(Lou) Episode 2, le rencart

Il y a quelques jours de cela, Balthazar avait fait la charmante rencontre de Lou, une jolie blonde avec qui il avait passé la nuit, sans pouvoir malheureusement pour lui, s'en rappeler. Cette frustration était terrible, et il s'en voulait d'avoir autant bu. Mais grâce à l'alcool, il avait pu faire sa connaissance et briser la glace tandis que sa timidité l'en aurait empêchée. Alors d'un côté, non, il ne regrettait pas vraiment, mais il regrettait que tout se soit passé si vite, sans qu'il puisse s'en souvenir, et aussi, il ne trouvait pas son comportement respectueux. En réalité, il avait agit comme beaucoup de garçons, ceux qui s'amusent sans se prendre la tête, qui « profitent ». Sauf que lui, c'était pas son genre, il ne voulait pas profiter, il voulait rencontrer, construire, partager quelque chose avec quelqu'un, de façon stable. Avant qu'elle ne parte, le lendemain de leur nuit oubliée, ils s'étaient échangés leurs numéros de téléphone et depuis, ils discutaient, assez souvent, par sms. Il aimait voir qu'il avait un message d'elle et Balthi avait enfin comprit la raison pour laquelle autant de gens reste accroché à leur téléphone toute la journée durant. Bon, il aurait aimé lui proposer un rendez-vous, un vrai de vrai, mais avec Dakota à présent, c'était compliqué de prévoir quelque chose. Elle se pointait à son travail, le kidnappant presque, ou bien elle l'appelait au beau milieu de la nuit. Alors forcément, Balthazar avait eu de longues journées, entre le travail au garage, la moto à rénover chez son client et puis Dakota qui s'amusait un peu comme elle voulait avec lui, c'était compliqué de se reposer et d'avoir du temps libre. Finalement, mercredi soir, il proposa à Lou d'aller voir un film au cinéma. Le truc basique, mais qui permettait de passer du temps ensemble, sans avoir à trop se parler. Il était timide, et encore plus avec la nuit oubliée, passée avec elle. Se souvenait-elle de quelque chose ? C'était-il bien conduit avec elle ? Il ignorait tous ces détails, lui, il ne se souvenait que de ce qu'il s'était passé au bar, et puis ensuite, trou noir. Alors par sms, la jeune femme semblait ravie que Balthi ait prit l'initiative de garder contact, de faire connaissance, mais dans les faits, qu'en serait-il ? Balthazar sortait de sa douche, après sa journée de travail. Il se brossa les dents, se rasa et puis enfila un jeans propre, ainsi qu'une chemise bleue nuit. Il mis ses chaussures, prit son porte feuilles, ses clefs de moto et sa veste en cuir. Il sortit de la villa, après avoir salué ses colocataires, qui lui souhaitèrent une bonne soirée et il prit sa moto, en direction du centre ville. Il y avait de la circulation, mais lui à moto, il s'en souciait pas vraiment. Il arriva non loin du cinéma, il gara sa moto, retira son casque, l'accrochant à cette dernière, bloquant le volant et puis ouvrit sa veste en cuir, rangeant ses clefs dans sa poche. Il cherchait Lou du regard, elle était là, à l'attendre, elle ne l'avait pas vu. Il souriait. Il était content de la voir, elle était vraiment magnifique. Il arriva à sa hauteur et murmura à son oreille, doucement, un léger « Coucou » pour qu'elle se retourne. Il lui souriait, comme à son habitude, mais il sentit tout de suite que la jolie blonde était... un peu ailleurs. Elle ne semblait pas aussi contente que lui, d'être ici. Peut-être un peu de trac, pensait-il. « Ca va ? Tu ne m'attends pas depuis longtemps j'espère ? » demanda t-il. Il se tourna alors vers le cinéma, levant les yeux vers les affiches des films pour regarder ce qui était projeté en ce moment. Il y avait un peu de tout, il se tourna vers la jolie blonde et lui lança « Je te laisse choisir » ça l'arrangeait bien, parce qu'il ne regardait pas souvent de films, qu'il n'y connaissait rien et que c'était pas son passe temps favoris. Lui, il aimait plus partir dehors, avec sa moto, que de regarder un film.

