuse Balth d’être un pédophile. Et ça, ça déplaît grave à Ziegler No 7. Après tout ce qu’il a fait pour elle au cours des vingt-quatre dernières heures, elle ne laissera pas la paranoïa de sa sœur salir son image. Ça non.

- Ce type que t’a vu : tu le laisse tranquille c’est clair ?! Si t’a un problème avec moi alors vas-y règle-le ! Il a rien avoir nulle part dans ton discours à la noix !

Elle essaie de se faire intimidante, Dakota ; pour protéger Balthazar. Elle se souvient très bien des conditions de leur amitié et, pour le coup, les accusations de sa sœur lui résonnent dans le crâne comme un état d’alerte. Elle ne comprend pas que c’est expressément de lui que sa sœur veut parler. Elle s’imagine que ça a seulement rapport avec elle et les souvenirs de son comportement passé. Elle croit que Murphy en a encore après elle pour les bêtises qu’elle a pût faire avant la mort de leur mère : comme essayer de pécho un type plus vieux par exemple. Ça aurait été son genre, autre fois. Pour attirer l’attention.

Elle croit que c’est ça, la pauvre Dakota.
Elle ne croit pas une seconde que Murphy lui tient ce discours en prenant Balthazar pour ennemi.

Elle ne peut pas s’imaginer, même un bref instant, que l’on puisse réellement s’imaginer que cet homme puisse lui être dangereux.

who the hell do you think you are ?

feat. dakota & murphy

Que quelqu'un retienne murphy, parce qu'elle va finir par encastrer sa jeune sœur dans le mur tant celle-ci l'énerve. C'est dingue à quel point deux personnes, si proches il y a encore un an, peuvent se mettre à se détester comme ça, presque d'un coup et pour pas grand chose. Parce que ouais, ça fait un moment que la relation entre les deux filles ziegler est au plus bas. Elles se prennent la tête en permanence, et partager la même chambre n'arrange pas beaucoup les choses. Pour Murphy, Dakota cherche à attirer l'attention en jouant la sale gosse imprudente et complètement butée. À croire qu'elle ne voit même pas les risques qu'elle prend. Murphy, elle voudrait lui faire comprendre, mais elle a du mal à garder son calme, alors elle crie, elle critique, elle accuse, et ça ne plaît pas à Dakota. Oh ça non ! « Pardon ? T’es dingue, merde ! Qu’est-ce que tu t’imagines encore ? Y’a personne qui achète mon silence parce que je ne dois rien à personne. Et encore moins à toi. Ce que je fais ne te regarde absolument pas ! » Bien, maintenant elles sont toutes les deux furieuses, et autant dire que la réaction de dako provoque encore plus de doutes dans la tête de Murphy. Ou de certitudes plutôt. Elle cache quelque chose. « T'as raison, tu ne me dois rien à moi. Mais à Laszlo si. Et crois-moi, je n'hésiterai pas à aller tout lui raconter si tu ne me donne pas une raison valable de ne pas le faire. » peut-être qu'elle devrait courir tout raconter à Laszlo maintenant, parce que la situation est quand même complètement louche. Au moins, lui, il est en mesure de régler tout ça, de tirer cette histoire au clair, et surtout de comprendre qui est ce mec que leur petite sœur essaye de protéger. « Ce type que t’a vu : tu le laisse tranquille c’est clair ?! Si t’a un problème avec moi alors vas-y règle-le ! Il a rien avoir nulle part dans ton discours à la noix ! » Murphy se rapproche de sa sœur, le regard défiant. Elle se plante devant elle en affichant un sourire on ne peut plus mauvais sur les lèvres. « Ce mec, je le laisse tranquille si je veux. Si je pense qu'il est dangereux pour toi, je ferais le nécessaire pour qu'il dégage de ta vie. Tu n'as pas d'ordre à me donner, Dakota. Et tu sais ce que je pense ? Qu'il profite de toi et de ta naïveté, et je ne le laisserai pas faire.»