Lou a passé un temps incroyable à penser à Balthazar depuis la dernière fois. Elle en a même parlé à son frère, c’est pour dire ! C’est dingue, elle n’a pas réussi à se sortit de la tête. Parfois la journée alors qu’elle fait totalement autre chose, elle se met à penser à lui… Et c’est troublant. En apprenant qu’elle était enceinte, elle a tout de suite pensé à lui. Il ne voudra plus jamais d’elle. Leur relation était fichue avant même d’avoir commencé. Mais il lui plaisait et elle n’avait pas résisté à sa proposition. Elle a envie de le voir. Pour l’instant, on ne voit rien de sa grossesse alors pourquoi ne pas en profiter… Si ça se trouve, il ne lui plairait plus autant qu’au bar ? Du coup elle pourrait avancer et passer à autre chose. Oui, elle a tout étudié. Elle s’est posée des questions. Encore et encore. Aujourd’hui, elle n’est pas sûre d’avoir pris la bonne décision. Elle en a tellement envie ! Alors elle s’est fait toute belle pour le retrouver. Elle a relevé ses cheveux, a mis une robe pas trop moulante pour ne pas que son début de brioche la trahisse, et elle s’est mise en route pour le cinéma. Il n’était pas encore là quand elle est arrivée et c’est totalement nerveuse qu’elle s’est mise à l’attendre. Une voix se fait entendre dans l’oreille de Lou, elle sursaute. Décidemment, elle n’a pas la conscience tranquille. Elle se retourne et tombe nez à nez avec Balthazar. Il sourit, il est radieux. Instantanément, Lou se met à s’en vouloir. Elle n’aurait pas du accepter, ce n’est pas juste. Il est adorable et elle pourra faire ce qu’elle veut, elle ne méritera jamais d’être en sa compagnie. Pas avec ce qu’elle cache dans son ventre en tout cas. Elle se sent affreusement mal. C’est une mauvaise personne… Il n’y a qu’une mauvaise personne qui ferait ça. Mon Dieu, ça va être long ce ciné. « Salut » qu’elle répond en sortant péniblement de ses pensées. Elle essaye de lui offrir un sourire mais malgré la joie de le revoir, elle n’arrive pas à oublier sa culpabilité et n’y parvient pas. « Non, non, ça fait que cinq minutes… Et je t’ai dit, c’est compliqué en ce moment. » Son regard se perd dans le vide, elle revient sur Balthazar que quelques secondes après. « Et toi, tu vas bien ? » Il va vraiment falloir qu’elle fasse des efforts pour ne pas passer pour un glaçon. Sérieux, elle va le faire fuir en courant ! Balthazar aurait bien raison de partir de toute façon. A cette pensée, Lou a envie de soupirer mais se retient. Ce n’est pas juste… Elle a toujours rêvé de rencontrer quelqu’un de bien et aujourd’hui que ça arrive, son rêve de filer le parfait amour est brisé par un horrible accident. Un bébé… Non mais sans déconner ! Ils se mettent à regarder ce qu’il y a à l’affiche, Lou a du mal à se concentrer. Pourtant, c’est à elle de choisir et elle finit par sélectionner un film au hasard. Un film d’action avec des acteurs qu’elle aime bien, ça fera parfaitement l’affaire. Ce sera toujours mieux que de regarder Baby Boss… Si Lou a toujours adoré les dessins-animés, elle n’est pas prête d’en regarder un où les héros sont des bébés. Ce serait bien qu’elle parvienne à penser à autre chose que ça. « Celui-là, ça te va ? » qu’elle demande en désignant du doigt l’affiche. Elle se risque à le regarder, à le détailler. Elle a envie de lui dire, elle a envie d’entendre que ce n’est pas grave et qu’il s’en fiche… Mais elle sait que ça n’arrivera pas. Personne n’est prêt à faire une concession pareille, elle ne sait même pas si elle le ferait elle-même si elle était à sa place. Elle sourit légèrement, l’air un peu triste. Il est vraiment beau, Balthazar. Elle risque de le regretter pendant longtemps.

Lou a l'air ailleurs, mais elle lui rappelle qu'en ce moment c'est compliqué chez elle, peut-être que cette soirée lui fera du bien, pour oublier un petit peu les tensions ? Il sourit quand elle lui demande comment il va. A vrai dire, il va plutôt bien, meme si la fatigue de la semaine précédente commence à se faire ressentir. Il a peu dormi, entre les soirées, Dakota et puis son travail et la moto. Mais il n'a pas de problèmes en particulier et dans tous cas, il a envie d'être ici, avec elle à 100% alors, il aurait bien pu se passer tout un tas de choses, que ça n'aurait rien changé au sourire qu'il avait sur les lèvres. « Je vais bien, merci » sourit-il, créant une fossette sur sa joue. Il se tourne pour regarder le film qu'elle a choisi. Un film d'action, comme il n'y connait rien, il lui fait confiance et puis au pire, le film lui, il s'en fiche un peu, il est surtout là pour passer du temps avec elle. Il l'invite a avancer vers le cinéma et une fois au guichet, prends les deux places, qu'il paye de sa poche. C'est lui qui l'invite, rappelons-le. Ils entrent finalement dans le cinéma et passant devant le stand à pop-corn, il se tourne vers Lou pour lui proposer « Tu en veux ? » toujours avec un grand sourire, dévoilant ses dents blanches. Elle répond à l'affirmative, il prend alors un paquet de pop-corn sucré, le règle et avance en compagnie de la jeune femme vers la salle de cinéma indiquée sur les tickets. Un homme les composte, avant de les laisser entrer. Les deux jeunes gens s'installent alors au centre, Balthi lui tend le paquet de pop-corn, qu'il avait acheté surtout pour elle, et essaye de lancer une conversation avec Lou avant que le film ne commence. Malheureusement pour elle, elle n'a plus rien à voir avec la fille qu'il avait rencontrée au bar, ou meme avec laquelle il avait parlé par sms toute la semaine durant. Elle semble réellement ailleurs, perdue dans ses pensées et ne répond que par politesse. Balthi finit bien vite, malgré lui, à comprendre qu'elle n'est qu'à moitié heureuse d'être ici, mais une chose est sure, elle n'est pas aussi contente que lui d'être là. Pourquoi est-elle quand même venue ? Elle aurait pu tout annuler au dernier moment, trouvant une excuse par n'importe quel moyen ? Il ne comprenait pas, il avait l'impression qu'il lui manquait des pièces à ce puzzle. Il finit par sourire un petit moins, ne montrant plus vraiment ses dents. Elle était froide, distante, et restait collée dans le fond de son siège. Mais peut-être que tout simplement, elle n'arrivait pas à faire la part des choses avec ce qu'il se passait chez elle ? Il lui demanda alors, retirant sa veste en cuir pour la poser près de lui, sur le siège libre « Ca ne va pas mieux chez toi ? » espérant ne pas être trop maladroit à demander ça, peut-être qu'elle n'avait pas envie de lui expliquer ce qu'il se passait -parce qu'elle ne l'avait toujours pas fait ? Il voulait juste lui tendre une perche, au cas où elle aurait envie de vider son sac. Leur rencontre ne tombait pas au bon moment pour elle apparemment, puisqu'elle avait des soucis chez elle, mais il espérait au fond de lui, qu'il pourrait lui apporter quelque chose justement, afin qu'elle se sente mieux ? Le film ne tarda pas à commencer, ce qui plongea la salle dans un silence sépulcral ainsi qu'une pénombre obscurité. Balthi posa son coude sur l'accoudoir à l'opposé de la jeune femme, ne voulant pas s'introduire dans son petit espace. Et commença à regarder le film. A aucun moment, elle ne lui parla, elle ne le regarda, ou elle ne lui sourit. Finalement, au fur et à mesure que le film avançait, Balthazar se sentait de plus en plus mal à l'aise. Il avait la sensation qu'elle était venue par politesse, pour ne pas lui foutre un lapin. Mais elle aurait pu lui dire qu'elle n'en avait pas envie, il ne l'aurait pas harcelée, ni insultée, il aurait comprit... Il ne comprenait pas sa réaction, sa froideur, sa distance. Avait-il dit, ou fait quelque chose ? Il n'arrivait pas à la comprendre, parce que le lendemain de leur supposée nuit, elle avait eu l'air mécontente qu'il ne fasse rien, heureuse que finalement, il lui court après et maintenant, elle semblait vouloir le fuir à tout prix... Qu'attendait-elle de lui au juste ? Le film se termina, le générique défila et bien vite, ils se levèrent de leurs sièges.