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MACFLY

« T'as raison, tu ne me dois rien à moi. Mais à Laszlo si. Et crois-moi, je n'hésiterai pas à aller tout lui raconter si tu ne me donne pas une raison valable de ne pas le faire. »

Dakota voit rouge. La panique de ce qui pourrait arriver se transforme bien vite en rage. Mais de quoi elle se mêle celle-là ? Elle a envie de hurler. Et, d’ailleurs, elle ne se met pas d’entraves :

- Putain t’étais où quand je t’ai dit que je ne te devais rien ?! Tu peux les garder pour toi tes menaces ! J’en ai rien à branler ! Alors ferme ta gueule et mêle toi de ce qui te regarde !

Dakota devient cru, agressive. Ça fait un moment qu’elle ne s’est pas emportée comme ça. Mais être là, avec sa sœur qu’elle évite depuis sept mois, ça la met sur les nerfs. Tous ces secrets, tous ces mensonges qui pèsent. Dakota est tendu en la présence de sa sœur. Elle le sait : il ne faut qu’une étincelle pour que le tout ne parte en fumée. Mais sa sœur elle pige que dalle, on dirait. Pire : peut-être même qu’elle aime ça ? Dako n’y songe pas vraiment. Son sang bout dans ses veines, son visage est rouge comme le démon qui l’habite. Elle se sent impuissante face aux menaces de sa sœur. Impuissante à cause de son âge tellement vulnérable. Et, ça, ça la met en rogne.

- J'ai rien a cacher ! Y'a qu'à toi qu'veux rien dire, pigé ?! Alors tu lui fout la paix !

Murphy se rapproche comme si les mots de sa sœur n’avaient pas eu d’effet. Elle est là qui la regarde narquoisement ; qui sourit même. Dakota serre les dents. Son air effronté, elle a bien envie de le lui renvoyer en pleine figure avec son poing.

- Ce mec, je le laisse tranquille si je veux. Si je pense qu'il est dangereux pour toi, je ferais le nécessaire pour qu'il dégage de ta vie. Tu n'as pas d'ordre à me donner, Dakota. Et tu sais ce que je pense ? Qu'il profite de toi et de ta naïveté, et je ne le laisserai pas faire.

Dakota aurait pût respirer. Lui expliquer. Lui dire que Balthazar n’était pas dangereux et que Dakota n'était pas si vulnérable. Essayer de comprendre que sa sœur essaie de veiller sur elle, à sa piètre façon. Mais ce n’est pas ce qui se passe. Tout ce qu’elle entend, ce sont des menaces. Et des menaces à l’encontre de Balthazar. Et ça, Dakota elle n’aime pas ça du tout. Son impulsivité prend le dessus. Elle sent le sang lui battre dans les tempes, son souffle devenir rauque, ses pupilles qui se dilatent et sa gorge qui se compresse. Il y a cette sensation dans sa poitrine qui l’accapare, la poussant à se sentir enfermée, prête à faire exploser la cellule qui la retient par la violence. Puis, sans prévenir, elle fait un pas vers l’avant et pousse violemment sa sœur. Parce qu’elle a toujours été comme ça, Dakota.

De elles deux, c’était elle qui mordait ses camarades de classe. Elle qui revenait couverte de bleus. Pas qu’elle soit bien méchante. Mais elle a ça dans le sang : l’impulsivité. Ça l’aveugle, ça la rend dingue. Elle n'est pas de celle qui sait se défendre avec les mots. Pas comme Murphy.

Elle avait réussi à se calmer en vieillissant.
Mais, clairement, elle n’était qu’en rémission.

Ses ongles s’enfoncent dans la peau des bras de Murphy alors qu’elle la pousse jusqu’au mur en hurlant. Pour la plus part, ses mots sont incompréhensibles. Mais certains le sont encore :

- T’es qu’une sale garce manipulatrice ! Je te déteste ! Tu m’entends ?! JE TE DÉTESTE ! »

Elle aimerait que sa sœur se sente aussi impuissant qu’elle, Dakota. Qu’elle ait tout aussi mal.

Elle ne pense pas une seule seconde qu’elle le regrettera.
Non, la rage l’aveugle bien trop pour ça.