Comment Lou a pu être si naïve ? Elle n’a plus le droit à ce genre de rendez-vous galants, pas depuis qu’elle a appris qu’elle était en cloque. A quoi bon ? Tôt ou tard, elle devra lui dire... Tôt ou tard, il voudra partir. C’est inévitable. En étant là, elle n’est pas honnête. Elle a l’impression de lui mentir, de lui cacher la vérité, et c’est le cas. Lou n’a pas l’habitude d’avoir des secrets et on ne peut pas dire que ça lui aille très bien. Elle a eu envie de tout lui dire un million de fois mais à chaque fois elle a eu trop peur pour le faire. Elle ne peut pas. Il la planterait sur le champ et elle n’est pas en mesure de supporter ça… Pas en plus de tout le reste. C’est le bordel total à la maison. Avec Leah, avec Nath… C’est l’enfer. Non, Lou ne pourrait supporter un autre mélodrame. Elle n’en a simplement pas la force. Alors elle se tait. Elle est là mais elle ne fait qu’acte de présence physique. Le reste d’elle est trop occupée à s’auto-flageller. Elle se déteste, elle s’en veut à mourir de faire ce qu’elle fait à Balthazar. Ce n’est qu’un rendez-vous, ça a l’air innocent… Mais ça ne l’est pas compte tenu des derniers événements dans la vie de Lou dont elle n’a pas parlé à Balthazar. Il va bien. Elle sourit. Sincèrement, cette fois. Elle est vraiment ravie de savoir qu’il va bien. Ça fait au moins l’un des deux qui se sent bien. Arrivés au guichet, Balthazar paye sa place et celle de Lou. La jeune femme se risque à attraper son bras pour le caresser du bout du pouce. Une manière de le remercier, une manière d’essayer de lui montrer qu’elle est contente d’être là malgré le conflit intérieur qui se joue en elle. Elle met néanmoins rapidement fin à ce contact, elle ne veut pas le gêner non plus. Il lui propose ensuite d’acheter du pop corn, Lou hoche vaguement la tête pour qu’il en prenne. Pourquoi pas. Elle pourra toujours se réconforter dans le pop corn si elle n’arrive pas à se sentir plus à l’aise. Les minutes passent mais ça ne va pas mieux. Lou n’arrive pas à se décontracter, c’est trop dur. Elle se tripote nerveusement les cheveux, joue avec ses doigts. Elle sursaute quand Balthazar lui adresse la parole. Si ça va mieux chez elle ? Non, carrément pas. Encore une fois, elle a envie de lui dire la vérité mais elle est vite rattrapée par la réalité. « Non… C’est l’horreur… Ça passera bien un jour… J’espère. » Elle n’en dit pas plus. Si elle le faisait, elle se mettrait probablement à chialer. En ce moment, avec les hormones, c’est vraiment devenu compliqué. Elle est à fleur de peau. Le film commence, Lou ne peut pas s’empêcher de se sentir soulagée. Balthazar ne lui posera plus de question comme ça. Lou est recroquevillée dans son coin. Elle ne regarde pas le film, ou presque. Elle est juste perdue dans ses pensées. Le film touche à sa fin sans même que Lou ne le voit venir. Toujours dans le silence, ils se lèvent et regagnent la sortie. Une fois dehors, Lou ne se sait même plus où se mettre. Elle se trouve misérable, complétement pitoyable. Elle a envie de partir en courant, de rentrer chez elle et de pleurer tout le reste de la soirée. Mais elle ne dit rien, elle attend bêtement que Balthazar lui dise quelque chose. Il le fera… Si ce n’est que pour lui dire au revoir.

Ils quittent la salle de cinéma, en silence. Balthazar tient sa veste en cuir d'une main, laissant pendre l'autre, au cas où la jeune femme voudrait la saisir, mais il n'y croit plus vraiment. Elle avait eu presque deux heures pour tenter de dire quelque chose, de plaisanter sur le film, de lui sourire, ou de tenter un rapprochement, mais elle n'avait pas bougée d'un millimètre. Alors certes, Balthi était romantique et timide, mais il était loin d'être lourd, à insister. D'habitude, il ne comprenait jamais les signes que lui faisait une femme -quand ça arrivait. Mais là, il avait tout de suite comprit, elle ne voulait pas de rapprochement. Après tout, ce n'était pas parce qu'il avaient couchés ensemble -sans s'en souvenir- qu'il fallait à tout prix qu'ils sortent ensemble, peut-être qu'elle voulait qu'ils soient amis ? A cette idée, il sourit. Après tout, comment une fille aussi belle, voudrait de lui ? Un pauvre type de trente ans qui a passé toute sa vie à vadrouiller, qui n'a rien, qui a vécu une seule vraie histoire d'amour qui ai eu du sens ? Ouais, il n'avait rien à offrir, pas de belle maison, pas une belle vie riche et sécurisée. Il vivait avec un salaire de garagiste, dans une colocation géniale, certes, mais pour un type de trente piges, ça le f'sait pas, non ? Alors ouais, il pensait de lui qu'il était un pauvre type, et clairement, cette soirée lui donnait davantage raison encore. Mais il essaya de sauver les meubles, de sauver les apparences devant Lou, elle méritait mieux. Il enfila sa veste en cuir et puis, passant devant le glacier, installé face au cinéma, il proposa « Je t'offre une glace ? » il fallait qu'il arrête tout de suite ses tentatives d'approche en lien avec la bouffe : le pop-corn, les glaces, sa future femme -si un jour il en avait une- allait finir obèse et il l'aimerait tout autant, sinon plus. Balthi se préparait à ce qu'elle lui dise non, elle n'avait pas franchement l'air d'aller mieux, toujours ailleurs. Il ne comprenait pas ses réactions, parce qu'un coup, il la sentait glaciale comme la mort et d'un autre coup, il sentait qu'elle était contente d'etre ici. Il ne savait plus trop sur quel pied danser, il avait la sensation que cette soirée était vraiment étrange et qu'elle servait à d'autres. Que lui, il était juste un élément de décors, que quoi qu'il fasse, ou dise, ça ne changerait pas le scénario. Une main dans sa poche, il se tourna vers elle puis fit une grimace. Allait-elle parler ? Ca en devenait genant. Il comprit tout de suite que leur soirée était un fiasco, qu'elle ne voudrait ni de sa glace, ni d'une suite. Elle devait juste chercher ses mots pour le lui faire comprendre, ça n'était qu'une question de minutes sûrement. Lui, il était déçu. Il aurait aimé comprendre, il aurait aimé que ça se passe différemment, mais là encore, il se dit qu'il en demandait sans doute beaucoup trop. Après tout, qui voudrait de lui ? Ouais, on lui disait souvent qu'il était mignon, mais il s'en fichait. Il avait envie de partager sa vie avec une femme. Il voyait tellement de gens être heureux ainsi, pourquoi pas lui ? Ses parents s'aimaient depuis tellement longtemps, ils lui avaient appris la notion de la famille, il rêvait d'un jour, pouvoir avoir sa propre famille. Mais quand à trente ans, tu es encore célibataire, que tu ne réussi pas à parler avec une nana sans qu'il y ait de l'alcool et qu'au premier rencart, elle te fasse bien comprendre que tu puais le poisson, ouais, c'était plus compliqué. D'ailleurs, en parlant de ça, discrètement, il essaya de se renifler, peut-etre qu'il puait ? Bon, il avait prit une douche, il savait qu'il était propre, mais peut-être qu'il puait ? Un petit coup de narine discrètement, mais non, pas d'odeurs...

HRP : Elle peut le bouler ici? <3

Balthazar est parfait. Lou s’en doutait avant, elle en est sûre maintenant, et c’est exactement pour ça qu’elle ne devrait pas être ici. Il ne mérite pas ça. Il vaut bien mieux qu’une fille qui s’est fait engrosser par le même mec qui a engrossé sa sœur. C’est une certitude dont Lou n’arrive plus à faire abstraction. Chaque seconde et chaque minute passées avec le jeune homme le lui rappellent. Elle aimerait pouvoir lui dire la vérité mais elle craint trop sa réaction pour cela. Elle pourrait voir le dégout et le rejet dans son regard, Lou ne serait pas en mesure de le supporter. Alors, bien malgré elle, elle se tait et ce silence entraine un malaise qu’elle ne peut pas contrôler. Balthazar essaye de le faire, gentil comme il est. Ça ne change rien. Lou est bloquée, tétanisée, rien qu’à l’idée de devoir lui avouer les raisons d’un tel comportement. Elle est lamentable, elle s’en rend compte. Comme quoi, elle n’aura pas besoin de dire la vérité à Balthazar pour qu’il soit dégouté. Cette idée l’attriste et les larmes lui montent aux yeux sans qu’elle ne puisse rien faire. Foutues hormones. Elle est contrainte de se mordre la joue presque au sang pour s’empêcher de pleurer et de perdre son sang froid par la même occasion. Ils sont dehors et Lou n’ose même pas croiser le regard du jeune homme. Il lui propose une glace d’ailleurs et Lou se contente d’un simple hochement de tête pour seule réponse. Elle n’en a pas envie. A vrai dire, elle n’a envie de rien d’autre qu’une paire de bras dans lesquelles pleurer. Ça devra attendre cependant. Même en rentrant chez elle, elle n’est pas certaine de trouver ce genre de réconfort. La situation avec ses colocataires s’est véritablement dégradée, Lou ne sait même plus vers qui se tourner. Pas vers Balthazar en tout cas, pas si elle a envie de conserver un minimum de dignité. Il attend, en silence, gêné lui aussi. Lou sait qu’elle doit dire quelque chose mais le courage lui manque. Elle n’a pas envie de l’envoyer bouler, loin de là. Si seulement tout ça n’était qu’un mauvais rêve, si seulement elle n’était pas enceinte… Elle soupire. Dans un effort surhumain, elle se lance. « Ecoute Balthazar, je… » C’est trop dur, elle sent l’émotion dans sa voix et elle a envie de venir se blottir dans ses bras. Elle se reprend néanmoins, le visage rougi par tant d’efforts. « Je suis pas celle que tu crois… Je suis pas quelqu’un de bien. » Elle hausse les épaules. « Toi, si… Et tu mérites beaucoup mieux. Une princesse genre Kate Middleton… Mais pas moi. Je vais t’apporter que des problèmes. » La jeune femme se risque à croiser le regard de Balthazar et son cœur se serre. Elle avait tellement hâte d’être là… Forcément, elle plus déçue que jamais. « Je suis désolée. Je pensais que… » Elle se pince la lèvre et laisse sa phrase en suspens. Mieux vaut ne pas finir. « Je voulais pas te faire perdre ton temps, j’aurais du te le dire avant. » Voilà, c’est dit. Logiquement, il va partir et Lou ne croisera plus jamais son chemin.

Et là, soudainement, Lou prit la parole, difficilement, pour commencer à dire des choses, que Balthazar avait redouté toute la soirée. Ca commence toujours de la même façon, on lui demande son attention, on le rassure en l'appelant par son prénom et puis bien vite, on se cherche des excuses pour justifier le fait qu'on ne veuille plus le voir. Il n'avait pas besoin de ces excuses, il était tout simplement capable d'entendre : désolé, je n'ai pas envie qu'on se revoit. De plus, il ne supportait plus que l'on prenne les décisions à sa place, parce que là, c'était ce qu'elle faisait. Elle prenait la décision de couper court à leur rencontre, parce qu'ELLE se jugeait pas digne de lui. N'importe quoi, déjà : personne n'est supérieur à quelqu'un, il ne méritait pas mieux, ni elle pire. C'était n'importe quoi, mais comme toujours, Balthi avait été trop bien éduqué là-bas, en Islande. Alors il sourit, doucement. A l'intérieur de lui, il était complètement déçu, il s'insultait de tous les noms, pensant que c'était lui le problème, qu'il faisait fuir tout le monde. Il se sentait con, d'y avoir cru. Ca avait été la seule fois, durant toutes ces années, et il se souvenait de la raison pour laquelle il n'était pas du genre à draguer les filles, ni même à avoir des histoires avec elles : ça faisait trop mal de se faire jeter. Ce que Lou disait, Balthi n'y croyait pas, elle n'avait rien d'une sorcière, parce qu'elle cherchait vraiment à se faire passer pour telle. Il souriait toujours doucement, les mains dans ses poches, avant que son regard ne touche le sol où se trouvait ses pieds, il fit un mouvement, se plaçant sur ses orteils avant de poser à nouveau son talon au sol, puis il lança « Tu ne me laisses pas voir la fille que tu es, donc forcément, tu es la plus à même à répondre à ça, tu réponds déjà pour moi pour ça » une réponse amère, une réponse d'homme blessé qui se contient pour ne pas faire mal à la jeune femme devant lui. Après tout, c'était son choix, c'était sa décision et il respectait ça ; il aurait juste aimé qu'elle lui dise sincèrement les choses parce que les « ce n'est pas toi, c'est moi » ça lui sortait par les yeux. Finalement, il arrêta de sourire, pour se mordre une joue, tout en s'étendant de toute sa longueur. Il la dépassait d'une tête, il regardait sur le côté, fixant sa moto. « Je te comprends pas Lou. Parce que ce matin là, dans les escaliers, tu semblais etre déçue que je ne fasse rien et là, tu fais tout pour me fuir. Alors j'comprends pas ce que tu veux, vraiment » il fit un pas en arrière, pour commencer à s'éloigner d'elle afin de prendre la direction de sa bécane, qui l'attendait là, tout près. « Bref... je te souhaite une... une bonne fin de soirée et... et j'espère que tu trouveras ce que tu cherches vraiment Lou, prends soin de toi » et là, sans même attendre sa réponse, ni quoi que ce soit, il avança à grandes enjambées vers sa moto. Il alluma le moteur avant meme de mettre son casque. Ce soir, il allait partir en balade, jusqu'à ce qu'il se calme, jusqu'à ce que la colère passe, il allait rouler à fond, sur les routes perdues autour de la ville, et quand il serait fatigué, calmé, il irait se coucher. Il monta sur sa moto, fit demi-tour et se plaça prêt à partir, ce qu'il fit dans la seconde. Un bruit se fit entendre, le pneu grinça et il laissa la marque de son pneu inscrite sur le goudron face au cinéma, comme une emprunte. Et le voilà partit, loin et vite, pour fuir Lou.  En cet instant, Balthi se sentait mal, il se sentait moins que rien, pourquoi il n'arrivait pas à faire la belle rencontre dont il rêvait tant ? Quelque chose devait clocher avec lui, c'était évident... il n'y avait que ça, non ?